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Nous nous situons aux alentours de mai 1558.
Il fait de plus en plus chaud les gens prennent plaisir à sortir dans les jardins.

Si vous souhaitez jouer un étranger, privilégiez les Espagnols et les Ecossais.
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MessageSujet: Why do they call it love ? ♦ Luisa & Richard.  Why do they call it love ? ♦ Luisa & Richard. Icon_minitimeVen 9 Jan - 22:46
Il pleuvait à verse depuis les premières heures de la matinée. Partout dans les ruelles de Londres, la boue était au rendez-vous, et la pluie plus encore. Mais rien ne semblait disposé à saper le moral des habitants, qui vaquaient à leurs occupations comme si de rien n'était. Force était de reconnaitre que les natifs de l'île d'Albion y étaient accoutumés. Personnellement, la pluie ne m'avait jamais dérangé, sauf sur un point : les capuches que les gens portaient masquaient leurs visages, ce qui ralentissait quelque peu mon travail, sans pour autant le ralentir tout à fait. Aujourd'hui avait encore été un jour de repérages, que j'avais passé à filer un esprit assez tordu qui espérait faire peur à Dieu savait qui en tuant des passants à tout hasard. Pour l'instant, la garde royale avait étouffé l'affaire, par crainte de soulèvements populaires, mais avait fait appel à mes services pour coffrer l'homme. A croire qu'ils manquent sacrément de recrues. Mais qui étais-je pour me plaindre ? Le tueur en question, je l'avais repéré, ses fréquentations, ses allées et venues avec. Nul besoin de notes : ma mémoire suffisait. Je savais son nom, sa résidence, le prénom de sa femme et même son nom de jeune fille. Je savais où il était né, où il avait grandi, le nom et la profession de son père, le nom de sa mère, celui de sa nourrice. Je savais dans quelles villes il avait habité, dans quelles habitations il avait séjourné. Je savais à quoi il avait occupé ses journées les deux dernières semaines, à quoi il occuperait la journée du lendemain, et à quoi il espérait occuper la prochaine semaine. A condition que je ne lui mette pas la main dessus avant, chose que je comptais faire dès le lendemain. J'aurais de quoi m'acheter deux fois plus de bière.

En ce début de soirée, j'étais particulièrement euphorique, chose que moi seul savait puisque mon visage conservait sa neutralité coutumière. Tout me semblait aller bien dans le meilleur des mondes : du travail, de l'argent, de quoi boire. Je pouvais m'en prendre à des fugitifs dont je connaissais tout, qui ne connaissaient de moi que mon nom, et qui tremblaient en l'entendant. C'est fou comme le sentiment de puissance que cela procurait était addictif. Une fois essayé, on ne pouvait plus s'en passer. M'imaginer faire un autre métier était impossible. Mais je ne prenais même pas la peine de l'imaginer : que cela plaise ou non, j'étais le plus heureux des hommes. On me payait cher pour traquer, et je me fichais bien de savoir qui atterrissait à la potence par ma faute. Ma paye, et ma paye seule, était intéressante. Or les trois quarts du temps, elle était tout sauf négligeable. Malgré l'argent envoyé régulièrement au Pays de Galles, malgré les bordels et la bière, j'avais réussi à rassembler un joli pactole que j'aurais pu dépenser a satiété si j'avais été un peu moins près de mes sous. Je vivais dans l'ombre, dans l'amoralité, certes, et le sang s'était si bien incrusté sur mes mains que je ne pourrais jamais l'y laver, mais j'étais riche, infiniment plus riche que je l'aurais été si j'étais resté au Pays de Galles. La nuit tombait lentement sur la capitale anglaise alors que le circulais entre les derniers passants pour rejoindre ma maison, dans un de ses quartiers plutôt corrects qui n'avait rien à voir avec ceux, miséreux et insalubres, où je passais bien des journées. La maison avait été achetée au nom de Richard Amesbury, histoire que personne ne puisse remonter jusqu'à moi. Le chasseur se devait d'être bien plus en sécurité que les autres, pour éviter d'endosser le rôle de la proie. J'avais tout fait pour assurer mes arrières, et si plus d'un devait s'être juré ma perte, je le mettais au défi de trouver le moindre accroc dans ma toile.

"- M'sieur Amesbury ! M'sieur Amesbury !"

Levant les yeux au ciel, je me retournais, et me retrouvai nez à nez avec un gosse de quinze ans tout au plus, essoufflé et trempé, qui sortir une lettre de sa poche pour me la donner.

"- Eh, mais c'est le petit Jack ! Je rêve ou tu as couru, gamin ?
- J'ai couru, m'sieur, le prêtre veut que je sois rentré avant la nuit.
- Va falloir que tu recommences à courir vite, alors. Tu devrais peut-être même partir maintenant.
- De la part de m'sieur le prêtre, m'sieur. Avec sa bénédiction."


Je pris la lettre et la protégeai de la pluie dans la manche de mon manteau sombre. Le gamin était toujours là, comme si il attendait que je lui donne quelque chose. J'eus un mouvement agacé.

"- Laisse tomber, petit, tu n'auras pas un sou.
- Mais j'ai couru, m'sieur.
- Ouais, ben tu vas devoir recommencer, alors file. Les sous, ça va te ralentir."


Visiblement peu convaincu, il s'approcha et je reculai.

"- M'sieur, la dernière fois, vous m'aviez promis que je serais payé.
- Tu seras payé quand tu m'apporteras de bonnes nouvelles.
- Faut dire ça au prêtre, m'sieur !
- Je le lui répète à chaque fois que je le croise, crétin ! Dis le lui, toi, il t'écoutera peut-être !
- C'est peut-être une bonne nouvelle,"
fit-il en désignant la lettre.

Je haussai les épaules.

"- Peux pas savoir tant que je n'ai pas lu.
- Mais...
- Si c'est une bonne nouvelle, je te file le double la prochaine fois que je te croise.
- C'est vrai ?
- File d'ici avant que je change d'avis. Ou avant de te faire botter le derrière par le prêtre, va !"


Et je plantai là le gamin, qui s'en alla sans doute sans demander son reste. J'avais eu l'occasion de rencontrer Jack, un orphelin de la paroisse, lorsque je m'étais rendu à l'Eglise quelques mois plus tôt. Non que j'aie été pris d'une ferveur religieuse soudaine, mais j'avais été pris dans une aventure fort inattendue et bel et bien soudaine : un mariage. Peut-être devrais-je revoir mes certitudes quant aux accrocs dans ma toile... Sur le pas de ma porte, je décachetai la lettre et lu en diagonale les derniers mots. Avant de soupirer : la réponse du prêtre, je m'y étais attendue. Depuis des mois, cette affaire traînait en longueur, et recevait sans cesse les mêmes réponses. Je poussai la porte et y découvris, dans une surprise qui n'en était pas une, que je n'étais pas seul. Luisa del Carmen, la charmante espagnole que j'avais épousé alors que nous étions ivres tous deux et que nous nous connaissions depuis dix minutes au maximum, était sans doute passée récupérer quelques affaires. Elle était ma femme, non ? Je lui avais laissé le double des clefs et si nous ne vivions pas sous le même toit - ne nous en demandez pas trop d'un coup, quand même ! - elle passait de temps à autre. Je l'aimais bien, sincèrement, même si nous tentions pas tous les moyens d'annuler ces noces qui n'auraient jamais dû avoir lieu.

"- Bonsoir, Luisa ! Bonne journée ?"

Je posais mes bottes, retirais mon manteau et le jetais négligemment sur la table, avec la lettre du prêtre, à moitié froissée.

"- Vous vous souvenez de notre dernière demande d'annulation ? Eh bien elle a été annulée ! Comme les précédentes, d'ailleurs. Il va peut-être falloir s'adresser à une autre paroisse... Ou que j'aille expliquer au prêtre ma façon de penser ? Quoi qu'il en soit, nous voilà mari et femme pour un peu plus longtemps que prévu." Je lui fis un sourire ironique. "Heureuse ?"

Pauvre Jack, ce n'était pas demain la veille qu'il aurait sa paye tant demandée. Ais-je déjà dit que j'étais un monstre ?
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MessageSujet: Re: Why do they call it love ? ♦ Luisa & Richard.  Why do they call it love ? ♦ Luisa & Richard. Icon_minitimeDim 15 Mar - 15:25
Why do they call it love ?
RICHARD & LUISA

Sometimes the heart sees what is invisible to the eye. ✻✻✻ Des averses de pluie, encore et toujours. Collée aux carreaux de la fenêtre, Luisa del Carmen soupirait faiblement. L’espagnole en elle pleurait ces journées maussades et cette grisaille constante qui pesait sur son morale. Elle, la jeune femme joyeuse et souriante qui prenait la vie comme elle venait, au jour le jour. Car rien ne lui assurait qu’elle serait toujours de ce monde le lendemain, ou même dans quelques minutes. Son dernier souffle pourrait aussi bien être délivré lors du dîner d’aujourd’hui que dans celui de dix ans. C’est ainsi que la jeune del Carmen vivait, avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, prête à tomber à n’importe quel moment. Goûteuse de Jeanne de Habsbourg, Luisa était prête à donner sa vie pour la survie de la princesse d’Espagne, sa maîtresse, certes, mais également sa plus proche amie. Elle n’aurait jamais pensé se rapprocher autant d’elle, et pourtant, elle ne pourrait plus imaginer sa vie sans la présence de la jeune Jeanne, sans entendre sa douce voix, sans voir ses jolis yeux et cette chevelure brune dont Luisa se plaît à prendre soin bien que cela ne fasse en aucun cas parti de ses devoirs. L’espagnole n’est plus seulement sa goûteuse, elle est devenue sa confidente. Et Jeanne n’est plus seulement à ses yeux sa maîtresse, mais bel et bien la femme à qui elle peut tout dire.

C’est d’ailleurs à elle que Luisa se confia lorsqu’elle réalisa l’ampleur du pétrin dans lequel elle s’était fourrée peu de temps après son arrivée en Angleterre. L’euphorie d’un nouveau pays, la quête d’aventure, la barrière de la langue et un petit coup de trop. Le cocktail parfait qui fut à l’origine du mariage soudain et imprévu de Luisa avec un certain Richard, brun ténébreux aussi peu averti qu’elle. Ils s’étaient tous les deux embarqués là-dedans sans penser une seule seconde à l’après, au lendemain. Un après particulièrement douloureux pour Luisa qui eut bien du mal à se remettre des effets de l’alcool anglais et à croire en cette union qui relevait tout bonnement de la pure folie. Le mariage, Luisa y avait bien sûr déjà songé, mais elle n’en fit jamais la priorité de sa vie. Si cela devait arriver un jour, et bien soit. Elle aurait aimé que sa mère la voit heureuse aux bras d’un homme, et pourquoi pas lui donner des petits enfants, mais la pauvre étant décédée, tout comme son père, elle avait rangé ces idées dans un coin de sa tête. Et encore plus lorsqu’elle accepta de devenir la goûteuse de la princesse d’Espagne. Pourquoi s’attacher à quelqu’un et fonder une famille si c’était pour les perdre ensuite ? Luisa s’était alors imaginé qu’après tant de malheurs dans sa vie, elle n’avait peut-être pas le droit à tout ça. Quelque part, elle s’était donc fait une raison. Et voilà qu’un moment d’égarement venait tout remettre en question. Si quelques souvenirs remontaient de temps à autre à la surface, la majorité des détails de la soirée échappait totalement à Luisa. Tout ce dont Luisa était sûre le lendemain, c’était qu’ils devaient annuler ce mariage.

Elle avait fini par quitter la fenêtre pour se rendre auprès de Jeanne, assise à sa coiffeuse. Ajustant le chignon de sa maîtresse, Luisa y planta une dernière épingle et lui souriait par le biais du miroir.

« Vous voilà fin prête Jeanne ! »

Cette dernière sourit à son tour, se releva puis épousseta le devant de sa robe.

« Luisa tu peux y aller, je sais que tu as à faire. Merci de m’avoir tenue compagnie, je n’en pouvais plus du silence de mes servantes ! »

La jeune espagnole reposa la brosse à cheveux qu’elle tenait dans ses mains et prit son amie dans ses bras.

« Merci, je dois récupérer quelques affaires chez Richard, je ne devrais pas en avoir pour long. »

Luisa quitta son amie et prit la direction du domicile de Richard. En tant que mari et femme, ce dernier lui avait donné un double de ses clefs bien qu’ils ne vivent pas sous le même toit, pour qu’elle puisse aller et venir comme elle le souhaitait. Ce qui était assez étrange puisqu’ils tentaient par tous les moyens d’annuler leur mariage. Une confiance mutuelle s’était en quelque sorte mise en place entre eux bien qu’ils ne se connaissaient que très peu voir absolument pas. Luisa introduisit la clef dans la serrure et poussa la porte, constatant l’absence de Richard. Etrangement, une petite pointe de déception l’envahit, elle aurait aimé le voir, cela faisait plusieurs jours qu’elle ne l’avait pas croisé. Mais qu’importe, l’espagnole balaya la pièce du regard à la recherche de quelques affaires qu’elle aurait oublié durant son dernier passage ici et réalisa que cela ne serait pas chose facile. Un bon coup de rangement ne ferait pas de mal et éclaircirai un peu les choses… Sur cette note, la porte s’ouvrit sur Richard. Il posa ses bottes, son manteau et jeta sur la table un bout de papier qui attira le regard de Luisa.

« Bonsoir Richard ! Plutôt bonne journée oui, enfin comme d’habitude. Je n’y suis pas encore passée ! » S’exclama la goûteuse dans un petit rire. D'autres repas peut être meurtriers attendaient toujours.

Son regard jonglait entre le visage de son époux et le papier qu’il finit par évoquer. Elle l’écouta attentivement.

« A croire que le destin veut nous dire quelque chose ! Serions-nous faits pour être ensemble sans le savoir ? » L’ironie était la meilleure arme qu’ils pouvaient utiliser en ces temps pour combattre la déception de voir toutes leurs demandes d’annulation refusées. Peut-être avait-il raison, fallait-il s’adresser à une autre église ? La violence ne ferait pour autant pas partie de leur plan. « Non Richard, n’allez pas menacer le prêtre je vous prie. » Luisa releva les yeux de ses affaires pour le regarder, sourire aux lèvres. « Laisser moi profiter de notre mariage encore un peu avant que l’on ne vous arrête pour agression, pauvre prêtre. Et racontez-moi plutôt votre journée ! »

✻✻✻
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MessageSujet: Re: Why do they call it love ? ♦ Luisa & Richard.  Why do they call it love ? ♦ Luisa & Richard. Icon_minitimeVen 27 Mar - 22:32
« What are you thinking ? How are you feeling ? Who are you ? What have we done to each other ? What will we do ? »

Depuis plus de dix ans, je vivais sans attaches, sans famille, sans personne. Cela n'avait pas toujours été le cas, mais voilà des années que j'avais appris à tirer un trait sur le monde d'où je venais. La vie m'avait enseigné que les attaches n'avaient rien de bon. Ma mère et mon père, ma soeur, le Pays de Galles, je m'étais hâté de les reléguer au fond de ma mémoire, eux et les questions que leurs images pouvaient parfois soulever. Etais-je heureux, était-ce la vie que j'avais voulue ? Etait-ce ainsi que mes parents imaginaient mon futur ? Toujours des points d'interrogations, mais jamais de réponses. Je m'étais fait une raison : mieux valait oublier les différentes réponses possibles, et la question avec. C'était dans cet état d'esprit que j'avais volontairement mis doute, remords, scrupules de côté. En arrivant à Londres, j'avais mit le doigt dans un engrenage que je ne désirais lâcher en aucun cas, et qui me détruirait si j'essayais de m'en retirer. J'avais connu la misère la plus noire, côtoyé la mort de trop près, j'avais juré que cela n'arriverait jamais plus, peu importait le sacrifice. C'était ma conscience que j'avais jeté aux flammes, pour devenir un mercenaire, un homme sans foi ni loi, sans Dieu ni maître. Un homme seul, aussi, qui avait bien quelques amis, de nombreux faux-noms, et plus encore d'ennemis sans doute... Sans même y pensé, j'avais renoncé à l'idée de fonder ma propre famille. Mais il semblait que Dieu, le Destin, ou tout autre crétin qui décidait de nos vies et de ce qui pouvait ou non nous tomber dessus, en avait choisi autrement pour moi.

Découvrir Luisa chez moi en rentrant était une surprise, mais loin d'être mauvaise pour autant. J'appréciais sincèrement la solaire espagnole, son éternelle bonne humeur, son sourire que rien ni personne ne semblait pouvoir altérer. Même si je passais mon temps à pester comme Philippe II et ses sbires en noir, Luisa me rappelait que les habitants des Asturies n'étaient heureusement pas tous comme leur insupportable Prince. En réalité, je savais que dans une autre vie, dans un autre monde, j'aurais pu tomber amoureux de Luisa, l'épouser dans les formes, et tout ce qui allait avec. Mais nous n'avions ni cet autre monde, ni cette autre vie. Et je l'avais épousée quand même, ivre comme un coing. L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, dit-on... Je vais finir par croire que c'est vrai. "Plutôt bonne journée oui, enfin comme d’habitude. Je n’y suis pas encore passée !" J'eus un large sourire, inhabituel chez moi. "Vous m'en voyez ravi," répondis-je, sincère. "Comment va votre Princesse ?"

Sciemment, j'avais passé sous silence le fait que je la connaissais, comme j'avais passé sous silence quelle était ma profession réelle et d'où je venais. J'avais servi à Luisa les mêmes mensonges qu'à Constance, que je travaillais pour le compte de la Garde Royale comme écuyer, sans rentrer dans les détails. Ce qui n'était pas faux, techniquement... Et qui les protégeait toutes les deux. Au fond, le Destin avait accidentellement réuni deux personnes différentes en nous mariant, Luisa et moi, mais qui avaient leur point commun, celui de se lever le matin sans savoir s'ils seront toujours en vie le soir. Chaque jour, Luisa risquait sa vie pour la gamine Habsbourg. Chaque jour, je risquais ma vie en traquant qui je le devais pour la Garde, ou autre. Au moins partagions-nous le fait d'être contraints et forcés de vivre chaque journée comme si c'était la dernière, chaque soir comme une victoire supplémentaire sur le spectre de la Mort qui rôdait invariablement autour de nous, et ce sans se plaindre. J'avais accepté sans sourciller cette vie, Luisa aussi, du moins ne l'avais-je jamais entendue pester après sa conditions fort peu enviable. Au moins ais-je épousé une femme qui peut comprendre mieux que quiconque cet aspect là de ma vie ! Mes yeux tombèrent sur la lettre froissée, jetée en boule sur la table, l'énième demande d'annulation refusée. Et la réponse de Luisa me fit sourire un peu plus : avait-elle lu dans mes pensées ? Son ton ironique répondait au mien et m'amusa.

"C'est bien possible, après tout. A quand les enfants et la maison à la campagne ? Nous pourrions demander à votre Jeanne d'être la marraine !" Nom d'un chien, quel cauchemar étais-je en train de dessiner là ? Moi avec une tribu de marmots dans les pattes ? Vivre loin de Londres ? Jeanne de Habsbourg en marraine ? Pourquoi pas demander à Jack Mortimer d'être le parrain, à y être ? Merci, mais non merci ! Au moins avais-je parlé sur le ton de la plaisanterie. A nouveau, je considérais l'acte de refus d'annulation. Le combientième, depuis qu'avait eu lieu cette mésaventure ? Mieux valait en rire qu'en pleurer sans doute, quoique j'étais plus prompt à la colère qu'aux larmes. J'étais plutôt du genre à distribuer des coups de poings jusqu'à ce que mon interlocuteur fasse ce que lui demande, ou meure, ce qui revenait souvent au même résultat. Sans doute serais-je déjà allé expliquer au prêtre ma façon de penser, mais apparemment, elle déplaisait à mon épouse. Je haussais les épaules : "dommage. Je suis pourtant sûr que ça fonctionnerait correctement." Être arrêté pour agression ? J'eus un grand éclat de rire. Un bref instant, je tentais d'imaginer la tête de John Herbert si il me voyait sur le banc des accusés pour avoir violenté un prêtre. Impayable, à n'en pas douter ! Sauf que par la même occasion, il serait mis au courant pour mon mariage et pour Luisa, lui et toute la Garde. Et crétins comme ils étaient, ils seraient fichus d'ébruiter l'affaire, ce qui ne tomberait sans doute pas dans l'oreille d'un sourd... Et se retournerait contre Luisa. "Ce n'est pas une bonne idée, d'aller agresser le curé. Vous avez raison."

Elle prenait assez de risques comme ça. Ne serait-ce que pour sa sécurité, nous devions obtenir l'annulation. Une autre paroisse nous aiderait-elle ? Le sourire de Luisa me tira de mes pensées. "Racontez-moi plutôt votre journée !" Terrain glissant... Pente très, très dangereuse... Pouvais-je décemment lui avouer à quoi j'occupais mes journées ? Non. Hors de question. Nous seulement elle serait mise en danger plus qu'à l'ordinaire, mais en plus elle partirait en courant. Et pour une raison que je ne voulais surtout pas connaître, je n'avais pas la moindre envie qu'elle parte en courant. J'ouvris un placard, en sortit une bouteille de vin et deux verres, m'installai à table et l'invitai à en faire autant. "Soif ? Celui-là n'est sans doute pas empoisonné, a priori vous n'avez rien à craindre !" Je remplis les deux récipients, tendis le sien à Luisa, descendis le mien d'une traite. "Rien de bien palpitant, croyez-moi. La même rengaine, les chevaux à nourrir et à équiper, les épées à affûter, les armures à nettoyer. Pas ce qu'il y a de plus intéressant," ajoutais-je en haussant les épaules, déterminé à rester évasif. "Et vous, rien de neuf à Whitehall ? Sire Philippe continue de célébrer ces trente messes à la journée ?" Non mais franchement, être dans l'entourage - même indirectement - d'un type aussi dévot et insupportable que le Habsbourg avait de quoi vous rendre dingue. Parfois, je me demandais si Luisa n'était pas celle qui, de nous deux, prenait le plus de risques.
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MessageSujet: Re: Why do they call it love ? ♦ Luisa & Richard.  Why do they call it love ? ♦ Luisa & Richard. Icon_minitimeDim 26 Avr - 23:43
Why do they call it love ?
RICHARD & LUISA

Sometimes the heart sees what is invisible to the eye. ✻✻✻ Luisa ne le connaissait que très peu au fond et pourtant, elle semblait déceler en lui le parfait contraire de " l’homme à épouser ", si seulement il existait. Persuadée que son père lui rirait d’abord au nez en apprenant que sa tendre fille s’était mariée, Luisa savait qu’il lui ordonnerait de fuir le jeune homme qu’il jugerait trop sombre et mystérieux à son goût. Sa mère, elle, serait tombée en pamoison au moindre sourire du garçon, heureuse que sa fille eue la chance de rencontrer tel homme. Car mère et fille étaient faites du même bois, et ne pouvaient résister bien longtemps au charme de ces hommes que l’on savait pourtant ravageurs. Ils le portaient sur eux, Luisa en avait déjà rencontré par le passé, et se savait éprise du même sentiment pour Richard. Ce dernier se voulait garçon banal, écuyer au compte de la Garde Royale et pourtant, Luisa ne savait que trop bien qu’il n’était pas comme tous les autres. Plus ténébreux, plus sombre. Un être complexe, difficile à cerner. Et c’était sans nul doute cette page noire du jeune Ballantrae qui attirait irrémédiablement Luisa, elle qui aimait à penser qu’elle serait celle qui mettrait à jour l’écuyer. Intriguée, elle se demandait s’il l’était également à son sujet. Mais quelle idiotie, de qui pouvait-elle bien susciter la curiosité ? Luisa n’avait rien qui sortait de l’ordinaire, elle n’était qu’une petite espagnole perdue en Angleterre et qui se croyait importante de par les égards qu’on lui montrait. Ces toilettes, ces boucles et autres broches, elle ne les devait qu’aux Habsbourg sans qui elle ne serait rien. A cette heure-ci, sans Charles Quint, Luisa ne pourrait recourir à l’ensemble de ces beautés, et serait restée cantonner à la petitesse des rayons des anciens commerces de feu son père, là-bas en Espagne. Reconnaissante de la chance qu’il lui était offerte de pouvoir se mouvoir dans de tels tissus, dans de tels endroits et aux côtés des plus importants de la société, Luisa se dévouait corps et âme à la protection de la princesse Jeanne, son amie.

« La princesse se porte bien, soyez-en rassuré. » Aussi inquiet pouvait-il l’être. Richard ne semblait en effet pas être le genre d’homme à véritablement se préoccuper des autres, ou plutôt à se soucier de leur état sans raison aucune. Mais qu’importe, l’espagnole appréciait qu’il se soucie déjà d’elle et du sujet de son " occupation ", ou métier… Oh, qu’on l’appelle comme on le souhaite, Luisa elle-même ne savait trop comment qualifier ce qu’elle faisait. A quoi passait-elle ses journées si ce n’est flâner dans les couloirs marbrés de Whitehall, plus préoccupée par la dernière folie capillaire d’une de ces dames plutôt que par les affaires de la Garde Royale ? Certes, le couperet pouvait tomber à n’importe quel moment, mais Luisa se savait bien protégée par ses nombreux remèdes de plantes. Bien qu’il soit constamment présent, elle avait la fâcheuse tendance à occulter un peu le danger, il est vrai. Plusieurs fois la princesse l’avait ramenée à l’ordre, la quémandant de ne pas se montrer si détachée à l’égard d’une telle tâche. En un claquement de doigt, Luisa pouvait très bien passer l’arme à gauche et ne plus jamais revoir son amie, mais aussi Richard. A présent, l’espagnole comptait une autre personne dans sa vie, une personne au poids déjà assez important pour que son visage lui effleure l’esprit à la moindre bouchée de travers. Si Luisa avait voulu jurer et mettre sa main à couper qu’elle ne tenait pas ne serait-ce qu’un peu à Richard, elle n’aurait pas pu. La jeune femme se mentait déjà assez à elle-même pour ne pas en rajouter une couche.

« C'est bien possible, après tout. A quand les enfants et la maison à la campagne ? Nous pourrions demander à votre Jeanne d'être la marraine ! » Luisa ne put alors retenir un rire, tandis qu’elle s’imaginait courir derrière une petite tête brune à travers les hautes herbes. Mais quelle idée ! Une maison à la campagne, des enfants… avec Richard ! La plaisanterie de ce dernier, car elle en demeurait bien une, continuait de détendre toujours un peu plus l’atmosphère. « Folie ! J’ose à peine poser les pieds dans la terre et dans la boue, alors m’essouffler auprès d’enfants dans pareil environnement, imaginez-moi ! » C’est qu’elle était devenue un peu précieuse la fille de navigateur. A force de suivre Jeanne partout où qu'elle aille, la demoiselle se croirait presque princesse à son tour ! Connue pour ses extravagances et une main au porte-monnaie facile, il serait bien difficile pour Luisa de retourner à sa condition première qui n’était pas non plus à plaindre. Difficile, mais pas impossible. Pour se faire pardonner de cette superficialité naissante, Luisa la malicieuse se justifiait en racontant à qui voulait bien encore l’écouter qu’elle risquait chaque jour sa vie en piquant de la fourchette l’assiette de sa maîtresse, et qu’elle avait donc bien le droit de profiter des belles choses que lui offrait la vie – les Habsbourg. Mais s’il y avait bien une chose que son entourage ne pouvait lui conférer, c’était l’annulation de son mariage.
Une nouvelle fois – la combientième ? – leur requête avait été rejetée. Et bien tant pis, ils demeureraient mari et femme encore un peu plus longtemps. Violenter ce curé, ou n’importe quels autres qui décideraient à son tour de refuser leur demande, ne résoudrait rien. Si Luisa souhaitait régler cette histoire dans la plus grande légalité et éviter toute bavure pouvant compromettre son rattachement aux Habsbourg, elle n’en voulait pas moins dispenser Richard de tout ennuis. Bien qu’une petite égratignure de plus n’enlève rien au charme du beau brun, il s’agirait même de tout le contraire, Luisa ne voulait pas le voir amocher, obligée de panser ses blessures, ou risquer même de le voir se faire arrêter. Après tout, Richard n’était qu’un écuyer, pas un criminel… « Bien sûr que j’ai raison » Luisa s’approchait à son tour de la table et s’asseyait face à lui. « Soif ? Celui-là n'est sans doute pas empoisonné, a priori vous n'avez rien à craindre ! » Elle esquissa un sourire, acceptant volontiers le verre de vin qu’il lui tendait. Quelques gorgées ne lui feraient pas de mal, sans aucun doute. Et si Luisa préférait déguster tranquillement le breuvage, il n’en était rien pour Richard qui semblait bien plus habitué qu’elle : d’une traite, il descendit son verre. « Eh bien dites-moi, vous n’avez rien perdu depuis la dernière fois, vous buvez toujours aussi vite ! » S’exclama-t-elle en portant à son tour le vin à ses lèvres. Une référence directe à leur nuit de mariage, où Luisa avait particulièrement eu l’alcool mauvais. On ne l’y reprendrait plus, désormais, l’espagnole consommait en toute modération. Qui sait quelle folie elle pourrait bien encore commettre !

C’est ensuite un Richard qui semblait peu passionné par ce qu’il faisait qui lui raconta sa journée. Il retrouva son humour et ses bons mots en évoquant le roi Philippe et sa dévotion sans faille. Que pouvait-elle bien lui raconter sur Whitehall ? Luisa passait le plus clair de son temps au côté de Jeanne, la jeune sœur du roi, et se fichait bien de ce dernier. Ces trente messes à la journée, c’est à peine si Richard exagérait ! Oui, l’homme était affreusement pieux, bien trop pour Luisa qui, à l’insu de tout le monde, était autant catholique que Philippe était protestant ! Juive au plus profond de son être, l’espagnole ne peut cependant pas crier haut et fort la véritable nature de ses croyances et pensées. Jouer le jeu, à tout prix, pour ne pas risquer sa peau. S’il venait à se savoir qu’elle n'était en rien catholique et qu’elle s’était amusée de tous, Luisa ne donnerait pas cher de sa peau, aussi sertie de parures de diamants puisse-t-elle l’être. « Toujours aussi dévot oui, toujours autant. Je compterai pour vous la prochaine fois ! » Ria-t-elle en finissant son verre. « Vous me resservez ? » Sourire aux lèvres, la jeune femme poussa son verre à l’autre bout de la table vers Richard. « Vous ne le portez guère dans votre cœur, je me trompe ? »


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Dernière édition par Luisa del Carmen le Sam 20 Juin - 13:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Why do they call it love ? ♦ Luisa & Richard.  Why do they call it love ? ♦ Luisa & Richard. Icon_minitimeDim 31 Mai - 21:30
Si on m'avait dit un jour qu'une telle chose m'arriverait, à moi, je n'y aurais jamais cru. Cela ressemblait à ces farces grotesques que les plus mauvais acteurs du pays s'amusaient à jouer dans les rues de Londres lors d'une quelconque occasion, et qui ne récoltaient les applaudissements de la foule que parce-que justement, elles étaient grotesques. Impensables, invraisemblables. Irréelles aussi. Complètement à côté du monde. Comment pouvait-on se marier sans connaître la personne - ou en la connaissant depuis dix minutes tout au plus - si 'connaître' était le mot approprié pour décrire deux fêtards un peu trop alcoolisés ? De même, comment pouvait-on se marier alors que l'on était un chasseur de prîmes sans autres règles que les siennes propres, avec une liste d'ennemis longue comme le bras et une volonté affirmée de ne jamais s'attacher à quiconque ? La logique des choses voudrait qu'on ne le puisse pas.

Seulement il semblerait que la logique des choses ne m'aime pas, puisque c'était précisément ce qui m'était arrivé.

Et j'étais là, assis à table en face de ma femme, zieutant de temps à autres la boulette de papier énonçant un nouveau refus d'annulation de ce mariage qui n'aurait jamais dû avoir lieu. Songeant à ces ennemis de l'ombre qui, en souhaitant ma perte, pouvaient remonter et s'en prendre à Luisa, qui non seulement risquait sa vie chaque jour mais en plus, n'avait pas la moindre idée de ce qui pouvait lui tomber dessus si la nouvelle de ce mariage remontait à des oreilles mal intentionnées, je déglutis et serrais les poings malgré moi. "Le contraire m'aurait étonné," fis-je avec un demi-sourire quelque peu forcé, lorsque Luisa m'assura de la bonne santé de Jeanne de Habsbourg. Après tout, la princesse ne prenait pas beaucoup de risques, puisque Luisa les prenait à sa place ! Une autre source d'inquiétude était ce métier que ma brune épouse exerçait, et je fus moi-même étonné de mon trouble, car après tout, je n'étais pas responsable des risques qu'elle prenait en piquant dans l'assiette de Jeanne. J'étais responsable, en revanche, des dangers qu'elle courrait dans les rues de Londres, lesquels n'étaient pas des moindres. C'était étrange de penser qu'il m'était arrivé de faire pression sur tel et tel personnage en menaçant sa femme et ses enfants, et qu'aujourd'hui je redoutais qu'une telle chose nous arrive, à Luisa et moi. Ironie du sort, je te déteste. Prenant le parti de reléguer ces considérations à plus tard, je plaisantais quelques instants sur cette idée particulièrement ridicule de marmots et de maisons à la campagne. La réponse de Luisa me fit d'ailleurs rire ouvertement quelques secondes. "Honnêtement, je ne préfère pas. Et pour tout vous dire, la terre et la boue ne me posent pas trop de problèmes, mais me voyez-vous travailler les champs, sincèrement ? Je serais mauvais à un point tel que nous serions obligés de vendre vos bijoux pour survivre, ça ferait désordre. Non, vraiment, restons-en là." Par bien des aspects, notre situation était comique : Luisa était, je le savais, née au Nouveau Monde. Fille d'un conquistador, très certainement. Sans doute jamais ses parents, où qu'ils soient actuellement, ne l'auraient imaginée arpenter les couloirs de Whitehall au bras de la princesse des Espagnes. Moi, j'étais fils de paysan, petit-fils de paysan, arrière-petit-fils de paysan, et notre seule gloire venait de cette fameuse histoire selon laquelle Henry VII s'était caché de Richard III dans notre maison avant la bataille de Bosworth. Gloire qui ne nous avait rien apporté du tout, sinon du labeur supplémentaire, en raison de ces roses que ma mère s'échinait à faire pousser dans un sol inadapté. Or en dépit de mes origines, des dix-sept années passés à tourner et retourner la terre en digne fils de paysan, je me voyais très mal revenir à cette situation. Je m'étais trop démené pour en sortir.

Et pourtant, à mesure que passaient les mois et que se succédaient les refus d'annulation, il m'arrivait parfois de songer à un moyen de sortir de ce monde où je m'étais moi-même enfermé. La raison m'échappait encore, mais je devais reconnaître que j'appréciais de plus en plus Luisa, que c'était sans doute une erreur puisque notre situation était invivable sur du long terme. Certes, je n'étais pas un maître dans l'art d'anticiper les choses, mais c'était ici trop évident pour ne pas s'en rendre compte. Luisa ne savait pratiquement rien de moi, ou plutôt elle savait ce que j'avais bien voulu lui dire... A savoir un tissu de mensonges. Le même que je servais à chaque fois : Constance, Joanne y avaient eu droit aussi. Tôt ou tard, elle apprendrait la vérité, peut-être à ses dépens, et à cela je ne voyais que deux solutions : soit elle mourrait de la main de mes ennemis, soit elle me détesterait à tel point qu'elle se cloîtrait dans Whitehall jusqu'à ce que Jeanne quitte l'Angleterre. La première option était insupportable, la seconde le devenait plus le temps passait. Alors que les chances de voir notre mariage annulé s’amenuisaient de jour en jour, il me fallait envisager la possibilité de rester marié à Luisa del Carmen toute ma vie. Non que l'idée soit déplaisante en soi, mais... Je vais devoir trouver le moyen de m'extraire en vitesse de cette vie. Chose qui ne plairait pas à tout le monde, c'était certain. Mortimer et bien d'autres encore, me tomberaient sur le dos. J'avais vraiment l'impression d'être coincé. Je bus mon verre d'une traite. "Les années d'entraînement, ma chère, ça ne s'oublie pas," souris-je à sa remarque quant à la vitesse à laquelle j'avais descendu mon verre. "D'autant que je me découvre des talents cachés, maintenant non seulement je bois, mais en plus, je demande en mariage. Quoique, ça ne m'est arrivé qu'une fois, rassurez-vous sur ce point." Mieux valait en rire qu'en pleurer, non ? Alors que Luisa continuait de boire à petite gorgées, je me resservis et bus à nouveau. Généralement, dès qu'il était question de Philippe de Habsbourg dans la conversation, j'avais tendance à boire davantage qu'à l'ordinaire, ce qui n'était pas peu dire.

Contrôle toi, mon vieux, elle a eu sa dose de Richard bourré pour le restant de ses jours.

"S'il vous plait, oui," ris-je lorsque Luisa me proposa de compter le nombre de messes auxquelles Philippe des Asturies assistait chaque jour. Cet homme était un peu plus détestable à chacune de ses apparitions. Comment faisait Luisa pour supporter d'être dans son entourage, là était la question. Si le Pape avait moins peur de Charles Quint et sa descendance, sans doute pourrait-il la canoniser. Tout sourire, je remplis à nouveau le verre de vin : "attention, je pourrais vous demander en mariage une deuxième fois." Et je me servis pour la troisième fois, tant qu'à faire. "Vous ne le portez guère dans votre cœur, je me trompe ?" Je bus quelques gorgées, plus lentement cette fois. Pouvais-je sincèrement répondre que non, je ne le supportais pas, ni lui, ni sa soeur, ni son entourage, et qu'elle était la seule espagnole appréciable à mes yeux ? Non. Nous n'avions que peu eu l'occasion d'en parler, mais je savais qu'elle devait tout aux Habsbourg. Et tout fils de paysan que j'étais, je savais ce que signifiait l'attachement à une famille royale. Il suffisait d'observer mon père lorsqu'il parlait des Tudor. On aurait pu croire qu'il priait Henry VIII comme on priait Dieu. Sans doute Luisa n'était pas assez folle pour prier Philippe II - du moins l'espérais-je - mais qui étais-je pour critiquer ceux à qui elle devait son train de vie, et - je devais bien le reconnaître - sans qui je ne l'aurais jamais rencontrée ? "Pas beaucoup, non," répondis-je. Autant être honnête, même en arrondissant les angles. "Je n'ai strictement rien contre qui que ce soit, pour tout vous dire je sais à peine situer l'Espagne sur une carte, et Philippe II m’intéressait autant que le salaire des avocats de Thomas Wyatt, du moins avant qu'il arrive en Angleterre." Puisque j'étais lancé, autant m'expliquer autrement que par la flopée d'injures que j'avais l'habitude de débiter lorsque était évoqué notre nouveau roi consort. Je souris presque involontairement : "on m'a éduqué dans l'idée que l'Angleterre était le plus beau pays du monde, et mes parents étaient très attachés à la dynastie des Tudor. Je le suis aussi, les chiens ne font pas des chats. Et je crains que cette alliance ne soit un moyen d'asservir l'Angleterre comme le Nouveau Monde l'a été, ou est en train de l'être." Je terminais mon verre, quelque peu songeur, me demandant si c'étaient là des propos à tenir devant la fille d'un navigateur espagnol. Je n'avais cependant jamais été très doué pour le tact et la diplomatie, et Luisa l'avait sûrement bien compris depuis longtemps. Et j'avais eu le mérite d'être franc sans être injurieux, parce-que chez moi, l'un allait rarement sans l'autre. "Mais j'espère me tromper."
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MessageSujet: Re: Why do they call it love ? ♦ Luisa & Richard.  Why do they call it love ? ♦ Luisa & Richard. Icon_minitimeSam 20 Juin - 18:46
Why do they call it love ?
RICHARD & LUISA

Sometimes the heart sees what is invisible to the eye. ✻✻✻ Cela faisait déjà quelques temps que Richard et Luisa s’étaient mariés, par le plus grand des hasards et dans la plus grande folie surtout. Elle n’était pourtant pas de ce genre là, à faire comme bon lui semble sans penser au lendemain et aux conséquences, surtout pour des choses aussi sérieuses que le mariage. Plutôt avenante, l’espagnole n’en restait pas moins prudente. Il n’est pas si facile que ça d’entrer dans son cercle de confiance depuis que la trahison de son oncle paternel fut dévoilée au grand jour. Cet oncle qui sans jamais avoir une once de remord, s’était jouée d’elle et de sa pauvre mère qui en mourut. Dès lors, un sourire de Luisa del Carmen ne vous valait plus d’entrée une possible amitié, il faudrait creuser et gagner sa confiance petit à petit. Cette méfiance, nul doute que Charles Quint l’avait décelé lorsqu’il lui proposa la place de goûteuse auprès de sa fille Jeanne. Luisa ne se ferait pas avoir par quelques personnes mal intentionnées, elle en avait fait les frais une fois et en paya le prix fort. Une fois mais pas deux. Et depuis cette fameuse entrevue, la jeune espagnole s’était attachée à sa maîtresse et était constamment sur ses gardes lorsque son interlocuteur se montrait un peu trop curieux au sujet de la princesse. Poliment, elle leur répondait que tout allait bien, mais n’allait pas plus loin dans ses explications. La couronne espagnole lui faisait confiance et lui montrait très bien sa gratitude : bijoux, toilettes, soirées… Elle n'était pas à plaindre, et n’allait tout de même pas gâcher cela ! C’est pourquoi lorsque Luisa s’était réveillée le lendemain de son arrivée en Angleterre, la tête et les souvenirs embrumés au côté d’un pur étranger, elle eut peur d’avoir laissé échapper quelques informations confidentielles.

Aujourd’hui le doute plane toujours – s’était-elle oui ou non montrer un peu trop bavarde ? – mais quelque chose a changé depuis. Richard n’est plus ce bel étranger mais bel et bien son mari. Une union peu banale, un époux dont elle ne sait pas grand-chose hormis son métier d’écuyer et son charme indéniable, mais avec qui elle se sent… étrangement bien. Si elle avait eu la langue un peu trop pendue et s’était mise à parler de choses dont elle n’aurait pas du, Luisa croit en la bonne foi de Richard. Il ne dirait rien. Voilà comment en quelques semaines le brun ténébreux avait réussit à se frayer tranquillement, et sans prévenir, un chemin jusqu’au cœur de Luisa, pourtant si méfiante d’habitude. Avec lui, la demoiselle sentait qu’elle pouvait avoir confiance – sans pour autant lui dévoiler quelques royaux secrets bien gardés, et qu’elle pouvait laisser tomber un peu le masque. Bien qu’elle adore tous les égards auxquels elle avait le droit de par sa position, se sentir de temps en temps un peu plus seul avec elle-même ne la dérangeait pas, bien au contraire. Après tout, Luisa n’était pas de sang royal et n’avait jamais eu accès à tant de considérations – bien qu’elle ne grandit pas dans la misère non plus. Ce n’était donc pas inné chez elle, même si elle se fit très rapidement à cette vie de princesse, sans aucun doute. Alors vivre à la campagne comme le soulignait ironiquement Richard, très peu pour elle désormais ! Et lui non plus ne semblait pas vouloir se mettre à faucher les blés ! « Vous êtes pleins de ressources Richard, je suis certaine qu’on trouverait un moyen de survivre si vous étiez vraiment mauvais, car au risque de sonner encore un peu plus superficielle et matérialiste, vendre mes bijoux n’est pas une option, j’y tiens trop ! » rigola-t-elle. « A l'évidence, ni vous ni moi ne voulons nous retrouver dans pareil situation, alors oui, restons-en là. »

Ils bavardaient comme de bons vieux amis, à la seule exception près qu’ils ne se connaissaient pas depuis si longtemps que ça. C’était aujourd’hui l’occasion d’en savoir un peu plus sur l’un et l’autre, puisqu’ils étaient loin de se comporter comme un couple traditionnel. Luisa logeait au palais de Whitehall de son côté, tandis que Richard passait ses nuit à l’autre bout de la capitale anglaise. Ils pouvaient très bien ne pas se croiser pendant une semaine puis se revoir comme si de rien était. Loin de s’embrasser ou de partager la même couche, leur relation actuelle tenait plus de l’amitié que de l’amour, même si Luisa faisait tout pour faire taire quelques sentiments naissant. Elle n’allait tout de même pas sérieusement tomber amoureuse de lui et risquer d’être moquée si l’attachement n’était pas partagé ?! Et il ne l’était surement pas… Luisa ne lui en parlerait jamais directement en tout cas, et après tout, ils cherchaient bien à faire annuler leur mariage non ? Personne ne se mariait sous les coups de l’alcool, ça ne se faisait pas et on n'y lui reprendrait plus. Luisa connaissait ses limites quant aux breuvages anglais, et contrairement à Richard elle ne cumulait pas des années d’entrainement derrière elle. « Je vois ça effectivement » sourit-elle à son tour. « Ca ne m’a pas tant réussi de mon côté, je ne me souviens de rien jusqu’au lendemain, alors j’espère que vous avez demandé ma main dans les règles de l’art, un genou à terre. » répondit-elle dans un rire. Avec le trouble qu’était cette soirée, mieux valait-il donc qu’elle finisse son verre doucement. Mais bientôt il n’en resta plus une goutte ! Elle demanda à Richard de lui en resservir un, et celui-ci ne se fit pas prier, ajoutant : « attention, je pourrais vous demander en mariage une deuxième fois. » Il n’en fallut pas plus à Luisa pour rétorquer, amusée et verre levé : « Et je pourrais vous dire oui une nouvelle fois si je continue à ce rythme là. » Sur le ton de la plaisanterie, ils s’envoyaient ça et là quelques petits signaux que leur condition de jeunes mariés ne les dérangeait pas tant finalement, mais en avait-il seulement conscience ?

Apportant le vin à ses lèvres, Luisa et Richard se mirent alors à parler de Philippe de Habsbourg. Comme s’ils abordaient un sujet délicat, Richard ralentit son nombre de gorgées à la minute. A entendre la pointe d’ironie dans sa voix, Luisa se doutait qu’il répondrait par la négative à sa question. Mais elle s’en fichait, car la politique ce n’était pas vraiment son sujet de conversation favori, ses parents l’en avait toujours protégée. Si elle était née et avait grandit au Nouveau Monde jusqu’à ses douze ans, ce n’était pas un hasard. Sentant le vent peu à peu tourner pour les Juifs d’Espagne, le père del Carmen prit la décision de ne jamais revenir sur ses terres et de rester de l’autre côté de l’Atlantique lorsqu’ils atteignirent les côtes américaines. Luisa aurait très bien pu faire parti de ce peuple obligé de se convertir au christianisme ou contraint de s’enfuir vers le Portugal, l’Italie, le Maghreb ou encore l’Empire ottoman pour revenir librement au judaïsme. Ce n’est que bien plus tard, lorsqu’elle doit revenir de force avec sa mère en Espagne que la jeune Luisa se voit obliger de se convertir au catholicisme bien qu’elle demeure secrètement attachée au judaïsme, ce qu’elle omettra de dévoiler à Charles Quint, descendant des Rois catholiques Ferdinand II d’Aragon et Isabelle Ire de Castille, responsables de l’expulsion des Juifs d’Espagne. Richard pouvait bien avoir son avis, même négatif, sur Philippe de Habsbourg. Elle, ne portait allégeance qu’à sa sœur Jeanne la princesse. La royauté espagnole n’était pas blanche comme neige, et Luisa aussi avait de quoi les détester après ce que les Rois catholiques firent subir à son peuple. Mais ça, la jeune fille ne pouvait le dire à personne, pas même à Richard bien qu’elle en ait assez de cacher son appartenance au judaïsme. Il en allait de sa vie, et elle ne pouvait pas se permettre de jouer avec cela. « Ne croyez pas que je sois en accord avec toutes les actions de la couronne espagnole, loin de là. » C’était tout ce qu’elle pouvait dire sans compromettre sa position. Richard n’allait pas deviner de sitôt qu’elle est et demeure juive secrètement malgré sa conversion, mais l’on n’est jamais trop prudent. Tout ce que Luisa souhaitait, c’était que les dirigeants espagnols, anglais et au-delà laissent un jour vivre chaque être avec ses propres croyances, aussi naïf cela pouvait-il sonner. « La politique, je préfère en rester aussi loin que je peux malgré ma position. » La jeune goûteuse saisit aux mots de Richard que l’Espagne et les Espagnols, il ne devait pas les voir d’un très bon œil, et elle comprit sa crainte de voir l’Angleterre soumis à l’Espagne. Il aimait son pays autant qu’elle aimait le sien, ou les siens. « Nous ne sommes pas tous mal intentionnés. Je vous ferai aimer ce beau pays qu’est l’Espagne mais aussi ses Espagnols, quelque uns en tout cas. » répondit-elle en souriant légèrement, comme si elle faisait référence à une espagnole en particulier. S’il avait vraiment les Espagnols en horreur, Richard l’aurait mis à la porte depuis bien longtemps songea Luisa sans pour autant lui dire.

« J’aime votre honnêteté Richard. » Elle aussi aurait aimé faire de même, et c’est elle cette fois-ci qui finit son verre d’une traite. Peut-être un peu trop vite d’ailleurs… « Oh, je crains n’avoir quelque peu abusé des bonnes choses. » s’amusa-t-elle, portant sa main à son crâne. « Maintenant que nous sommes mariés, il va falloir que vous m’initiez à l’art de tenir l’alcool anglais. » ria-t-elle doucement.


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