Quand Susan Clarencieux, dame d’honneur et confidente de la reine entra dans la chambre de sa souveraine, elle comprit tout de suite que quelque chose n’était pas comme d’habitude. Mary d’Angleterre était toujours réveillée à l’aube pour pouvoir prier dans une petite chapelle attenante à ses appartements, mais ce matin-là, alors que le soleil était déjà bien levé et que les premiers bruits du palais se faisait entendre, la reine était toujours étendue sur son lit. La reine Mary appela sa dame d’honneur dès qu’elle l’entendit entrer. Cette dernière s’inclina devant le lit majestueux et s’approcha de la reine. Mary d’Angleterre était pâle, la main tremblante, elle se plaignait de forts maux de ventre. La reine demanda ensuite à ce que personne n’entre dans la pièce hormis le médecin royal qu’elle fit immédiatement demander. Celui-ci ne tarda pas à arriver et examina la reine, appuyant sur son ventre qui lui faisait tellement souffrir. Le médecin demanda à ce que sa patiente reste allongée pour la journée et lui fit prendre un remède qu’il préconise habituellement pour les problèmes gastriques. Si le lendemain la reine ne se portait toujours pas mieux, il ferait une saignée.
Ce jour-là, la reine Mary ne reçut pas son Conseil, elle demanda néanmoins à Reginald Pole de le présider en son nom et de lui faire un compte rendu juste après. Susan Clarencieux, Jane Dormer et Elena d’Altafuente furent les seules dames de la cour à être autorisée à voir la reine. Cependant, bien vite, la rumeur commença à s’étendre et tous se dirent que la reine devait être très malade pour rester ainsi dans ses appartements. Susan Clarencieux vint néanmoins dans l’après-midi pour dire que la reine était seulement en prière. Cette information, personne ne la prit au sérieux.
Le lendemain, la reine souffrait toujours autant, le médecin appliqua la première saignée qui affaiblit considérablement la reine. Une servante venue changer les draps remarqua le teint pâle de la reine, le visage inquiet de lady Clarencieux et comprit tout de suite la reine était très malade. La rumeur commença parmi les serviteurs, qui commencèrent à parler à leurs maîtres et à la fin de la journée, tout le monde à la cour savait que la reine était malade. Bientôt, Mary d’Angleterre ne pouvait plus cacher qu’elle souffrait, elle demanda donc au cardinal Pole d’informer son Conseil sur son état de santé. Le dimanche suivant, une messe fut dite à la cour pour le rétablissement de la reine.
La plus grande préoccupation de certains concernaient le rétablissement de la reine Mary, mais pour d’autres, une seule chose était importante, c’est qui allait hériter de la couronne ? La reine devait bien entendu désigner son successeur, mais pourquoi ne pas l’encourager vers une direction ? Alors que la reine Mary n’est pas encore dans la tombe, les premiers enjeux sont en train de se dérouler et une nouvelle page de l’Histoire du royaume d’Angleterre est en train de s’écrire.