Lorsqu'on débute son autobiographie, la coutume veut que nous commencions par la naissance tout en suivant un ordre tout à fait chronologique qui peut être rébarbatif à la première lecture mais qui permettra à celui qui cherche un renseignement précis de retrouver très facilement l'information qui l'intéresse. Je vais donc débuter ma propre présentation par celle de mes parents : tous deux des diplomates avec leurs idées bien à eux, ils n'ont jamais été en accord, sauf sur un sujet, le miens. Lorsque je naquis, ce onze novembre de l'année 1510, ils parlèrent d'abord de la façon dont ils allaient me prénommer sur laquelle je ne m'attarderai pas, Henri étant un nom plutôt sympathique, puis ils abordèrent la question de mon éducation, de ce qui ferait de moi un homme, et de ce qui ferait de moi une personne cultivée et respectable de la noblesse française.

Ma tendre enfance se passa très bien, j'étais un enfant, j'ose espérer, fort agréable et même si mes tuteurs ont parfois estimé qu'il serait utile de me punir, mon éducation stricte et religieuse me rendit relativement docile.
Mon adolescence se poursuivit principalement en fonction des matières que je choisis d’approfondir, parmi elles, le latin, l'anglais, les mathématiques et la philosophie. Arrivé à l'âge de vingt-cinq ans, on m'a affublé du rôle de diplomate et envoyé en Ecosse pour y représenter ce royaume si cher à mon cœur.
C'est donc armé de mes mots et de mon titre que je suis parti seul en Ecosse pour transmettre la parole de mon roi. On m'a demandé de garder la paix dans ces provinces protestantes, dieux sait que ce fut ardu, et j'ai eu quelques peurs, plus ou moins importantes.
Je ne m'étendrai pas sur mes débuts en politiques qui furent pour le moins chaotiques, il me semble plus important de parler de faits plus récents.

Plusieurs semaines de voyage s'écoulèrent avant mon retour à Paris, et ce fut très important pour moi de passer du temps avec ma mère, et de l'aider à faire le deuil de mon père, dont la mort m'inspira un énorme vague à l'âme qui passa assez rapidement loin de France mais qui resurgit à la vue du dernier membre de ma famille. Les retrouvailles furent néanmoins chaleureuses et les histoires de la cour reprirent vite leur importance, je restais un noble et devait donc servir le roi. Mais la vie était aisée malgré les problèmes de la couronne, et je me découvris des talents d'inventeur soutenus par ma maîtrise des mathématiques. Bien qu'inutiles, ces petites inventions me permirent d'occuper mon temps et de me mettre en avant vis-à-vis du roi, très friand de ce genre d'actualités.
Le temps passa et il me proposa de raccompagner la reine d'Ecosse Marie de Guise dans son pays puis d'y rester en tant que ministre plénipotentiaire, ce qui m'assurait une protection économique pour ma famille ainsi que la liberté de ne pas se trouver à la cour du roi toute la journée.

Je passai mes première années en Ecosse, suivant Madame de Guise comme son ombre, ainsi que je le devais par ma nouvelle position. Je pus cependant entreprendre une vie sociale et surtout amoureuse avec Jeanne de Thouars, une femme d'une douceur exquise qui me donna trois beaux enfants dont je suis très fier. La grippe l'emporta durant un rude hiver et le seul réconfort que je trouvai fut les bras de Jeanne de Chasteigner, avec qui je me suis marié un an plus tard, et qui mourut l'année suivante. Le décès de ma seconde femme me plongea dans une dépression que je ne parvins à surmonter que grâce à mon travail et mes inventions qui perdirent tout de même de leur ingéniosité lors de cette période difficile.
J'en sortis cependant, plus fort et plus vif d'esprit que jamais, et les années suivantes furent de belles années. Je ne pus m'empêcher cependant de nourrir une passion sans limite à l'égard de Diane Tyburn, une jeune femme comptant parmi les plus jolies que j'eus la chance de rencontrer, et j'en remercie dieu chaque jour qu'il fait. Cependant, l'amour ne peut me soustraire à ma tâche et ma préoccupation première est de servir Marie de Guise. La jeune femme à la tête de l'Ecosse semble apprécier ma compagnie que je m'évertue de rendre utile. Madame de Guise fut la personne qui me sortit, inconsciemment, de ma déchéance après la mort de ma femme.

Je parle énormément de moi, mais ce serait terriblement égoïste de parler de mon histoire sans énoncer la compagnie James qui est placé sous mon tutorat. Le jeune Fleming et moi-même entretenons une relation de maître et disciple qui nous enrichit, lui en culture, et moi en réflexion. Même si à l'heure actuelle, ma principale occupation est de me divertir tout en m'occupant des affaires de Marie de Guise, je consacre une énorme partie de mon temps au partage avec ce jeune homme. Je suis son professeur, et il a adopté ma vision du monde, me poussant toujours plus loin à revoir certaines parties de ma philosophie de vie. Le jeune est cependant trop travailleur à mon goût, et je tente par tous les moyens de lui enseigner l'intérêt du divertissement.