Incroyable. Qui aurait pu croire à une telle chose ? La reine Mary Tudor est morte, bel et bien morte. Une ambiance lourde et froide pèse sur toute la ville. Alors que les uns pleurent leur reine bien aimée et que d’autres savourent la disparition de leur ennemie jurée en silence, tout le monde s’épie. Se jette des regards suspicieux. On s’accuse mutuellement, sans aucunes preuves sur lesquelles se baser, seulement les rumeurs, les on-dit, les bruits de couloirs, les chuchotements ! La tristesse et la colère se sont emparées de tout le royaume, et nul ne sait véritablement qui est l’auteur du meurtre de la reine d’Angleterre. Les ennemis de la reine prêts à la voir disparaître sont si nombreux que c’en est trop. Trop pour un seul homme : William Clarence, le chef de la Police en qui repose la lourde tâche de débusquer ce personnage, aujourd'hui adoré dans l'ombre par certains et détesté par milliers. C’est pourquoi il prit la décision de demander de l’aide à plusieurs sujets de la reine, dont moi…

Je n’ai jamais voulu une telle chose, même si l’idée de voir régner le catholicisme ne me plaisait guère. Tuer la reine ? Ce type d’action va à l’encontre totale de mes croyances et de la morale que je soutiens. Cette femme ne méritait pas à un tel sort, tout comme ce fut le cas à une époque de cette Jane Grey… Décidemment, s’asseoir sur le trône d’Angleterre, c’est courir le risque d’y voir son sang y couler, et son dernier souffle laissé…

Je me retrouve en compagnie de Katherine Lennox et Anne Somerset dans les appartements de la reine. Quelle étrangeté que d’être ici… alors que la reine Mary venait certainement d’y passer ses plus beaux moments. La crainte et la gêne m’envahissent alors que je m’avance un peu plus au milieu de la pièce principale… Mais qu’est-ce-que je fais ici ? Je ne suis, après tout, qu’une pauvre goûteuse ! Je n’ai rien à faire là… Et pourtant, je continue de traverser de part en part les appartements de la reine d’Angleterre avec mes deux acolytes, témoins potentiels du meurtre. Je pourrais les interroger, néanmoins, mon regard est soudainement attiré vers un petit flacon violet, renversé sur la coiffeuse de la reine Mary. Je n’arrive pas à détacher mon regard de la fiole, et la seule pensée qui me vient résonne tellement à l’intérieur de ma tête, et si fort, que je ne vois que ça et en oublie ladies Lennox et Somerset. « Du poison… »

N’est-ce-pas la meilleure façon de tuer quelqu’un ? Du poison ? Il est souvent indétectable, je ne le sais que trop bien pour en avoir fait l’expérience, pendant des années ! Ma mère y a aussi succombé, sans que personne ne découvre la véritable raison de son décès jusqu’à ce que mon oncle soit enfin exposé, des années après la mort de ma mère. Je fixe ce poison si intensément que je serai capable de le reproduire avec la même exactitude à l’infini. Mais pourquoi laisser la bouteille, s’il s’agit effectivement de l’arme du crime ?

Mon esprit s’embrouille, les questions s’enchaînent, et alors que tout devrait s’éclaircir… tout s’assombrit…