Les jardins, lady Elizabeth ne les avait pas parcouru depuis la mort de son demi-frère Edouard. Ici, elle y avait laissé de nombreux souvenirs, avec diverses personnes. Il y eut d’abord ses parents, durant les premières années de sa vie, elle se promenait ici avec sa mère, observant toutes les deux les bassins pour regarder les poissons multicolores qui y vivaient. Avec son père, Elizabeth gardait de bons moments, comme le jour où ils s’amusèrent tous les deux à la princesse et au roi, même si ce moment avait été court, la jeune femme se remémorait celui-ci quand elle voulait se rassurer sur l’affection de son père envers elle. Plus tard, il y eut les promenades avec Mary sa demi-sœur, qui lui apprenait toujours en ce lieu les rudiments du latin. Avec Edouard, son cher petit-frère, ils y jouaient très souvent à toutes sortes de jeux. Elizabeth avait aussi pu parcourir les jardins avec les différentes femmes de son père, comme Anne de Clèves, Katherine Howard et Catherine Parr. La rousse avait la nette impression que ces lieux étaient peuplés de fantômes et c’était dans cette ambiance morbide qu’elle aimait se promener. Les souvenirs de la vie étaient les plus beaux, les plus inquiétants et s’y refugier nous aidé à avancer dans l’avenir. Depuis la mort d’Edouard, Elizabeth se posait de nombreuses questions quant à son avenir, elle craignait de mourir trop tôt comme son frère et elle ne supportait pas cette nouvelle vie imposée. Pour le moment, elle se trouvait à la cour, non loin de Mary qui la faisait surveiller et qui souhaitait même la marier. La jeune bâtarde ne pouvait plus choisir ses servantes, c’était la reine qui s’en chargeait, par chance, elle avait pu garder dans son entourage sa très chère Kat, la seule qui arrivait encore à lui arracher un sourire sincère. Sans Katherine Ashley, la jeune femme ne savait pas ce qu’elle serait, sa gouvernante lui avait tant apporté, comme une mère l’aurait fait à sa fille. De toute manière, si Mary l’avait renvoyé, elle aurait tout fait pour la récupérer à ses côtés. Kat était une femme de qualité et sa sœur pouvait lui accorder cette faveur. Désormais, Liz avait dans l’idée de faire entrer sa cousine Anne Stafford comme dame de compagnie, mais elle ne savait comment présenter la chose à sa royale sœur, peut-être devait-elle encore attendre, que les jours soient encore plus favorables. Mais y en auraient-ils ? L’arrivée de sa sœur à Londres, avait déjà été glorieuse, Mary avait le soutien de tous, Jane, Henry Grey et tous les hommes Dudley étaient en prisons, rien ne pouvait être mieux. Cependant, Elizabeth craignait pour sa vie, elle avait vu que Mary était capable de tout et elle possédait de grandes forces. De son côté, elle n’était rien, qu’une bâtarde haïe à cause du passé de ses parents, elle n’avait ni appui, ni vrais amis. Et vu les temps qui se profilaient, hommes et femmes avaient raison de ne pas se montrer amical envers sa personne. Jane Grey à la Tour, elle avait encore un sursis. En effet, à cette date, c’était Jane qui était l’image du symbole de la résistance contre Mary, mais que fera la reine de sa jeune cousine si encombrante ? A cette histoire, Liz ne voyait qu’une issue, la mort. Deux reines ne pouvaient pas être présentes dans un seul royaume. Une fois Jane disparut, Elizabeth savait que l’attention des protestants se reporterait sur elle, depuis quelques semaines et pour éviter toutes sortes de problèmes, elle obéissait sagement à sa sœur et faisait en sorte d’être la plus discrète possible.

Durant cette belle journée d’août, alors que la paix revenait peu à peu dans le royaume, Elizabeth se promenait dans les jardins de Whitehall en compagnie de Kat et des autres dames de compagnie qui lui avaient été assignés, comme Aryane Bates, cette femme qu’elle détestait au plus haut point. Tous ses faits et gestes étaient rapportés à la reine et Madame Exigence veillait à lui faire un compte rendu le plus souvent possible. Malgré ce détail, la bâtarde essayait de passer une bonne journée, elle s’arrêtait presque à chaque parterre pour admirer et commenter les travaux des jardiniers. Les jardiniers anglais faisaient toujours un merveilleux travail. La rose anglaise était la fleur la plus présente, cela son père y avait toujours veillé et d’année en année ces fleurs ne cessaient d’embellir. La promenade était détendue et se déroulait dans la bonne humeur, Liz conversait avec ses suivantes tentant de s’accommoder le mieux possible à leur présence. Puis, au détour d’un bosquet, elle finit par croiser Mary Abbot, la fille bâtarde de feu François Ier. Elizabeth appréciait beaucoup cette jeune femme avec qui elle partageait de nombreux points communs. Avec la grâce d’une princesse, elle s’approcha de la française et lui fit une révérence.

« Duchesse, c’est un plaisir de vous trouver ici, j’espère que nos jardins vous apportent repos et détente ? » Commença la bâtarde, tout en usant les règles de la bienséance sous le regard scrutateur de Mrs Bates.

Mary Abbot se trouvait être la fille illégitime de feu François Ier, roi mort la même année que son propre père. Elizabeth avait eu connaissance que cette jeune femme avait eu un parcours peu atypique, de toute évidence, tous les bâtards royaux avaient eu la vie dure. Même si la fille d’Henry VIII appréciait beaucoup la française, elle ne savait trop quoi penser d’elle, après tout, elle se connaissait si peu et si le roi de France avait envoyé sa demie sœur dans le pays de la rose, il avait du bien conclure une sorte d’alliance avec la reine d’Angleterre. Méfiante, comme toujours et pour mieux préserver sa vie et celle de ses proches, Elizabeth conversait s’en trop en dire. Ici, dans ce royaume qui avait été hostile au mariage entre son père et sa mère, elle le savait, elle devait recourir de prudence, surtout si elle ne voulait pas se retrouver comme Jane Grey, à la Tour. La duchesse était vêtue de noire, portant le deuil de sa défunte mère. Cela remémorait de lointains souvenirs à la bâtarde. Elle n’avait pas trois ans à la mort de sa mère et alors que sa gouvernante priée pour qu’elle porta le deuil d’Anne Boleyn, on lui refuse. Elizabeth n’était qu’une enfant et elle ne comprenait pas à l’époque toute cette symbolique, mais plus tard, elle avait vu plus clair dans leur jeu à tous et elle avait vite compris que dans son pays sa mère n’était plus rien. Cela était dur à supporter et tellement lourd, mais la jeune femme était courageuse, endurcie par les nombreuses épreuves qu’elle avait subi et même si jamais elle ne pourrait rendre hommage à sa génitrice, au fond d’elle-même, elle avait sa propre vérité. Faire la part des choses entre Anne Boleyn la sorcière et Henry VIII le bourreau était difficile, la lady savait qu’elle portait en elle un lourd héritage, un passé qui allait la suivre toute sa vie, sa sœur aussi portait ce passé, mais celui-ci n’avait pas tâché sa réussite et sa prise du trône. La rousse demanda à la duchesse française, si les jardins de Whitehall étaient à son goût et cette dernière s’empressa de répondre affirmativement. Elles étaient nombreuses les mains qui œuvrées dans ce parc pour le rendre majestueux et aussi pour parfaire les caprices de ses souverains. Il était indéniable, son père avait eu beaucoup de goût et les jardins étaient parfaits, Edouard y avait peu touché, il préférait vivre à Hampton Court, plutôt que Whitehall. Hampton, elle n’y avait pas mis les pieds depuis la mort de son frère, d’ailleurs, son cœur ne pouvait s’empêcher de se briser, sachant que la dépouille n’était toujours pas mise en terre. Elle le savait, les funérailles d’un souverain prenaient du temps, mais tant de malheur s’était déroulé à la mort d’Edouard VI, qu’il valait mieux qu’il connaisse le plus rapidement possible un repos éternel.

« Je n’ai jamais pu me rendre en France, mais d’après les récits de mon défunt père, tout est mieux en Angleterre, mais je pense que ses paroles étaient très objectives. » Disait la jeune femme tout en souriant.

Par la suite, Mary qui lisait un ouvrage assise sur un bas, lui proposa une promenade, tout en l’appelant princesse. Elizabeth sourit à l’entente de cela, mais pour le moment elle n’était qu’une bâtarde et tous ne devait que la nommer « lady Elizabeth ». La jeune femme se tourna vers ses suivantes et leur demanda de la laisser seule avec la française.

« Avec plaisir duchesse. Mais évitez de me nommer princesse, pour votre bien, je ne suis qu’une simple lady dans cette cour. » Expliqua-t-elle avec beaucoup de sagesse et de bienveillance.

Comme elle pouvait comprendre la bâtarde française, il était dur de se sentir comme une étrangère dans sa propre patrie et pourtant, c’était ce qu’elle était pour tous. Même si de moins en moins de personne doutait qu’Elizabeth n’était pas la fille de feu Henry VIII, il y en avait beaucoup pour lui rappeler qu’elle n’avait pas sa place en Angleterre. Et pourtant, elle chérissait ce pays, plus que n’importe qui au monde, la jeune femme le savait, pour cette terre, elle ferait n’importe quoi, même à revêtir un jour une armure et brandir une épée pour défendre sa nation. Elle était anglaise et ses racines étaient insérées très profondément dans le pays de la rose, si bien que jamais elle voudrait quitter l’Angleterre, pas même pour un mariage. Quand elle y repensait quelle idée folle avait pu avoir Mary en voulant la fiancer à un étranger. Elizabeth ne pouvait l’admettre et elle ferait tout pour faire annuler ce projet.

« Je ne peux que vous comprendre lady Mary et j’espère que mon pays vous apportera la paix et le réconfort que le vôtre n’a pu vous procurer. » Rassura la jeune femme.

Par la suite, la duchesse française s’excusa de l’avoir nommer « princesse », après qu’Elizabeth l’ait repris. Et pourtant, la rousse aimerait bien un jour retrouver son statut de princesse, après tout, elle était la fille d’Henry VIII, la sœur d’Edouard VI et de la reine Mary Tudor, elle ne comprenait pas pourquoi certains luttés pour ignorer l’évidence. Ce qu’elle savait, c’était que le retour de son statut de princesse ne serait pas pour tout de suite, Mary n’allait pas la réhabiliter, cela serait trop simple, mais la jeune femme se contenterait tout simplement d’être son héritière. Sa sœur n’allait tout de même pas nier le testament de leur père qui l’avait porté sur le trône et Elizabeth s’accrochait au fait qu’elle était la suivante de la liste.

« Ne vous inquiétez pas, ça me fait plaisir d’entendre cette appellation, même si je préfère qu’on ne la prononce pas, qui sait certaines mauvaises personnes pourraient l’entendre et crier au complot. » Ajouta la bâtarde anglaise.

Les deux jeunes femmes continuèrent à déambuler dans les différentes allées du jardin, Elizabeth en profitant de contempler les nombreuses fleurs qui le peuplées. Elle aimait ce lieu plein de vie qui était à l’image des souverains anglais, un jour, elle serait fière d’avoir aussi l’occasion d’ordonner à la plantation de certaines variétés de fleurs et à la création de nouveaux bosquets. Elle aspirait à donner à l’Angleterre une telle grandeur que cela marquerait l’Histoire et les esprits. Cependant, pour le moment, ce n’était qu’un rêve, elle n’était qu’une bâtarde et non une souveraine, elle n’avait aucuns pouvoirs dans cette cour. Au tournant d’un bosquet les deux bâtardes arrivèrent près d’une fontaine qui était le centre d’attention de plusieurs enfants. Elizabeth aimait leur insouciance de la vie, elle, elle n’avait pas eu la chance de connaître une tendre enfance, elle avait tout de suite traversé de nombreux tourments et le premier avait été la mise à mort de sa mère. Mary lui fit remarquée aussi ce qu’elle venait de pensée, elle souhaitait aussi retrouver cette insouciance.

« J’aurai aimé pouvoir connaître leur bonheur et ces moments de paix. » Disait-elle avec un faible sourire, tout en s’installant sur le rebord de la fontaine.

Le projet de fiançailles que lui avait révélé son cousin Henry Carey, était la pire des nouvelles que la jeune lady avait pu entendre. Elle comprenait qu’on voulait se débarrasser au plus vite d’elle, mais l’idée d’un mariage avec un étranger, lui soulevait le cœur. Elizabeth aimait l’Angleterre et pour rien au monde elle ne voudrait quitter son pays, qui était le sien depuis toujours. Maintenant, elle comprenait ce que ressentaient les princesses qu’on arrachait à leurs pays pour les envoyer dans un autre avec une promesse de mariage. Cependant, il était hors de question pour la seconde fille d’Henry VIII de quitter son pays, l’Angleterre, c’était sa terre natale, le pays où elle était née, l’endroit où elle avait une grande emprunte. Si on voulait la marier, ça serait par la force, parce que jamais elle ne quitterait son pays et les personnes qu’elle aimait. L’idée d’être envoyait en terre catholique la rendait malade, mais elle résisterait et Henry était là, il l’aiderait à mettre ce projet à l’eau.

« Oui, mais ce n’est qu’un projet pour le moment et je doute qu’il aboutisse un jour. » Révéla la jeune femme.

En ce qui concernait la sécurité de la duchesse en Angleterre, Elizabeth émettait de nombreux doutes, il y a bien longtemps que la France et le pays de la rose était en conflit et l’amertume de la guerre de Cent Ans était toujours là. Même si le roi de France avait confié sa sœur à l’Angleterre, dans le dos du pays, il avait accepté les fiançailles de son fils le dauphin avec la reine d’Ecosse. Pour la rousse, c’était une trahison qui préparait l’union de deux pays et qui pouvait mettre en danger l’Angleterre. Si Mary Abbot avait un jour la chance de fuir, elle devrait le faire, le pays anglais ne pouvait pas être un pays ami pour elle. D’ailleurs, d’après ce que la lady avait entendu, elle était comme une prisonnière ici. Ses doutes, Elizabeth garda bien de les évoquer devant la duchesse française, elle ne voulait pas l’effrayer, mais si un jour la situation s'aggraver, elle ferait sûrement en sorte de prévenir la jeune femme. Après tout, Mary ne méritait pas d’être prise entre deux feux. La politique n’était faite que de trahison et la politique de son père avec l’Espagne et la France en était la preuve. En effet, son père menait toujours un double jeu, si une alliance était plus favorable qu’une autre, il n’hésitait pas à s’allier avec son ennemi du jour pour trahir son ami. La politique était fourbe, voilà pourquoi Elizabeth pensait que la jolie française était en danger dans ce pays en proie à de nombreux problèmes.
Mary semblait être désolée de lui avoir évoqué un mauvais souvenir, mais Liz ne lui en voulait pas, après tout elle ne pouvait pas connaître par cœur la vie de la rousse. Tout le monde pense qu’être la fille d’un roi était une chose facile, qu’on était heureux de l’être, mais c’était faut, le fardeau qu’il y avait sur leurs épaules était bien grand.

« Ne vous inquiétez pas, c’est le passé. » Répondit la jeune femme pour rassurer la française.

Par la suite, la jeune femme lui posa une question bien étrange et surtout qui rendait mal à l’aise Elizabeth. En effet, d’après les rumeurs qui circulaient, la mère de Mary Abbot avait été empoisonnée, ce qui expliquait pourquoi la française avait été envoyé en Angleterre. La rousse avait entendu parler de ce fait au détour d’un couloir, interceptant une conversation entre deux gardes, qui parlaient de l’arrivée imminente de Mary.

« Je suis désolé Mary, mais c’était une rumeur qui circulait, des gardes parlaient de cela entre eux. Sans doute c’est faux, votre frère ne vous aurez pas menti sur ce point. Cependant, Mary méfiait vous, la position de votre mère n’était pas la plus simple, on ne peut donc que faire des hypothèses et douter. » Déclara Elizabeth, tentant de rassurer la jeune française.

Etre heureuse, tout cela lui semblait loin, trop loin pour être accessible, son bonheur, ce n’était pas avec un homme qu’elle le voulait, mais seule et libre. Le mariage était une chose futile que la Bible imposée, mais Elizabeth n’en avait pas besoin, les hommes étaient trop fourbes et elle ne voulait certainement être soumise à l’un d’entre eux. Peut-être qu’un jour, elle connaitrait réellement le bonheur qui sait, elle pourrait tomber amoureuse d’un homme, mais Elizabeth n’y croyait pas, l’amour, ce n’était pas pour elle, surtout qu’elle n’imaginait pas un homme l’aimer pour ce qu’elle était et non pas pour son rang de fille d’Henry VIII.

« Ne vous inquiétez pas Mary, ils ne m’auront pas, je ne suis pas la fille de mon père pour rien, même si pendant longtemps il l’a nié. » Souriait-elle à la jolie française.

Tout comme elle, Mary était une bâtarde, elle avait dû ressentir la même chose qu’elle en voyant que sa famille ne serait jamais comme les autres. Toutes les deux avaient eu un père pour roi, un homme autoritaire et ambitieux qui ne devait se préoccuper que de ses héritiers. François Ier et Henry VIII avaient été des hommes de guerre et de plaisirs, des hommes qui se sont combattus, mais qui ont aussi été des alliés. Ce qui était étonnant pour Mary Abbot, c’était qu’on lui avait choisi comme terre d’exil l’Angleterre, une terre en crise, une terre de tous les dangers. Elizabeth ne pouvait que mettre en garde la jeune femme sur ce point. Les deux bâtardes étaient prisonnières de la cour, sous la bonne garde de la reine, mais Elizabeth le savait une fois les festivités du couronnement passées, elle pourrait retourner sur ses terres et être libre de ses mouvements, même si elle serait toujours sous la bonne garde des serviteurs de la reine. En ce qui concernait Mary Abbot, elle ne pourrait quitter le palais, jamais. Voilà pourquoi elle prévoyait de s’enfuir, action risquait mais possible. Terrible serait la chute, si elle se faisait attraper. Elizabeth de son côté n’avait jamais prévu la fuite, elle était chez elle dans ce pays et croyait en lui.

« Mary, si vous décidez de vous enfuir, prenez garde, peu de personnes vous aideront et si vous êtes reprise, la punition sera terrible. L’attente est longue, mais les prochains jours seront meilleurs croyez-moi. » Disait la jeune femme tentant de dissuader la française de faire cette folie.

Découvrir ses origines tardivement, ce n’était pas toujours le mieux, Elizabeth a toujours vécu dans le souvenir d’avoir été une princesse aimée de son père, puis plus tard haïe, même si on lui avait dit qu’elle était une bâtarde, elle savait qu’elle était la fille du roi et de sa seconde épouse légitime, sa mère Anne Boleyn. Même si elle avait fait le choix de ne plus jamais parler d’elle, elle se souvenait des paroles de cette dernière qui lui disait qu’un jour elle serait reine, que c’était son destin. Elizabeth croyait en cette destinée et petit à petit, elle la voyait se rapprocher.

« Aimer un homme c’est compliqué, mais plus dur c’est d’aimer un roi. Votre mère a eu beaucoup de courage, elle devait être une femme admirable. » Evoqua la jeune femme tout en passant son bras derrière celui de Mary pour lui afficher son soutien.

Devait-elle faire confiance en cette jeune femme qu’elle connaissait à peine ? Mary et elle étaient si semblables à cause de leur destinée, deux bâtardes, toutes les deux en dangers là où elles pouvaient poser le pied. L’Angleterre et la France étaient deux pays bien différents, souvent en guerre et en proie à de nombreux conflits diplomatiques. Le règne de Mary Tudor avait intensifié tout cela, puisque c’était une souveraine dont la mère était espagnole. Les alliances diplomatiques étaient déjà faites, Angleterre/Espagne et France/Ecosse, pourquoi donc cette jeune Mary Abbot avait-elle été envoyé au pays de la rose, si ce n’est pour se faire tuer et déclencher une guerre ? Elizabeth aurait préféré voir la française entre les mains des écossais, au moins elle aurait été en pays ami. Henri II de France n’avait peut-être pas eu que des bonnes intentions à propos de sa demi-sœur. Les frères et sœurs rois ou reines, ce n’était pas spécialement une bonne chose pour toutes les deux, chacune pour différentes raisons pourraient perdre la vie pour un simple prétexte.

« Oui nos différentes nationalités, ne changent en rien, je me sens bien plus proche de vous que de certains membres de ma famille. » Ajouta la jeune femme, avec un léger sourire aux lèvres.

La française voulait fuir, loin de la cour où elle était prisonnière et loin de ce pays, mais cela était-il possible ? Pour Elizabeth, la jeune femme n’avait aucune chance, les gardes ne seraient jamais loin, beaucoup connaissait son visage et son accent français la trahirait. Si Mary Abbot s’éloignait de la vigilance royale, elle serait vite rattrapée et peut-être même conduit en prison. Ce que la rousse trouvait de plus incroyable, c’était que certaines personnes voyaient en Mary une sorcière. Elizabeth pouvait bien voir que c’était faux, mais c’était plus facile de faire condamner une femme en disant qu’elle était une sorcière, cela était une accusation beaucoup plus grave qu’un meurtre devant une cour. Beaucoup de femmes en avait fait les frais, comme sa propre mère.

« Vous pourriez peut-être vous enfuir en Ecosse, même si la régente est en ce moment en Angleterre, ce pays n’est pas spécialement notre ami. Vous avez plus de chance de vous en sortir là-bas qu’ici, surtout si on vous accuse injustement de sorcellerie. »

La mère de Mary Abbot avait dû avoir un destin triste, favorite de roi déchue, elle avait vécu le bonheur avant de connaître le malheur. Elizabeth savait bien que le destin d’une favorite pouvait vite être précipité, un roi avait toujours des désirs inconstants, allant de femme en femme et ce n’était pas François Ier qui allait déroger à la règle. Henri II de France n’était pas mieux, puisqu’il s’affichait avec Diane de Poitier, alors qu’il avait une épouse. Elizabeth plaignait beaucoup Catherine de Médicis, qui devait subir les maîtresses de son roi de mari, cela avait-il était le cas pour l’épouse de François Ier, quand celui-ci avait pris comme maîtresse la mère de Mary ? Elizabeth n’osa pas poser la question, pour ne pas attrister plus la jeune femme.

« Le destin de votre mère est aussi triste que le vôtre. J’espère que vous vous en sortirez Mary, vous le méritez, mais croyez-moi l’Angleterre ne vous apportera rien de bon. » Déclara la jeune femme sur un ton grave.

Les deux jeunes femmes continuèrent à marcher dans les jardins, allant toujours de bosquet en bosquet, tous aussi fleuris les uns que les autres.

Promenade entre deux bâtardes

Mary & Elizabeth

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A son arrivée à la Cours d'Angleterre, Mary était encore une petite jouvencelle qui ne connaissait pas grand chose à la politique et à la vie de la noblesse - encore plus quand Dieu nous avait fait naitre au sein de la famille royale - malgré le fait que son séjour au couvent l'avait bien aidée à connaitre un peu plus les ficelles de ce monde. Elle était un brin naïve mais tout s'est vite précipitée. Ce fait est, évidemment, principalement du à la mort de sa mère mais il n'y avait pas que ça. Elle avait aussi appris que la France et l'Angleterre étaient des amis héréditaires… Surtout quand on apprend qu'une pucelle appelée Jeanne d'Arc a aidé son pays, la France, a combattre ceux qui logeaient sur leurs terres alors qu'elle n'avait ni le bon sexe, ni les bonnes origines, ni le bon âge. Depuis, l'Angleterre considérait avoir la souveraineté de la France. Tout les souverains anglais le pensaient et Mary Tudor, fille de Catherine d'Aragon et d'Henry VIII Tudor, devait aussi le penser. Quand elle apprit qu'elle risquait encore plus de se mettre en danger ici que dans son propre pays où les membres de la propre cours de son frère allaient jusqu'à l'accuser de sorcellerie, elle s'était demandé ce qui était passé dans la tête de son demi frère. Jusqu'à ce qu'elle finisse par se dire qu'il voulait se débarrasser d'une soeur bien encombrante. Elle ne voulait pas y croire jusqu'à ce qu'elle apprenne, par lettre, que sa mère était morte. Croyant d'abord qu'elle était morte de maladie, certains de ses partisans lui soufflèrent l'idée que la mort de sa mère était beaucoup moins naturelle que ça. Qu'elle avait été empoisonné!

Après tout, c'était bien possible: Mary redevenue une noble et une ressortissante de la famille royale, il était plus convenable que sa mère ne soit plus considérée comme une simple paysanne mais de nouveau comme la "Dame de Montpensier"! Mais il se pouvait que certains conseillers du Roi voire le Roi lui même ne voulait pas accorder à Eléonore Abbot ce qui lui revenait de droit et aie demandé son exécution en sous main!


La perspective de s'être trouvée une maie en la personne d'Elizabeth Tudor lui permettait d'avoir du baume au coeur. Elles se ressemblaient grandement! Les deux jeunes femmes étaient proches sur bien des perspectives.

« Vous pourriez peut-être vous enfuir en Ecosse, même si la régente est en ce moment en Angleterre, ce pays n’est pas spécialement notre ami. Vous avez plus de chance de vous en sortir là-bas qu’ici, surtout si on vous accuse injustement de sorcellerie. »


Oui! C'est une bonne idée! D'ailleurs vous êtes déjà dit que quand Marie de Guise était de visite en France c'est moi qu'on a mit à son service? D'ailleurs, à leurs retrouvailles, la Reine douairière avait été surprise - et pas qu'un peu - de voir Mary en Duchesse! C'était compréhensible et comme Mary avait commencé à avoir l'habitude de ça, elle n'avait pas tenu rigueur à la souveraine.


La vie de favorite comme celui d'épouse du Roi était un parcours semé d'embuches! Quand on est Reine, on doit supporter de voir notre époux - qu'on a peut être fini par aimer - se pavaner avec sa favorite et quand on est maîtresse de Roi on doit craindre de voir sa position s'écrouler du jour au lendemain parce que son bien aimé à fini par en aimer une autre probablement plus belle, plus intelligente et plus jeune - et, certainement, plus manipulatrice et calculatrice -.

Comme toute bonne fille, Mary avait toujours pris le parti de sa mère mais Éléonore de Habsbourg a du supporter, dès l'année de son mariage avec le Roi de France, la présence d'Eléonore Abbot jusqu'à ce qu'une autre maîtresse du Roi, Anne de Pisseleu, jalouse le bonheur de cette ancienne paysanne devenue noble que par la volonté du Roi détruise le bonheur de cette femme et la contraigne à elle et à sa fille à une vie de misère! Puis, la Reine de France du supporter, même après la disparition de la Cours de la Dame de Montpensier, la présence de Anne de Pisseleu au bras de son époux!
Résultat? Être aimée d'un roi… Quelle tragédie!

« Le destin de votre mère est aussi triste que le vôtre. J’espère que vous vous en sortirez Mary, vous le méritez, mais croyez-moi l’Angleterre ne vous apportera rien de bon. » Mary acquiesça et continua sa promenade au côté de son amie. Elles continuèrent à déambuler quand un serviteur leur coupa la route en leur disant que c'était l'heure du cours de violon de la Duchesse. Mary remercia le serviteur et se tourna vers Elizabeth pour s'excuser de prendre congé aussi subitement et la remercier de cette promenade avant de suivre le page.

© Grey WIND.

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