Sophie Juliet Chamberlain

« but he who dares not grasp the thorn should never crave the rose. » Anne Brontë TON PERSONNAGE PRÉNOM & NOM ♦ Chamberlain, typiquement anglais. Sophie, comme sa grand-mère paternelle. Juliet, comme sa mère. AGE ♦ Dix-neuf années. DATE DE NAISSANCE ♦ Au matin de Noël, en l'an de grâce 1535. ORIGINE ♦ Anglaise, bien entendu ! Quelle question ! SITUATION FAMILIALE ♦ Orpheline de mère depuis sa naissance, elle vit avec son père et n'est pas mariée, ce qui le la perturbe en aucun cas. MÉTIER ♦ Libraire et imprimeuse clandestine, à l'instar de son géniteur, gérant de la boutique. GROUPE ♦ Le peuple Anglais. CRÉDITS ♦ Tumblr & Vanaheim. LE JOUEUR PSEUDO ♦ Minaä. AGE ♦ 20 ans. OU AS-TU CONNU LE FORUM? ♦ Par l'une de vos membres (Richard/Katherine) qui m'en parle depuis plusieurs mois xD. TON AVATAR ♦ Rachel Hurd-Wood. VOTRE PERSONNAGE EST-IL HISTORIQUE OU FICTIF? ♦ Fictif. VOULEZ-VOUS ÊTRE PARRAINÉ? ♦ S'il vous plait, oui ! *.*

▬ QUELLE EST VOTRE RELIGION ET QUE PENSEZ-VOUS DES CHANGEMENTS RELIGIEUX DU PAYS? ♦ Parce-que notre Souveraine le réclame, je dit à qui veut l'entendre que Rome nous montre le juste chemin vers le Ciel, et qu'il n'est de Catholique plus fervente que moi dans le tout-Londres. Ce qui, naturellement, est faux. Comme il y a différentes personnalités, il y a différentes façons de croire, et la mienne n'est pas celle que veulent nos dirigeants. Qu'on se le dise, et que cela reste entre nous surtout : je suis Protestante. J'ai grandi dans les valeurs rigoureuses et humanistes prônées par Luther, à l'heure ou le Catholicisme si cher à Mary Ière s’enfonce dans la débauche et la corruption. Je crois en Dieu, en la Réforme et en la justesse du Protestantisme. Et bien que je prétende le contraire, je puis vous assurer que rien, jamais, personne, ne me déviera de cette voie, fut-il Roi, Prince ou Seigneur.

▬ QUE PENSEZ-VOUS DE LA REINE D'ANGLETERRE? ♦ Une simple divergence d'opinions concernant la façon de prier et d'interpréter la Sainte Parole ne devraient point être source de haine, n'est-ce pas ? Et pourtant, c'est bel et bien le cas. La Reine ne me connaît pas, mais la réciproque est fausse, je sais quelle genre de femme elle est. Une Souveraine, c'est certain, et une croyante comme on en rencontre peu... Mais elle opprime son propre peuple, les gens de ma Religion, et à cause de son fanatisme notre culte nous est interdit. Dire que je n'aime pas Mary Ière est un euphémisme : chaque jour, je prie un peu plus longtemps pour que sa fin soit proche. Dans ses yeux brûlent les bûchers de l'Inquisition, et ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils n'enflamment l'Angleterre toute entière. A moins que le Seigneur montre une fois de plus Sa grandeur, et qu'il ne nous débarrasse au plus tôt de cette nouvelle Athalie.

▬ QUE PENSEZ-VOUS DE LA PRESENCE DES ESPAGNOLS EN ANGLETERRE ET DU MARIAGE DE LA REINE ? ♦ Je tolère les Habsbourg autant que je tolère la Reine, c'est à dire absolument pas. Diable, Vienne et Madrid ne leur suffisaient donc point ? Fallait-il qu'en plus ils viennent asservir mon pays ? Ces champions du Catholicisme me semblent plus champions du Démon, à cette heure. Quand je pense que la Souveraine leur a ouvert grand les portes de l'Angleterre ! Et les voilà qui se comportent comme si ils étaient chez eux, comme si ce pays leur revenait de droit. Philippe d'Espagne n'a pas sa place ici, qu'il reparte d'où il vient et laisse l'Angleterre en paix. Et qu'il emmène avec lui sa nouvelle épouse, nous en serions débarrassés. La présence espagnole sur les terres d'Albion est intolérable à mon sens, et j'attends de pied ferme l'heure où ils réaliseront que nous sommes des Anglais, et que l'on ne nous soumet pas aussi aisément.

▬ AGISSEZ-VOUS DANS L'OMBRE POUR VOTRE CAUSE OU VOTRE FOI, SI OUI QUE SERIEZ-VOUS PRÊT A FAIRE ? ♦ Bien évidemment, j'agis dans l'ombre, et pour cause : l'ombre est tout ce que l'on a laissé aux Protestants pour qu'ils s'expriment et se battent en êtres humains. Les mots sont une arme puissante, une arme qui est devenue mienne depuis que mon père a fait installer cette imprimerie à la cave, dans le plus grand secret. Combien de pamphlets mettant à mal le couple royal, le Catholicisme ou la politique de la Reine sortent de cette pièce ? Je ne sais, mais à chaque fois que j'en vois passer un, c'est pour moi comme un premier pas vers la réussite. J'attends de pied ferme le jour où la Reine en place laissera le pouvoir à la seule personne apte à gouverner notre pays, la Princesse Elizabeth. D'ici là, je ferais entendre ma voix, même si c'est depuis l'ombre. Je serais la mauvaise conscience de beaucoup, ne les laisserais jamais en paix. Jusqu'à la mort, ou jusqu'à la victoire.

words, words, words !

L'histoire de cette jeune femme aux cheveux roux et aux yeux clairs, que vous verrez sûrement déambuler, livres sous un bras et panier d'osier dans l'autre main, dans les rues de Londres, n'a rien de bien original, ni de bien commun non plus. N'est-ce pas le propre de bien des histoires ? Celle que l'on nomme aujourd'hui Sophie Chamberlain, Juliet de son second prénom, a vu le jour précisément dans la ville de Londres, entre les quatre murs de la maison où elle demeure toujours. Son père vous dira qu'il se souviendra de ce jour toute sa vie, ce matin glacé de décembre qui fut à la fois l'un des plus beaux et l'un des pires. C'était le matin de Noël...

Juliet Chamberlain avait été saisie de contractions la veille dans la matinée, et ce furent vingt-quatre heures de dur labeur qui s'étaient enchaînées, jusqu'à ce qu'enfin naisse le poupon aux yeux de ciel. Mais la fin des douleurs abdominales signa pour la jeune mère le début d'une fièvre dévastatrice qui l'empêcha l'allaiter sa nouvelle-née. Deux heures durant, elle demeura clouée au lit, et s'éteignit la troisième. Les cloches de Westminster venaient de sonner les douze coups de midi. Point de mère, donc, pour la petite Sophie Chamberlain, qui se contenta sur ce point des paroles de son père, de la croix en argent que celui-ci avait glissé autour de son cou, lui arguant que sa mère l'avait portée jusqu'au jour de sa mort, et du second prénom qu'on lui avait attribué lors de son baptême, dernier hommage à la disparue. L'enfant vécut dès lors avec son père, reporta sur lui amour et tendresse, et réciproquement. Rarement l'on avait vu un père et sa fille aussi liés. Point de belle-mère non plus, puisque Stephen Chamberlain ne se remaria jamais, laissant sa petite Sophie fille unique, vivant dans le souvenir d'une épouse tendrement aimée, trop tôt disparue. L'enfance, puis l'adolescence de Sophie furent heureuses. Certes, elle passait beaucoup de temps à penser à sa mère, à imaginer à quoi elle avait pu ressembler, les sonorités de sa voix, les traits de son visage, les vêtements qu'elle avait pu porter. Chaque soir, lors de ses prières, elle glissait une parole pour sa mère. Mais son père s'occupait d'elle le mieux possible, et le manque n'était pas flagrant. Stephen était un homme lettré et attentif, et si les Chamberlain n'étaient pas riches, leur librairie était des plus réputées dans Londres, ce qui leur assurait un confortable train de vie. C'est au milieu des livres que grandit Sophie, qui reçut par ce biais une excellente éducation, infiniment meilleure que celle de bien des gens du peuple... Voire même de la noblesse, et de la très haute noblesse : lorsque la fillette apprit que la troisième épouse du Roi Henry, Jane Seymour, avait tout juste su comment écrire son nom, son air abasourdi provoqua chez son père un très, très long fou rire. La politique, elle suivait ça de très loin. Les Reines se succédaient sans qu'elle ne se souvienne vraiment de leur ordre, ni de leur nom : elle retint la mère du Prince Edward précisément pour cette histoire de lecture, elle se souvint d'Anne Boleyn car le jour de sa mort, son père l'avait invitée à prier avec lui. Elle savait que la première épousée était Espagnole et qu'une autre était Germanique. Une autre encore avait été exécutée très jeune. Celle qui l'avait marquée le plus était incontestablement la dernière, Katherine Parr, parce-qu'elle était plus âgée, donc plus apte à comprendre, et parce-que cette même souveraine, connue pour sa bonté, assurait aux Protestants une certaine sécurité. En grandissant, la jeune fille s'intéressa davantage aux grands du Royaume, et finit par pouvoir discerner qui était qui, qui semblait vouloir quoi. Son père la poussait à s'y intéresser, pour qu'elle comprenne quel tait le monde dans lequel elle vivait, et parce-que de par leur religion, les Chamberlain ne pouvaient être totalement à l'abri.

Car les Chamberlain étaient Protestants, et ce jusqu'à la moelle de l'os, depuis qu'en Allemagne, Martin Luther avait publié les fameuses 95 Thèses . La mère de Sophie avait été animée d'une volonté féroce de Réforme ecclésiastique, et plus féroce encore était la volonté du père de la jeune fille. Stephen Chamberlain croyait dur comme fer au Protestantisme, à ses préceptes et à sa rigueur, qu'il voyait comme l'ultime rempart face à une Eglise Catholique décadente et corrompue. C'est dans cette idée que fut élevée Sophie, qui adhéra sans trop de mal aux paroles de son géniteur. Comme lui, elle apprécia Katherine Parr, comme lui, elle approuva les actes d'Edward VI en faveur de la Religion Réformée. Comme lui, elle pleura, bien avant cela, la mort de Thomas Cromwell. Du monde, elle n'avait pas vu grand chose : elle était née et avait grandi dans cette maison familiale du centre-ville de Londres, juste au dessus de la librairie. Jamais elle n'avait quitté la capitale, et n'en fréquentait pas tous les quartiers, mais elle aimait déambuler dans les rues connues au petit matin, lorsque la foule n'est pas encore écrasante. En grandissant, elle devint, d'après certains, une ravissante jeune femme à l'épaisse chevelure rousse qu'elle avait grand-peine à discipliner, au teint laiteux et aux yeux clairs. On disait qu'une jolie demoiselle comme elle, cultivée et dotée de sa petite fortune, trouverait sans peine un parti appréciable. Mais elle déclina systématiquement tout potentiel courtisan, et demeura chez son père. A l'âge ou des jeunes filles étaient mariées dans leur seizième année, du haut de ses dix-neuf ans, elle affichait son célibat avec le sourire et le coeur léger, car c'était devenu de notoriété commune que la petite Sophie Chamberlain n'avait aucunement l'intention de convoler en justes noces avant longtemps. Très attachée à son père, pour rien au monde elle ne l'aurait quitté, d'autant que les événements qui agitaient le Royaume étaient fort peu rassurants pour la petite famille, ainsi que pour l'ensemble des Protestants du pays. Une jeune fille douce et discrète que celle-ci, on l'entendait peu, on la voyait peu aussi, à force de fréquenter les mêmes rues avec son léger sourire et ses yeux rieurs, elle faisait presque partie du paysage. Au sein de la librairie, elle était la meilleure associée que son père pouvait avoir, et tous deux géraient conjointement leur petite entreprise. Sophie était calme, attentive, travailleuse et sincère, grande lectrice forcément, protectrice et sensible, rêveuse, craintive, inoffensive, timide. Pour beaucoup, elle était une rose sans épines. Mais comme le disait souvent Stephen Chamberlain, une rose sans épines n'en est pas une... Sans doute était-il la seule personne a connaître réellement Sophie. Quoi de plus normal, après tout, puisqu'il était son père ? Imprévisible, manipulatrice, intelligente et ambitieuse, mélancolique à ses heures, déterminée et impatiente, impulsive aussi. Capable du meilleur et du pire. Étrange personnalité que celle de Sophie, qui n'éclatait jamais au grand jour dans son intégralité, mais qui risquait fort d'être une arme redoutable pour le combat que les Chamberlain, comme bien d'autres familles Protestantes, s'apprêtaient à mener.