Au commencement...
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Les doigts de Jacques effleurèrent une nuque pâle et fine ornée d'un splendide collier de diamants, un sourire répondit à sa caresse tandis que la belle Margaret Eskrine posait une main sur la joue de son royal amant.
"Ce cadeau est bien trop somptueux pour moi mon ami." répondit-elle avec une pointe de modestie. Et pourtant la belle Margaret savait tout le pouvoir qu'elle pouvait avoir sur cet homme, roi d'Ecosse, et amoureux des belles choses. Notamment des femmes. Se penchant sur sa nuque, il respira son parfum fleurie, lui arrachant un rire au passage.
"Allons mon roi" Jacques V, séducteur invétéré, n'avait pas résisté bien longtemps au charme de l'épouse de sir Robert Douglas, et avait entrepris de mener auprès d'elle une cour des plus assidue. Une longue séduction qui avait porté ses fruits puisque désormais Margaret était sa maîtresse favorite. Il se pencha à son oreille souffla
"Mais rien n'est trop beau pour vous ma mie." avant d'embrasser sa nuque avec la plus grande des douceurs. Et pourtant une main posée sur son torse le retint, un nouveau sourire orna le visage de la belle tandis que ses yeux pétillèrent de malice
"Ecoutez moi donc." Un froncement de sourcil accueillit ses paroles, tandis que le roi d'Ecosse recula légèrement pour l'observer, inquiet, mais aussi curieux de ce que Margaret tenait tant à lui dire.
"Je porte votre enfant". Tout était dit en ces quelques mots, annonciateur d'une nouvelle grossesse et donc d'un nouveau bâtard royal. Mais c'est une expression de joie qui naquit sur les lèvres du souverain qui embrassa la main de sa maîtresse sans pour autant la lâcher du regard.
"Vous me voyez heureux de cette nouvelle." En effet, on ne pouvait pas reprocher à Jacques V de ne pas aimer ses enfants, bien au contraire, mais les seuls fils que son épouse Marie de Guise lui avait donné n'avaient pas vécu très longtemps, affligeant le roi qui se réfugiait de plus en plus souvent auprès de ses maîtresses.
Après plusieurs mois de grossesse, Margaret donna naissance à un enfant. Un fils qu'elle prénomma James. James Stuart.
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"Restez donc tranquille !" Une main s’abattait déjà sur son épaule tandis qu’on le forçait à se rasseoir sur la chaise qui était, à ses yeux, une véritable arme de torture. Il posa son menton au creux de sa main, observant d'un air distrait le livre étalé devant lui. Stephen Gardiner tournait autour de lui comme un vautour autour d'une proie.
"J'espère que vous avez appris vos déclinaisons monseigneur." Une moue orna le visage de l'enfant
"Je les connais déjà depuis longtemps !" James attendait de passer à quelque chose de plus palpitant, puisqu'il savait que Stephen commençait toujours par le latin avant de passer aux restes de son éducation : Histoire, Géographie, Théologie, Littérature. Tant de choses qui passionnaient particulièrement l'enfant curieux qu'était James.
"Je vois. Et bien, que voulez vous que nous fassions aujourd'hui ?" Son précepteur s'asseyait face à son élève, la fierté se lisait dans son regard tandis que l'enfant lui lança un sourire franc
"Pourrions nous parler de l'histoire de l'Ecosse ? Quels sont les enjeux actuels de la couronne ?" Il parlait toujours de l'Ecosse avec une grande passion, portant un intérêt particulier au royaume de son père. Père qui avait disparu, il y a peu, accablant le jeune garçon d'un chagrin immense. Il admirait son père, et il l'aimait. Ce-dernier lui avait d'ailleurs toujours porté une grande affection, le voyant souvent et lui demandant où s'en trouvait ses leçons. Mais désormais il se trouvait seul dans une cour qui lui était hostile, lui, un bâtard d'un roi, élevé comme un prince au sein même de la cour Écossaise auprès de la reine régente, Marie de Guise, qui lui vouait une grande inimitié.
"Et bien, monseigneur, c'est pourtant simple. Votre père est mort, et son épouse, la reine ne lui a donné aucun fils qui lui a survécu... Il reste simplement Mary, votre demi-soeur, bien trop jeune pour régner." Un froncement de sourcil accueillit ses paroles. A 10 ans, il était déjà d'une remarquable intelligence qui ravissait Stephen, ainsi que d'une curiosité à tout épreuve.
"Pourquoi ne pourrais-je pas devenir roi ? Parce-que je suis un bâtard n'est-ce pas ? Mais qu'est-ce que cela change ? J'aurais les capacités !" Gardiner posa une main sur son épaule en soupirant
"Vous savez très bien pourquoi vous ne pourrez jamais devenir roi James. Ce n'est pas une question de capacité mais de naissance." "Je suis pourtant fils de roi !" Stephen se releva en silence tout en pinçant les lèvres. Ce garçon était impossible parfois
"Nous ne devrions même pas avoir cette conversation James... Je sais que vous pourriez faire un bon roi, mais votre sang en a décidé autrement. C'est ainsi, et nous ne pouvons rien y changer." La détermination pouvait se lire dans le regard du garçon, une flamme bien loin d'être éteinte par les paroles de son mentor. Une flamme qui ne ferait qu'être attisé avec les années.
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Il n'avait que dix-sept ans. Jeune et fougueux jeune homme, il avait été chargé d'accueillir les différents clans au sein du palais royal. Les lairds de succédaient, accompagnés de plusieurs hommes chargés d'assurer leur sécurité. Si la matinée se passa sans aucun problème, l'arrivée des MacDaniels posa plus de soucis. Visiblement beaucoup n'appréciaient pas que ce soit un bâtard qui soit chargé de cette besogne et rapidement, l'un des membres du clan lâcha une parole que le fils de Jacques V n'apprécia pas.
" Sale bâtard ! " Le sang de James ne fit qu’un tour tandis que son poing s’abattait déjà sur l'homme qui l'avait insulté, dans un geste puissant. Un craquement sinistre se fit entendre suivit d’un grognement retentissant tandis que le rouquin serrait les dents, attendant que son adversaire vienne rendre les coups. Il ne se ferait pas ainsi traiter par quelqu’un d’un rang inférieur à lui. Il avait du sang royal qui coulait dans ses veines nom d’un chien ! Ces gens lui devaient le respect ! Le membre du clan l'avait délibérément insulté, et il était hors de question qu'il baisse la tête comme aurait pu le faire d'autres bâtard. Il avait été élevé comme un prince, pas comme un vulgaire paysan. Et même si son attitude pouvait laisser à désirer en cet instant, il n'était pas encore assez mature pour s'en rendre compte de part lui même. L'autre type fit un pas vers lui, et alors qu'il faisait un pas en arrière, une main s'abattit sur son épaule d'un geste alors qu'on le tirait en arrière. .
" Allons messieurs. Du calme ! Reprenez vos esprits ! " Autant demander à une mûle de devenir un cheval. Mais les hommes armés qui commençaient à se resserrer autour de James dissuadèrent le clan d'aller plus loin. Un pincement de lèvre accueillit les paroles du capitaine des gardes tandis qu'ils se retirèrent peu à peu. Bientôt le grand rouquin se retrouva seul avec celui qui lui avait, plus ou moins, évité de finir avec un visage tuméfié et probablement des côtés fêlés en supplément.
" Vous êtes un garçon intelligent James, mais vous êtes trop prompt aux réactions violentes. " Le jeune adolescent tourna le regard vers lui, surpris de l'entendre lui donner des conseils
« Merci de votre intervention capitaine. Mais je doute que ce soit nécessaire de... » " Ecoutez moi donc, pour une fois. Vous avez toutes les capacités pour réaliser vos ambitions, mais vous devez contenir votre caractère ! Cela ne pourra que vous porter préjudice dans l'avenir. " James serra légèrement les mâchoires avant d'incliner la tête. Il prenait conscience que des gens pouvaient croire en lui, même quelqu'un d'aussi droit que le capitaine de la garde Ecossaise. Il soupira avant de s'asseoir
" J'entends bien capitaine. Et je ferais mon possible pour corriger ce défaut. " C'était une promesse qu'il se faisait à lui-même. Une possibilité d'avancer une nouvelle fois vers le destin qui lui avait été arraché de part son statut de bâtard. Mais son éducation lui avait donné les clés du pouvoir, restait à obtenir du soutien, et il avait compris qu'aujourd'hui tout était possible.
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L’austère cour d’Ecosse, menée par l’austère Marie de Guise. James y avait toujours eu sa place malgré l’hostilité de la reine douairière à son encontre, mais l’Ecossais faisait fi de tout cela, s’exposant aux yeux de tous comme un Réformé sans même s’en cacher. Certain le traitait de fou, d’autres admiraient son courage. Mais il est vrai qu’il se plaisait à s’opposer ouvertement à la reine mère tout en restant respectueux dans sa manière d’agir à la cour. L’esprit fin, vif, et particulièrement rigoureux, James se montre un potentiel danger pour la couronne de sa demi-soeur, les ambitions qu'il avait eu enfant, puis adolescent, ne s'étant pas éteinte avec l'âge. Il ferait un bien meilleur roi que cette enfant trop faible, dirigée par une Lorraine dont le coeur était donné tout entier à l'Eglise catholique. Mais pour le moment James travaille dans l'ombre, prenant grand soin de cacher ses actes à la reine douairière. Ce serait idiot de finir sur le billot alors qu'il se rapproche si près de son but, se cherchant des soutiens à la fois au sein de la cour d'Ecosse, charmant les dames par son charme et et les hommes par sa force de caractère. Il va également chercher en Angleterre l'appui des protestants persécutés, qui pourrait, s'ils le souhaitaient, changer la donne au moment crucial. Entre manœuvre politique, hypocrisie, et diplomatie, le travail de James n'est pas encore terminé... Et il lui reste un long chemin à faire avant qu'on ne lui pose la couronne sur la tête.