It's a pleasure to met you Milady

Agnès avait toujours apprécié les bals. Les commérages, intrigues et scandales en tous genre s'apprenaient dans ce genre d'évènement. C'est pour ça qu'Agnès faisait tout pour passer inaperçue. Pour ce faire, elle avait simplement mis une robe d'un rouge foncé. Pour ne pas avoir froid, elle prit un léger châle jaune, or qu'elle mit sur ses frêles épaules. Pour la coiffure, elle les avait remontés pour paraître plus distingués. Ce qu'il y a de plus dans les bals, c'est que l'on peut parler de tout et de rien en même temps. Bien sûr, la chose qu'Agnès aimait le plus était danser. Le temps d'une soirée, Agnès pouvait oublier tous ses soucis et écouter les commérages d'un air amusé. C'était ce qu'elle préférait et puis voir les couples dansant amoureusement était un spectacle magnifique, rêveur. C'était comme si elle était dans un conte de fées et ça la faisait espérer que le temps d'une soirée, elle était dedans. Reprenant ses esprits, elle secoua lentement la tête et se reprit à l'ordre. Il ne fallait pas avoir de grands moments d'absence comme ça. Rapidement, elle sortit du château et alla à son carrosse avec sa famille.

Sur le chemin, ils devaient forcément passer devant de nombreux villages. Parfois, par la fenêtre qui était de son côté du carrosse, elle voyait des gens partir tel des loups dans la nuit. Lorsqu'elle les croisait, elle se demandait souvent si ce n'était pas des protestants qui allaient à leur messe et elle trouvait ça terriblement injuste. Bien sûr, elle est pour Marie Stuart, mais le triste sort des protestants la blesse et elle trouve illogique. Il ne devrait pas avoir de conflits de ce genre sur Terre. On devrait tous s'aimer sans condition. Pendant le chemin, sa mère n'arrêtait pas de parler à ses frères qui tous plus âgés semblait passionner par la conversation. Son père faisait comme elle, il regardait le triste sort ou alors rêvassait en attendant qu'on arrive impatiemment. Ils avaient sûrement des raisons différentes ; lui était impatient pour le vin, elle pour la musique et la dance. À cette pensée, elle sourit doucement. À la vue du château de Linlithgow, la jeune femme sourit grandement, impatiente.

Le valet de pied s'empressa de les aider à descendre et Agnès observa la décoration d'un air semis émerveillé. Bien sûr, elle avait vu mieux, mais c'était beau. Surtout de nuit. Elle entra rapidement dans l'enceinte du château et des serviteurs menèrent la petite famille vers la grande salle de bal. Lorsqu'elle entra à l'intérieur de celle-ci, Agnès poussa un petit hoquet de surprise. C'était beau, terriblement beau. Elle s'avança doucement et prit une coupe de vin. Elle ne comptait pas se saouler aujourd'hui. Elle se mêla rapidement à quelques invités et discuta avec eux de mondanités puis un garçon entra précipitamment, il était en retard et quelque chose disait à Agnès qu'il l'avait fait exprès pour se faire remarquer. Haussant les épaules, elle l'ignora jusqu'à ce que celui-ci vînt à sa rencontre.

Les filles avec qui elle étaient partirent précipitamment en rougissant tout en lançant des regards en coin à Agnès. L'homme devant elle lui dit quelques compliments avant de lui prendre doucement sa main comme le voulait la coutume et s'inclinant comme le voulait la coutume. Elle rougit légèrement en voyant tous ses regards sur elle. Ce n'est que lorsqu'il lui révéla son identité qu'elle comprit.

James, le bâtard du roi, le coureur de jupons. Bien sûr qu'elle le connaissait, du moins de réputation. Elle prit une profonde inspiration et regarda pendant quelques instants James Stuart dans les yeux avant de prendre la parole pour la première fois devant lui.

« Je suis Lady Keith, Agnès Keith. Je suis la fille du Comte-maréchal d'Écosse, William Keith.»

La jeune fille recula de quelques pas décidant qu'il était un peu trop près avant de reprende :

« Merci pour vos beaux compliments mais je ne suis pas l'une de ses filles faciles que vous fréquentez.» Elle poursuivit en regardant un peu autour d'elle comme pour chercher l'une de ses filles puis elle rajouta « Je suis sûr qu'il y en a dans cette pièce qui serait prête à tuer pour ce sourire.»