Répondre au feu par la plume

La messe était dite. Lady De Morangier allait être emmenée à la Tour de Londres comme tous les malheureux condamnés par la reine Mary Tudor. Elena, elle n’avait plus rien à faire ici. Elle était un peu lasse de tout ce qui se passait à la Cour de la reine. Elle regrettait son retour en Angleterre et le doux soleil d’Andalousie. Elle aurait pu ne point revenir. Elle aurait pu rester sur ses terres en Espagne. Mais son devoir auprès de la reine l’avait ramenée ici. Et son compatriote sentit le mal-être de la jeune femme. Il était revenu sur ses pas pour la prendre doucement par le bras. Lord Edward Seymour en avait fait autant avec la jeune femme blonde. La pauvre s’était presque mise en danger et pourquoi ? Pour demander que l’on laisse Lady De Morangier. Une amie sans aucun doute, une amie qui risquait beaucoup pour cette femme sur qui de lourds chefs d’accusation pesaient.

Elena regarda la scène qui se déroulait sous ses yeux avec impuissance. Mais fort heureusement, le garde royal qui lui avait parlé plutôt vint aider la pauvre arrêtée. C’était vrai les autres ne faisaient preuve d’aucune délicatesse et cela n’était pas permis. Lady De Morangier était une noble de la Cour et une femme malgré tout. Alors l’Espagnole sourit en voyant ce garde s’en charger lui-même. Elle s’approcha de l’accusée et plongea finalement son regard dans le sien. « Madame, je vous en prie, ne résistez pas davantage. Mis à part celui-là… » fit-elle en désignant le garde qui la retenait, « Mis à part celui-là, les autres ne semblent pas être capable de délicatesse à votre égard. » Puis elle se tourna vers l’ensemble du petit groupe. « N’en n’avez point assez vu ? Croyez-vous que cela ne soit point déjà assez difficile pour Lady De Morangier. Vous sentez-vous donc si obligé que cela de regarder avec autant de curiosité cette scène ? Une arrestation en public n’est-elle déjà point assez humiliante pour que vous en rajoutiez ? Le spectacle est fini ! » siffla l’Espagnole avec bien trop de haine dans sa voix pour que les autres ne s’en rende pas compte. Elle n’aimait pas cela. Ils regardaient tous comme des chiens chassant leur proie.

Puis la Brune regarda la Comtesse de Westmorland. « Madame, vous ne devriez point rester ici. Ce n’est point la place de votre jeune enfant. » Elle se tourna ensuite vers son compatriote espagnol. « Monsieur, me raccompagneriez-vous à l’intérieur ? » demanda-t-elle avec douceur. L’homme accepta bien évidemment et les deux étrangers s’en allèrent en direction du Palais laissant là le reste du groupe.