En ce beau matin d’été, la dernière des Cavendish riait et discutait avec sa grande-sœur Henriette qui la coiffait jusqu’à qu’on vienne chercher cette dernière pour assister à son cours de latin. Georgiana n’empêcha pas le départ de sa sœur, parce qu’elle savait qu’elle ne resterait pas longtemps seule. En effet, la veille, sa mère lui avait expliqué qu’elle allait faire la rencontre de sa gouvernante et qu’il s’agissait de la dame que ses parents avaient accueillie plus tôt pour des soins. Inutile de rentrer dans les détails, la petite n’aurait pas tout retenu ou compris. L’essentiel était que cette dame allait prendre soin d’elle, de son frère et de ses sœurs, les aider dans l’éducation et s’occuper d’eux lorsqu’Antanasya et William seraient absents ou trop occupés. Cela leur permettait de rester chez eux, ce qui convenait très bien à la petite. Georgiana avait donc promis à sa maman qu’elle serait bien sage. Elle ne voulait pas causer de problèmes et cela semblait rendre heureuse sa maman. Hors de question de lui faire perdre ce sourire !

Ainsi, accompagnée par la dame de compagnie Edith Smith, Georgiana rejoignit la salle commune de jeux et attendit patiemment le retour d’Edith et de sa gouvernante tout en jouant avec sa poupée. Lorsque Georgie entendit les deux coups sur la porte, elle posa sa poupée et se releva. Elle avait apprit qu’on n’accueillait pas une personne en étant assise, question de politesse.

Lady Georgiana. Permettez-moi de vous présenter votre nouvelle gouvernante: Dame Lorena Martines.

Lady Georgiana. Je suis ravie de faire votre connaissance.

« Bonjour », s’exclama Georgiana d’une petite et douce voix.

La dernière des Cavendish était toujours timide lorsqu’elle rencontrait un inconnu pour la première fois. Cela se voyait bien rien qu’à ses mains serrant chaque côté de sa robe blanche d’été alors que ses yeux bleus ne quittaient pas Lorena. Elle fixait ces boucles rousses qu’elle trouvait très jolies et beaucoup plus soyeux que ceux de sa poupée. Pourtant, la petite ne reprit la parole que lorsqu’Edith Smith les laissa seules pour mieux faire connaissance. Elle aurait pu prendre peur de se retrouver seule avec Lorena, mais non. Elle avait confiance en sa maman et même si elle ne connaissait pas encore sa gouvernante, sa première impression était positive et elle lui paraissait être une gentille personne. Ce qui incita Georgiana à récupérer sa poupée pour ensuite la tendre à Lorena.

« Je te présente Elisabeth. Elle aussi est contente de faire ta connaissance. » Malgré sa timidité, Georgiana tenta de faire les premiers pas avec son adorable petit minois. « Est-ce qu’on peut t'appeler Rena? Tu peux m'appeler Georgie et Elisabeth, Lisa, si tu veux. »

Georgiana esquissa un grand sourire à l'écoute de son diminutif. Sa maman avait bien choisie leur gouvernante. Une personne qui aimait Lisa ne pouvait être que bonne en plus ! Pour la peine, elle laissa Lisa aux bons soins de Lorena et remarqua que cette dernière portait sa main libre sur son ventre. Se sentait-elle mal ?

« Est-ce que tout va bien Rena ? Ah, attends. »

Au lieu d’aller chercher une chaise, Georgie alla chercher un gros oreiller que ses sœurs et son frère utilisait pour s’asseoir dessus plutôt qu’une chaise pour jouer, car la chaise était souvent trop haute. Elle le proposa à Lorena.

« Si tu as mal, tu peux t’asseoir, là. C’est ton petit ventre ? »

Georgiana ignorait que sa nouvelle gouvernante attendait un heureux événement. Elle ne savait pas non plus encore le deviner rien qu’à la vue ou seulement lorsque la grossesse arrivait à terme. Généralement, on la prévenait. Donc là, elle pensa tout de suite à une indisposition et elle se demanda en regardant la porte si elle ne devait pas aller chercher Edith.