L'Angleterre était à bout de souffle, entourée de grandes puissances prête à être envahir. Je n'aimais pas vivre dans une telle situation, ni voir le Royaume qui m'avait vu naître si asservi. Cela ne nous ressemblait pas, et il est vrai que quelques fois je me sentais impuissants. Pourtant notre famille, les Cavendish était si puissante qu'elle pouvait presque égaler la famille royale, ce que je ne prétendais point bien évidemment. Au fond de moi, j'espérais vivre dans la sérénité avec ceux que je chérissais plus que tout au monde. C'était à travers eux que j'avais la force, je la puisais en eux cette force de continuer de me battre pour eux, pour notre cause et ne jamais abandonner. Malgré tout je m'inquiétais en vérité. Je passais beaucoup de temps à Londres, multipliais les séjours pour faire disparaitre le doute qui se trouvait sur nos têtes, et éviter qu'on se retrouve sur le bûcher. Je trouvais tout ceci injuste, et j'étais de plus en plus en colère, voire impatient de voir la Reine Mary avoir fait son temps. Pour moi elle allait trop loin, mais était surtout pervertie par les Espagnols. Je priais chaque jour pour enfin pouvoir voir la lumière. Je travaillais pourtant de toutes mes forces à la Cour, montrant que nous étions une famille convertie, loyale envers la couronne, et prête à soutenir la souveraine, enfin, le tout en apparence. Certes, chaque jours cela m'exacerbait de jouer la comédie pour une Reine qui ne méritait pas de l'être, une Reine qui massacre une grande partie de sa population au nom de la religion alors que la sienne s'était détournée des écrits, de la vérité, la seule vérité. L'interprétation des catholiques était déshonorant et ils étaient corrompus jusqu'à la moelle. Cela me dégoutait à vrai dire. J'avais peur pour l'avenir du Royaume, et repensais à tout ce qu'avait fait feu le Roi Henry VIII, que sa fille aînée était en train de détruire.

J'appréciais toujours me reposer au Devonshire, moments qui devenaient de plus en plus rares à vrai dire. Je repensais à feu mon père, qui m'avait certes éduqué de manière stricte, mais juste. Tout son travail et ses efforts n'étaient pas faits pour rien, et je me devais d'en faire de même. Je profitais du feu de cheminée pour me détendre, et lire une oeuvre de la bibliothèque. Tout était calme, enfin presque. Les enfants jouaient, comme à leur habitude. Tout à coup on annonça la venue de mon frère cadet, Joseph. Un sourire se dessinait sur mon visage. Je lui avais donné rendez-vous au domaine, où on pouvait avoir une conversation privée sans que personne ne tende son oreille. Je me levais et courus l'accueillir. "Joseph, mon cher frère ! Bienvenue au domaine !" le saluais-je avec joie. "Entre, fais comme chez toi. Une servante va t'apporter de quoi te rafraîchir." finissais-je par lui dire en l'accompagnant jusqu'au grand salon.


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