Le Suffolk ♛ « C'est une fille ! » C'était exclamée la sage femme en ce jour chaud du 21 juillet 1527. Au grand désespoir du marchant de vin qu'était mon père. Le pauvre homme avait eu cinq enfants et cinq filles. En apprenant la nouvelle, l'homme embrassa son épouse, ma mère puis se signa avant de quitter la chambre de confinement de notre demeure du Suffolk. Comme je l'ai évoqué, mon père était un marchand de vin dont les affaires étaient florissantes. Si bien que, j'ai eu une enfance simple, mais je n'ai jamais manqué de rien j'ai même eu la possibilité d'avoir un précepteur qui m'a appris à lire à écrire ainsi qu'à calculer. Mon père semblait désappointé de n'avoir engendré que des filles, mais il tenait à ce que nous soyons toutes éduquées cela allait nous permettre de trouver de bons maris, selon lui. J'ai toujours aimé apprendre, que ce soit la lecture, l'écriture et les langues, car en étant de bons catholiques pratiquants, il fallait que nous apprenions le latin. Mais au-delà de l'éducation des hommes, comme disait mon père, j'appréciais passé du temps avec ma mère, qui elle m'apprenait la couture, la broderie, la musique et même jouer aux cartes. Je me souviens, elle m'avait dit
« Ma fille, si ton homme ne sait pas y faire, tu verras, savoir jouer aux cartes est un atout. » Dieu comme elle avait raison, mais à l'époque, je l'ignorais encore.
Londres 1541 ♛ « Je le veux ! » ce fut les mots que je prononçai le 7 août 1541, j'avais tout juste 14 ans. Toutes mes soeurs étaient déjà mariées et chacune de nous avions contracté un excellent mariage. Pour ma part, mon époux : James Randall est un parfumeur londonien, son échoppe était un lieu plutôt réputé ce qui fait que je n'ai nullement changé de train de vie. Nous avions une gouvernante qui gérait notre maison à Londres ainsi qu'une cuisinière et s'était suffisant, finalement ce n'est pas plus mal aussi de faire les choses par soit-même. Je n'étais pas amoureuse de mon mari, cependant nous nous entendions bien et nous aimions tous deux voyager ce qui fait que durant la première année de notre mariage nous avons été à Paris pour une exposition de concernant les meilleurs parfumeurs de France. Nous avons visité l'Ecosse également et j'aurais tant aimé voir l'Espagne, cependant, j'étais enceinte pour la première fois à ce moment-là et James, plutôt avenant avait refusé de prendre le moindre risque pour le futur parfumeur à naitre, car le métier ainsi que la boutique se transmettait de père en fils s'était ainsi depuis cinq ou six générations.
Londres 1548 ♛ Après sept ans de mariage, l'amour n'était toujours pas là et James devenait de plus en plus distant est désagréable, je lui avais pourtant offert deux magnifique filles, Joan, née le 5 avril 1542 et Eleanor qui vit le jour le 16 décembre 1543. Ces deux adorables poupées étaient ma plus grande fierté, car elles me ressemblaient beaucoup. Physiquement du moins. Je pense pouvoir dire que malgré les humeurs irascibles de mon époux nous étions une famille presque heureuse. Nous le serions sans doute davantage si je parvenais à donner à James un fils qui serait à même de reprendre la boutique et la fabrication de parfums, car je n'étais pas stupide c'est uniquement dans ce but que James désire un garçon, car sinon le commerce reviendrait à son frère avec qui les relations sont quelques peu difficiles d'après ce que j'avais compris, mais voyez-vous mon époux n'est pas du genre à partager ce genre de choses avec moi, car ma place, selon lui, devait être auprès de mes filles afin de les élever et pas dans son bureau à discuter de choses importantes. C'était son point de vue, ce n'était point le mien. Si bien qu'il m'arrivait de l'espionner. A partir de ce moment, les choses allèrent de mal en pire. Une après-midi, alors que je m'adonnais à ce passe-temps plutôt commun qui est d'observer mon mari, je le surpris avec une autre femme. Alors que ce soit clair, je ne l'aime pas, mais le voir forniquer avec une autre blessait profondément mon orgueil ce qui me mit en rage. Mais au lieu de faire la chose que j'attendais de lui c'est à dire qu'il me présente ses plus plates excuses pour ce comportement immoral ce chien préféra m'envoyer au loin dans le Yorkshire où nous avions une maison de campagne avec mes filles. Je n'avais nulle envie de partir bien sûr mais j'étais une épouse obéissante. Avant de partir, pourtant, je l'informai que j'étais enceinte pour la troisième fois et que je prenais Anne avec moi, la gouvernante de la maison.
Le Yorkshire ♛ Notre maison de campagne était charmante et les jardins bien plus spacieux, si bien que mes filles étaient folles de joie de pouvoir courir avec les chiens lors des après-midis ensoleillés. Certes, le Yorkshire était un comté magnifique, néanmoins la ville et son agitation me manquait terriblement. Et puis étant enceinte, je n'avais nulle possibilité de sortir pour me rendre au village, j'étais donc tristement coincée dans cette fichue maison. La seule chose qui me tirait de mon ennui, ou qui faisait passer le temps plus vite c'était le vin, j'en buvais énormément car cela me donnait l'illusion que ma vie était moins médiocre et plus colorée que ce qu'elle n'était en réalité.
A l'aube de mon septième mois de grossesse je voulu prendre l'initiative d'engager un nouveau membre du personnel car je ne pouvais plus rien faire, il me fallait garder la chambre jusqu'à la venue de cet enfant et clairement, Anne ne pouvait point tout faire. Entre la cuisine, le ménage, s'occuper de filles et de moi, cela faisait bien trop. Cependant, ma gouvernante me proposa d'engager son frère, un cuisinier réputé qui suite à quelques problèmes dans son ancienne maison s'était retrouvé sans le sous. Cela ne m'avais pas effleuré l'esprit d'engager un homme mais ma fois, pourquoi pas si Anne en faisait les louanges. Je ne regrettai point mon choix, Thomas était extrêmement compétant il faisait le repas des filles et le miens séparément. Tout était succulent au point que j'attendais les repas avec impatience et ce jusqu'au jour de la naissance de Jack Randall, le 1avril 1549. Ce fils tant désiré avait bien failli me tuer, étant arrivé par le siège. Lorsque je fus en état de marcher, le première chose que je fis, fut de me rendre au cuisine afin d'y trouver quelques chose à manger, l'accouchement m'avait toujours donné très faim. C'est là que je le rencontrai pour la première fois. Nous avons rapidement discuter, c'était un homme des plus intelligents et cultivé, alors qu'il me préparais un peu de pain, du formage et une grande bière.
« Si un jour le coeur vous en dit et que vous trouvez le temps, sachez Madame que je joue très bien aux cartes » Me dit-il alors que je quittai la cuisine. Cela se répercuta en moi comme une décharge électrique...
Le Yorkshire 1552 ♛ « Trainée comment avez vous osé m'être infidèle, moi votre époux qui vous ai tout donné si cela ce trouve Jack n'ai même pas mon fils » s'était écrié James en entrant dans mes appartements tel un dément alors que je buvais un verre de vin. S'en suivi une violante dispute où les poings furent utilisés. Je niais bien-sûr avoir eu une quelconque liaison avec Thomas, notre cuisinier qui, évidemment dès l'arrivée de mon époux fut congédié. Etait-ce vrai ou faux cela restera mon secret et je ne comptais point le partager, avec personne. Lui avait donc le droit de forniquer avec des filles de joie et moi je n'avais nullement la possibilité de me divertir alors qu'il m'avait envoyé au loin depuis quatre longues années ? Ne venant me voir que lors de Noël et lors de l'anniversaire de notre fils ? Je n'étais point un meuble ou l'un de ses maudit parfum que l'on dépose sur une commode et que l'on sert uniquement lorsque nous en avons besoin. Je refusais d'être se genre d'épouse, triste et délaissée. Mais je reconnais que je ne m'attendais pas qu'il prenne cette rumeur aussi mal. Si bien que lorsqu'il m'informa qu'il souhaitait rompre nos voeux de mariage je fus quelques peu ébranlée. Pas vraiment pour la perte d'un mari mais plus pour la perte de ma situation plutôt confortable et pour mes enfants bien-sûr. Mes parents étant mort, je n'avais nullement la possibilité de retourner chez eux et je doute qu'il m'accepte vu les circonstances et puis mes soeur, je refuse tout bonnement de les supplier.
Londres 1553 ♛ Le divorce fut prononcé le 26 février 1553. Ce fut rapide, mais aussi très retentissant, autant dire que tout le monde me pensait coupable d'adultère, c'était peut être vrai, seule moi et Thomas savions la vérité ce n'était pas tant d'être reconnue coupable qui m'a ennuyée mais plus que tout le monde pensait que j'étais une catin et que mon mari était un pauvre parfumeur cocu qui m'aimait et qui avait le coeur brisé, alors que dans l'histoire cet homme était le seul responsable ! S'il ne m'avait point abandonnée avec comme seul divertissement du vin et un cuisinier plutôt gentil, rien de tout cela ne serait arrivé. Au delà de ma réputation, il y avait plus important, je me retrouvais sans le sous avec à charge mes deux filles qui avaient alors huit et sept ans. Mon ex-époux ne voulait pas s'encombrer de filles qui selon lui, seraient sans doute comme leur mère. Par contre il garda mon fils dans le but, et je cite "d'éloigner cet enfant innocent de l'influence néfaste de cette sorcière". Dès lors pas grands choix s'offraient à moi, il fallait que je trouve un abri et que je nourrisse mes deux filles, je me tournai donc à contre coeur vers le plus vieux métier du monde, commençant dans la rue, louant une chambre dans une auberge afin que mes filles ne soient pas témoins de ma déchéance. De plus pour créer une barrière entre moi et le métier que j'était forcée de pratiquer je me faisais appeler Margery. Après plusieurs mois je trouvai une place dans une maison d'abattage, une maison close pour les pauvre dirons-nous. Ce n'était pas fantastique car tout restait affreusement sales et dégoutants mais au moins je n'avais plus besoin de faire cela en pleine rue. Mais je reconnais que la maquerelle de cet endroit n'appréciait guère que je m'éclipse tous les jours dans le but d'aller prendre soin de Joan et Eleanor.
Londres 1555 ♛ « Madame Paton, s'il vous plait, premièrement je sais m'y prendre avec les hommes il est vrai que je suis plus agée que la plupart de vos filles mais je sais y faire, de plus je sais lire écrire et compter si vous avez besoin d'aide ! » J'avais entendu, en effet que l'une des filles du Red Lantern, une maison close réputée et luxueuse avait décidé de partir. Les filles, généralement attendent et espèrent être vendues dans une meilleure maison, pour ma part je préférais mettre toutes les chances de mon côté en allant directement frapper à la porte du Red Lantern. Ce ne fut bien-sûr pas aisé de convaincre la maquerelle, celle-ci recherchait bien entendu l'excellence, d'autant plus que j'avais avec moi deux jeunes filles qui évidemment n'avaient pas leur place dans un bordel. Dieu soit loué, je pense que la maquerelle me prit en affection car elle accepta de m'engager et trouva même un lieu où mes filles allaient pouvoir grandir et se développer correctement. Bien sûr, elles repartiraient dans le Suffolk, mais elles seront entre les mains expertes de Mary De LaCroix à la Cross School et j'en remercie de ciel ! Dieu à pourtant un étrange sens de l'humour, car après quelques semaine de travail j'étais devenu le bras droit de Mary-Ann Paton et après quelques moi, celle-ci m'annonça qu'elle était malade, qu'elle allait sans doute mourir et qu'elle comptait partir, me laissant entre les mains les clés de son entreprise. Qui aurait cru que je puisse un jour devenir une femme de pouvoir, à mon niveau bien entendu.
Londres 1558 ♛ Mary-Ann Paton était une femme respectée, mais manquait d'ambition, selon moi. Le Red Lantern est un établissement connu et reconnu en ville. J'avais donc une certaine influence, mais cela ne me suffit pas. Lorsqu'on effleure le pouvoir on en veut toujours plus et c'est exactement ce que je désirais. Je me suis donc fait des relations, dont Richard Ballentrae, l'assassin et Duncan Warwick, le nouveau gérant du Flying Dutchman qui lui aussi possède une ambition incroyable. Les riches peuvent bien se battre pour une couronne, moi je veux la ville toute entière !