Sofia Contarini

« La soif de dominer est celle qui s'éteint la dernière dans le coeur de l'homme. » [Nicholas Machiavel] TON PERSONNAGE PRÉNOM & NOM Sofia Contarini AGE 25 années DATE DE NAISSANCE 02 Juin 1528 ORIGINE Italienne SITUATION FAMILIALE Célibataire MÉTIER Dame de la maison Contarini de Venise, empoisonneuse à ses heures très perdues... GROUPE Les Étrangers CRÉDITS Gritsou et Tumblr LE JOUEUR PSEUDO Sibylle AGE 19 ans (bientôt 20 !) OU AS-TU CONNU LE FORUM? Ceci est un double compte d'Héléna Sheridan ! TON AVATAR Laura Haddock, si magnifique... VOTRE PERSONNAGE EST-IL HISTORIQUE OU FICTIF? totalement fictif, bien que la famille Contarini ait existé VOULEZ-VOUS ÊTRE PARRAINÉ? Non je pense que cela ira

▬ QUELLE EST VOTRE RELIGION ET QUE PENSEZ-VOUS DES CHANGEMENTS RELIGIEUX DU PAYS? (répondez en 5 lignes minimum) Catholique bien entendu; que voulez-vous je suis italienne. Pour moi c'est la seule religion qui existera dans mon cœur même si certains membres de ma famille tentèrent d'écouter les arguments protestants, il était hors de question que je me laisse influencer par des idées extérieures. Quant aux changements qui sévirent en Angleterre... Résidant à Venise et étant donc italienne, je ne peux pas dire que j'ai un avis très arrêté sur la question ! Evidemment, je suis totalement favorable à l'arriver de Mary I sur le trône sachant qu'elle a rétabli le catholicisme, c'était certainement la meilleure chose à faire... Mais en ce qui concerne la façon dont elle l'a fait, c'est une autre histoire. Bien que la vue du sang coulant ne me dérange pas plus que cela, le massacre d'innocents n'était pas forcément utile. Garder la population d'une main de maître, certes c'est indispensable, sauf qu'il faut faire en sorte ce cette population vous aime. Et si on écoute l'avis général, la nouvelle reine n'est pas dans le coeur de tous les anglais...

▬ QUE PENSEZ-VOUS DE LA NOUVELLE REINE D'ANGLETERRE? (répondez en 5 lignes minimum)Elle semble être une femme forte. Et pour son âge, d'après ce que j'en ai entendu, elle semble bien belle ! Si je viens en Angleterre, c'est en partie pour me faire ma propre idée sur sa personne. Je n'appartient pas à la famille la plus puissante de Venise mais tout de même, nous, les Contarini, nous avons une grande influence ! J'espère donc qu'elle sera à la hauteur de mes attentes. Il est certain cependant qu'elle était la personne la plus apte à régner après la mort de son frère. Et en plus c'est une catholique, je ne peux que penser du bien d'elle. Peut être qu'on se ressemble même, allez savoir... En tout cas, je vois son arriver pour ce pays comme bénéfique et j'ai la nette impression qu'elle modifiera et changera pas mal de choses en Angleterre, reste à savoir si elle prendra les bonnes décisions, et cela seul l'avenir nous le dira. Et puis, si elle n'a pas su rester à sa place, cela ne prouve-t-il pas qu'elle se laisse vite dépasser par les événements et qu'elle n'a pas assez de force de caractère pour porter à bout de bras l'Angleterre ?

▬ QUE PENSEZ-VOUS DE JANE GREY? (répondez en 5 lignes minimum) Une gamine qui n'a absolument pas la tête assez froide pour gouverner une Nation. On avait un peu l'impression que cela lui tombait dessus sans qu'elle s'y attende. Non il était clair qu'il fallait une personne plus âgée pour reprendre le flambeau à la mort d'Edward. Elle fit preuve de faiblesse, certainement, c'est comme ça que je le vois. Elle n'avait pas une main assez assurée, assez ferme pour tenir tête à Mary et elle en a fait les frais, mais qui sait ce qu'elle aurait donné si on lui avait laissé un peu plus de temps sur le trône. Pour tout dire, je n'y accorde pas beaucoup d'importance, la politique anglaise, n'est pas m'a priorité mais il est vrai que pour Jane Grey, son avenir n'importe bien peu.

▬ AGISSEZ-VOUS DANS L'OMBRE POUR VOTRE CAUSE OU VOTRE FOI, SI OUI QUE SERIEZ-VOUS PRÊT A FAIRE ? (répondez en 5 lignes minimum) Complot, Ô doux mot à mes oreilles... Bien entendu que je suis tout à fait capable d'agir dans l'ombre, vous m'avez bien regardé ? Je suis une femme et l'exemple donné par mes parents ne fut pas des meilleurs. Je peux donc monter une machination de toute pièce et cela sans le regretter. Ma cause... Mes propres intérêts serait un mot plus juste, je ne me soucis guère des autres, sauf quand ceux-ci sont des amis, des gens que je porte en haute estime, oui cela arrive. Mais en général, s'attacher à des personnes n'est pas bien bon pour notre pauvre petit cœur, j'évite donc le plus possible de m'attacher... Cela ne m'étant pas totalement possible, je reste une femme et donc un être faible par définition. Je m'étais jurée de ne plus ressentir la moindre émotion, ayant trop souffert par le passé à cause d'une personne en particulier. Tout cela pour dire que je serais prête à agir sans le moindre scrupule.
Ce que je serais prête à faire ? A peu près tout, tant que je juge le but nécessaire, utile, employez le mot que vous voulez. Tuer... L'idée ne me dérange pas plus que ça. Avec une arme... Non, pas directement. Bien entendu, il faut utiliser quelque chose pour mettre fin à la vie d'une personne, mais je suis beaucoup plus habile dans le maniement d’onguents ou produits douteux: j'excelle dans l'art du poison, une transmission maternelle, encore une idée de ma chère génitrice a eu et dont elle aurait pu s'abstenir si elle tenait un minimum à moi, oui un minimum, et pour rien cacher, elle ne tient pas du tout à moi. Empoisonner quelqu'un serait donc dans me capacités, dans mes cordes et tout a fait envisageable ! Reste à savoir si une situation se présentera en Angleterre.

« La nature nous a créés avec la faculté de tout désirer et l'impuissance de tout obtenir. »

Dans un des nombreux palais de Venise, un homme faisait les cent pas devant deux portes en bois imposantes. Tête baissée, il semblait pourtant inquiet; il tripotait sans arrêt une chaîne en or qui pendait autour de son coup, signe d'anxiété chez lui. Le Signor Rafaele Contarini attendait que son épouse mette au monde l'enfant qu'elle attendait, miraculeusement. Il avait cru que jamais ce jour ne viendrait. Il avait déjà quarante ans et sa femme trente-cinq. A son âge, si dieu était de notre côté, on avait au moins cinq jolis bambins. Pas pour lui, il semblerait que dieu l'avait abandonné. Il releva vivement la tête lorsque les portes s'ouvrirent et que la sage femme le pria de bien vouloir entrer pour admirer son rejeton. Il entra en toute hâte, regarda d'abord sa femme qui se trouvait dans son lit. Elle avait les yeux a moitié clos, ses cheveux bruns lui collaient au visage, elle semblait si faible. Il fit quelque pas vers elle, attrapa sa main froide et la porta jusqu'à ses lèvres; il les appuya tendrement, il tenait tant à elle, que jamais il n'aurait pu deviner en cet instant même que quelques années plus tard, leur couple se déchirerait littéralement. La sage-femme vint interrompre ce moment d'intimité pour présenter l'enfant qui était bien enveloppé dans un lingue. La dame vigoureuse lui tendit le bébé avec un grand sourire:

-C'est une fille signore, une magnifique petite fille.

Le temps s'arrêta autour de lui; il lâcha la main de sa femme et un éclair de terreur passa sur son visage. Une fille... Et non un garçon. Comment les Contarini allaient-il survivre de son côté ? La sage-femme insista un pressant l'enfant un peu plus contre Rafaele, mais ce dernier repoussa le nouveau né d'un geste brusque. Il manquait d'air, il étouffait, il voulait sortir d'ici. La sage-femme l'interrogea du regarde mais déjà il battait des bras et sortait en trombe de la pièce. Non... C'était impensable! Il avait tant prié pour avoir un garçon, ce n'était pas possible !
L'enfant fut remise à la nourrice quelques minutes plus tard. Et alors que la signora Contarini assistait au brusque départ de son époux, elle pleura:

-Il ne l'aimera pas... Il ne l'aimera pas..., répétait-elle entre deux sanglots.

-Signora... Comment voulez-vous l'appeler ?

Elle e répondit pas, continuait de pleurer, tournant la tête à droite puis à gauche sur ses oreillers, comme si elle essayait d'y enlever un très mauvais souvenir. Non porta des mains tremblantes jusqu'à ses yeux et se les couvrit. Puis elle finit par se calmer et là, dans un souffle elle réussit à dire:

-Sofia...

La nourrice reposa le petit corps dans le berceau qui lui était destiné. Elle se pencha au dessus d'elle et resta un moment à l'observer. La grosse dame lui faisait des grands sourires et la couvait du regard. Elle était certaine que cette petite deviendrait une jeune femme parfaite, à l'esprit vif et débrouillard. Si seulement elle savait...
Pendant les mois qui suivirent la naissance de Sofia, le couple que formait Rafaele Contarini et sa femme s'éloigna. Lui, ne digéraient toujours pas le fait qu'elle lui ait donné une fille et non un fils. Elle avait failli à sa promesse d'épouse. Il était persuadé en plus de tout cela, que dieu ne lui accorderait pas d'autre enfant de cette femme, car ses grossesses précédentes avaient toujours échouées. Antonella, la mère de Sofia n'arrivait pas à ressentir de l'amour pour sa fille. Si son mari s'éloignait, c'était à cause d'elle, parce qu'elle n'était pas celle que tout le monde espérait, elle serait la perte de la famille. Magda, la nourrice, était la seule à aimer ce petit être de tout son cœur. Elle ne comprenait pas pourquoi on en faisait tout un plat, après tout elle était peut être une fille mais elle devait faire la fierté de ses parents, elle était si jolie avec ses grands yeux bleus pales.
On lui donna cependant tous les moyens pour qu'elle devienne une grande dame; les leçons avec les précepteurs commencèrent tôt. Si elle n'était pas un garçon, au moins elle pourrait devenir une bonne épouse et faire briller encore une fois son père en l'honorant par un beau mariage. En prenant de l'âge, Sofia marquait quelques résistances à apprendre telle ou telle matière, elle montrait nettement ses préférence. Elle aimait particulièrement l'histoire, la poésie et le chant. On pouvait constater son esprit vif et en constante demande. Ce qui manquait le plus à Sofia était l'amour de ses parents. Son père ne lui accordait aucun regard et quand il ouvrait la bouche pour s'adresser à elle, il le faisait d'un ton sec ou pour lui faire un reproche. Sofia en souffrait terriblement. Elle allait quelque fois se blottir dans les bras de sa mère mais cette dernière hésitait toujours un long moment avant de l'entourer de façon protectrice et sa fille sentait bien qu'elle le faisait contrainte et forcée. Alors quand elle n'était pas heureuse, s'était dans les bras de Magda que Sofia finissait. La nourrice la serrait contre elle, très fort. Elle la berçait et déposait un baiser sur son front.




L'année de ses douze ans, le drame se produit au sein de la famille Contarini. Alors que Sofia venait de terminer sa leçon de Latin, elle se rendit dans les appartements de sa mère et elle la trouva en rage. Antonella envoyait voler tout ce qui lui passait sous la main. Un vase en verre vin se briser sur le mur juste à côté de Sofia alors que cette dernière entrait dans la chambre. La jeune fille sursauta de peur et leva un bras pour cacher son visage d'éventuel débris. Jamais elle n'avait encore vu sa mère ainsi. Que lui arrivait-il ? Sofia risqua un pied dans la chambre et voyant qu'Antonella n'émettait aucune objection, elle gagna en courage et fit quelques pas. Elle n'était plus qu'à un mètre de sa mère quand elle tendit une main timide vers elle et à ce moment là, Antonella hurla:

-Ne me touche pas !!

Surprise, Sofia recula d'un pas ou deux. Qu'avait-elle fait qui pouvait mettre sa mère dans un tel état ? Elle essaya de se remémorer la journée. Le matin, elle avait fait des mathématique et de l'histoire, tout c'était bien passé à première vu. L'après-midi c'était poésie et leçon de danse; elle avait même eu des compliments de son professeur de danse pour le porté de son bras qu'il jugeait très gracieux pour une jeune fille de son âge. Du coup, elle ne comprenait vraiment pas. Elle chercha le regard de sa mère, mais elle n'y trouva que de la haine. Sofia frissonna, et les larmes lui montèrent aux yeux. Elle finit par ouvrir la bouche, une bien grave erreur:

-Que vous arrive-t-il mère ?

Antonella se retourna comme une furie et fonça droit sur sa fille. Elle l'attrapa par les épaules et la secoua:

-Ce qui m'arrive ?! Je vais te le dire ! Ton père à ouvert sa couche à cette sale petite bourgeoise qui lui tournait autour !! Et elle lui a donné un fils la catin ! Un fils !!

Pendant que sa mère vociférait, les yeux de Sofia se mirent à briller. Un fils, elle allait avoir un frère ! Elle aurait eu envie de se laisser tomber sur le grand lit et de rire jusqu'à ne plus en pouvoir tellement elle était heureuse. Mais elle voyait bien que sa mère ne l'était pas, pas du tout même. Elle n'arrivait pas à comprendre en quoi cela était horrible, elle était encore trop jeune pour s'en douter. Sa mère était si dure, si inflexible, si... Les mots lui manquaient pour la décrire. Et pourtant, Sofia l'aimait, même si elle savait pertinemment qu'Antonella ne l'aimait pas, cela lui importait peu, elle continuait de s'accrocher à un maigre espoir. Peut être qu'un jour elle ferait quelque chose, une action par exemple, qui rendrait assez fière sa mère pour qu'elle lui adresse le sourire le plus sincère du monde. Voilà ce qu'était le rêve d'une petite italienne de douze ans:

-Ce n'est pas une bonne chose mère ?

-Tu es vraiment qu'une petite idiote, bien entendu que non, ce n'est pas une bonne chose ! Il me fait de la peine tu comprends ça, il détruit ce qu'il reste de mon cœur, tout cela parce que je l'ai trop aimé...

Sofia ne comprenait pas toutes les paroles de sa mère, sauf qu'elle savait une chose: elle était malheureuse, et tout cela était à cause de son père et de l'autre dame aux cheveux de feu. La fillette pencha la tête sur le côté et se dit qu'être adulte était vraiment une chose compliquée, ce qu'elle aimerait rester ainsi à vie; ne pas grandir, cela signifierait qu'elle évitait tout ennuie. Toutes ces histoires lui donnait mal à la tête:

-Mais si cela vous fait du mal, pourquoi agit-il ainsi ?

Les lèvres d'Antonella s'étirèrent en un rictus mauvais. Elle renversa la tête en arrière et éclata d'un rire méchant. Puis elle retourna se planter devant sa fille, les yeux rouges de colère. On aurait dit qu'elle était littéralement prête à la dévorer ou à la mettre en pièce, sa propre enfant:

-Tu veux vraiment savoir pourquoi ? A cause de toi, bien sûr ! Tu es une fille ! C'est à cause de toi s'il m'a laissé, tu n'es pas née garçon et lui c'est ce qu'il voulait, tout est de ta faute, de TA FAUTE ! Je te déteste, disparaît de ma vue !!!

Sofia était tétanisée par la peur; elle n'arrivait plus à bouger ses jambes pour fuir à toute allure. C'est à ce moment là que Magda, la nourrice fit irruption dans la pièce et attrapa le bras de la petite pour la tirer hors de la chambre alors que la Signora Contarini recommençait à briser toutes sortes de choses et pas sur la tête de sa fille. Le coeur de Sofia se brisa; les mots de sa mère résonnaient encore dans son esprit. Elle la détestait... Des grosses larmes perlèrent sur ses joues et elle s'arrêta net dans le couloir. Magda en fut surprise et vint s’accroupir non loin de l'enfant qui fondait bruyamment en larmes. Comment pouvait-on être si cruel avec une petite aussi charmante. Elle la souleva dans ses bras et la ramena jusqu'à sa chambre.
Sofia ne serait plus jamais la même à présent et elle se jura que la seule personne qu'elle devait aimer, la seule personne qu'elle devait rendre fière, cela serait Magda. Elle, elle avait toujours été là, elle avait toujours veillé sur elle, elle lui avait appris beaucoup et elle continuait aujourd'hui à prendre soin d'elle alors que la petite Contarini était plus grande. Mais son attitude et ses actes seraient aussi différents à partir de ce jour. Sofia allait devenir plus mauvaise, plus méchante. Son cœur était meurtrit et était devenu plus sombre par la même occasion. Elle ne voulait pas être faible, elle ne voulait pas finir comme sa mère, à hurler sur tout le monde, à ne pas pouvoir donner de fils à son futur mari, oh ça non. Elle serait forte et ne se laisserait intimider par personne. Et pour marquer ces résolutions, elle essuya, à l'aide du revers de sa main droite et d'un geste décidé, les dernières larmes qui coulaient sur ses joues. Plus jamais elle ne pleurerait pour l'amour de ses parents, plus jamais elle ne ferait quelque chose pour leur plaire. C'était terminé; maintenant elle avançait pour elle, et pour elle seulement.



L'année des seize ans de Sofia, un rapprochement entre la mère et la fille fut envisageable, bien que Sofia restait toujours sur ses gardes à présent. L'étrange incident se passa en fin de journée. La jeune fille était en train de coudre dans la Cour intérieure quand on vint lui apprendre que sa mère ma réclamait. Elle leva d'abord la tête de son ouvrage, un air plus qu'intrigué et hésita un instant. Cela était-il un piège ? En tout cas si c'était pour s'entendre dire une seconde fois qu'elle était détesté, non merci. Cependant, elle était curieuse et la servante insista à plusieurs reprise, la signora Contarini insistait vraiment pour voir sa fille.
Sofia soupira et se leva lentement, arrangea son travail, s'étira au passage et daigna enfin se mettre en route. Alors qu'elle quittait la Cour pour retrouver l'intérieur du Palais de la famille, elle abandonna se broderie sur une petite commode et demanda à ce qu'on la ramène dans sa chambre. Il en serait fait selon ses désirs, naturellement. Le couloir qui menait jusqu'au petit cabinet privé de sa mère lui avait toujours paru interminable. Mais aujourd'hui, elle était réellement curieuse se voir ce qui lui était réservé. Lorsqu'elle entra, elle fut encore plus surprise de constater que la pièce était à peine éclairée: les rideaux avaient été tirés et deux ou trois chandelles brûlaient. Sa mère était assise dans son fauteuil, juste à côté d'une petite table. Sofia haussa un sourcil, elle n'y comprenait vraiment plus rien. Antonella lui fit signe d'approcher et de prendre place sur la chaise qui se trouvait en face de son fauteuil. En s'asseyant, Sofia croisa les jambes et lissa sa robes; elle releva la tête et lança un regard interrogateur vers sa mère. Cette dernière l'observait avec attention, une main positionnée sous son menton et un vague sourire flottant sur son visage. Elle finit par pencher la tête sur le côté et soupirer. Elle demanda à sa fille si elle voulait boire quelque chose. Non, elle ne voulait rien:

-Mère, pourquoi suis-je ici ?

Antonella pouffa, cachant ses lèvres qui s'étiraient encore plus à l'aide de sa main:

-Que d'impatience Sofia ! Mais puisque tu y tiens...

Elle marqua une pause et se leva de son fauteuil. Elle contourna la table, dépassa Sofia, alla farfouiller dans un petit coffret finement ouvragé que la jeune fille avait si souvent vu. Mais elle n'avait jamais su ce qu'il y avait dedans, il était peut être temps ! Il était certain qu'à présent l'impatience s'était bien emparé de Sofia. Elle allait enfin voir ce qu'il y avait dans le coffret de sa mère. Elle s'attendait à voir de somptueux bijoux qui provenaient des femmes de la famille de sa "créatrice". Jamais elle n'aurait imaginé qu'Antonella lui révélerait quelque de si différent ! Elle finit par revenir après quelques minutes; elle se plaça dans le dos de Sofia et lui tendit par-dessus son épaule un tout petit flacon sombre. La jeune fille l'attrapa délicatement et le fit rouler entre ses doigts. Il n'avait rien d'exceptionnel ! Elle força sur les yeux pour tenter de voir ce qu'il y avait à l'intérieur, encore fallait-il qu'il y ait quelque chose ! Elle le secoua, elle entendit un léger bruit. C'était poudreux, du sable peut être bien. Sa mère revint face à elle, dans son fauteuil et croisa ses mains, la fixant d'un air malicieux:

-Qu'est-ce que c'est ?

-Ouvre le...

Sofia s'exécuta. Elle versa le contenu dans la paume de sa main. Elle découvrit une fine poudre blanche; elle releva la tête vers celle qui lui faisait face et la regarda, encore plus intriguée. Antonella reprit la parole:

-Il est temps que je t'apprenne un art que les femmes de ma famille se transmettent depuis des générations. Sais-tu ce que s'est ?

Sa fille secoua la tête de façon négative. Et sa mère lui demanda d'observer attentivement. A l'aide de son autre main libre, Sofia étala un peu plus la poudre dans la paume. Elle y porta son nez et tenta de déceler un quelconque odeur: rien. Elle sortit alors le bout de sa langue et l'en approcha. Antonella se leva d'un bon:

-NON !! Hurla-t-elle.

Et en même temps, elle attrapa la main de sa fille et lui fit répandre la poudre sur le sol:

-Ne fait jamais ça, tu en mourrais !

-Mais qu'est-ce donc ?

-Un poison ?

Sofia s'étouffa sous la réponse. Elle regarda sa mère avait des yeux exorbités:

-Oui, tu as bien compris... C'est moi qui ait fait cette poudre. Au départ, elle se présente sous la forme d'un simple champignon.

-Mais comment pouvez-vous obtenir cela ?

De la gorge d'Antonella s'échappa un rire machiavélique:

-C'est bien ce que je veux t'apprendre ! Tu es une femme, tu sera toujours considérée comme plus faible qu'un homme. Et je veux te donner le pouvoir de décider toute seule de ton futur... Mais attention, je ne t'apprendrais pas qu'à fabriquer ces... Choses la. Je t'enseignerai aussi l'art d'être le plus discrète possible quand tu en fais usage et aussi l'art de faire accuser quelqu'un d'autre à ta place sans avoir le moindre scrupule !

Sofia n'en croyait pas ses oreilles. En gros, sa mère lui donnait le pouvoir de vie et de mort sur une personne. Si elle avait su à l'avance ce que cette "rencontre" lui réservait, elle aurait pris les jambes à son coup. Jamais elle n'aurait accepté de voir la voir. Elle ne pouvait pas faire ça, c'était impossible. Magda n'arrêtait pas de lui répéter qu'elle était une fille bien et Sofia s'en était persuadé maintenant, elle pensait faire ce qu'il fallait à chaque fois qu'elle faisait un pas, un geste ou une action X ou Y. Ses oreilles bourdonnaient, elle entendait à peine Antonella lui dire d'être forte, de tenir le coup. Elle ne pouvait pas décevoir sa mère, elle avait son sang en elle; c'était dans la famille, elle ne pouvait qu'être douée à cela. Elle lui assura aussi qu'à force, on ne pensait plus au fait de tuer quelqu'un, on pensait simplement qu'on faisait une chose nécessaire pour notre survie. Sofia aurait voulu hurler, mais la peur la tétanisait. Elle était comme un pauvre animal apeuré, elle ne pouvait pas échapper à sa mère.
Elle étouffait. De l'air, il lui fallait de l'air. Elle regarda dans toutes les directions, essayant de trouver un point de repère. Il y voyait flou; elle battit des bras, comme si elle combattait un ennemi invisible, comme si elle voulait se libérer de l'emprise de quelqu'un, des bras puissants d'un homme. Elle sortit à la hâte de la pièce et en titubant. Quelques mètres plus loin, elle se retint au mur pour ne pas tomber. Sa vue se réduisait encore, puis soudain ce fut le trou noir et elle s'écroula. Lorsqu'elle se réveilla, elle était dans son lit. Un feu brûlait dans la cheminée et sa mère était assise sur une chaise, juste à côté d'elle. Sofia n'avait jamais vu un air aussi doux sur le visage d'Antonella et cela lui faisait réellement peur. Elle savait que cette femme la détestait, alors pourquoi d'un seul coup avait-elle décidé de devenir gentille et de se soucier d'elle. Cela n'était pas censé. Sauf si... Elle ne comptait vraiment pas abandonner cette histoire de poison ! Sa mère plaçait tous ces espoirs en elle pour reprendre le flambeau et faire perdurer la tradition familiale. Le dégoût remonta aussitôt dans la gorge de la jeune fille. Elle venait de se rendre compte qu'elle n'avait pas le choix... Elle allait se plier aux exigences de sa mère, pour le meilleur et surtout pour le pire !


Ce fut l'année de ses vingts ans que Sofia connut le plus fort de tous les poisons: l'amour. Elle était éperdument éprise d'un jeune homme de bonne famille mais qui n'atteignait malheureusement par les valeurs de la famille Contarini. Cependant, elle tentait d'ignorer ce détail. Depuis le début de l'apprentissage qu'elle suivait aux côtés de sa mère, Sofia sentait qu'elle devenait de plus en plus mauvaise. Elle était à présent portée par un désir de pouvoir, souhaitait être au cœur d'un terrible complot rien que pour prouver qu'elle était douée, qu'elle savait y faire et pour rendre Antonella fière. Mais jamais elle n'aurait pensé que la lumière pouvait revenir grâce à cet homme. Il était âgé de vingt-trois ans et s'appelait Cristoforo; son regard sombre avait tout de suite fait chaviré le cœur de Sofia. Et elle avait été si heureuse d'apprendre que ses sentiments étaient partagés !! La jeune femme comptait en parler à son père le soir du grand bal que la famille avait décidé d'organiser pour l'approche de pâque. Elle n'arrivait toujours pas à croire que cela pouvait lui arriver, à elle ! Elle se considérait déjà comme damnée, elle était certaine de brûler en enfer.

Sauf que... Elle n'eut jamais l'occasion de parler à son père. Car sa mère s'interposa, enfin cela Sofia n'avait pas de preuve, elle ne pouvait que le supposer. Pourtant, elle avait bien raison. Le fameux soir du bal, c'est Antonella qui alla trouver le jeune Cristoforo et qui le menaça directement. Elle lui ordonna de laisser sa fille, sinon elle briserait la pauvre petite famille à laquelle il appartenait. Il ne fut pas longtemps au jeune homme pour comprendre que la menace était réelle. Il entreprit donc de par partir, en tout hâte. Mais Sofia le trouva; il était désespéré, et elle, lui courait après en lui demandant une explication. Il lui tournait le dos, c'était préférable:

-Je m'en vais Sofia, c'est terminé...

Il argumenta en ajoutant qu'il n'avait fait cela que pour la séduire et obtenir ses faveurs... Pour ensuite la laisser seule et honteuse. Lorsqu'elle hurla son nom pour tenter de le retenir une dernière fois, Cristoforo en eut le cœur brisé.
Sofia pleura pendant de longues journées. Et la personne qui était là pour la réconforter (ou tenter de la réconforter), c'était Magda. Vieillissant, elle ne se détournait pas de son devoir et continuait de veiller sur la jeune Signora Contarini, comme elle avait toujours fait depuis sa naissance. Sofia était persuadée que sa mère était derrière tout ça. A présent, elle ne serait plus jamais la même; car son seul but était de trouver un moyen de se venger, de lui faire payer. Son cœur était devenu si sombre...

Et elle obtint sa vengeance. Six mois plus tard, son père lui annonça qu'il était temps pour elle de se marier. D'autant plus que la dot que le Contarini joignait à sa fille était considérable ! Ce fut un grand seigneur de Florence qui obtint la préférence de son père. Lorsque Sofia le vit pour la première fois, elle eut envie de vomir. Il était plus vieux qu'elle, il devait bien avoir les cinquante ans dépassé. Il était quasiment chauve et bien amoché par les batailles. Non ce n'était pas possible, jamais elle n'unirait sa vie à cet homme. Elle tenta de parlementer, rien n'y fait. Elle était coincée par son devoir de fille et devait faire honneur à la famille Contarini en réalisant un bon mariage. En résumé, elle n'était rien de plus qu'une simple pièce monnayable. Ce ne fut surtout pas sa mère qui allait la soutenir... Folle de rage, Sofia finit par élaborer un plan...
Alors que le seigneur en question était en visite officielle chez eux pour pouvoir encore une fois attester de la grande beauté de sa futur épouse, en plein milieu du banquet préparé en son honneur, il s'effondra la tête la première dans son assiette alors qu'on servait le troisième plat. L'assemblée en fut horrifiée. Quelle horreur ! Le médecin personnel des Contarini affirma qu'il avait été la victime d'une malheureuse attaque; son cœur n'avait certainement pas supporté la joie que lui avait procuré sa future union avec la Signora Sofia. Mais Antonella, elle, était aussi sûr qu'il ne s'agissait pas d'une simple attaque. Elle avait bien vu le petit sourire sadique et satisfait de sa fille lorsque la tête du seigneur s'était enfoncée dans son assiette. C'était elle... Elle avait utilisé l'art qu'elle lui enseignait depuis des années, lui prouvant ainsi qu'elle était effectivement très douée. Elle décida d'aller confronter sa fille; en entrant dans sa chambre, elle trouva Sofia à sa coiffeuse, occupée à se brosser les cheveux. Elle fonça directement sur elle:

-Mais qu'as-tu fait ?

-Bonsoir mère, je suis ravie de vous voir également...

-Ne prend pas cet air supérieur avec moi Sofia, je sais ce que tu as fait !

-Peut être... Sauf que vous n'avez aucune preuve !

Antonella tomba de bien haut. Elle s'était faite prendre à son propre piège. Elle regarda sa fille, un air totalement perdu flottait sur son visage:

-Pourquoi as-tu fait cela ? Te rends-tu compte que c'es l'avenir de notre famille que tu joues ?

Sofia se releva brusquement de devant sa coiffeuse. Elle jeta sa brosse contre le miroir ce qui le fêla au passage. Elle se tourna vivement vers sa mère et fit trois pas assurés dans sa direction:

-Pourquoi ? Vous voulez vraiment savoir ? Durant toute mon enfance, j'ai espéré un signe de vous, un signe qui me montrerait que vous m'aimez. Mais non, vous m'avez même clairement dit que vous me détestiez ! Vous m'avez enlevé la personne que j'aimais le plus ! Et ne tentez pas de me dire que vous n'y êtes pour rien ! Je sais que vous avez fait fuir Cristoforo ! Alors je vous montre enfin ce que vous avez réussi à faire de moi... Grâce à toutes vos manigances et votre enseignement si étrange sur le poison, vous m'avez transformé en monstre ! Vous m'avez arraché le cœur et bien soit !

Elle avait souffert pendant un nombre incalculable d'années. D'abord elle n'avait pas eu d'amour provenant de son père et sa présence lui manquait énormément. Il s'était empressé d'aller faire un fils à une autre femme bien moins riche que leur famille. Si au départ Sofia avait été contente de la venue du petit garçon, elle avait vite déchanté. A lui, il donnait tout l'amour dont Sofia avait rêvé. Et en grandissant, elle s'était dit qu'il aurait certainement remarqué qu'elle était devenue une belle jeune fille, avec un esprit vif et une certaine éducation... Rien du tout, il continuait d'agir comme avant. Ensuite, il y avait eu sa mère. D'abord elle lui avait dit qu'elle la détestait; quelque chose s'était brisé en Sofia. Puis elle avait décidé de se rapprocher de sa fille en ayant pour but de faire d'elle une sorte de tueuse silencieuse. Mais jamais elle n'avait eu pour objectif de faire cela par amour, non, elle n'y voyait que son propre intérêt. Antonella voulait perpétuer une tradition familiale; oui, elle avait pris pour excuse que cela renforcerait le caractère de sa fille, qu'elle deviendrait plus forte et qu'elle ne se laisserait plus faire. Actuellement Sofia n'était plus sûre de rien.
Et maintenant ? C'était à elle de répandre la souffrance. Elle voulait voir ceux qu'elle détestait se tordent à ses pieds, la supplier. Sans savoir, sa mère lui avait donné un certain pouvoir, en plus du nom des Contarini qui ouvrait pas mal de portes. Elle ne serait plus une petite fille effrayée et sage, elle allait devenir tout autre chose.


Lettre de Sofia Contarini à son père, Raffaele Contarini:

Londres, année 1553:

«Bien Cher Père,

Le voyage jusqu'à Londres s'est passé sans encombre, mais je doute que cela vous intéresse fortement. Je suis actuellement installée dans un des appartements réservés aux nobles visiteurs de la Cour d'Angleterre. Cela fait maintenant un mois que je suis ici et je dois vous dire que je vais de surprises en surprises avec les anglais, ils sont assez différents de nous si on y regarde de plus près. Mais cela ne me dérange pas le moins du monde ! J'ai d'ailleurs déjà eu le plaisir de pouvoir apercevoir la nouvelle Reine Mary la Première et je dois avouer qu'elle m'a fait forte impression. Quelque chose de différent se dégage d'elle et on se sent rapidement tout petit en sa présence, une vraie prestance divine en somme. Je sais que ma résidence dans le Palais des Contarini a toujours été un fardeau pour vous, j'espère que vous vous sentez un peu plus soulagé de me savoir loin de Venise et donc loin de vos yeux. Nos relations n'étaient pas des plus cordiales, mais à qui la faute, car on ne peut pas me reprocher d'avoir tendue une main compatissante vers vous à de nombreuses reprises ! J'ai arrêter toute tentative avec vous comme avec mère, à quoi bon être déçu à chaque fois.

J'espère cependant que vous êtes tous deux en bonne santé et que vous me donnerez à l'occasion de vos nouvelles,
Dans l'attente de vous lire malgré le sentiment amer,

Votre bien chère fille,

»




En lisant ces lignes, les mains sur signore Contarini tremblaient littéralement. Ce n'était que maintenant qu'il se rendait compte de l'importance que sa fille avait dans son cœur; seulement maintenant, alors que Sofia était devenue une femme à la limite du libertinage. On lui connaissait plusieurs amants et elle ne s'en cachait absolument pas ! Elle était aussi très dépensière en ce qui concernait ses tenues ou bijoux divers. Heureusement que les activités des Contarini permettaient d'éponger rapidement les dépenses. Il devait bien avouer qu'il n'avait pas été tendre avec elle, jamais même. Il voulait tant se rattraper, s'il pouvait faire machine arrière. C'était trop tard, la vérité lui sautait au visage et il restait impuissant face à la décadence de Sofia. Il s'était décidé à ramener son âme sur le droit chemin, il savait qu'au fond d'elle, il lui restait une part de cette petite fille. Cette petite fille qui lui souriait autrefois, même si Raffaele l'envoyer tout le temps promener. Il s'était bien trop longtemps concentré sur son fils et cette stupide femme qui le lui avait donné. Il devait revenir prendre soin de sa famille. Aujourd'hui, Sofia était devenue une femme manipulatrice, calculatrice et n'hésitait pas à se servir de ses charmes pour obtenir absolument tout ce qu'elle voulait. Elle se séparait de ses amants lorsqu'elle s'ennuyait trop et passait à un autre comme s'il s'agissait d'une nouvelle robe. Elle refusait pertinemment de se marier (et si on l'obligeait elle avait décidé d'employer le même stratagème que pour le tout premier, quitte à ce que cela paraisse suspect, elle arriverait bien à faire peser la faute sur quelqu'un d'autre), et son père avait peut qu'avec sa réputation, Sofia ne trouve vraiment plus personne. Son cœur était devenu si dur, si froid...
Il était d'abord entré dans une colère noire lorsqu'il avait appris que sa femme Antonella avait enseigné l'art du poison à leur fille. Cela expliquait un peu plus de choses; elle avait été facilement influençable. Peut être que la façon dont elle agissait actuellement n'était qu'une façade, qu'un carapace pour protéger son cœur si souvent blessé. Il releva la tête d'un geste rapide du parchemin, le froissa et l'envoya directement dans les flammes du feu qui brûlait dans l'âtre de la cheminée. Il savait ! Il savait qui pouvait ramener sa fille à la raison: Cristoforo... L'ancien soupirant de sa fille qui avait été menacé directement par Antonella. Au fond de lui, Raffaele espérait que Sofia ressente encore quelque chose pour cet homme et qu'elle l'écoute. Encore fallait-il prendre contact avec lui, lui présenter des excuses et le convaincre de partir pour Londres dans les plus bref délais. L'affaire n'était pas simple mais elle valait le coup, il tenterait. Il se leva en hâte de son fauteuil sculpté, traversa le lieu et referma les portes de bois derrière lui. La pièce fut alors baignée par la seule lumière qui venait des flammes de la cheminée alors que les rayons de la lune passaient par la fenêtre.