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Nous nous situons aux alentours de mai 1558.
Il fait de plus en plus chaud les gens prennent plaisir à sortir dans les jardins.

Si vous souhaitez jouer un étranger, privilégiez les Espagnols et les Ecossais.
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MessageSujet: Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Icon_minitimeMar 30 Avr - 15:48

    La Tamise s'écoulait tranquillement, traversant Londres de part en part. Le soleil rougeoyant d'une belle fin d'après-midi éclairait ses eaux ternes de belles lueurs chatoyantes, faisant scintiller l'écume comme des milliers de petits diamants. C'était un très beau tableau. Tout en simplicité et en nuances. Quelques fois, j'aimerais que le temps s'immobilise, que les respirations restent en suspend, que le vent ne souffle plus dans les branches et que les secondes arrêtent de s'égrainer aux pendules. J'aurais alors le temps de descendre mon matériel, installer mon chevalet dans la rue sans être dérangée par personne et de peindre la scène que j'aurais voulu immortaliser. Tout serait tellement plus simple ainsi. Pourtant, même moi je savais que l'Art ne réside pas dans le statique et l'immobile. Comment pourrait-on représenter une émotion, un mouvement, si l'on ne voyait pas la finalité de celui-ci ? La flamme dans les yeux du modèle ? Le doux bruissement d'une feuille ? Une vague sans en voir l'écume s'écraser sur le sable ? Le dessin, c'est avant tout une question d'observation du geste et de la dynamique. C'était ce que j'aimais à me répéter. Reproduire quelque chose de figé doit être d'un ennui ! Tracer les lèvres d'un sourire crispé d'une infamie !

    Je m'arrachais à contre-cœur à ma contemplation et retournait à mon travail. J'avais entrepris de faire un peu de ménage dans ma petite chambre de bonne. Je nettoyais celle des autres à longueur de journées et je n'avais même pas pris une petite minute depuis plus de deux semaines pour mettre en ordre la mienne. Maman aurait honte de moi, si elle me voyait. Enfin, surtout si elle voyait l'état de la pièce où je dormais. Qu'était-elle en train de faire en ce moment ? Peut-être était-elle allée se promener avec Papa pendant que Yolanda et le cuisinier préparaient le souper. Ces petites promenades estivales que nous avions l'habitude de faire me manquaient. J'aurais pu continuer à en faire à Londres mais la ville se prêtait peu aux flâneries sans but puisque les rues étaient toujours bondées de monde. La campagne et les champs dorés étaient propices aux rêves et aux pas lents et mesurés, appesantis par la tiédeur du soir. Ici, dès que le soleil disparaissait derrière la ligne d'horizon, vous deviez sortir avec un châle et marcher vite pour vous réchauffer. Autant dire que ce n'était pas l'idéal pour une balade. J'aurais tellement aimé retourner à Florence, ne serait-ce que pour une heure, voir Papa et Maman et errer à travers les vignes toscanes en discutant de tout et de rien...

    Mais inutile de se morfondre. Ressasser ne servait à rien. J'étais bien placée pour le savoir. Plutôt que de rester là à ne rien faire, j'aurais mieux fait d'aller aider les serveuses à sustenter les clients ou nettoyer les tables inoccupées. Si je voulais que la gérante continue à me garder, je ferrais mieux de faire preuve d'initiatives. Mon petit ménage serait remis à plus tard.
    Je sortis de ma chambre et descendis les escaliers en trottinant. Après un détour par les cuisines -où la vapeur me fit toussoter- pour m’enquérir de ce qu'il me faudrait faire, je saisis un torchon propre et astiquais méticuleusement le bois vernis des larges tables du Majestic Rose. J'aimais lorsque tout était propre et reluisant. Les clients s'attendaient à trouver leur chambre et leur table propre dans une auberge d'une telle qualité.
    Comme à son habitude, l'établissement était plein à craquer. L'ambiance était festive, on mangeait, on buvait, on hurlait et chantait en toute bonhommie. De nombreux étrangers étaient présents et entendre des voix françaises et allemandes m'intriguaient toujours. Ne rien comprendre de leurs paroles me rendait incroyablement curieuse. J'aurais aimé être comme ces nobles qui connaissent cinq langues et qui les parlent couramment. Moi, j'arrivais tout juste à comprendre l'anglais et mon accent était si fort et prononcé que j'avais un peu honte de m'adresser aux autres... Enfin, j'avais combattu cette timidité au début. Maintenant, je me débrouillais et tant pis si mes "r" roulés les faisaient sourire. Quelques sonorités italiennes attiraient souvent mon oreilles et me rendaient un peu nostalgiques. Lorsqu'il m'arrivait de les servir, je glissais quelques mots de ma langue maternelle et je demandais des nouvelles du pays et de ma ville. Cela faisait du bien d'entendre ses pairs et mon morale s'en trouvait remonté.

    La lourde porte d'entrée s'ouvrit pour la n-ième fois dans la soirée. Mais au premier coup d’œil, je remarquais que la personne qui venait d'entrer était loin d'une quelqu'un de banal. Une femme grande et fine dont les cheveux blonds étaient remontés en un chignon élaborés. Ses yeux perçants cherchaient quelque chose -ou quelqu'un- parmi la foule. Elle était richement habillée et de nombreux bijoux étincelant, sertis de pierres toutes aussi précieuses les unes que les autres la paraient. Elle devait probablement être une femme de la haute noblesse anglaise. J'en avais déjà aperçu quelques uns mais aucun n'avait sa prestance.
    Elle sembla trouver la personne qu'elle cherchait lorsqu'un sourire illumina ses traits. Intriguée, je me retournais pour voir que mon employeuse lui faisait de grands gestes, l'invitant à entrer. Je ne savais pas qu'elle connaissait des gens si haut placés. Non pas que j'aurais du en être informée. Je n'étais qu'une femme de chambre, après tout.


Dernière édition par Philippa Montechiaro le Ven 3 Mai - 20:46, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Icon_minitimeMer 1 Mai - 23:18
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Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  S0CwEbDv6X
Dans son carrosse mordoré à l'intérieur tapi de velours bordeaux, Margareth contemplait la campagne londonienne dans laquelle elle pénétrait. Le voyage fut rude et laborieux, même si la distance parcourue était moindre. Avouez tout de même qu'être secouée de droite à gauche pendant plusieurs heures, à rouler sur des chemins cahoteux dans un carrosse, aussi riche et confortable soit-il, tiré par quatre chevaux encore jeunes, n'est pas une situation réjouissante. La Comtesse avait pourtant conscience de sa position avantageuse et savait, mieux que quiconque, qu'elle n'était pas un femme à plaindre. Il n'y avait qu'à ouvrir les yeux pour voir, dans ces champs cultivés et boueux en cette saison, la misère et la pauvreté de la nation. Refermant le rideau épais qui permettait de couvrir l'ouverture du carrosse, Margareth tentait de remettre ses idées en place. Ce voyage n'était pas anodin. Elle avait été convoquée à la cour afin de rencontrer celle qui serait bientôt souveraine. Sa cousine. Celle qui prévoyait depuis toujours de renverser Jane Grey et de prendre le pouvoir. Et qui venait à peine d'y parvenir. La joie l'envahit de savoir un membre de sa famille proche sur le trône d'Angleterre. Mais avant d'assister à un quelconque conseil royal en compagnie de la race politique, Margareth se devait d'aller rendre visite à un vieille amie. Melody.

Un voyage éclair qui permettait cependant à la Comtesse de revoir la propriétaire de la plus belle auberge de Londres. La plus réputée aussi. Et son amie. La ville débordait d'agitation. La foule se précipitait partout sur les routes et sur les bords de la Tamise. Les chevaux de Margareth s'engouffraient dans ce tumulte général, quand, enfin, le carrosse s'immobilisa. Le cocher vint ouvrir la porte, déposa les marches sur le sol maintenant sec et réchauffé par le Soleil, et lui tendit une main bienveillante. Vêtue d'une robe aux tons clairs parée de soieries et de bijoux, la Comtesse s'empressa de la saisir et déposa le pied sur Londres. Le Majestic Rose se trouvait à quelques pas de là. Accompagnée d'un garde pour assurer sa protection, Margareth les entreprit et passa enfin la porte de la luxueuse auberge.

A l'intérieur, un brouhaha général se fit entendre. L'entrée de la comtesse fut cependant remarquée par le plus grand nombre. Il n'était en effet pas très compliqué de deviner le rang de la dame à sa simple vue, et même si l'auberge était très réputée pour ses riches clients, il était plutôt rare qu'elle accueille entre ses murs des gens de haut rangs. La Comtesse fit quelque pas sur le plancher avant de s'arrêter au milieu de la pièce. Plissant les yeux pour mieux voir, elle cherchait Melody des yeux sans pour autant l'apercevoir. C'est en entendant sa voix quelques secondes plus tard qu'un sourire vint fendre ses lèvres en deux. Margareth se dirigea alors vers l'aubergiste et la salua distinctement. Les politesses furent échangées et les nouvelles de leurs familles respectives furent prises. La conversation entre les deux femmes se détourna alors vers une nouvelle venue en ville. Melody lui fit part de son intérêt pour l'art. La jeune fille, Philippa, lui dit-elle, semblait posséder un don tout particulier pour le dessin et la peinture. La Comtesse qui n'était pas pressée par le temps, conseilla à Melody de lui présenter cette jeune fille qui paraissait des plus intéressante. Un poulain à chaperonner était toujours bienvenu à la cours de la Comtesse de Lennox. On indiqua alors la jeune italienne à Margareth qui, de loin, eut tout le loisir de contempler sa beauté fraîche et innocente. D'un signe de tête, elle lui demanda d'approcher. Cette jeune fille lui semblait déjà prometteuse...



    « Jeune fille, mon amie ici présente, m'a fait part d'un sois-disant talent que vous posséderiez », lui lança-t-elle d'un ton à la fois sec et avenant dont elle avait le secret. « En tant que Comtesse de Lennox et cousine de notre nouvelle Reine, je serais ravie de pouvoir contempler quelques une de vos créations si vous le désirez », ajouta la Comtesse.




Dernière édition par Margareth Douglas le Sam 3 Aoû - 12:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Icon_minitimeJeu 2 Mai - 9:54

    J'observais du coin de l’œil l'échange entre les deux femmes. J'étais un peu trop loin pour les entendre mais aux vues des sourires sur leur visage, elles semblaient être des amies très proches. Je me donnais une petite gifle mentale. Mes yeux s'étaient égarés, tenaillés par la curiosité et voilà que j'espionnais, maintenant. Leur conversation ne me regardait pas. Cependant, je ne pouvais m'empêcher d'observer la nouvelle arrivée à la dérobé. Elle avait un beau profil et un port altier. Toute sa personne semblait dégager une sorte d'autorité et d'assurance qui en aurait dissuadé plus d'un de l'aborder. Je me demandais quel était son titre de noblesse. Marquise ? Baronne ? Duchesse ? Ou bien Comtesse ? Cette femme devait vivre dans un magnifique manoir, entourée d'un mari aussi noble qu'elle et de ses enfants blonds aux yeux clairs qui deviendront, à leur tour, des grandes personnes de ce monde. Une petite question titilla encore mon esprit. Quelle était son allégeance religieuse ? Quel était son avis envers la Reine Mary ? Autant mon avis sur le sujet emportait peu, autant celui de cette Dame ne devait pas être négligeable. Était-elle une fervente catholique, adhérant aux idées de la fille d'Henry VIII ? Était-elle une protestante en révolte venue à Londres pour élaborer un plan d'attaque secret visant à libérer la petite Jane ? Ou bien, était-elle une femme se souciant peu de tout cela ? Une épicurienne vivant la vie au jour le jour sans se préoccuper de ces questions politiques tourmentant le pays ? J'avais beau y réfléchir, je ne pourrais le deviner.

    En relevant les yeux de la chaise que je finissais juste d'astiquer, mon regard croisa celui d'un bleu glacial de la noble. Je sursautais de constater qu'elle aussi me fixait. Avait-elle vu que je la regardais ? Lui avais-je fait outrage ? D'un geste sec de la tête, elle m'incita à approcher. J'allais surement me faire réprimander. Pourquoi m’appellerait-elle, sinon ? Je zigzaguais entre les tables et les clients d'un pas peu déterminé et maladroit. Arrivée devant elle, je me demandais quelle était la bonne chose à faire. Je lui servis une courbette peu élégante -et probablement à mourir de rire-.

    _Jeune fille, mon amie ici présente, m'a fait part d'un sois-disant talent que vous posséderiez, m’indiqua-t-elle d'une voix à la fois rude et chaleureuse. En tant que Comtesse de Lennox et cousine de notre nouvelle Reine, je serais ravie de pouvoir contempler quelques une de vos créations si vous le désirez, ajouta la Comtesse.

    Je restais comme deux ronds de flanc, incapable de faire le moindre geste. Cette femme, une comtesse, était la cousine de la Reine ? Je me trouvais devant un membre de la famille royale d'Angleterre. Mon cœur rata un battement puis repartit, tambourinant à tout rompre dans ma poitrine. Et la gérante lui avait parlé de moi ? Mais le plus extraordinaire était probablement que la Comtesse s'intéresse à mes peintures. Je vivais un rêve éveillé.

    _B-bien sur, Madame la Comtesse, balbutiais-je avec un accent à pleurer, je... -quel était le mot, déjà ?- vais les chercher tout de suite.

    Je me courbais une nouvelle fois, un peu tremblante. Je tournais les talons et m'enfuis à l'étage, trébuchant sur tout ce qui se trouvait sur mon chemin. Lui avais-je bien parlé ? Avais-je respecté les codes de présentation ? Oh, mon Dieu, faites que mes peintures lui plaisent. Quelle déception cela serait de la voir jeter un œil distrait sur mes toiles pour me dire que finalement, mon employeuse m'avait encensée pour rien. Et quelle honte cuisante ! Je secouais la tête, désirant chasser mes idées d'échec et les enfouir dans un coin de mon cerveau.

    J'ouvris la porte de ma chambre à la volée et dépliais les rouleaux d'une main fiévreuse. Les plus jolies aquarelles. Les plus jolis croquis. Les plus jolis portraits. Sans conteste, je choisis celui que j'avais fait de Michelangelo, réalisé trois ans auparavant et qu'il m'avait payée sans rien demander en échange. C'était mon préféré. Eh puis, peut-être que la Comtesse voudrait en savoir l'histoire. Je pris son mon coude quelques petites illustrations de campagne toscane et ma plus grande toile, celle d'une représentation de la Tamise que j'avais finie il y avait peu. Je n'en avais pas de meilleures. Je redescendis les escaliers en trombe. Peut-être qu'aujourd'hui était ma chance. C'était un opportunité que je devais saisir. Il n'y en aurait plus de pareille, je le sentais, au plus profond de moi. Ma vie allait prendre un tournant, dans quelques minutes à peine. J'espérais juste que le tournant serait le bon.


Dernière édition par Philippa Montechiaro le Sam 4 Mai - 21:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Icon_minitimeSam 4 Mai - 17:26
Philippa & Margareth

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La démarche maladroite et fluette de la jeune fille qui approchait fit sourire la Comtesse. Elle n'avait pas pour habitude de s'apitoyer sur le sort de quelqu'un d'autre qu'elle même et encore moins quelqu'un qui lui était totalement étranger. Cependant, cette jeune femme et son visage doux à souhait attiraient l'attention de Margareth. Si celle-ci se révélait talentueuse dans son art, elle se verrait peut être récompensée. L’Étrangère paraissait perdue au milieu de l'assemblée générale qui se tenait au sein de l'auberge. Une courbette mal engagée mais pleine de bonnes intentions qui ne laissa pas la Comtesse insensible. Elle parut surprise qu'une femme telle que la Comtesse de Lennox lui adresse la parole et encore plus qu'elle s’intéresse à ses travaux. Mais c'était ainsi. Au contacte de Melody, Margareth devenait plus douce. Une chance pour Philippa. Les quelques mots qu'elle prononça marqués par son accent italien fort appuyé arrachèrent quelques éclats de rire taquins à la mère de famille. Pas de moquerie. De compassion. La brunette disparut ensuite à l'étage, après une seconde révérence des plus tremblante.

L'occasion pour Margareth d'échanger quelques mots avec la propriétaire de l'auberge. Cette dernière ne tarissait pas d'éloges quand il s'agissait de sa nouvelle employée. Elle disait d'elle qu'elle était très soigneuse, et travailleuse. Qu'elle n'était jamais en retard, peu importe de quoi il s'agissait. Qu'elle faisait preuve d'une politesse dont beaucoup devrait s'inspirer et que son sourire en faisait chavirer plus d'un. Le seul reproche que Melody put lui faire fut qu'elle ne parlait pas encore bien la langue mais, disait-elle, « je suis certaine que cela viendra ». La brunette redescendit enfin les marches en bois qui menaient aux chambres les bras chargés de toiles, d’aquarelles et de peintures diverses et variées. De loin, la Comtesse put apercevoir des couleurs rappelant celle d'un coucher de Soleil sur l'une de ces œuvres. Des paysages qu'elle appréciait tout particulièrement.

Installées là, sur le comptoir en chêne massif du Majestic Rose, les travaux de la jeune femme de chambre éblouissaient la Comtesse. Parmi les paysages Florentins se détachait une représentation de la Tamise aux dimensions plutôt impressionnantes comparées à l'allure frêle de l'artiste. Et puis les portraits... Margareth reconnut sans difficulté le grand maître Michelangelo dont la réputation n'était plus à faire. Ce tableau représentant l'un des plus grand artiste du siècle était le meilleur que la Comtesse ait put voir. Les traits fins et appuyés lui donnait des airs réels. Une magnifiscience que Philippa sut dépeindre sur ses toiles. Cette jeune fille possédait un vrai talent. Et personne, en regardant ses oeuvres, ne pourraient lui dire le contraire.



    « Et bien ma chère... La vision de vos toiles me laisse sans voix », lui lança Margareth en posant ses yeux sur la jeune artiste. « Ce sont des doigts de fées que vous avez là », ajouta-t-elle dans un soupir d'admiration. « Permettez-moi de vous demander d'où vous vient un tel talent ? Car il ne peut pas être anodin. »




Dernière édition par Margareth Douglas le Sam 3 Aoû - 12:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Icon_minitimeSam 4 Mai - 21:47

    Debout, à côté de mon employeuse, je regardais, le cœur au bord des lèvres, les yeux froids de la Comtesse passer d'une toile à l'autre sans qu'aucun mot de sorte de sa bouche. Dans ma tête, des tempêtes se déchaînaient et je mourrais d'angoisse et de peur. A l'extérieur, je tâchais de rester aussi impassible et immobile qu'une statut de marbre. D'un calme olympien. Je donnais alors l'illusion paisible d'une fille attendant à quelle sauce elle allait être mangée. En mon fort intérieur, je priais le ciel pour que cette grande dame m'accorde un minimum d'importance. Elle avait dû en voir, des artistes. Des médiocres, des ratés, des bons, des très bons. Des excellents. Ils devaient venir la voir, chercher à la rencontrer pour vendre leurs services, vanter leurs mérites et lui offrir maintes toiles et œuvres. Certains devaient êtres des peintres renommés de la capitale ou d'autres régions d'Angleterre. Quel crédit accorderait-elle à une pauvre petite italienne tout juste débarquée du fin fond de sa campagne florentine ? Je n'étais peut-être qu'un minuscule insecte, un exécrable vermisseau qu'on écrase avec le talon de sa chaussure comparé aux personnes que cette femme avait dû côtoyer. J'avais l'impression que mon cœur allait jaillir de ma poitrine ou que j'allais me mettre à faire des tours de tables en hurlant, sous les regards médusés des clients, de mon employeuse et de la Comtesse mais il n'en fut, bien évidement, rien. Le temps semblait avoir ralenti, juste pour me taquiner et voir à quel point mes nerfs étaient solides.
    Cependant, même si son visage restait imperturbable, je vis une petite lueur d'intérêt éclairer son regard clairs lorsqu'elle tomba sur mon portrait de Michelangelo. Peut-être que mes yeux me jouaient des tours, que je voyais ce que je voulais bien voir mais il n'empêchait, je voulais y croire. Je laissais une sourire timide feindre mes lèvres tremblantes. C'était Michelangelo qui me portait chance. Il m'avait guidé jusqu'ici à demi mot et voilà que peut-être, la fortune me souriait encore grâce à lui.

    _Et bien ma chère... La vision de vos toiles me laisse sans voix, prononça enfin la Comtesse. Ce sont des doigts de fées que vous avez là, soupira-t-elle. Permettez-moi de vous demander d'où vous vient un tel talent ? Car il ne peut pas être anodin.

    Là, j'étais sur le point de pleurer. Ou de m'évanouir. Ou de pleurer puis de m’évanouir. Une fois tombée dans les pommes, je me réveillerais pour sauter au cou de la Comtesse et embrasser ma patronne. Alors, je m’évanouirais à nouveau. Je n'arrivais pas à en croire mes oreilles. Je l'intéressais ! Je l'intéressais vraiment ! C'était le plus beau jour de ma vie. Il serait même peut-être, surement, plus magnifique encore que le jour de mon mariage. Peut-être était-ce grand-père qui guidait ma vie, depuis le royaume de Dieu. Ou bien alors, le Seigneur avait aujourd'hui décidé de répondre à mes prières les plus intimes. Je me sentais si heureuse que j'étais prête à exulter de joie. Le simple fait de me sentir reconnue, estimée aux yeux d'une personne telle que la Comtesse de Lennox me laissait muette d'émotion. Je n'en demandais pas plus. Je venais de faire un pas de géant. La confiance qu'elle venait de me donner n'avait pas de prix. Tout mes doutes venaient d'être effacés. J'étais venue ici pour une raison. Promouvoir les artistes italiens hors de notre beau pays et surtout, réussir. Réussir ma vie, vivre de mes tableaux, me construire une renommée et, peut-être, une carrière. Je savais que cela serait difficile puisque j'étais une femme, j'étais étrangère et j'étais encore bien trop jeune et inexpérimentée mais la Comtesse venait de poser la première pierre à mon édifice qui, je l'espérais, serait aussi beau que la cathédrale Santa Maria del Fiore.

    Malgré tout, un point me gênait un peu. Me demander l'origine de mon coup de crayon avait de quoi me mettre dans l'embarras. En effet, révéler à une personne de son rang ou même à une personne tout court que j'étais la fille de l'enfant bâtarde de Botticelli n'était pas ce qu'il y avait de plus reluisant comme arbre généalogique. J'étais très fière de ma famille mais ce n'était pas le cas de tout le monde. Voire même, ce n'était le cas de personne. Nous avions une triste réputation, à Florence. Si bien que je n'aimais pas vraiment clamer sur les toits que j'étais la fille de Cattocchia Botticelli. De peur des regards mauvais et des yeux méprisants. Devrais-je mentir à cette femme ? Me dire orpheline et que mon "don", si j'osais l'appeler comme ça, venait d'on ne sait où ? Mais jamais je n'oserais. Je n'étais pas de cette trempe et cela ne me ressemblait absolument pas. Comment oserais-je mentir à la Comtesse ?

    _Je... comment vous dire ça sans que cela paraisse inapproprié... réfléchissais-je à haute voix, il n'y a pas vraiment de façon d'annoncer ça avec tact, de toute façon.

    Je pris une grande inspiration, préparant les mots dans ma tête avec minutie.

    _Je suis la petite-fille de Sandro Botticelli. Vous devez surement vous poser des questions, j'enchaînais rapidement, d'ailleurs, peut-être qu'en Angleterre, il n'est pas vraiment connu mais en Italie, il est considéré comme un très grand artiste ! Ma mère est son enfant illégitime et je dessine depuis que je suis petite. J'espère qu'un jour, je deviendrais comme lui et-...

    Je me coupais net. Peut-être l'ennuyais-je ? Ma vie n'étais certes pas très trépide et passionnante. Elle n'en avait probablement rien à faire et puis, dévoiler mes origines bâtardes et les dérouler au nez d'une grande Dame n'était vraiment pas noble de ma part. Je pinçais mes lèvres en une fine ligne et je sentis mon visage se vider de mon sang.

    _Pardonnez moi, je n'aurais pas dû vous importuner avec tout cela.

    Je baissais la tête, honteuse. S'il y avait eu un trou dans le sol de l'auberge, je m'y serrais terrée pour ne plus jamais en ressortir. J'étais mortifiée. En tout cas, si j'avais éprouvé une joie immense il y avait à peine quelques instants, il n'en restait rien.
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MessageSujet: Re: Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Icon_minitimeSam 18 Mai - 13:25
Philippa & Margareth

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Le mutisme de la jeune fille laissait transparaître son état d'exultation. La Comtesse savait que les paroles qu'elle avait prononcées touchaient la jeune artiste. Mais elles avaient le mérite d'être honnêtes. Un don tel que le sien était rare de nos jours. Les gens qui se prétendaient peintres ou sculpteurs étaient toujours incroyablement nombreux, mais ceux qui, parmi eux, avaient un réel talent l'étaient beaucoup moins. Mais la jeune Philippa semblait faire partie de cette dernière catégorie de personnes. Elle était douée. Ses toiles en témoignaient. La Comtesse qui restait impressionnée par le coup de crayon de la brunette ne voulait cependant pas trop en dire sur ce qu'elle pensait, et surtout ne pas se répandre en compliments. Elle avait une réputation à tenir et elle se trouvait dans une auberge. Si la rumeur se rependait que Margareth était prête à prendre sous son aile des artistes de la trempe de Philippa, elle n'en finirait plus d'être assaillie par les demandes du premier venu se prétendant artiste. Une chose qu'elle ne souhaitait pas. La Comtesse appréciait de mener à bien les choses qu'elle entreprenait, une à la fois. Pour être certaine de bien faire. Déjà les projets envisagés pour la jeune artiste fusaient dans l'esprit de Margareth dont l'attention se focalisait sur les travaux, mais son visage pâle restait de marbre.

L'italie restait une terre inconnue pour la Comtesse de Lennox qui n'avait jamais eu l'occasion de voyager dans sa vie, hormis entre le palais de Westminster, le centre de Londres et peut-être l'Ecosse lors de son mariage avec Matthew Stuart. Elle avait eu vent par les dames de sa cour que de nombreux artistes de talents y étaient nés et étaient à présent, très reconnu dans de nombreux pays, comme notamment la France. La curiosité de Margareth avait toujours été très développée. Elle aimait à savoir de nombreuses choses sur de nombreux sujets alors que personne ne peut se vanter de la connaître vraiment. Et cette jeune italienne qu'elle rencontre aujourd'hui, représente certainement la prochaine génération d'artistes dont tout le monde voudra posséder une toiles ou un croquis dans quelques années. Avec un talent comme le sien, c'est un chose indéniable. La vérité sur ses origines ne fit pas ciller la Comtesse qui continuait d'admirer les dessins de la brunette.

    « Peu m'importe que vous soyez de sang légitime ou illégitime, jeune fille », lança sèchement Margareth en jetant son regard froid sur la jeune fille. « Ce qui m'importe, c'est votre talent. », ajouta-t-elle dans un soupir. « Quant à votre grand-père, il me semble avoir entendu ce nom quelque part... S'il est aussi célèbre que vous semblez le dire, je vous souhaite vivement de connaître le même destin. », continua la Comtesse en esquissant un sourire.


Après avoir longuement examiné les différentes toiles et dessins tout aussi travaillés de la petite femme de chambre, la Comtesse s'en retourna vers elle. Son regard attentif avait changé et devenait plus doux. Elle avait dans l'idée de prendre sous son aile la jeune peintre qui semblait porter en elle un souffle nouveau que Margareth appréciait beaucoup. Selon elle, sa place n'était pas à faire des lits et nettoyer les chambres du Majestic Rose, bien que l'auberge soit splendide et très réputée. Mais elle réservait à Philippa, un avenir bien plus prometteur. Mais pour pouvoir le vivre, il faudrait qu'elle abandonne son tablier blanc, au profit de robes mordorées, dignes de la cour de la Comtesse de Lennox.

    « Pardonnez ma curiosité, ma chère, mais j'aimerais beaucoup connaître vos motivations », se renseigna Margareth. « Dites-moi, un peu plus en détails, ce qui vous a poussé à quitter votre beau pays pour venir en Angleterre », confia-t-elle dans un sourire en coin. « Qui sait ce qui peut vous arriver après tout ? Votre destin va peut-être basculer. Je vous écoute », continua la Comtesse.

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MessageSujet: Re: Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Icon_minitimeVen 28 Juin - 15:26

    Les paroles sèches et froides lancées par les Comtesse détonnaient avec le fond même de ce qu'elle venait de dire. C'était bien la première fois qu'on me disait que mes origines bâtardes ne pesaient pas lourd dans la balance. A Florence, tout le monde connaissait ma tristement illustre famille. Nous avions souvent été montrés du doigt, regardés de haut et méprisés. Mes peintures, mes dessins et ma personne même s'en étaient retrouvées réduits à mon grand-père et à sa faute. Pour tout le monde artistique de la citée des Medicis, je n'étais que "la petite fille bâtarde de Sandro Botticelli". Cela par les hauts nobles de la ville, bien sûr. Les petites gens n'en avaient que faire. Alors qu'une femme du rang de la Comtesse de Lennox privilégiait ce qu'elle osait appeler mon "talent" m'emplissait d’allégresse. Peu importait le ton qu'elle avait employé pour le dire. Le fait qu'elle ne connaissait pas mon grand-père et ses œuvres me rendit un peu plus confiante également. Son ombre avait pour habitude de me poursuivre, en Italie. Ici, à Londres, je pouvais tout reprendre à zéro. Je n'étais plus la "petite-fille de". J'étais Philippa.
    Avec un demi-sourire, la femme se replongea dans l'observation de mes toiles. Je me tortillais, gênée et mortifiée d'angoisse alors que ses yeux de glace passaient au cribles mes coups de crayon que je trouvais encore maladroits. J'avais l'impression d'avoir en face de moi la milice anglaise prête à me faire passer un interrogatoire pour un crime que je n'avais pas commis. La Comtesse reporta son attention sur moi et je me sentis défaillir. Je lui adressais un timide sourire et glissais une de mes mèches brunes derrières mon oreille.

    _Pardonnez ma curiosité, ma chère, mais j'aimerais beaucoup connaître vos motivations, me demanda la noble. Dites-moi, un peu plus en détails, ce qui vous a poussé à quitter votre beau pays pour venir en Angleterre, souria-t-elle. Qui sait ce qui peut vous arriver après tout ? Votre destin va peut-être basculer. Je vous écoute.

    Mon rythme cardiaque s'accéléra dans ma poitrine et je le sentis venir se bloquer dans ma gorge. Pour où commencer ? Que pouvais-je bien lui répondre ? J'ouvris ma bouche avant de la refermer. Je la rouvrit. Et l referma. Je devais ressembler à un poisson qu'on venait de tirer hors de l'eau. Prise au dépourvu, je restais coite de surprise, morte de honte.

    _Aux vues de mes... origines,
    commençais-je d'une voix rauque, le moins que l'on puisse dire est que ma famille a mauvaise réputation. Et cela entachait mes perspectives de progression dans le monde artistique. Du moins, j'en avais l'impression.

    Bon, mon premier argument, le plus compliqué a expliquer, venait de sortir de ma bouche. Une bonne chose de faite ! Je me recomposais un sourire et m'encourageais à continuer. Si mon destin était en train de changer, autant le faire avec une mine acceptable, n'est ce pas ?

    _Il est également à savoir que l'Italie, et plus particulièrement Florence, regorge d'artiste en tout genre et je craignais de m'étouffer dans pareil foisonnement. Dire que la compétition est forte est un euphémisme. Pour moi, elle est excessive. Et certains n'usent pas des méthodes les plus charitables pour s'offrir un mécène... Ma réputation n'aidant pas, ce fut une des principales raisons de mon départ.

    Je repris ma respiration, marquant une courte pause en tenant de sonder le regard de la Comtesse, espérant y déceler de l'intérêt ou ne serait-ce qu'une lueur m'indiquant ses sentiments quant à mes explications. Mais je n'arrivais pas à soutenir son regard d'acier plus de trois secondes sans ciller.

    _Il me fallait donc partir. C'est le maître Michelangelo qui a motivé mon départ pour l'Angleterre.


    Je plongeais alors mon regard dans le dessin au fusain du vieillard dont la barbe, trop longue, n'avait pas pu être représentée dans sa totalité sur la feuille blanche. Je revoyais encore l'éclat mutin dans ses yeux si clairs et vifs. La mélancolie m’enserra un instant.

    _Je l'ai rencontré à Florence, alors que je dessinais pour me faire de l'argent. J'ai fait ce portrait à cette occasion, dis-je en montrant du menton son croquis. Il m'a reconnue de suite mais je dois bien avouer que j'avais pas de visage à mettre derrière ses toiles de maîtres qu'il m'était arrivée d'observer. Si bien que je l'ai dessiné sans même savoir qui il était. Je ne l'ai su que lorsqu'il est parti en me laissant le dessin. C'est lui qui m'a mit sur la voie de Londres.


    J'étouffais un rire en me remémorant ses paroles.

    _Il m'a dit que la Coure Royale d'Angleterre était aux mains des peintres hollandais et qu'un peintre italien se devait de leur montrer de quel bois nous nous chauffions. J'ai pris ses paroles au pied de la lettre. Et me voici.


    J'écartais les bras pour me présenter, me désigner à la Comtesse dans toute ma misère. Avec ma vieille robe rapiécée, mes cheveux en bataille, mes doigts tâchés d'encre et de peinture écaillée. Je lui souris sincèrement en espérant profondément qu'elle ait su saisir l'importance de sa décision pour ma petite personne.
    Hé bien sinon, tant pis. Je m'étais fait le vœu de réussir. Si ce n'était pas aujourd'hui, cela serait probablement pour demain. Peu importait.


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MessageSujet: Re: Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Icon_minitimeSam 3 Aoû - 17:02
Philippa & Margareth

Non tutto è oro ciò che luce


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La stupeur figée dans le regard de la jeune artiste arracha un demi sourire à la Comtesse. Elle se doutait bien de l'impression que cela devait donner à la jeune demoiselle de voir qu'une femme telle qu'elle pouvait se montrer intéresser par sa propre personne et ses surtout ses œuvres. Elle semblait ne pas avoir une grande confiance en elle. Ses quelques mots balbutiés timidement en témoignaient. Margareth en revanche, elle, avait confiance en la petite italienne. Elle savait reconnaître le talent quand elle le voyait. Et cette jeune fille ne manquait pas de ressources en matière artistique. Son coup de crayon, même si il semblait manquer d'expérience par endroit, promettait déjà de grandes choses. Les attitudes et la gestuelle de l'artiste trahissaient son impatience. Elle semblait attendre un mot, une paroles ou un avis clair et précis sur ses toiles de la part de la Comtesse. Et la Comtesse le lui donnerait. Mais pas maintenant.

Celle qui se dénommait comme la bâtarde de Boticelli enchaînait alors les arguments. Expliquant son départ de cette si belle région qu'est Florence. Margareth n'avait jamais eu l'occasion de partir si loin de chez elle. La plupart du temps, elle voyageait vers l'Ecosse ou reliait simplement son palais de Westminster à celui de Whitehall pour rendre visite à la Reine. Les grandes aventures, ce n'était pas vraiment sa tasse de thé. Mais si elle avait dû faire deux voyages dans sa vie, alors elle aurait probablement choisi la France et l'Italie. Peut être qu'un jour, l'occasion lui serait donnée. Philippa, elle, continuait de débiter toutes ses justifications. La Comtesse l'écoutait attentivement, fronçant parfois les sourcils en signe d'entente formelle. Malgré tout, la jeune brunette paraissait intimidée par Margareth. Ne parvenant pas, ou peu, à la regarder dans les yeux plus de deux ou trois secondes.


    « Comme je vous comprend », acquiesça la Comtesse. « Il semble que parfois, la meilleures des solutions soit tout simplement de partir. Vous avez eu raison, ma chère. De plus que je vous trouve moi-même ici, alors il me semble que votre mission soit réussie », continua-t-elle en souriant encore un peu plus à la jeune fille. « Votre talent est incontestable chère enfant. Ce serait une grave erreur de ma part de vous laisser filer au profit d'un autre plus tard... »


Il faudrait maintenant concrétiser les choses. Margareth n'aimait pas trop de devoir faire traîner ce genre d'affaire quand il s'agissait d'initiatives personnelles. Et celle-ci en était une. Elle pouvait faire preuve d'une grande patience pour tromper ses rivaux mais l'était beaucoup moins lorsqu'elle pouvait se le permettre. Ici, rien ne pouvait l'atteindre. Alors pourquoi attendre plus longtemps ? La Comtesse était sûre de son choix. Elle l'était déjà lors du premier coup d'oeil jeté sur les toiles de la jolie étrangère. Sa décision était prise.


    « J'aime vos toiles », lâcha alors Margareth. « Que diriez-vous de m'accompagner au château de Westminster ? J'aimerais beaucoup vous... Parrainer. »

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MessageSujet: Re: Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Margareth & Philippa ❈ Non tutto è oro ciò che luce  Icon_minitimeMar 6 Aoû - 10:27
    Les secondes s'égrainaient au rythme haletant de mon cœur. La Comtesse souriait. Était-ce bon signe ? En règle générale, oui. Mais, après tout, ces anglais avaient des mœurs différentes des nôtres. J'avais fait de mon mieux pour exprimer ma détermination et ma motivation. C'était tout ce que je pouvais faire. Qu'aurais-je pu dire de plus ? Mes peintures et de la bonne volonté. C'était tout ce que j'avais et que j'aurais jamais. D'ailleurs, que pourrais bien prononcer cette noble dame ? « C'est très beau, félicitations, fillette. Bon, mon carrosse m'attend, bonne chance » ou encore « Les peintres hollandais sont bien plus fins. Vos portraits ressemblent à de grotesques caricatures. A jamais ! ». Ah, les goûts et les couleurs... A Florence, mon travail était un peu reconnu et je me savais plutôt pas mauvaise avec un pinceau et une toile... Mais ici ? Leurs artistes officiels étaient hollandais. Leur art était bien loin du mien et de celui des italiens en général. Peut-être était-ce ce qu'ils préféraient. Mes peintures seraient alors considérées comme des immondices ambulantes. Cependant, la Comtesse semblait impressionnée. Simple curiosité ou réel intérêt ? Oserait-elle me dire « Viendrez-vous avec moi dans mon immense et magnifique château que je vous garnisse de robe pour que vous accrochiez vos toiles sur mes murs ? ». Je remuais la tête et me giflais mentalement. Ne prends pas tes rêves pour des réalités, Philippa Montechiaro.

    L'amie de la gérante du Majestic Rose continua en soutenant mes propos. Je retins mon souffle et serra les plis de mes jupes. Avais-je bien entendu ? Elle entendait et donnait sens à mes arguments ? Que sous-entendait-elle ? Ou alors, jouait-elle avec mes nerfs ? Je sentis mon cœur enfler dans ma poitrine et je jetais un regard plein d'espoir vers mes toiles posées sur le bois de la table, puis vers la Comtesse. Celle-ci marqua une pause. Le sourcil froncé, les yeux dans le vide, elle semblait réfléchir intensément. Je scrutais son visage concentré avec attention avant de détourner le regard une nouvelle fois. Allait-elle me donner la chance que j'attendais depuis maintenant un an ? Depuis que j'étais arrivée dans la grisaille brumeuse de Londres ? Non. Me permettrait-elle d'atteindre le rêve que je regarde de loin depuis que je sais tenir un crayon ? J'avais le sentiment que oui.

    D'une voix lasse, elle exprima tout bonnement son affection pour mes œuvres. Déjà ravie, je laissais un sourire éclater sur mon visage. Puis, elle me parla de parrainage. De l'accompagner au château de Westminster. Tout se passait très vite. En quelques minutes, j'allais peut-être passer de simple femme de chambre à artiste sous contrat avec un mécène. Je dissimulais mes mains tremblantes d'excitation dans ma robe. Je retins les larmes de joie bloquée dans ma gorge en mordillant mes lèvres. Était-elle sérieuse ? Proposait-elle de m'accueillir en sa demeure et de se porter garante de mes toiles ?

    _C'est une vraie proposition sérieuse ? Commençais-je d'une voix chevrotante. Je ne sais pas quoi dire...

    Je déglutis bruyamment et chassa les mèches folles qui tombaient sur mon front brulant. N'étais-je pas en train de rêver ? Je lançais un regard vers ma patronne.

    _J'accepte ! Souris-je. J'accepte avec joie !

    J'étais tentée de sauter au cou de la Comtesse et de l'embrasser sur les deux joues, mais je restais clouée sur place, à la fois par la surprise et par les bonnes mœurs.

    _Que dois-je faire ? Demandais-je à la gérante de l'auberge, puis-je quitter le Majestic Rose ? N'ai-je aucune contraintes quant à cet emploi ? Je ne voudrais pas que mon départ vous importune...

    Je reportais mon attention sur la Comtesse et ravalais mon emportement soudain. Je n'étais plus une petite fille. Je devais me comporter en professionnelle. Mais ma joie transparaissait sur mes traits et je n'arrivais pas à me contenir. Je révérençais devant mon premier mécène.

    _Si Madame la gérante me permet de démissionner, je suis à votre service immédiatement.

    Mes joues s'empourprèrent de joie et de gêne. Peut-être venais-je juste de pousser la lourde porte qui me séparait de l'Art, le vrai. Celui de mon objectif. J'allais devenir quelqu'un. Une artiste reconnue. Je voulais y croire.

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