Sujet: Catherine Willoughby ❈ Nobody will take what is mine Dim 28 Juil - 20:07
Catherine Willoughby
"I have made my choices. Don't you dare take them away from me."
TON PERSONNAGE
PRÉNOM & NOM Catherine Willoughby AGE 34 ans DATE DE NAISSANCE 22 mars 1519 ORIGINE Anglaise SITUATION FAMILIALE Veuve de Charles Brandon, j'ai épousé il y a peu Richard Bertie. Mes deux fils sont morts il y a deux ans. MÉTIER Ancienne duchesse de Suffolk et actuelle Baronne Willoughby de Eresby QUALITÉS Intelligente - loyale - fidèle - courageuse DÉFAUTS Mordante - Intrigante - Rancunière GROUPE Noblesse anglaise CRÉDITS Insuline
LE JOUEUR
PSEUDO Mel. AGE 19 ans. OU AS-TU CONNU LE FORUM? Je suis Philippa TON AVATAR La magnifique Michelle Dockery. VOTRE PERSONNAGE EST-IL HISTORIQUE OU FICTIF? Historique. VOULEZ-VOUS ÊTRE PARRAINÉ? Ça devrait aller, je commence à me faire à la maison
Audience devant la reine.
▬ QUELLE EST VOTRE RELIGION ET QUE PENSEZ-VOUS DES CHANGEMENTS RELIGIEUX DU PAYS? Comment ? Vous connaissez mon nom mais vous ne connaissez pas ma foi ? Alors, vous ne me connaissez pas. Je vais tout de même vous le dire, même si notre bonne Reine risquerait de me faire trancher la tête pour cela. Protestante. Je suis protestante. Regardez derrière vous, un espion pourrait vous avoir entendu. Voyez-vous, maintenant, nous ne pouvons plus nous exprimer librement sans courir le risque de nous voir brûler parmi les flammes. La Réforme devrait être acceptée. Elle doit être acceptée. Pourquoi Mary s'obstine-t-elle ? Nous n'abandonnerons pas.
▬ QUE PENSEZ-VOUS DE LA NOUVELLE REINE D'ANGLETERRE? Impitoyable. Nous nous connaissons depuis l'enfance. J'ai grandi à la Cour. Elle aussi. C'était une enfant adorable. Douce et aimable. Jamais je n'aurais pu imaginer ce qu'elle allait devenir. Ce monstre de cruauté. Cette tueuse de protestants. Qu'ils soient hommes, femmes, enfants, vieillards... Je comprends que sa vie ne fus pas heureuse. Tout comme la mienne. Cependant, je ne suis pas devenue une femme sans cœur. Du moins, je l'espère. Les choses ne peuvent continuer ainsi.
▬ QUE PENSEZ-VOUS DE JANE GREY? Cette enfant est de ma famille. C'est la fille de Frances Brandon, elle-même fille de mon premier mari, le Duc de Suffolk. Je m'occupe de sa jeune sœur, Mary, depuis un certain temps. Du moment où j'appris son emprisonnement, je mis tout en œuvre pour la secourir. Et je continuerais. Jusqu'à son ou mon dernier souffle. Je ne peux l'abandonner en haut de la Tour. Le trône lui revient de droit. Mary n'est qu'une usurpatrice.
▬ AGISSEZ-VOUS DANS L'OMBRE POUR VOTRE CAUSE OU VOTRE FOI, SI OUI QUE SERIEZ-VOUS PRÊT A FAIRE ? Quelle question idiote ! L'êtes-vous, d'ailleurs ? Bien sûr, que je suis prête à tout. Le protestantisme mérite sa place en Angleterre. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour faire entendre nos voix. Même si cela signifie se cacher dans des caves humides comme des criminels. Nous ne pouvons plus nous laisser écraser pour l'ire des catholiques. La rébellion est en marche. Prenez garde, pourceaux.
Dernière édition par Catherine Willoughby le Mar 30 Juil - 11:38, édité 3 fois
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Sujet: Re: Catherine Willoughby ❈ Nobody will take what is mine Dim 28 Juil - 20:07
The girl before the woman
Mère pleurait. Ses yeux sombres d'espagnole versaient de grosses larmes bien rondes coulant sur son visage qui, d'ordinaire si doux, était contrit par la douleur. Père, lui, regardait sa femme et le corps de son premier fils, Henry. Pâle comme un linge et frêle comme un roseau, sa silhouette inerte reposait sur son immense lit dont les draps étaient aussi blanc que sa peau. Son minuscule corps d'enfant semblait noyé dans cette couche trop grande qui semblait le dévorer. Il avait l'air si fragile, si faible... Je ne savais pas quoi faire, face à tant de tristesse. J'aimais mon frère, je l'aimais vraiment. Mais je ne comprenais pas. Est-ce qu'Henry n'ouvrirait plus jamais les yeux ? Est-ce qu'Henry ne jouerais plus jamais avec Francis et moi ? Est-ce qu'Henry ne rirait plus jamais avec nous ? Il était malade depuis quelques semaines. Il n'avait pas arrêté de tousser et il n'arrivait plus à sortir de son lit. Mère nous avait interdit, à Francis et moi, de nous approcher de lui. Mais ce n'était pas drôle, de jouer sans lui. Père nous avait promis que ce n'était pas grave et qu'il irait mieux. Alors pourquoi pleuraient-ils, maintenant ? Pourquoi Henry ne bougeait-il plus ?
Un toux violente et sèche fit sursauter Mère qui se précipita dans la chambre voisine. Je restais avec Henry, à regarder Père d'un air interrogateur. D'un coup de tête, il me fit comprendre que je devais suivre Mère et le laisser seul. J'obéissais. Francis transpirait beaucoup et Mère s'empressa de lui poser un linge frais sur son front clair. Elle lui murmura des paroles rassurantes au creux de l'oreille, malgré sa voix tremblante et les larmes qui lui brouillaient les yeux.
_Catherine, m'appela-t-elle dans un soupir.
J'adorais mon prénom. Mes parents me l'avaient donné parce que c'était celui de la Reine. Mère, comme la femme du Roi d'Angleterre, était espagnole et elle travaillait depuis de longues années à son service, en tant que dame d'honneur. Elle m'en parlait souvent, quand elle revenait à la maison. La Reine était quelqu'un de bon. J'aurais bien aimé la rencontrer mais je n'étais jamais sortie de Parham.
D'un air grave, je m'approchais de ma mère et de mon frère qui respirait avec difficulté. Ses inspirations étaient erratiques et ses expirations étaient courtes, hachées, bruyantes. Droite comme un i, je m'assis sur le lit de Francis et pris les mains tremblantes de ma mère. Elle étouffa un nouveau sanglot. Je me demandais pourquoi j'avais le droit de m'approcher de mes frères, maintenant. Je risquais de tomber malade, moi aussi, non ? Bien sûr, je guérirais, mais je n'aimais pas être malade. Quelquefois, mes frères faisaient semblant d'avoir de la fièvre pour ne pas aller s'entraîner avec Père ou s'instruire avec les théologiens. Je voyais clair dans leur jeu mais je me gardais bien de tout cafter à mes parents.
D'un seul coup, Francis arrêta de geindre. Ses yeux ouverts me fixaient d'un air morne et vide, tels deux globes exorbités. Sa bouche entrouverte ne soufflait plus.
_Il est guéri ? Je demandais en tapotant gentiment la joue de mon frère.
Mère m'arracha d'un geste à lui et frotta mes mains avec une serviette propre, posée à côté du lit.
_Ne le touches pas ! Hurla-t-elle, hystérique.
Elle ne répondit pas à ma question. Je n'aimais pas que l'on ne réponde pas à mes questions. Je n'aimais pas ne pas savoir.
_Est-ce-que Henry et Francis sont guéris ? Répétais-je d'une voix dure.
Mère se remit à pleurer tandis qu'elle essuyait encore et encore la paume de mes mains qui, pourtant, étaient propres. _Ils sont morts, Catherine.
Je me retournais pour voir que Père était, lui aussi, entré dans la chambre. Dans sa grosse barbe brune des larmes se perdaient. Alors, je me mis à pleurer aussi.
*
Je regardais le corps de mon père. Comme celui de mes frères, deux ans auparavant, la mort avait fait blanchir ses traits sérieux. Vêtu de ses plus beaux et plus riches habits, il était allongé, les mains croisées sur son large torse. C'était le deuxième jour de veille et j'étais épuisée. Mère était partie pour une urgence à la Coure, au service de la Reine Catherine et j'étais restée seule, avec les domestiques. J'avais pleuré. Énormément. Mais pas autant que ce à quoi je m'attendais. J'étais bouleversée. Mais une nouvelle fois, je n'étais pas ivre de tristesse. Tout cela était étrange. J'étais abasourdie par mon comportement et c'était ce qui m'inquiétait. Père allait me manquer, c'était certain. Nos discussions, sa présence... Tout serait beaucoup plus vide sans lui. Pourtant, je m'étais déjà faite à l'idée. Peut-être étais-je maintenant habituée à la mort ? Peut-être était-elle devenue la compagne de route qui m'arracherait tous ceux que j'aimais ? Intérieurement, je priais pour que ma mère, le dernier membre de ma famille, reste auprès de moi. Bien qu'elle ne soit pas souvent à la maison, je la savais au moins en vie.
Puisque Francis, Henry et Père étaient maintenant partis, le premier conseiller de la maison m'avait annoncée, quelques heures après l'annonce officielle de la mort de Lord Willoughby, que j'étais l'héritière légitime. J'avais accepté la nouvelle du haut de mes sept ans, sans sourciller. Trente manoirs dans le Lincolshire et la même nombre dans le Norfolk et Suffolk. Une rente considérable que je recevrais tous les ans et une sommet d'argent non-négligeable. « Une des plus grande héritières de ce siècle », m'avait-il dit avant de de fièrement tonitruer que je devenais maintenant la pupille du Roi Henri VIII. Quitter la maison me ferrait du mal, j'en avais conscience. C'était la seule et unique chose que j'avais toujours connu. Je ne me sentais pas d'être envoyée à Londres. D'être envoyée à la Coure. Mais je pourrais être plus souvent avec Mère.
Je touchais du bout des doigts le front de porcelaine de Père. Il avait l'air si paisible. On aurait pu croire qu'il ne faisait que dormir, paisiblement. Je rallumais une bougie et la déposais sur la table de bois sombre, à côté du lit. La lune, continuait de briller, à l'extérieur. Dehors, le jardin bruissait du bruit d'animaux nocturnes. Je me levais et m'approchais de la fenêtre. J'essuyais les larmes qui commençaient à perler sur mes joues. Même si je n'osais l'avouer, j'étais effrayée. Terrorisée par ce qui allait m'attendre. Je voulais arrêter d'y penser, m'enfuir là où personne ne pourrait me retrouver. Dans les bois, peut-être. Me fondre dans la forêt et ne jamais en ressortir. Partir, abandonner les responsabilités qui m'attendaient. Je ne voulais pas revêtir le même masque fatigué et dur de Père, celui qu'il avait gagné avec toutes ces années de travail, d'inquiétudes et d'angoisses.
Je me détournais du paysage nocturne, embrassais une dernière fois la joue de mon père et fermais la porte sans me retourner.
Dernière édition par Catherine Willoughby le Lun 29 Juil - 19:57, édité 5 fois
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Sujet: Re: Catherine Willoughby ❈ Nobody will take what is mine Dim 28 Juil - 20:08
The woman before the Duchess
Je vis Mère rouler en boule et jeter la lettre sur son petit bureau, dans un geste de rage excédée. Elle plongea son visage dans ses paumes en marmottant des mots de menaces en espagnol. Curieuse et inquiète, je m'approchais d'elle et posais une main timide sur son épaule frémissante. Elle ne leva pas la tête à mon contact mais m'ordonna d'une voix aiguë et hargneuse :
_Lis cette horreur, Catherine ! Tu verras à quel point la bêtise des hommes n'a aucune limite.
Je tendis la main pour saisir la petite boule de papier et la défroissais consciencieusement. L'écriture serrée et anguleuse était définitivement celle d'un homme. Je m'installais dans un des fauteuils rembourrés de la chambre que je partageais avec Mère.
Écrite le 8 janvier 1528 à Suffolk
Belle-sœur,
Je ne vous demanderais pas si vous et Catherine vous portez bien. Je n'ai aucune envie et aucun intérêt à connaître votre état de santé. Pour ma part, je suis plutôt en colère. N'osez même pas me demander pourquoi.
Ne croyez pas que je suis un idiot, vous me sous-estimeriez. Et que serais une femme sous-estimant un homme sinon un sotte doublé d'une inconsciente ? Ce que, par ailleurs, je crois que vous êtes. Pensiez-vous réellement que j'allais me laisser doubler par la veuve de mon regretté frère William et sa fille, à peine sortie du ventre de sa mère ?
Je sais que William a laissé des documents. Des documents pour moi. Il n'aurait pas tout légué à son unique fille, bien qu'elle soit son héritière légitime. Il n'aurait jamais oublié le frère aimant que je suis. Des oreilles et des bouches indiscrètes m'ont reportées l'existence de papier en mon nom signés de la main de William. Selon eux, plusieurs manoirs, des terres et une coquette somme d'argent me reviennent de droit. Tout ceci m'appartient. Votre fille et vous même n'en reverrez plus jamais la couleur lorsque j'en aurais pris possession. Vous me faîtes languir depuis bien trop longtemps. Voilà un an que j'attends la reconnaissance de vos fautes et vous restez muette, ma dame. Sachez que je n'en resterais pas là. J'engagerais des poursuites contre vous. Que vous me les rendiez maintenant ou que vous refusiez de céder.
Je suis mécontent. Je ne laisserais jamais votre enfant jouir de ce qui est a moi. Le monde devrait savoir que « la plus riche héritière de ce siècle » n'est qu'une imposture plus grosse que le plus beau joyau de la Reine. Je ne suis épris que de justice et mes intentions sont on ne peut plus nobles. C'est vous et uniquement vous qui me contraignez à avoir recours à de telles mesures.
J'attends depuis trop longtemps,
Sir Christopher Willoughby
Je mis quelques minutes à digérer la nouvelle et relus la lettre plusieurs fois pour être sûre d'avoir bien assimilé toutes les informations. Mon oncle nous déclarait la guerre ? Soit ! Qu'il vienne. Je me savais en mon bon droit.
_Je ne laisserais personne me voler ce qui est à moi, sifflais-je entre mes dents.
*
Et en effet, personne ne m'avait voler ce qui m'appartenait. Trois mois après cette énième lettre de menace, le Roi avait vendu son titre de propriété sur ma petite personne à son beau-frère, le Duc de Suffolk, Charles Brandon. L'homme, droit et juste, était intervenu dans cette affaire de vol de biens après que je me fus confessée à lui. Il avait envoyé une lettre au Cardinal de Wolsey pour raisonner Sir Christopher Willoughby d'une façon plus ou moins musclée. J'avais observé mon oncle apeuré et ridicule s'écraser sous le poids de ma vengeance. « La colère du Cardinal est bien pire pour moi que la mort » avait-il écrit. Le lâche ! Je me délectais de lire cette phrase, encore et encore. La partie avait été finement jouée. J'ai gagné, mon oncle. Échec et mat.
Assise devant la fenêtre de ma chambre, je regardais Londres s'étaler sous mes pieds, les petites gens grouillant à travers les ruelles sales et sinueuses. Vêtue de ma robe blanche la plus immaculée, je redoutais les instants qui arrivaient. Comme le Seigneur avait décidé que ma vie ne serait qu'une succession de malheureux déboires, il avait dû m'enlever le seul sentiment de victoire que j'avais ressenti de ma vie pour le remplacer par un nouveau deuil et de nouveaux ennuis. Mary Tudor, la femme du Duc de Suffolk était morte, il y avait quelques jours et j'assistais aujourd'hui à ces funérailles. Ma compagne la mort m'avait suivie. Une nouvelle fois, j'avais pleuré celle qui avait été une seconde mère pour moi. Et une nouvelle fois, ma superficielle tristesse fut vite remplacé par de nouveaux tourments, autrement plus vicieux que l'aveugle désespoir de la perte d'un être cher. La Reine Catherine d'Aragon était en danger. Et, de ce fait, ma mère et moi-même également. Le Roi avait une nouvelle lubie. Une femme, du nom d'Anne Boleyn. Cette lubie avait vite muté en un problème autrement plus grave. Cette sorcière de femme l'avait poussé au mariage et à l'annulation de celui de la Reine Catherine. On l'avait renvoyé comme un chien, dans une maison éloignée de la Coure. Bannie de tous et interdite de visite. A sa place, la Boleyn exultait. Je haïssais cette femme. Ses yeux n'étaient que pur vice et méchanceté. Comme si cela ne suffisait pas, cette union avait divisé le royaume. Catholique ou protestant ? Protestant ou catholique ? Cette question avait fait couler bien plus de sang sur l'échafaud que toutes les guerre de ces dix dernières années. Mère avait été renvoyée dans sa maison du Barbican en raison de son amitié avec la vraie Reine et je m'étais retrouvée seule au Palais, sous la surveillance du Duc endeuillé. Cette reine de pacotille ne s'était malheureusement pas arrêtée là. En raison de son statut instable, elle s'en prenait à chaque héritier du trône, plus ou moins éloigné du Roi. Sa fille aînée, Mary. Les enfants du Duc de Suffolk : Frances, Eleanor et même Henry, qui m'était promis. Je pouvais entendre ses complots ruisseler dans les couloirs et venir s'engouffrer sur le pas de porte de ma chambre, avant de venir m'étouffer dans mon lit. Quelqu'un lui ferrait payer.
On toqua, trois coups secs résonnèrent. Je me levais lentement. L'heure n'était pas à la haine. Je me devais d'aller pleurer Mary Tudor.
*
Mère n'avait pu qu'accepter. Qu'aurait-elle pu attendre de mieux pour moi ? Rien. Absolument rien. Mon mariage futur avec le Fils de Charles Brandon, Henry, l'avait déjà toute remuée de bonheur. Alors, quand je lui avais écrit que le Duc de Suffolk lui-même souhaitait m'épouser, je ne pus qu'imaginer sa réaction. Trois jours plus tard, je recevais la lettre confirmant les épousailles. Après avoir été offerte sur un plateau d'argent au Roi puis, contre de l'argent au Duc de Suffolk, voilà qu'on m'enroulait dans une magnifique robe blanche pour qu'il m'embrasse et m'appelle sa femme. Malgré la différence d'âge, malgré la situation de l'Angleterre actuelle et malgré tout, je savais qu'il m'aimait. A la mort de sa femme, il n'avait cessé de me couvrir de présents, tous plus beaux les uns que les autres. Des mots étaient parvenus à mes oreilles. Il voulait m'épouser. Pouvais-je m'y opposer ? Certainement pas. L'homme qui me semblait être un membre de ma famille allait vraiment en devenir un. Mais pas dans le sens auquel je m'attendais. C'était étrange. Toute ma vie était étrange. Ponctuée de joies bien vite effacées pour laisser place à de plus grands malheurs. Mon mariage était-il un bonheur ? Stricto sensu, c'était un bonheur. J'allais recueillir le titre de Duchesse de Suffolk, j'allais être reconnue... Mais était-ce ce que je souhaitais ? J'étais riche. J'étais jeune. Mon cœur voulait-il que j'épouse l'homme qui pourrait être mon père ? Il n'y avait pas de place pour les sentiments à la Cour d'Angleterre. Il n'y en avait jamais eu. Alors, pourquoi diable me posais-je la question ?
Les demoiselles d'honneur m'aidèrent à me redresser et finirent de me vêtir, de me coiffer, de me préparer. L'heure était venue. L'hésitation ne devait plus être. On me guida jusqu'au lieu Saint, décoré pour l'occasion. Je luttais contre l'angoisse qui serait ma gorge. Même si je tâchais de me montrer infaillible, je ne pouvais empêcher mon cœur de flancher. Lorsque je remontais l'allée, mes pas étouffés par le lourd tapis de velours qui recouvrait les dalles froides de l'église.
Quand j'entraperçus les yeux de Charles, mes doutes se dissipèrent instantanément. Comme par magie, mes yeux s'ouvrirent réellement et je compris que tout se passerait bien. Pour la première fois de ma vie, je me trouvais face à l'évidence. Face à une joie qui me fit tout oublier. Arrivée à sa hauteur, il emprisonna mes mains blanches dans l'étau des siennes et, après l'interminable discours du religieux, posa ses lèvres sur les miennes. Sa barbe me chatouilla les joues et le menton et je lui offris un sourire sincère.
J'étais la Duchesse de Suffolk.
Dernière édition par Catherine Willoughby le Mar 30 Juil - 13:21, édité 8 fois
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Sujet: Re: Catherine Willoughby ❈ Nobody will take what is mine Dim 28 Juil - 20:08
The Duchess before the mother
Je caressais avec affection et douceur mon ventre rebondi tandis que Henry bavait sur l'épaule de son père. Mon fils était magnifique. Une peau blanche, des yeux clairs et de lumineux cheveux blonds. Il ne me ressemblait en aucun point. Il n'avait pas hérité de mes prunelles sombres et de ma chevelure brune. Cependant, je le savais comme moi. Henry serait le digne fils de son père, c'était un fait, mais il serait aussi le digne fils de sa mère.
_Donnez le moi, demandais-je à Charles, je veux l'embrasser.
Il ne m'obéit pas et préféra afficher un sourire narquois.
_Ne voudriez-vous pas m'embrasser d'abord ?
Je fis la moue en levant les yeux au ciel.
_Si vous insistez.
Il ne se fit pas prier et nous gloussâmes tout deux comme des adolescents se faisant la coure. Il laissa mon fils dans mes bras et je le cajolais, le complimentant, l'appelant le plus bel enfant du monde et la prunelle de mes yeux. A cet instant précis, j'étais heureuse. Ma famille allait bien. Henry était fort et vigoureux. Il recevrait une éducation protestante dès qu'il serait en âge de comprendre et j'en ferrais un homme bon et bien élevé. Charles, bien qu'un peu fatigué, ne cessait de se montrer prévenant et attentionné envers moi. Moi, qui était enceinte jusqu'au yeux. La grossesse se déroulait bien. J'étais épuisée, bien sûr, et j'avais hâte que l'enfant me hurle dans les oreilles, mais je n'étais pas à plaindre. Ma vie était une idylle sur laquelle personne ne poserait ses sales pattes. Je ne le permettrais pas.
Une douloureuse contraction me fit tressauter.
_Oh, Seigneur, marmonnais-je en faisant les gros yeux à mon énorme ventre. Ne me refais plus jamais ça.
Mais à peine avais-je terminé ma phrase qu'une nouvelle, plus violente, m'arracha un cri de surprise.
_Vient-il ? S'inquiéta Charles en s'approchant de moi pour m'enlever Henry des genoux. _Ou vient-elle ? Répliquais-je du tac au tac. _C'est un garçon, je le sens. _Comme si mon deuxième enfant oserait être un garçon.
Mais je m'arrêtais pour hoqueter lorsqu'une troisième contraction me plia en deux.
_Nous saurons cela bientôt, venez donc, que je vous guide ma douce, se pressa-t-il en me proposant son bras.
Je m'empressais de le saisir. Les quelques mètres qui nous séparais de la chambre à coucher me parurent être un supplice. Mais ce ne fut rien comparée aux six longues heures que dura l'accouchement. Moite de sueur, j'avais maudit la terre entière alors que l'enfant refusait de sortir le bout de son nez.
Finalement, mon deuxième fils, Charles Brandon, naquit le 15 mars 1535. Mon mari était ravi. Moi également. A la différence du Roi, le sexe m'importait peu. L'unique chose qui comptait était la santé de mon enfant. Être mère ne suffisait-il pas ?
*
_Vous ne devriez ma venir, mon aimée. Ces choses ne sont pas pour vous.
Charles, assis dans un fauteuil, avait posé ses yeux remplis d'inquiétude sur moi, alors que je posais un chapeau de couleur sombre sur ma tête. Prête à affronter la pluie londonienne du mois de Mai, je me tournais vers lui, la mine grave.
_Depuis quand, cher époux, avez-vous décidé que l'exécution d'une Reine usurpatrice n'était pas chose faite pour moi ?
Je haussais les sourcils et insistait sur le mot « Reine » pour lui montrer mon dédain envers cette femme qui avait ruiné l'Angleterre. Il y avait de cela quelques mois, on nous avait annoncé le décès de la Reine Catherine d'Aragon. Triste comme les pierres, Mère m'avait demandé de l'accompagner pour son enterrement. Je m'étais empressée d'accepter. Elle avait entretenue une importante correspondance avec la Reine reniée et son décès l'affectait tellement qu'elle s'en était rendue malade. Voir ma mère dans cet état m'avait profondément troublée. Tout ceci était la faute d'une et une seule femme. Ce monstre d'Anne Boleyn. Le Roi avait dû attendre une fille, plusieurs fausses couches, la scission de son peuple, une guerre civile, des mensonges et des centaines de morts et d'exécutions pour se rendre compte de l'âme pourrie, noire comme du charbon et brûlante comme les feux de l'enfer de cette femme qui osait s'appeler « Reine ». Alors, je n'allais certainement pas manquer la mise à mort d'une telle créature. Peut-être même allais-je l'apprécier.
_Ma tendre, depuis que je sais qu'exécution signifie, d'une façon ou d'une autre, larmes, plaintes, sang, terreur et peuple hargneux.
Je me retournais une nouvelle fois vers lui, les sourcils froncés, la bouche pincé.
_Ce portrait que vous me brossez devrait-il me freiner ?
Il baissa les bras et souffla profondément, m'annonçant qu'il abandonnait et que j'avais gagné notre petite joute verbale.
_C'est ce que j'espérais, en effet.
Je m'agenouillais pour que mon visage soit à la hauteur du sien. J'attrapais ses joues entre mes paumes et déposais un léger baiser sur ses lèvres.
_N'essayez pas de me convaincre. Vous en recueillerez l'effet inverse. Ces quelques années d'expérience ne vous ont donc pas encore appris ? Lui demandais-je d'une voix douce.
Il expira une nouvelle fois mais me sourit.
_Je pourrais en dire autant de vous. N'êtes vous point encore habituée à mon entêtement ?
Je m'esclaffais en me redressant.
_De vrais têtes de mules !
Il insista tout de même pour qu'Henry vienne avec nous. Je ne voulais pas qu'il assiste à un bain de sang. Mais rien n'y fit. Le voyage jusqu'à Londres fut rapide. Peut-être parce que j'avais hâte d'arriver. Je n'avais qu'une envie : voir la tête d'Anne Boleyn détachée de son corps et orner la pointe d'une pique, au sommet de la Tour de Londres. Ses yeux pourraient être mangés par les corbeaux et sa chair dévorée par les charognards, je n'en serais que plus ravie.
Arrivée sur la place de Tower Green, parmi la foule trépignante, je scrutais l'estrade et le bourreau comme un chasseur observant sa proie. Je vis Anne Boleyn grimper les marches. Intérieurement, j'exultais. Vêtue d'une robe blanche et d'un bonnet de la même couleur, elle me paraissait ridicule. Fini les riches vêtements et l'air hautain. Fini les complots contre ma famille et contre quiconque s'opposait à elle. Maintenant, ce n'était qu'une femme. Une femme condamnée à mort dont la tête serait bientôt décrochée. Ce moment, je l'attendais depuis qu'elle avait fait exiler Catherine d'Aragon. C'était ma victoire.
Comble du mépris, je n'écoutais ses derniers mots que d'une oreille discrète, alors que Charles serrait Henry contre lui. Lorsqu'elle se tut enfin et qu'elle s'agenouilla, je la toisais et je crus, l'espace d'un instant qu'elle me regardait aussi. J'avais gagné. Adieu, Anne Boleyn.
La hache s'abattit sur sa nuque.
Dernière édition par Catherine Willoughby le Mar 30 Juil - 13:21, édité 5 fois
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Sujet: Re: Catherine Willoughby ❈ Nobody will take what is mine Dim 28 Juil - 20:08
The mother before the Baroness
Couchée dans mon lit glacé, je me recroquevillais sous les couettes pour me réchauffer. Je regardais la place vide de Charles en soupirant. Je touchais son oreiller froid, la douce tiédeur de mon mari absente. Je ne savais pas si jamais ou détestais la vie à la Coure. J'y avais vécu toute mon adolescence et une partie de mon enfance, je connaissais les visages et j'aimais les fêtes. Cependant, j'étais loin de mes enfants, je ne supportais plus les messes-basses, le regard en biais et les colères du Roi. Voilà à peine quelques semaines que Charles et moi étions venus accueillir la nouvelle Reine, Anne de Clèves et l'avions guidée jusqu'à Londres et je voulais déjà rentrer dans le Suffolk. Je la trouvais agréable, douce et pleine d'esprit. Je pensais même que je l'appréciais. De plus, une luthérienne ne pouvait faire de mal à l'Angleterre. La Réforme avait besoin d'une Reine qui la soutienne. Tout aurait très bien pu se passer. Si seulement le Roi ne l'avait pas trouvée laide. Il était entré dans une rage noire lorsqu'il avait vu son visage qui, pourtant, ne m'avait pas semblé si désagréable. Il cherchait déjà un moyen de se désengager d'elle et rejetait la faute en bloc sur Thomas Cromwell. Pauvre homme. Je ne le portais pas dans mon cœur et il était une personne méprisable, soit. Mais dans toute cette histoire, quelque chose me dérangeait. Mon époux était devenu distant. Froid et changeant. Il rôdait dans les couloirs avec des hommes et femmes qu'il ne faisait pas bon de fréquenter et il refusa de me parler. Je savais qu'il préparait un coup. Contre qui ? Je craignais que ce ne soit contre Cromwell. Dans l'idée, cela ne me dérangeait pas vraiment. Ce qui m'embêtait plus était que Charles y participait et pire... qu'il semblait apprécier cela.
N'y tenant plus, je sortis des couvertures en les jetant sur le sol, m'enroulais dans un châle et partis à la recherche de mon époux. Passant la tête dans l'entrebâillement de la porte pour m'assurer qu'il n'y avait personne, je m'avançais à pas de loup dans le couloir. Des chuchotements m'attirèrent bientôt vers une petite porte dérobée et je reconnus la voix de Charles. Je m'y glissais et, dans l'ombre, pu observer mon mari discuter à voix basse avec un homme qu'il m'avait été donnée de croiser dans notre parloir. Ils ne me remarquèrent pas et continuèrent à parler de leurs sales affaires. S'ils avaient été découverts par quelqu'un d'autre... Je n'osais imaginer ce qui aurait pu se passer.
Excédée, je ne pouvais assister à ce désolant spectacle plus longtemps. Mais au moment où j'allais partir, on retint mon poignet.
_Mon ange ?
Je toisais le Duc de Suffolk de haut en bas d'un air dédaigneux.
_Je ne trouvais pas le sommeil. Qui est avec vous ?
Il jeta un regard vers la table ou était assis l'homme.
_Personne. Retournez au lit. M'accueilleriez-vous plus tard ?
Je croisais les bras.
_Seulement si vous redevenez mon plus tendre amour.
Il parut surpris et ses sourcils sombres se froncèrent.
_Je suis le meilleure possible, protesta-t-il. Acceptez moi comme je suis, je vous prie.
Je voulus repartir mais il emprisonnait toujours mon bras.
_Je vous aime, Catherine.
Je me dégageais et repartis dans ma chambre à grande enjambée.
*
J'entrais dans son bureau comme une furie. La porte claqua contre le mur et il leva la tête de ses papiers, surpris. D'un geste furtif, il en rangea quelques uns dans ses tiroirs mais cela n'échappa pas à mes yeux.
_Dîtes moi que ce n'est pas vrai ! Dîtes moi que ce que j'ai entendu est un mensonge !
Il se redressa pour s'approcher mais je m'éloignais.
_Catherine ? Me demanda-t-il soucieux. _Avez-vous, oui ou non accepté la demande du Roi ? Irez-vous mâter la révolte du Lincolshire ?
Il s'arrêta et me toisa de ses yeux durs. Les mêmes que ceux de mon père. Je frissonnais.
_Oui. J'obéis au Roi et au Roi seul.
Abasourdie, je me laissais tomber sur le rebord de la fenêtre, agrippant la balustrade de les mains tremblantes. On m'avait dit vrai, alors. Mon cher époux allait tuer des hommes, femmes et enfants pour le bon plaisir du Roi. Il allait utiliser les manoirs de mon père, mes manoirs pour loger des soldats, des meurtriers, des tueurs. Il allait terroriser des gens qui furent fidèles à mon père et qui travaillait sur mes terres.
_Oh, très bien ! Hurlais-je. Alors, si le Roi vous demande de vous jeter par la fenêtre, vous le ferez surement ? S'il vous demande de tuer vos fils car lui-même n'a pu avoir qu'un enfant malingre et faible, vous le ferez également ? Et s'il vous demande de m'exécuter par pur divertissement, vous accourrez pour me trancher la tête, c'est cela ?
Je tâchais de me calmer mais rien n'y faisait. Il plongea ses yeux penauds dans les miens, durs comme la pierre.
_Bien sûr que je ne vous tuerez pas, vous et les garçons.
Je me levais d'un bon et écrasais mon index contre sa poitrine trop large.
_Mais vous vous jetterez joyeusement par la fenêtre si l'ordre vous était donné ?
Je me mis à arpenter la salle de long en large, les mains sur les hanches, dépassée par les événements.
_N'aviez-vous pas promis, au début de notre mariage, qu'avec moi, vous seriez toujours juste, fidèle et vrai ? Oseriez-vous dire que vous ne l'avez pas dit ?
M'imitant, il s'assit sur la banquette sous la fenêtre.
_Je l'ai dit. Et je respecte ma promesse. Ce que je fais, je le fais pour nous. Pour notre famille.
Je m'esclaffais d'un rire amer.
_Donc, vous allez tuer des bambins pas plus âgé que nos propres fils pour nous ? Ne soyez pas ridicule ! Croyez moi, vous pouvez toujours refuser. Le Roi ne peut vous imposer cela.
Il me regarda d'un air si triste que j'en oubliais presque ma colère. Cependant, elle reprit vite le dessus lorsqu'il m'avoua :
_Je ne peux pas. Je dois le faire. _Vous ne pouvez pas ou vous ne voulez pas ? Faîtes la nuance. Vous êtes un homme faible, Charles Brandon. Même si vous n'osez vous l'avouer, je vous le dit. Et c'est cette faiblesse qui tua Mary.
Je ne voulais pas être mauvaise. Je ne le voulais vraiment pas. Mais j'étais poussée dans mes retranchements. Ses traits se tendirent et il parut brisé. Je luttais contre mon envie de le prendre dans mes bras.
_Jamais je ne vous pardonnerais. Jamais.
Je claquais la porte derrière moi.
*
Les lourds rideaux de tissus ne laissait filtrer la lumière dans la chambre sombre. Le temps semblait s'être arrêté. Je n'avais aucune idée de l'heure qui pouvait bien être et je m'en fichais. Assise à côté du lit de mon époux, je le regardais dormir. Son sommeil était agité de spasme et de quinte de toux si violente que je craignais qu'il ne se décroche les poumons. Sa peau verdâtre semblait luire dans la noirceur de la chambre. Voilà plusieurs semaines et son état ne s'était pas arrangé. Je faisais de mon mieux pour le soutenir, l'aider, le soulager mais je n'arrivais à rien. Je me sentais horriblement impuissante. Regarder mon époux dépérir était un torture.
_Laissez moi voir mes fils, Catherine. Je veux les voir.
Je ne m'étais pas rendu compte qu'il était éveillé. Je caressais son front brulant malgré la sueur qui le poissait. Sa demande me déchirait le cœur. Mais je ne pouvais malheureusement pas y répondre.
_Je ne peux pas, mon amour. Ils pourraient tomber malades, eux aussi. Le risque ne peut pas être couru.
Ses lèvres s'agitèrent sans qu'aucun son n'en sortit. Après quelques raclements de gorge, il reprit :
_Je vais mourir. _Non, bien sûr que non. Je ne laisserais pas une telle chose se produire.
Un râle sourd s'échappa de sa poitrine. Je l'aidais à se redresser et portais un verre d'eau à sa bouche. Il déglutit avec difficulté.
_Je peux l'entendre. C'est Dieu qui me rappelle à lui. _Et pouvez-vous m'entendre moi ? Je vous ordonne ne rester avec moi.
Il triste sourire, ressemblant plus à un rictus, étira ses lèvres.
_Me pardonnerez-vous ?
Je plissais les yeux, ne comprenant pas ce qu'il voulait dire.
_Qu'entendez-vous par là, Charles ? _Mes erreurs, grogna-t-il. Me pardonnerez-vous ?
J'essuyais son visage ruisselant et serra ses immenses mains.
_Il n'y a rien à pardonner. Vous n'avez rien à vous faire pardonner. Je devrais être celle qui fait une telle demande.
Le Duc de Suffolk ne me répondit pas. Ses yeux entrouverts ne clignaient pas.
_Charles ? M'entendez-vous ?
J'écartais ses cheveux trempés de son visage. Il ne respirait plus. Un sanglot bruyant s'échappa de ma bouche sèche. La mort était revenue me voir. Mais cette fois, elle m'avait volée bien plus. Mon cœur se mourrait.
Dernière édition par Catherine Willoughby le Mar 30 Juil - 11:43, édité 4 fois
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Sujet: Re: Catherine Willoughby ❈ Nobody will take what is mine Dim 28 Juil - 20:08
The Baroness before the Rebel
La mort de Charles m'avait abattue. Détruite. Mais elle m'avait aussi ouvert les yeux. Je ne pouvais plus laisser les malheurs de ce pays se répercuter sur nos vies. Sur ma vie. Sur la vie des protestants et protestantes d'Angleterre. Le Roi avait épousé Catherine Parr, il y avait peu. Sans que je m'y attende, la Reine était devenue pour amie. Une personne de confiance sur laquelle je pouvais compter. Nous passions des heures à nous entretenir sur les problèmes du royaume, sur la théologie, sur la religion. Partageant mes convictions protestantes, nos discussions étaient loin d'être houleuses. Je n'avais pas besoin de ça. J'avais besoin d'une oreille attentive. Et elle, avait besoin de soutient. Ne peut pas être la femme d'Henry VIII qui veut. Le Roi était devenu exécrable au fur et à mesure des années. La mort de mon mari l'avait autant ébranlé que moi. Malgré tout ce qu'il avait pu se passer, ils étaient amis de longue date. Sa disparition l'avait un peu plus plongé dans la folie et ses délires de persécution. Il pensait même que Catherine était stérile. Qu'elle ne lui donnerait aucun héritier. Il avait poussé la réflexion si loin qu'il avait même failli la faire emprisonner. Pire, il songeait à m'épouser. Cette rumeur me faisait froid dans le dos. Jamais je ne pourrais devenir sa Reine. Ces ragots n'avaient pourtant pas fissuré mon amitié avec Catherine. En ces temps obscurs, c'était bien ma seule réussite. Ensemble, nous participâmes même à la construction d'églises réformées pour les protestants étrangers, fuyant leur pays d'origine et les persécutions sur le continent. Je fus aussi marraine du John Day, l'éditeur de livres et journaux religieux protestants. Cela me permettait de donner de ma personne pour une cause dans laquelle je croyais. Je pouvais également penser à autre chose que ma triste vie.
Après la mort du Roi, je continuais d'assister Catherine et assistais même à son mariage avec Thomas Seymour. Malheureusement, elle mourut en donnant naissance à une fille, Mary. Je décidais de la prendre en charge. Je devais ça à la Reine. Quelques années plus tard, j'acceptais de m'occuper de Mary Grey, la fille de Frances Brandon, ma belle-fille. Les deux enfants étaient charmantes. Je les aimais comme mes propres filles et leur offrit une bonne éducation.
Je commençais à reprendre le dessus sur ma vie.
*
Je pleurais. Encore et encore. Combien de litres en avais-je versés, ces dernières années ? Je savais que le chiffre me ferait frémir. J'étais désespérée. Les râles rauques de mes fils me brisaient chaque fois un peu plus. J'étais redevenue l'enfant, la fillette qui avait regardé mourir ses frères. La femme qui avait regardé mourir son mari. Maintenant, j'étais la mère qui regardait mourir ses fils. La suette était en train de les emporter. Les emmener loin de moi. Que pouvais-je faire ? Que pouvais-je faire à part tenter de soulager leurs souffrances ? Charles, qu'aurais-tu fait, à ma place ?
J'embrassais les mains de Charles et Henry. Je me contrecarrais de tomber malade à mon tour. Je pouvais bien mourir ! Je ne survivrais pas à la mort de mes enfants. Je le savais. Je ne pourrais pas vivre sans eux.
Les suivantes circulaient dans les couloirs, apportant des linges fraîches et des sceaux d'eau glacées. Depuis plusieurs jours, je les déshabillais, changer leurs vêtements, leurs draps, les lavaient, leur parlait... Mais jamais, ils ne me répondaient. La fièvre était si forte qu'ils déliraient en suffoquant. Était-ce l'ultime épreuve que m'envoyait Dieu ? Voulait-Il tester ma foi ? N'avait-Il point compris que je lui étais fidèle ? Qu'Il m'avait assez éprouvé ? Pourquoi, pourquoi voulait-Il me retirer mes adorables fils ?
C'est Henry qui cessa de respirer le premier. Puis, moins de quarante minutes plus tard et malgré mes efforts pour l'accrocher à la vie, Charles le suivit. Ivre de chagrin, je ne laissais personne les approcher. On ne m'arracherait pas à eux. Tout ce qu'il me restait de mon tendre époux avait disparu. Sans eux, je n'étais plus rien. J'étais la veuve ayant perdu ses fils. J'étais seule. Plus rien ne comptait. Le monde pouvait bien s'écrouler.
*
A mon bureau, je regardais les lettres qui s'accumulaient. J'avais tout tenté. Tout. Mais le Reine Mary était dure comme de l'acier. Elle avait fait emprisonner Jane Grey et ne comptait pas la laisser sortir. La petite-fille de mon premier et tendre époux moisissait dans la Tour de Londres et je ne pouvais rien faire. Même l'amitié de Mère avec Catherine d'Aragon ne pesait pas dans la balance. Pour Mary, nous, les protestants, n'étions que des hérétiques. Des engeances démoniaques. Elle s'était donnée comme divine mission de purifier l'Angleterre. Quelle imbécile. Ne pouvait-elle pas comprendre ? Elle allait tuer une enfant ! Pire, une enfant de ma famille.
_Catherine ? Vous devriez arrêter de vous torturer.
Je me retournais vers Richard Bertie, mon mari. Grand, blond, intelligent. Aurais-je pu rêver mieux ? Il m'avait servi durant de nombreuses années avant que je ne veuille accepter sa demande en mariage. Avec lui, j'arrivais quelquefois à oublier mon adoré Charles et mes deux adorables fils. Mais les gens me rappelaient bien vite que j'étais la Duchesse de Suffolk. Ils ne pouvaient oublier ce titre. Malgré mes efforts pour me faire appeler la Baronne Willoughby d'Endersby. Je ne pouvais leur en vouloir.
_Je ne peux pas. Je dois faire quelque chose pour cette enfant. Vous pouvez comprendre cela ?
Il acquiesça et vint s'asseoir à mes côtés. Il embrassa mon épaule.
_N'avez-vous point peur des représailles ? La Reine est intraitable. Malgré votre amitié avec sa mère, elle ne vous épargnera pas. Nous sommes protestants, ma douce. _Merci de me le rappeler, très cher, souris-je. Je ne peux pas regarder Jane mourir. Elle est de ma famille. De notre famille, Richard.
Peut importe ce que cela prendrait. Peut importe ce que je devrais endurer. Peut importe les larmes que je devrais encore verser. Je ferais hurler ma foi. Je rallierais les protestants. Et, ensemble, nous montrons fin à cette tyrannie, à cette terreur catholique.
Dernière édition par Catherine Willoughby le Mar 30 Juil - 11:42, édité 3 fois
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Sujet: Re: Catherine Willoughby ❈ Nobody will take what is mine Dim 28 Juil - 20:09
Je pense que j'ai réservé assez de place
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Sujet: Re: Catherine Willoughby ❈ Nobody will take what is mine Dim 28 Juil - 20:15
Bienvenue parmi nous Catherine ! Ton nom de famille est trop mignon Bonne chance pour ta fiche en tout cas
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Sujet: Re: Catherine Willoughby ❈ Nobody will take what is mine Dim 28 Juil - 20:31
Re-Bienvenue Catherine, je suis contente que tu l'ais prise, c'est vraiment un super personnage
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Sujet: Re: Catherine Willoughby ❈ Nobody will take what is mine Dim 28 Juil - 20:56
Rebienvenue Catherine \o/ Héhé jumelle de prénom Bon courage avec ce nouveau personnage
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Sujet: Re: Catherine Willoughby ❈ Nobody will take what is mine Dim 28 Juil - 21:38
Re-bienvenue et bonne chance avec ce nouveau personnage
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Sujet: Re: Catherine Willoughby ❈ Nobody will take what is mine Lun 29 Juil - 11:23
Haaaan on a une Catherine ! J'espérais trop que ce perso soit pris Il nous faudra un lien Et en attendant, bon courage pour la fichounette !
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❝ Invité ❞
Invité
Sujet: Re: Catherine Willoughby ❈ Nobody will take what is mine Lun 29 Juil - 11:59
Tu nous refais un personnage magnifique j'ai l'impression
Rebienvenue mon petit!
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Sujet: Re: Catherine Willoughby ❈ Nobody will take what is mine Mar 30 Juil - 14:48
Hannnnn mais c'est la perfection Le personnage est vaste et tu as su te l'approprier magnifiquement bien J'adore ta plume et les différentes phases que connait Catherine. D'ailleurs, je crois qu'elle et Anne étaient amies (même conviction, haine contre les Boleyn...). J'ai vu une petite erreur par contre, Mary Grey est la petite-fille de Charles Brandon, pas sa fille Sinon tout est parfait, j'ai vu des petites fautes d'inattention, mais rien de grave. Pour ce qui est de la petite Mary Seymour, il y a des théorie qui disent qu'elle a vécu que deux ans, mais d'autre qu'elle a atteint l'âge adulte, je crois que tu as dû voir sa fiche sur Wikipédia, on voit les points de vu En tout cas, je n'ai rien contre au fait qu'elle ait survécu Je te valide tout de suite et pour le reste, tu connais déjà la maison
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Sujet: Re: Catherine Willoughby ❈ Nobody will take what is mine
Catherine Willoughby ❈ Nobody will take what is mine