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Nous nous situons aux alentours de mai 1558.
Il fait de plus en plus chaud les gens prennent plaisir à sortir dans les jardins.

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MessageSujet: « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary  « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary Icon_minitimeVen 8 Nov - 23:14

Les pires histoires sont les histoires de famille

I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Elizabeth Tudor & Mary Grey

Le nez presque collé contre la vitre, Mary observait la lande couverte de neige s’étaler devant elle, à perte de vue. Tout semblait noyé sous l'épais rideau blanc. Un large sourire allait d'une oreille à l'autre de la petite Lady : ces paysages lui avaient tant manqué ! Ceux du Suffolk plus encore que les autres, mais toute la campagne anglaise était, de près ou de loin, concernée. Jamais l'enfant ne s'était faite à la vie de Londres. Elle était une fille du Suffolk, elle aimait la nature, les forêts, la terre et l'air vivifiant, loin de l'atmosphère oppressante de la capitale vers laquelle elle retournait. Mais cette semaine passée dans ses terres, auprès de son père, l'avait remise en joie.

Son père ! Lui aussi lui avait manqué, et pas qu'un peu. Six mois sans le voir, en le sachant coincé dans une des cellules de la Tour, avaient été une vraie torture pour la petite fille si attachée à cet homme. Sa soeur, cependant, y était toujours, mais cela ne durerait pas. Henry Grey le lui avait dit : "ne t'en fais pas, Mary, bientôt Jane sera dehors. Fais moi confiance là-dessus." Oui, si il n'avait pas le droit de reparaître à Whitehall, il avait des relations, et sa libération était la preuve que la rancoeur de la Reine s’apaisait. D'ici peu, les uns et les autres arriveraient à la convaincre de libérer Jane, et tout reprendrait son cours. Les six derniers mois ne seraient plus qu'un lointain souvenir.

Déjà, ils commençaient à se faire oublier de la petite Mary, trop heureuse de l'agréable tournure que prenaient les évènements, réjouie par son séjour avec son père, et de la dernière visite qu'elle s'apprêtait à faire avant de regagner la Cour : dans le Hertfordshire, qu'elle devait traverser pour se rendre à Londres, séjournait sa cousine, la petite soeur de la reine Tudor. Elizabeth. A la simple idée de voir sa parente, Mary eut un petit rire de joie qui fit sursauter son chien, roulé en boule à ses pieds. Il y avait tellement longtemps qu'elle ne l'avait pas vue ! Décidément, ces huit jours resteraient gravés dans sa mémoire ! Retrouver le Suffolk et son père, toujours égal à lui même, dans le château de Ipswich, revoir sa cousine préférée chez elle à Hatfield, cela n'avait pas de prix pour l'enfant, qui avait vécu les six derniers mois avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête !

La calèche avançait péniblement à cause de la neige, mais traçait sa route malgré tout. Tôt ce matin, elle avait quitté son paternel avec force démonstrations d'affection, et lui avait promis de bientôt revenir le voir, dès que Sa Majesté le permettrait. Il lui avait souri en disant qu'il la rejoindrait à Londres avant : encore un autre bon signe. Henry Grey serait-il en train de gagner la confiance de la redoutable souveraine ? Quoi qu'il en soit, c'était avec l'accord de cette dernière et sous bonne escorte que la fillette avait accompli ce petit voyage. Elle-même se serait bien passée de bon nombres de gardes, a fortiori maintenant qu'elle avait une nouvelle épée, offerte par son père deux jours plus tôt, mais les ordres étaient les ordres... Surtout quand celles qui donnaient les ordres s’appelaient Mary Tudor ou Frances Brandon. Pour le grand bonheur de Mary, la reine avait accepté également cette visite à Hatfield.

La princesse avait fortement manqué à Mary, depuis qu'elle avait rejoint sa demeure du Hertfordshire. Pendant toutes ces sombres semaines, Elizabeth avait été un vrai soutien pour ses deux cousines Grey, qui en recevaient bien peu depuis l'incarcération de leur père. Leurs alliés leur avaient tourné le dos, et ceux en qui ils croyaient avoir confiance les avaient dupés. Mais Elizabeth avait été là pour Katherine et Mary, et cela, aucune des deux soeurs ne l'avaient oublié. Dehors, les yeux clairs de la fillette se posèrent sur l'un des gardes qui entourait sa calèche. Pourquoi ne pouvait-elle pas monter à cheval comme eux ? "Question de sécurité", avait tranché Frances Brandon en dépit de la moue de sa cadette. Trop impatiente de revoir sa cousine, et énervée de n'avoir rien d'autre à faire qu'à attendre, Mary commençait à s'énerver. S'ils s'était agit des hommes de main de son père, elle ne se serait pas gênée pour leur demander de la laisser monter... Mais il s'agissait de ceux nommés par la reine, et Mary préférait éviter de se faire remarquer. Elle rongea donc son frein, jusqu'à ce que...

"Enfin !"

En dépit de ses jambes engourdies, elle se projeta hors du véhicule le plus vite possible et respira à fond, emplissant ses poumons d'air frais. Puis elle regarda autour d'elle. Mary connaissait bien mal le Hertfordshire, sauf la demeure de son duc, Thomas. Quant à Hatfield, c'était bien la première fois qu'elle y mettait les pieds. "Superbe demeure", remarqua la petite fille. "Je comprends qu'Elizabeth y soit autant attachée." Elle se tourna vers un des hommes qui l'accompagnaient.

"Pourriez vous aller me faire annoncer à ma cousine, s'il vous plait ?"

Et alors qu'il s'exécutait, elle s'avança dans le parc, surexcitée à l'idée de retrouver sa chère Elizabeth.



Spoiler:
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Elizabeth Tudor
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♕ Métier : Princesse d'Angleterre ♕ Age : 25 ans ♕ Religion : Celle que me dictera ma souveraine. ♕ L'avatar a été fait par : fassophy ♕ Mon nombre de messages est : 3524 ♕ Mon nombre de Livres Sterling : 11 ♕ Je suis arrivé(e) sur TGA le : 11/09/2012 ♕ Mon pseudo web est : Mari-Jane ♕ Mes autres visages : Antanasya Cavendish - Constance Bennet - Edward Seymour « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary Tumblr_oe67vtSxjf1tvdu5mo1_250

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MessageSujet: Re: « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary  « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary Icon_minitimeVen 15 Nov - 23:01

Les pires histoires sont les histoires de famille.



Pour une journée de janvier, le temps était clément, quoique très froid. La demeure d’Hatfield était chauffée par de nombreux feux de cheminée, rendant l’ambiance chaleureuse et agréable. Depuis qu’elle avait retrouvé son domaine, Elizabeth Tudor était heureuse, mais elle s’inquiétait à propos de beaucoup de chose. La veille, Thomas Wyatt lui avait adressé une missive, lui indiquant qu’une révolution allait avoir lieu et que les rebelles allaient détrôner Mary pour la mettre sur le trône. En lisant ces mots son cœur avait battu à la chamade, mais ce n’était qu’une utopie, elle serait reine que par la volonté de Dieu et certainement pas par les armes. Mary était la reine légitime et même si elle comptait épouser Philippe de Habsbourg, le fils de Charles Quint, elle ne pouvait pas conspirer contre elle. C’était les dernières volontés de son père que son ainée, puis plus tard sa cadette succède à son fils Edouard. Aussitôt lue, aussitôt la lettre avait fini dans les flammes. Elizabeth espérait de tout cœur que personne ne l’avait regardé. Wyatt s’était montré discret, mais la reine avait de nombreux espions, jamais la rousse ne pourrait être en sécurité, c’était impossible. La jeune femme ne voulait pas conspirer contre sa sœur, elle respectait Mary à défaut de pouvoir l’aimer et jamais elle ne voudrait lui prendre son trône. Elizabeth ne voulait pas conspirer contre sa sœur, c’était trop lui demander et Wyatt allait devoir se trouver un autre souverain pour gouverner l’Angleterre, s’il menait à bien sa rébellion. Mary était parvenue à récupérer son trône une fois, elle serait  prête à n’importe quoi pour le conserver. Les protestants n’étaient plus en sécurité dans ce pays, ils valaient mieux que les plus virulents partent, sinon les têtes risquent de pleuvoir. Si Mary gagnant sur cette rébellion, beaucoup aller mourir, Wyatt en premier et les autres rebelles, puis les ennemis de la couronne. Elizabeth ressentit un pincement au cœur en pensant à Robert, et s’il payait pour les crimes d’autres personnes ? Et Jane, qu’adviendrait-il de cette petite reine de neuf jours qui vivaient dans la Tour de Londres depuis de très nombreux mois. Wyatt prenait trop de risque et si cette rébellion était connue de la couronne, beaucoup de vie serait perdu.
Cependant, pour la jeune lady, l’heure n’était pas à la peine, elle avait brûlé la veille cette maudite lettre et après tout, la rébellion n’était pas aux portes de Londres. Elle ne devait pas penser à cela, mais plutôt se préoccuper de la petite invitée qu’elle recevait : Mary Grey. Dans la matinée, elle avait fait préparer et chauffer la chambre de la jeune fille, tout en l’agrémentant de quelques fleurs hivernales pour égayer le tout. Cette visite réchauffait le cœur de la jeune femme, qui ne voyait pas beaucoup de monde depuis son départ de Londres, elle avait pu revoir Thomas Hertford, mais en dehors de ses dames et servants, elle ne voyait personne. De temps en temps, une lettre arrivait, rédigée par ses cousines, mais c’était tout. De même, Elizabeth espérait que cette visite réconforterait la fillette qui avait beaucoup de soucis à se faire. D’après, ce que Wyatt disait dans sa lettre, Henry Grey s’était joint à lui. L’homme sortit il y a quelques mois de la Tour, avait vite repris ses ambitions pour redonner à sa fille Jane la couronne. Tout ce beau monde allait souffrir de cet acte si fou, mais la rousse n’en parlerait pas à sa jeune cousine, elle ne voulait pas la peiner et certainement pas l’effrayer.

« Madame. » Appela une servante qui se trouvait dans l’embrasure de la porte du salon. « Lady Mary Grey vient d’arriver. » Ajouta la jeune femme en s’inclinant.
Très bien, je vais aller à sa rencontre.” Répondit la rousse, tout en se faufilant en dehors de la pièce, prête à accueillir la petite Mary, comme il se doit.

La jeune femme marcha jusqu’à l’entrée principale de la demeure, qui était ouverte pour accueillir la petite lady Grey, qui venait de faire un long voyage jusqu’ici. La fillette était emmitouflée dans ses fourrures pour contrer le froid anglais et semblait être bien heureuse d’être arrivée.  

« Mary, quelle joie de vous revoir. » Disait la lady, heureuse d’accueillir sa cousine dans sa demeure. « Entrez, vous devez être frigorifiés après un tel voyage. »




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MessageSujet: Re: « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary  « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary Icon_minitimeVen 22 Nov - 22:28

Les pires histoires sont les histoires de famille

I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Elizabeth Tudor & Mary Grey

En attendant sa cousine, Mary resserra le col fourré de son épais manteau. Si les chutes de neiges s'étaient apaisées, le froid demeurait cinglant, et un vent léger, mais si glacial qu'il en devenait coupant, ébouriffait légèrement les boucles brunes de la fillette et rosissait ses joues. Dieu merci, Elizabeth ne fut guère longue à venir.

" - Mary, quelle joie de vous revoir.
- Elizabeth !"


La fillette se précipita vers sa cousine pour la serrer dans ses bras.

"Comment allez-vous, depuis tout ce temps ? Vous semblez en pleine forme !"


Mary, elle était au comble de sa joie. Retrouver un visage apprécié était un moment bien heureux, surtout après plusieurs semaines de séparation. Ici, à Hatfield, Elizabeth était à l'abri des complots et des regards de la Cour, ici, elle était chez elle. Ressentait-elle pour Hatfield la même chose que Mary pour son Suffolk ? C'était possible. Ce sentiment de protection, de chaleur, de sécurité, seul un véritable chez-soi pouvait l'apporter.

" - Entrez, vous devez être frigorifiés après un tel voyage.
- Un peu"
, confessa la fillette, "et j'ai terriblement mal aux jambes. Ces calèches sont une vraie plaie !"

Inutile de préciser qu'elle aurait nettement préféré monter. Mais maintenant qu'elle était à destination, cela n'avait plus aucune sorte d'importance. Emboitant le pas à sa cousine, Mary pénétra dans la demeure, ou une des servantes d'Elizabeth l'aida à se débarrasser de son manteau. La soudaine chaleur qui régnait à l'intérieur accentua encore plus le rouge écarlate des joues de Mary, qui frotta ses mains restées engourdies par le froid.

"Seigneur, il fait tellement froid dehors qu'à peine à l'intérieur, on a l'impression de passer de l'hiver à l'été !"

Et d'après les lettres de Katherine, restée à Londres, aucune région d'Angleterre n'était épargnée par les températures pour le moins redoutables. Mais le mois de janvier, avec ses jours qui se rallongeaient peu à peu, avait des côtés positifs. Bientôt le printemps, le retour des beaux jours ! L'enfant attendait cette saison avec impatience : certes, elle aimait chaque saison pour ce qu'elle portaient, mais le printemps était signe d'espoir, de renouveau. Un renouveau qui, Mary y croyait dur comme fer, se verrait aussi dans la sauvegarde de sa famille longtemps restée en danger. Avec le printemps, espérait-elle, tous les Grey restés à Londres pourraient regagner leurs terres et s'éloigner enfin de la Cour et son étouffement. Et en pensant à la Cour...

"Au fait, j'ai eu des nouvelles de ma soeur Katherine pas plus tard qu'hier, et elle vous envoie toute son affection. Par ailleurs, elle et moi vous souhaitons un joyeux Noël et une bonne année, puisque comme vous n'étiez pas à la Cour ces derniers temps, nous n'avons pu le faire de vive voix... D'ailleurs, vous m'avez beaucoup manquée !"

Mais la Cour, elle, devait avoir autant manqué à Elizabeth qu'elle avait manqué à Mary, c'est à dire... Pas du tout.

"En revanche, je peux vous dire que la Cour, elle, elle ne m'a pas manquée du tout. Je n'en pouvais plus, sur la fin, et j'ai hâte d'en partir définitivement ! Mais êtes vous au courant de ce qui s'est passé, à Noël ? On a retrouvé un chien mort dans les appartement de la Reine !"

L'événement qui, sans doute, resterait gravé dans les mémoires de tous les courtisans. Mary, pour sa part, se souvenait aussi bien des yeux glacés de la souveraine, et, mieux cette fois, du message de libération, écrit pas son père. Mais le regard noir de reproches, de colère, de menaces de Mary Tudor la hantait encore, comme un mauvais souvenir... Que la fillette se hâta de chasser. Bientôt, tout cela serait de l'histoire ancienne, et puis elle était là pour voir Elizabeth, pas pour ressasser les souvenirs pénibles.

"Et vous, Lizzy, qu'avez-vous fait de beau, ces derniers temps ? Vous avez passé d'heureuses fêtes, j'espère ! Dans un domaine aussi beau, il fallait au moins ça !"

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Elizabeth Tudor
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MessageSujet: Re: « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary  « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary Icon_minitimeDim 1 Déc - 16:46

Les pires histoires sont les histoires de famille.



Les pires histoires sont les histoires de famille, cela ne risquait pas de changer, surtout dans la famille Tudor, au sens le plus élargi du terme. Cela durait depuis plusieurs générations, avec son père Henry VIII qui avait assassiné deux de ses femmes, divorcé de deux autres. De plus, il n’avait pas hésité à rejeter ses deux filles, les accusant de bâtarde. Edward, le frère de la jeune femme n’avait pas hésité à faire condamner ses oncles à mort et à destituer ses sœurs de leur rang. Mary Tudor, de son côté, avait envoyé sa cousine Jane à la Tour de Londres. Elizabeth ne savait pas si à leur place elle ferait mieux, le sang des Tudor coulait dans ses veines, elle était vive, orgueilleuse par moment, mais aussi, elle ne pouvait rien prévoir quant à son avenir, puisque jamais elle n’avait été aussi en danger qu’aujourd’hui. Elizabeth était heureuse d’accueillir la petite Mary Grey dans son humble manoir campagnard, il y avait longtemps qu’elle n’avait pu voir la fillette et elle était heureuse de pouvoir lui remonter le moral après toutes les affaires qu’elle avait vécu, ces derniers temps. La seule consolation que la jeune fille devait avoir, c’était que son père était libre, même si d’après les rumeurs lord Grey se mettait à nouveau en danger. Henry Grey avait probablement envie de remettre sa fille ainée sur le trône, mais cette histoire était vraiment ambiguë, puisque Thomas Wyatt lui avait écrit pour la prévenir à propos de la révolte et lui dire qu’il voulait qu’elle soit la nouvelle reine. Cette histoire ne lui disait rien qui vaille et Elizabeth préférait s’en tenir très éloignée.

« Mary. » Disait-elle en l’accueillant dans ses bras. « Je me porte à merveille et vous ? Les festivités de Noël à la cour se sont bien déroulées ? » Lui demanda-t-elle.

La petite Grey semblait bien heureuse de pouvoir se mettre au chaud, en effet, le froid était vraiment intense au dehors et comme la fillette le rappelait si bien, les voyages en calèche étaient vraiment pénibles. Elizabeth aussi préférait voyager sur le dos d’un cheval, plutôt que d’attendre à bord d’un véhicule, ce qui pouvait être lourd quand on avait plusieurs jours de voyages. Elizabeth conduisit sa jeune cousine jusqu’au petit salon, où était servi boisson et petit gâteau, tout cela accompagnait de la bonne chaleur d’une cheminée.

« Oui l’hiver est vraiment intense cette année, actuellement je sors peu, si ce n’est couverte de fourrure. » Souriait la jeune femme face à la remarque de sa cousine.

Mary qui venait tout droit de Londres devait connaître les dernières nouvelles, ce qui n’était pas vraiment le cas d’Elizabeth qui recevait de temps en temps quelques rares lettres. Et en effet, Mary en savait beaucoup. La fillette lui apporta quelques nouvelles de Katherine sa sœur ainée et lui souhaita de sa part et de la sienne un joyeux Noël et une bonne année. Elizabeth ne put que sourire à l’entente de cela, les sœur Grey étaient toujours aussi adorables. Puis la rousse apprit que la petite n’aimait pas du tout la cour, ce qui ne l’étonnait guère. Cependant la jeune fille lui apprit une triste histoire, en effet, durant les festivités de Noël, Mary Tudor avait retrouvé un chien mort dans sa chambre. Elizabeth accueillit la nouvelle avec horreur, qui avait pu oser s’attaquer ainsi à la reine ? Mary avait dû être folle de rage en découvrant cela.

« Mon Dieu ! Est-ce que le coupable a été attrapé ? Mary devait être dans tous ses états en découvrant cela dans ses appartements. » Elizabeth n’était pas inquiète pour sa sœur, si elle avait été blessé, elle l’aurait su depuis bien longtemps et non pas de la bouche de la petite Grey. « J’ai passé de bonnes fêtes, assez tranquille je dois dire, en compagnie de quelques dames d’honneur, mon cousin Henry Carey est venu me rendre visite peu de temps après. Sinon, je ne fais pas grand-chose actuellement, je lis beaucoup et je suis toujours mes cours auprès de mes précepteurs. Telle est la vie d’une fille de roi. » Riait la jeune femme.





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MessageSujet: Re: « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary  « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary Icon_minitimeDim 8 Déc - 18:07

Les pires histoires sont les histoires de famille

"Une famille est un endroit où l'esprit entre en contact avec l'esprit des autres. Si il y a de l'amour entre ces esprits, le foyer devient aussi beau qu'un jardin fleuri. Mais si ces esprits ne sont pas en harmonie les uns avec les autres, c'est comme si une tempête ravageait le jardin."
Elizabeth Tudor & Mary Grey

"- Je me porte à merveille et vous ? Les festivités de Noël à la cour se sont bien déroulées ?
- C'était grandiose ! La reine n'avait pas fait dans la demi-mesure, croyez moi. Jamais je n'avais cru qu'il y avait autant de fruits différents sur la Terre !"
Rit la fillette en se remémorant les plateaux chargés de produits en provenance des Amériques. "Sans vouloir faire de mauvais jeux de mots, l'alliance avec l'Espagne commence à porter ses fruits !"

Et à encrer encore plus l'Angleterre dans le giron de la Contre-Réforme.

Il faisait très bon, dans le petit salon où Elizabeth mena Mary, qui eut un grand sourire à la vue des gâteaux et des boissons. Les heures de trajet passés dans cette maudite calèche l'avaient affamée. Conservant toutefois un minimum de politesse, elle en attrapa un entre le pouce et l'index et le mangea lentement, prenant soin de ne pas s'en mettre de partout.

" - Seigneur, il fait tellement froid dehors qu'à peine à l'intérieur, on a l'impression de passer de l'hiver à l'été !
- Oui l’hiver est vraiment intense cette année, actuellement je sors peu, si ce n’est couverte de fourrure.
- Il vaut lieux, sinon je crois bien qu'on meurt de froid. Et la neige est si épaisse ! L'autre matin, j'ai eu toutes les peines du monde à en sortir : j'étais presque tombée dans un trou ! J'avais de la neige jusqu'aux coudes, et c'est mon père qui a du venir de chercher !"


Les joies de la campagne. Évidemment, ce n'était pas à Londres, dans les jardins de Whitehall, qu'elle allait rencontrer de telles couches de neige.

Les voeux de Katherine, exprimés par Mary, firent naître un sourire sur le visage d'Elizabeth. Recevait-elle, de temps à autres, des nouvelles de Londres ? Peu, sans doute : chacun savait que Mary Tudor n'avait que haine et méfiance à l'égard de sa cadette, et personne ne voulait s'attirer ses colères en communiquant avec la princesse. Mary avait beaucoup de mal à comprendre comment deux soeurs pouvaient se haïr de la sorte : elle-même avait une si belle relation avec la sienne ! Katherine avait toujours été là pour elle, toujours douce, toujours prête à l'écouter. C'était elle qui lui avait appris à enfiler ses chaussures, elle avait grandi dans ses vêtements. C'était à Katherine qu'elle avait confié ses doutes, ses peurs, ses joies. C'était à Katherine la première qu'elle avait montré le premier arc qu'elle avait fabriqué, les premiers mouvements d'escrime qu'elle avait appris. C'était sur l'épaule de Katherine qu'elle avait pleuré toutes les fois ou sa mère l'avait rabrouée sans raison valable, toutes les fois ou ses parents lui avaient préféré Jane.

Jamais sa soeur ne l'avait rejetée. Pourquoi est-ce que Mary Tudor n'en faisait pas autant avec Elizabeth ? Même Henry, l'ami de Mary, avait fini par se réconcilier avec son frère Charles... Mais entre les soeurs Tudor, c'était peine perdue, apparemment. Et plus Mary essayait de comprendre, moins elle y arrivait. Mais il fallait dire que les filles d'Henry VIII trainaient de bien pires casseroles que les filles d'Henry Grey.

Elizabeth s'horrifia lorsque Mary lui raconta l'épisode du chien mort. L'espace d'un instant, elle lui fit penser à Anne, qui avait eu une réaction similaire.

" - Mon Dieu ! Est-ce que le coupable a été attrapé ? Mary devait être dans tous ses états en découvrant cela dans ses appartements.
- Pas encore, non. Mais la reine était folle de rage, vraiment. Elle avait quitté la salle et est revenue furieuse, et il y avait même un garde qui a jeté de chien sur le sol... Et croyez-moi, ça a jeté un sacré froid dans la pièce. Après cela, plus personne ne s'est amusé !"


En tout cas, pas elle : avec un frisson, la fillette se souvint du regard glacial que la reine lui avait lancé, et qu'elle avait soutenu. En y repensant, elle n'en menait pas large. Pourquoi avait-elle fallu qu'elle se montre si téméraire ? A croire qu'elle le faisait exprès. Lorsque Mary interrogea Elizabeth sur ses propres fêtes, elle accueillit la réponse avec un sourire.

" - Oui, ce devait être bien plus calme qu'à Whitehall !" Et préférable, sans doute, du moins aux yeux de Mary. "Votre cousin Henry Carey... Le frère d'Anne, Anne Stafford ? Je l'ai vue aussi, un peu après Noël. Elle me charge également de vous transmettre toute son amitié et ses meilleurs voeux.
- Sinon, je ne fais pas grand-chose actuellement, je lis beaucoup et je suis toujours mes cours auprès de mes précepteurs. Telle est la vie d’une fille de roi.
- Moi, je trouve que c'est bien !"
Fit la fillette en joignant son rire à celui de sa cousine, "et que lisez-vous en ce moment ? Mon père m'a offert un livre qui s'appelle La Chanson de Roland, vous connaissez ? Il paraît qu'au Moyen Âge, les gens en chantaient les versets en mimant des scènes, dans les rues. Moi, je n'ai jamais vu personne chanter cela à Londres."

Évidemment, c'étaient les chants catholiques qui étaient à l'honneur, avec une profusion d'Ave Maria de partout. A croire que même les plus pauvres avaient tellement peur de la reine qu'ils chantaient ses louanges pour assurer leur survie, comme Mary assistait à la messe pour tenter de racheter les fautes de son père.

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Elizabeth Tudor
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MessageSujet: Re: « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary  « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary Icon_minitimeDim 22 Déc - 21:59

Les pires histoires sont les histoires de famille.



La petite Mary était malgré les problèmes et l’emprisonnement de sa sœur ainée, une fillette pleine et vie. Elizabeth était heureuse de pouvoir l’accueillir et espérait pouvoir l’égayer un peu pour les quelques jours qu’elle passerait dans sa demeure. La lady écouta sa jeune cousine évoquer les fêtes de Noël toujours grandiose à la cour de Londres. La rousse se souvenait des fêtes de Noël du temps de son père, toujours fastueuses et joyeuses. Durant ces fêtes, Elizabeth avait passé les plus beaux moments de sa vie, en dansant, en riant et en étant courtisée. Cela l’avait beaucoup amusé à l’époque, mais aujourd’hui tout était différent. Elle se souvenait du couronnement de sa sœur, le seul moment apaisant qu’elle avait passé, c’était en compagnie de Robert Dudley, durant leur seule et unique danse. Elizabeth ne savait pas comment ce moment avait été perçu, tout le monde a pensé qu’elle avait cherché à humilier l’homme, en faisant en sorte qu’un serviteur face chuter le prisonnier. Cela avait été une belle humiliation pour Robert, mais il s’en était sorti avec beaucoup d’arrogance, comme toujours. Elizabeth ne pouvait s’empêcher de penser à Robert, elle craignait beaucoup pour sa vie, surtout depuis qu’elle avait reçu une lettre de Thomas Wyatt. La rousse espérait que le prisonnier ne serait mêlé en rien à cette rébellion, il avait trop à perdre, surtout sa vie. La jeune femme ne s’étonna pas, d’entendre de la bouche de la petite Mary, que sa sœur avait conclu une alliance maritale avec les Espagnols. Tant qu’elle ne lui faisait pas épouser l’un d’eux, Elizabeth était heureuse, mais elle espérait bien que le contrat que sa sœur allait faire, stipulait bien que l’Angleterre n’appartiendrait jamais à l’Espagne. Cela faisait terriblement peur à Elizabeth, elle ne voulait pas voir le travail de son père et de son grand-père, disparaître tout cela à cause d’un mariage.

« Mary ne fait jamais les choses à moitié. » Riait Elizabeth. « Même en ce qui concerne son prochain mariage à ce que je peux entendre. » Ajouta-t-elle avec un sourire en coin.

L’hiver était intense et l’image d’une Mary prise au piège dans la neige ne put que faire rire Elizabeth. Dernièrement, elle n’avait pas beaucoup mis le pied dehors, sauf pour aller se rendre compte du bien-être de ses chevaux chaque jour, mais les visites étaient de courte durée. Il valait mieux rester au chaud à l’intérieur plutôt que d’attraper la mort au dehors. Le froid en avait déjà tué plus d’un dans ce pays.

« Cela n’est pas étonnant. La neige ne cesse de tomber, par chance, elle s’est calmée depuis quelques temps, espérons, que vous ne soyez pas bloqué ici, mais cela nous laissera plus de temps pour nous parler. » Riait-elle à nouveau. Après tout la perspective d’avoir Mary quelques jours de plus à ses côtés ne la déplaisait pas. Elizabeth écouta ensuite avec horreur le récit de la fillette, à propos de la suite des fêtes de Noël à Whitehall. La lady n’arrivait pas à croire que quelqu’un avait osé s’opposer aussi ouvertement à la reine. Ce cadavre de chien était si morbide, il était donc normal que la reine ait été si furieuse.

« Cela devait être horrible, surtout que Mary sait qui sont ses ennemis, elle va être de plus en plus vigilante. » Disait la jeune femme soucieuse à propos de bon nombre de ses connaissances. Mary avait pu rencontrer sa cousine Anne, Elizabeth était heureuse d’avoir de ses nouvelles et elle espérait bien pouvoir voir la blonde bientôt, elle lui manquait tellement. « Vous êtes décidément, mon messager Mary. » Riait-elle. Puis elle l’écouta parler de ses journées, qui étaient principalement occupées par ses études et la lecture. En hiver, on avait tellement peu de chose à faire, que les livres étaient de véritables compagnons. « Quelle riche idée de la part de votre père ! Actuellement, je lis les œuvres d’Erasme, un brillant auteur, je vous le conseille Mary. » Elizabeth disait cela tout en tendant quelques délicieux gâteaux à sa jeune cousine.






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MessageSujet: Re: « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary  « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary Icon_minitimeDim 13 Avr - 15:29

Les pires histoires sont les histoires de famille

"Une famille est un endroit où l'esprit entre en contact avec l'esprit des autres. Si il y a de l'amour entre ces esprits, le foyer devient aussi beau qu'un jardin fleuri. Mais si ces esprits ne sont pas en harmonie les uns avec les autres, c'est comme si une tempête ravageait le jardin."
Elizabeth Tudor & Mary Grey

Le mariage espagnol dont parlait Henry Grey sans parvenir à dissimuler sa colère était une question majeure, cela, Mary le réalisait un peu plus chaque jour, chaque fois que des échos de la Cour venaient à ses oreilles. Un an plus tôt, elle n'aurait pas compris les enjeux que cela signifiait, maintenant elle savait : les mois passés à Londres avaient fini par porter leurs fruits. Une alliance espagnole, cela signifiait la fin des travaux d'Henry VIII et d'Edward VI, la fin du protestantisme en Angleterre, et le retour de la main-mise papale sur le royaume. C'était le sujet sur lequel Henry Grey avait le plus questionné sa plus jeune fille.

C'était un sujet qui préoccupait Elizabeth également, même si sa cousine riait, Mary devinait qu'au fond, elle se faisait du souci. Qui ne s'en faisait pas ? Elle-même, maintenant qu'elle avait compris à quel point une alliance avec l'Empire "sur lequel le soleil ne se couchait jamais" serait mauvaise pour sa famille et son pays. Les Grey étaient protestants, et la Réforme méritait sa place au sein du royaume des Tudors. C'était Catherine qui le lui avait dit. Mais assez vite, les mésaventures de Mary et la neige amusèrent sa princière cousine, et la fillette oublia ces pénibles considérations.

"Moi, je veux bien rester ici, je n'ai pas la moindre envie de retourner à la Cour. Je m'ennuie beaucoup trop là-bas, et les gens sont décidément bien étranges. J'ai l'impression de devoir me méfier de tout le monde, même de ceux qui ont l'air gentils... En fait, surtout de ceux qui ont l'air gentils", à l'instar d'Elizabeth Clinton, songeait Mary. Elle les avait trahis, et pourtant lui avait clairement dit vouloir la protéger. Pourquoi fallait-il toujours que les choses soient aussi compliquées ? Pourquoi les adultes ne disaient jamais vraiment ce qu'ils pensaient ?

A croire que le monde des grandes personnes était un amas de duperies, de mensonges et de pénibilité. Heureusement, c'était un monde qu'elle n'aurait jamais à connaître : le monde des chevaliers était bien plus simple. Se battre pour ses idéaux, vivre pour son honneur, ça c'était simple et concret. Pas de dissimulations, pas de faux semblants, juste du courage et de la justice. N'était-ce pas bien plus simple ?

"En plus", continua la petite fille, "ce n'est vraiment pas agréable quand vous n'êtes pas là, parce-que quand vous êtes là et que la Reine me regarde méchamment, je sais que si je vous regarde, vous, vous serez gentille. Alors que quand vous n'êtes pas là, non seulement la Reine me regarde toujours aussi méchamment, mais en plus je tourne les yeux et vois ma mère qui me fais signe de me tenir droite et d'être aimable sous peine de me prendre des coups de bâton. Vraiment, ce n'est pas très drôle."

Le cruel destin des filles de traître. Même après la libération d'Henry Grey, Mary savait que les choses ne s'étaient pas apaisées : la Reine s'en méfiait, la Cour se moquait, et Mary regrettait amèrement de ne pas être un garçon, un adulte assez grand et fort pour leur rabattre le caquet une bonne fois pour toutes.

L'affaire du chien au collier retrouvé mort dans les appartements de la Reine ramena l'enfant à ses peurs.

" - Cela devait être horrible, surtout que Mary sait qui sont ses ennemis, elle va être de plus en plus vigilante.
- Vous croyez que nous serons inquiétés ? Vous, moi, ma famille ? Même si ce n'est pas nous, vous pensez qu'elle pourra s'en prendre à nous ?"


Au fond, la petite était terrifiée. Elle était innocente, comme sa mère et ses soeurs, comme son père, jamais l'un des siens n'aurait fait ça. Catherine non plus, ce n'était pas son genre. Elizabeth encore moins. Alors qui ? Un protestant, nul doute, sans doute un partisan de ce Wyatt dont lui avait parlé son père, mais un inconscient : savait-il seulement ce que, par de tels gestes, les protestants allaient prendre ? Ce soir là, Mary avait vu la souveraine la regarder droit dans les yeux, et elle avait soutenu son regard. Elle avait fait la fière, ce que sa mère détestait, avait-elle agi contre les siens ?

Elizabeth avait raison : Mary Tudor savait qui étaient ses ennemis, et les Grey étaient les premiers de la liste.

La fillette prit un des gâteaux que lui tendait sa cousine et mordit dedans, comme si de simples gestes concrets pouvaient effacer ses idées noires. Elle mâcha lentement avant d'avaler et de sourire à Elizabeth.

"Ils sont délicieux," fit-elle avant de revenir au sujet des livres. "Ce n'est pas trop difficile à lire, Erasme ? Je crois en avoir entendu parler, Jane a dû traduire ses oeuvres. Elle a aussi traduit une pièce de Plaute, mais quand j'ai essayé de la lire, je n'ai rien compris du tout. En revanche, j'ai aimé L'Enéide !" Sans doute parce-que son père lui avait raconté l'histoire avant.

Et puis, les histoires de chevaliers n'étaient-elles pas les plus incroyables ?



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MessageSujet: Re: « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary  « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary Icon_minitimeJeu 24 Avr - 11:53

Les pires histoires sont les histoires de famille.


L’hiver s’étendait sur la lande anglaise. Belle ou maudite saison, elle marquait un temps de pause pour tout le monde, les éleveurs ne pouvaient plus emmener paitre leurs animaux et les cultivateurs devaient attendre que la neige fonde pour mettre en route les semailles. Les temps étaient rudes en hiver, il faisait froid, mais par chance, quand l’été avait été clément et les récoltes abondantes, l’hiver se déroulait tranquillement, jusqu’au printemps. Cette saison avait réuni deux jeunes cousines, toutes les deux étaient heureuses de se retrouver et de marquer une pause dans leur vie. Pendant quelques instants, elles n’avaient plus à penser aux dangers de la vie, elle pouvait vivre tranquillement, comme si de rien n’était. Pourtant elles étaient bien différentes Elizabeth Tudor et Mary Grey, l’une était plus sage, l’autre plus sauvage, rêvant de fuir sa condition de jeune lady. Cependant quand on devait d’une importante famille, proche de la famille royale, on ne pouvait fuir, on subissait.
Mais, quand on voulait oublier quelques instants les problèmes, ceux-ci revenaient toujours au galop, nous plongeant dans une sinistre peur. Mary Grey était l’image même des problèmes de sa famille, son regard plein de vie, cachait au fond de lui de la peine et de la peur. Sa sœur était emprisonnée et à n’importe quel instant, elle pouvait la perdre. Elizabeth avait beaucoup de peine pour sa jeune cousine, elle qui avait aussi connu l’enfermement de sa mère à un très jeune âge. Mary d’ailleurs avait le sentiment qu’elle devait se méfier de tous, Elizabeth ne pouvait que l’affirmer, quand on était important, on n’avait pas de vrais amis, sinon ils étaient très rares.

« Mary, je vais vous donner un conseil, méfiez-vous de tout le monde, même de vos amis, en quelques secondes, ils peuvent vous trahir pour une bourse d’or. L’argent achète les gens et cela peut être très facile chez certains. » Conseilla la rousse, tout en envoyant un regard tendre à sa cousine.

A son âge, elle ne devrait pas se préoccuper de tout cela, mais la vie en avait décidé autrement, comme elle avait décidé de rendre le destin d’Elizabeth plus difficile, alors qu’elle n’était qu’une enfant. Cependant, l’avantage de tout cela, c’était que nous devenons plus fort, plus grand et plus a même à supporter les violences de ce monde. De toute évidence, les deux cousines n’avaient pas le choix, elle devait subir et affronter sans sourciller. Mary n’avait pas un quotidien facile, elle était épiée, comme Elizabeth avait elle, à la cour. Tout le monde surveillait les gestes des Grey, dans l’espoir de les voir fléchir et trahir la reine pour les condamner. A la cour, la jeune femme et la fillette n’était pas libre et cela durerait le temps que Mary Tudor allait régner.

« Nous devons être fortes Mary et affronter tout cela. Ma sœur se méfie de tout le monde et nous sommes ses principales cibles. Elle cherche tous les jours le moindre signe de notre trahison. Même ici je suis surveillée, chaque jour l’une de mes dames envoie des lettres à la cour pour qu’elle ait des preuves de ma trahison. » Souriait la jeune femme. Elizabeth ne voulait pas faire peur à sa cousine, mais elle ne voulait pas non plus lui cacher la vérité comme beaucoup devait déjà le faire, la jeune fille n’avait pas besoin de cela. La rousse préférait la conseiller et tout lui dire, pour que Mary soit d’autant plus vigilante, surtout avec cette affaire de chien mort, qui avait dû faire de ce nouvel an une vraie psychose. La reine allait se méfier de tout le monde, c’était certain.
« Je ne veux pas vous inquiéter Mary, mais vous devez être vigilante, à la moindre incartade, la reine se tournera vers nous. Mais je pense que vous n’avez pas de soucis à vous faire pour vous, vous êtes jeune et je suis la cible prioritaire de ma chère sœur et de son conseiller Simon Renard. » Disait-elle, tout en jetant un regard à la pièce, pour voir si personne n’écoutait.

La conversation devient par la suite plus légère, les deux cousines dégustaient les petits gâteaux tranquillement, tout en parlant de livre. Elizabeth Tudor était une grande amatrice de livre et elle ne s’en cachait pas. D’ailleurs, elle était obligée d’en cacher certains, de peur que sa sœur et ses suivantes ne les jugent trop hérétiques. La méfiance était de mise dans une telle situation.

« Non, si vous êtes bien concentrés dans ce livre, tout sera compréhensible. » Souriait la jeune femme. « D’ailleurs, j’ai pu obtenir quelques écrits de Thomas More, comme il était catholique, ma sœur me permet de les avoir, son Utopie est vraiment enrichissante. Si vous le souhaitez, je pourrais vous les confier. »



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MessageSujet: Re: « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary  « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary Icon_minitimeVen 16 Mai - 13:50

Alors que les flocons s'écoulaient inlassablement sur la lande anglaise, tapissant des paysages d'un manteau blanc brillant, rien n'avait d'égal que la douceur d'un foyer. Lorsque le temps ne savait se montrer clément, c'était aux Hommes de faire en sorte de s'en prémunir. En ce jour de janvier 1554, les pluies d'automne avaient laissé place à la neige depuis des mois déjà, et l'extérieur résonnait des températures glaciales. Mais à l'intérieur, deux cousines discutaient au coin du feu, s'échangeant des nouvelles, dégustant de délicieux petits gâteaux. Tudor et Grey, un duo qui pouvait étonner en des temps aussi tendus, néanmoins la toute jeune Mary se savait en confiance. Depuis son arrivée à la Cour de Londres, en juillet, elle n'avait trouvé d'autre alliée que sa cousine Elizabeth, l'autre victime de celle qui osait se prétendre souveraine.

Elizabeth connaissait la Cour bien mieux que Mary, cela était chose sûre. Et Mary le savait, c'est pourquoi elle se montrait particulièrement attentive à ses propos. Longtemps, la fillette ne savait vraiment définir ce qu'était la Cour. Elle voyait ses parents s'y rendre, les entendaient en parler, elle savait que là bas ce trouvait le Roi, et que fatalement, c'était là que se jouait le sort de l'Angleterre. Mais elle n'en savait pas plus, et s'en fichait éperdument. Ce qui l'intéressait, c'était son chez elle, son Suffolk natal. C'était les courses à cheval avec Katherine, les séances d'escrime avec son père ou, plus fréquemment, ceux que son père nommait pour s'en occuper pendant qu'il était ailleurs, c'était les lectures avec Jane. C'était l'art et la manière d'échapper à la surveillance maternelle, d'aller voler des gâteaux dans les cuisines, et courir avec les chiens par temps de pluie et de revenir couverte de boue et de bleus.

L'enfance de Mary, on pouvait la résumer ainsi. Et il y avait eu le couronnement de Jane, son emprisonnement, la prise de pouvoir de Mary Tudor, et la Cour. Lieu maudit, damné, damné mille fois même, s'il ne lui avait pas permis de faire plus ample connaissance avec sa cousine Lizzy, ou de rencontrer des gens comme Henry, Charles, Anne ou Lorenzo. Ce qui n'empêchait nullement ce lieu d'être un havre de paix pour toutes les pires vipères du pays, comme le confirma Elizabeth.

"- Méfiez-vous de tout le monde, même de vos amis, en quelques secondes, ils peuvent vous trahir pour une bourse d’or. L’argent achète les gens et cela peut être très facile chez certains.
- Ceux qui agissent ainsi n'ont pas d'honneur,"
fit la petite, avant de marquer une courte pause, au cours de laquelle le visage d'Elizabeth Clinton se dessina dans son esprit. "Et les gens qui veulent être nos amis secrets, est-ce qu'il faut s'en méfier aussi ? Ceux qui disent qu'ils sont de notre côté et qu'ils font semblant de ne pas l'être pour ne pas avoir de problèmes avec la Reine, est-ce qu'il faut les croire ?"

Depuis son entrevue avec Lady Clinton à la Chapelle, Mary s'était souvent posé la question, mais ignorait vers qui se tourner. Elle avait bien demandé à Katty, mais celle-ci n'avait pas pu lui fournir de réponse. Inutile de poser la question à Anne, Mary savait qu'elle n'en saurait rien non plus. Lorenzo aurait pu lui répondre, mais il était parti pour l'Italie avant qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit. Jane aurait pu aussi, mais elle était à la Tour. Frances ? Inutile d'y penser. Henry Grey ? Mary avait peur de l'inquiéter. Et Elizabeth avait une meilleure expérience des choses, elle qui connaissait aussi les faux amis, les espions, l'enfermement. Qui d'autre qu'elle pouvait la renseigner sur les rouages de cette Cour ?

La fillette fronça les sourcils en entendant les propos de Lizzy, condamnée elle aussi à être épiée... Par ses propres dames de compagnie.

"C'est méchant, ça ! C'est déloyal !" Mais réalisant qu'elle avait peut-être parlé un tantinet trop fort, elle jeta un regard circulaire à la pièce pour s'assurer que nul autre que sa cousine ne l'avait entendue, tout en virant au rouge soutenu.

"- Je ne veux pas vous inquiéter Mary, mais vous devez être vigilante, à la moindre incartade, la reine se tournera vers nous. Mais je pense que vous n’avez pas de soucis à vous faire pour vous, vous êtes jeune et je suis la cible prioritaire de ma chère sœur et de son conseiller Simon Renard.
- Aah, je ne l'aime pas, lui ! Il a une sale tête, on dirait un de ses poissons longs qui se glissent partout, vous savez... Les murènes ! Ou les anguilles, je ne sais plus."
Savoir cet homme en avoir après Lizzy arracha un frisson de dégoût à la petite fille. "Quand même, je n'aime pas les savoir après vous, j'ai peur qu'ils vous fassent quelque chose de mal. Il y a quand même quelques gens bien parmi votre entourage proche, non ? Vos dames, vos gardes... Tous ne sont pas à la solde de la Reine ?"

Mary eut une pensée pour sa servante, Ginger, qui était venue du Suffolk avec elle. A défaut de pouvoir compter sur celles nommées par la Reine, la fillette savait pouvoir compter sur la jeune rousse.

"Mais vous savez, j'ai beaucoup parlé de la Cour à mon père, et il m'a dit que tout ce cauchemar ne durerait pas. Il me l'a promis, même ! Il m'a dit que tout rentrerait bientôt dans l'ordre, et que Jane serait libérée bientôt. Si Jane est libérée, vous le serez aussi, non ? Ce sera fini, l'espionnage, les faux amis, et les anguilles ! Dites..." Elle se pencha vers sa cousine et lui chuchota d'un ton conspirateur : "vous pourrez venir me voir dans le Suffolk, vous savez ! Anne m'a déjà promis de venir. Je pourrais vous montrer tous nos chevaux, et la bibliothèque, aussi. Elle est tellement grande, et il y a tellement de livres ! Même si je dois vivre cent ans, je n'arriverais pas tous à les lire, j'en suis sûre !"

Et en parlant de livres...

"- D’ailleurs, j’ai pu obtenir quelques écrits de Thomas More, comme il était catholique, ma sœur me permet de les avoir, son Utopie est vraiment enrichissante. Si vous le souhaitez, je pourrais vous les confier.
- Avec plaisir ! Je les passerais à Katty, aussi. Elle n'aime pas trop lire, je crois qu'elle n'y arrive pas très bien, ça met Mère en rage à chaque fois. Mais si elle essaye avec quelque chose de bien, ça devrait être plus facile, non ?"
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MessageSujet: Re: « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary  « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary Icon_minitimeJeu 22 Mai - 21:31

Les pires histoires sont les histoires de famille.


Mary était une petite fille qui avait déjà connu de nombreux malheurs pour une enfant de son âge, tout comme Elizabeth, son destin était parsemé par la tragédie. Son père avait été emprisonné avant d’être libéré, sa sœur se trouvait toujours en prison. Avant cela, ses deux ainées avaient été contraintes de se marier, à un âge si jeune, que la rousse n’osait imaginer, le tragique moment que ses cousines avaient dû passer. Sa jeune cousine ne méritait pas cela, mais c’était la malédiction des Tudor et même si elle n’en portait pas le nom, Mary en était une et elle le resterait tout au long de sa vie, qu’elle soit courte ou longue. Maintenant que la fillette était là, elle allait pouvoir profiter de sa présence et rattraper le temps perdu. Elizabeth n’avait jamais vraiment fréquenté ses trois cousines. La plupart du temps, la seconde fille d’Henry VIII avait été éloignée de la cour, si bien qu’elle n’avait jamais pu les voir, tout comme sa sœur Mary Tudor, qu’elle n’avait jamais réellement fréquenté, sauf durant quelques rares moments. Janvier 1554 apportait son lot de surprise et dans ses bagages, la petite Mary rapportait de nombreuses nouvelles de la cour, comme la désastreuse aventure du nouvel an, de la reine. Cette nouvelle était effroyable selon Elizabeth, parce que bientôt sa sœur s’en prendrait aux protestants, Mary ne verrait pas d’autres coupables et ils prendront pour quelques fous, qui ont voulu se rendre intéressant.
Elizabeth profitait de ce moment avec la jeune Mary pour lui inculquer quelques leçons et lui montrer qu’elle allait devoir se méfier de tout le monde, si elle voulait s’en sortir dans cet univers cruel. La rousse l’avait appris, il y a longtemps, à ses dépens et maintenant, elle se devait de protéger sa petite cousine, qui n’avait jamais rien fait à personne et surtout qui ne méritait pas le destin qui l’attendait. La fillette lui posa alors une question étrange, elle voulait savoir si elle pouvait faire confiance, en une personne qui se présentait être comme son amie, mais qui faisait semblant, que non devant la reine. Cette situation lui rappelait celle de bon nombre de ses connaissances, mais là encore, même si ces personnes se montraient comme des amis, on ne pouvait leur faire confiance, surtout en sachant, qu’elles mentaient déjà pour sauver leurs vies.

« Mary, je pense vraiment que dans le monde dans lequel on vit, on ne peut faire confiance en personne, surtout quand on ne les connait pas. Moi-même, je dois faire constamment attention, à ce que je dis, même devant mes sois disant amis. Les seules personnes, à qui je me confis, ce sont mes cousins Carey et ma chère Kat, ils sont toujours là depuis mes débuts et Kat a déjà été en prison, pour me protéger. » Souriait la jeune femme. « Je m’en qu’autour de vous, vos sœurs, sont les seules personnes de confiance que vous pouvez avoir. » Ajouta Elizabeth pour mieux rassurer sa cousine.

Par la suite, la petite Mary semblait scandaliser, en entendant sa cousine évoquer Simon Renard, qui voulait sa tête et les nombreuses personnes qui l’épiées, pour la faire tomber. Ainsi, c’était la triste réalité. Elle n’avait pas le choix, en dehors de Kat, elle n’avait personne, en qui elle pouvait faire confiance.

« En dehors de Kat, qui est ma gouvernante, je n’ai personne Mary, j’arrive à mettre en confiance certaines de mes dames, mais elles me vendraient toutes à la reine, si elles avaient de quelconque informations, qui pourraient me compromettre. » Déclara la rousse.

La petite Mary semblait espérer quelque chose que son père lui a promis, mais quoi ? Elizabeth ne le savait pas pour le moment et elle préférait ne pas le savoir, si Henry Grey avait promis la libération de Jane à sa plus jeune fille, c’était qu’il préparait quelque chose en secret. L’homme avait déjà été libéré parce que la reine l’avait bien voulu, sinon il croupirait encore en prison, à la moindre incartade, il y retournerait. Serait-il donc fou à ce point ?

« Mary, je doute que les choses changent et je crains que la reine ne fasse sortir votre sœur de sitôt. Elle ne veut pas sa mort, mais elle voit en elle une menace. Je suis sûre qu’avec le temps, vous la retrouverez, mais n’espérez pas que cela soit dans quelques jours. » Commença Elizabeth. « Je suis désolé Mary, mais comme votre père, je ne veux pas que vous nourrissez de vains espoirs. » Disait-elle, tout en posant sa main sur celle de l’enfant.

Puis elle répondit à sa jeune cousine à propos des livres.

« Je suis sûre que ça peut lui plaire. Utopie sera pour elle, une lecture distrayante, ce livre sera mon cadeau, pour vous et votre sœur. » Sourit la seconde fille d’Henry VIII.



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MessageSujet: Re: « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary  « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary Icon_minitimeMer 28 Mai - 21:57

Si douze mois plus tôt, un devin avait prédit à Mary Grey, fille cadette du duc de Suffolk, qu'elle en serait à se demander qui dans son entourage était digne de confiance et qui ne l'était pas, qu'elle en serait à prier pour la survie des siens, elle aurait ri et n'y aurait jamais cru. Elle ne savait alors même pas le réel sens du mot peur. Mais maintenant, tout avait changé. Maintenant, les séances de jeux avec sa soeur Katty avaient été remplacées par de longues prières. Maintenant, au lieu de parler de Nouveau Monde, de Chine, d'Empire Ottoman, elle parlait de prison, elle pleurait son Suffolk. Jamais, au grand jamais, elle n'aurait pu imaginer en arriver là. La situation s'était enfoncée jusqu'à ce qui lui semblait être un point de non-retour : le chien mort dans les appartements de la Reine. Mais la libération de son père augurait de meilleurs jours ; Mary avait l'impression d'enfin sortir la tête de l'eau.

Mais plus elle parlait à Elizabeth, plus elle lui posait des question et écoutait ses réponses, et plus elle se rendait compte que quoi qu'elle puisse faire, même si Jane était libérée demain et que tous rentraient à Ipswich dans la foulée, rien ne serait plus jamais pareil pour elle, pour Katty, pour Jane. Tout avait changé, jusqu'au plus profond de leurs coeurs. Presque inconsciemment, Mary commençait à raisonner comme une adulte, comme une femme de Cour, toujours sur ses gardes, toujours à se méfier. Elle demeurait une enfant naïve et peu préparée à ce monde qui était devenu, plus de force que de gré, son monde ; néanmoins les choses avaient vite changé en elle, et changeaient encore. Quel que soit l'avenir qui lui était réservé, il y aurait un avant et un après Londres pour elle.

Et cela, qui mieux que sa cousine Elizabeth pouvait le comprendre ? A elle, Mary accordait toute confiance, elle était la seule de ses cousines à s'être montrée gentille avec elle dès le départ, bien que jusqu'à l'incarcération de Jane et l'arrivée des deux dernières Grey à Londres, elle ne l'avait connue que de nom.

"Je crois que je comprends ce que vous voulez dire. Mais il y a une personne..."
Mary déglutit, alors que dans son esprit, le visage de Lady Clinton, ses longs cheveux blonds, ses yeux clairs, sa voix douce, s'imposaient encore et encore, comme une de ces vieilles chansons irlandaises que sa nourrice lui chantait, et auxquelles elle ne comprenait pas un traitre mot. "Une personne que je connaissais bien, avant. Une dame qui était amie avec ma soeur Jane, très amie, même. Elle venait souvent dans le Suffolk nous voir, et elle était là lorsque Jane et Katty se sont mariées. C'était vraiment quelqu'un de bien, vous voyez ? Eh bien cette dame, elle nous a trahis. Elle a dénoncé Jane et est dans l'entourage de la reine Mary, maintenant. Je l'ai détestée, longtemps, très longtemps même, et un jour elle m'a dit que je pouvais quand même lui faire confiance, parce-qu'elle n'avait jamais voulu ça pour ma soeur, mais qu'elle ne voulait pas que les gens sachent que nous étions amies."

Mary regarda sa cousine : "ces gens là, est-ce qu'on peut les croire ?"

Mary espérait que oui, car Lady Clinton l'avait vraiment touchée, la dernière fois qu'elle l'avait vue à la chapelle. Lorsqu'elle avait parlé de ses fils morts, Mary avait senti sa colère s'écrouler lentement, mais sûrement. Frances Brandon n'avait-elle pas perdu deux fils, elle aussi, avant de mettre Jane au monde ? Et cette histoire que lui avait raconté son père, cette sordide histoire des deux fils d'Edward IV que nul n'avait jamais retrouvés ? A croire que les fils, ces garçons que tant d'hommes souhaitaient, étaient finalement une source de malheurs qu'aucune fille ne pourrait jamais apporter. Dieu merci, Henry Grey n'était pas de ces hommes à dénigrer ses filles ! Lorsqu'elle pensait à Elizabeth et son père, Mary se disait que la fierté du duc de Suffolk envers sa progéniture était, finalement, assez exceptionnelle. Et bienvenue.

La fillette était fort choquée d'apprendre que les dames de compagnie de sa cousine étaient prêtes à la jeter dans la fosse aux lions sur un simple mot de la reine. Le monde était-il donc aussi bas ? Aussi néfaste ? Où était-il, l'honneur chevaleresque des romans ? A croire que ces choses là ne pouvaient survivre que loin de la Cour. L'espace d'un instant, elle envia les enfants du peuple qu'elle voyait passer depuis les fenêtres de ces appartements de Whitehall. Eux, ils étaient libres, insouciants, aussi libres et insouciants qu'elle l'avait été autrefois. Eux n'avait aucune idée de ce que c'était que de vivre avec une épée de Damoclès constamment au dessus de la tête. Parfois, elle aurait préféré ne pas être noble, et pouvoir vivre sa vie tranquillement, sans que personne n'aille lui chercher des noises. Ni reine Mary, ni reine de neuf jours, ni fille de traître. Juste elle et sa liberté.

Mais elle était une Grey, et une Tudor par sa grand-mère maternelle, elle n'avait pas le choix. Mary soupira. "Vous savez, Lizzy, parfois j'ai l'impression que nous sommes maudits, comme dans les livres sur ces familles de Grèce qui se font la guerre tout le temps. Plus je regarde ce qui s'est passé avant, plus je vois ce qui se passe, et plus j'ai l'impression que les pires histoires sont les histoires de famille. Mon père dit que l'histoire se souviendra de grandes familles comme les Grey ou les Tudor, mais je commence à croire que si on s'en souvient, ce sera davantage pour les dizaines de destins brisés que pour autre chose."

Encore un point dont elle s'était rendue compte ces derniers mois, en se plongeant dans les livres de Whitehall. Un an plus tôt, ce genre de considérations ne l'effleuraient même pas. Face à elle, Elizabeth était dubitative quant aux espoirs de Mary de voir sa soeur sortir bientôt de la Tour. Des mois, la fillette avait craint que le nom de Jane n'aille s'inscrire à la suite de ces destins brisés dont elle parlait plus tôt, mais la libération de son père, et la promesse de celui-ci de voir les choses rentrer dans l'ordre bientôt, avaient calmé sa crainte. A présent, tout espoir n'était pas vain, ni pour Jane, et encore moins pour Henry, qui avait récupéré sa demeure à Ipswich. Elle sourit à Elizabeth.

"Ce qui compte, c'est que Jane puisse sortir un jour. La reine verra vite qu'elle n'est pas une menace, je pense... Je sais que vous ne la connaissez pas bien, mais elle était gentille, vous savez. Presque autant que Katty. Elle n'aurait fait de mal à personne.
- Je suis désolée Mary, mais comme votre père, je ne veux pas que vous nourrissiez de vains espoirs."


Mary ne put que sourire plus encore, et prendre la main de sa cousine. Cette expression, Katty la lui avait longuement répétée, les premiers temps de leur séjour à Londres, alors que Mary attendait la nouvelle du retour de son père et sa soeur. Plus les jours passaient, sans que nulle nouvelle ne vint, et la fillette avait vu vaciller ses espoirs. A présent qu'ils renaissaient, Lizzy essayait-elle de la mettre en garde, comme l'avait fait Katty quelques mois plus tôt ? Mary repensa à ses paroles, à la gentillesse de Jane? Non, elle n'était pas une menace... Mais les gens autour d'elle, comme feu son beau-père Dudley, eux l'étaient. Et bien qu'elle se refusât à l'admettre, son père était une menace, lui aussi, et non des moindres.

Les livres furent comme une bouffée d'air frais sur cette conversation finalement bien sombre.

"C'est vrai Lizzy, vous nous les offrez ? Merci, merci beaucoup ! Je vais les lire et je les montrerais à Katty, alors. Dès que je la vois ! Et quand je vous reverrais, je vous ferais un beau cadeau, moi aussi, même si je ne sais pas encore lequel. Je laisserait Katty vous offrir des bijoux, elle est meilleure que moi pour en trouver de jolis, et moi je vous offrirais un livre !"


Dernière édition par Mary Grey le Dim 29 Juin - 10:47, édité 1 fois
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Elizabeth Tudor
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MessageSujet: Re: « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary  « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary Icon_minitimeMer 4 Juin - 19:32

Les pires histoires sont les histoires de famille.


La vie apportait toujours son lot de surprise et le destin pouvait parfois se montrer implacable. Jamais Elizabeth n’aurait imaginé que son jeune frère disparaitrait ainsi dans la fleur de l’âge, lui qui n’était encore qu’un enfant et qui aurait fait un grand roi. Edward VI aurait dû vivre, il n’était pas en âge de mourir, lui qui avait traversé les maladies de l’enfance et la dureté de son éducation princière, il ne devait logiquement pas disparaître aussi jeune. Dans un premier temps, Elizabeth avait toujours cru que son frère avait été empoisonné. John Dudley faisait figure de coupable idéal, puisqu’il voulait mettre sur le trône son fils et sa belle-fille. Cependant, avec le temps, la jeune femme avait fini par admettre que son frère avait été gravement malade. Le trône appartenait maintenant à deux femmes, Jane Grey, mais aussi Mary Tudor, celle qui avait été désigné par Henry VIII pour succéder à son frère. Le sort en avait été jeté pour Jane, puisque cette dernière n’avait régné que neuf jours et depuis, elle était enfermée à la Tour de Londres. Un jour, elle en ressortirait, Elizabeth en était certaine, Mary serait clémente avec la jeune Grey, mais pour le moment, elle souhaitait la garder, loin des ambitions de nombreux protestants. La rousse le voyait bien, sa jeune cousine Mary voulait à tout prix que son ainée sorte de prison, mais dans cette grave situation, la patience était de mise. Mary Tudor était l’héritière de son père et elle possédait, tout comme lui, un caractère inconstant, avec une pointe de de ferveur religieuse.
Dans leur cas à toutes les deux, les cousines ne pouvaient pas faire confiance en beaucoup de monde, elles devaient rester discrètes et ne pas trop se fier aux autres. La trahison pouvait arriver à leur porte du jour au lendemain. Mary avait de la chance, elle n’était qu’une enfant, pour le moment, ses paroles ne seraient pas prises pour des évangiles. Cependant, pour ce qui était d’Elizabeth, elle devait à chaque fois se mesurer et faire attention à tout, pour que l’on ne vienne pas déformer ses agissements et ses propos auprès de la reine.

« Il faut encore plus se méfier des personnes qui nous ont déjà trahis par le passé, ce sont les plus sournoises et les plus dangereuses. » Réfléchissait la jeune femme, ne sachant pas de qui Mary pouvait parler. « Dites-moi Mary, est-ce que tout se passe bien avec votre mère ? » Demanda la jeune femme.

Frances Brandon n’était pas connue pour être une femme aimante, même si elle était une amie proche de la reine, Elizabeth avait toujours entendue parler d’elle comme une mégère qui n’hésitait pas à frapper ses filles. Jane, Katherine et Mary avaient été élevé à la dure et maintenant que Mary Tudor était au pouvoir, cela devait être bien pire. La jeune fille avait raison leurs familles étaient maudites, elles qui descendaient d’Henry VII, n’avaient pas eu le bonheur de connaître une vie tranquille et c’était, ce qui les liées, encore plus aujourd’hui.

« Votre père a raison et tort à la fois. Notre famille est maudite, mais elle est grande à la fois. Henry VII a conquis le pouvoir en partant de rien, puis il y a eu mon père. Malgré toutes les horreurs qu’il a commise, il a été un grand roi. Aujourd’hui, nous connaissons des heures sombres, mais l’Angleterre connaitra son Age d’or, croyez-moi Mary, un jour, tout ira mieux. » Souriait la jeune femme, tout en voulait se montrer très positive quant à la suite. Cependant, en attendant, elles devraient connaître la peine et les malheurs. Elizabeth le savait, elle ne serait tranquille que quand Mary Tudor disparaitrait, ce jour-là, elle serait elle-même reine et elle serait libre de faire ce qui était bon pour son royaume. En attendant, elle devait patiente et tout faire pour s’en sortir avec toutes les menaces qui se trouvaient autour d’elle. Jane Grey avait ses chances, mais une chance infime, qu’elle devrait saisir en temps voulu. Oui sa belle cousine n’était pas une menace, elle ne méritait pas cela, mais la loi de la reine ne pouvait être discuté. La jeune femme ne pouvait s’empêcher de sourire face aux paroles de la petite Mary, elle était tellement optimiste, que c’était adorable à voir.

« L’espoir est ce qui nous aide à vivre. Restez optimiste Mary, même dans les heures les plus sombres de votre vie. » Conseilla Elizabeth, tout en serrant la main de la jeune fille. Le plaisir de sa cousine était immense, quand elle lui annonça, qu’elle lui offrait quelques livres. Mary devait avoir une soif de connaissance et cela faisait plaisir à voir, en retour, elle voulait lui offrir un cadeau, ce que la jeune femme refusa aussitôt.
« Vous ne me devez rien Mary, ni Katherine, ni vous. Prenez soin de vous, c’est ce qui me fera le plus plaisir en ce monde. » Souriait la jeune femme.



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MessageSujet: Re: « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary  « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary Icon_minitimeDim 29 Juin - 10:43

"Il faut encore plus se méfier des personnes qui nous ont déjà trahis par le passé, ce sont les plus sournoises et les plus dangereuses."

Les propos d'Elizabeth sonnèrent comme un couperet, et Mary opina en silence. Bien sûr, elle avait raison : une personne capable de nous trahir une fois recommencerait à la première occasion. N'avait-elle pas été stupide en prenant Lady Clinton en affection ? Si, bien sûr. Jamais elle n'aurait dû douter de sa culpabilité. Si Jane était en prison actuellement, c'était avant tout à cause de personnes comme Elizabeth Clinton. Sournoises et dangereuses... En y réfléchissant, la fillette pensait pouvoir coller pareils adjectifs à la moitié des personnes qui affluaient à la Cour, qu'elle côtoyait toute la journée. Lizzy avait raison, mieux valait ne faire confiance à personne. La vie était plus sûre ainsi. La gamine insouciante et naïve qui continuait de sommeiller en Mary trouva fort détestable de devoir se garder de tout et tout le monde, mais telle était la vie de Londres. Une vie qu'elle n'avait pas voulu, pour rien au monde, mais qui était la sienne, quoi qu'elle puisse faire. Elle était encore trop jeune pour choisir son destin, mais savait pertinemment que le temps viendrait ou elle pourrait voler de ses propres ailes. Enfin, ça, c'était si ni Frances Brandon, ni Mary Tudor ne s'interposaient entre elle et son avenir.

"Dites-moi Mary, est-ce que tout se passe bien avec votre mère ?"

La fillette eut un demi-sourire amer, avant de répondre en haussant les épaules : "elle est égale à elle-même... Méchante avec Katty plus encore qu'avec moi, puisque Katty se laisse faire et pas moi. Et adorable avec les proches de la Reine. Tout sucre et tout miel, vous y croyez ? Je me demande si elle nous aime vraiment, mes soeurs et moi. Je me demande même si c'est une mère, que nous avons." L'amertume laissa place à une certaine tristesse. "Elle me fait penser aux méchantes reines, dans les contes. Aux sorcières. C'est un peu une sorcière, en fait. Je suis sûre que mon grand-père Charles n'aurait pas aimé la voir aussi mauvaise avec nous."

Charles Brandon était un homme bon, lui avait assuré Catherine Willoughby. Mary était née l'année de sa mort, et ne l'avait donc jamais connu, mais elle l'imaginait un peu comme son père. La dureté de Frances venait-elle du côté Tudor ? Mary en doutait un peu : sa grand mère, l'ancienne Reine de France, était réputée pour sa bonté et sa douceur. Non, Frances devait être née ainsi, sans que quiconque sache pourquoi... La grande question était : comment Henry Grey avait-il pu s'éprendre d'une femme pareille ? Voilà qui dépasse l'entendement humain. Toute sa vie, Mary se souviendrait des pleurs de Jane lorsque leur mère l'avait frappée jusqu'au sang. Elle avait encore l'impression de les entendre, et eut un frisson.

"En fait, je crois même qu'elle nous déteste. Jane aussi, moins que Katty et moi, mais quand même. Elle saignait tellement, la fois où elle avait dit à Mère qu'elle refusait d'épouser Guildford Dudley ! J'ai bien cru qu'elle allait en mourir, tant elle saignait !"

La fillette le savait, elle était maudite. Tout comme Jane et Katty, tout comme Lizzy. Point de salut pour la descendance d'Henry VII. Un jour, son père lui avait dit qu'il y avait toujours un prix à payer, lorsqu'on s'aventure trop près du trône. Ironiquement, il l'avait payé, le prix, et encore cela aurait pu être bien pire... Alors quand c'était toute une lignée qui était destinée à la couronne, les enchères montaient forcément. Nul ne pensait aux individus en eux-mêmes, mais au sang qui coulait dans leurs veines. Pendant huit ans, Mary avait porté son nom comme une médaille, le brandissant fièrement comme si par ce seul fait, elle était protégée de tout et de tout le monde. Si aujourd'hui elle en était toujours aussi fière, elle commençait à comprendre que loin de la protéger, son nom ne faisait que l'enfoncer davantage, la mettre en danger. Grey et Tudor étaient maudits, ils ne valaient pas plus que les Atrides des légendes grecques.

"C'est vrai que notre famille a fait de grandes choses... Père m'a dit une fois que c'était grâce à nous que la paix et la stabilité étaient revenus en Angleterre, après la guerre. Vous croyez qu'on se souviendra de nous comme d'une grande lignée ? Moi, j'aimerais bien." Les paroles aimables de sa cousine firent sourire Mary, qui en ces temps de bouffée d'oxygène, avait repris une bonne part de son optimisme d'antan. Un Age d'Or, comme ce serait beau ! De tout son coeur, Mary l'espérait. "Ça aussi, j'aimerais bien, et le plus tôt possible ! Mais je ne crois pas que la Reine nous aide beaucoup," fit elle avec un nouveau haussement d'épaules. Elle-même ne trouverait jamais son Âge d'Or sous le règne de celle qui avait enfermé son père et sa soeur. "Je crois que c'est vous qui apporterez l'Âge d'Or à l'Angleterre, Lizzy. Moi, en tout cas, je veux que ce soit vous !"

Et de toute façon, qui d'autre que sa cousine préférée pouvait apporter à l'Angleterre cette paix tant espérée ? Personne, Mary Tudor encore moins que les autres. Même Jane, avec toute sa douceur et toute sa bonne volonté, ne le pouvait pas. Des mois durant, Mary l'avait considérée comme la vraie Reine, même après son emprisonnement, mais désormais elle comprenait que sa chère soeur n'était pas taillée pour le pouvoir. Elle ne connaissait rien de la Cour, rien des complots et des marches à suivre, contrairement à Elizabeth. La fillette ne put que prendre, à son tour, la main de sa cousine, qui lui disait de rester optimiste, même dans les temps les plus durs.

"Je le suis plus que jamais, maintenant. Je suis sûre que tout va s'arranger bientôt, pour nous tous... Non, je n'en suis pas sûre, je le sais." La mention des livres la fit sourire encore plus. Depuis toujours, Mary avait aimé lire, plus encore que ses soeurs. Katty peinait souvent à clore un chapitre, et si Jane travaillait beaucoup, c'était souvent parce-que Frances et Henry l'y forçaient. Pour Mary, ils n'avaient jamais eu ce problème, mais elle n'avait pas gagné pour autant l'approbation maternelle. Huit années sous le même toit que Frances Brandon lui avaient enseignées que de toute manière, c'était peine perdue.

"Vous êtes tellement gentille, Lizzy, il me faudra bien vous remercier un jour ou l'autre, même si vous n'êtes pas d'accord," fit la petite avec un rire. "Miss Stafford m'a offert une pierre de lune pour Noël, sur un collier, et elle m'a dit qu'elle portait bonheur. Je suis sûre que j'arriverai à en trouver une pour vous aussi, comme ça, la prochaine fois que Renard vous casse les pieds, il sera sans défense et ne pourra rien contre vous !"
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MessageSujet: Re: « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary  « Les pires histoires sont les histoires de famille » Elizabeth & Mary Icon_minitimeJeu 10 Juil - 18:06

Les pires histoires sont les histoires de famille.


Elizabeth Tudor n’était pas étonnée d’entendre Mary qualifier sa propre mère de sorcière. Frances Brandon n’était ni plus ni moins que cela. La jolie rousse n’avait jamais aimé cette femme et n’avait jamais pu avoir une vraie conversation amicale avec elle. Frances était amie depuis toujours avec Mary Tudor et cette dernière n’admettant pas sa cadette, elle avait transmis sa haine à leur cousine. Frances avait toujours détesté Elizabeth et elle ne s’était jamais gênée pour lui faire comprendre, que cela soit durant les différents règnent de son père et de son frère. Aux yeux de Frances, Elizabeth avait toujours été un obstacle pour la couronne. Elle était l’enfant en trop, celle qui privait sa famille de la couronne, alors que Mary Tudor vieillissait. Parce que c’était certains, Frances Brandon ou Margaret Douglas étaient les héritières au trône, si elle-même restait en vie. Ces deux femmes, Elizabeth les méprisaient plus que tout au monde, en particulier Frances, qui était une femme acariâtre et cruelle. Rien n’étonnait plus Elizabeth, mais comme Mary, elle ne comprenait pas comment Frances Brandon avait pu devenir une telle femme, alors qu’elle avait eu un père assez joyeux et une famille très prévenante. Même si elle avait perdu tôt sa mère, elle avait toujours eu Catherine Willoughtby comme présence féminine à ses côtés. Les personnes changent et le monde ne suit pas. Dès qu’elle le pourrait, Liz se promettait de tout faire pour protéger Mary et Catherine, comme elle le ferait pour n’importe quel membre de sa famille. Les Tudor étaient peut-être étranges, mais les deux jeunes filles ne méritaient en rien de souffrir autant.

« Je ne sais Mary, mais votre mère a toujours été une femme très spéciale, ambitieuse et qui a longtemps rêvée de la couronne. Votre grand-père Charles n’était pas du tout ainsi, mais je l’ai peu connu, on dit qu’il a toujours détesté ma mère et il ne m’a donc guère porté d’intérêt. » Souriait la jeune femme. « Cependant, je vous le promets, dès que je pourrais faire quelque chose, je vous aiderai avec votre sœur. » Ajouta-t-elle tout en prenant la main de sa très jeune cousine.

La violence était une facette qu’elle ne connaissait pas de la mère de sa cousine. Ainsi, elle apprit avec horreur que Frances avait battu Jane, quand cette dernière avait refusé son mariage avec Guildford Dudley. Quel genre de mère pouvait bien faire ça ? Frances était censée soutenir ses filles et pas les rabaisser. Pauvre Jane, si elle était à la Tour aujourd’hui, c’était bien plus à cause de sa mère.

« Je suis désolée pour vous Mary, je n’aurais jamais imaginé qu’elle irait aussi loin. Mais votre mère ne peut pas vous détester, quelle mère peut détester ses enfants ? » S’exclama la jeune femme.

L’Histoire, comme n’importe qui Elizabeth voudrait entrer dans les grandes lignes de l’histoire anglaise, faire des choses importantes pour son pays et surtout qu’on ne l’oublie pas. Mary souhaitait la même chose et Elizabeth espérait de tout cœur qu’elle parvienne à cela. La jolie rousse ne put s’empêcher de rougir quand sa petite cousine lui avoua qu’elle pensait que ça serait elle qui rendrait l’Angleterre grande et la ferait entrer dans un Age d’or. Elizabeth l’avait espéré pour son pays, mais elle aurait voulu que Mary avance vers la modernité et non pas qu’elle reste ancrée dans les vieilles traditions.

« Je pense qu’on n’oubliera pas les Tudor, après personne ne peut nous dire si on sera vu comme une grande lignée. Mon père l’espérait de tout cœur et je l’espère aussi. » Commença la jeune femme. « Mary ne parlait pas ainsi de notre reine, tout cela est trop dangereux. Et je doute fortement que je devienne reine un jour, même si je suis l’héritière de ma sœur, elle peut toujours donner un fils ou une fille à la couronne. » Souriait Elizabeth, sans réellement faire part de ses souhaits. Parce que oui, elle aimerait pouvoir être reine un jour. Mary était optimiste et elle pensait que tout s’arrangerait par la suite. La princesse le pensait aussi, qu’est-ce qui pouvait bien être pire que les derniers mois qui se sont écoulés ? Mary était reine, elle avait tous les pouvoirs et d’ici quelques mois, elle se marierait. L’Angleterre serait désormais en paix. D’ailleurs, Liz était surprise d’apprendre qu’Anne Stafford, sa très chère cousine s’était occupée de la petite Mary, c’était bon de savoir qu’elle était toujours là pour prendre soin de ses proches.

« Votre optimiste pourrait donner du courage à n’importe qui. Maintenant que diriez-vous qu’on vous montre votre chambre ? Après un tel voyage, vous devez avoir besoin de vous reposer. » Souriait la jeune femme.



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