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Nous nous situons aux alentours de mai 1558.
Il fait de plus en plus chaud les gens prennent plaisir à sortir dans les jardins.

Si vous souhaitez jouer un étranger, privilégiez les Espagnols et les Ecossais.
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MessageSujet: Tea for two and two for tea | Anne  Tea for two and two for tea | Anne Icon_minitimeDim 1 Déc - 22:14
Tea for two and two for tea | Anne Deepinthought Tea for two and two for tea | Anne Hgb03
Guildford & Anne
« Est-il permis de détester les gens à
cause de leurs bonnes intentions ? »
- Gérald Lescarbeault




Une guerre menée au nom d’idéaux était une guerre de tous les instants. Pas de repos pour les braves, chantaient depuis des siècles les ménestrels, glorifiant ceux y ayant pris part, et ces derniers avaient parfaitement raison, aussi excentriques et inexacts soient leurs épiques récits. Guildford en était le parfait exemple, quoi que sa personne ne fût point exposée chaque jour aux charges écossaises, au cœur d’un champ de bataille chaotique, partagé entre sang, cris et boue. Il avait certes mené, comparé à toutes ses années de vie, assez peu de grandes offensives, s’illustrant cependant par sa hargne guerrière lors de raids ennemis repoussés hors des terres de la très sainte Angleterre, mais les plus durs combats qu’il avait eu à entreprendre, et ceux composant une grande partie de son quotidien, se passaient parmi ses pairs. Point d’épées entrechoquées, de râles d’agonie ou de monceaux de cadavres ! Du moins pas que l’on puisse voir de ses propres yeux ; pourtant, c’était bien à la Cour de la Reine et dans la région de Londres que le sort du Nord du Royaume, et peut-être même du pays tout entier se jouerait. Qui savait où s’arrêteraient ces maudits chiens d’Ecossais, si personne ne les empêchait de franchir à leur guise la frontière, et de piller le Northumberland à l’envi… Pour cela, le Lord avait gagné la capitale, bien décidé à trouver, sinon l’oreille attentive de la Couronne, au moins des appuis, aussi bien matériels que politiques. Une guerre se gagnait avec des hommes et des armes, mais également avec des mots, ainsi que des partisans prêts comme lui à aller jusqu'au bout, jusqu’au renversement du suzerain –ou de la suzeraine- récalcitrante. Seulement ces alliés demeuraient dans l’ombre, se croyant isolés : c’était à Gui à les rassembler, à former un trait d’union entre eux et le Nord, afin de protéger au mieux les intérêts de tous.

Et c’était justement à ce titre qu’en cette belle journée d’hiver, au ciel limpide nimbé d’un air polaire, il avait gagné la propriété des Flitwickson, répondant à l’invitation de Lady Sybille tout en ne s’intéressant qu’au mari de cette dernière. Dans les couloirs les plus reculés de Whitehall, il avait eu l’occasion de discuter avec ce noble, qui lui avait été présenté par une connaissance commune elle aussi dans la confidence, et qui avait convaincu Fleming que ce sir l’appuierait dans tous les moyens à sa disposition. C’était en effet ce qui avait transparu de leurs quelques entretiens au palais, sous les masques imposés par la bienséance ainsi que la sempiternelle prudence leur assurant que les murs, près de la Reine plus que partout ailleurs, se connaissaient des oreilles indiscrètes. L’invitation de Lady Flitwickson avait donc sonné comme un potentiel sous-entendu : les deux hommes auraient l’occasion de se voir en privé si d‘aventure le bien-né acceptait. Une conversation sans ambages qui lui assurerait de la motivation de son hôte, et de la teneur exacte des ressources de ce potentiel nouveau confédéré. Gui accepta donc, certain que le billet ne pouvait qu’avoir été motivé par ce dessein secret : il n’était pas assez « populaire » à la Cour pour qu’une dame l’invite à une collation de son propre fait, d’autant plus que celle-ci ne le connaissait pas, et n’avait de plus plus de parents aptes à la forcer à le rencontrer dans le but de les fiancer. Pour respecter tout à fait ce petit jeu de dupes, l’aristocrate se présenta donc en voiture, quoi qu’il eut trouvé bien plus commode de monter son propre cheval ; la bonne société londonienne se choquait aisément de ce genre de « barbarisme », et le but ici n’était pas d’attirer l’attention, ou encore de signifier sans mot dire son indifférence totale, voire méprisante, envers les préciosités de ce monde doré, déconnecté de la réalité de l’Angleterre. Jouer un peu les courtisans un bref instant pour y gagner bien plus pour ses propres luttes, voilà qui s’avérait acceptable ! Un peu ennuyeux, certes, mais défendre des principes supérieurs nécessitaient un certain don de soi, aussi déplaisant soit-il.

Ce « bref instant » pourtant, dès le départ, s’annonça compromis. La Lady le reçut dans le grand salon du manoir, avec la parfaite attitude policée de la maîtresse de maison, pour lui apprendre que son époux n’était pas encore rentré d’une partie de chasse l’ayant occupé toute la matinée. L’invitant à prendre place le temps qu’il revienne, elle le conduisit jusqu’à un second salon, où quelques dames conversaient déjà, attendant leurs consœurs pour que leur petit « goûter » commence officiellement.

Je suis certaine que vous imaginez déjà à quel point le temps fut long, et ce rendez-vous lentement mué en traquenard mondain. Inutile de vous dire que Lord Flitwickson n’arriva pas, que l’assemblée se composait à plus des quatre cinquièmes de femmes auxquelles Fleming n’avait jamais été présenté, et avec lesquelles il n’avait évidemment absolument rien en commun ; c’était en effet d’un prévisible monumental. Heureusement, il y avait tout de même un point positif : ces dames, effarouchées par son personnage, composé d’une carrure impressionnante, d’une aura de dédain perceptible et d’une réputation presque sulfureuse, ne tentèrent que très rarement de l’inclure à leurs babillages, tentatives abrégées en quelques mots par le Lord, nullement désireux de s’intégrer à leur groupe, ou de seulement en avoir l’air. Pensivement, il avait battu en retraite sur le siège le plus proche d’une des grandes fenêtres du salon, afin de s’abîmer dans la contemplation du jardin, coupant ainsi son esprit du monceau de choses assez irritantes l’entourant. Diablerie, le voilà en sous-nombre, en passe de trouver l’égrenage du temps plus lent que jamais… Il s’agissait bien de survie, d’une certaine façon, exactement comme un chevalier tente de ne pas se faire happer par la sauvagerie sans nom d’une campagne guerrière. Cette vue constitua sa bouée de sauvetage, son point  d’ancrage auquel revenir dès qu’une interlocutrice se voyait déçue dans ses maigres espoirs de conversation partagée. Une bouée qui résista autant qu’elle le put, avant de céder à son tour devant la malchance le poursuivant décidemment en cette après-dinée…

-Lord Fleming, commença Lady Flitwickson avec une gaité artificielle, l’arrachant à son fief de solitude. Je vous en prie, ne me dîtes point que je suis une si piètre maîtresse de cérémonie : nous avons à peine réussi à vous arracher deux mots depuis votre arrivée… !

L’intéressé posa sur elle son regard d’un bleu si clair, avant d’esquisser un léger sourire poli, à mille lieues de ses pensées : si je me tais, c’est bien sûr parce que je n’ai nul désir de vous adresser la parole, à vous et à vos assommantes amies…

-Du tout, My Lady. Je ne suis point je le crains d’un naturel très loquace, voilà tout. Je ne souhaiterais au contraire appesantir la délicieuse atmosphère de votre réunion, des plus réussies si je puis me permettre.

Son interlocutrice parut pleinement touchée par ce compliment des plus hypocrites, qui sembla d’ailleurs détendre un peu les damoiselles l’entourant, se détendant en le découvrant pas si clairement hostile que cela. Eh oui mesdames, même né aux plus lointains confins du Royaume, il s’avérait civilisé, et apte à se fondre dans le décor lorsqu’il s’en donnait la peine… Cette élégante parade ne suffit cependant pas :

-Vous êtes trop aimable. Mais rassurez-vous, je vous apporte une excellente nouvelle : miss Stafford vient si je ne m’abuse d’arriver de la ville, et nous rejoindra dans une poignée d’instants. Vous aurez tout loisir de lier conversation : vous vous connaissez d’ores et déjà, si je ne m‘abuse…

Rien, sur le visage du Lord, ne trahit la sensation qui venait de naître en lui, celle de tomber de Charybde en Scylla depuis son arrivée sur le domaine. Bien sûr qu’il connaissait Anne Stafford, comment oublier cette femme le tourmentant dès qu’ils se croisaient avec sa bonté débordante et ses allures de petite fille modèle s’étant donné pour mission de lui rendre la joie de vivre tout en assurant l’Univers qu’il gagnait à être connu –le tout sans que personne ne lui ait jamais rien demandé. Et c’était à croire que son entrée en scène témoignait d’une haine profonde du Ciel à son égard, lui infligeant en plus du reste sa présence, alors que Lord Flitwickson, incarnation de l’opportunité pour lui de s’éclipser, donnait l’impression d’avoir définitivement disparu de la surface de la terre.

Avec un bref hochement de tête, Guildford reçut l’information de la part de la Lady, qui elle visiblement était ravie de revoir cette « chère Anne », avant de se préparer mentalement à ce que la torture intellectuelle lui étant infligée augmente d’un cran. Sans se soucier d’être remarqué ou non, il serra les mâchoires, comptant les secondes avec une sombre résignation, et se demandant si, à défaut de prier pour une délivrance proche, il n’aurait pas été plus rentable de maudire l’ange responsable de cette situation détestable.








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MessageSujet: Re: Tea for two and two for tea | Anne  Tea for two and two for tea | Anne Icon_minitimeVen 27 Déc - 3:53
Si c’était l’amour qui avait poussé Anne à accepter la demande en mariage de Lorenzo il y a quelques semaines désormais, elle ne savait néanmoins pas dans quoi elle s’engageait. A ses yeux, il semblait qu’elle était l’héroïne d’un roman à l’eau de rose et qu’elle rentrait dès lors dans un univers de princesses où tout était beau et précieux, où il n’y avait pas de place pour le malheur ou la vilainie. Malheureusement, c’était une vision bien naïve des choses. Elle était loin de se douter de toutes les personnes qui jasaient à son sujet sur l’union peu profitable que le Duc Carafa s’apprêtait à faire. Il rompait ainsi ses fiançailles avec un fort parti italien et s’engageait auprès d’une jeune fille sans le sous et qui descendait tout droit des Boleyn. Il n’aurait pu faire pire mésalliances et c’était bien pour cela qu’il avait dû partir en Italie afin de régler certaines affaires avec son père. Lorenzo n’avait prétexté rien de grave, mais manifestement, la décision ne plaisait pas à tous. Néanmoins, elle restait confiante. Elle croyait aux fins heureuses et en la force de leur amour. Et puis, elle prêtait une confiance aveugle en l’homme de son cœur. Il lui avait promis une vie à ses côtés et elle le croyait corps et âme.
Pour l’heure, elle était donc officiellement la fiancée du Duc et elle se rendait soudain compte de tout l’intérêt qu’on lui portait. Anne se plaisait à croire que c’était pour mieux l’intégrer à ce nouveau milieu dans lequel elle allait pénétrer, malheureusement, il en était tout autre. Personne ne pouvait arrêter les ragots qui circulaient à son sujet et la curiosité de ces femmes de la cour qui n’avaient que cela à songer de toute leur journée. Une jeune fille sans le sous qui était parvenue à susciter l’amour d’un aussi riche noble avec une réputation de coureur de jupons, voilà qui était un sujet de conversations bien intéressant autour d’une tasse de thé. Mais elles se laissèrent rapidement et il ne suffit plus seulement de parler d’elle, il fallait la voir pour comprendre de quoi il retournait.
Donc, ce qu’Anne avait jugé être une aimable invitation de courtoisie était en réalité un rendez-vous commun afin d’estimer la fiancée de cet italien au lourd passé. De par sa nature naïve et son esprit candide, il ne faisait pas l’ombre d’un doute qu’elle risquait d’amuser ces dames qui allaient s’en donner à cœur joie. Une bonne distraction les contenterait très certainement et Anne était l’attraction du jour.
Néanmoins, la pauvre fille était bien loin de se douter des motivations de cette invitation, et elle préférait s’en trouver flattée. En choisissant d’épouser Lorenzo, elle savait qu’elle devrait apprendre à vivre dans ce nouveau monde qu’était celui de la cour et de l’aristocratie. Mais la jolie blonde ne la voyait qu’à travers les ouvrages qu’elle lisait toute la journée et ils n’avaient rien de bien objectifs, ce qui risquait de jouer en sa défaveur. De ce fait, elle n’avait pas peur de rentrer dans cette couche sociale plus élevée et elle était même impatiente d’y rentrer pour prouver à l’homme qu’elle aimait qu’elle serait à la hauteur. Mais elle ne pensait pas qu’elle serait admise aussi tôt. Leurs fiançailles venaient tout juste d’être annoncées qu’elle se retrouvait déjà invitée dans un salon.
Elle s’en trouvait donc à la fois excitée, mais surtout angoissée. Le simple fait de savoir Lorenzo si loin d’elle, en Italie, la mettait mal-à-l’aise tandis qu’elle faisait son entrée dans un monde inconnu. Elle aurait souhaité avoir sa sœur, ou bien sa cousine à ses côtés, mais elle devrait se passer d’elles.
Elle prit donc une très grande inspiration avant d’ouvrir la porte de la calèche que Lady Flitwickson avait mise à sa disposition pour venir la chercher chez sa sœur Catherine. Elle trouvait cette attention tout particulièrement délicate, sans comprendre que ce choix la renvoyer tout droit à sa maigre condition de femme du peuple. Elle descendit le marchepied du carrosse et s’engagea vers la demeure, relevant ses jupons pour ne pas les souiller. Pour l’occasion, Anne avait revêtu l’une de ses plus belles toilettes, coiffé ses cheveux avec précaution et tenté de corriger toutes les imperfections de son apparence. Elle souhaitait être parfaite, car à travers son image, c’était aussi celle de Lorenzo qui se jouait. C’était un enseignement que sa sœur Catherine lui avait donné et qu’elle n’était pas prête d’oublier.
Des serviteurs lui ouvrirent les portes de la demeure et elle fut ensuite conduite vers le salon où se trouvaient déjà tous les invités. Elle fit une entrée timide et mal-assurée, tandis que le serviteur l’annonçait auprès du beau monde. Anne adressa un pâle sourire à l’assemblée, qui lui répondit par un concert de gloussement. Manifestement, son allure était déjà matière à plaisanter. Fort heureusement, la blonde ne comprit rien de ce qui se jouait ici.
Son attention fut soudain attirée par Lady Flitwickson qui apparaissait soudain auprès d’elle. Elle l’accueillit avec un sourire faussement amical.

« Vous voilà enfin miss Stafford ! J’ai craint un instant que mon cocher ne soit pas parvenu à trouver le chemin de votre maison. » fit la lady sur un ton mielleux nuancé de moquerie subtile, qui reçut un concert de gloussements moqueurs suite à cette remarque au dédain caché. « Quel bonheur de vous avoir à nos côtés pour le thé ! Nous nous languissions de vous. D’autant que nous ne doutons pas que votre présence ici sera des plus … rafraîchissante. » ajouta-t-elle en la couvant d’un regard amusé.

« L’honneur est surtout pour moi, lady Flitwickson. » répondit timidement la jeune fille. « Je vous remercie pour votre attention et cette invitation. Je ne suis pas habituée à ce jour d’égard. »

Une fois de plus, des rires étouffés se firent entendre et Anne fronça les sourcils, ne comprenant pas la source de cette hilarité. Mais son attention fut bien vite détournée par l’hôte de ses lieux qui prit la jolie anglaise par le bras pour la conduire près de la fenêtre. Une haute et sombre silhouette s’y tenait. Il fallut peu de temps à Anne pour reconnaître Guilford Fleming. Son visage s’éclaira instantanément à la vision de ce visage connu au milieu de cette foule anonyme.

« Vous ici ? » dit-elle lorsqu’elle fut arrivée à sa hauteur, accompagnant ses paroles d’une révérence. « Comme je suis heureuse de vous savoir présent Lord Fleming. »

// je m'excuse d'avoir mis autant de temps. J'espère que ça te conviendra  Tea for two and two for tea | Anne 2063618935  \
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MessageSujet: Re: Tea for two and two for tea | Anne  Tea for two and two for tea | Anne Icon_minitimeDim 30 Mar - 22:13
Un vif éclair mordoré, né d’un doux rayon de soleil tombé sur une chevelure d’une blondeur toute aussi scintillante, zébra son champ de vision, et il sut alors que s’en était fini de lui. Le Destin avait ses victimes, paraît-il, jolie formule de poète que Guildford avait entendue il ne savait plus où, et qui fort ironiquement s’appliquait à son cas à ce moment précis. Oh, bien sûr, de mauvais plaisants auraient pu arguer que bien avant l’arrivée de miss Stafford, la vie ne s’était point montrée tendre avec lui, le privant de ses parents et de son héritage pour mieux le forcer à regagner la coquille vide de sa vie d’avant, sans parvenir encore à obtenir une concrète réparation du mal lui ayant été fait. Mais qui aurait eu assez mauvais fond pour tenter cette plaisanterie d’un goût douteux ? Assurément, Fleming ne comptait pas parmi les êtres favorisés par les Dieux, mais cela ne l’empêchait d’avancer sur le chemin étant le sien, armé d’une détermination qui, elle, le démarquait de la masse.

Ainsi, il prit le parti, comme toujours en présence d’Anne, de ne pas laisser éclater sa mauvaise humeur, pourtant déjà bien titillée par tous les détails contrecarrant l’idée qu’il s’était faite de sa visite à Lady Flitwickson. Etrange, n’est-il pas, d’ainsi laisser durer son « supplice », plutôt que de trancher dans le vif et de cesser cet horripilant manège, quitte à blesser l’innocente demoiselle. Aurait-il un cœur, finalement, sous le cuir de ses vêtements toujours si sombres, et l’épaisse couche de brouillard faisant en apparence de son âme un fantôme à la fois froid et absent ? Après tout, elle ne lui était d’aucune utilité, d’aucune valeur sentimentale particulière. En fin de compte, peut-être était-ce cela qui la sauvait d’une bien cruelle mise au point : si Guildford avait réellement nourri à son égard d’hostiles sentiments, la belle aurait violemment déchanté, ramenée à la dure réalité par un petit protégé des plus ingrats, et surtout des plus violemment sincères. Seule la vérité blessait, et avec aussi peu d’indulgence, Fleming l’aurait utilisée sans merci : qu’elle cesse ses enfantillages, il n’avait cure de sa gentillesse !

Un tout autre message fut renvoyé par un fin sourire poli, minimisant la lassitude ironique de son regard d’un bleu d’hiver :

-Mademoiselle Stafford… Quelle coïncidence. J’ignorais que vous fussiez une connaissance de Lady Flitwickson.

Malheureuse coïncidence oui, car auquel cas, pour sûr, il n’aurait pas mis les pieds ici sans s’être assuré que son envahissant ange gardien n’eût aucune chance de pointer le bout d’une plume. Cela pouvait-il se sentir, dans son ton cordial doté d’une pointe d’onctuosité, si incongruente chez lui qu’on la devinait dénonçant l’exact contraire, en lieu et place de son soi-disant « plaisir » à la retrouver. Ann était tout comme lui une courtisane, ce genre de petits mensonges entre gens de bonne compagnie appartenait à son quotidien comme à celui du Lord.

À peine le dernier mot se fut-il enfui de ses lèvres qu’il se leva, n’oubliant pas pour autant les règles élémentaires de politesse : une dame venait d’entrer et de le saluer selon un protocole irréprochablement respecté, autant se montrer beau joueur un bref instant et ne pas démarrer trop vite les hostilités.

-Et quel vent vous amène ? continua-t-il en espérant grandement amener la conversation à se centrer sur la belle et non sur lui, toujours avec ce même ton cordial à interpréter à contre-pied. Ces dames semblent toutes enchantées de votre présence.

Qui sait, peut-être l’aristocrate aurait-il un peu plus de chance qu’à l’ordinaire ce jour-là… Son regard se porta sur les autres dames, comme pour donner de l’inspiration à son interlocutrice : lesquelles étaient ses amies, d’agréables compagnes de ? Et à propos desquelles se plaindre, ou colporter des rumeurs ? Oh, Anne passait pour un ange, mais elle demeurait une femme, voyez-vous, et de ce fait dotée d’automatismes inhérents à sa nature que même les plus grands efforts ne sauraient complètement gommer. Là se tenait l’espoir d’une once de répit, avant l’inévitable retour à leur pas de deux…

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MessageSujet: Re: Tea for two and two for tea | Anne  Tea for two and two for tea | Anne Icon_minitime
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Tea for two and two for tea | Anne
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