L'organisation du mariage...dans l'ombre [Isabelle D'Isembourg]

S'il y a bien une chose que Gomez ne devait pas oublier, c'était l'organisation du mariage de Philippe, avec le procès de Wyatt, pas moyen de fermer l’œil là-dessus et de passer outre certaines critiques, tout devait être mit dans le même panier. Qui croire, qui ne pas croire ? Telle était la question qui pourtant torturer l'esprit du Duc de Feria qui avait prêté serment à l'Empereur concernant le fait qu'il garderait un œil sur son fils, Philippe d'Habsbourg. Et tout ça dans l'ombre. Mentir et brouiller les pistes étaient les deux choses que Gomez faisait le plus en parlant avec Philippe, malheureusement, mentir n'était pas dans son intérêt, dire la vérité que ça plaise ou non était par contre sa façon de faire, une façon digne. Au moins comme ça ils étaient tous avertis de suite si quelque chose n'allait pas. Mais bon, c'était plus à l'ordre du jour pour le moment. Il devait retrouver une personne en Angleterre selon Charles Quint avec qui il devra s'allier pour mener à bien cette mission de reconnaissance et s'assurer que tout se passe bien. Gomez avait pleinement confiance en l'empereur, donc il n'avait aucun doute à avoir sur la personne, mais fallait-il encore la trouver. Jusque là il n'avait pas vraiment eut le temps, ou alors il n'avait pas réussi à aborder la bonne démarche pour mettre la main sur cette personne en toute sécurité, sans se faire avoir. Ce qui était surement la chose la plus difficile à faire.

Isolé non loin de l'Abbaye, la contemplant de loin, là où les nombreux mariages avaient lieux, il était en compagnie d'un des soldats de l'Empereur également, un soldat en qui il avait confiance pour sa part et avec qui il partagea le but qu'on lui avait donné. Au moins, à deux ils allaient pouvoir peut-être retrouver cette mystérieuse personne plus rapidement. Tout deux dévoués à la cause de l'Empereur que ça soit Gomez ou son compagnon du moment, ils étaient tout les deux à fond sur la mission, l'inquiétude régnant quand même au-dessus d'eux.

- Les recherches n'avancent pas, je n'ai toujours pas mis la main sur cette mystérieuse personne et avec le procès qui va avoir lieu, le moindre faux pas pourrait être fatal.

Le seul moyen de s'en sortir pourtant était de rester la tête hors-de-l'eau et il le savait. Mais à force, la confiance n'était plus de mise, un miracle pourrait-il venir le surprendre ? Il en serait vraiment reconnaissant. Les bras croisés au niveau de son torse, le regard bien dirigé vers l'avant, bien droit, immobile, Gomez était pensif, mais ne manqua pas pour autant de parler à son compagnon, il ne l'oubliait pas.

- Ce serait tellement simple si des personnes comme Wyatt ne serait pas de ce monde. Au moins je pourrais faire ce dont pourquoi je suis ici sans problèmes.

Mais il n'y pouvait rien malheureusement, il y avait des personnes comme ça qui étaient ici pour mettre des embuches sur la route des autres. Wyatt était une plaie selon Gomez et son acte n'était pas pardonnable. Le compagnon de Gomez, sachant ce qu'il devait faire, il n'avait pas besoin de passer par quatre chemin. Gomez lui dit sans détour.

- Fais comme tu le sens, mais retrouve-moi Isabelle d'Isembourg.

L'empereur avait donné juste un nom, mais un nom qu'il ne pouvait pas prononcer comme ça, il devait d'abord observer, mais en voyant que le mariage approchait, il fallait passer la deuxième. En général tout venait à point nommé, mais à force d'attendre, la patience à ses limites et Gomez avait une limite. Le compagnon de Gomez confirma et partit après l'avoir salué. Gomez le salua à son tour, mais resta pour sa part devant l'Abbaye, seul avec le silence qui y régnait. Il allait devoir doubler la vitesse des recherches avant qu'il ne soit trop tard.

Avec beaucoup de difficultés à cause de mon futur enfant, je me lève après avoir confessé au prêtre de l'abbaye. Il est vrai que j'ai fort peu l'occasion de me confesser depuis mon arrivé en Angleterre mais avec ma grossesse avançant, j'en ressens de plus en plus le besoin. Non pas parce que j'ai quelque chose à me reprocher mais parce que mes craintes concernant un nouvel enfant mort le font chaque jour un peu plus présente malgré les paroles de réconfort d'Albert. Cependant, depuis quelques jours, je sens mon enfant s'agiter à l'intérieur de mon ventre. Cette nouvelle me rend toute chose à chaque fois que je le ressens. De plus, cela a le don de me rassurer. En effet, si l'enfant bouge, c'est que celui-ci est encore vie au fond de moi et il me faut plus que tout protéger la vie de ce petit être.

Il ne faut pas que je pense à ce genre de chose. C'est mauvais pour ma santé et le bébé pourrait en pâtir.

Doucement, je traverse l'abbaye en direction de la sortie. Ma robe bleu est cachée par la capuche de ma cape noir. Cependant, je ne me hâte pas. Aucune obligation ne m'attend à Whitehall et il reste de longues heures avant qu'Albert soit libérés de ses obligations. Délicatement, je m'empare d'un cierge afin de l'allumer. Alors qu'il commence à brûler, je m'agenouille à nouveau devant afin de réciter une prière à la Vierge Marie, mère du seigneur. J'espère que j'aurais la chance de pouvoir être une mère aussi sainte qu'elle!

Alors que je reste devant les cierges en savourant le silence du lieu, j'entends du bruit à l'entrée de l'abbaye. Je me retiens de faire claquer ma langue de manière fort peu élégante. Qui ose venir troubler le repos de ce lieu?

Etant dérangée dans ma quiétude, je décide de quitter les lieux. Je saurais surement trouver un endroit paisible loin de mes demoiselles de compagnie si bavarde.

- Fais comme tu le sens, mais retrouve-moi Isabelle d'Isembourg.

Je fronce mes sourcils. Qui ose me réclamer ainsi? Je suis la duchesse de Sarre et nièce de l'archevêque-électeur de Trèves, je pense que je mérite plus de respect que cela! Cependant, une angoisse sourde commence à me tordre mes entrailles.

Et s'il en voulait à la vie de mon enfant?

J'essaye d'empêcher ma panique de prendre le dessus afin d'éviter un fâcheux incident. Un certain calme m'envahit lorsque de sa réflexion, j'en déduis qu'il ne sait point mon apparence. Rapidement et ceux malgré mes vêtements de très bonne facture, je décide de me porter à sa rencontre. Discrètement, je fais un signe au confesseur de se tenir prêt au cas où un incident se produit. On est jamais trop prudent, d'autant plus avec le procès qui se prépare...

Le compagnon de l'homme disparaît promptement. De toutes évidences, ils ne sont guère informés sur mes déplacements. Une fois qu'il est disparu, je me décide d'élever la voix à l'encontre de l'homme. Bien sûr, je prends garde à ne pas profaner la quiétude du lieu de prières.

-Qui êtes-vous pour demander aussi cavalièrement la duchesse de Trèves?

Je choisis de ne pas révéler mon identité tout de suite. Tachons de découvrir pourquoi cet homme est si pressé de me voir avant tout action...

Les ordres s'il pouvait appelé ça ainsi, avaient étés donnés à l'homme accompagnant Gomez, dont la discussion s'est terminée par une recherche à faire. Ce qui était bien pour l'Espagnol, c'est que suite à la bataille en Italie et suite à ce qui s'était dit auprès de l'empereur concernant la bravoure dont il avait fait preuve l'avait mené à monter en grade, avoir quelques soldats à sa solde, un petit nombre, mais assez pour pouvoir mener vers quelque chose d'honorable, plus qu'un simple statut de soldat de premier rang. Retrouver Isabelle d'Isembourg était une des nombreuses missions qui attendaient ses quelques soldats, elle était une personne importante à retrouver à tout prix, aucun mal ne lui sera fait bien évidemment, elle était également sous la coupe de l'Empereur Charles Quint, Gomez ne tolèrerai pas qu'une femme soit mise à mal surtout si elle fait partie de la même ligné que lui, donc sous les ordres de l'empereur d'Espagne. Une fois partit, Gomez pu respirer tranquillement, sans avoir personne derrière ou à coté de lui, une bonne méditation n'allait pas lui faire de mal ainsi que peser le pour et le contre de toute cette histoire. L'erreur n'était pas toléré et en se répétant cette phrase intérieurement, il avait comme la désagréable sensation que ça n'allait pas être aussi facile que ça pourrait le laisser paraitre. Quelques stratégies et plans sont à mettre encore en place du coup afin de pouvoir agir en conséquence. D'où le fait qu'il n'a malheureusement rien entreprit trop rapidement, espérant que ce ne soit pas trop tard non plus.

Le silence régnait en ce lieu, alors qu'il ne savait pas encore tout les détails du mariage qui se profilait à l'horizon. Allait-il se passer dans le palais royal ou dans l'Abbaye ? La question restait sans réponse malheureusement pour Gomez qui étai encore dans l'ignorance. Une chose qui le désavantageait assez en sachant sa mission confié par l'empereur. Il tentera de soutirer quelques informations plus tard. Il fut interrompu par une présence, une personne dont la voix se fit assez forte pour bien être distingué. L'endroit étant silencieux, l'élévation de la voix n'avait pas lieu d’être, mais bon. Le Duc dirigea son regard doucement vers la fameuse inconnue, une femme assez élégante et visiblement enceinte vu le ventre qu'elle avait. Qui était-ce ? Surtout pour venir demander une telle chose alors que ça ne la regardait pas. Enfin, elle n'en savait rien, donc autant la jouer cool. Détendu et se voulant sympathique selon le ton qu'il emploie, Gomez lui répondit tout simplement.

- Avec tout le respect que je vous dois Madame, je ne pense pas que cela vous concerne.

Il lui offrit malgré tout un léger sourire afin de ne pas installer un trop gros malaise entre eux, ce n'était ni le lieu, ni le moment. Qui était-elle ? Gomez n'a pas le souvenir de l'avoir déjà vu ou alors il l'a vu, mais oublié ensuite, il voit tellement de monde chaque jour qu'il est difficile pour lui de mettre un nom sur un visage à chaque fois. Elle n'avait donc aucunement besoin de savoir la raison, elle n'avait pas à le savoir d'ailleurs. Elle n'était pas concernée, cependant...

- Mais peut-être pourriez-vous m'indiquer l'endroit où elle est potentiellement capable de s'y trouver ? Je n'oublierai pas votre aide.

S'il le faut il lui revaudrait ça au moment voulu, ce n'était pas un souci. Après tout, c'était donnant-donnant, Gomez n'aime pas vraiment avoir des dettes envers certaines personnes.

Inconsciemment, je me sens rassurée à l'idée que le regard de l'homme ne s'est pas plus que cela attardait sur mon ventre hormis pour prendre connaissance de mon état. Une partie de mon angoisse disparaît lorsque mes craintes de s'en prendre à mon enfant s'éloigne.

Toutefois, même si le ton se veut bienveillant, l'homme veut m'éconduire comme pour chasser une curiosité mal placée. Je me retiens de hausser un sourcil. Ce rustre est à ce point ignare au point d'ignorer que mon oncle est l'une des personnes qui procéderont à l'élection à la couronne impériale si jamais Sa Majesté l'Empereur est rappelé à Dieu trop tôt? De plus, pour peu qu'il soit à la Cour de la Reine Mary, il a du entendre à un moment où à un autre l'annonce de ma grossesse. J'ai entendu bon nombres de commérages à mon égard au moment de cette annonce pour savoir si je donnerais naissance à l'héritier tant attendu de mon cher Albert.

Néanmoins, je lui rends son sourire pour qu'il me croit compréhensive.

- Mais peut-être pourriez-vous m'indiquer l'endroit où elle est potentiellement capable de s'y trouver ? Je n'oublierai pas votre aide.

Je hausse un sourcil. Intéressant... Finalement ce rustre posséderait donc quelques manières?

Je décide de ne pas jouer plus longtemps avec lui mais toutefois, avec tout la fierté que j'ai d'appartenir à la parenté de l'archevêque de Trèves, je lui adresse des reproches.

-Monsieur, lorsque vous recherchez quelqu'un, assurez-vous de savoir votre rang par rapport à celle-ci. Si vous étiez face à quelqu'un d'autres que moi, vous auriez été pris dans un duel et il aurait été des plus fâcheux pour vous que votre patrimoine change brutalement de possesseur!

Contrairement à mes mots, mon ton ne se veut pas menaçant mais simplement une mise en garde. Il est en effet malheureusement des plus courants qu'un duel soit provoqué pour moins que cela.

Rapidement, je prends la décision de le mener à mon carrosse qui attend non loin.

-Plus tard Monsieur! Déclare-je avant qu'il prononce un mot.

Sans autre mot, je le pousse dans le carrosse. Avec empressement, je ferme les rideaux. John, mon cocher, comprend immédiatement le message à savoir que je ne veux pas être importunée.

-Bien, dis-je une fois plus confortablement installée sur la banquette face à mon interlocuteur. Nous n'avons pas eu l'occasion d'avoir été présenté. Tout du moins, on ne m'a présenté à vous. A qui donc ai-je l'honneur?

Je le regarde froidement. Ce n'est pas parce que je suis enceinte que je ne suis plus douées de mes facultés intellectuelles et que je ne puisse plus servir les intérêts de l'archevêché et de Sa Majesté l'Empereur!

Aussi surprenant que cela puisse paraitre, Gomez avait encore un peu de mal à digérer le fait que quelqu'un vienne se mêler des affaires qui ne les concerne pas. Était-ce la mentalité Anglaise qui voulait ça ? Si tel était le cas, alors c'est assez déplorable comme façon d'agir, redoubler de vigilance était la meilleure chose à faire. Mais étant donné qu'elle n'avait pas l'air d’être une menace, Gomez eut son visage détendu ainsi que le ton de sa voix, pas besoin de s'en prendre verbalement et violemment à une jeune femme enceinte pour lui faire comprendre deux ou trois petites choses. L'erreur est humaine après tout. Planté à la même place que quand il était venu à cet endroit, Gomez n'était pas gêné par la présence de cette femme, il le lui aurait fait remarqué sinon, donc il resta là, les bras croisés. La surprise fut cependant de taille quand elle se mit à le mettre en garde tout en pensant qu'il était qu'un simple soldat sans importance. Sur le coup il avait presque envie de lui rire au nez. Pour qui se prenait-elle à le mettre en garde de la sorte ? Elle devait avoir une certaine assurance et des personnes haut placé derrière elle pour tenter une telle chose. Un détail qui intrigua Gomez alors qu'il se mit à sourire, voir même lâcher un très léger rictus au passage. Il n'avait pas peur des menaces. C'est en affrontant le danger qu'on devient plus fort et plus résistant. Apprit lors de sa formation militaire qui lui a grandement servit.

- Un duel ? Un rang ? Ce ne sont pas des choses qui m'inquiètent croyez-moi.

Il en fallait bien plus, il n'était pas un sous-fifres ou un simple soldat, il était le Duc de Feria, servant défenseur de l'empereur au sein de l'armée Espagnol et ami de son fils et futur marié Philippe de Habsbourg, donc avant de dire quoi que ce soit, elle se devait de se renseigner également. Surtout qu'il n'avait fait aucune allusion à une mise en garde vis-à-vis de la jeune femme au vu de l'ignorance qu'il avait envers elle, ne la connaissant pas. Juger n'était pas dans ses habitudes quand une inconnue se présentait à lui, elle devrait donc en faire de même. Ne s'attendant cependant pas à un tel changement de décor aussi soudaine soit-elle, Gomez se fit attirer jusqu'au carrosse de la jeune femme qui visiblement avait plus de moyen qu'il ne l'aurait pensé. Se faisant pousser légèrement à l'intérieur, il n'eut d'autre choix que de prendre place sur la banquette en face de celle où la femme prit place. Laissant son regard allait de gauche à droite, il ne fit pas attention à ce qu'elle lui dit sur le moment. L'extérieur n'était-il pas un endroit sécurisé que de devoir s'enfermer dans un carrosse, les rideaux tirés ?

- Je m’appelle Gomez Suarez de Figueroa, Duc de Fera et Caporal de l'armée Espagnol sous la coupe de l'empereur Charles Quint.

Tout bonne personne qui se respecte annonce son rang à la personne qui le demande afin que cette dernière puisse avoir un petit aperçu de la personne qu'elle a en face de lui. Elle voulait le savoir ? Voilà qui allait assouvir sa curiosité. Mais qu'est-ce qu'elle va bien pouvoir faire de ce genre d'information, maintenant ? Aller le répéter à tout le monde ? Hors de question, ce n'était pas une bonne chose surtout si elle mentionnait le motif en supplément. Tournant donc son regard vers elle à la fin de sa présentation, il laissa un très léger soupir s'échapper tout en remettant une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

- Je suppose que vous aimeriez savoir pourquoi je la recherche ?

Qu'elle veuille le savoir ou non, peu importe, il ne comptait pas le lui dire non plus, fallait pas exagérer.

- Un duel ? Un rang ? Ce ne sont pas des choses qui m'inquiètent croyez-moi.

Définitivement, il s'agit de quelqu'un de très orgueilleux. Cela pourra lui être fatal s'il est amené à être présent sur le champ de bataille et la mort fauche tout le monde dans ce sombre endroit, qu'on soit fils de roi ou humble de fils de paysans. Qu'à cela ne tienne, s'il veut mourir à cause de sa trop grande témérité, cela est son choix! Je remercie Dieu chaque jour de m'avoir accordé un mari aussi sage que mon Albert. Je crois bien que j'aurais eu bien des soucis si mon mari était aussi imprudent que cet homme!

Quoiqu'il en soit, je ne dis rien afin de ne pas envenimer la situation et je décide à la place de le mener à mon carrosse. Une fois installée, je remarque le regard surpris de l'homme. Je me retiens de lever mes yeux au ciel. Ne sait-il donc pas que même si on est entouré par le bruit de la ville, cela n'est pas très censé de discuter politique sur le parvis d'une abbaye aussi renommée que celle de Westminster? C'est en effet par des oreilles indiscrètes que se propage les rumeurs à la Cour. Il en est bien sûr de même en ville. Il serait des plus fâcheux que notre discussion soit retournée contre nous à cause de notre imprudence.

Légitimement, je lui demande son identité ainsi que la raison pour laquelle il tient temps à me rencontrer au point d'en oublier les bonnes manières.

- Je m’appelle Gomez Suarez de Figueroa, Duc de Fera et Caporal de l'armée Espagnol sous la coupe de l'empereur Charles Quint.

Pour une surprise, c'est une surprise. Le Duc de Fera souhaite donc me rencontrer? Ce noble espagnol, d'après les dires de mon oncle avant mon départ pour l'Angleterre, s'est particulièrement illustré au champ d'honneur pour le compte de l'Empereur. Si je me détends de me savoir, en compagnie d'un autre sujet de Sa Majesté, je suis tout de même intriguée par l'origine de sa requête à mon encontre. Il est en effet peu courant qu'un homme de son rang vienne solliciter mon aide ou de mes largesses.

- Je suppose que vous aimeriez savoir pourquoi je la recherche ?

Sa question me fait légèrement rire. Bien sûr que je suis intéressée par sa motivation puisqu'il me recherche comme un beau diable!

-En effet, commence-je avant de m'arrêter légèrement surprise.

Ma surprise est du à un choc plus fort de mon enfant. Inconsciemment, je porte ma main à l'endroit où je l'ai senti. C'est surprenant de le ressentir de manière aussi vigoureuse. Une bouffée d'amour me saisit envers ce petit être qui vient de se manifester. Cependant, je dois me détacher de ce petit être pour me concentrer sur mon interlocuteur.

-Veuillez m'excuser! Je disais, en effet, je serais intéressée de savoir vos motivations puisque je suis justement la personne que vous cherchez.

Je fais une pause avant de reprendre:

-Je suis Isabelle d'Isembourg, la nièce de l'archevêque-électeur de Trèves, Jean d'Isembourg, duchesse de Sarre suite à mon mariage avec Albert de Brandebourg, cadet de l'électeur du Brandebourg, diplomate à la Cour de la Reine Mary d'Angleterre au nom de mon oncle et de sa Majesté l'Empereur Charles.

Une fois les présentations faites, je lui adresse un signe de la tête polie afin qu'il dévoile ses intentions. Je ne vais pas lui faire l'honneur de l'interroger, quand bien même si je suis très curieuse sur les raisons d'un rendez-vous entre nous...

Peu importe l'issue que ça prendrait, il ne comptait pas rester une éternité dans le carrosse de la jeune femme, tout simplement parce que perdre son temps n'était pas un luxe qu'il disposait, surtout ces derniers temps. C'est donc avec un état d'esprit assez "pressé" qu'il se mit assis à l'intérieur, priant pour que ça se termine assez vite. Mais avant ça, il se devait de passer par l'étape de la présentation, une chose obligatoire dans une telle situation. Se prêtant finalement à la discussion, au début en tout cas, il répondit, se présentant entièrement ainsi que ses grades. Est-ce que ça lui suffisait ? Il éspérait. Son regard dirigé vers elle, tentait de voir si c'était bon, si elle en avait fini avec lui. Sauf qu'avoir un sentiment d'inachevé n'est pas vraiment confortable comme position, elle voulait savoir en plus le pourquoi il voulait trouver Isabelle d'Isembourg. Il roula des yeux légèrement avant de finalement entrouvrir la bouche afin de répondre à ça, sauf qu'il fut coupé par une annonce des plus importantes, des plus inattendues, une annonce qui le laissa sans voix sur le moment. La fameuse Isabelle d'Isembourg était là, assise face à lui et enceinte. C'était donc elle que l'empereur voulait qu'il trouve ? Il n'arrivait pas à y croire ses yeux et oreilles surtout. Il l'avait cherché pendant un moment, aucun résultat et voilà que maintenant il tomba dessus, par pur hasard. La chance ou le destin ? Il n'arrivait plus vraiment à distinguer les deux pour le coup, le résulta était cependant le même. D'un coté il s'en voulait d'avoir fait preuve d'autant d'assurance envers elle, quelle image donnait-il de lui à celle qui était une compatriote et désormais camarade sous la coupe de Charles Quint ? Confus d'une part et content de l'autre, Gomez resta néanmoins le plus neutre possible sur le visage, répondant par un léger signe de tête à celui de la jeune femme.

- En voilà une surprise, vous me voyez heureux d'apprendre cette nouvelle.

Il baissa ensuite légèrement la tête tout en reprenant à mi-voix.

- Pardonnez-moi pour l'assurance un peu trop prononcée dont j'ai fais preuve. Je ne voudrais pas qu'une image faussée de ma personne vous soit donné.

Elle était tout aussi importante que lui et autant partir sur de bonnes bases et non sur des paroles donnant une mauvaise image de lui. Certes dans le fond il avait cette assurance, mais ça n'allait pas non plus jusqu'à la vantardise. Elle n'était vraiment pas n'importe qui, autant garder une bonne image de soi auprès d'elle pour une meilleure entente. Relevant ensuite assez rapidement sa tête, il pu reprendre sans honte.

- Lors de ma venue en Angleterre, l'empereur m'a chargé de surveiller son fils dans l'ombre, Philippe de Habsbourg. Ce dernier doit se marier avec la reine et l'empereur appréhende un peu les différences entre les deux pays. Étant un des plus fidèle et estimant une certaine confiance à mon égard, il m'a chargé de devenir ses yeux en son absence afin de m'assurer que le mariage ne se passera sans trop d'embuche et qu'il ne soit pas en danger. Mais avec le procès, tout ne se passe pas vraiment comme prévu.

Une tache qu'il comptait accomplir par tout les moyens. Mais maintenant qu'il avait celle avec qui il devait s'allier pour cette tache, il redoublait de confiance. Une allié de taille dont il n'avait pas intérêt de se priver.

- Ne voulant pas trop attirer l'attention sur tout ça, il m'a donné simplement votre nom et m'a dit que vous vous trouviez en Angleterre. J'ai dans un premier temps voulu établir certaines choses et gagner la confiance de certains avant de pouvoir entamer les véritables recherches pour vous retrouver. Il m'a dit que vous serez partante vu qu'il vous a assigné en quelques sortes pour la même tache. Est-ce vrai ?

Il ne doutait pas de la parole de l'empereur, loin de là, mais il avait besoin de l'entendre de la bouche d'Isabelle. Était-ce bien une véritable information ? Ou une information faussée par l'esprit pleine de pensées ? En tout cas, attentif et respectueux envers la Duchesse de Sarre, Gomez se tint bien droit sur la banquette face à elle.

Pendant l'espace d'un battement, il me semble apercevoir de la surprise au fond des yeux de mon interlocuteur. Mais cela était si fugace que je n'en suis point sur.

-En voilà une surprise, vous me voyez heureux d'apprendre cette nouvelle.

Je peux que le croire au vue de son manque de manière. Je suis convaincue qu'en temps normal, il est plus digne de notre suzerain, Sa Majesté l'Empereur.

-Pardonnez-moi pour l'assurance un peu trop prononcée dont j'ai fais preuve. Je ne voudrais pas qu'une image faussée de ma personne vous soit donné.

Je hausse un sourcil en l'entendant s'excuser. Finalement, l'opinion que je viens de me forger de lui semble plus lui saillir que ma première impression. Il est en effet rare de croiser un gentilhomme capable de reconnaître ses tords. J'agite la main afin de dissiper le malentendu.

-Ce n'est rien Monsieur. Pourrais-je connaître votre requête à mon égard?

Le Duc de Fera explique alors succinctement les raisons de notre entrevue et vient confirmer les dernières rumeurs de la Cour au sujet du mariage de plus en plus éminent de la Reine Mary avec le Prince Philippe. Non que ce soit une surprise, les bruits de mariage étaient déjà présent dès notre arrivée à la Cour. Je suppose que cette tentative de révolte à l'égard de la Reine de ces derniers jours n'a fait qu'accélérer l’inéducable.

- Ne voulant pas trop attirer l'attention sur tout ça, il m'a donné simplement votre nom et m'a dit que vous vous trouviez en Angleterre. J'ai dans un premier temps voulu établir certaines choses et gagner la confiance de certains avant de pouvoir entamer les véritables recherches pour vous retrouver. Il m'a dit que vous serez partante vu qu'il vous a assigné en quelques sortes pour la même tache. Est-ce vrai ?

Ma surprise de me savoir si appréciée par Sa Majesté me fait me remplir de joie. Savoir que Sa Majesté apprécie notre dévouement à Albert et moi-même à surveiller ses affaires avec le plus grand soin me rend toute chose.

-Mon mari et moi-même faisons tout pour que les intérêts de Sa Majesté soient le mieux défendu en ce pays. Bien entendu, si sa Majesté désire que nous nous allions afin que le mariage de son fils soit le plus brillant, qu'il en soit ainsi.

Je marque une pause afin de pouvoir arranger légèrement ma position et me soulager quelque peu du poids de mon enfant de sur mon bassin.

-Pour le procès de ce Wyatt, ne vous faites pas trop de soucis. Pour avoir assister à des audiences de la Reine peu après l'évènement, Sa Majesté la Reine Mary me paraît résolue à ne pas voir son pouvoir mis en danger et fera ce qui est nécessaire, comme pour cette défunte Lady Jane Grey.

De mon humble avis, il me semble que le sort de Wyatt est déjà scellé. Après tout, bien souvent, ce sont les rébellions qui passent et les rois qui demeurent. Pourquoi cela devrait-il changer?

-En revanche, je reconnais mon ignorance sur vos propres investigations. Pouvez-vous m'en dire davantage afin que nous puissions aviser de la conduite à tenir pour les temps prochains?

Encore un peu et il se serait demandé si tout ça était bien réel. Quelles étaient les probabilités qu'il tombe sur Isabelle d'Isembourg à cet instant précis où il avait le plus besoin de la retrouver vu que le mariage approchait à grand pas ? La rébellion de Thomas Wyatt faisait parler tout le palais royal et ses environs, ça pouvait fortement décrédibiliser le mariage et l'Espagne auprès de l'Angleterre, une chose qu'il ne fallait surtout pas. C'est pourquoi de l'aide était la bienvenue, surtout que c'est l'empereur Charles Quint qui avait demandé à Gomez de retrouver cette jeune femme. Mission accomplie pour sa plus grande joie. Maintenant restait plus qu'à finaliser certaines choses. Une fois assis sur une des deux banquettes en face de la duchesse de Sarre, Gomez se sentit un peu mieux malgré son comportement un peu trop prononcée envers elle, il ne manqua pas de s'excuser brièvement avant d'expliquer la raison de sa venue ouvertement. Attentif et observateur jusqu'au bout, il ne lâcha pas la jeune femme des yeux, un petit coup d’œil plus bas pour voir qu'elle était enceinte, mais il n'y prenait pas garde, ce n'était pas ses affaires. Rester plus qu'à espérer qu'elle ait été mise au courant qu'elle allait devoir s'allier avec lui, sinon il allait devoir expliquer de nouveau les directives. D'un coté la réponse fut satisfaisante, elle comptait s'allier avec lui, d'un autre coté...était-elle au courant ? Vraiment ? Rien de tout ça n'avait été évoqué. Acquiesçant d'un léger signe de la tête, Gomez se mit à sourire en coin, laissant Isabelle continuer à parler avant qu'il puisse prendre la parole.

- Je suis d'accord avec vous sur le faite que la Reine Mary ne compte pas voir son pouvoir mis en danger, cependant je pense que nous avons des soucis à nous faire d'un coté avec le procès de Wyatt.

Il fallait se rendre à l'évidence, le procès n'arrangeait rien et Isabelle avait visiblement oublier un détail dans tout ça. Chose que Gomez comptait lui rappeler pour pouvoir avoir les cartes en main et agir en conséquences.

- Le problème dans tout ça c'est que Thomas Wyatt a des partisans de son coté, dans l'ombre comme dans la lumière. Nous ne pouvons savoir qui attaquera et quand. Certains cachent leur vraie nature ce qui pourrait compliquer les choses.

Agir dans l'ombre, il n'y a rien de plus contrariant et dangereux. Gomez laissa son regard se poser sur le sol, le regard légèrement absent alors qu'il prit une bonne inspiration.

- Mon but est de satisfaire l'empereur Charles Quint, j’exécute les ordres qu'on me donnent et je ferais tout pour accomplir ma mission. Assurer le mariage entre la reine et le prince Philippe est ma priorité afin que l'Espagne puisse entrer en affaire avec l'Angleterre. Nous ne voulons pas la guerre, mais Wyatt risque de la déclencher et ça ferait énormément de tord.

Un petit silence s'installa jusqu'au moment où Gomez eut sa petite idée.

- Mais j'ai ma petite idée pour dénoncer les rebelles, j'ai juste besoin que vous me rendiez un service.

Le regard de Gomez se planta directement dans celui d'Isabelle. Allait-elle accepter ou non ?

Silencieuse, j'écoute attentivement ce que me dit le duc de Fera alors que je réfléchis à ses arguments.

- Le problème dans tout ça c'est que Thomas Wyatt a des partisans de son coté, dans l'ombre comme dans la lumière. Nous ne pouvons savoir qui attaquera et quand. Certains cachent leur vraie nature ce qui pourrait compliquer les choses.

-Pour trouver les partisans de l'ombre, il faudra placer nous aussi des espions dans l'ombre afin de les débusquer. Déclare-je en exprimant mes pensées à voix haute. Cependant, si je devais faire une conspiration à l'encontre de la Reine Mary, ce serait au moment de son mariage avec Son Altesse le Prince Philippe. Nous devrons donc redoubler de vigilance le moment venu !

Je n'ai pas naïve au point de ne pas imaginer que si j'avais pu avoir de telles conclusions, d'autres avaient pu les avoir.

-Cependant, je crains de ne pas pouvoir surveiller moi-même le mariage le jour venu : je dois enfanter en juin et je ne puis guère m'avancer si je me serais relevée de mes couches si le mariage venait à être dans ses dates. Toutefois, je pourrais vous recommander le moment venu des dames digne de confiance si vous le désirez.

- Mon but est de satisfaire l'empereur Charles Quint, j’exécute les ordres qu'on me donnent et je ferais tout pour accomplir ma mission. Assurer le mariage entre la reine et le prince Philippe est ma priorité afin que l'Espagne puisse entrer en affaire avec l'Angleterre. Nous ne voulons pas la guerre, mais Wyatt risque de la déclencher et ça ferait énormément de tord. Déclare le Duc de Fera légèrement soucieux.

-Je ne puis répondre à la place de Sa Majesté l'Empereur mais je pense que notre Saint-Empire aurait plus qu'à y perdre si une autre guerre venait à s'enclencher avec l'Angleterre. Si ce n'est nous, ce sera l'Empereur qui reculera afin d'apaiser les tensions diplomatiques dans sa grande sagesse. Mais je pense que parler d'une guerre à cause de cette rébellion soit exagérée, finis-je par dire.

Soudain, je le vois planté son regard dans le mien alors qu'il l'avait auparavant fui à cause de sa trop grande inquiétude pour la protection des intérêts de notre empereur.

- Mais j'ai ma petite idée pour dénoncer les rebelles, j'ai juste besoin que vous me rendiez un service.

Délicatement, je hausse un sourcil intrigué avant de répondre :

- Si ce service n'implique pas de mettre en danger mon enfant, je serais ravie de vous aider.

Ma réponse est accompagnée d'un sourire. Non pas que je veuille mettre en danger les intérêts du Saint-Empire mais, Dieu ! Je suis enceinte et si je ne peux plus chasser comme lors de la première année de mariage avec Albert, ce n'est pas pour aller risquer la vie de mon enfant avec des propositions exagérées !

L'inquiétude concernant le procès de Wyatt et les conséquences étaient au beau fixe dans la tête de l'Espagnol qui assemblait au fur et à mesure les pièces du puzzle servant à défendre son pays et le prince Philippe qui est aussi son ami. En venant ici, en Angleterre et selon Charles Quint, Gomez était la fierté de l'Espagne, un homme incorruptible et prêt à tout pour servir l'empereur et le pays. Sauf que certaines choses sont considérés comme des embûches de taille pouvant vite s'avérer extrêmement dangereux et pouvant compliqué les plans de Gomez qui devrait dans le pire des cas revenir à zéro pour tout refaire, ce qui n'était pas envisageable selon lui, une perte de temps. C'est pourquoi, devant l'ennemi était une de ses priorités et l'ennemi était Wyatt et ses partisans rebelles. Il y en avait dans tout les coins de l'Angleterre, il en était sur et le mariage entre la reine et le prince Philippe serait sans aucun doute le moment idéal pour attaquer, chose qu'il craignait par-dessus tout. D'ailleurs, Gomez fut surpris de constater qu'Isabelle avait la même pensée que lui concernant la conspiration PENDANT le mariage. Ils étaient sur la même longueur d'onde, un peu comme s'ils étaient connectés, pourvu que ça dure pensait Gomez afin d'agir au mieux. L'avenir de l'Espagne dépendait d'eux en grande partie, l'échec ne serait pas toléré. Un petit détail ayant une grande importance entra en jeu durant les paroles d'Isabelle. Gomez baissa donc les yeux brièvement vers le ventre gonflée de la jeune femme.

- En effet, j'avais oublié de prendre ce détail en compte. Mais ne vous en faites pas, si vous ne pouvez pas assister au mariage, je prendrai certains des gardes de l'empereur avec moi durant l'événement afin d'assurer une certaine sécurité. Mais je ne suis pas contre une aide extérieur si vos dames digne de confiance comme vous le dites soient d'accords pour m'épauler au moment venu.

S'il devait choisir entre les gardes de l'empereur qu'il avait emmené avec lui lors de sa venue en Angleterre et Isabelle, il est clair qu'il choisirait Isabelle que l'empereur à lui-même désigné pour l'épauler. Non pas que la confiance n'était pas au beau fixe avec les gardes, loin de là, mais Isabelle était surement la plus qualifié pour que Charles Quint la désigne. Chose suffisante pour que Gomez fasse un choix direct. Le moindre faux pas pourrait donc enclencher une révolte et en comparaison aux paroles d'Isabelle, Gomez croyait en l'Espagne et ne désignerait pas son pays comme ceux qui reculerait, il donnerait sa vie pour l'empire. Était-il un peu trop naïf pour le coup ? Ou juste têtu et borné ?

- La rébellion entraîne une révolte et la révolte entraîne une bataille qui elle-même pourrait entraîner une guerre entre deux pays si ça venait à prendre une certaine ampleur. Vous savez, nous ne sommes plus sur de rien en ces temps durs.

Des paroles qu'il affectionne particulièrement vu que ça lui permet en général de se tenir prêt à toute éventualité, écarter certaines options pouvaient baisser la vigilance et ça, Gomez l'avait déjà vécu malheureusement. Heureusement ensuite qu'il avait réussi à se relever de tout ça, des éventuels échecs aussi minimes étaient-elles. Maintenant, par contre, Gomez allait devoir revoir certaines choses comme le service qu'il voulait demander à Isabelle. Elle était enceinte, risquer la vie d'elle et de son enfant ne faisait pas partie du plan, loin de là. Il se ravisa donc et changea de discours qu'il avait préparé intérieurement.

- Envoyez-moi certaines dames de confiance lors du procès et du mariage pour m'épauler et je vous en serais reconnaissant.

Un très léger sourire s'afficha au coin de ses lèvres alors qu'il la fixait dans le blanc des yeux, autant la préserver vu son état de femme enceinte.

Après avoir rappelé que mon terme est pour juin, j'aperçois le regard de l'Espagnol se diriger vers mon ventre gonflé par la petite vie qui grandit. Je retiens un soupir fort peu courtois. Allons donc, l'homme serait sot au point d'oublier que les douleurs de l'enfantement sont nécessaires pour pouvoir tenir notre nouveau-né ?

- En effet, j'avais oublié de prendre ce détail en compte. Mais ne vous en faites pas, si vous ne pouvez pas assister au mariage, je prendrai certains des gardes de l'empereur avec moi durant l'événement afin d'assurer une certaine sécurité. Mais je ne suis pas contre une aide extérieur si vos dames digne de confiance comme vous le dites soient d'accords pour m'épauler au moment venu.

-Que je sois présente ou non, il me semble judicieux que la garde de l'empereur soit présente en ce jour au combien important, surenchéris-je. De plus, pour peu que le Seigneur m'accorde sa bonté en me donnant les douleurs au début du mois de juin, je pourrais être remise de mes couches à temps pour l'évènement. Toutefois, je pense qu'il faudra aviser au moment venu car la naissance d'un enfant est une chose que je n'ai guère d'emprise, comme toutes créations de Dieu. Soupire-je en passant distraitement une main sur mon ventre.

Je me mets à réfléchir rapidement afin de voir parmi mes relations au sein de la Cour d'Angleterre qui serait ravies de servir nos intérêts.

-Concernant les dames, je ne suis guère sûre de ce que je vais avancer à cause de mes déplacements qui se raréfie suite à l'avancée de ma grossesse mais, commence-je prudemment, je pense qu'il serait de bon ton d'aller demander aux familles Somsert et Clinton leurs aides. Leurs filles, Anne et Elizabeth, sont de bonnes catholiques et je pense qu'elles doivent entrapercevoir l'intérêt d'une telle alliance entre leur Reine et notre Prince. Je crois qu'ils seront prêts à nous apporter une aide discrète dans notre entreprise.

Je fronce délicatement mes sourcils lorsque je m'aperçois que les craintes du Duc de Fera ne sont pas apaisés concernant une éventuelle guerre entre l'Angleterre et l'Empire. Délicatement, afin de l'apaiser, je lui prends sa main.

-Monsieur, cessez d'être pessimiste, gronde-je gentiment, ce n'est guère la première rébellion que Sa Majesté la Reine Mary matte. Grâce à sa feu-mère, la Reine Catherine d'Aragon, la Reine Mary est très attachée à Sa Sainteté et est plus qu'hostile à l'esprit réformé. Je ne suis guère convaincue qu'elle renoncera à son projet de mariage, surtout si celui-ci peut lui permettre de mater enfin les réformés en son pays.

Attentionné, voilà le terme que j'emploierai si jamais j'étais son épouse. En effet, l'homme décide, à cause de ma grossesse, de ne pas trop m'appliquer dans des évènements dangereux pour mon futur enfant. Sa sollicitude est des plus touchantes.

-Comme dit auparavant, renseignez-vous auprès des familles Somsert et Clinton mais de manière discrète. Recommande-je. Il serait en effet des plus fâcheux si les ennemis de Sa Majesté l'Empereur et la Reine Mary venait à découvrir ce que nous préparons afin de les contraindre à accepter nos projets. Au besoin, n'hésitez pas à contacter Eleonore de Volfrat, il s'agit de ma demoiselle de compagnie et cousine. Elle saura vous aider et ne sera nullement dérangé de faire l'intermédiaire entre nous !

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