Les plus belles roses sont anglaises ♣ avec Andrew d'Eltham.

Les plus belles roses sont anglaises.

Le palais de Whitehall était le lieu le plus luxueux qu’elle n’ait jamais pu voir au cours de sa vie. La grande bâtisse de pierre était magnifique et regorgeait de mille et un trésors. Dorures, tapisseries, tout respirait la royauté, jusqu’aux plats en argent, que l’on servait durant les banquets. Annabeth se sentait comme une privilégiée dans ce milieu, elle qui était pauvre et n’avait pas la moindre fortune, en dehors de son corps, pouvait se promener dans les couloirs, danser avec quelques nobles hommes et profiter, tout en riant de ce moment. Sa maîtresse, Héléna Sheridan, comtesse de Lancastre lui avait offert une toute nouvelle robe, en argent, avec quelques broderies de dentelles, autour de son cou, elle portait aussi un bijou simple, modeste, mais qui était le plus magnifique des trésors à ses yeux. Pour cette soirée, la jeune femme suivait avec attention sa maîtresse, apprenant tout sur la bonne société et devenant ainsi une redoutable manipulatrice, quand il s’agissait d’obtenir des informations. Son rôle de dame de compagnie était polyvalent, la jolie courtisane aidait à tout, la comtesse, comme pour se vêtir, faire la conversation, espionner et pour une fois, la jolie brune était bien heureuse de pouvoir faire quelque chose qui était bien loin de son passé de courtisane.

La nuit était belle, la noblesse éclatante et même si Annabeth ne faisait pas partie de leur petit groupe, même si elle croisait les regards lubriques de ses anciens clients, elle se sentait à l’aise et fière. Peu de personne avait la chance de côtoyer les plus grands et ce soir, elle comptait en profiter. Le vin lui donnait le rouge aux joues, lui donnant un adorable air de poupée. La comtesse de Lancastre était dans son élément, rayonnante comme jamais, comme si elle était la maîtresse de maison, la reine qui recevait ses invités. Annabeth était fière de la servir et à tout jamais, elle lui en serait reconnaissante. Héléna Sheridan l’avait sorti la rue et de la prostitution, ça c’était un cadeau, comme personne ne pourrait jamais lui faire.
Au bout de quelques heures, la chaleur commençait à monter. La jeune femme prit alors le chemin des jardins, en quête de fraicheur et d’un peu plus de calme. Les flambeaux éclairaient les chemins et la conduisirent jusqu’à la roseraie de la reine. L’endroit était parfumé par les douces senteurs des roses. Des rouges, des blanches, elles symbolisaient toutes la grandeur des Tudor, la rose qui était parvenue à rassembler les familles York et Lancastre. Annabeth avait appris ces histoires par cœur dans les livres de la comtesse. Elle lisait laborieusement, mais maintenant elle parvenait à le faire, ce qui était une fierté pour la jeune femme.

Sa vie dans son petit village de campagne lui manquait, elle savait qu’elle aurait été plus heureuse en restant avec sa famille adoptive, mais cette vie-là, en comparaison à ce que sa mère lui a fait vivre, était assez satisfaisante.
Un bruissement de feuille se fit entendre. Bruit qui fit sursauter la jeune femme, alors qu’elle était concentrée sur le parfum d’une magnifique rose. Ayant été victime d’une attaque il y a peu, la jeune femme était plus que méfiante. En alerte, elle regarda autour d’elle, quand elle vit une silhouette sombre s’approcher. La carrure était évidemment masculine, puis peu à peu l’ombre se rapprocha. L’homme au bout d’un moment finit par se montrer, tout aussi étonné de la voir ici, mais ne la reconnaissant probablement pas. Annabeth, elle ne l’avait pas oublié, ce visage qui avait été si prometteur était l’un des symboles de la lâcheté et des mensonges de l’homme.

« Vous ! » S’exclama la jeune femme furieuse de retrouver Andrew d’Eltham ici, face à elle.

Les plus belles roses sont Anglaises
Annabeth & Andrew

Andrew se préparait à rejoindre la cour pour cette petite soirée. Il s'habillait doucement dans ses appartements. Il enfila d'abord son pantalon puis deux valets qui portaient ses couleurs vinrent l'aider à enfiler sa chemise et sa veste. Il attendit un moment, se fixant dans la glace. Il songea un instant pendant que les deux jeunes garçons s'occupaient de lui. Il avait accompli temps de chemin depuis son départ d'Angleterre, il était devenu poussière avant de redevenir quelque chose de grand, de très grand. Il était devenu Lord, Lord Andrew d'Eltham. Il n'était plus ce petit garçon qui détestait verser en rime, il était devenu ce Lord avec tant d'appuis à la cour. Il avait des amis dans presque tous les cercles, il ne manquait jamais de remercie dieu pour cela. Il se demandait de quelle manière le faire, encore et toujours. Il se tourna doucement pour s'admirer et ne put s'empêcher de poser les yeux sur son chapelet qui reposait sur sa table de chevet. Il s'approcha de sa table de chevet et le tendit à l'un des serviteurs pour qu'il lui enfile par-dessus son collier qui représentait sa charge.

Il s'observa une dernière fois dans la glace avant de replacer une mèche rebelle et de s'emparer de son épée, l'ajustant à son côté, il s'avança doucement vers la porte d'entrée, où l'attendaient son portier et ses serviteurs. Il leur adressa un bref signe de tête, remarquant leurs tenues exemplaires. Il parla calmement à Adam son majordome, un vieil homme d'une cinquantaine d'années « Vérifiez bien que tout est en ordre et laisser la porte ouverte, je rentrerais probablement tôt ce soir. Vous n'aurez qu'à laisser un chandelier avec Walter pour me débarrasser, indiquant l'aîné d'Adam. » Adam s'inclina doucement en disant « Bien, monsieur. » Andrew s'avança jusqu'à son fiacre. Certes il était assez sobre, mais il aurait pu accueillir quatre passagers de qualité. Andrew attendit que le page ouvre la porte et le laisse monter pour s'installer confortablement. Il fit un signe rapide de se mettre en route et le jeune homme ferma la porte. Il grimpa à l'arrière et Andrew indiqua au cocher de se rendre à la cour.

Andrew posa son coude sur la fenêtre et tirant le rideau pour laisser passer la clarté de la lune, il se remémora un instant ses longues nuits de veilles. C'était du temps où il était un Conquistador, pour lui cela faisait une éternité qu'il n'avait plus pataugé dans la boue et la jungle du Yucatán. Il se pavanait maintenant à la cour. Il ne portait plus les mêmes vêtements depuis des mois, maintenant, il avait page, portier, cocher, vêtement, calèche. Il en oubliait presque son vieux cheval qui l'avait mené dans temps de combat conte les indigènes Aztèques au nom de roi et d'Empereurs d'Espagne. Il n'avait plus ces paysages merveilleux sous les yeux, des chûtes d'eau immense, des temples grandioses, des populations étranges, au nom si exotique, des créatures multicolores aux dangereux léopards. Il se rappela soudain comment un de leur éclaireur avait arracher la peau d'un de ces fauves pour s'en faire une parure. Il n'était pas revenu avec grand chose de ses aventures, hormis des souvenirs et des blessures. Il y avait peut-être ces quelques babioles dans ce petit coffre qu'il cachait sous son lit. Cependant, elle n'était pas à vendre et jamais, il ne s'en séparerait.

Il y avait dans cette boite, un collier qu'une petite fille lui avait confectionné pour le remercier de lui avoir simplement donné de l'eau. Il y avait aussi cette pointe de lance Telcathéque qu'il avait arrachée d'une flèche qui lui avait percé les côtes. Heureusement qu'elle n'était pas empoisonnée celle-là. Il avait aussi cette mystérieuse pierre violette qu'il avait trouvée dans un temple. Il avait vu temps de merveille de dieux dans la nouvelle Espagne qu'il n'avait plus assez de souvenirs pour se remémorer ce que ça faisait de jouer sa vie tous les jours de découvrir, de tracer l'histoire. Il était maintenant enfermé en Angleterre dans une maison avec des... Domestiques, quelle ironie. Il avait survécu à tous ses dangers, mais il allait mourir à Londres d'ennuis. Il avait cependant progressé dans son ambition de gravir les échelons, il jouait astucieusement sur plusieurs tableaux gagnants ce qui pourrait l'amener quelque part, qui sait.

Le cocher clama soudain sûrement après d'autres appels. « Nous sommes arrivés, monsieur ! » Le page tenait toujours la portière et l'observait, s'inquiétant soudain de l'état de santé de son patron, il s'approcha et dit à voix basse « Quelque chose ne va pas, monsieur ? » « Non, tout va bien » Pour prouver ses dires, il s'avança vers la sortie et se tint droit devant l'entrée, où déjà des gens entraient. Il s'étira doucement sans bouger et toussa un instant avant de s'avancer doucement vers l'entrée. Il salua les gardes qui lui rendirent par un bonjour de Carpe. Il s'avança doucement entre les Lord et la Lady avant de pousser un soupir, qu'est-ce qu'il faisait chaud. Il salua quelques amis et après s'être fait servir une coupe, il s'avança dans les jardins pour contempler la lune et continuer la complainte d'un pauvre fortuné. Il bue doucement sa coupe avant d'adresser un bref au revoir à sa confidente. Il traversa quelque arbres et arbustes magnifique où se dégageait une paisible odeur de jasmin lorsqu'on l'interpella « Vous ! » Il répondit machinalement « Hum ? » Il s'approcha doucement, posant une main sur le pommeau de son épée au cas où. Il la reconnut soudain, Annabeth Blackwood... Son visage se crispa. « Bonsoir... » Il était près à parer tout geste à son encontre et observait la jeune femme avec attention.

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Les plus belles roses sont anglaises.

Les roses les plus belles sont anglaises, ainsi vous le dira un Anglais pur et dur qui veut vanter les beautés de son pays, que cela soit en matière de femmes ou de fleurs. Les Anglais vous diront toujours que leurs femmes sont les plus belles, tout comme le feront les Français et les Espagnols, mais en ce qui concernait cette question, personne ne vous le dira réellement quelles sont les femmes les plus belles.
Annabeth Blackwood de son côté ne se préoccupait pas de la beauté des femmes, comme pouvait le faire actuellement les hommes de la cour, tout en contemplant les jeunes recrues de sa majesté ou bien, les jeunes femmes qui venaient de faire leurs premiers pas. La belle courtisane était bien loin de ces futilités, surtout qu’elle n’était pas ici pour se trouver un mari. Après quelques danses, elle avait fini par fuir dans les jardins, éclairés par des torches, pour contempler les splendeurs de la nature. Dans certains bosquets, elle avait pu entendre quelques gémissements provenant de couples égarés, mais elle avait bien vite détourné son chemin pour se rendre jusqu’à la roseraie. L’endroit y était magnifique et les roses, symbole de la royauté anglaise y était omniprésente. Un lieu idyllique pour n’importe quels amoureux, mais surtout un lieu où elle avait rencontré un homme, qu’elle aurait préféré ne plus jamais revoir : Andrew d’Eltham.
L’homme faisait partie de la longue liste de ceux qui avaient pu la trahir, dans ce monde, il avait probablement le pire des rôles, puisqu’il était celui qui lui avait donné de l’illusion, pour mieux revenir sur ses paroles. Il était pourtant beau avec ses sourires charmeurs et Annabeth avait cru en lui, comme elle avait cru en beaucoup d’autres personnes. Cependant aujourd’hui, l’illusion ne marchait plus, la jolie brune ne croyait plus et préférait s’en sortir que grâce à elle. Héléna Sheridan était la seule qui méritait sa confiance. La comtesse de Lancastre lui avait tout donné en quelques mois, un travail digne de ce nom, une bonne place, alors qu’elle aurait très bien pu la rejeter et la dénigrer. En effet, Annabeth avait été la maîtresse de son mari, une femme entretenue, pour pouvoir survivre. Si Héléna n’avait pas compris cela, les choses auraient pu tourner mal, entre les deux femmes. Mais cela ne s’était pas passé comme ça et les deux femmes étaient très unies, telles deux sœurs, qui venaient de se retrouver.
Les yeux d’Annabeth montraient toute la haine qu’elle ressentait envers cet homme. A un moment, elle avait eu l’envie de le gifler, mais la jeune femme s’abstient, l’homme était d’un rang supérieur à elle, elle ne pouvait pas commettre une telle erreur, après tout elle pourrait finir en prison pour ce geste. Elle était tentée entre l’ignorer et continuer son chemin, puis cracher sa haine envers cet homme. Son cœur parla bien plus vite que sa raison et la jeune femme préféra parler, plutôt que de se soumettre complètement.

« Vous devez être étonné de me retrouver ici, n’est-ce pas lord d’Eltham ? » Commença la jeune femme. « Vous vous souvenez de moi au moins ? » Disait-elle toujours aussi furieuse.

Annabeth n’avait pas peur de provoquer un noble, elle avait tellement subi que désormais, elle ne redoutait plus rien. La soumission n’était plus son genre, surtout que maintenant, grâce à la comtesse de Lancastre, elle avait toutes les cartes en main pour s’en sortir.

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