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Nous nous situons aux alentours de mai 1558.
Il fait de plus en plus chaud les gens prennent plaisir à sortir dans les jardins.

Si vous souhaitez jouer un étranger, privilégiez les Espagnols et les Ecossais.
N'hésitez pas à regarder les PV et scénarii en priorité.
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Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Empty
MessageSujet: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeJeu 18 Déc - 10:14
Richard Ballantrae


« Life is a tale told by an idiot, full of sound and fury, signifying nothing » William Shakespeare.


TON PERSONNAGE
PRÉNOM & NOM ♦ Richard Ballantrae.
AGE ♦ 27 ans.
DATE DE NAISSANCE ♦ Le 16 février 1527.
ORIGINE ♦ Gallois, de mère anglaise.
SITUATION FAMILIALE ♦ Il s'est réveillé un matin avec la pire gueule de bois de sa vie, et il était marié.
MÉTIER ♦ Chasseur de primes.
GROUPE ♦ Le peuple anglais.
CRÉDITS ♦ Ilmarë.

LE JOUEUR
PSEUDO ♦ Rivendell.
AGE ♦ 19 ans.
OU AS-TU CONNU LE FORUM? ♦ Sur PRD.
TON AVATAR ♦ Aidan Turner.
VOTRE PERSONNAGE EST-IL HISTORIQUE OU FICTIF? ♦ Fictif, heureusement d'ailleurs !
VOULEZ-VOUS ÊTRE PARRAINÉ? ♦ Non merci.



Audience devant la Reine.



QUELLE EST VOTRE RELIGION ET QUE PENSEZ-VOUS DES CHANGEMENTS RELIGIEUX DU PAYS? ♦ Ma religion ? Celle de l'argent, de l'alcool et des filles de joie ! Il n'existe aucun Dieu pour cette religion là ? Tant pis, je m'en passerais. Voilà bien longtemps que les discours des prêtres n'entrent plus en compte. Je me fiche bien du salut de mon âme, je ne suis même pas sûr d'en avoir toujours une. Quant à ma conscience, je n'en ai plus non plus. La vie après la mort n'a aucune sorte d'importance, ce qui compte, c'est de vivre avant d'être mort. Les changements religieux, je les suit sans chercher à les comprendre : protestantisme, catholicisme, je passe d'une tendance à l'autre sans bien y réfléchir, seul compte le fait de rester en vie, d'avoir suffisamment d'or pour remplir mes poches, suffisamment de bière pour remplir ma chope. Le reste, ce sera entre Jésus et moi au jour de ma mort, or je compte bien que ce jour arrive le plus tard possible. La religion est pis que le cadet de mes soucis : elle n'est même pas un souci, puisque je m'en contrefiche.

QUE PENSEZ-VOUS DE LA REINE D'ANGLETERRE? ♦ C'est une Tudor ? Alors elle est digne de régner. Mary Tudor est la fille d'Henry VIII, la petite fille d'Henry VII, elle est à sa place sur le trône d'Angleterre. Nous, les Ballantrae, avons toujours voué une allégeance particulière à la famille royale, mon arrière-grand-père ayant combattu pour Henry VII lors de sa prise de pouvoir. Jane Grey n'était pas une Tudor par le nom, elle n'avait rien à faire à la tête du pays. Je me moque bien des orientations politico-religieuses de nos souverains, tout ce qui m'importe est qu'ils portent le nom d'Henry VII, le héros de mon enfance. Si c'est le cas, ils sont aptes à porter la couronne. Sinon, qu'ils aillent se faire pendre. Ou décapiter, ça à l'air d'être à la mode, en ce moment.

QUE PENSEZ-VOUS DE LA PRESENCE DES ESPAGNOLS EN ANGLETERRE ET DU MARIAGE DE LA REINE ? ♦ Je serais bien ingrat de critiquer la présence des espagnols sur notre terre anglaise, j'ai épousé une espagnole. Certes, j'étais complètement ivre (elle aussi, d'ailleurs) et ce n'est que le lendemain matin que j'ai pris conscience de l'affaire, mais quand même : puisque nul ne semble vouloir annuler ce mariage, il va bien nous falloir apprendre à faire avec. Je n'ai rien contre les espagnols d'une manière générale, comme je n'ai rien contre les français, les écossais ou tout peuple vivant sur cette terre. Le mariage de la reine me préoccupe un peu plus, pas assez pour m'empêcher de dormir cependant... Je n'aimerai pas voir l'Angleterre devenir propriété de Philippe II, ni voir l'Empire de Charles Quint compter l'île parmi ses colonies. L'Angleterre mérite un souverain indépendant, puissant et apte à s’affronter aux plus grands pour compter parmi eux ; je crains que cette union ne fasse du pays une terre soumises aux dictats de l'Espagne. Et si la reine venait à mettre au monde un enfant, ce serait la catastrophe : un Habsbourg sur le trône d'Angleterre, sur le trône des Tudor ? Plutôt mourir !

AGISSEZ-VOUS DANS L'OMBRE POUR VOTRE CAUSE OU VOTRE FOI, SI OUI QUE SERIEZ-VOUS PRÊT A FAIRE ? ♦ J'ai fait de l'ombre mon arme, mon métier, ma vie entière. L'ombre et moi ne faisons qu'un. Je traque dans l'ombre, j'écoute dans l'ombre, je me cache dans l'ombre en attendant mon heure. L'ombre est le meilleur des masques, l'arme la plus puissante, le moyen le plus efficace de parvenir à ses fins. Quand on sait la manier, l'ombre est une permanente sécurité. J'y sévit chaque jour, répandant un peu plus ma légende noire, je l'utilise sans relâche pour atteindre mon but. Ma foi ? Je n'en ai pas, sinon celle de l'or. Ma cause ? Celle de l'or, justement. L'ombre étant le seul moyen pour moi de remporter toujours plus d'or, autant dire que je ne me prive pas. Arme, cachette bouclier, l'ombre est tout pour moi, à présent. Seulement je crains que ce ne soit plus une solution totalement efficace pour me soustraire aux regards et continuer ma traque : j'ai une faille, depuis peu, en la personne de cette charmante espagnole que j'ai (presque) involontairement épousé. Je dois redoubler de prudence, mais si quelqu'un venait à l'apprendre...




Dernière édition par Richard Ballantrae le Jeu 29 Jan - 15:21, édité 2 fois
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Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Empty
MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeJeu 18 Déc - 10:15
This ain't no hymn


♦ 1538 ♦
"Quand on veut faire taire un fantôme, il grandit de plus belle." Proverbe groenlandais.


La mer frappait avec une redoutable véhémence sur les sombres falaises abruptes. Flux, reflux, et flux encore. Le bruit sourd revenait avec constance, sérénité presque, comme une ritournelle sans fin. Il en devenait presque apaisant. Si j'avais fermé les yeux et que je m'étais allongé là, sur l'herbe vert foncé, j'aurais fini par m'endormir, bercé par le fracas des vagues que j'entendais depuis mes premiers instants en ce monde. Même le sifflant vent du nord ne m'aurait pas gêné : j'y étais habitué. "Les gallois n'ont pas peur du vent", disait mon père, "ni de la marée, leurs origines sont quelque part entre les deux." Si j'étais un gallois digne de ce nom, j'aurais même pu me promener à moitié nu sur la lande en proie à la brise glaciale et aux caprices de la redoutable mer d'Irlande, sans jamais tomber malade. J'aurais bien essayé, d'ailleurs, mais allez savoir pourquoi, ma mère m'en a toujours empêché. Peut-être avait elle peur de me voir mourir de froid, puisqu'elle était anglaise et moi, seulement un demi-gallois ? J'ai levé les yeux vers le ciel d'orage, chargé de nuages sombres, qui laissaient filtrer cette lumière étrange, si typique de l'extrême-ouest de l'île d'Albion.

"Richard..." Une voix rauque, dans un murmure brisé, presque noyé dans les sifflements du vent. Mes yeux rencontrèrent ceux de ma mère, qui me fit signe d'approcher. Je n'avais aucune envie d'approcher, mais devant son visage ravagé de larmes, je ne pus qu'obéir, presque involontairement. Je n'avais jamais pu refuser grand chose à ma mère. Lorsque je tardais à rentrer à la maison, le soir, je me hâtais sur les chemins et j'entendais sa voix se répercuter contre les collines molles qui surplombaient le village. "Trouvez-moi ce maudit gamin," hurlait-elle, "que je le découpe en huit morceaux." Pourtant, lorsque j'arrivais, nul hachoir ne m'attendait, mais bien ma mère, qui me prenait dans ses bras en murmurant à mes oreilles des paroles de bénédictions et en embrassant mes cheveux bruns, pendant que je gigotais comme un ver pour lui échapper. Elle était encore assez forte pour me maîtriser, et mon père lui répétait constamment qu'elle devait en profiter, puisque cela ne durerait pas. Et pendant ce temps, mes petites soeurs nous tournaient autour en riant et en réclamant leur part de cajoleries. Mes petites soeurs... Je déglutis, fixant la terre fraîchement retournée qui s’étalait devant moi, carré brun dans cette étendue d'émeraude ininterrompue. Helena, Mary-Jane et Emily. Leurs rires résonnaient contre les parois de mon crâne comme une multitude d'échos. Je ne pouvais me rappeler de la dernières fois où elles avaient pleuré. Avaient-elles jamais pleuré ? J'en doutais. Je les entendait toujours rire, même quand elles râlaient, elles râlaient en riant. Elles s'endormaient en riant. Elles faisaient rire tout le monde, moi et ma mère en premier, mon père aussi, et même les parents de mon père, qui vivaient chez nous. "C'est à toi de réciter une prière, maintenant, mon chéri," fit ma mère, toujours en murmurant si bas que j'avais peine à l'entendre. Lentement, je commençai, récitant la seule prière que j'avais apprise aux cours de catéchisme : "Notre Père, qui est aux Cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne..." Toute la famille reprit en coeur après que j'eus commencé. Je me demandais bien à quoi cela pouvait servir : elles étaient mortes, non ? Aucune prière ne me rendrait mes soeurs, leurs farces, leur continuelles présence. J'avais veillé une nuit entière auprès d'elles, de leurs corps sans vie, refusant d'aller me coucher. J'avais peur, tout seul, mais je n'osais le dire à mes parents. Eux ne m'avaient pas refusé la nuit de veille, mais il me faudrait bien combattre mes démons pour la nuit à venir. Pour la première fois depuis bien longtemps, j'allais dormir seul. Je ne sentirais pas Mary-Jane se presser contre moi en cherchant sa part de couverture, je n'entendrais pas Emily pester contre les pieds trop froids d'Helena. Et leurs rires, leurs rires... Ils s'étaient tus avec elles. J'avais l'impression que la maison ne rirait plus jamais. Ce n'était pas mon premier enterrement, mais c'était le premier dont je me souviendrais : quand j'eus deux ans, mes parents perdirent leur fils aîné, un garçon costaud prénommé Arthur, dont j'avais hérité des vêtements. Il avait disparu de mes souvenirs depuis des années. Avant lui étaient morts les premiers nés de mes parents, les jumeaux Henry et Elizabeth.

Prière finie, le silence ce fit, troublé par le tumulte de cette nature jamais apaisée qui amoindrissait même le son des cloches de la petite église, pourtant proche de nous. A moins que ce ne soit ma peine, ma douleur, mon incompréhension qui me donnaient l'impression d'être seul face au vent et à la mer ? Je n'étais pas seul, pourtant, le bras de ma mère autour de mes épaules me le signifiait bien. Son corps était chaud, pourtant j'avais froid. Elle pleurait doucement, et sa main gauche - la droite était crispée sur mon épaule - semblait perdue dans celle de mon père, immense, aussi large qu'on battoir. Mon père, Arthur Ballantrae, était immense. Il dominait tout le monde d'au moins deux têtes, ma mère de trois, puisqu'elle était fort petite. Il était costaud, bâti comme un rocher et solide comme tel, et certains du village disaient qu'il pouvait soulever son cheval. Je n'en savais rien, ne l'ayant jamais vu faire, mais cela s'ajoutait aux légendes familiales que j'aimais entendre. Cependant, son impressionnante force physique était, elle, bien réelle, et lui venait non pas de son père mais de sa mère, ma vaillante grand-mère Jane. La famille Ballantrae était galloise jusqu'à la moelle, le village en plaisantait parfois en disant que Dieu avait créé le Pays de Galles autour des Ballantrae. Une vieille légende disait que nos aïeuls avaient combattu aux côtés d'Owain Glyndwr lorsqu'il avait mené une révolte contre l'Angleterre, aux premiers temps du XVème siècle. Mais cette légende-là avait vite été oubliée au profit d'une autre, plus récente, plus vivace. Le mythe des Tudors. J'observais mon père à la dérobée. Tout de noir vêtu, le visage fermé, la main qui ne tenait pas celle de ma mère s'était refermée sur la garde de son épée, qui luisait doucement sous la lumière d'orage. Il ne s'en séparait jamais, bien qu'elle ne serve plus à rien. "Elle est dans notre famille depuis si longtemps que je n'ai pas le coeur de m'en débarrasser," disait-il dans un sourire non dénué de nostalgie. Il m'avait déjà enseigné les rudiments du maniement des armes, le tir à l'arc était ce que je préférais mais comme l'épée serait un jour à moi, il tenait à ce que j’apprenne aussi. J'avais appris à lire et à écrire à l'église du village, auprès de ce prêtre qui était parmi nous en ce jour de deuil, ce prêtre qui m'avait baptisé, avait baptisé mes soeurs et sans doute mes aînés déjà morts. J'aimais apprendre, pas tant le processus, mais plutôt le résultat : l'apprentissage terminé, je savais. Et savoir quelque chose de plus me donnait, un très bref instant, l'impression illusoire de m'élever au dessus de ma bien triste condition sociale.

"Que Dieu bénisse mes petites filles, qu'il les mène auprès de lui dans sa lumière." La voix profonde, grave et calme de mon père retentissait dans le petite cimetière comme un défi lancé au vent et à la mer. "Que Dieu protège ma famille, mes parents, ma femme, mon fils. Que Dieu protège le Pays de Galles." Le reste, nous le connaissions par coeur, et nous pûmes reprendre tous de concert : "que Dieu protège le roi Henry et la dynastie des Tudor." je fis un signe de croix, comme les autres. Il n'était de famille au Pays de Galles qui vénérait autant les rois d'Angleterre que la notre. Sans l'ancienneté des Ballantrae et les lointaines origines galloises de la famille Tudor, on nous aurait volontiers dit traîtres, dans la région. Le jour où mon père avait épousé ma mère, une fille de paysans anglais, originaires d'un village frontalier, mes grands-parents avait déclamé à qui voulait les entendre que c'était le plus beau jour de leur vie. Ils priaient Henry VIII comme ils priaient Dieu, et il ne se passait pas une journée sans que l'un des membres de la maisonnée ne conte les louanges de l'actuel souverain, de son père Henry VII, des ancêtres de celui-ci, tels que son père Owen ou son oncle Jasper. La Guerre des Deux-Roses avait bercé mon enfance, et plus encore cette vieille histoire arguant que le roi Henry VII, qui n'était pas encore Henry VII, s'était caché de son oncle York, "le félon Richard III," disait ma grand-mère, dans notre maison. A peine eus-je compris cette légende que notre vieille chaumière, à moitié délabrée et ouverte aux quatre vents, prit un aspect nouveau dans mon imaginaire. L'idée qu'un roi ait pu entrer chez moi m'emplissait d'une incommensurable fierté que même les mises en gardes de ma mère quant à la véracité de cette histoire ne pouvaient flétrir. Dernières paroles du prêtre, derniers signes de croix, et ce fut tour. Les corps de mes soeurs gisaient dans les entrailles de la terre. "Au moins y sont-elles au calme," songeais-je, me remémorant leur mort. La faim, notre pire ennemi, particulièrement lorsqu'il est doublé de la fièvre. Les récoltes avaient été mauvaises, cette année. Déjà que nous n'étions pas à Byzance lorsqu'elles étaient bonnes, alors lorsqu'elles ne l'étaient pas... Mes soeurs ne s'étaient jamais plaintes, au reste. Moi non plus, d'ailleurs, ni personne : nous étions habitués à ne jamais manger complètement à notre faim. Mais cette année avait été particulièrement douloureuse, et un malheur n'arrive jamais seul. Helena était partie la première, dans un soupir presque résigné. Emily l'avait suivie, presque aussi silencieusement. Mary-Jane, elle, fut sujette à de violentes crises de délire, et rejoignit son aînée et sa cadette quelques heures plus tard. Le tout n'avait pris qu'une demi-journée, qui m'avait paru durer cent ans.

Sentant une main énorme s'abattre sur mon crâne, je sursautai et levai les yeux : mon père était là, ses yeux bleus perçants rivés sur les miens et sa main tenant toujours celle de ma mère. "Rentrons." Rentrons, oui, nous n'avions plus rien à faire ici. Il fallait sauver les récoltes qui pouvaient encore l'être, se préparer à un hiver plus long et difficile que prévu. Un dernier coup d'oeil aux tombes, je me signai encore une ultime fois. Les champs m'occuperaient assez pour le reste de l'après midi, je n'aurais plus à penser avant ce soir. Mais je ne voulais pas penser à ce soir, au vide que mes soeurs laissaient derrière elles, à ma peur de la solitude. Je tournai les talons et suivit mes parents sans bruit, dans cette nature sauvage, bruyante, meurtrière, et pourtant si belle, cadre de mon existence.


♦ 1544 ♦
"On a deux vies. La deuxième commence le jour où on réalise qu'on en a juste une." Confucius.


Je nouai les rennes du cheval familial à la rambarde de bois noueux, sale et rongé d'humidité qui marquait la limite entre notre terre et celle du voisin. Le temps était radieux, rien à voir avec les averses torrentielles qui s'étaient abattues sur le Pays de Galles depuis quelques semaines. Pluie, grêle, rien n'avait été épargné, ni nous ni ce qui serait devenu nos futures récoltes. Jetant un coup d'oeil rapide aux champs saccagé, je soupirai. La moisson ne serait pas glorieuse, cet été. Elle l'avait été les cinq dernières années, et ma famille avait connu des jours bien fastes, en comparaison avec les malheurs du passé. Malheurs qui se feraient bientôt sentir à nouveau : les champs ravagés engendraient de mauvaises récoltes, les mauvaises récoltes, un manque colossal de nourriture, donc un hiver rude et la mort au tournant. On s'habitue à tout, à la faim, au froid, au bruit de la mer et au vent qui hurle, à la misère, à la pauvreté, mais jamais à la mort. Surtout lorsque celle-ci s'attaque à des êtres chers. "Les boutons de roses sont tous morts, et les rosiers avec," commenta une voix derrière moi. Je souris, me retournai. "Vous n'avez jamais réussi à les faire pousser ici, de toute façon." Ma mère eut une mimique amusée : "ce n'est pas faute d'avoir essayé."

Sa peau brunie par les travaux des champs s'était parsemée de minuscules rides aux coins des yeux et des lèvres, soulignant ses pommettes hautes et ses prunelles brunes, dont j'avais hérité. Ses cheveux bruns avaient perdu de leur lustre et de leur flamboyante brillance, mais ils étaient toujours aussi épais et soignés. La taille affinée par de continuels efforts, les mains usées par le travail, ma mère m'était toujours apparue comme une femme superbe, digne des plus beaux châteaux, des robes de soie et des diamants au cou. Et pourtant, la fatigue transparaissait par chacune des pores de sa peau, autant que la dévotion, le courage et la droiture. Fatiguée par les hivers rudes, par la faim et le froid, par les travaux d'extérieur, fatiguée par les grossesses et les enterrements qui ne cessaient de s'alterner, car après la mort de mes trois soeurs, elle avait encore mis deux garçons au monde, qui n'avaient par survécu, et craignait pour la vie de Virginia, née six mois et demi plus tôt, qu'elle tenait dans ces bras en cet instant. Blottie contre son sein, la fillette dormait, paisible, tranquille, étrangère aux déboires de notre monde. Doucement, prenant garde de ne pas la réveiller, je caressai sa joue ronde du bout du doigt. "Elle ne passera pas l'hiver," fit ma mère en baissant les yeux, sur un ton de calme résolution. Je lui répondis sur le même ton. "Pas si vous ne mangez pas à votre faim, non. J'ai posé du pain sur la table." Elle redressa la tête, flanqua son regard dans le mien comme si elle pouvait lire dans mon âme. Je me détournai. "D'où vient-il, ce pain ?" J'eus un rire sans joie. "Je l'ai acheté." Ma mère soupira avec agacement. "Avec quel argent ?" "Le mien." "D'où vient-il, cet argent ?" J'hésitai un peu avant de la regarder comme elle l'avait fait un instant plus tôt, droit dans les yeux. "De quelqu'un qui n'en avait pas autant besoin que vous." "Richard !" S'exclama-t-elle, presque en colère. Je haussai les épaules, et elle eut un énième soupir. Sa colère s'était déjà émoussée. Oui, j'avais volé cet argent. Et alors ? La victime était un Lord anglais qui avait une résidence secondaire sur les collines surplombant le village. Il avait différents châteaux, mangeait chaque jour plus qu'à sa faim, alors que ma mère enterrait tous ses enfants les uns après les autres. Presque involontairement, je posai mes yeux sur la frêle silhouette de ma petite soeur.

Virginia, innocente, pure, adorable. Comme l'avaient été ses défuntes aînés, Helena, Mary-Jane et Emily, dont j'entendais encore les rires, dans mes rêves. Comme l'avaient été ses frères Edward et Marcus. Comme l'avaient été mes aînés que je n'avais jamais connu ou dont je n'avais aucun souvenir. Si ma mère, qui la nourrissait au sein, ne mangeait pas assez, la petite allait mourir. Allais-je vraiment le laisser passer ? Les visages de ces cadets que Dieu avaient rappelés bien trop tôt à lui me revinrent en mémoire. "Elle ne peut pas mourir aussi, je ne le permettrai pas. J'ai enterré bien trop de frères et soeurs, je refuse de l'enterrer, elle." J'aimais profondément ce bébé, peut-être parce-que je savais qu'elle serait le dernier enfant que ma mère mettrait au monde. Si elle survivait, j'aurais au moins une soeur. Si elle mourrait... Je savais ce qui se passerait si elle mourrait. Pas tant pour moi, mais pour ma mère : elle avait mis tous ses espoirs en moi et Virginia. Le survivant et la dernière née. Si elle mourrait, ma mère ni survivrait pas. "On ne s'habitue jamais à la mort, encore moins lorsqu'elle s'attaque à des êtres chers, n'est ce pas ?" Les rayons du soleil éclairaient cette matinée naissante, et je souris avec amertume en constatant les dégâts que les intempéries avaient causées sur les rosiers. Ces rosiers que ma grand-mère, morte l'hiver précédent, s'était échinée à faire pousser, ces rosiers que ma mère s'efforçait de faire pousser, sur une terre impropre à leur développement. Mais la rose était la fleur des Tudor, et nul ne plaisantait avec les Tudor, chez les Ballantrae. "Je vais partir, Mère." Elle me regarda sans grande surprise, comme si elle s'était toujours doutée que je lui dirais ça un jour où l'autre, berçant doucement son bébé. "Pour aller où ?" "A Londres." "Que feras-tu, à Londres ? Tu n'as pas le moindre argent !" Je ne pus retenir un sourire en coin. "Je trouverai bien un moyen d'en gagner, de l'argent, va ! Le pain en est la preuve." Elle m'assena une tape sur l'épaule. "Tu comptes devenir un voleur professionnel, c'est ça ? As-tu la moindre idée de ce qui circule dans les rues de Londres ? Des criminels, des malfrats, des assassins ! Et tu veux faire partie de leur monde ? Richard, ne crois pas que je suis naïve, j'ai bien compris d'où tu tenais tout ce que tu ramènes à la maison. Des pommes, du pain, et même de la viande... Et le pire, c'est que je ne peux même pas te punir, je sais que tu fais ça pour moi." "Pour vous et pour elle," m'emportais-je. "Mère, tout ce que j'ai fait, et tout ce que je vais faire, c'est pour vous deux, uniquement pour vous deux. J'en ai assez de la misère, de la faim, du froid, mais ce n'est rien en comparaison de vous voir heureuse à chaque nouveau né, et encore plus malheureuse à chaque mise en terre. J'en ai assez de voir mourir mes frères, mes soeurs, de survivre et de rester là à attendre, sans rien faire. Nous allons finir par nous écrouler, à force de rester ici et d'espérer toujours plus du travail de la terre. Je pars pour la capitale, pour au moins tenter de faire quelque chose, puisque l'argent, il est là bas. Je trouverai un moyen de nous sortir de là, Mère, me croyez-vous ?" Elle se contenta de sourire, les yeux pleins de larmes. "Tu es bien le fils de ton père, et le petit-fils de ton grand-père. Tu es Ballantrae jusqu'à l'os, Richard. Et c'est bien ça qui me fait peur."

Je compris où elle voulait en venir. Le culte des Tudor nous avait menés loin, mon grand-père, mon père et moi, pas d'un point de vue social, mais bien d'un point de vue imaginatif. Nous avions soutenus Henry VII dans son accession au trône d'Angleterre. Nous l'avions caché dans notre propre maison. Nous l'avions soutenu jusqu'au bout, et soutenions encore sa dynastie. Nous méritions mieux, beaucoup mieux. La gloire aurait dû nous revenir, comme l'argent, comme tout ce qui aurait fait de nous des grands de ce monde. Dix-sept années durant, j'avais grandi dans des histoires de batailles, de querelles familiales, de morceaux de bravoure que mon arrière-grand-père avait vécus et que j'aspirais à vivre aussi. Mon père partageait mes idéaux, mais il devait s'occuper des terres, de son père malade, il avait une épouse et une petite fille, si tant est qu'elle survivrait. Lui ne pouvait s'arracher au village, à la maison des Ballantrae, au Pays de Galles. Moi, j'avais dix-sept ans, ni épouse ni enfants, mais une famille à secourir, une soif d'aventures qui dépassait même ma propre imagination, une envie féroce de prendre mon destin en main et d'aller au devant de tout. Je n'avais rien à perdre. Et j'avais quelques talents qui ne me seraient pas inutiles : je maniais l'arc, l'épée, le poignard, je montais à cheval. Je savais me faire discret, j'étais rapide, observateur, bon comédien, déterminé. De ma mère, je tenais une dévotion farouche à ma famille. J'avais toutes les cartes en main pour réussir, mais réussir où ? Le vol m'avait semblé être la meilleure option, la capitale un lieu idéal. Les scrupules hantaient les beaux yeux de ma mère, je le voyais, mais les miens avaient vacillé un peu plus à chaque enfant enterré, jusqu'à ce qu'ils s'écrasent par terre en un million d'éclats de verre. A quoi bon avoir des remords ? Les grands de ce monde, les riches, les hauts placés, qui avaient tout pouvoir, terres, nourriture en abondance, avaient-ils des remords en regardant les pauvres gens mourir de toutes les viscitudes du monde ? Non. Alors pourquoi en aurais-je ? J'étais certain que nous, les Ballantrae, partisans véritables des Tudor, étions plus dignes qu'eux de siéger au côté du souverain. "Dieu punit les voleurs, mon fils." "Et ceux qui volent pour nourir leur mère en mauvaise santé, ou leur soeur mourante, Dieu les punit-il aussi ?" "Richard..." "Non, Mère, ne me parlez pas de Dieu. Tant pis pour Dieu. Je vais commencer par faire ce que j'estime juste et nécessaire à notre vie terrestre. Le reste, ce sera entre Dieu et moi." "Richard, tu es mon unique fils. Je ne veux pas te perdre comme j'ai perdu les autres." "Vous ne me perdrez pas, Mère. Je serais là, peut-être pas juste là, à côté de vous, mais je pourrais veiller sur vous, et sur Virginia." Ma mère me demanda s'il y avait un moyen de me faire changer d'avis, mais c'était peine perdue. "Je ne resterai pas les bras croisés ici pendant que vous et Virginia mourrez à petit feu." "Laissez-moi l'été, Mère. Si à la fin de l'été, je n'ai pu obtenir assez d'argent, je rentre au village, et je n'en partirais plus. Donnez moi quelques mois seulement, c'est tout ce dont j'ai besoin."

Elle me sourit avec une douceur, une tendresse que seule une mère peut avoir sur son visage. "Quelques mois, et ma bénédiction, mon fils. Je regrette que tu aies à faire cela, mais je sais que je ne peux t'en empêcher. Puisque tu veux aller, va. Embrasse ta soeur, embrasse-moi, et va dire adieu à ton père, il sera moins long à convaincre que moi, qui ne l'ai hélas pas beaucoup été. Et n'oublie pas que quoi qu'il arrive, quoi que tu fasses et où que tu ailles, tu es mon fils, et je t'aime." J'embrassai le front de ma mère, celui de ma soeur, avec l'impression que mon coeur allait exploser. Etait-ce la tristesse de la séparation, l'espoir en un meilleur avenir, l'excitation de ce voyage ? Un bref signe de tête, et j'entrai dans cette maison où j'étais né, où j'avais grandi, où j'avais vécu tant de joies et tant de peines, à la recherche de mon père. Lequel ne fut guère difficile à trouver, puisqu'il faisait toujours un bruit d'enfer lorsqu'il se cognait le front contre le chambranle des portes, ce qui arrivait assez régulièrement, vu sa taille. Mère lui disait souvent qu'il était plus solide que les rois de France, car la mésaventure de ce souverain mort après avoir reçu un coup similaire était venue jusqu'à notre village. "Evidemment que je suis plus solide, je suis un gallois !" Hurlait-il en réponse. On hurlait souvent, chez moi. Je me demandais ce que cela faisait, de vivre au calme. Comme ma mère l'avait prédit, mon père ne fut pas long à convaincre ; il faut dire aussi que j'évitai de lui parler de vols et de criminalité londonienne. Mère était plus clairvoyante que lui sur ce point, même si il n'était pas dupe. Je partais pour la capitale afin d'essayer d'améliorer nos finances, c'est ainsi que je présentais les choses, je voyais ses yeux pétiller et je compris qu'il vivrait son désir d'aventures à travers moi. Il posa ses énormes mains sur mes épaules et baissa la tête, pour mieux me voir. "Gagne de l'argent, mon fils, honnêtement si tu le peux, mais gagne de l'argent." Les adieux furent rapides : mon grand-père dormait et je refusais qu'on le réveille, mon père n'était pas sentimental, ma mère un peu plus, mais se contenait. Mon père me donna son cheval et son épée, je pris mon arc, et ce fut tout. Sachant que si je tardais, mes résolutions flancheraient, je préférais partir aussitôt. Un dernier regard au village, je me signai et grimpai sur le dos de la solide monture tout juste offerte par mon père. Un coup de talon, et je partis sans me retourner, laissant ma famille, mon village et mon passé s'effacer derrière moi, avec l'impression d'écrire enfin ma propre destinée. Je ne passerais pas ma vie à trimer, comme mon père et mon grand-père. Je connaîtrais autre chose, j'irais plus loin que tous les autres. C'est cette pensée qui atténua la peine de la séparation, et qui m'accompagna tout au long de mon périple, pour ne plus jamais me lâcher.


♦ 1549 ♦
"Mieux vaut être haï pour ce que l'on est qu'aimé pour ce que l'on n'est pas." André Gide.


Tapi dans l'ombre, j'observai la porte close sans la lâcher des yeux, attendant le moment où elle s'ouvrirait enfin. Comme un chat guettant sa proie, j'étais prêt à bondir, mon corps entier était maintenu dans une immobilité de statue, alors que je tendais la corde de mon arc, la flèche maintenue entre mon majeur et mon index. La brume, cette fameuse brume londonienne, était un utile manteau, mais serait fort incommodante pour viser, ce qui m'avait contraint à me rapprocher. Je comptais sur mes vêtements sombres, l'insalubrité de cette ruelle déserte, et la large capuche rabattue devant mon visage, pour me soustraire aux yeux du monde. Les battements de mon coeur étaient froids, presque indifférents, force était de reconnaître que je m'étais habitué à ce mode de vie. Dans la maison grisâtre et d'extérieur mal entretenu, un tapage naquit soudain, qui m'amena à me coller davantage au mur, comme pour ne faire qu'un avec lui. "Bientôt... Bientôt... Bientôt..."

C'était devenu plus qu'un moyen de subsistance, depuis ces dernières années : une raison de vivre. Une raison d'être, davantage qu'une raison de tenir. Après mon arrivée à Londres, à la fin du printemps 1544, il m'avait fallu attendre. J'étais trop pauvre pour intégrer la Garde Royale, et j'avais fait une promesse, celle de revenir si toute tentative de trouver un travail, quel qu'il soit, se serait avérée nulle à la fin de l'été. Je commençais presque a me résoudre à devoir accomplir cette promesse lorsque le miracle apparut enfin, dans les derniers jours du mois d'août. Un miracle, en la personne d'un criminel de haut rang, assassin, voleur, professionnel du crime, recherché par tous les services d'ordre du royaume. J'étais patient, très patient, et très fouineur, aussi. J'ai appris à observer, à me cacher et à écouter, à passer inaperçu, à ne jamais me faire remarquer. On ne se méfie que trop peu de ceux qui, discrets, en retrait, ne disent rien et observent tout, écoutent tout, retiennent tout. Ce criminel, dont j'ai déjà oublié le nom, j'ai fini par mettre la main dessus, dans un quartier guère plus fréquentable que celui où je me trouvais actuellement. Peu importait ce qu'il avait fait, sa tête était à prix d'or, et j'avais besoin d'or. Je me suis caché dans l'ombre d'un cul de sac jusqu'à ce qu'il sorte seul de chez lui, pas que je craignais de choquer quelqu'un, je craignais surtout que quelqu'un le reconnaisse. Cinq jours entiers, et les quatre nuits entre eux, furent nécessaires ; je mangeai à peine, ne dormait pas, ne cessait d'attendre et d'observer, dans l'espoir que bientôt viendrait ce moment où l'homme commettrait l'erreur de sortir seul. Erreur qui arriva enfin : je le blessai au niveau des jambes pour l'empêcher d'avancer, et le ramenai aussi sec auprès des soldats de la Garde. Ce fut rapide et rondement mené, j’obtins ce que je désirais. Début septembre, ma mère, de l'autre côté du pays, recevait une bourse pleine d'or qui leur permettrait de passer l'hiver sans le moindre problème. "Rentre à la maison, maintenant," m'avait-elle écrit. Comment lui expliquer que je n'en avais pas la moindre intention ? "Votre travail a été un modèle de discrétion et d'efficacité, Mr Ballantrae," m'avait dit le chef des gardes. "Cela ne vous ennuie pas si nous faisons appel à vous, à l'avenir ? Moyennant finance, évidemment..." Le parlement lui-même me remercia de mon travail. J'avais apparemment contribué à sauver l'Angleterre, d'après eux. J'avais surtout contribué à nourrir les miens, là-bas, au Pays de Galles. La paye avait été bonne, et je brûlais de ressentir à nouveau cette adrénaline, cette impression de toute puissance qui avait envahi mes veines lorsque j'avais attrapé ma proie. L'attente rendait la chasse encore plus attrayante, je brûlais de chasser encore. Il va sans dire que j'ai accepté, sans hésiter ne serait-ce qu'un instant. Et ainsi commença la nouvelle vie de celui qui était arrivé dans la capitale quelques mois plus tôt, sans un sou en poche, et qui était à présent rondement payé pour traquer des fugitifs et les livrer aux autorités, sans poser de questions. J'ai fini par perdre contact avec ma famille. Les relations entre mon village natal et ma ville d'adoption s'espacèrent progressivement, jusqu'à ne plus être, question de prudence et de sécurité. Mais je continuai d'envoyer de l'argent, pour être sûr que là-bas, tout allait pour le mieux.

Je vis ainsi depuis cinq ans, et je ne reviendrais en arrière pour rien au monde. Pour beaucoup, je n'ai pas de visage, pas de passé, pas de faille, je ne suis qu'un nom et surtout, qu'une arme. Je veille à ce que personne ne sache rien de moi ou de ma famille, je suis célibataire, j'emprunte des noms différents et garde ma capuche pour masquer mes traits. Je vis dans l'ombre. Ce n'est pas la vie de gloire que j'escomptais lorsque, étant enfant, je nous voyais siéger aux côtés du Roi Henry pour bons et loyaux services rendus à la famille Tudor. Le Roi Henry était mort, d'ailleurs, deux ans plus tôt, succédé par son fils Edward. Certains voyaient le souverain comme un enfant malingre manipulé par son oncle Somerset ; moi je voyais un Tudor avant tout. Et quel Ballantrae oserait critiquer un Tudor ? Bon roi, mauvais roi, je m'en fichais bien, tant qu'il portait le nom d'Henry VII, il était digne de régner. Sa politique religieuse m'importait peu : certes, j'étais né et avait grandi catholique, mais la réforme anglicane était passée par là, et j'avais suivi le mouvement. A présent, Dieu était le cadet de mes soucis. L'or, c'était tout ce qui comptait. Pas les prières, et encore moins les glorieuses apparences, maintenant. A vingt-deux ans, j'avais plus appris en cinq ans à Londres qu'en dix-sept au Pays de Galles, j'avais forgé ma légende noire. Je savais que mon nom faisait trembler plus d'un malfrat, dans les quartiers obscurs de la ville. J'avais fait ma spécialité des hommes très recherchés ; mais que ceux qui cherchent en moi le justicier aillent chercher ailleurs. Il n'y a pas de justice dans ce monde, et certainement pas de mon côté. J'ignore quels sont ceux que j'ai indirectement envoyés à l'échafaud : j'ai oublié leurs noms et leurs visages, et si eux ont vu le mien avait de mourir, ils ne sont plus de ce monde pour le faire savoir. Ce que j'ai su de leur passé, de leur personne, je l'ai oublié. Je ne me soucie guère de savoir ce pourquoi ils sont recherchés. Ils sont recherchés ? Voilà ce qui importe. Ça et surtout la bourse pleine qui s'ensuit. "Ni foi ni loi, sinon les miennes." J'avais trop connu la misère pour souffrir de la connaître encore, maintenant que j'avais trouvé une échappatoire il n'était pas question de la laisser s'échapper. Dans la maison que j'observais, le tapage redoubla et je me tendis davantage, sifflant entre mes dents : "aller, sors de là. Aller, sors, maintenant... Sors..." Quelqu'un à l'intérieur me rendit service : pour une raison dont je me fiche bien, on jeta mon homme dehors. La porte s'ouvrit avec fracas, et l'individu vola littéralement à l'extérieur pour s'écraser de manière assez pitoyable sur le sol crasseux. Alors qu'il se redressait péniblement et jurait à tout-va, la porte se referma devant lui avec un grand bruit. "Vous m'revaudrez ça, salauds !" Brailla l'homme, ivre à n'en point douter. Apparemment, ce genre de scènes était courante ici, car nul voisin de regarda à la fenêtre pour voir ce qu'il se passait, si tant est qu'il parviendrait à distinguer quelque chose dans ce brouillard. La chance était de mon côté. L'homme qu'attendait la Garde Royale tituba lentement sur quelques mètres, le temps pour moi de viser son talon et de décocher la flèche. Visé juste. Il n'eut même pas le temps de crier : je lui avait bondi sur le dos et maintenais d'une main sa mâchoire close. J'aurais eu plus de mal à maîtriser ainsi un homme sobre : il m'aurait fallu l’assommer avant, sans doute. "Bien le bonsoir, monsieur," sifflais-je. "Ne vous a-t-on jamais dit qu'il est fort impoli de venir en retard à un rendez-vous ?" Il me regarda sans comprendre, les yeux injectés de sang. "Si, si, vous avez rendez-vous. Remerciez vos amis qui vous ont jeté dehors, vous serez pile à l'heure pour le chef de la Garde Royale." Aux deux derniers mots, une lueur de panique apparut dans son regard rendu vitreux par l'alcool. "Soyez sans crainte, il a tellement hâte de vous voir qu'il vous aurait accepté, même en retard. Il vous attend depuis si longtemps !" Et sans ménagements, je le forçai à se redresser, le maintenant toujours bâillonné. De l'autre main - javais gagné en dextérité, ces dernières années - j’attrapai mon poignard et le glissai entre ses omoplates. "A présent, je vais vous lâcher. Mais si vous essayez de fuir, non seulement je vous rattrape, mais en plus je n'attends même pas le jugement du chef des Gardes pour vous égorger. Même chose si vous essayez de parler à quiconque. Alors prenez garde à votre dos, ma dague pourrait bien s'y glisser. Est-ce clair ?" Il me fit signe que oui, et j'eus un sourire mauvais. "Parfait, allons-y, alors." Je disparus dans une des ruelles sombres, le traînant derrière moi. Je connaissais la ville par coeur, à présent, je savais quels chemins étaient plus ou moins déserts à cette heure, et lesquels d'entre eux me mèneraient au plus vite vers la Garde Royale et ma paye. En silence, sans lâcher ni ma proie ni le poignard, je rasais les murs des rues empruntées, les unes après les autres en un interminable labyrinthe, jusqu'au lieu recherché.

J'échangeai l'homme contre la somme d'argent promise, et comptait mon gain jusqu'à la dernière pièce sous les yeux du garde, pour m'assurer que nul ne tentait de me flouer. Heureusement pour eux, le compte était bon : un salut de la tête, et je partit sans un mot. Comme à chaque fois. Le soir, je fêterais mes succès dans la taverne du coin, à grand renfort de bière et d'alcool anglais. Peut-être finirais-je la nuit au bordel, qui savait ? Ce ne serait guère étonnant, c'était ainsi que je vivais. C'était ainsi que j'aimais vivre. Il n'y avait pas de nom pour désigner mon métier pour le moins en marge, ce qui contribuait à la réputation qui s'était forgée autour de moi, dans la capitale. Evidemment, j'ignorais que quelques siècles plus tard, on me dirait chasseur de primes. J'étais une ombre, certes, mais une ombre qui faisait peur. Une ombre inquiétante qui sévissait partout, à tout moment, par tous les moyens, dont personne ne savait rien. Les états d'âmes ? Inconnus. Les sentiments ? Inconnus aussi. Les regrets ? Inconnus, encore. Pour combattre la pauvreté et les souffrances qu'elle entraîne, chacun cherche midi à sa porte. Sans faille, sans approches, sans attaches, j'étais un électron libre qui apprenais vite, qui s'infiltrait partout, chez les courtisans, chez les roturiers, chez les miséreux. La chaumière de mes parents, au Pays de Galles, était un vieux souvenir bien enfoui, qui ne faisait naître aucune nostalgie. Ma mère, mon père, ma soeur ne me manquaient plus. En cinq ans à Londres, j'avais ramené plus d'argent que mon père l'avait fait après avoir travaillé la terre pendant des décennies. Dans ses dernières lettres, qui devaient remonter à deux ou trois ans, ma mère parlait même de s'installer en ville. J'espérais que leur projet soit toujours d'actualité. J'avais trouvé de quoi les nourrir tous et occuper l'essentiel de mes jours ; et je n'aurais renoncé à mon actuel mode de vie que contre tout l'or du monde, mais comme nul n'était en mesure de me le donner... Je le gagnais par mes propres moyens. Lorsque les gardes royaux que je pouvais côtoyer me demandaient quelle était ma motivation, je leur répondais invariablement que c'était l'ambition. "Le nom noble et bien pensant que l'on donne aux besoins d'argent." Si l'or était le Diable, il était clair que je lui avais vendu mon âme, à tel point que j'en venais parfois à me demander si j'avais encore une âme. Un fragment subsistait peut-être, mais il était enfoui si profondément que je peinais à le trouver, quand je prenais la peine de le chercher... Ce qui n'arrivait, pour ainsi dire, jamais.


♦ 1554 ♦
"C'est de l'amour ou il n'en exista jamais ; vous le niez de cent façons, mais vous le prouvez de mille." Choderlos de Laclos.


Lorsque le soleil darda ses rayons sur mon visage endormi, j'eus un grognement et me détournais. Maudit soleil ! N'y avait-il donc pas moyen de dormir tranquille ? J'avais veillé bien tard pour attraper un de ceux recherchés par la Garde Royale pour une raison dont je ne me souciai guère, sur qui je n'avais pu mettre la main que quelques heures avant l'aube. Le soldat Lawrence Vaughn, de garde cette nuit là, avait récupéré le poisson et moi, la paye. Et j'étais parti vers ma nouvelle maison, puisque l'ancienne avait pris feu voilà plusieurs mois. "Je déteste l'été," grommelais-je en ouvrant finalement les yeux, comprenant que dormir davantage serait impossible. "Bonjour, mon cher ! Bien dormi ?" Je sursautai. Qui était là ? Quelqu'un chez moi ? Quelqu'un dans ma chambre ? Etait-ce une tentative d'assassinat ? Aurait-on réussi à retrouver ma trace ? "Le manque de sommeil provoque d'étranges idées, parfois..." Me fit Luisa d'un ton détaché, comme si elle avait lu dans mes pensées. Un peu confus, je me râclai la gorge. "Bonjour, Luisa." Elle eut une mimique satisfaite, et disparut dans le couloir. J'avais oublié à quel point ma vie si bien organisée était devenue complètement déstructurée, depuis quelques semaines.

Je me souviendrais éternellement du matin, guère différent de celui-ci, où je me réveillai avec elle à mes côtés. Luisa del Carmen, ravissante espagnole aux cheveux sombres et au visage d'ange, goûteuse de Jeanne de Habsboug, accompagnant la délégation formée autour du roi Philippe, qui s'apprêtait à épouser notre reine, Mary Tudor, la fille aînée d'Henry VIII. L'alcool anglais est à consommer avec modération, voilà une idée que Luisa et moi aurions mieux fait d'avoir avant de nous réveiller côte à côte ce matin-là, et de comprendre que nous étions mariés. Oui, mariés : unis devant Dieu pour le meilleur et pour le pire. "Surtout pour le pire, vu les circonstances de la noce." Si on m'avait dit que cela m'arriverait, à moi, je n'y aurais jamais cru. Et pourtant, l'alliance à ma main gauche le prouvait. Il nous faudrait bien faire annuler cette mésaventure tôt ou tard, nous avions déjà essayé d'ailleurs, mais sans succès. Et avec de moins en moins de conviction, en tout cas pour moi. J'apprécie Luisa, sincèrement, même si je ne le montre pas toujours, voire jamais. Elle est jolie, intelligente, elle a bon coeur contrairement à moi, et son accent espagnol est impayable. Je crois, en fait, que je l'apprécie de plus en plus, même si sa gestion des finances est déplorable. Une situation assez cocasse, qui pourrait faire l'objet d'une comédie de théâtre, chose que je n'aurais jamais imaginé. Ma vie s'était, depuis dix ans, résumée en deux mots : chasse et paye. J'avais volontairement écarté ma famille de l'histoire. Sans doute la petite Virginia Ballantrae ignorait même qu'elle avait un frère, ce qui valait bien mieux. Je ne vivais que pour la traque, et pour l'or qui me tombait dans les poches après. Je n'avais fait preuve ni de compassion, ni de pitié, ni de clémence, pas même pour les miséreux. J'étais né miséreux, j'avais survécu, pourquoi les plaindrais-je ? Pour le monde entier, moi en premier, j'étais une ombre sans coeur ni conscience. Et voilà que je m'étais réveillé un matin avec un mal de crâne abominable, des nausées, et marié, par dessus le marché. Marié à une espagnole que je ne connaissais ni d'Adam ni d'Eve. Certes, je l'avais d'emblée trouvée jolie, mais il fallait être aveugle pour ne pas s'en rendre compte. "Entre ça et l'incendiaire fou," fis-je en me remémorant que je n'avais toujours pas mis la main sur celui qui avait mis le feu à mon ancienne maison. "Plaît-il ?" Lança Luisa du bout du couloir. "Rien," répliquais-je, "ne devriez-vous pas être chez la dame de Habsbourg, à cette heure ?" Bon, d'accord, j'ignorais l'heure qu'il était, mais le soleil brillait déjà haut. "Si," répondit-elle, "j'étais passée chercher quelques affaires, je repars aussitôt. Bonne journée !" Son ton était joyeux, comme souvent. Elle me rappelait un peu mes défuntes soeurs cadettes, et leur éternelle bonne humeur. Je ne me rappelais pas avoir jamais vu Luisa se plaindre... Mais je ne l'avais pas beaucoup vue, il fallait le reconnaître. La porte claqua derrière elle avant que je n'ai eu le temps de lui répondre. Sans doute allait-elle se hâter sur le chemin, Jeanne de Habsbourg n'était pas de ses personnes qu'on faisait attendre. J'avais eu l'occasion de la rencontrer peu après mon mariage avec Luisa. Drôle de gamine que celle-là, qui veut ramener à sa belle-soeur, la reine Mary, quelques protestants en gage de sa bonne foi et de son amitié. Non contente de me proposer un contrat, là voilà qui veut s'inviter à ma chasse, en plus ! "Princesse ou pas, il va bien falloir que je lui explique que la traque des ennemis de la couronne et de l'Angleterre, c'est mon terrain, pas le sien." J'avais assez d'une faille en la personne de Luisa, ce n'était pas pour avoir la petite Habsbourg dans les pattes.

Je chassai la princesse d'Espagne de mes pensées pour me concentrer sur plus important : mes contrats, et la paye qui allait avec. Impressionnant comme les hommes recherchés par la garde étaient nombreux. Où comptaient-ils sur moi pour attraper tous les dangers potentiels du pays ? "Des voleurs de haut rang, des assassins, deux ou trois protestants un peu trop zélés au milieu, la routine," dis-je pour moi-même. Je commençais par les contrats qui rapportaient le plus, moins la paye était bonne et plus ils devenaient secondaires. Depuis l'avènement de Mary Tudor sur le trône, le critère de la religion était plus que jamais à prendre en compte dans tous les domaines, y compris le mien. Jusqu'alors, jamais je n'avais eu a rapporter à la garde des hommes recherchés car protestants. Il est vrai que j'avais immédiatement prêté allégeance à la reine Mary, et que j'étais revenu au catholicisme dans le même temps, mais c'était davantage par fidélité à la dynastie Tudor que par ferveur religieuse. Je n'avais aucune ferveur religieuse, et aucune religion du tout, sinon celle de l'argent qui me tombait dans les poches à chaque contrat rempli. J'étais cependant convaincu que seul un Tudor pouvait monter sur le trône, et de ce fait, la petite Jane Grey était déjà hors jeu, même avec ses origines royales. Mary était pour moi la légitime souveraine, la fille d'Henry VIII. Ses vues politiques, sa religion ou son mariage m'importaient peu, je me contentais d'espérer qu'elle n'ait jamais d'enfant avec Philippe de Habsbourg : seul le nom des Tudor est digne d'être associé à la couronne anglaise. Dix-sept ans sous le même toit que mon père, ça laisse des traces, qu'on le veuille ou non. Je parcourus la liste des poissons qu'on espérait me voir rapporter, et mes yeux s'arrêtèrent sur un nom à force consonance écossaise. Ce n'était pas le contrat qui me rapporterait le plus, la récompense était même minime comparée à d'autres, mais je le classai d'emblée dans mes priorités. Non que j'eus une dent contre les écossais, je me fichais bien d'eux comme de l'an mil, mais celui-là était ouvertement protestant, et me serait peut-être utile pour en apprendre davantage sur le fils Stuart. Machinalement, je pianotai sur le bois de la table toute proche avec une certaine nervosité. Après Luisa, la gamine Habsbourg, le pyromane, voilà que le bâtard de feu le roi d'Ecosse s'ajoutait à la liste des problèmes à résoudre. "A croire que j'ai la poisse avec les rejetons royaux," grognais-je, songeant au projet fou du Comte de Moray, qui était de faire appel à mes services pour traquer et lui rapporter les véhéments catholiques d'au-delà du mur d'Hadrien. "Trop risqué," pensais-je, "c'est bien beau d'avoir de l'ambition, mais avec un minimum de réalisme, c'est mieux." Faire la chasse aux catholiques, avec Marie de Guise au pouvoir ? Ce brave garçon est tombé sur la tête ! "Qu'il fasse ce qu'il veut, je ne risquerais pas ma vie pour un écossais." Ma vie, et depuis peu, celle de Luisa. Je déglutis. Maintenant, ce n'était plus seulement moi qui était en jeu, elle l'était aussi. Je détestais cela. Voilà dix ans que je faisais cavalier seul, et les choses tournaient très bien ainsi. Je n'avais de comptes à rendre à personne, je n'avais personne à protéger, personne que je prenais le risque de perdre. J'avais trop perdu. Et voilà que maintenant, j'étais nanti d'une épouse qui risquait sa vie tous les jours en servant de goûteuse à la gamine Habsbourg, et qui la risquait doublement en étant mariée avec moi. Pour une raison qui me restait mystérieusement inconnue, savoir qu'elle prenait des risques me mettait en colère. Autant dire que j'étais d'humeur particulièrement massacrante depuis quelques temps. Distraitement, j'enfilai mes bottes, attrapai dague, épée et arc, et refermai la porte d'entrée derrière moi en prenant soin de baisser la tête et de raser le mur, protégé par son ombre. Sans doute était-ce jour de marché, la foule était dense. Tant mieux : une foule était pleine de bavardages et de renseignements, je m'y faufilais, sans mot dire, attentifs à tous les sons, à tous les noms, toutes les intonations.

Traquer sans relâche, un bon moyen d'oublier les failles qui jonchaient mon quotidien, depuis quelques temps. Je n'avais pas l'impression d'avoir beaucoup changé ; j'étais toujours aussi buveur, toujours aussi assoiffé d'or. Je fréquentais peut-être un peu moins les bordels qu'avant, mais j'étais marié. "La bonne blague," songeais-je, "il faut vraiment être crétin pour s'être ainsi mis dans de telles embrouilles." Pourtant, je regrettais de moins en moins cet acte inconsidéré, peut-être parce-que j'appréciais de plus en plus Luisa ? Ce n'était pas bon, ça, c'était même très mauvais : chaque personne que l'on s'autorise à aimer est quelqu'un qu'on prend le risque de perdre. Or je ne peux pas me permettre de perdre, c'est mauvais pour les affaires. En silence, je continuai ma progression, sans être remarqué de quiconque. J'étais presque invisible, personne ne me prêtait la moindre attention, et c'était parfait ainsi. J'appris en une petite demi-heure qu'une troupe d'écossais particulièrement bruyante s'était faite remarquée la veille au soir au Flying Dutchman, mon homme était sans doute parmi eux. J'appris que les deux bourges qui n'avaient rien eu de mieux à faire que se battre le jour des noces de la reine étaient toujours à la Tour de Londres. Impressionnant comme les bavardages vont bon train, les jours de marché. Discrètement, je subtilisai une pomme sur un étalage et, sans me faire remarquer le moins du monde, je continuai ma route vers la taverne du Flying Dutchman, espérant que les souvenirs de la soirée pour le moins arrosée de la veille soient encore dans les mémoires. Ainsi, peut-être mettrais-je la main sur mon écossais, ou sur un autre poisson. Les tavernes sont encore plus bavardes que les marchés, à condition de savoir écouter. La journée ne serait sans doute pas différente de celle de la veille, ni de celle du lendemain. Chasse, paye, bois, chasse, paye, bois. Ça avait l'air si simple... Ça l'avait été, d'ailleurs. Avant que Luisa s'en mêle, bien contre son gré, et contre le mien. La preuve : je ne pouvais pas travailler l'esprit clair, sans me demander sans arrêt ce qui pouvait ou non lui arriver, quels étaient les risques qu'elle prenait. "Il est de mon devoir de la protéger," songeais-je en poussant la porte de la taverne, que j'avais l'habitude de fréquenter, "après tout, elle est ma femme, maintenant. C'est juste par devoir que j'agis ainsi, il n'y a rien d'autre. Une simple question de devoir, et de protection, pour elle et pour moi. Rien de plus."

Je me mens tellement bien à moi-même que j'en prendrais presque peur, parfois.



Dernière édition par Richard Ballantrae le Jeu 29 Jan - 15:20, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeJeu 18 Déc - 10:54
Bienvenue sur le forum ! I love you Je connais quelqu'un qui va être ravie de ta venue ! Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1345126580 Bon courage pour ta fiche en tout cas ! Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1345126580
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeJeu 18 Déc - 11:38
Merci beaucoup Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 2063618935
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeJeu 18 Déc - 12:23
Encore un homme qui va me piquer toutes les donzelles du forum ! What a Face
Bienvenue sur TTB ♥️ Si tu as des questions surtout n'hésites pas à venir me voir Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 303479109
Au plaisir de te retrouver dans la zone de RP Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 239769179
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeJeu 18 Déc - 13:27
La concurrence arrive, Jack Twisted Evil Quoique tant que tu laisses Luisa tranquille, tout devrait bien se passer Laughing
Merci beaucoup en tout cas Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1366640713
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeJeu 18 Déc - 13:54
Oooh le mari de Luisa ** bienvenue ;)il nous faudra un lien Wink
Bon couraage
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeJeu 18 Déc - 14:00
Merci Agnès Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1366640713 Avec plaisir pour le lien Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1366640713
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeJeu 18 Déc - 14:49
Bienvenue Very Happy

Hâte d'avoir un lien avec toi Razz
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Arthur Wayne
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♕ Métier : Soldat de la garde royale, second du capitaine John Herbert. ♕ Age : 26 ans ♕ Religion : Catholique ♕ L'avatar a été fait par : Poison Ivy ♕ Mon nombre de messages est : 982 ♕ Mon nombre de Livres Sterling : 88 ♕ Je suis arrivé(e) sur TGA le : 27/06/2013 ♕ Mon pseudo web est : BloodyWonder ♕ Mes autres visages : Lavinia Tyburn & Théodore Wolmar Administratrice en uniforme de garde royale.

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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeJeu 18 Déc - 15:00
Quel super choix de PV Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 251407505 Bienvenu sur TTB Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1345126580 Et bonne chance pour ta fiche Richard Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1034520638
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeJeu 18 Déc - 15:43
Un grand merci à vous deux Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1194427796 Ce sera avec plaisir pour les liens Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1366640713
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George Hastings
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeJeu 18 Déc - 16:09
biienvenue parmi nous Richard !! Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 2751209421 suuper choix ! Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1345126580
n'hésites pas à venir nous voir si t'as un quelconque souci Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 3412087572
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeJeu 18 Déc - 17:21
Merci beaucoup Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1194427796
J'ai presque fini ma fiche, il ne me manque plus que la fin, et le tour est joué Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1366640713
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeJeu 18 Déc - 19:46
Bienvenue sur TTB Very Happy
L'avatar est à tomber dis donc, bon courage pour ta fiche °°
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeJeu 18 Déc - 20:54
Merci, Rosemary Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1366640713

EDIT : fiche terminée ! Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 3471096266
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeJeu 18 Déc - 22:03


Félicitation!



Waouh ! Juste Waouh !** J'ai adoré lire ta fiche et tu t'es super bien appropriée le personnage ! C'est donc avec un grand plaisir que je te valide ! Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1345126580

Et voilà, tu es validé et pour toi une longue aventure commence, pour commencer à jouer avec nous, il va falloir travailler un peu et faire votre fiche de lien et de rp [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien], comme ça tu auras le grand bonheur de te faire harceler par les membres du forum.

Par [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien], tu peux aussi faire une demande de rang et d'habitations, bah oui être SDF, c'est pas toujours drôle surtout à l'époque

Si tu veux, tu peux créer un ou des scénarii, pour faire une famille, des amis, un compagnon ou une compagne, ça se passe par [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]!

Après tout pour bien commencer sur le forum, tu peux tout aussi bien passer par le flood et les jeux, c'est la meilleure porte à prendre pour une meilleure intégration [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]

Maintenant tu sais tout sur tout et ton aventure à Londres peut parfaitement commencer Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1211531879

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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeVen 19 Déc - 8:36
OMG merci beaucoup, Isabelle Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1366640713
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeVen 19 Déc - 8:45
Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 2751209421 UN RICHAAAAAAAAAAAAAAAAAAARD !!!! Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1803503357 (Je suis Lyra sous une autre peau et Gypsy)

Bienvenue sur TTB ! Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1366640713 Comment je suis trop contente ! Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 4170629200

Amuse toi bien parmi nous ! Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 3380235140
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeVen 19 Déc - 13:50
Lyra Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1366640713 Ma pyromane préférée Twisted Evil
Merci beaucoup Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1366640713
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeVen 19 Déc - 14:02
OMGGGGGGGGGGGGGGGGG RICHAAAARD Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 3938944573 Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1345126580 Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 4170629200
Honte à moi je n'avais pas vu !! Bienvenue sur le forum, je suis trop contente d'avoir enfin mon mari Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1366640713 Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1366640713
Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1783823733 Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1783823733 Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1803503357
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitimeVen 19 Déc - 17:35
Ma femme Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1366640713 Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1366640713 Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1366640713 Merci beaucoup, Luisa Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. 1194427796
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MessageSujet: Re: Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière.  Richard Ballantrae ♦ Nous ne sommes qu'ombres et poussière. Icon_minitime
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