Je n'en reviens pas. Comme un échos cristallin qui m'éclate en pleine gueule. Comme un souvenir effacé qui descend des étoiles en une poudre merveilleuse et qui prend forme, là, devant moi. Elle n'a pas changé. Enfin. Si. Physiquement, elle a grandi, elle a mûrit. Mais il réside en elle cette pureté qu'aucune n'avait. Cette âme blanche aux reflets couleur or couleur paradis. Je n'étais qu'un homme aux teintes abîmées ; elle était un être aux milliers d'éclats qui explosaient au visage de ce monde.

Je tend ma main pour la poser sur son épaule, comme pour vérifier si ce n'était pas un mirage. Puis je la secoue un peu, et je vois en elle l'incompréhension. Ma voix se casse en de lourds tremblements ; ceux des âmes que j'avais volé pour pouvoir un jour la retrouver. "Katherine ? C'est toi ?" Je sens au fond de mon coeur se réveiller les sanglots étouffés. Le silence pèse sur mon échine alors que j'aimerai crier, à la fois de joie et de rage.

Mais dans son regard, je comprend. Dans son regard s'écroule tout. Mes espoirs. Mes envies. Mes peurs. Mes remords et mes joies. Tout s'échoue aux pieds du navire qui transportait mes souvenirs. Mon âme se noie. Je perd pieds. Je perd contrôle. Je tremble. Je convulse. Mais je me retiens. Car c'est elle. Et non pas l'une de ces catins.

"Tu ne me reconnais pas, c'est ça ..?"