♕ Métier : évêque d'Oxfordshire et frère cadet du comte d'Hundington ♕ Age : 48 ans, je ne me fais pas tout jeune ♕ Religion : catholique, mais il n'est pas un puriste. Il reste tolérant à l'égard des protestants. ♕ L'avatar a été fait par : fassylover (ava) & astra (signa) & frimelda (icons) ♕ Mon nombre de messages est : 1084 ♕ Mon nombre de Livres Sterling : 11 ♕ Je suis arrivé(e) sur TGA le : 12/10/2014 ♕ Mon pseudo web est : proserpina ♕ Mes autres visages : William Cavendish
Février 1555, un froid glacial pesait sur l'atmosphère en Angleterre, mais un spectacle embrasé se déroula devant nous. Un simple hérétique mourrait en ce jour sur un bûcher enflammé. J'étais impassible à ce moment-là, il faut dire qu'il avait bien mérité. Dans l'Evangile selon Saint Jean, il est justement dit que parce que tout ce qui est né de Dieu triomphe du monde; et la victoire qui triomphe du monde, c'est notre foi. C'est ce qui est le plus important, car nous sommes dans le droit et bon chemin, et il est en notre devoir de guider les brebis perdues. Seulement ce John n'a pas su saisir la chance de se repentir, et n'a pas su se rendre compte de notre tolérance. Ce fut désormais trop tard, il a continué à pécher et était privé de la Gloire de Dieu notre Seigneur, et le salaire du pêché est la mort, non pas la vie éternelle. L'exécution fut assez longue, et je continuais à observer ce John et commençait à apprécier les méthodes anglaises. Je ne comprenais pas cependant. Il aurait pu se confesser de ses pêchés, de recevoir le pardon du Seigneur, mais rien ne le sauva. Parce qu'en effet, c'est par la grâce que nous sommes sauvés. Je gardais toujours ce même discours, depuis mon plus jeune âge. En effet pendant mon enfance je fus plus attiré par la théologie et les arts ainsi que la littérature plutôt que les armes et la politique. Même si je devins ambassadeur, cela ne m'empêcha pas de peindre pendant mon temps libre et de lire de très bonnes oeuvres sur la théologie. Je n'avais tout de même pas tellement l'occasion de parler de cela avec quelqu'un, mais cela allait de soi entre nous que nous étions dans le bon chemin. Ma foi était intacte, et n'allait changer pour rien au monde, cela était certain. J'avais eu le plaisir d'aller à l'Église à Londres, car même si j'étais loin de chez moi, et que ma chère France me manquait, cela ne voulait pas dire que je mettais de côté la pratique de ma foi pendant que je jouais l'ambassadeur français à la Cour anglaise.
Je n'étais pas sans espoir ceci dit. Je n'étais certes qu'un étranger, surement certains pourraient penser que je n'avais pas mon mot à dire en ces lieux, mais je pouvais leur répondre qu'il y avait seulement une religion unique, le catholicisme, et que je pouvais parler en ce nom. Je ressentais la haine du condamné, et la plus pure expression de la douleur qui enivrait son corps. C'était seulemenn de cette manière que les hérétiques pouvait comprendre leur faute, et ce qui les attendait s'ils ne se remettent pas en cause. Il y avait quelque chose de pitoyable en eux, mais ne valent au final pas la peine d'être sauvés s'il en est ainsi. Nous l'entendions crier, jusqu'à ce qu'il périsse sous les flammes de l'Enfer, par la seule main souveraine du Seigneur qui en décida ainsi. Il était misérable, et allait rejoindre les siens. Je jugeais sans trop en parler autour de moi, mais je souriais du coin des lèvres. Nous vaincrons me dis-je. J'étais en compagnie de nobles anglais ce jour-là, et je remarquais que tous les yeux se dirigeaient vers le condamné dont l'âme venait de nous quitter. La Reine avait bien raison de faire cela. Il fallait sévir pour éviter que l'Angleterre ne tombe dans leurs mains. Je conversais avec le duc de Norfolk et m'apprenait que les bûchers étaient une tradition en réalité Espagnoles. "Ah vraiment ? Intéressant" trouvais-je à dire sans en ajouter. Ensuite un silence s'installa après ma remarque sur la situation en France. Je continuais alors à converser avec Thomas Howard après les cris insupportables de l'hérétique. "C'est pour le bien de l'Angleterre" lançais-je. Mais il m'avoua que ce genre de spectacle n'était pas sa tasse de thé. Soit, je n'en portais pas une grande attention. "Selon votre goût monsieur le Duc. Mais je vous avoue que les pendaisons sont bien trop rapides. Les hérétiques ne méritent pas une telle mort" lui répondis-je en souriant.
Le spectacle était dès à présent terminé et j'avais apprécié les coutumes anglaises. Je ne portais guère attention aux autres personnes présentes et saluais mon nouvel ami le duc de Norfolk. Cependant en me levant, mon regard se posa une fois de plus sur le garde que j'avais pris pour Lyra. Je clignais des yeux, non je rêvais. Ce n'était pas possible. Et pourtant ça avait un sens. Ceci était bien réel, je ne me trompais pas, il s'agissait bien de Lyra, je pourrais reconnaitre ses yeux divins entre mille. Je ne savais pas si je devais être en colère contre elle de m'avoir rien dit de plus lors de notre dernière rencontre. J'étais comme perdu. Perdu dans mes sentiments envers elle. Mon esprit se trouva confus, et ne décidais pas d'aller la voir, surtout à cet endroit. Le destin saura faire son travail.
Sujet: Re: ❧ EVENT n°13 ♣ Quand l'Angleterre s'embrase. Jeu 16 Juil - 13:02
Quand l'Angleterre s'embrase
Event n°13
Henriette n'en pouvait plus, elle sentait le malaise monter. Bientôt elle finirait pas s'effondrer par terre, son teint déjà pâle avait prit la couleur d'un linge. Anya tenta de la calmer lui indiquant de penser à la plage et aux jeux qu'elle faisait avec ses soeurs et son frère mais, Henriette ne pouvait pas. Les cris de l'homme laissèrent place au silence, les cendres retombaient sur la foule et l'odeur de viande se dissipé dans l'air. La jeune Cavendish releva la tête croisant le regard de sa mère et celui de Rosemary qui semblait tout aussi mal qu'elle.
Le silence ne dura que très peu de temps et il laissa place au cris de la foule,les catholiques semblaient heureux de cet événement. Comment était il possible de se réjouir d'une telle chose ? Henriette ne savait plus tellement si elle devait continuer de croire en cette religion. Comment un Dieu pouvait il apprécier de telle atrocité ? Comment les humains pouvaient il finir par détester leur prochain sous prétexte que leur foi n'est pas la même ? Anya et son père finiraient il ainsi ? Non ! Henriette le refusait, elle ne voulait pas perdre sa famille. On lui avait ordonné de changé de religion chose qu'elle avait faite sans se poser de question mais, maintenant elle voyait bien que ses parents suivaient toujours leur foi.
Henriette se releva rapidement, ses jambes trembler et son ventre lui faisait horriblement mal. Avec un regard plutôt autoritaire qu'on ne lui connaissait pas, la jeune Cavendish attrapa la main de sa mère et celle de son amie et les tira vers la calèche. "Cela suffit nous avons suffisamment vu d'atrocité pour aujourd'hui ! Rentrons à la maison maintenant !" Henriette se faufila à travers la foule et laissa Anya et Rosemary tranquillement, tandis que la jeune fille monter dans la calèche. Une fois que Anya monta dans la calèche et que celle-ci partie, Henriette prit la parole. "Risquons nous de finir comme ce pauvre homme un jour ? Je ne suis pas stupide Anya je vois bien que vous continuez..." la jeune Cavendish évita de prononcer la suite de sa phrase on était jamais trop prudent. "Faites moi la promesse que jamais vous ne rejoindrez les étoiles ! S'il vous plaît...Je ne pardonnerais jamais de vous perdre." Après quoi Henriette garda le silence jusqu'au domaine de Devonshire. Elle finira par s'enfermer dans sa chambre pendant plusieurs jours refusant de voir quiconque à part pour s'alimenter.
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Sujet: Re: ❧ EVENT n°13 ♣ Quand l'Angleterre s'embrase. Dim 26 Juil - 15:25
Quand l'Angleterre s'embrase.
Les places de la ville. 4 février 1555.
Les hurlements, la terreur de sa fille, Antanasya gardait tout son courage pour ne pas perdre pied et ne pas quitter du regard le buché. Elle savait qu’un jour, elle pourrait se retrouver à la place de cet homme qu’elle avait tant estimé, en raison de ses activités, mais la jeune femme ne préférait pas y penser. Elle devait être courageuse et tout faire pour soutenir ses amis et convaincre ses proches que rien ne pouvaient leurs arriver. C’était vrai, si elle tombait, elle tomberait seule. Les cris finirent par cesser et seules les flammes restèrent ainsi que la fumée et l’odeur pestilentielle de chairs brûlés. Anya se sentait rassurée, son ami reposait dans un monde bien meilleur que celui-ci. De son côté et pour honorer la mémoire de l’homme et de ceux qui suivront, Antanasya devrait continuer son combat, elle ne voyait pas les choses autrement. C’était dangereux, irraisonné, mais elle n’avait plus le choix, si ce n’était pas elle, d’autres prendraient le flambeau, mais qui ? Elle avait assisté à l’attaque du palais, folle, dangereuse, sans ordre, elle ne voulait pas qu’un fou dirige les protestants et elle seule se sentait capable pour ce rôle. Après ces évènements, beaucoup de ses amis finiraient par partir et quitter l’Angleterre, le temps qu’un nouveau souverain plus digne arrive sur le trône. Elizabeth semblait être la meilleure candidate, mais on ne pouvait pas mettre à mort l’actuelle reine, qui plus est enceinte, pour mettre sa sœur sur le trône, c’était beaucoup trop dangereux. A tout cela, elle y penserait plus tard, pour l’instant, elle devait s’occuper de sa fille, qui était complètement bouleversée par ce qu’elle venait d’assister. Henriette semblait au plus mal, les jambes tremblantes, la peur la poursuivant, elle quitta la place, tout en disant qu’elle ne voulait plus voir d’atrocités. Antanasya eut beau appeler sa fille, rien n’y faisait, la blonde était partie rejoindre la calèche, prête à partir.
« Elle n’aurait pas dû venir, même si elle est forte, elle n’en reste pas moins une enfant. » Soupira la duchesse, qui espérait que sa fille se remettrait de cet évènement. « Rosemary, est-ce que vous allez bien ? » Demanda la jeune femme. « Je voulais vous rassurer, vous n’avez rien à craindre, personne ne pourra conduire les gardes jusqu’à vous. Je suis la seule qui tombera… » Elle baissa la tête et dégluti, comme si elle ne voulait pas affronter cette vérité. « Rosemary, s’il venait à m’arriver quelque chose, est-ce que vous aiderez mon mari à protéger mes enfants ? Je sais que vous en prendrez bien soin et je ne pourrais pas confier cette tâche à personne d’autre, à part ma sœur, mais nous ne nous entendons toujours pas très bien. » Elle sourit, écouta la réponse de sa belle amie et les deux jeunes femmes se quittèrent.
Antanasya retourna jusqu’à la calèche où se trouvait déjà Henriette, toujours perturbée par ce qu’elle venait de voir, mais très raisonnée. La jeune fille demanda à sa mère, s’il leurs arriverait la même chose que pour Mr Rodgers. « Ma chérie, il ne vous arrivera rien, ni à vous, ni à votre père, ni à vos frères et sœurs. Je sais que tu es intelligente, mais nous devons continuer ce que nous faisons tous les jours et rien ne nous arrivera, j’ai même un navire qui peut nous emmener loin d’ici, si un problème venait à arriver. N’ayez crainte, personne ne rejoindra les étoiles. » Elle se pencha et embrassa le front de sa fille, pour lui montrer qu’elle était sincère, mais au fond, Antanasya n’était pas certaine de pouvoir tenir sa promesse.
« Restons unies dans ce cas. » Je lançais un faible sourire à Antanasya. Toutes trois, on se tenait la main. Avais-je trouvé une famille avec les Cavendish ? Une nouvelle famille ? Une famille de substitution ? A ce moment-là, cela en avait tout l’air.
La peine envahit tout mon corps, mon visage. Je me sentais trembler. Je ne me sentais pas bien. Pas parce que j’étais une protestante et fière de l’être. Même si ces derniers temps, je m’étais dépassée, je cherchais mes limites. J’étais une femme avant tout, une âme sensible quand elle voit un innocent brûlé sur un buché. Le buché s’embrasa. L’homme commença à hurler, cela me brisa le cœur... Quel spectacle horrible. Autour de moi, des femmes détournaient déjà le regard. Henriette resserra la main. J’imaginais Thomas à sa place, peut-être que fuir était la meilleure des solutions. Jamais, je n’aurais supporté de le voir ainsi... finir en cendre, en lambeaux.
Henriette baissa les yeux et lâcha nos mains, elle demandait à sa mère de rentrer... Comme je la comprenais, moi aussi je voulais rentrer. Oublier tout ça. Toutes ses images macabres. Toute cette persécution. La mère câlina sa fille avant que cette dernière aille s’adosser à un mur, se laissant tomber. Le protestant n’était plus, j’étais baissée la tête, fermée les yeux. Des larmes perlaient sur mon visage. Antanasya regrettait d’avoir emmené Henriette, je regrettais d’y avoir assisté. Oui et non. Il le fallait pour montrer notre intégrité mais, j’étais toute chamboulée. Un catholique m’aurait fait le même effet. Voir la mort en face était une chose à laquelle je ne me ferais jamais. Je regardais mes mains - elles étaient déjà salies. Impure.
Puis, Henriette se releva, elle attrapa nos mains et nous tira vers la calèche. Elle avait raison, j’attendais qu’Antanasya daigne bouger mais, j’allais suivre Henriette sans sourciller. La mère de famille avait été forte, comme toujours une femme remarquable ! Elle avait tenu bon telle une Duchesse qui ne craint ni foi ni loi. Elle était un modèle à suivre. Henriette commença à partir en direction de la calèche, c’était l’unique solution pour pousser sa mère à la rejoindre.
« Demain, elle ne sera plus la même. Vous verrez. Aujourd’hui, elle a grandit. Hier, elle était une enfant. Elle se réveillera en femme. Ce passage-là était inévitable. Henriette devait avoir conscience de ce qu’il se passe en Angleterre. » J’avais raison mais, je la regardais quand même avec un air désolé. Peut-être qu’elle n’avait pas dû, or les enfants Cavendish vivent dans un cocon de joie et de bonheur. On l’avait bien vu aujourd’hui, au dehors tout était triste et respirait la mort. Ses enfants devaient s’en rendre compte avant de subir une trop grande désillusion. « Un peu secouée d’avoir vu la mort en face. J’essaie de prendre exemple sur vous et même si j’ai fais des efforts à vos côtés, vous le savez. Je n’en reste pas moins une petite nature. » Un sourire un peu plus ‘joyeux’ était apparu l’espace d’un instant sur mon visage.
Les paroles d’Antanasya ne me rassuraient guère, elle sera la seule qui tombera - avait-elle conscience que ce serait quand même une tragédie pour moi ? Voir une autre personne proche de moi mourir ou devoir fuir, à croire que j’étais maudite... « Oui, vous pouvez compter sur moi. J’aiderai votre mari et votre soeur. Vous avez tellement fait pour moi, je vous dois bien ça. ».Sur des embrassades, Antanasya me quitta.
D’un pas assuré, je me dirigeais en direction des soldats - c’était la route pour rentrer chez moi. Je tenais à les saluer pour montrer ma bonne volonté et essayais de comprendre pourquoi cet homme me regardait avec insistance. « Messieurs. Je vous souhaite une bonne fin de journée. ». Une petite révérence et je continua ma route tranquillement. Le cœur battant à en sortir de ma poitrine - je soufflais un bon coup, pour moi c’était presque exceptionnel que j’aborde ainsi des soldats. Pas si terrible que ça, finalement....
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❝ Thomas Howard ❞
La Noblesse Anglaise
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Sujet: Re: ❧ EVENT n°13 ♣ Quand l'Angleterre s'embrase. Ven 31 Juil - 14:46
Quand l'Angleterre s'embrase.
Insoutenable. C'était le mot que Thomas aurait employé s'il avait dû décrire la scène horrible qui se déroulait sous ses yeux. A quelques mètres de lui seulement, le corps du supplicié se convulsait et se tordait sous les morsures des flammes à l'appétit gargantuesque. Une vision de l'enfer à n'en point douter, et le prêtre de passage n'aurait d'ailleurs pu trouver meilleur exemple que ce bûcher pour illustrer les châtiments réservés aux impies et aux blasphémateurs. Mais le pire, c'était les cris. John Rogers hurlait à s'en briser les côtes sous le ciel gris et ses hurlements vrillaient les tympans du Duc de Norfolk, étreignant son âme et s'imprimant avec toute leur violence dans son esprit. Ces cris, Thomas les entendrait encore bien des heures, et même des jours plus tard lorsque, ne pouvant trouver le sommeil, il demeurerait allongé dans son lit, seul, fixant le dais au-dessus de lui. Maudit soit le Lord Protector ! Et peste soit de ce messager de malheur ayant apporté cette sommation au Duc de Norfolk de se rendre à une telle exécution ! Thomas se fustigea mentalement de ne pas s'être fait porter pâle ce jour-là. Il aurait pu prétexter un refroidissement, et faire rédiger en hâte quelque missive pour s'excuser platement auprès de Gardiner de ne point pouvoir être présent. Jouer les malades et s'ennuyer au fond de son lit pendant quelques jours—et non point une seule journée, puisqu'il aurait alors fallu rendre tout cela crédible et qu'un seul et unique jour de prétendue maladie n'aurait suffi à convaincre Gardiner que son ancien page Howard était au plus mal—était un moindre mal quand on considérait ce à quoi il était confronté en cet instant. Hélas, cela n'aurait servi qu'à attiser les soupçons quant à la conversion—récente, et carrément opportuniste, il fallait l'avouer—des Howard. Thomas était désormais catholique. Tout comme son grand-père l'avait été, tout comme sa tante, la Duchesse de Richmond, son cousin Charles, son frère Henry, et ses sœurs, Katherine, Margaret et Jane. Il devait être présent. Il devait se réjouir de la mort d'un hérétique.
Il essaya de sourire et de paraître aussi satisfait que Priam d'Anjou à ses côtés, mais la nausée qui le tenaillait depuis l'allumage du bûcher ne lui permit pas de jouer son rôle de gentilhomme catholique de la Chambre du Roi. Ses pensées étaient par ailleurs trop désordonnées pour s'attacher à la moindre logique. Thomas songeait tantôt à John Rogers, à Stephen Gardiner, à son ancien précepteur John Foxe, et même à son père, pourtant mort sous le coup de la hache et non point dévoré par des flammes infernales. Un souvenir, surgi de manière fort importune, le perturba au plus haut point. Pendant quelques secondes, il se revit enfant, à Rycote, lors d'excursions aux cuisines en compagnie de son cousin Charles et de son frère Henry. Le plus souvent, le trio infernal y descendait pour chaparder de la nourriture, mais aussi à l'occasion afin de s'amuser à distraire le garçonnet chargé de faire tourner la viande sur la broche dans la cheminée. Avec horreur, le Duc de Norfolk considéra le gibier en train de rôtir—gibier qui, par chance, avait bénéficié d'une mort rapide avant d'être embroché et placé au-dessus du feu—et son esprit, déjà enfiévré par la vision de l'agonie atroce de celui qui avait été autrefois un illustre traducteur biblique et lecteur émérite à Saint Paul's, ne put s'empêcher de comparer le supplice qu'il avait sous les yeux avec le souvenir de la cuisson d'un daim.
"Selon votre goût monsieur le Duc. Mais je vous avoue que les pendaisons sont bien trop rapides. Les hérétiques ne méritent pas une telle mort." La voix de Priam d'Anjou ramena Thomas à la réalité, et quelle réalité que celle de ce silence de mort que seul le crépitement des flammes toujours plus voraces venait ponctuer ! Le sang du Duc de Norfolk se glaça à la vue du supplicié. Les convulsions atroces avaient cessé, tout comme les cris, et le corps du condamné demeurait au repos, sans vie, légèrement affaissé à la manière d'une marionnette dont on aurait coupé les ficelles. Le feu avait triomphé et dévorait à présent à loisir sa malheureuse victime. Bientôt, John Rogers ne serait plus que poussière. La citation biblique qui était de circonstance dans des moments tels que celui-ci revint naturellement à l'esprit de Thomas, preuve que ce dernier parvenait peu à peu à se reprendre. Il était toujours aussi pâle, mais réussit à afficher un mince sourire en réponse à l'ambassadeur. "Là-dessus je vous rejoins, mais je vous avoue que l'odeur de brûlé m'incommode et m'incommodera toujours, je le crains." Il ponctua sa remarque d'un air navré, comme si la puanteur de la mort le dérangeait plus que la souffrance d'un homme, et se félicita mentalement d'avoir employé le futur, démontrant par-là qu'en loyal sujet d'une reine catholique, il s'attendait à voir d'autres bûchers illuminer—et faire empester—la belle ville de Londres. Pas un frisson ne parcourut son échine lorsqu'il s'inclina ensuite face au Comte du Maine avant que celui-ci ne se retire. Thomas attendit quelques secondes avant de tourner lui-même les talons, pestant déjà intérieurement à l'idée de se retrouver bientôt en compagnie des gentilshommes Espagnols du roi, sans doute particulièrement ravis de l'exécution d'un hérétique. Il jeta un dernier coup d'œil à cette place maudite au moment où un coup de vent sembla disperser une partie des cendres du bûcher sur un coin de la foule, puis il reprit sa route, non sans avoir également aperçu le visage de l'homme qu'il avait autrefois connu au détour d'une allée sombre et qu'il recroiserait bientôt régulièrement dans les rues de Londres, comme un détestable souvenir.
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