Eté 1553

Départ pour Londres.

Extrait d'une lettre envoyée à François de Guise, en France

« Mon très cher frère,

[...] Les nouvelles de l'Angleterre ont du te parvenir, Jeanne Grey est déjà appelé la reine de neuf jours. Une reine protestante est une abomination sur le trône. Marie Tudor l'a évincée, et a reprit le trône qui lui revenait de plein droit. J'avais déjà entendu parler de Marie Tudor, la fille de Catherine d'Aragon, cette catholique qui a le foi en elle comme nous. Elle est à peine plus âgée que moi, je ne pensais pas la rencontrer de si tôt. Ou du moins, pas dans ces circonstances. Les rapports entre l’Écosse et l'Angleterre n'ont pas toujours été bons. Si je t'écris c'est pour te prévenir de mon départ. Je pars demain pour Londres, François. La perspective de ce voyage ne m'enchante guère. Je dépéris toute seule en Écosse. Déjà deux ans, que je suis loin de vous à nouveau, vous me manquez.

Mes gens ont su trouver les mots pour me convaincre, j'y vais pour sceller une alliance avec l'Angleterre et Marie Tudor. Je lutte pour le catholicisme tout comme toi, je veux offrir à ma fille une Écosse Catholique et pour cela je vais chercher du soutien après de la nouvelle reine. Celle-ci m'a invitée pour son entrée à Londres, et son couronnement. Je me dois d'être présente. Je n'aurais de plaisir qu'à revoir mon amie Margareth Douglas. Je vis dans la peur omniprésente qu'on tente de m'assassiner, comment va ma fille ? Je t'en conjure François, prends soin d'elle autant que tu le pourras. Le destin de l’Écosse repose sur nous. [...]

Avec tout mon amour,
Ta soeur, Marie.»

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Septembre 1553

Une alliance sur le fil.

Extrait d'une lettre envoyée à Antoinette de Bourbon, en France

« Mère,

[...] Je t'écris cette lettre sous le ciel pluvieux de Londres, les jours sont longs, j'attends. J'ai assisté à l'entrée dans Londres de la Reine Marie Tudor où un homme fou a essayé d'atteindre à nos vies. Probablement, un acte des protestants. L'Écosse va s'allier à sa voisine l’Angleterre pour affronter ensemble, cette guerre de religion entre protestants et catholique qui se profile à l'horizon. J'ai pris en considération tes conseils Mère. Je sais que cette alliance sera plus que fragile, mais mon désir d'offrir à ma fille une Écosse Catholique est plus fort que n'importe quel autre désir. Je n'ai pas le choix, je me sens terriblement seule et j'ai besoin de soutien. Cette alliance durera le temps qu'elle durera, ce n'était guère le moment de se mettre toute l'Angleterre à dos. Cette union ne sera pas aussi forte que la Vieille Alliance que nous avons avec la France. Je tiens les rennes de mon royaume Mère depuis dix longues années, n'est crainte bientôt l’Écosse sera purifiée et Marie pourra monter sur le trône qui lui est destiné. [...]

Avec toutes mes pensées ma très chère Mère,
Ta fille ainée, Marie.»

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1538

Un mariage à l'horizon.

Extrait d'une lettre envoyée par Jacques V à Marie de Guise

« Madame, écrit-il dans sa lettre de demande en mariage, lettre d’une émouvante sincérité, je n’ai que vingt-sept ans et la vie me pèse déjà autant que ma couronne… Orphelin dés l’enfance, j’ai été le prisonnier de nobles ambitieux ; la puissante maison des Douglas m’a tenu longtemps en servitude et je hais leur nom et tout ce qui me rappelle les sombres jours de ma captivité. Archibald, comte d’Angus, de même que George, son frère et tous leurs parents exilés ne cesse d’exciter le roi d’Angleterre contre moi et les miens ; il n’y a pas de noble dans mes Etats qu’il n’ait séduit par ses promesses ou suborné avec son argent. Il n’y a pas de sécurité pour ma personne, rien ne garantit l’exécution de ma volonté ni celle de lois équitables. Tout cela m’effraye, Madame, et j’attends de vous appui et conseil. Sans argent, réduit aux seuls secours que je reçois de France ou aux dons patrimoniaux de mon opulent clergé, j’essaye d’embellir mes châteaux, d’entretenir mes forteresses et de construire des vaisseaux. Malheureusement mes barons tiennent un roi qui veut vraiment régner pour un insupportable rival. Malgré l’amitié du roi de France et l’aide de ses troupes, malgré l’attachement de mon peuple, je crains bien de ne jamais pouvoir remporter sur mes barons rebelles une victoire décisive. Je surmonterais tous les obstacles pour ouvrir à cette nation la voie de la justice et de la paix et j’atteindrais peut-être mon but si je n’avais contre moi que la noblesse de mon pays. Mais le roi d’Angleterre ne cesse de semer la discorde entre elle et moi, et les hérésies qu’il a implantées dans mes États étendent leurs ravages jusque dans l’église. De tout temps, mon pouvoir et celui de mes ancêtres n’a reposé que sur la bourgeoisie et le clergé, et je suis obligé de me demander si ce pouvoir durera encore longtemps. »

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1554

Des nouvelles de Marie Stuart.

Extrait d'une lettre envoyée par le cardinal de Lorraine à Marie de Guise

« Votre fille grandit tous les jours de plus en plus, sa grandeur, sa bonté, sa beauté, sa sagesse et sa vertu, c'est la plus parfaite et accomplie de toutes les jeunes filles. Il est impossible d'être plus honnête et vertueuse qu'elle et on ne voit rien de tel en ce royaume, soit en fille noble ou autre basse ou moyenne condition ; je suis contraint de vous dire, madame, que le roi y prend tellement de gout, qu'il passe son temps à parlementer avec elle l'espace d'une heure, et elle sait aussi bien entretenir de bons et de sages propos, comme ferait une femme de vingt-cinq ans. »

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