La Duchesse de Lyon avait décidé, pour une fois, de laisser White Swan et la Cross School derrière elle pour s'accorder un peu de temps. Histoire de souffler. S'occuper de ses demoiselles... Etait la meilleure idée qu'elle avait eu. Elle se rappelait, qu'un jour, elle avait été dans le besoin, à se coucher le ventre vide à ne pas pouvoir dormir tellement son estomac criait famine. Elle se souvenait de la maladie. Alors, aider ces jeunes filles qui étaient dans cette situation était, pour elle, une vengeance sur son passé. Une vengeance contre Anne de Pisseleu qui avait eu, un jour, le culot d'accuser Eleonore de Montpensier d'un crime qu'elle n'avait pas commis pour la condamner. Si elle n'avait pas été condamnée à mort, la mère de Mary avait été bannie de la Cour puis de la maison familiale pour vivre en modeste paysanne privant Mary d'un futur radieux.

Mary ne se souvenait pas de son passé à la Cour. Elle était trop petite. Qu'elle a été sa surprise en apprenant que, dans ses veines, coulait du sang royal! Le sang du Roi François! Du jour au lendemain, cette petite femme à tout faire s'était retrouvée avec le titre de Duchesse et loger dans des appartements royaux en qualité de demie sœur du Roi!


Elle soupira quand elle passa devant le port et tira légèrement le rideau la protégeant du vent pour regarder l'horizon. Quelques part, là bas, se trouvait sa chère France et la tombe de sa mère. Elle voulait revenir là bas... Se recueillir sur la tombe de sa mère...Mais son frère le lui refusait prétestant qu'elle y serait en danger. Mais, depuis le temps, ses opposants auraient du se calmer, non? Elle soupira et fit un signe à Madeline, une élève de son institut qu'elle avait emmené avec elle. Ses demoiselles de compagnie habituelles? Elles étaient à Cross School à s'assurer que les pensionnaires faisaient leurs devoirs. Les accueillir, d'accord! Les laisser bayer aux corneilles? Non! Il faudra bien, un jour, qu'elles se trouvent un mari et fondent un foyer! Elles n'allaient pas rester dans cette école toute leurs vies! Madeline était un cas à part. Elle avait déjà toutes les connaissances d'une femme du monde mais, sa vie étant menacée, elle était allée, avec la complicité de la Duchesse de Devonshire, se réfugier chez Mary de LaCroix en qualité de pensionnaire de la Cross School.

Comprenant le message, Madeline ouvrit la petite vitrine qui séparait ces dames du cocher pour lui dire d'arrêter le carrosse. Ce qu'il fit dès qu'il trouva une place libre où ils pourront rester quelques temps sans déranger personne. Il se laissa tomber de son siège pour aller ouvrir à sa maîtresse et à la demoiselle qui l'accompagnait tout en sortant un petit escabeau. Mary accepta la main et mit pieds à terre en s'aidant du petit meuble aussitôt suivie par Madeline qui portait un bouquet de fleurs diverses à la main. Mary se dirigea vers un petit escalier qui menait directement à la mer... L'étudiante la suivie en prenant garde à ne pas tomber et lui donna les fleurs. Mary fit volte face pour se retrouver face à la mer et fit un signe de croix. Elle déposa ensuite, tout doucement, le méli-mélo fleuri dans l'eau et, à moitié à genoux, joignit ses mains pour une prière. Ses fleurs...C'étaient les fleurs préférées de sa mère. C'était une manière à elle de lui rendre hommage... En espérant que le courant emmènerait son modeste présent jusqu'aux côtes françaises. Mary n'était pas naïve et savait qu'il y avait peu de chances pour que ça se produise...Mais bon.
Sa prière finie, Mary remonta les marches. D'habitude, elle retournait directement à son moyen de transport mais, aujourd'hui, avec le temps particulièrement clément pour un hiver anglais, elle voulait regarder un peu plus l'horizon. Le vent soufflait dans ses cheveux libres tenus par une simple pince. Elle ferma les yeux. Elle était bien. Et si elle proposait à Madeline de se promener, incognito, dans le marché?

"Mary ?" surprise, Mary rouvrit les yeux subitement pour les diriger vers un jeune homme...Qu'elle ne connaissait pas. Mais qui était il? "... c'est Priam" Cela ne lui disait rien. elle ne percuta même pas qu'il venait de lui parler en français. Elle dit: Excusez moi, Sir...On se connait? Il y avait des manières un peu plus...Diplomate de poser la question mais c'était la seule chose qui lui venait dans l'esprit. Un esprit confus.

Son interlocuteur perdu son sourire. Mary senti une gêne grimper en elle... Elle ne savait pas pourquoi. Cet homme était il lié à son passé? A celui où, enfant, elle était considérée comme une princesse et élevée comme telle? "Excuses-moi de t'avoir importunée ma chère Mary" Ce n'est que là qu'elle percuta que cet homme venait de lui parler en français. Un français! Donc il était plus que probable qu'elle le connaissait...Mais elle en n'avait aucuns souvenirs... Et puis, pourquoi est ce qu'il l'appelait "ma Mary"? Avait il été intime? Mary était quelqu'un de nature réservé en ce qui concernait de potentielles relations intimes.
De toute façon, son frère finirait par la marier à quelqu'un qu'elle n'aimera pas...Pas en amour en tout cas. Du moins, elle n'aurait pas le temps de l'aimer avant leur mariage. "Je suis Priam d'Anjou, ambassadeur français" Elle était de plus en plus troublée. Un jeune homme venait l'accoster en l'appelant "ma Mary"! Elle balbutia Vous...Vous êtes sur de ne pas me confondre avec une autre? Mary est un prénom courant! Elle était aussi mal à l'aise que cet homme! Elle ne savait pas du tout qui s'était! Et, pourtant, elle essayait de se souvenir! "En réalité nous étions fiancés dans notre enfance.." Ils étaient quoi?! Pardon?! Cet homme, Priam, et elle auraient été fiancés quand ils étaient enfants? En tout cas, ça lui confirmait son impression qu'ils devaient se connaitre quand Mary habitait encore à la Cour quand elle était enfant et que sa mère était la favorite du Roi! Priam...Priam...Mais souviens toi Mary!
Madeline, derrière elle, avait ouvert la bouche sous le choc.
"Te rappelles-tu au moins de cette mélodie que nous avions l'habitude d'entendre ? Et ce Priam commença à siffloter. Cet air lui disait quelque chose...Elle se concentra dessus quand il poursuivit avec un air de ce qui semblait être une comptine idyllique. J'affronterais toutes les tempêtes, sans peur des vents déchaînés, j'éviterais tous les récifs si tu voulais m'aimer… Cela provoqua une espèce de déclic dans son esprit. Elle resta immobile et les yeux vides quelques instants mais assez pour que l'élève de son institution s'inquiète et réagisse Votre Grâce! ... Mais laissez ma Dame tranquille, vous! Dit elle en se précipitant. Elle allait continuer quand Mary poursuivit la chanson: Aucun Soleil, ni froid du Nord ne pourra plus m'arrêter... Si tu me promettais ton cœur alors je t'aimerais pour l'éternité. Elle releva des yeux émus, emplis de larmes, vers Priam...Son ami d'enfance.
Je me souviens... Oubliant toutes bienséances et le fait qu'ils étaient sur le port un matin de marché, elle se jeta dans ses bras. Priam...Comment avait elle pu l'oublier? De son enfance...Il était surement le seul de la Cour de son père qu'elle n'aurait jamais du envoyer dans les abysses. Une larme roula sur sa joue tandis qu'elle enfouissait son visage dans l'épais manteau de son ami d'enfance. Cette chanson, celle qui avait créé le déclic, était celle qu'ils avaient entendus de deux serviteurs qui dansaient quand ils se croyaient seuls. Par la suite, joueurs, ils avaient déclarés au couple qu'ils voulaient qu'ils leur apprennent la chanson. Par la suite, c'était devenu un jeu. Un jeu pour la future romance entre eux...Ils allaient se marier dans un futur proche. Quand ils seraient devenus, aux yeux de leurs clans respectif, des adultes. Ils n'avaient pas encore vraiment conscience de ça... Pour eux, c'était simplement une promesse. Toute simple. Celle qui déclarait que jamais ils ne se retrouveraient séparés et loin de l'autre. Oui, une promesse toute simple mais qu'ils n'avaient pas pu tenir. Tout ça à cause d'une femme répondant au nom de Anne de Pisseleu. Mary ne se souvenait pas d'elle. Tout ce qu'elle savait c'est que cette Anne était profondément jalouse de sa mère, Eleonore de Montpensier. Jalouse ou point de créer une fausse rumeur obligeant le Roi François Ier à bannir, pour toujours, sa favorite de la Cour. Mary aurait du rester en sa qualité de princesse du sang, bâtarde, peut être mais elle était fille de Roi! Mais l'ancienne favorite ne pouvait se résoudre à laisser son unique enfant entre les mains d'une Cour cupide et avide de pouvoirs. C'est ainsi que la mère et la fille, du jour au lendemain, étaient parties. Mary n'avait plus jamais revu le clan d'Anjou et son petit représentant: Priam, à qui elle avait été promise. Le temps faisant, la vie continuant son court, elle avait fini par oublier. Oublier qu'elle avait été la fille d'un Roi puissant, oublier qu'elle avait été traiter en Princesse...Oublier qu'elle avait fiancée à son meilleur ami. Oublier son meilleur ami.

Se calmant, elle se sépara de son Priam. Excuse moi... autant pour avoir pleurer sur son manteau que pour avoir commis l'irréparable en le blessant. Comment ai je pu...Comment ai-je pu t'oublier...? Elle eu un sanglot qu'elle réussit à réprimer: Me pardonneras tu un jour?

"Non, vous êtes bien Mary, demi-soeur de Sa Majesté le Roi Henri et donc fille de feu Sa Majesté le Roi François, non ?" La question de son interlocuteur raisonna dans son esprit. Il avait dit son nom et de qui elle était parente. Cela ne pouvait donc pas être une erreur! Ils étaient bien liés mais elle resta décontenancée quand elle apprit de la bouche de cet inconnu - qui ne l'était pas tant que ça - qu'ils avaient été fiancés. De quoi?! Mais, si c'était vrai, pourquoi ne lui avait on pas dit? "Pardonnes moi de te l'apprendre de cette manière.." Elle était plus que choquée à un point que Madeline décida d'intervenir après qu'il lui avoir chanté une comptine d'histoire de cœur.

C'est là qu'elle se souvient. Priam d'Anjou. Comte du Maine. Son ami d'enfance. Son fiancé. Elle continua la chanson avant d'annoncer qu'elle se souvenait de tout. De leurs enfances. De leurs jeux. Ils avaient grandis ensemble jusqu'à sa disparition quand elle fut emmenée par sa mère qui refusait de la laisser dans une Cour qui l'avait bannie. Une fois ses souvenirs revenus, elle se jeta, en pleurs dans les bras de Priam.
"Oh, Dieu seul sait à quel point je suis heureux Mary "
Elle s’excusa. Il était la seule personne qu'elle n'aurait jamais du oublier. Mais elle l'avait fait. Ils se séparèrent sans, toutefois, se lâcher. "Ne te tracasse pas. Je ne te cache pas que je suis moi-même aussi ému.." Il lui caressa la joue tout doucement. Elle ferma les yeux pour savourer le contact. Cela faisait si longtemps. Ils n'étaient que des enfants à l'époque. Mais ils avaient fait le serment de ne jamais se séparer, de toujours se retrouver. Ils étaient conscients de leur statut et des charges qui allaient peser, à l'avenir, sur leurs épaules. Ils savaient qu'ils allaient devoir épouser quelqu'un qu'ils connaîtraient à peine. Non. Sur ce point, ils s'étaient trompés. Qu'elle fut leur joie quand ils apprirent qu'ils n'allaient pas être séparés. Ils allaient devenir mari et femme. Après ça, ils faisaient des petits jeux, innocents bien sur, où ils jouaient au papa et à la maman, où ils imaginaient à quoi ressemblerait le jour de leur mariage...Dans la mesure du possible où les enfants pouvaient imaginer des noces. Puis, ils avaient été séparés.

"Bien sûr, tu n'as pas à t'en vouloir, ce n'était pas de ta faute" Elle était soulagée d'apprendre que Priam ne lui tenait pas rigueur de son oubli. Mais elle savait qu'il lui faudrait du temps pour se pardonner à elle même. Que dis-tu de te promener un peu et discuter, pour rattraper le temps disons" Elle lui sourit et dit: Bien sur! Mais attends un peu... Dit elle tout en prenant son bras et en se tournant vers son élève: "Madeline, peux tu nous laisser seuls quelques instants? Attends dans le carrosse! Madeline, un peu réticente, décida d'accepter et parti vers leur moyen de transport pour résumer la situation au cocher et attendre la Duchesse à l'intérieur. "Dis moi, que fais-tu de beau ici à Londres ?"

Je me suis installée dans un domaine dans la région du Suffolk mais, avant ça, j'étais installée à Whitehall Palace. Sa Majesté, le Roi de France, a préféré m'envoyer en Angleterre suite à des...Désaccords!

Mary ne lui avait pas dit la vérité complète. Elle se refusait de dire à son ami d'enfance qu'elle avait failli être assassinée. Après tout, ils venaient juste de se retrouver et elle lui avait fait suffisamment de mal en ne se souvenant plus de lui même si ses souvenirs étaient vite revenus. Inutile de l'inquiéter car, maintenant, elle était en sécurité.

Ils discutaient. D'un peu de tout. Du commun ils s'étaient retrouvés si loin de leur mère patrie, principalement. C'est ainsi qu'elle apprit que Priam était devenu ambassadeur. Elle rigola et dit: Je me souviens très bien du petit garçon que tu étais. A la fois sérieux et indiscipliné. Tu préférais jouer avec moi que de t'enfermer dans la bibliothèque. Ils avaient toujours été proches. Cela rassuraient leurs parents qui devaient se dire qu'ils allaient finir par s'aimer. Puis le destin, cruel soit il!, sous l'apparence de Anne de Pisseleu y avait mis son doigt de sel. "Je me souviens de cette femme...Anne. Elle était la maîtresse de mon père et jalouse de l’intérêt qu'il portait à ma mère. C'est à cause d'elle que nous nous sommes séparées! Tout était de sa faute! Peux tu me dire ce qu'elle est advenue?" Si cette Pisseleu était encore en vie, Mary n'hésiterait pas à employer sa justice pour faire payer cette femme d'avoir discrédité sa mère et d'avoir poussé Priam et Mary à être séparés de force! Si, par contre, elle avait rejoint le Seigneur, Mary considérerait que Dieu, dans son infinie sagesse, avait fait abattre sa justice divine sur cette femme cupide! Priam devait se douter que c'était de cette femme que la douce Mary parlait.



Priam se mit à lui parler de sa vie en Angleterre. Ce à quoi elle répondu. Je mène une vie confortable. Cela me change. Dire que j'ai vécu en paysanne et me voilà en membre de la famille royale française! fière, elle répondu: J'ai fondé une institution! Elle poursuivit: Il y avait une maison d'amis dans le domaine dont j'ai fait l'acquisition! Je l'ai transformée en pensionnat pour jeunes filles défavorisées! J'ai réussi à me faire ma place toute seule et secourir ces filles me fait le plus grand bien! Madeline en fait partie!
Tout d'un coup, voilà qu'il se mit à pleuvoir. Mary se retourna vers le carrosse mais fut surprise de le voir hors de vue. A être distraits, le couple d'amis n'avait pas remarqué que cela faisait un moment qu'ils marchaient. Mary remarqua une auberge, elle échangea un regard avec Priam. Viens! On ne dira pas qui on est!

Retrouver Priam fut comme retrouver une part de soi qu'elle avait perdu. Elle avait toujours senti qu'elle n'était pas complète...Comme si une ombre persistait entre une source de lumière et elle l'empêchant de voir ce qui se trouvait au delà.
Quand on lui avait dit qu'elle était la fille de François Ier, une fille de France, elle n'y avait pas cru. Pourquoi sa mère ne lui avait jamais dit qu'elle avait du sang royal? Pourquoi ne lui avait elle pas dit qu'elle était la fille d'un Roi? Aujourd'hui, Mary se dit que sa mère a préservé ce secret jusqu'à son dévoilement pour la protéger. Elles vivaient dans une petite chaumière aux abords d'un petit village tranquille où rien de fâcheux ne s'étaient jamais produits...Mais que se serait il passé si les villageois avaient eu vent qu'une ressortissante de la famille royale habitait près d'eux? Eleonore LaCroix voulait simplement protéger le souvenir de son passé grandiose digne d'une Conte de fées et ne voulait pas que sa fille souffre de ne pas être comme les autres... Mary s'était souvenue du jour où elle avait dit à sa mère - quand leurs finances étaient au plus mal - qu'elle avait pris la décision de devenir femme-à-tout-faire au palais royal. Sa mère avait blêmi. Sur le coup, elle avait cru qu'elle avait eu peur qui lui arrive quelque chose, comme toute mère poule qui se respecte. Mais sa mère s'était vite reprise et l'avait encouragée. Avait elle réalisé que sa fille méritait de savoir d'où elle venait et d'avoir ce qui revenait de droit?

"Oui, cela est bien vrai ! Mais jamais je n'aurais cru le devenir un jour. Jusqu'à ce fameux jour…" Elle le regarda, surprise de le voir arrêter sa phrase. Après avoir retrouvé le souvenir de Priam, la fratrie de ce dernier lui revenait aussi en mémoire. Aliénor, sa petite soeur: Mary voyait bien une petite fille blonde comme les blés luisant de soleil courir dans ses souvenirs et Louis, un jeune garçon responsable et conscient de ce qui l'attendait. C'était lui qui aurait du devenir Comte du Maine pas Priam...Alors pourquoi? Etait il arrivé à Louis? Mary savait très bien ce qui avait pu se passer pour qu'un fils cadet se retrouve propulser sur le devant de la scène à la place de l'héritier légitime. soit Louis avait commis une faute impardonnable aux yeux de ses pairs le forçant à donner sa place et ses privilèges à son cadet soit...il était mort. Mary se souvenait que par flash de Louis mais elle savait qu'il aurait été incapable de décevoir ses proches et de perdre sa place. Il était donc décédé... Mary échangea un regard peiné avec Priam en lui caressant le bras pour lui signaler qu'elle avait compris et qu'il n'était pas forcé à continuer. "Enfin.." Mary eu un petit sourire. Crois moi...Quand on m'a annoncé qui j'étais ce fut comme si on me rendait une part de moi-même. Là bas, chez ma mère, j'ai toujours su que j'avais quelque chose de différents comparé aux autres enfants du village... Elle soupira: Mais même après avoir appris que j'étais une fille de France, il y avait toujours quelque chose qui me gênait...Comme des silhouettes qui m'appelaient à me souvenir. Maintenant je sais qui elles étaient et j'ai enfin pu me retrouver. Elle passa sa main sur la joue de Priam avait un sourire. il était une des silhouettes qui l'a supplié de se souvenir. Cela faisait du bien. Petit à petit, les pièces du puzzle se remettaient à leurs juste places.

Quand elle parla de la trahison de Anne de Pisseleu et qu'elle se renseigna sur les positions de cette dernière, Priam resta vague. Elle ne fut pas surprise de supposer qu'on l'avait éloignée de l'affaire de la Dame de Montpensier, sa mère. Vu qu'elle même y était liée, on avait certainement voulu que Priam se concentre sur son éducation. Il était, à l'époque, à une étape essentielle de sa vie. "Je suis ravie d'entendre cela ma chère Mary ! Mais désolée d'entendre que tu aies souffert depuis toutes ces années. Si seulement j'avais pu faire quelque chose, crois moi…"N'en parlons plus...Nous sommes réunis désormais. Ne laissons plus personne nous séparer Elle lui tint la main Rappelle toi.... On s'était juré d'être ensemble jusqu'à ce que la Mort nous sépare bien avant qu'on nous annonce que l'on était promis l'un à l'autre...Tâchons, d'une manière ou d'une autre, à respecter cette promesse, cette fois, maintenant que nous sommes adultes. Elle lui sourit: Tu es le Comte du Maine. Je suis la Duchesse de Lyon. Ils ne peuvent plus rien nous ordonner sans se heurter à plus grands qu'eux. Et te perdre, encore une fois, serait pire que la mort pour moi. Pensa t'elle tout en se gardant de le dire à haute voix.

"Tu as fondé une institution ? Quelle belle initiative ! Tu m'en vois heureux pour toi !" Elle lui sourit. Oui, quand je suis arrivée ici, j'ai été admise à la Cour et surprotégée. J'ai du m'armer de courage pour aller trouver la famille royale et le conseil en disant que je voulais partir. De ma propre initiative, j'ai trouvé le domaine de White Swan dans le Suffolk que j'ai acheté. Il appartenait à un couple de nobles morts sans descendance directe ou indirecte. J'ai fait une offre et on m'a donné les clés. En dehors du château principal où j'habite, il y avait une petite annexe un peu plus loin dans le domaine qui, d'après ce qu'on m'a dit, servait de "maison d'amis" et, en le visitant, j'ai tout de suite pensé à créer une institution. j'ai entamé les travaux après avoir fini ceux du château et, quelques mois plus tard, des jeunes filles de tout horizon sont arrivées. Certaines avaient tout perdus, n'avaient jamais rien eu ou avaient des parents trop pauvres ou qui travaillaient trop pour pouvoir s'en occuper correctement. Aujourd'hui, elles vont beaucoup mieux. Elles suivent des Cours, certaines m'accompagnent à la Cour ou à des sorties diverses et je me suis engagée à contacter des nobles et des riches bourgeois pour leur trouver du travail ou un mariage avantageux. "Laisses moi te dire que tu es ravissante Mary, tu n'as pas changée !" Elle rigola: Si, j'ai changé! Mais je tâche à tenter d'avoir encore cette petite flamme
Ce ne fut pas le feu mais l'eau, la pluie, qui fit tourner court leur conversation. Des cordes finirent par tomber du ciel. Les amis voulurent retourner vers le carrosse pour se mettre à l'abri et retourner à Whitehall Palace mais ils avaient tellement avancé qu'ils avaient perdu leur moyen de transport de vue! "Quelle malchance!" Mary jura dans sa barbe quand elle remarqua une auberge ouverte à la vue des bougies qui flamboyaient à travers la vitre. Elle prit Priam par la main en lui disant: Viens! On ne dira pas qui on est! Priam, mal assuré, la retint d'un: "Es-tu sûr que c'est une bonne idée ?" La pluie dégoulinant de sa coiffe et sur sa peau, empreignant ses vêtements, Mary se tourna vers Priam: Tu veux attraper la mort? dit elle de but en blanc. Elle fini par se diriger vers l'auberge - elle n'eu pas besoin de se retourner pour deviner que son ami devait l'avoir suivie. Elle ouvrit la porte, le bruit d'une petite clochette se fit entendre. Trempée des pieds à la tête, Mary entra en laissant la porte ouverte pour laisser Priam entrer. Bonjour. Avez vous une table pour deux? dit elle d'un sourire. Ce qui sembla être le patron dit, du bar, Oui Mamzelle mais je vais aussi vous donner, à vous et votre copain, des serviettes! Vous allez tomber malades, ainsi! Cette pluie est vraiment sortie de nulle part Le patron donna à une serveuse des serviettes pour les leur apporter. Mary en prit une et se sécha les cheveux avec.
Elle échangea un regard amusé avec Priam. Personne ne s'était rendu compte qu'ils étaient nobles. Après tout, ils étaient habillés bien simplement pour des héritiers de la noblesse.
pendant qu'elle s'asseyait, elle regarda autour. Des marins, des marchands prenaient leurs repas le tout arrosé d'alcool. Certains semblaient être complétement partis à l'entente de leurs rires saouls. Il y avait aussi des jeux. Cela rappelait de bons souvenirs à Mary. Quand elle allait vendre les produits de la ferme, une fois le service fini, elle allait dans les tavernes pour jouer aux cartes, boire un coup et fumer. Elle avait même eu sa petite notoriété.

Sans qu'ils n'eurent à le demander, deux bols bien remplis de soupe chaude apparurent sur leur table servis par une serveuse...Bien fournie par Dame nature. Son corset semblait avoir des difficultés à retenir ce qu'il contenait. Bon, ça passait encore. Ce qui posait problème à Mary c'est que cette fille semblait faire du charme à Priam! Et d'une manière pas du tout discrète au vue de sa manie à se pencher pour que son ami puisse voir son décolleté. Mary leva son regard noir au ciel en réfléchissant à une méthode pour faire comprendre à la demoiselle qu'elle peut toujours rêver et qu'elle peut aller voir ailleurs si Priam y est.

La pluie les avait pris par surprise. En Angleterre, le temps était très changeant. Elle maudit, sur le moment, cette eau tombée du ciel qui venait entacher ses si belles retrouvailles avec son ami d'enfance et ancien fiancé.

Le carrosse ayant emmenée Mary au port était hors de vue, Mary proposa à Priam de se réfugier dans l'auberge devant laquelle ils étaient. Priam n'était pas rassuré. Contrairement à elle, il ne s'était jamais mêlé au petit peuple. Cependant, quand elle lui dit qu'ils allaient s'enrhumer à rester sous la pluie ou d'ici à ce qu'ils retrouvent le carrosse, elle fit mouche et le couple pu aller se mettre à l'abris et au chaud. La chaleur de l'endroit, comparée au froid du dehors, leur fit le plus grand bien et Mary profita de la chaleur des flammes de la cheminée au maximum. Elle se sentait revivre. Elle sourit quand Priam ria de l'ambiance de l'auberge. Cela leur rappelait leurs insouciances passées.

On leur fourra dans les mains des serviettes propres pour s'éponger les cheveux et essuyer le visage. Chose que Mary fit, tout en s'asseyant et enlevant sa coiffe de plumes simple. Bientôt, de bons bols de soupe chaude leur furent servis et Mary n'attendit pas avant de se réchauffer les mains sur le récipient qui dégageait une onde bouillante. Elle soupira d'aise, ravie de pouvoir se réchauffer et, petit à petit, ses mains et ses épaules arrêtèrent de trembler. Elle repensa aux mots que Priam lui avait dit et qui resteraient graver dans sa mémoire. Seul Priam avait ce pouvoir chez elle. Il avait été d'une grande aide et d'une grande influence. Oui, le retrouver fut comme retrouver une part d'elle-même, un morceau de son âme.

Seule une chose frustrait la jeune Duchesse...Le regard concupiscent de cette serveuse!

"Qu'y-a-t-il Mary ? Tu en fais une de ces têtes !"


Elle soupira intérieurement en constatant que Priam n'avait même pas fait attention à cette catin! Vu le gringue qu'elle lui faisait, la place cette femme était plus dans une maison close que dans une auberge! Mary n'aurait pas été surprise de savoir qu'elle arrondissait son salaire comme ça.
Non, rien du tout Elle prit une pause avant d'ajouter Mais il semble que tu plais à cette demoiselle! en chuchotant.

Une fois qu'ils eurent finis leur soupe, la dite serveuse (ou catin) vint les resservir sans qu'ils aient demandé quoique ce soit... Mais il ne fallait pas être médium pour deviner que ce n'était pas par gentillesse pour réchauffer les pauvres hôtes morts de froid qu'elle revenait mais pour courtiser Priam. Mary eu un regard froid et dur comme on le lui voyait rarement.
Elle fit mine de prendre son verre de vin pour le porter à ses lèvres mais le laissa tomber, de manière volontaire mais caché en accident, sur le corset - encore plus ouvert - de la serveuse (décidément, elle avait que ça à faire?) qui poussa un cri strident, à la vue de la marque rouge sur ses vêtements et sur sa peau, faisant se retourner les occupants de la pièce.

Oh! Seigneur! Mon verre m'a échappé des mains! dit-elle faussement excusée. Quelques secondes plus tard, le patron arriva pour traîner son employée à l'arrière boutique. Toutes sortes de reproches et d'insultes furent donnés à la serveuse par son patron la traitant ouvertement de "femme de peu de foi". Mary échangea un regard avec Priam et chuchota:
Désolée mais c'était trop tentant!