Près d’un an s’était écoulé depuis qu’Arthur avait épousé Constance Bennet. Durant le mois de septembre, il avait appris qu’il allait être père et cela était arrivé peu après qu’il ait obtenu une promotion comme second du capitaine de la garde, son mentor ; John Herbert. Cette fin d’année 1555 avait donc été synonyme de bonnes nouvelles et l’année 1556 s’ouvrait dans les projets. Cela dit, l’Angleterre était plongée dans un climat des plus hostiles que jamais envers les hérétiques. Les exécutions sur le bûcher s’étaient multipliées. Même la très jeune noble, amie de son épouse, Rosemary Blackwood, était passée par le bûcher. C’était une triste alternative pour une si jeune demoiselle. Il en était d’autant plus touché que le malheur de celle-ci touchait son épouse, Constance. Mais le soldat de la garde royale préférait ne pas trop y penser. Vu son métier et son devoir, il était mieux pour lui qu’il ne s’interroge pas indéfiniment là-dessus.
En ce jour de janvier, Arthur s’occupait de l’entrainement des jeunes recrues dans la cour réservé à la garde.

« Lève-toi. Tu vas réessayer. Ne tiens pas ton épée comme ceci. Mais plutôt comme cela. », dit Arthur à l’un des jeunes hommes qui aspirait à devenir soldat, lui montrant avec son épée à lui, quel position des main était la position idéale sur le manche de cette épée de bois, qui servait aux entrainement.

« Toi », dit-il en désignant un des jeunes hommes parmi les recrues.
« En garde. Battez-vous. »,

Alors qu’Arthur analysait les faits et gestes et mémorisait les fautes dont il aurait à faire part aux deux combattants, John Herbert s’avança vers lui. Il arrivait du couloir reliant le quartier de la garde au reste du château.

« Mon capitaine. », le salua Arthur, souriant.
« Comment se passe l’entrainement ? »
« Bien, mon capitaine. »
« Et comment se porte ton épouse ? »
« Bien également. Nous sommes impatients de voir le visage de notre enfant. », répondit Arthur.
« Je l’imagine. », répondit Herbert. « Arthur, un homme souhaiterait te parler. Il t’attend là. », déclara John, indiquant l’entrée du couloir où il aperçut Henri de Morangier, l’ami de Constance, qui figurait parmi les invités du mariage. « Tu peux prendre ta pause maintenant, si tu le souhaites. Il s’agit du comte de Morangier.Il était à ton mariage, n'est ce pas ? »

« Oui, je le connais. », dit Arthur. « Je vais prendre ma pause dans ce cas. »
Arthur rengaina son épée et s’approcha du comte de Morangier.
« Monsieur le comte, comment vous portez vous ? »

Le comte de Morangier commença par présenter ses félicitations à Arthur concernant sa future paternité. En effet, en septembre, Arthur avait appris que Constance, son épouse depuis près d'un an, allait lui donner un enfant. Ayant vécu entouré de garçons et ayant déjà une fille à sa charge, Arthur espérait que l'enfant serait un garçon. Il saurait sans doute mieux éléver un jeune homme en devenir qu'une jeune femme. Cela dit, le principal restait que l'enfant naisse en pleine santé.

« Je vous remercie », répondit simplement le soldat. Henri Morangier n'était pas à l'aise, une fois les amabilités passées, et ce n'était pas Arthur qui allait l'aider à se sentir moins embarrassé. En effet, le soldat montant de la garde royale n'était pas du genre très bavard. Il n'était pas celui qui relançait les conversations ou qui parlait pour ne rien dire. Il n'ajouta donc rien, et attendait simplement que le comte entre dans le vif du sujet.

« Je m'excuse de vous déranger durant vos heures de travail, mais je n'ai pas trouvé d'autres moment pour vous parler. Je souhaitais vous parler de ma femme, vous la connaissez n'est-ce pas? » , demanda-t-il. Arthur aurait pu s'en douter. Joane étant mariée avec un comte aujourd'hui, elle n'avait surement pas perdu de temps pour expliquer à son époux qu'elle se sentait menacée par Arthur qui pourtant, ne faisait que son humble travail.

« Connaître, c'est un grand mot...Son fils tenait des propos hérétiques en pleine rue, un jour, et je me devais donc de l'arrêter. Joane m'a demandé de lui laisser une chance, je me suis laissé convaincre par son amour de mère. Par la suite, son mari a été déclaré coupable d'hérésie. Cela fait donc partie de mon travail de veiller à ce qu'elle et son fils ne s'égarent pas du droit chemin, d'autant que si son fils est toujours en liberté, c'est suite à ma décision. », répondit le soldat. « En espérant que j'ai bien fait de lui laisser sa chance... »