Après les heures glorieuses des premières années, le chagrin et la douleur commencèrent à recouvrir le cœur de Mary Tudor, fille d’Henry VIII et de sa première épouse Katherine d’Aragon. Son règne, elle le voulait glorieux, sous le signe de la restauration du catholicisme et de la destruction de l’hérésie. Elle s’était vue en reine catholique, en épouse aimée et en mère adorée. Catholique, elle l’a été. Épouse malheureuse elle est devenue, à cause des longues absences de son mari le roi Philippe II d’Espagne. Mère, elle ne le deviendra jamais. Après deux grossesses nerveuses, Mary Ière d’Angleterre avait perdu tout espoir d’être mère et de devenir heureuse.
Ne pouvant connaître le bonheur d’une maternité, elle oeuvra pour réinstaurer le catholicisme dans son royaume. Le sang coula. Les flammes dévastèrent les corps. La fumée envahissait les rues des villes. Partout, Bloody Mary causait la mort, révoltant ses détracteurs et tous les réformés du royaume. Un certain Thomas Wyatt tenta de combattre la reine, mais sa révolte tomba dans le néant. Mary en sortit encore plus glorifiée, mais guère pour longtemps. La répression fut sanglante pour ses ennemis. Jane Grey, la reine des neuf jours fut exécutée. D’autres suivirent, d’autres périrent encore durant ces longues années de terreurs.
L’attente était longue, trop longue pour certains, mais une nouvelle salvatrice arriva dans le courant du mois de mai. La reine Mary était faible, elle devait rester au lit. Ses conseillers étaient à ses côtés et tous avaient un seul mot à la bouche. Qui sera notre prochain souverain ? Les catholiques voulaient bien sûr un souverain de leur religion. Les protestants espéraient de nouveau. Les héritières étaient toutes des femmes, les descendantes directes du roi Henry VII Tudor. Il y avait bien sûr la seconde fille d’Henry VIII, Elizabeth, mais n’était-elle pas une bâtarde, issue d’une union compliquée avec une courtisane. Mary Stuart, reine d’Ecosse était le choix prôné par les catholiques, elle représentait l’avenir, puisqu’en plus d’être reine d’Ecosse, elle deviendrait également reine de France, grâce à son futur mariage avec le Dauphin François. La jeune et jolie Katherine Grey était également l’objet de toutes les convoitises, facilement manipulable, toujours célibataire, elle était un enjeu de taille pour toutes les familles anglaises. Puis, il y avait ces autres femmes qui espéraient dans l’ombre, comme Margaret Douglas, fille de Margaret Tudor première fille d’Henry VII. Sournoise, elle rêve d’apporter une couronne sur sa lignée.
Toutes ces femmes attendent leur heure sur le corps d’une autre qui n’est pas encore morte. Toutes espèrent que la reine Mary donne son dernier soupir, mais pour le moment, la reine n’a pas encore dit son dernier mot et n’a pas encore nommé officiellement son héritier. L’enjeu est de taille. Un royaume est à la clé. Que leur règne soit long.