Ce matin-là, Anne s'était réveillée très tôt, si bien que la maisonnée n'était pas encore éveillée. Elle s'extirpa de ses draps et ouvrit ses rideaux. La soudaine clarté du jour inonda sa chambre et parsema sa chevelure blonde d'étoiles chatoyantes. Fermant les yeux, elle apprécia avec délice la chaleur des rayons du soleil sur sa peau. Elle enfila sa robe de chambre et glissa hors de ses appartements. Elle marcha d'un pas prudent et souple sur le parquet de bois ciré pour ne pas faire de bruit.

Depuis peu, elle vivait chez son frère Henry Carey avec sa femme Anne et leurs trois enfants. Ces petits étaient une réelle source de joie pour la jeune fille. Elle chérissait leur présence et leur innocence qui lui avait permis autrefois de lui faire oublier sa peine et de lui redonner goût à la vie.

En passant dans le couloir, elle avisa la porte entrebâillée d'une des chambres des enfants. Elle y coula un regard et vit l'un de ces anges encore endormi dans les draps. Un sourire éclaira le visage d'Anne. Les enfants étaient sa plus grande source de bonheur.
Du plus profond de son cœur, elle espérait un jour, qu'elle trouverait l'homme de ses rêves et qu'il lui offrirait une ribambelle de beaux enfants. Son histoire se finirait alors comme tous les contes qu'elle se plaisait à lire : "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants." Voilà la phrase qu'elle voulait pour designer à jamais sa vie. Elle ne désirait que cela. Un grand chevalier intrépide, un preux guerrier qui l'enlèverait un jour. Elle le suivrait jusqu'au bout du monde s'il le fallait pour être à jamais avec lui.

Elle descendit au rez-de-chaussée et s'engagea dans la cuisine où elle remplit un baquet rempli. Remontant dans sa chambre, elle fit une toilette minutieuse avant de se vêtir d'une des robes qu'elle mettait lorsqu'elle partait parfois à la campagne. Le temps était aujourd'hui propice à la ballade et elle avait besoin de se promener au grand air. Puis elle se coiffa d'une coiffure simple mais élégante.

Elle redescendit dans l'entrée, attrapant au passage un panier en osier où elle déposa un livre. Elle laissa sur une table un papier sur lequel elle avait écrit où elle se trouvait si jamais on venait à la chercher. Elle avait pris un papier dans le cabinet de son frère et avait écrit ce mot rapidement. Elle sortit finalement de la demeure et partit à l'écurie. Son père lui avait autrefois appris à monter et désormais elle chevauchait seule, grâce à un nouveau système de scelle pour dame qui avait été inventé.

Elle chevaucha durant de longues heures avant de finalement atteindre un bois. Elle arrêta son cheval et le guida à pied à travers le bois, tenant ses brides entre ses doigts. Un doux sentiment de liberté et de plénitude l'envahit. Cet endroit était idyllique Elle écoutait avec délice le doux bruissement de la nature épanouie. C'était un sentiment si bon, si plaisant. La nature était vraiment lieu où elle se sentait vraiment chez elle. C'était un environnement familier où son imagination n'avait pas de limites. Toutes ses pensées et ses rêves prenaient forme. Elle ne vivait plus que d'exaltantes aventures où même le fantastique et la magie venaient se mêler pour former une histoire digne d'un grand roman d'aventure.

Finalement, elle laissa son cheval près de la rivière, attachant les rennes de sa monture à un tronc, elle le gratifia d'une tendre caresse sur le museau et s'engagea plus en profondeur dans les bois. Elle huma l'odeur de l'herbe fraîche et de la rosée qui ne s'était pas encore dissipée. Les fleurs distillaient autour d'elle des fines fragrances qui emplissaient les narines d'Anne. Elle cueillit des fleurs et forma bientôt un beau bouquet bien garni. Les couleurs chatoyantes étaient éclatantes et se mariaient parfaitement avec la bonne humeur de la jeune femme. Dans sa promenade, elle se rapprocha un peu plus du lac et put bientôt voir un petit cortège qui se trouvait à proximité. Elle s'engagea alors vers eux et vint saluer la charmante personne qui se tenait là près de ses chevaux.

"Une bien charmante journée n'est-ce pas ? Êtes-vous venue pour la ballade vous aussi ?" Demanda Anne avec un sourire radieux.

Un homme poignarde une femme enceinte dans sa côte, du sang jaillit de cette blessure. Puis, après cette scène morbide, on voit un cercueil avec des serpents. Et, des hurlements sans fin. Je me réveille après ce cauchemar, je pose aussitôt ma main sur mon ventre arrondi. Je suis enceinte de quelques mois de mon premier enfant. Or, mon époux n’est plus dans ce beau monde. Tout cela à cause de ma belle-mère. Si seulement, ce serpent venimeux n’avait rien dit à mon sujet à mon tendre époux, il serait encore ici. C’est de sa faute s’il est mort. Sa faute à elle. Je voulais refaire ma vie sans ce passé, sans cette histoire horrible de sang … Mais, elle lui a tout dit et il est mort. Je la hais. Je la veux enterrer vivante. Bref, je me lève de mon lit. Il est temps pour moi de me préparer et d’aller sortir en calèche me promener. Mais avant, je me rapproche de la fenêtre pour admirer le lever du lever du soleil. Il est si magnifique. J’aime quand ce dernier pointe le bout de son nez. Je souris, un grand sourire. Je me retourne, je dois aller prendre un bain. Je vais dans la salle d’eau de ma demeure. Enfin, demeure que je partageais avec le serpent qui n’est autre que ma belle-mère. Si seulement, elle pouvait mourir … Je ne devrais pas penser cela mais cette femme m’a détruite. Elle m’a enlevé l’homme que j’aime. Son fils. Ce dernier ne connaîtra jamais notre enfant, issu de mes entrailles …. Si seulement … Elle n’avait rien dit. Mais, je ne peux rien faire pour déjouer ces plans vicieux. Je vais me laver. Une de mes domestiques m’apporte une robe. Quand, j’ai fini de me laver. Je me vêtis de celle-ci. Ensuite, je vais déjeuner en bas. Il faut que je mange pour deux, pour mon enfant à naître et pour moi-même. De combien de mois me sépare de l’accouchement ? Deux mois. Dans deux mois, je serais mère. J’ai hâte de jouer ce rôle, un bon rôle, je pense. Pas comme la mère de mon tendre époux. J’en suis sûre que je serais une bonne mère. Je vais donc déjeuner, je suis seule. Tant mieux, je n’avais pas tellement envie de croiser cette sorcière. Je mange quelques mets avec délice sans me tâcher. Ensuite, je vais dehors. Je vois mon cocher, je lui demande d’aller chercher la calèche. Celle-ci aura plusieurs chevaux dont mon cheval, un pur-sang-anglais avec une robe noire. Autrefois, j’aurais pu le monter si je n’étais pas grosse mais je le suis. J’attends quelques minutes sur le perron de demeure. L’attelage arrive, je monte dedans, aidé par mes valets de pieds. Je suis assise confortablement dans cette calèche et je suis prête pour un petit voyage idyllique. J’ignore, ce qui va se passer par la suite, mais, je vais profiter de ce moment. Après quelques minutes de parcours, on arrête la calèche, les chevaux en profitent pour aller boire. Je sors de celle-ci et je me tiens près des chevaux. Soudain, une voix m’interpelle. Je me tourne et je souris. Je pose ma main sur mon ventre et je lui souris.

L’inconnue ▬ Une bien charmante journée n'est-ce pas ? Êtes-vous venue pour la ballade vous aussi ?
Lavinia ▬ Tout à fait, elle est magnifique. Un temps idyllique pour une ballade. Oui, j’aime bien me promener ces temps-ci, cela me permet de voir du monde et de sortir avant ma naissance. Si, vous voulez, on peut faire une ballade près du lac ? *Lui dis-je avec un sourire charmant, puis, je rajoute doucement* Je me nomme Lavinia et vous Madame ?

Je la regarde. Je désire tellement avoir des amis. Cela me change de mon ancienne vie de misérables en Écosse. Que va-t-elle dire ? Je ne sais pas, mais, j’ai peur. Je garde mon sourire d’enfant ainsi que ma main posé sur mon énorme ventre.

Cocher ▬ Madame Tyburn, vous voulez qu’on vous accompagne ainsi que Madame continuer notre visite ?
Lavinia ▬ Si, Madame le désire. * Lui répondis-je puis je me tourne vers ma future amie* Désirez-vous continuer cette ballade dans cette calèche ?


Hj : Pardon pour le retard

Anne était partie se balader ce matin-là comme à son habitude. Autrefois, quand elle vivait avec son père elle sortait souvent sur leur grand domaine et elle pouvait passer des journées entières à se promener. Elle aimait cueillir des fleurs pour en faire de beaux bouquets dont elle ornait la maison, s'asseoir contre un arbre ou bien monter aux branches pour trouver un endroit coquet et solitaire où elle pourrait lire les livres qu'elle emmenait dans son panier. Elle adorait chevaucher, tantôt au pas, tantôt au galop, s'imaginant d'héroïque aventure où elle devait fuir un quelconque danger. Et même, lorsqu'elle était sûre qu'elle était loin de tous les regards, elle appréciait chevaucher comme un homme. C'était un des nombreux interdits qu'elle se plaisait à transgresser car ils donnaient plus de vraisemblance aux aventures qu'elle s'inventait. Toutefois, elle savait qu si elle venait à être surprise par son père, sa sœur et surtout sa frère, elle se ferait houspiller. Mais elle saurait répondre à ces réprimandes car elle n'était plus une enfant et elle devenait suffisamment grande pour entreprendre ce qui lui chantait. D'ailleurs, elle doutait que partir toute seule dans la campagne et aussi loin de la demeure d'Henry plairait à son frère. Mais peu lui importait. C'étaient des moments de bonheur dont elle ne comptait pas se priver et puis ce matin, cela lui avait permis de rencontrer une charmante personne.

Un attelage se tenait près du lac qu'Anne longeait, son panier garni de fleurs sauvages. Il y avait un cocher et une jeune femme qui se trouvait dos à elle. Lorsque la blonde l'interpella, cette dernière se retourna et lui sourit. La jeune femme découvrit alors le ventre gonflé par la présence d'un enfant de la future mère. Le regard d'Anne s'éclaira immédiatement. Ayant vécu de longues années auprès d'enfants, elle se réjouissait toujours de la nouvelle venue au monde d'un nourrisson.
La femme se désigna comme étant Lavinia, un doux prénom qui inspira à Anne ses prochaines paroles :

" Vous portez un si beau prénom ! Je suis ravie de faire votre connaissance. Je me nomme Anne Stafford."

Le sourire de la blonde était aussi radieux que celle qu'elle venait de rencontrer. Elle lui paraissait tout à fait amicale et charmante. Elle ne doutait pas qu'elle pourrait sympathiser et cela encourageait son engouement.
Le cocher intervint soudain pour parler à sa maîtresse qui portait le nom de Tyburn. Un nom qui lui était familier mais Anne n'aurait su dire si ça lui évoquait réellement quelques choses. Suite aux paroles de l'homme, Lavinia invita Anne à poursuivre la balade en calèche. Cette dernière aurait préféré continuer à pieds mais sa compagne étant enceinte, elle ne se voyait pas lui imposer pareil épuisement.

"Ce sera avec un grand plaisir !" s'enthousiasma Anne.

Les deux femmes grimpèrent alors dans la voiture, aidées par le cocher. Anne s'étonnait de voir que la future mère était si jeune. Mais après tout, les jeunes demoiselles se mariaient tôt et avaient pour devoir d'enfanter tôt. La petite Stafford avait au moins la chance de pouvoir choisir l'époux qui lui conviendrait. Une fois à l'intérieur de la calèche, Anne ne put contenir sa curiosité plus longtemps.

"Vous êtes de la bourgeoisie, n'est-ce pas ? Vous avez un attelage personnel, votre époux doit être fortuné ! fit-elle pour engager la conversation mais d'autres questions lui brûlaient la langue. Je m'excuse je dois être bien trop curieuse mais je ne peux pas m'empêcher de vous demander depuis quand vous êtes enceinte. J'adore les enfants. Savez-vous déjà comment vous allez le nommer ?"

HJ : T'inquiète pas pour ton retard, j'en profite d'ailleurs pour m'excuser du mien

une petite ballade au coin du lac

Anne & Lav ✖ Une petite promenade

© belladone.

Après avoir vu un mauvais songe, je décide de me lever. Que vais-je faire aujourd’hui ? Je l’ignore. Mais, j’aimerais bien faire une petite balade en calèche. Il se peut que je rencontre des gens pendant ma promenade, comme, je peux être seule. Je l’ignore, je verrais après. Avant d’y aller, je me prépare. Par la suite, je peux enfin partir. Je suis prête à quitter cette maison qui me rappelle tant de mauvais souvenirs, celui de la mort de mon tendre et doux époux. C’est si cruel de vivre ici, dans cette même maison. Enfin, heureusement que j’ai aussi une maison à Londres, mais là-bas aussi, le souvenir de mon tendre est si vivace. Qu’est-ce que je peux faire pour oublier cette mort ? Rien. Sauf, attendre. Attendre que le temps passe et que je puisse re-aimer. Mais, je ne pense pas que ce soit possible. Mon époux est le seul qui a allumé les flammes de la passion dans ma modeste âme. Bref, je suis dans la calèche, celle-ci est conduite par des chevaux. Je suis dedans, je regarde ce qui se passe dehors. Nous arrivons quelques minutes après près d’un lac. Je descends de ma calèche et je suis prés de mes montures. Une femme m’interpelle. Je commence à me présenter, en omettant que je suis noble. Je lui fais un grand sourire. Je pose une main délicatement sur mon ventre. Je ne dis rien, j’attends qu’elle me réponde.

L’inconnue ▬ Vous portez un si beau prénom ! Je suis ravie de faire votre connaissance. Je me nomme Anne Stafford.
Lavinia ▬ Je vous remercie, Madame, c’est très gentil de votre part. Oh, je suis heureuse de faire votre connaissance, Madame.

Puis mon cocher intervient. Il donne mon nom de famille, j’aurais préféré qu’il ne le donne pas. Pourquoi ? Elle a dû entendre le scandale qui est entaché à mon nom. Ce scandale est la mort de mon époux mais également, celui ou avant, j’aidais mes parents à commettre leurs crimes barbares. Ou, mon union avec mon doux époux. J’espérai qu’elle ne savait rien sur ça. Par la suite, je lui demande si elle veut venir avec moi dans ma calèche. Va-t-elle dire oui ? Je ne le sais pas encore, je continue de laisser ma main sur mon ventre. Puis, je la regarde avec un grand sourire, un sourire enfantin.

Anne ▬ Ce sera avec un grand plaisir.
Lavinia ▬ Je vous remercie.

Nous montons dans la calèche, je fais attention à moi et à l’enfant à naître. J’ai tellement hâte qu’il naisse. Un fils ou une fille, cela m’est égale. Je ne voulais que cet enfant, ce fruit d’un amour. Je lui souris, nous sommes maintenant assis dans la calèche.

Anne ▬ Vous êtes de la bourgeoisie, n'est-ce pas ? Vous avez un attelage personnel, votre époux doit être fortuné ! Je m'excuse je dois être bien trop curieuse mais je ne peux pas m'empêcher de vous demander depuis quand vous êtes enceinte. J'adore les enfants. Savez-vous déjà comment vous allez le nommer ?
Lavinia ▬ Oui, je le suis et vous Anne ? *lui-dis-je d’une voix douce.* Il était …. *Finis-je par dire d’une voix mélancolique et triste.* Oh ce n’est rien Anne. *Je la regarde avec un sourire, mais, des yeux mélancoliques.* Si je porte un fils, j’aimerais qu’il se nomme Robert ou Edward comme père et si c’est une fille … Je voudrais la nommer Katherine. *Lui sourit puis je lui dis d’une voix douce.* Et vous, Anne, avez-vous des enfants ? Comment vous voulez les nommer ?

La calèche continue de marcher, je lui souris. Je regarde Anne, puis, je remets une de mes mèches de cheveux. Mon enfant donne des coups dans mon ventre. Je pose ma main sur ce ventre.

Lavinia ▬ Que voulez-vous faire Anne ?


HJ : Désolé pour le retard

Elfes chapardeurs, lutins malicieux, fées enchantées… aujourd’hui Anne n’avait pas eu à faire ce genre de rencontre. Elle les avait cherchés tout en cueillant ses fleurs pour agrémenter la maison de son frère Henry, mais nulle trace de ces petites créatures. Elle s’était pourtant employée à grimper dans les arbres, à observer les feuillages, à s’approcher des fleurs et à fouiller les troncs d’arbres. Quelques fois, son imagination lui permettait de saisir un bruissement dans l’ombre, une silhouette entre les arbres, ou encore un murmure dans le vent.

Cependant aujourd’hui, rien ne s’était produit et le désappointement de Anne commençait à se faire sentir. Quand tout à coup, alors qu’elle longeait la rivière, elle était inopinément tombée sur un attelage et une jeune femme enceinte d’une grande beauté. La blonde jugeait mal les âges, mais elle pensait pouvoir avancer que l’inconnue n’était pas plus âgée qu’elle. Quelle chance elle avait eu de trouver aussi vite l’homme de sa vie. Anne avait déjà dix-neuf, et même si son statu n’exigeait qu’elle se marie aussi tôt, elle se languissait de trouver l’homme qu’elle aimerait. Toutefois, elle ne désespérait pas car elle savait au fond d’elle que son prince charmant viendrait un jour. Il devrait venir la soustraire à son existence et à l’autorité de sa famille. Il effacerait toutes ses cicatrices et il ferait d’elle une princesse comblée. Combien de fois n’avait-elle pas rêvé de lui, arrivant sur son cheval blanc dos à un soleil levant, comme s’il chevauchait depuis l’astre. Chaque jour qui s’écoulait la rapprochait un peu plus de lui.
Un prince charmant était-il aussi arrivé pour retirer Lavinia à sa famille et l’emmener vers un lieu plus beau. Elle attendait même un heureux évènement. La présence d’un enfant viendrait encore plus éclairer leur existence. Anne savait très bien quelle joie ils pouvaient provoquer autour d’eux et la légèreté qu’ils dégageaient. Elle les aimait plus que tout et leur compagnie lui avait permis de retrouver la lumière du jour autrefois.

Le cocher de la jeune femme intervint soudain. Le nom de famille résonna de manière familière à Anne. Il lui semblait qu’elle le connaissait quand elle se rappela que c’était un nom qui avait été prononcé par son frère. Un scandale entaché ce nom mais Henry n’avait jamais voulu lui en parler. Il avait seulement évoqué le fait que l’époux était mort. Le cœur d’Anne se serra soudain à la penser que Lavinia était en réalité une veuve qui allait bientôt accoucher d’un orphelin de père. Son sourire s’évanouit instantanément alors qu’elles étaient installées dans la calèche. La réponse de Lavinia détendit cependant un peu l’atmosphère.

« Je suis d’un milieu plutôt aisé, sourit Anne avant de s’enthousiasmer en entendant les noms qu’elle comptait donner à l’enfant. Ce sont des noms magnifiques ! Edward est un si beau prénom pour un garçon ! Peut-être donnerai-je des noms de fleur à mes filles et des noms de grands chevaliers à mes fils, fit rêveusement Anne. »

Les paroles de la bourgeoise confirmèrent cependant ce qu’elle pensait. Lavinia était bien veuve. Ses yeux se voilaient de tristesse quand elle devait en parler et son emploi du passé laissait supposer le pire. Il n’y avait plus beaucoup de doute possible. Sa curiosité fut piquée au vif, d’autant que son frère avait toujours refusé de lui en dire plus. Craignait-il de la choquer ?

« Peut-être pourrions-nous faire une petite ballade en forêt ? proposa gaiement Anne. »

Lavinia donna alors l’ordre à son cocher de prendre ce chemin-là. Un court silence s’installa entre les deux jeunes femmes avant qu’Anne ne s’enhardisse un peu. Elle voulait des réponses mais elle était gênée de poser des questions.

« Vous avez usé du passé pour parler de votre époux… se pourrait-il que ?... »

Anne ne put achever sa phrase. Elle se mordit la lèvre inférieure et resserra ses doigts autour de la hanse de son panier fleuri. Maintenant, les dés étaient jetés.