La semaine n’avait pas été des plus joyeuses pour la jeune Bess qui commençait à se laisser aller au désespoir de sa condition. Il y avait de bon côté à être une prostituée tels que ne jamais ressentir la faim, avoir la chance de pouvoir se procurer de beaux vêtements, certains clients offraient de jolis bijoux à leur petite préférée et Mary-Ann la mère que Bess n’avait jamais eue. Néanmoins, bien que certains clients fussent très plaisants pour elle, Bess se détestait pour ce qu’elle faisait. Que penserait sa chère grand-maman si elle la voyait en ce moment? La jeune enfant qui prenait plaisir à vendre des fruits étaient passé à un autre niveau beaucoup moins glorieux. Bess avait 17 ans et comme la plupart des jeunes femmes de son âge, elle rêvait de l’amour d’un homme qui allait au-delà de l’amour charnel. Elle voulait se sentir fragile aux yeux d’un homme qui allait prendre soin d’elle, la protéger de tous les dangers et lui dirait qu’elle était belle sans chercher à soulever ses jupons. Un jour elle voulait être une épouse aimante et une mère de famille qui prendrait soin de ses enfants, non pas comme la génitrice de Bess. Tout cela n’était que de beaux rêves puisque la jeune femme savait qu’elle vieillirait à la Red Lantern et que le jour où elle n’aurait plus de clients, sa vie serait à nouveau misérable. Elle allait mourir seule ou entouré de jeunes prostituées. Peut-être serait-elle maquerelle à son tour? Quoi qu’il en soit, la journée avait été longue et Bess n’était pas sortie de sa chambre, pleurant ses malheurs comme elle ne l’avait jamais fait par le passé. Mary-Ann avait tenté de consoler sa petite protégée, mais avait dû se rendre à l’évidence que Bess devait pleurer puis que le sourire lui reviendrait plus tard, avec de la patience. Certaines filles étaient également passé la voir, elles étaient toutes des sœurs après tout et lorsqu’une d’elle de ne sentait pas bien, les autres s’inquiétaient. Assise au bord de sa fenêtre, la jeune femme avait regardé le soleil se coucher, se demandant si elle devait se préparer à recevoir des clients ou non. Mary-Ann était arrivée dans la chambre à ce moment-là, prévenant Bess qu’elle dirait aux clients qu’elle était indisposée. Aucun homme ne se risquerait à toucher une femme impure et ils ne poseraient pas plus de questions.
De sa fenêtre, Bess pu ainsi voir les clients envahir les rues, se dirigeant vers la Red Lantern. C’était étrange d’assister à ce spectacle, tous ces hommes en manque d’amour qui marchaient plus rapidement les uns que les autres afin d’avoir leur préférée en premier. Tournant la tête pour regarder au loin, la jeune femme aperçut une silhouette qui ne lui était pas inconnue. C’était Alister. Sans réfléchir, Bess se leva et se dirigea vers la porte de sa chambre. Attrapant sa cape, elle s’enroula dedans, ouvrit la porte et descendit les marches si rapidement qu’elle faillit renverser un couple. Le soir, Mary-Ann gardait ses filles à l’intérieur de la maison close, la nuit était trop dangereuse pour des filles de leur condition, et même que la maquerelle accueillait elle-même les clients à l’intérieur pour être certaine qu’il n’arrive rien à ses filles. Bess se dirigea vers la porte principale, l’ouvrit et sorti dans l’air frais de la nuit. Au moment où la jeune femme tourna dans la direction vers laquelle elle savait qu’Alister arrivait, ce dernier se trouvait devant elle. Malgré ses yeux rougis par tant de larmes versées dans la journée, Bess adressa un grand sourire au jeune homme. Depuis quelques temps, le maitre d’armes était devenu un client régulier et la jeune femme appréciait chacune de ses visites. Alister était amusant et lorsqu’il venait à la Red Lantern, c’était pour se détendre alors les choses tournaient souvent à la rigolade. Avec lui, Bess riait beaucoup et sa présence lui faisait un grand bien. Parfois, elle oubliait qu’il allait devoir repartir en laissant quelques pièces et se comportait avec lui comme s’ils étaient de grands amis.
« Bonsoir Bess. Vous sortiez ? »
La question du jeune homme fit éclater de rire la petite Bess. Était-ce si évident que cela qu’elle sortait? Enfin, elle ne sortait pas réellement puisqu’elle était accouru à sa rencontre sans avoir pensé au pourquoi elle faisait cela. Si Alister était le seul à pouvoir la faire sourire aujourd’hui, elle n’avait probablement pas voulu qu’il passe la soirée avec une autre prostituée, Bess étant supposément indisposée.
« J’étais à la fenêtre lorsque je vous ai aperçu! » Du doigt, la jeune femme pointa la fenêtre de sa chambre qui donnait sur la rue. « Je ne sortais pas réellement… » Adressant un sourire au jeune homme, Bess enroula sa cape un peu plus autour de son corps afin de ne pas laisser le vent frais de la nuit la faire trembler. « Vous veniez nous rendre visite ce soir? » Et voilà, étant prostituée, le seul sujet de conversation que Bess pouvait avoir en commun avec un homme était la Red Lantern…