Rien n’était comme avant, tout était différent maintenant. Qu’est-ce qui avait changé ? La mort. Terrible personnage qui a coupé le fils de mon fidèle et bien-aimé … Oh mon pauvre Amour. Ce dernier s’est suicidé …. La raison de ce suicide ? Il avait appris la triste vérité sur moi. La faute à qui ? A sa mère, ce terrible serpent qui a craché son venin. Depuis le début, cette femme me hait. Cette haine est née car je lui ai arraché son fils sous sa coupe d’intrigante. Et, elle … A cause de cette haine qu’elle aurait pu contrôler, elle a détruit mon mariage. Elle est la cause de la mort de mon doux époux qui ne connaîtra jamais son enfant … Il ne pourra jamais le voir grandir, ni le voir se marier. Qu’avez-vous fait, belle-mère ? Je ne sais plus quoi faire, ni quoi penser. Comment vais-je élever cet enfant sans père ? Bien que je sois une dame de ma condition, il faut un homme pour encadrer l’éducation d’un enfant surtout si cet enfant est un garçon. Si, j’ai un fils, qui va lui montrer à se battre ? Qui va lui apprendre à monter à cheval ? Qui va lui choisir les bons précepteurs ? Un homme, un père. Or, je n’ai ni l’un, ni l’autre. Je suis veuve, une jeune veuve … Sauf, si je me remarie avec un autre homme. Cependant, ce mariage ne sera pas le même que celui que j’ai eu avec mon aimé, mon tendre époux … Mon Edward. Si, j’ai un fils, je le nommerais Edward, en son souvenir. Oui, je veux que mon fils ait le prénom et le titre de son père. Et si j’ai une fille ? Peut-être, je pourrais la nommer Katerine. Ou, je ne sais pas, je n’ai pas vraiment des idées pour des prénoms des filles. Je marche dans les corridors de ma demeure, en ne sachant quoi faire. J’ai une idée, je vais aller dans la chambre de mon époux. Moment de nostalgique. J’entre dans celle-ci. Je regarde celle-ci avec un moment de calme. C’est la première fois que je rentre dedans depuis cette terrible tragédie qui a frappé mon adorable et tendre époux. O Edward, si tu savais, combien, j’aimerais te rejoindre … Or, je ne peux pas. Je suis enceinte. Et, me suicider …. Serait un affront à Dieu. Je suis Catholique et comme vous le savez, le suicide est le mal incarné dans cette Religion. Je reste peu longtemps dans cette chambre. Je respire. Je dois partir. Je ne peux rester longtemps, je décide alors de quitter la demeure. Je ne sais pas ou pour le moment … Je fais demander une calèche. Cette dernière arrive et je peux enfin quitter ma demeure. Ou vais-je ? J’ai envie d’aller voir le cimetière. Pourquoi ? Je veux aller sur sa tombe et pleurer. Pleurer. Je monte dans ma calèche, mais avant d’y monter, je prends quelques fleurs. Des lys blancs, fleurs favoris de mon défunt époux. La calèche est là, je monte dans celle-ci avec mon bouquet à la main. Quelques minutes après ce trajet, nous arrivons à ce lieu macabre et sans vie. Un lieu froid et mourant. Je descends de la calèche, aidé de valet de pied. Puis, j’entre dans le cimetière. Je cherche la tombe de mon doux époux. J’arrive à celle-ci et je dépose les fleurs. Je me mets à genoux, main sur mon ventre.

Lavinia ▬ Edward … Vous me manquez tellement … Je ne sais plus quoi faire … Votre mère qui me hait et cette grossesse, je ne sais pas quoi faire pour supporter mon deuil. J’aimerais tellement que vous soyez là pour m’épauler, pour m’aider … Mais, vous êtes mort … Mon tendre époux ...

Je pleure. Des larmes coulent le long de mes joues. Je pleure. Des pas se rapprochent de moi. Je me retourne et je vois une femme. Je me lève et je sèche rapidement mes larmes … Je ne sais plus quoi faire. Je ne suis pas une femme de la haute. Comment dois-je réagir maintenant face à elle ? Est-elle du peuple ou de la noblesse ? Je ne sais pas. Je ne la connais pas. J’en suis sûre que quand elle me regarde, elle voit mes yeux rougies par les larmes. Perles que j’ai versé à cause de sa mort … Un véritable torrent que j’ai versé quand j’ai appris cette terrible nouvelle qui m’a brisé en deux. Qui m’a détruite … Et, anéantie. Je tente un sourire malgré moi.

Lavinia ▬ Bonjour Madame ….

Je ne sais pas quoi dire de plus. Aurais-je du faire la révérence ? Je ne sais pas. Je suis perdue, déboussolée. Avec mon cher amour, j’aurais pu savoir. Mais, il n’est plus dans ce monde … Je suis seule. Seule et enceinte.

Honor the memory of our fallen husbands.
Dimanche. Le jour du seigneur. Mes pas me mènent vers le cimetière sans que je n'aie à les guider. Quand on fait le même chemin chaque dimanche matin depuis six ans, cela n'a rien d'étrange, j'imagine. Je dois avouer que tout les dimanches se ressemblent un peu, même si je tiens énormément à chacun d'eux. Mais aucun dimanche ne ressemble à un autre jour de la semaine. Parce que le dimanche, c'est le jour du seigneur. C'est celui que je consacre à Dieu, à mon défunt mari et à mes regrettés fils. C'est le jour de la messe, du cimetière, des repentis, de la nostalgie, des souvenirs du passé. Les dimanches matins ont quelque chose d'amer et de doux à la fois. C'est étrange, c'est presque aussi destructeur que ça en est réparateur. Mais j'en ai besoin. J'ai été prier à l'église comme tout les dimanches matins, un peu avant le début de la messe à laquelle j'ai assisté ensuite. Les gens qui ne me connaissent pas ont du mal à avaler ça. Au sein même de ma paroisse, j'ai parfois l'impression que certaines personnes me jugent et me regardent de travers. Une maquerelle catholique et pratiquante, ça ne peut être qu'une mascarade. La religion ne peut pas aller de paire avec les bordels dans la pensée de la société en général. Et pourtant, je ne suis pas un imposteur. Je ne me sers pas de la religion pour rehausser mon image ou quoi que ce soit d'autres comme hypothèse ridicule que l'on pourrait avancer afin de justifier l'idée selon laquelle je serais une « fausse catholique ». Il me reste une once de principes quand même. Je ne permettrais pas d'offenser le Seigneur à ce point. Je l'ai surement déjà fait à bien des reprises... Mais pas de cette façon. Le blasphème est la bien pire des choses que l'on puisse faire à Dieu, je pense. Enfin...Il est le seul à pouvoir me juger de toute façon.. Et j'ai foi en Lui. C'est la grande raison pour laquelle je me rend à l'église tout les dimanche matin, depuis aussi longtemps que je me souvienne. J'ai pris l'habitude d'y aller un peu avant le début de la messe afin de profiter du silence divin qui y règne pour prier et m'entretenir avec Dieu en toute honnêteté avant d'assister enfin à la messe. Suivant le programme habituel, je me rend donc au cimetière après la messe pour d'honorer la mémoire des trois hommes qui m'ont été arrachés trop tôt. Ils sont trois à avoir quitté ce monde et pourtant, je n'ai que deux tombes à aller voir. Celle de mon mari, et celle de Thomas. Charles Jr, mon fils aîné, n'a pas eu le droit d'être enterré en terre consacrée. On l'a assassiné et on l'a traité comme un monstre. Alors que ce n'était un accident, une bagarre qui a mal tourné. Le monde est parfois si injuste. Et pourtant j'ai insisté, j'ai supplié même pour qu'il aie un enterrement digne de ce nom, celui qu'il méritait. « Non, Madame, c'est impossible, votre fils a été reconnu coupable de meurtre, ce n'a peut être envisageable ». Mon fils était quelqu'un de bien. Et je ne dis pas ça parce que c'est mon fils. Il n'a jamais pensé qu'il ôterait la vie à quelqu'un, ce n'était pas prémédité. Il n'a jamais pensé qu'il se retrouverait devant la place publique avec une corde autour du cou. C'est arrivé ainsi, sans prévenir. Froidement. C'est lui, la victime. Il avait bien des torts mais il n'avait pas la haine d'un assassin. Il n'avait pas la haine que j'ai ressentie après sa mort. Et pourtant, on ne m'interdiras pas la terre consacrée à moi...

J'arrive enfin devant la tombe de mon mari. Cinquième rangée, troisième en partant de la gauche. Celle de mon petit ange est deux tombes plus loin. Je m'abaisse devant celle de Charles. J'y dépose la rose rouge que j'ai apporté pour lui. Des roses rouges, parce que c'était celle qu'il m'offrait autrefois. Je lui parle tout bas. J'en ai besoin. Je lui parle de tout et de rien. De lui, de moi, de ce qui faisait notre famille autrefois. Je finis par me relever, lui disant que je vais maintenant aller voir Thomas. Je fais un dernier signe de croix, avant de me relever pour aller vers la tombe de mon fils.J'ai plus de mal à accepter la mort de Thomas que la sienne. Peut-être parce que j'étais moralement préparée à son décès, et que Thomas m'a été enlevé en moins d'un mois. Et puis, Thomas était mon fils, la chair de ma chair, le sang de mon sang, mon enfant, sweet child of mine.
Je remarque la présence d'une jeune femme un peu plus loin sur la même rangée. Je n'y prête d'abord pas plus attention que cela. Des tas de gens viennent ici ( même si il fait particulièrement calme si tôt le matin ), et je ne peux connaître tout le monde.

Je détourne donc le regard et dépose une fleur blanche sur la tombe de mon fils. Blanc, couleur de la pureté et de l'innocence. Il n'avait que douze ans quand il est parti loin de moi. Mon petit ange... Venir sur sa tombe, affronter directement l'horrible réalité qu'est sa mort, me brise le cœur à chaque fois, car dans mes songes les plus fous j'espère le voir revenir à moi. Mais il le faut que je vienne. Il faut que je lui montre comme je peux que je ne l'ai pas abandonné, qu'il est toujours dans mon cœur, qu'il le sera toujours. J'ai plus de mal à parler à Thomas qu'à Charles. Probablement parce que sa mort me touche plus, m'attriste plus, et que je n'ai pas encore accepté son décès. Comment pourrais je ? Il était si jeune, il est parti si vite...Et j'aimerais tellement qu'il revienne à mes côtés. Bien sur j'espère de tout mon cœur qu'il soit en paix là où il est, surement avec son père et son frère, du moins je l'espère. Mais égoïstement, je voudrais qu'il soit juste avec moi. Il avait encore tant de choses à vivre, et moi, j'avais besoin de lui...

Je regarde à nouveau cette femme, un peu plus loin, qui s'est agenouillée devant une tombe et s'est mise à pleurer. Je peux remarquer, maintenant que je suis plus proche, qu'elle est enceinte.
Elle me fait de la peine. Je me sens appelée à aller vers elle, à l'aider. Elle a l'air d'en avoir besoin. Elle a l'air anéantie.

Arrivée assez près d'elle, je n'aie pas le temps de dire un mot qu'elle sent ma présence et se relève brusquement, avant de sécher ses larmes. Je ne voulais pas l'effrayer, mais je pense que c'est ce que j'ai fais. Peut-être avait-elle plus besoin d'être seule en fin de compte...

- Bonjour Madame..., me dit elle, se forçant à sourire.

- Bonjour, répondis je, lui adressant à mon tour un léger sourire. Je vous aie entendu pleurer...J'ai pensé que vous aviez peut-être besoin de...,je ne sais pas, parler...? Vous avez perdu un être proche ?, demandais je ensuite. Certains auraient pu considérer cela comme une question indiscrète, mais je suis ainsi faite. J'éspère qu'elle ne le prendra pas mal, mais j'ai depuis longtemps l'habituer d'aborder les gens de manière assez directe, sans tourner autour du pot, sans donner d'excuses inutiles et sans m'inquiéter de ce qui est discret ou indiscret, de ce qui se dit et de ce qui ne se dit pas et de ce qui se fait, et de ce qui ne se fait pas...

honor the memory of our fallen husband

Mary-Ann & Lav. ✖ doux souvenirs ...

© belladone.

Tout n’était que cendre et amère, tout n’était sans goût, sans vivacité. Pourquoi ? La vie m’a retiré un être, un être que j’aimais. Non, que j’aime et que j’aimerais jusqu’à mon dernier souffle. Qui ? Mon époux, mon doux époux, mon aimé. Il était jeune, il était beau et il était riche. Or, la vie a été cruelle et elle a enlevé cet homme, sans état d’âme. Elle est si dure, si horrible. Si seulement, cette femme odieuse avait rien dit … Cette vérité a tué mon époux. Une femme doit tout avouée à son époux, n’est-ce pas ? Oui, mais ce secret, ce passé, mon époux ne devait rien savoir. Pourquoi ? J’ai aidé ma famille à commettre des meurtres, eux, ils sont sans doute enfermés, mais, moi, je suis en vie. Et, je suis veuve. De plus, je porte un enfant, l’enfant de mon époux. Après quelques minutes de réflexions, j’ai décidé d’aller au cimetière. Pourquoi ce lieu sombre et froid ? Pour revoir mon époux …. Enfin, pour lui parler un peu, de nous. Or, mais avant, il faut que je prenne des lys. Pourquoi ? Il aimant tant ces fleurs …Je suis enfin prête pour aller là-bas. Je monte dans la calèche et après quelques minutes d’attente, je suis enfin dans ce lieu sans âme vivante. Je dépose les fleurs sur la tombe de mon époux, après des longues minutes de recherches sur cette tombe. En effet, je n’étais pas là quand ils l’ont enterré. Quand je lui donne ce bouquet de lys sur sa tombe. Je lui parle. Et, des perles coulent sur les longs de mes joues. Des pas se rapprochent, je me retourne et je vois une dame. Je tente de sourire mais le cœur n’y est pas. Il est ailleurs, loin, si loin … Je salue la dame sans lui faire une révérence. Peut-être, elle peut penser que c’est irrespectueux et je la comprendrais. Que va-t-elle dire ou faire ? Je l’ignore. Je ne dis rien.

L’inconnue▬ Bonjour *dit-elle avec un léger sourire. *Je vous aie entendu pleurer...J'ai pensé que vous aviez peut-être besoin de...,je ne sais pas, parler...? Vous avez perdu un être proche ?
Lavinia ▬ En effet, je voudrais bien, mais, je ne veux pas vous dérangez Madame … Et, pardonnez-moi, si je n’ai fait de révérence. *Je porte ma main sur mon ventre, mon enfant me donne des coups, assez forts.* Oui, mon époux … Il était si jeune, il m’a été arraché … Je ne sais plus quoi faire, je me sens perdue. Je … Je n’ai plus de famille … J’ai peur … Peur de mourir à l’accouchement … Je … Je me sens tellement seule … Et, abandonnée … Enfin, j’ai le soutient de ma meilleure amie, mais, je n’ai pas ma mère pour m’aider ni je ne sais pas comment je pourrais devenir une vrai mère, elle ne m’a pas appris à faire ça …

Et, les larmes continuent de pleurer … Le vent souffle sur nos visages, certaines mèches se planquent sur mon visage juvénile, à peine sortie de l’enfance. Je la regarde, je ne sais quoi faire. Des spasmes secouent mon corps. Je ne sais quoi faire, je regarde la dame, sans savoir trop quoi dire par la suite. J’ai envie de boire quelque chose, de l’eau ou une autre boisson ou manger. J’en ai besoin.

Lavinia ▬ Est-ce que cela vous dérangerait de m’aider ? J’ai besoin de conseils … Mais, je ne veux pas vous dérangez, plus longtemps, pardonnez-moi.

Je la regarde encore. J’essuie quelques larmes et j’humecte mes lèvres. Que faire maintenant ? Je l’ignore. Je verrais bien. Peut-être, la dame et moi, nous parlerons … Ou, je ne sais pas.


Hj : désolé pour le rp

Honor the memory of our fallen husbands.
La jeune fille est bien polie. Elle s'excuse de ne pas avoir fait de révérence. Cela me fait sourire. Ca fait bien longtemps que personne n'a pensé à faire une révérence devant moi. Qui suis je pour mériter une révérence ?Une femme du peuple et une maquerelle en plus ! Mais je ne m'en plains pas, loin de là.
Elle continue à parler en m'exprimant ses plus profondes inquiétudes. Je ne pensais pas qu'elle réagirait si bien à mon intrusion. Je ne pensais pas qu'elle avait autant besoin d'aide... A vrai dire, je ne sais même pas pourquoi je suis allée vers elle. Seul Dieu sait. Il nous pousse parfois à agir selon sa volonté justement parce qu'il sait,  bien mieux que nous, tout ce qui se trame dans ce vaste monde.
Elle m'apprend que la personne qu'elle pleure est son mari. Pauvre jeune fille...Je comprend sa douleur. La mort de Charles m'avait complètement anéantie. Mais moi je n'étais pas seule quand c'était arrivé. J'avais déjà eu quatre enfants avec lui et en ce temps là, ils étaient près de moi pour me soutenir dans cette pénible épreuve. Surtout l'aîné. Ma fierté. Que Dieu le protège, là où il est. Que Dieu lui pardonne le péché qui le mena à l'échafaud. Que Dieu me pardonne moi, de ne pas toujours parvenir à repousser cette idée selon laquelle Il est responsable de ne pas l'avoir sauvé, de me l'avoir pris dans de si terrible circonstances au moment où j'avais le plus besoin de lui. Et que Dieu pardonne l'envie de vengeance qui me poussa à pêcher à mon tour, après avoir vu mon fils mourir sous mes yeux.
Lorsqu'elle eut fini de parler, les larmes recommencèrent à ruisseler sur ses joues.

- Vous avez bien fait de ne pas faire de révérence, ne vous inquiétez pas, je ne suis pas de la noblesse, dis je en osant un léger sourire mais je pris un air plus grave en ajoutant. - Et je suis désolé pour votre mari...Je prierais pour lui... Je prierais pour vous aussi. Pour que votre accouchement se passe bien. Mais vous savez, ce n'est pas si terrible qu'on le dit...J'ai eu quatre garçons et je suis toujours là. Et puis quand on vous met votre enfant dans les bras, la douleur s'envole...- Je lui adresse un autre sourire avant d'ajouter.- Personne ne m'a appris à devenir mère. Surtout pas ma mère. Elle me détestait. Et je lui rendais bien. Mais, c'est elle qui est à l'origine de cette haine...Elle ne voulait pas de moi. Elle me détestait avant même que je naisse, vous voyez...Pourtant, je pense que j'ai été une bien meilleure mère qu'elle. J'ai fais comme je pensais qu'il fallait faire. J'ai fais de mon mieux. Je ne sais pas si j'ai bien fait, mais j'ai aimé mes enfants et je pense que c'est le principal pour une mère. Aimer ses enfants, et leur montrer cet amour...

Je parlais toujours avec naturel. Je n'aimais pas les manières distinguées et inutiles, l'emploi de mots compliqués et incompréhensibles pour le bas peuple. Je disais les choses comme elle venait, sans réfléchir, en toute spontanéité. Difficile de deviner que je maîtrisais les coutumes de bases de la haute société et leur langage particulier. On m'avait forcé à apprendre tout cela. Mais je n'avais jamais vraiment été une Lady. Je n'aimais pas ce que cela imposait et j'avais été fort heureuse d'être délivrée de ce titre. Au fond de moi, je restais toujours Mary-Ann, dite « May », la petite fille noble recueillie par une famille de paysans. Je savais d'où je venais. Je savais comment vivait le vrai peuple anglais. Et c'est pour cette raison que je ne comprenais absolument pas l'intérêt des excès de la noblesse anglaise.

- Je suis certaine que vous ferez une bonne mère, ajoutais je.

Moi en revanche, j'ignorais si je l'avais été. Je n'avais pas su sauver Thomas. Je n'avais pas su sauver mon Charly, et le venger ne l'avait bien sûr pas ramener à la vie. Je n'étais pas non plus parvenue à retenir Arthur et Edmond. Alors, je n'avais peut-être pas été une bonne mère... Mais peut être que ma connaissance des erreurs que j'avais commise avec mes fils pourrait justement être utile à cette jeune fille afin qu'elle, ne les commette pas.

Elle me demanda si j'accepterais de l'aider, me disant qu'elle avait besoin de conseils, mais se ravisa ensuite craignant de me déranger. Je lui souris aimablement. Je ne savais pas qui elle était, et elle ignorait aussi qui j'étais. Et pourtant elle me demandait de l'aide. J'admirais sa simplicité et me demandais si elle ne changerait pas d'avis en sachant qui j'étais. Oui car, je savais ce à quel point certaines femmes trouvaient les maquerelles ou les prostituées méprisantes. Pourtant, je pensais sincèrement que mes filles valaient bien mieux que certaines femmes de la cour ou que certaines bourgeoises.
Ne pouvant rester de marbre à la détresse et aux larmes de la jolie blonde, je posais délicatement ma main sur son épaule, en signe de soutien.

- Bien sûr, je serais ravie de vous venir en aide, dis je. Je ne vis pas si loin d'ici, nous pourrions peut-être marcher jusqu'à chez moi et  je pourrais vous offrir un thé ? Seulement, je dois vous dire ; ...Je suis propriétaire d'une maison close. Je comprendrais que vous ne voudriez pas être vue dans mon établissement...Peut-être préférez vous discuter ailleurs, dans une taverne par exemple ? Ou si ça ne vous dérange pas et bien...C'est comme vous préférez...