Le ciel était bleue ce matin là. Le soleil n'éclairait pas assez pour réchauffez pleinement, mais en cet heure c'était agréable de voir que le ciel était plus clément que les événements qui agitait notre belle Angleterre. J'étais levé depuis l'aube. J'avais eu besoin d'un entraînement matinale pour tenter de mettre mes idées au clair. Il me fallait toujours avoir fait de l'exercice pour trouver des solutions à mes problèmes. Je n'avais pas tant d'ennuis que ça à vrai dire. Les temps ici étaient juste trop incertains pour avoir l'esprit tranquille. L'incident lors de l'entrée de la reine le prouvait. Il me fallait prendre beaucoup de temps pour réfléchir à tout ces changements. J'aimais beaucoup la nouvelle. Il y avait une détermination chez elle qui me plaisait, mais l'opposition en place était bien plus grande qu'on ne l'avait imaginé. Il fallait rallier des gens à notre cause. Nous battre pour le royaume. C'est cela que j'aimais par dessous tout, me battre pour le royaume. Je suis convaincu que l'Angleterre à un bel avenir. Il faut seulement que tout le monde finisse par le voir et que l'on s'impose aussi. Je n'ai pas le droit à l'erreur au combat alors je m’entraînais tous les jours pour être près à chaque moment. La surprise ne devait pas faire partie de moi sans quoi je risquais de faire des erreurs.

L’entraînement dura plusieurs heures comme toujours. J'étais en forme pour le reste de la journée. Je passais par mes appartement afin d'être plus élégant pour me balader dans les rues. Je devais être prudent, n'importe qui pouvait m'attaquer, je n'étais pas sûr que quelqu'un le fasse vraiment cependant, je ne suis pas si important non, il fallait surtout que les proches de la reine soient en sécurité et protégé. J'étais moi même à mes heures perdues une sorte de garde du corps. Je n'avais pas tellement encore usé de ce statut et donc on me demandais rarement de protéger quelqu'un mais je serais ravi de pouvoir servir sa majesté en veillant à la sécurité de ses proches.
J'aurais fait de même pour ceux que je considérais comme ma famille, je ne connais pas ma vraie famille alors j'ai du seulement faire avec et me créer la mienne. Ce sont des amis cher auxquels je tiens et pour qui je donnerais ma vie. Je pensais à tout cela en marchant vers ma chambre. Il était encore tôt et pourtant peu de monde dormait encore. Les serviteurs s'activaient un peu partout sans que je ne sache trop pourquoi, sans doute un banquet qu'on organisait ou une rencontre importante, en tous les cas je n'avais pas été invité. Je ne m'en plaignais pas, je n'aimais pas tellement être entouré de noble, bien que je le sois aussi, je trouvais que certains étaient trop présomptueux et orgueilleux. Je changeais donc de tenue et était enfin près à faire mon petit tour quotidien.

Aujourd'hui je n'irais pas vers le marché, non j'avais envie de changer un peu d'endroit. J'avais envie de voir les rues de Londres. Elle n'était pas sûre ces temps ci, mais que pouvais-je donc craindre? J'étais armée d'une épée. J'aurais sans doute du avoir une arme à feu, mais j'étais trop vieux jeu pour cela. Je n'aimais pas ces armes là et préférais le son des épées qui s’entre-chocs à celui d'un coup de fusil. Je marchais vers la ville et arrivait enfin après quelques minutes. J'aimais voir les villageois qui s'activaient, ils n'étaient pas si différent que nous en fin de compte. Je me sentais plus payants que noble par moment. Certains étaient étonné d'ailleurs de savoir que j'avais été nommé maître d'arme. J'étais passé devant le RedLantern en souriant à discrètement. Il y avait des chances pour que je revienne ce soir pour y voir la jolie Bess. J'étais à présent dans une ruelle que je ne connaissais pas, me serais-je perdu? Sans doute. Je fis demi tour et tombais nez à nez avec une personne que je ne pensais plus revoir de si tôt depuis notre dernière entrevue.

« Isolde … Je ne m'attendais pas à te voir ici. »

J'étais vraiment surpris, j'avais crut qu'elle avait quitté le pays ou la ville lorsque je m'étais rendue compte de son absence. Je venais toujours en ville pour chercher mes armes chez le forgerons, mais aussi pour faire un tour des tavernes. J'avais rencontré Isolde chez le forgerons justement et l'avait ensuite entraîner. Elle était très douée et parfois un peu sournoise. Je souris en repensant au dernier entraînement je m'étais fait avoir comme un débutant.

De la sueur froide coulait lentement sur mon corps, tandis que dans un sursaut je m'éveillais. Encore et toujours ces mêmes images en tête. Encore et toujours ce même cauchemar. Encore et toujours cette même douleur qui lacère mon âme tout entière. Je revoyais mon père dans sa chambre le soir où il avait été assassiné. Je le voyais encore bien vivant, le cœur vaillant puis le rêve se transformait. Une personne entrait dans la chambre avec dans ses mains, le poignard que j'avais trouvé et que j'avais gardé, désireuse de le rendre à son propriétaire. Je le voyais se faire tuer et moi, moi je ne pouvais plus bouger. J'étais totalement bloquée dans la pièce regardant, impuissante mon père se faire poignarder et se vider de son sang. Je voulais crier, mais ma voix était au fond de ma gorge comme bloquée. Je voulais l'aider, mais je ne le pouvais. Alors je me résignais et comme à chaque fois, je me trouvais à deux doigts de découvrir l'identité de l'assassin, du meurtrier, mais malheureusement, le cauchemar prenait fin tandis que le sommeil me quittait, me forçant ainsi à ouvrir les yeux. Je ne pouvais désormais plus me rendormir, de peur de revoir la douleur sur les traits de mon père, de revoir cette scène qui ne cessait de me torturer. De jour, comme de nuit. Je m'extirpais alors de mon lit, déposant mes pieds sur le sol glacé de la chambre. En faisant le moins de bruit possible, non désireuse de réveiller ma cousine, je me rendis dans la salle de bain où je fis ma toilette pour finalement me vêtir de la tenue de combat que mon oncle avait créé pour mon utilisation personnelle. Il est vrai qu'ainsi on pourrait croire ce qui faisait ma féminité totalement disparue. Mes cheveux avaient été coupés par l'une de mes lames au niveau de mes épaules et j'étais armée jusqu'aux dents. Autant dire que disparue était la femme en moi qui portais de longues et ravissantes robes et qui appréciait avoir ses cheveux jusqu'aux reins. Certes, je n'avais jamais été obnubilé par mon apparence comme certaines des femmes de la cour, préfèrent m'entraîner aux maniements des armes comme un homme, mais j'avais eu avant le décès de mon père les cheveux d'une véritable noble. Cheveux que j'avais sacrifiés il y a peu, n'étant qu'une chose futile à laquelle je pouvais me passer sans grande difficulté.

Lorsque je fus enfin préparé, je quittais l'auberge dans laquelle j'avais élue domicile et ceux, jusqu'à ce que je découvre où je devais me rendre pour retrouver l'assassin de mon père. Il faut dire que c'était à Londres ma meilleure chance de découvrir de qui il s'agissait. Après tout, de nombreux potins circulaient, des langues facilement se déliaient et des amis se trahissaient. Oui, c'était ma meilleure chance, mais pour pouvoir rester ici, il me fallait me faire discrète, car si jamais quelqu'un découvrait qu'en ville je me trouvais, rapidement je me ferais entrainer dans un tourbillon d'émotions. Certaines bonnes et d'autres, au contraire, mauvaise. Et je ne voulais pas finir comme mon père, tout du moins, pas tant que ma promesse ai fini d'être tenue : que j'ai retrouvé et tuer l'être immonde qui m'avait enlevé mon père. L'entraînant dans l'au-delà, auprès de dieu. Dans les rues de Londres je marchais, une cape rabattue sur mon visage, non désireuse d'être reconnue, bien qu'ainsi vêtu et ainsi coiffé c'était bien plus difficile de faire le rapprochement entre la fille d'un Lord qui a aidé Mary Tudor a monter sur le trône et une pauvre fille qui fait garçon manqué, mais je ne voulais prendre aucun risques.

Je marchais calmement dans les ruelles de Londres, étant donné que c'était la meilleure façon pour moi de passer inaperçu. Après tout, qui faisant partie des nobles se risquerait à venir par ici ? Qui que je connaissais, car ils vivaient aux palais fouinerait ici ? A ce moment-là, j'aurais répondu personne, mais j'avais tort. J'avais grand tort. En effet, au détour d'une ruelle je me retrouvais face à un homme de la garde royale, un homme qui comme tous les autres me croyait parti, un homme que je n'avais jamais imaginé devoir mettre dans la confidence de ma présence. Une lueur des plus surprises passa dans ses yeux, avant qu'il ne me dise qu'il ne s'attendait pas à me voir ici. Il faut dire que j'étais toute aussi surprise que lui. D'habitude, il passait une grande partie de ses journées à s'entraîner ou alors, il se rendait au marché, mais jamais, ô grand jamais je n'aurais imaginé le croiser dans une telle ruelle. « Je dois avouer que la surprise est partagée. Je ne pensais vraiment pas te croiser un jour dans un tel endroit. » Je retirais alors le capuchon qui me cachait en partie le visage, le laissant ainsi constater qu'il s'agissait bien de moi. J'aurais pu partir en l'entendant prononcer mon nom. J'aurais pu partir pour que mon secret ne s'ébruite pas, mais j'avais confiance en cet homme. J'avais confiance en Alister, le maître d'arme de la garde royale. Après tout, je lui avais déjà fait confiance pour ce qui est de mon amour des armes et de mon envie de m'entraîner à manier ces dites armes. Il faut dire qu'il était en partie responsable de ma progression dans leur maniement, car lorsqu'il avait découvert que j'apprenais à les manier avec mon oncle, il m'avait proposé pour que l'on s'entraîne ensemble et je dois avouer que cela m'a beaucoup instruit. Il a une connaissance dans les armes et les techniques vraiment impressionnante. La dernière fois que nous nous étions entraîné devait remonter à plusieurs semaines. Fois où j'avais usé de mes charmes féminins pour pouvoir gagner le combat. Je l'avoue, ce n'est pas très loyal, mais c'est amusant de voir un soldat tel que lui se laisser prendre au jeu, se laisser embobiner par le simple contacte des lèvres d'une femme. L'embrasser m'avait fait gagner le combat, car oui, il avait baissé sa garde assez longtemps ce qui m'avais permis de le désarmer sans difficulté. Il est vrai que mon comportement lors de cet entraînement avait été sournois, mais le principal est que j'avais gagné. Après ce jour, j'avais eu envie plusieurs fois de renouveler l'expérience, de déposer à nouveau mes lèvres contre les siennes, mais je n'ai pas eu l'occasion et les récents événements m'ont fait légèrement sortir de mon esprit cette envie. Je passais délicatement ma main dans mes cheveux, chassant ainsi toutes mes pensées pour finalement me concentrer sur l'instant présent. « Qu'es-tu venu faire là ? Je veux dire...ça ne fait pas partie des lieux que tu fréquentes d'habitude. » L'un de mes sourcils légèrement s'arqua tandis que j'attendais une réponse de sa pars.

Le souvenir de notre dernier entraînement me hantais presque. Ce jour là, elle avait usée de ses charmes pour parvenir à réussir son combat et je m'étais laissé prendre au jeu. Elle m'avait embrassé et je me souvenais encore de ses lèvres sur les miennes, la douceur d'une femme suivit de la stratégie humaine. Elle m'avait impressionné. Elle ne pensait pas me croiser ici. J'avais oublié ce que s'était que de me balader simplement dans une ruelle et de pouvoir profiter de l'anonymat qui y régnait. Je n'avais pas tellement à me plaindre non, je n'étais pas si important que je l'aurais voulu mais ça me convenait, ça m'avait toujours convenu. C'est avec un large sourire que je lui répondis:

« J'avais besoin de prendre l'air mais est- ce vraiment si étonnant de me voir là? Je suis un homme du peuple avant tout même si je suis né sous une bonne étoile. Je ne sers que mon royaume, rien de plus.»

Toujours aussi attaché à mes origines, rien n'avait changé de ce côté là. Il pourrait y avoir des tas de raisons qui me feraient changer d'avis quand à mon allégeance mais grand jamais je ne m'y risquerais. Je ne tenais pas à passer pour un traître. Je remarquais qu'Isolde était toujours aussi belle. Une vraie femme. Elle avait beau porter une tenue masculine cela n'enlevait rien à sa beauté. J'avais toujours trouvé qu'elle avait beaucoup de charme et d’élégance malgré ses airs de garçons qu'elle arborait parfois. Elle était aussi très observatrice. Je souris lorsqu'elle me dit que ce lieu ne faisait pas partie de mes lieux de fréquentations habituels. Elle ignorait visiblement que j'y venais souvent le soir, la nuit même. Je traînais dans les tavernes mais aussi et très souvent dans ce redLantern à côté de la rue. Je me demandais quel serait sa réaction si elle l'apprenait. J'aurais aimé qu'elle soit un peu jalouse. J'ai toujours aimé séduire ces dames. J'étais même un charmeur né.

« Vous ne me connaissez pas encore assez bien Isolde. Je suis un homme plein de surprises.»

Je m'étais approché d'elle en la regardant dans les yeux, qu'elle avait très jolie aussi. J'avais pris sa main dans la mienne et la levant vers moi lui avait déposé un baiser. Je me demandais depuis combien de temps elle se cachait et aussi pourquoi. Que pouvait-elle bien craindre pour fuir ou qui sans doute.

« Êtes- vous ici depuis longtemps ? Pourquoi vous cachez vous ? J'étais attristé de voir que vous aviez disparut. »
J'avais été aussi vexé de ne pas la revoir. J'avais eu l'impression que ça n'avait pas représenté grand chose pour elle. J'aurais aimé que se soit le cas mais je m'étais fait à cet idée et puis je n'ai jamais eu de relation sérieuse alors autant ne pas commencer tout de suite à m'imaginer en époux.

Ses yeux dans les miens étaient plongés et malgré mon entêtement à ne vouloir ressentir le moindre sentiment pour une personne que ce soit de l'amitié, de l'amour, de la tendresse, tout du moins jusqu'à ce que je sois parvenu à mes desseins, je me sentais attiré par son regard ô combien sombre et pénétrant. Attirée par son être tout entier. Son visage des plus séduisants. Son sourire ravageur. Son corps parfaitement sculpté. Et sa voix qui laissait transparaitre un charme certain. J'avais l'horrible impression d'être redevenue cette jeune fille fragile qui sous le regard d'un homme se mettait de suite à défaillir, à rougir, qui désirait ressembler à sa mère et donc soignait tant bien que mal son apparence. Cette jeune fille que j'avais été jusqu'au moment où le maniement des armes me fut enseigné. Je dois avouer que je ne regrettais pas cette ancienne partie de moi, qui désormais me paraissait frêle, ignorante, naïve. Peut être cette fille ô combien féminine, et agissant comme un vulgaire pantin, manquait à certaines personnes mais j'étais aujourd'hui certaine que non, elle ne me manquait pas. Pas du tout. Certes étais-je dure avec moi-même, mais ne dis-t-on pas que c'est ainsi que l'on avance ? Que l'on gagne de l'assurance ? En tout cas, c'est ce que je croyais. C'est ce que je pensais et nul encore n'avait réussi à me prouver le contraire.

Cette impression de faiblesse et de retour en arrière se dissipa à l'instant même où il reprit la parole tandis qu'une vague de soulagement s'était emparé de mon être. J'étais redevenue celle que j'étais aujourd'hui et que je serais encore demain. Mes pensées étaient devenues plus claires et étaient parvenues à suivre le fil de ses propos sans penser aux lèvres d'Alister. « C'est vrai...J'oublie souvent que tu es né ici, parmi le peuple et je m'en excuse si cela t'ennuie. Je dois avouer que lorsque je te visualise dans mon esprit ou quand tu te tiens face à moi, je te vois avant tout en tant que maître d'arme de la garde royale et une infime partie de mon esprit te voit comme un homme du peuple. J'en conviens, il me faut rectifier cela. » Je lui adressais alors un ravissant sourire, tandis que mes yeux exprimaient mes plus plates excuses à ce sujet et, j'étais pleinement sincère. Il est vrai que j'avais du mal à imaginer des personnes dans deux castes différentes et pourtant, n'étais-je pas le parfait exemple de ce style de cas ? Mi-noble par mon père et mi-femme du peuple par ma mère. Même si c'est derniers temps je me rapprochais plus de la classe sociale de ma défunte mère, me faisant passer pleinement pour une femme du peuple et utilisant parfois un autre nom de famille que le mien. Alors que mes pensées m'entraînaient à tous vent dans toutes les directions, il s'était rapproché de moi et délicatement il avait pris ma main pour y déposer un baiser. Ce geste me faisait toujours sourire, mais là, plus que les autres fois. N'avait-il pas dit qu'il était homme du peuple ? Hors c'était là les manières d'un parfait gentleman ce qui, à cet instant précis me plaisait beaucoup. Il m'annonça alors qu'il était un homme plein de surprises. A ces mots, je m'approchais un peu plus de lui pour finalement placer mes lèvres près de son oreille et murmurer d'une voix que je fis légèrement sensuelle. « Dans ce cas, il me faudra les découvrir. » Je me reculais alors, retournant à l'endroit que j'avais quitté tantôt, à quelques pas de lui, en passant mon regard de ses yeux à ses lèvres puis lui adressant un éblouissant sourire. Et oui, même si mon côté garçon prenait une pars conséquente en moi, je n'avais en rien perdue de ma féminité. Côté que je faisais ressortir quand cela me plaisait et c'était aujourd'hui, à ce moment même, le cas.

Quelques instants passèrent, instants où mon regard s'était levé vers le ciel pour rapidement l'admirer. Il était de ce merveilleux bleu qui le caractérisait tant et bien que nous nous trouvions dans une ruelle, le soleil nous gratifiait de ses chaleureux rayons. Lorsqu'il se mit à parler, je reportais à nouveau toute mon attention sur lui. Il me posa alors les questions fatidiques, celles dont les réponses devaient être connues du moins de monde possible. Réponses que je voulais donc garder secrètes de toutes personnes, mais Alister n'était pas une simple personne, il était un homme auquel je tenais beaucoup et il me fallait donc lui avouer la vérité. « Je suis ici depuis le meurtre de mon père, cherchant par tous les moyens à trouver le coupable. Si je me cache, c'est simplement pour n'avoir de compte a rendre à personne, car tu sais, si je me trouvais encore à la cour pour faire ce que j'ai à faire, j'aurais eu alors l'horrible impression d'être constamment surveillé, mes faits et gestes se retrouvant dans les potions, commérages que les dames de cour aiment tant. Oui...si je me cache ici, c'est pour avoir ma liberté d'agir. » Lentement je passais ma main dans mes cheveux en réfléchissant. Il est vrai que c'était rare qu'une femme ainsi parle de liberté, après tout, nous autres n'avions pas vraiment le droit d'être libre, étant toujours contraintes à être sous la domination d'un homme : père, frère, époux... C'était comme si nous ne nous appartenions plus étant obligé de faire ce que les hommes de notre vie nous disaient de faire, mais moi...Moi j'avais du mal avec cela, je voulais être libre de mes choix. « Je suis navrée que mon attitude t'es attristé. Je sais, j'aurais dû te prévenir, mais tous s'est passé si vite que je n'en ai guère eu le temps. » Je secouais alors légèrement la tête, puis me remis à parler en croisant son regard. « J'espère que tu ne m'en veux pas trop pour cela, car j'en serais sans le moindre doute peiné. » Je lui adressais alors un sourire emplit d’excuse.

Je me souvenais de notre dernière entrevue. Notre dernier entraînement avait été différent des autres. Il avait été riche en émotions. Je ne m'étais pas dit que c'était le dernier, je ne le savais pas à ce moment-là. Elle avait disparut après et j'ai même cru que c'était à cause de moi. Ce baiser qu'on avait échangé avait eu une drôle de couleur. Ce n'avait pas été une mauvaise chose non mais je ne sais pas vraiment ce que ça signifiait pour elle ni pour moi. Je ne m'étais plus poser la question depuis et maintenant que je l'avais en face de moi cette question revenait.

Je souris lorsque me confia qu'elle me voyait surtout en tant que maître d'arme, ça me rassurait. J'avais beau avoir passé mes plus belles années dans le château de mon oncle mon enfance elle avait été tout autre, enfin je n'en ai plus le souvenir depuis bien longtemps mes seuls souvenirs qui la concerne remonte à quand j'avais une quinzaine d'années. Je ne me souviens pas de ce qui s'est passé avant et quelque part c'est une partie de moi qui manque à mon histoire.

Isolde avait l'air différente. C'est comme si quelque chose en elle la dévorait et lui donnait cette air triste qu'elle semblait arborer même si son sourire disait le contraire. Elle s'éloigna légèrement un peu pensive. A quoi donc songeait-elle ? J'aurais aimé pouvoir me glisser dans ses pensées connaître la profondeur de son âme et espérer trouver un souvenir qui m'aiderait à savoir ce qui la rendait si pensive. Je fus surpris de voir qu'elle ne broncha pas pour me répondre. Elle avait son caractère mais aujourd'hui les choses semblaient plus grave. Je fus désolé d'apprendre la mort de son père, je sais à quel point c'est difficile de voir ses parents mourir. Les miens on été tuer dans l'incendie qui à ravagé notre auberge. Je n'ai pas le souvenir de ce qui avait provoquer cette incendie mais ce n'était pas quelque chose d'ordinaire ça a toujours été un meurtre pour moi même si cette événement fait défaut à ma mémoire.

« Je suis navré pour ton père, c'était un homme bien. Si je peux faire quoi que se soit pour t'aider n'oublie pas que je suis là et je le serais toujours.»

J'étais sincère et mon regard le confirmait. Je tenais toujours parole, si elle cherchait l'assassin de son père je pouvais peut-être l'aider à le trouver, je commence à connaître un peu de monde et a avoir des relations alors elle pourrait toujours compter sur moi. Je m'inquiétais cependant quand à son désir de vengeance. Je sais bien que la vengeance aide à retrouver une certain justice pour le coupable mais si ça tournait mal se serait dangereux pour elle.

« Soit prudente, je ne tiens pas à apprendre ta mort.»

Ces mots sonnaient de façon un peu morbide mais je n'avais pas envie qu'il lui arrive malheur, les temps étaient bien assez dur et elle comptait beaucoup à mes yeux. Je ne lui en avais pas voulu d'être partie, tout le monde choisi son chemin, ici ou ailleurs la vie continue.

« Je ne t'en veux pas, je comprend et tu avais tes raisons de t'en aller. J'aurais sans doute fait la même chose. »
Je ne savais pas tellement quoi lui dire pour la soutenir. Je n'ai jamais été très doué pour les longs discours.

Ces derniers temps, mon être tout entier était habité par la haine. Haine qui quelquefois s'agitaient en moi en me donnant alors, l'affreuse envie de frapper tout ce qui se trouvait autour de mon être en passant par ma propre personne, et qui parfois était calme, comme apaisée, rassasiée. Étrangement, face à lui, cette haine n'était plus, comme si elle me laissait pour une fois un moment de répit, comme si elle avait disparu, mais au fond de moi, je savais que lorsqu'Alister s'éloignerait et que je retournerais à ma solitude telle une âme en peine, elle reviendrait tel un boomerang et je craignais, je craignais qu'elle revienne, car bien que cette haine se trouvait être légitime, elle m'aveuglait et m'entraînait alors dans la partie de mon âme où je n'avais pas pied... Mais là, pour le moment, c'était le calme plat, ce qui me remplissait d'une étrange joie. Lorsque mes lèvres s'ouvrirent pour exprimer enfin la vérité au sujet de mes activités, mon amie la haine ne daigna pas non plus se présenter. Libérée d'elle j'étais, mais pour combien de temps... ?

Les paroles du maître d'arme me touchèrent, car je sentais qu'il était des plus sincères. Je pouvais compter sur lui et cela, je le savais depuis plusieurs mois. Je lui répondis alors d'une voix qui se fit douce, en plongeant mon regard azuré dans le sien. « Je ne te remercierais jamais assez de ta sollicitude à l'égard de ma perte, cela me réconforte le cœur, le faisant comme battre une seconde fois. Sache que pour le moment, ta simple présence m'aide. Cela peut paraitre idiot, mais en effet, elle m'aide fortement, car ça me fait beaucoup de bien que de pouvoir contempler un visage aussi amicale que le tiens. » Un tendre sourire étira mes lèvres et tout comme lui quelques instants plus tôt, j'étais pleinement sincère. Alister comptait beaucoup pour moi, plus que je n'osais me l'avouer, et pouvoir le voir, lui parler, réchauffait mon cœur qui ces derniers temps était bien trop glacé...Il brisa le silence qui s'était installé pendant nous étions restés tous deux yeux dans les yeux, me demandant d'être prudente. Je rétorquais alors de manière quelque peu arrogante en lui faisant un léger clin d'oeil. « Je le suis toujours Alister. » Mais cela, ce n'était que pour détendre l'atmosphère : cette dernière étant devenue un peu trop morbide à mon goût, car au fond de moi, je savais que la fin de ce sinistre dessin pourrait ne pas être une bonne chose pour moi, que je pourrais y perdre là vie ou alors, y perdrais-je une pars de mon âme. Après tout, tuer, même pour se venger était un crime et l'âme finissait toujours pars en pâtir.

Alister m’annonça alors qu’il ne m’en voulait pas, qu’il comprenait mes raisons et d’une certaine façon, le poids de mes épaules s’allégea considérablement. Je l’aurais regretté amèrement s’il m’en avait en vérité voulut, car je ne désirais perdre son amitié pour rien au monde, il m’était trop précieux. Je me rapprocha un peu de lui, gardant mon regard rivé dans le sien. Délicatement, je déposais ma main sur sa joue, la caressant un instant pour finalement la remettre le long de mon corps. « Je t’en pris Alister, cessons de parler de cela, car il ne s’agit en rien d’une chose joyeuse et j’aimerais beaucoup que nos rencontres le soient...joyeuses…Ne serait-ce qu’un peu. » Je secouais alors légèrement la tête, puis me ressaisis. Une pensée traversa alors mon esprit. Pensée qui me fit sourire de manière provocatrice et me fit dire ces quelques mots. « Dis moi, aurais-tu retenue la leçon de notre dernier entraînement à l’épée ? » Je lui lança alors un regard amusé en ajoutant. « La leçon était celle-ci : la force physique n’est pas la seule chose qui compte lors d’un combat, la ruse est l’un des éléments les plus importants. Bien que, je dois avouer qu’aucuns guerriers ne viendraient à t’embrasser pour gagner. » Un léger rire s’échappa alors de mes lèvres.

Les femmes sont des créatures étranges, changeant d’état d’esprit à une vitesse des plus folles qui parviendrait à faire tourner la tête à bon nombre d’être ne leur ressemblant pas. Et j’étais là, l’exemple parfait de l’étrangeté de notre sexe, passant de la haine, à la tendresse, à la mélancolie pour finalement arriver à la joie et à l’amusement. Oui…nous sommes d'étranges créatures.

HJ:

Isolde avait l'air mélancolique et je pouvais aisément la comprendre. Qui ne le serait pas quand on perd un proche ? La famille compte beaucoup par ici et c'est sans doute ce qui fait le plus de mal quand on en est très lié. Je ne me souviens pas assez de mes parents pour savoir comment étaient nos relations mais je sais que je les aimais c'est ce qui est étrange. J'ai toujours eu envie de savoir qui était responsable de leur mort et je peux comprendre ce qu'elle ressent, cette envie de vengeance que je lis dans ses yeux, c'est normal après une perte aussi terrible que celui d'un père. J'étais vraiment triste pour elle, elle ne méritait pas cela. Ses mots me touchèrent et je compris qu'on était vraiment des amis sincères. Je n'en avais jamais douté mais cette fois c'était très clair, nous tenions l'un à l'autre. Je souris à ces paroles qui me réconfortais. J'aurais aimer être là plus souvent, pour elle, pour la rassurer. Son sourire cachait à mes yeux bien des tourments qu'elle ne voulait avouer. Je la regardais une fois de plus dans les yeux lui montrant mon affection:

« Je suis touché de te faire cet effet, sincèrement Isolde je serais plus rassurée si je te savais réellement en sécurité. »

Elle avait beau me dire d'être prudent je la connaissais assez bien pour savoir qu'elle avait un tempérament de feu parfois et que lorsqu'il prenait le dessus tout devenait un peu compliqué. Je ne tenais pas à ce qu'elle prenne de risque. Je ne pouvais pas avoir les yeux sur elle comme j'aurais pu les avoir avant, non aujourd'hui j'étais très pris à la cours et mon absence ne pouvait pas trop se représenter. J'espérais vraiment qu'elle fasse attention à elle.

« Si tu as besoin de quoi que se soit, d'un garde du corps ou d'autre chose n'hésite pas à me le demander, je sais bien que tu sais te défendre mais s'il te plaît jure moi que tu ne fera rien d'irréfléchi.»

Je m'étais approché d'elle et j'avais pris sa main, espérant à qu'elle comprenne à quel point je tenais à elle. Je ne voulais pas la perdre. Je ne savais pas si c'était de l'amour mais de l'amitié oui ça l'était. Tout était encore trop flou dans mon esprit pour que je puisse dire que je l'aimais d'amour, mais je l'aimais d'amitié et je ne tenais pas à ce qu'elle se mette dans des situations dangereuses. Elle n'apprécierais pas peut-être pas que je la mette en garde mais pour le moment c'était tout ce que je pouvais faire.

Elle me demande gentiment de ne plus parler de cette histoire et j’acquiesçais comprenant que ça pouvait être pesant pour elle. Je n'aimais pas non plus parler de mes parents, de ma vie d'avant alors je savais à quel point on pouvait se sentir déboussolé par tout ça et qu'on ai pas forcément envie d'aborder le sujet. Je lui souris pour la rassurer un peu. La joie était peut-être le moyen pour elle de faire face à cette terrible perte et c'était une solution mais ça n'effacerait pas sa peine. Son sourire me laissa penser qu'elle avait quelque chose en tête et je ris lorsqu'elle me demanda si j'avais retenue la leçon en effet mais j'avais rarement eu à faire à des femmes au combat depuis son départ.

« Perspicace comme toujours ma chère. J'ai retenu la leçon mais je n'ai pas eu l'occasion de la tester sur quelqu'un d'autre. Les femmes sont très rare dans mon milieu et je doute en effet qu'un homme se risquerait à user de cette ruse.»

Les hommes en général rusaient autrement, eux ne voulaient souvent qu'une chose remporter la victoire mais je tentais de leur apprendre autre chose que la victoire, certes c'était important dans un sens mais la stratégie du combat l'était tout autant. Isolde l'avait comprit depuis longtemps j'en étais sûr, c'était un combattante surprenante et très douée. Je me demandais parfois ce qu'elle serait si elle avait été un homme.

Le regard d'Alister sur moi, me donnait l'étrange impression qu'il parvenait à me déchiffrer, chose que peu étaient capables de faire, car en effet, je pouvais être aussi indéchiffrable qu'un bloc de glasse. Mais là...là j'étais un livre ouvert, lui laissant le droit de lire mon âme, comme si cette dernière après un seul regard était totalement mise à nue. Oui...je me sentais faible. Revenue à l'époque où je n'avais pas encore enfilée ma carapace. Revenue à l'époque où j'étais encore une jeune fille emplit d'innocence. Revenue à l'époque qui me semblait des plus lointaines. Comme si elle n'avait existé que dans mes pensées. Comme si je n'avais jamais vraiment été une jeune innocente, préférant de loin les armes aux jolies robes. Oui...Elle n'avait pas vraiment existé cette époque et peu à peu, dans mon esprit, elle commençait à s'estomper. Il me dit alors qu'il était touché par mes paroles et qu'il me voulait en sécurité. « Tu me connais, moi et la sécurité cela ne fait pas bon ménage, mais ne t'en fais pas, je compte bien rester en vie. » Après lui avoir parlé de manière ironique concernant la prudence, que je n'avais guère, j'avais choisi de lui dire en quelque sorte la vérité. En effet, je n'étais guère prudente, ne remarquant le danger que lorsque j'étais en plein dedans. Pour cela, je ressemblais quelque peu à un homme, fonçant dans la masse et ne réfléchissant qu’après coup. Mais même si c’était le cas, une chose au fond de moi me soufflait que je parviendrais au bout de ma vengeance et que ce n’était pas cela qui allait m’achever ainsi que m’entraîner dans les cieux. Non, ce n’étais pas cela.

Soudainement, il s'approcha de moi, prenant délicatement ma main, ce qui eut pour effet de laisser un petit sourire au bord de mes lèvres. Même si j'avais le comportement et le caractère d'un garçon manqué, ce style de petites attentions avaient le don de m'emplir d'une certaine joie, car je gardais tout de même un côté féminin au fond de moi, qui là, sortit doucement, comme s'il avait peur de se faire entraîner à nouveau par mon côté masculin qui désirait en quelque sorte le taire à jamais. Au lieu de lui répondre, avec le même aplomb et la même force que d'habitude que je n'avais pas besoin d'aide, sachant très bien me débrouiller seule et protéger mon propre corps, je dis ces mots. « Je n'hésiterais pas et c'est sympathique à toi de me le proposer. » Un nouveau sourire étira mes traits, tandis que du bout de mes doigts je caressais la main qui tenait la mienne. Lorsque je replongeais mon regard dans le sien, j'avais la réponse à sa seconde phrase. « Pour ce qui est de l'irréfléchi, je ne peux rien te promettre, car il s'agit là de ma nature et si je venais à faire une telle promesse, il se pourrait que je vienne à la rompre, ce que je ne désire pour rien au monde. Alors, je vais simplement te dire, que j'essayerai de faire attention à moi et de réfléchir plus amplement. » Je l'appréciais grandement, voilà pourquoi je ne lui avais pas mentit, même si je savais que cela n'était pas la réponse qu'il attendait. Mais...je ne pouvais lui faire une telle promesse, car alors je me sentirais comme bloqué et je perdrais sans doute tous mes moyens. Voilà pourquoi j'avais décidé de lui dire que je ferais attention sans rien lui promettre, pour ne pas avoir à la briser, pour ne pas avoir à lui donner de faux espoirs quant à cette partie de mon caractère qui se serait tut.

Après lui avoir demandé de changer de sujet pour pouvoir être plus joyeuse lors de nos retrouvailles, je le questionnais quant au fait s'il avait retenu la leçon de notre dernière entrainement ou non. Ce qui le fit rire et moi, me remplit d'une délicate joie. Il faut dire qu'entendre rire était une chose qui me réchauffait considérablement le cœur et me faisait me sentir bien. « Quel dommage que tu n'es pas encore eu l'occasion de tester ma leçon, il faudra y remédier. » Je lui lançais alors un clin d’œil, signe que je voulais que l'on se refasse un jour, un autre entraînement pour que je puisse voir si en effet, il avait retenu la leçon. Et je dois avouer, pour pouvoir à nouveau goûter à ses lèvres, même si les armes et la tendresse n'étaient que très rarement compatibles. Lorsqu'il dit que les femmes étaient rare dans son milieu, cela me fit rire, car à dire vrais, j'en connaissais une qui se trouvait dans son milieu et qui était en quelque sorte le fruit de mon admiration, car elle, elle avait réussi à intégrer la garde royale, même si c'était en se faisant passer pour un homme. « C'est bien dommage, car même si les femmes n'ont pas la même force brute que les hommes, elles peuvent très bien manier les armes et cela pourrait ajouter une petite touche sympathique s'il y en avait parmi vos rangs. » Face à une autre personne que lui, je n’aurais pu tenir un tel discours, car cela sentait énormément le féminisme, ce qui était donc inconvenant. Mais étant donné que je me tenais devant Alister, je pouvais dire de pareilles choses.