Je suis sortie avec appréhension de mes appartements anglais pour la première fois. En effet, je m'étais finalement décidé à abandonner mes robes normales pour commencer à mettre des robes de grossesses. Certes, l'annonce de ma grossesse avait été fait il y a peu mais cela fait très étrange de me retrouver dans ce genre de tenue pour la première fois. Alors que je salue mes dames de compagnies d'un geste de la tête, celles-ci se mettent à s'extasier devant mon changement de tenue.
Voilà l'une des raisons pour lesquelles je ne voulais avouer mon état: supporter le babillage d'extase de mes demoiselles de compagnie est quelque chose qui m'insupporte lorsque cela me concerne!
J'interromps leur babillage concernant la beauté de ma robe verte en levant la main.
-Mes demoiselles, un peu de tenue, je vous prie! De plus, je me dois d'être présente à l'audience de Sa Majesté La Reine Mary.
Mes mots ont le don de leur faire reprendre une tenue plus digne de leur rang. Je prends alors la tête de mon groupe et bien que d'apparence tranquille, je me hâte autant que possible. Il serait, en effet,des plus impolis de ma part d'arriver en retard à l'audience de la Reine, quand bien même je suis enceinte! Par chance, je suis même largement en avance sur l'heure du début de l'audience et je peux être aisément bien placée.
Très droite, je fais une petite révérence lors de l'entrée de la Souveraine dans la pièce. N'étant pas l'une de ses sujets, le protocole concernant les entrées de la Souveraine est différent pour moi par rapport à celui de mes dames de compagnie. Après nous avoir autorisé à nous relever, la Reine commence à diffuser ses largesses envers les hommes qui sont su empêchés le complot de cet imprudent de Thomas Wyatt. Je prends soin de retenir les différents noms, ils pourront peut-être faire des alliées fort acceptables dans le futur.
Tandis que la Reine égrène différents noms, je me retiens de soupirer de soulagement. Cette séance aurait été des plus ardus à suivre si j'avais encore un corset pour me comprimer mon ventre! Inconsciemment, je pose une main sur mon ventre. Mon ventre qui abrite notre futur enfant, à Albert et moi, et qui va pouvoir désormais prendre entièrement ses aises puisqu'il n'est plus gênée par le corset que je portais quotidiennement.
Soudain, mon regard est attiré par un homme qui se tient non loin de la Reine. Il s'agit de Stephan Gardiner, le lord-chancelier de la Reine. Je n'ai guère eu l'occasion de le côtoyer depuis mon arrivée à la Cour mais je crois me souvenir que mon oncle le tient en haut estime au vu de ses qualités de diplomate. Lorsque nos regards se croisent, je lui adresse un discret signe de la tête pour le saluer.
Cependant, serait-ce déplacer de ma part si je me dirigeais vers lui? Cet homme doit surement avoir d'autres soucis que de discuter avec la nièce de l'archevêque-électeur de Trèves. Non que je lui reproche de se préoccuper des destinées de son pays!