Famille, Devoir, Honneur. Trois notions des plus nobles. Trois notions qui devraient guider de nombreuses personnes, mais qui, pourtant sont si souvent bafouées. Des idéaux qui pourtant éviteraient bien des maux, des fléaux, des guerres même. Et pourtant … L'Homme a toujours fait en sorte de ne pas s'occuper de cela. Mais … Toute l'humanité n'est pas perdue. Ça et là de part le monde, certaines personnes respectent ces valeurs premières, et essentielles. Chose remarquable, la plupart de ses personnes font parties des classes sociales les plus basses, souvent des personnes dont la société ne veut même pas entendre parler. Certains disent que, moins l'on possède, plus l'on est généreux, et, pour une bonne partie, cela est vrai, le reste regroupe plutôt des gens prêts à tout pour obtenir quelques piécettes pour se remplir la panse, quitte à piétiner les autres.
Pourquoi je vous parle de tout cela ? Hé bien … Car il me faut vous parler d'un homme. Un homme dont, sans doutes, certains d'entre vous auront déjà entendus parler : Lachlan d'Ayr. Un enfant des rues, abandonné dans sa prime jeunesse, où il a dû apprendre à se débrouiller et à survivre dans ce monde si froid. Oh certes, dans sa jeunesse, il n'avait rien d'un saint, il lui arrivait de se battre avec d'autres enfants pour avoir de quoi manger, mais … Là où l'on pouvait constater qu'il avait un grand cœur, c'est … Lorsqu'il prit sous son aile une jeune fille de quelques années sa cadette, une irlandaise, apeurée et affamée. Il la protégea et la nourrit, trouvant en elle la famille qu'il n'avait jamais eu, ainsi que le seul remède pour ne pas sombrer dans la folie. Mais … Passons. Cet homme, ce Lachlan, grâce au soutien de sa sœur finit par être adoubé et anobli par la reine d’Écossé, Marie de Guise elle même, faisant de lui capitaine de sa garde royale, avant de se hisser à la force de ses bras Champion d’Écosse. Son sens de l'honneur ne fut jamais remis en cause, veillant sur sa reine bien-aimée ainsi que ses proches, avec un zèle déconcertant et une grande efficacité.
Depuis leur arrivée à Londres, sa majesté lui avait demandé de veiller sur une nouvelle personne lorsqu'il le pouvait. Ayant une confiance absolue en lui, semblait-il, elle préférait le demander à cet homme qui, elle en était certaine, ne faillirait pas à son devoir. Cette personne était une lointaine parent, une charmante demoiselle nommée Eleanore Worth. Charmante demoiselle qui, autant le dire n'appréciait que peu être suivie, même de loin, par un garde qui ne se voulait pas particulièrement discret dans sa tâche. Sans doutes se rendrait-elle compte de l'utilité d'une telle garde le jour où quelque chose lui arriverait, chose qui, fort heureusement n'était encore jamais arrivé. D'autant plus que, la belle semblait quelques peu insouciante à se promener de temps en temps au milieu de la foule. Dieu seul sait ce qui pourrait lui arriver.
Mais certains se reposent sans doutes cette fameuse question du « Pourquoi est-ce qu'il nous emmerde avec tout ça ? » Hé bien, la réponse est très simple, il me faut vous parler d'une rencontre. Une rencontre tout à fait fortuite entre nos deux protagonistes cités auparavant.
Pour le plus grand plaisir de la lady, son « chien de garde » ne la suivait pas en ce jour. Non, par cette belle journée, il s'était décidé à faire un tour dans les charmantes rues bondées de Londres. Sa promenade n'avait nul autre but que de marcher pour faire passer le temps. Pour ne rien vous cacher, depuis son arrivée dans cette ville, le chevalier n'avait pas encore eu le temps de visiter les lieux. Pourquoi ne pas profiter de cette journée pour une telle activité ? C'est après s'être posé cette question que notre ami écossais s'était mis en route, toujours accompagné de sa fidèle claymore et d'un jeu de dagues de lancer, bien dissimulée sous son haut, après tout, il valait mieux être paré à toute éventualité.
La foule était présente en cette fin de matinée, les marchands portaient haut leur voix dans l'espoir d’attirer de potentiels clients. D'autres, quant à eux faisaient démonstration de leur produits sur des estrades, tandis que d'autres, dans un registre un peu plus culinaire, profitaient de l'odeur de leur mets pour attirer. C'est vers ceux-ci d'ailleurs que le comte d''Ayrshire se dirigea en premier. En premier lieu, son ventre commençait à gargouiller, et, ces odeurs lui donnaient envie de goûter, au moins par gourmandise. Après tout, il s'était privé de tout durant de si longues années, maintenant qu'il avait de l'argent, pourquoi se priver de goûter ? Ainsi donc, notre ami ne se priva de s'arrêter à de nombreux comptoir, afin de déguster ces nombreuses spécialités qui lui étaient toute inconnues, dédommageant grassement chaque bouchées, sous le regard ébahi de chaque marchand.
Le chemin du chevalier finit par le mener à la grand-place, ou la foule semblait s'être agglutinée si bien que, une bonne partie de la ville semblait présente ce jour-là. Là, Lachlan découvrit de nouvelles échoppes, des bijoux fantaisies, des bibelots, des armes de seconde main, ainsi que, les commerces de certains tailleurs, qui proposaient un peu de tout. Allant du simple habit de fermier jusqu'aux robes travaillées, achetées sans doutes uniquement par des bourgeois. C'est à ce moment-là qu'il pensa à sa sœur, sa très chère sœur restée au pays à s'occuper de leur terres et de leur gens. Celle-ci avait toujours été la plus maligne des deux et semblait apprendre très vite les ficelles de la gestion, contrairement à son frère qui lui, n'était doué que pour la chose martiale. Oui, sa sœur lui manquait, terriblement. Ainsi, l'idée de lui offrir un présent se mit à germer dans son esprit. Mais … Que lui acheter ? Il n'en savait rien. Oh, il lui avait déjà offert de nombreuses choses, toujours de façon maladroite, mais, Rowena en était toujours heureuse. Non pas que les présents eux-mêmes lui plaisaient, mais, que son frère tant aimé se donne du mal pour cela. Mais … Tout cela avait changé. Désormais, il avait les moyens de lui offrir de belles choses. Il devait se creuser la tête, et trouver quoi offrir.
Alors qu'il quitta un stand, le jeune homme ne regardait pas où il allait et heurta quelqu'un, et, dans un réflexe rattrapa cette personne afin de lui éviter une chute. Une douce voix s'éleva alors pour demander pardon, prétextant le manque d'attention. L'écossais sourit grandement. Celle qu'il venait de percuter, vous l'aurez compris n'était autre que lady Eleanore. Ainsi, sur le ton de la plaisanterie, le chevalier tenta une réponse.
« Une si belle femme qui me tombe dans les bras et qui s'excuse ? Vous êtes toute pardonnée ma très chère. »
Il rit un bref instant avant de reprendre un peu plus sérieusement.
« Il me semble que nous soyons tout autant fautif l'un que l'autre. Je crains de ne pas avoir fait suffisament attention moi aussi, veuillez me pardonner. »
Remarquant qu'il la retenait encore, le chevalier la relâcha avec douceur, soufflant de nouvelles excuses, avant de se préoccuper de son état.
« J'espère que vous ne vous êtes pas fait mal ? Je … N'avez-vous rien perdu dans ce choc ? Il serait idiot de perdre l'un de vos achats ici, le retrouver risque d'être compliqué. »
A nouveau, le jeune homme se faisait souriant. Se tentant chaleureux et doux dans ce dernier. Il savait très bien que la lady ne le portait pas vraiment dans son cœur depuis qu'on lui avait demandé de la surveiller. Peut-être était-ce une bonne occasion pour changer la donne ? Du moins s'il ne se ratait pas, sous peine de quoi, la situation pourrait empirer. Mais, alors qu'il pensait à cela, une idée se mit à germer dans son esprit. Une idée qui, à première vue lui semblait étrange mais … Qui, pourtant lui semblait impossible à éluder. Oui … Pour le présent de sa sœur il aurait besoin d'aide. Seul, il ne trouverait pas une bonne chose. Ainsi … Pourquoi pas elle ? Cela serait une bonne occasion de montrer qu'il n'était pas un idiot, ou un homme mauvais. Ou du moins … De tenter de démontrer tout cela.
Alors, après un léger soupir et un bouc longuement gratté, le soldat se lança.
« Je m'excuse d'être si direct mylady, mais … J'aurais une faveur à vous demander. Voyez-vous, j'ai une sœur dont le moindre de ses sourires me tient particulièrement à cœur. Je … De passage sur ce marché, l'idée m'est venu de lui offrir un présent, malheureusement … Je crains fort de ne pas être … Particulièrement doué pour ce genre de tâche. Serait-ce … Abuser de votre temps et de votre bonté, que de demander votre aide pour ... Cette quête? »
Lachaln tenta un sourire teinté tant de gêne qu'il ne savait plus vraiment où se mettre.
« Je … Il me semble que, jusqu'à présent, nous ne nous étions adressés que peu la parole. Ainsi, je me doute bien que, se faire suivre par un inconnu ne doit pas être des plus agréables, mais … Peut-être avec ceci pourrions nous apprendre d'avantage sur l'autre ? Peut-être qu'après cela ma présence ne vous sera plus aussi … Dérangeante ? »