Anne vivait chez sa sœur Catherine et elle appréciait être dans la capitale Londonienne afin de rendre visite à sa cousine Elizabeth qu'elle n'avait plus vu depuis des années. Elles avaient pourtant correspondu tout le temps de leur séparation par des lettres mais sans se rencontrer. L'attente avait été si longue que désormais, passer une semaine sans se voir devenait insupportable.
La jeune femme appréciait ces moments de liberté où elle se trouvait seule dans la capitale n'ayant pas à s'occuper de ses neveux et nièces qu'elle adorait plus tout, sans sa sœur, son père ou encore son frère. Elle n'avait plus personne pour lui dicter sa conduite ou venir la reprendre sur son attitude. Cela faisait quelques temps que Catherine lui faisait remarquer qu'Anne était bien trop naïve. Elle trouvait que désormais il était temps pour la jeune femme de sortir de l'enfance et du monde merveilleux qu'elle s'était crée avec les livres. Cela ne gênait pas la brune que sa demi-sœur se nourrisse de littérature, même fantastique, mais elle abhorrait qu'Anne imprime les aventures de ses romans sur sa vie réelle. Toutefois, Catherine était moins forte dans ses propos qu'Henry. Elle se montrait plus comme une douce conseillère, plutôt discrète qui tentait de faire comprendre son point de vue avec finesse à sa sœur. Cependant, Anne faisait la sourde oreille. Quant à son frère, il s'emportait parfois contre elle et sa grande naïveté. La jeune femme savait bien qu'il disait cela parce qu'il l'aimait et qu'il ne voulait que son bien mais cela prêtait toujours à de violentes disputes. Elle n'appréciait guère que sa famille ne veuille pas qu'elle vive sa vie comme elle l'entendait et avec la vision qui lui saillait. Elle les trouvait bien trop pessimistes, terre-à-terre et si désenchantés. Contrairement à Catherine ou Henry, elle n'aurait jamais accepté se marier sans aimer son époux. Elle croyait au mariage d'amour et à l'âme sœur. Elle pensait que le destin et Dieu étaient là pour faire se rencontrer les personnes qui devaient se compléter. Elle y croyait dur comme fer, prenant pour exemple ses parents, et que si certains n'avaient pas cette chance, c'est qu'ils tournaient d'eux-mêmes le dos à cet amour.
Elle voulait de la pureté, de vérité, de la passion et de la tendresse dans son amour. Elle ne rêvait que de l'amour véritable et du prince charmant. Elle savait que le jour où elle le verrait, ils se reconnaîtraient l'un et l'autre car ils étaient des élus de Dieu pour s'aimer pour l'éternité.
Anne était toujours d'une humeur égale, joyeuse car elle savait que chaque jour la rapprochait un peu plus de son âme-sœur. Elle ne désespérait jamais et c'était cette croyance naïve qui mettait à mal la patience de son frère. Quant à son père, il ne semblait pas remarquer l'attitude de sa fille. Il la voyait heureuse et c'était certainement ce qui lui importait le plus. Elle aurait tant voulu que Catherine et Henry aient le même comportement vis-à-vis d'elle. Cela n'était pas bien compliqué d'être tout simplement heureux pour elle. Tout le monde aimait ce qu'elle était, pourquoi pas eux ?
Mais aujourd'hui, elle n'avait pas à se tourmenter avec de pareilles questions. Elle était libre à Londres et elle comptait bien en profiter. Au matin, elle décida de sortir pour aller au marché. Elle avait revêtu une délicate toilette de pourpre et de violet. Elle avait relevé ses cheveux en un chignon bien coiffé puis avait enfilé ses gants avant de quitter la maison de sa sœur.
Elle se faufilait entre les échoppes, se faisant parfois happer par les commerçants qui cherchaient à vanter les mérites de leur produits. Elle déclinait l'offre avec un sourire gracieux, puis reprenait sa quête à travers les étales. Elle cherchait des cadeaux à ramener à ses petits neveux et nièces. Certainement offrirait-elle des poupées aux petites filles et des petits soldats de plomb à son neveu. Une poupée attira son attention mais alors qu'elle se penchait pour observer la jolie princesse de porcelaine miniature, elle sentit tout à coup un léger frôlement sur sa robe. Elle se retourna immédiatement et avisa un jeune garçon partir en courant à travers la foule, une bourse à la main. Il ne fallut que peu de temps à Anne pour réaliser qu'il s'agissait de son bien.
"Eh toi ! Reviens !" s'écria-t-elle soudain en partant à la poursuite de l'enfant.
Dernière édition par Anne Stafford le Lun 7 Oct - 22:24, édité 3 fois
Ce matin là, comme à son habitude, Mary-Ann avait décidé d'aller faire un tour au marché. Il était rare qu'elle rate l'un de ses marchés préféré. La maquerelle était d'ailleurs l'une des figures principales du peuple londonien. Tout le monde la connaissait, et elle connaissait tout le monde. Elle se promenait souvent dans Londres, ville qu'elle n'avait pas quitté depuis l'âge de seize ans et qu'elle connaissait donc comme sa poche. Il y avait pourtant de nombreux endroits dans lesquels elle évitait volontairement de se rendre depuis des années car ils lui rappelaient trop de souvenirs. Celui où elle vivaient autrefois avec Charles, par exemple, elle l'évitait le plus possible. Là-bas les gens savaient trop de choses sur elle et ne pouvaient s'empêcher de la critiquer. Elle sentait le regard que portaient sur elle certaines personnes qu'elle avait connue autrefois, lorsqu'elle était mariée avec Charles. Ils la jugeaient durement et elles pouvaient lire dans leurs yeux ce qu'ils murmuraient à son sujet lorsqu'elle n'était pas là. Une honte. Elle faisait honte à son défunt mari. Elle profitait de sa mort pour vivre une vie de débauche. Voilà ce qu'ils disaient. Oh bien sur, ils ne diraient rien devant elle. Elle était trop respectée à travers la ville pour cela. Mais elle savait qu'ils pensaient cela, et au fond, même si elle n'en montrait rien, cela la blessait. Comme toute personne excentrique, Mary-Ann était une personne controversée. Soit sa personnalité amusait les gens, qui l'appréciaient donc, soit cela ne les amusait pas du tout et il ne pouvait la supporter. Qu'on l'aime, qu'on ne l'aime pas, soit. Elle n'avait que faire du regard des autres. Mais qu'on la juge comme étant une honte pour son mari, que l'on dise qu'elle avait du se réjouir de sa mort, ce genre de choses là, lui faisaient mal, même si elle n'en montrait rien. Quand il arrivait qu'elle croise quelqu'un qui avait connaissance de son passé d'épouse respectable, elle gardait la tête haute et ne laissait rien passer. Il arrivait même qu'elle leur sourit, comme pour prouver qu'elle n'en avait rien à faire de ce qu'ils pouvaient penser, et que cela l'amusait. Ce n'était pas le cas, pourtant. Elle évitait aussi les lieux qui ramenait trop de mauvais souvenirs à la surface, comme le lieu d'exécution de son fils aîné, qu'elle n'approchait jamais de trop et qu'elle fuyait comme la peste. Mary-Ann avait ainsi beaucoup de souvenirs, beaucoup de vécu à Londres, et malgré toutes les mauvaises choses qu'il aie pu s'y passer, elle avait l'impression qu'en quelques sortes, elle y avait sa place. Au milieu de tout ces commerçants et artisans, au milieu des pauvres et des bourgeois, au milieu de ce peuple dont elle faisait partie. Elle ne regrettait pas son titre de noblesse d'autrefois. Qu'aurait-elle fait enfermée dans les murs froids d'une demeure de pierre alors qu'elle pouvait être ici, libre ? Bien sur elle avait déjà rêvé de partir loin. Là où personne ne la saurait qui elle est et où elle pourrait pleinement se faire passer pour quelqu'un d'autre, sans aucun faille. En Espagne par exemple, où la météo était si favorable, mais les Espagnols ne parlaient pas l'Anglais et elle ne saurait donc se faire comprendre...Plus loin en Angleterre alors. Dans une ville ou un village où elle ne connaissait personne. Mais cela ne restait qu'un songe, car elle ne ferait jamais une telle chose. Elle ne fuirait pas Londres car Londres la retenait malgré tout. Elle avait sa maison et ses filles au cœur de cette ville, et elle ne vivait plus que pour ça. Tant pis si parfois Londres lui faisait du mal. Elle avait vécu de bonnes et de mauvaises choses, mais elle avait vécu à Londres. Et puis, il ne fallait pas être pessimiste. La plupart des gens du peuple londonien l'appréciaient. Malgré tout ce qu'elle avait vécu, elle amenait la bonne humeur où elle allait, elle était souriante, toujours à ironiser et à rigoler, ce qui semblait séduire les commerçants et les gens qu'elle croisait au marché.
Mary-Ann arpentait les rues, saluant les vendeurs, entamant parfois une discussion avec eux à laquelle elle finissait par mettre un terme en souriant et en disant qu'à parler autant elle finirait par ne pas rentrer à l'heure pour dîner avec ses filles ou qu'elle avait encore d'autres choses à acheter et que le temps passait trop vite. Elle marchait tranquillement quand les passants devant elle, au loin commencèrent à s'écarter devant la course effrénée d'un petit garçon que Mary-Ann reconnut immédiatement. Un petit gars pas bien méchant mais tenté d'avoir ce qu'on lui refusait. Mary-Ann lui avait déjà trouvé quelques petits trucs à faire, des tâches pas bien importantes qu'elle aurait très bien pu réaliser elle-même mais qu'elle lui avait confiée davantage pour pouvoir lui donner de l'argent en échange que dans un autre but. La maquerelle attendit le bon moment pour l'attraper par le bras alors qu'il passait près d'elle. Elle préférait le rattraper elle-même que de laisser quelqu'un d'autre s'en charger. Au milieu d'un si grand marché, à l'heure où il y avait le plus de gens, il avait peu de chances de s'en sortir facilement. Le petit garçon ne s'attendait pas à ce que Mary-Ann l'arrête et ne s'était donc pas méfié en passant à côté d'elle. Il lui adressa un regard surpris. « Depuis quand le fait qu'il vole parfois dérangeait Mary-Ann ? » se demandait – il surement. La maquerelle lui pris la bourse des mains, s'abaissant à son niveau.
- Tu as vu tout le monde qu'il y a ? lui murmura-t-elle. Tu veux qu'on t'attrape et qu'on t'enferme à la Tour, ma parole ! , exagéra-t-elle pour lui faire peur et pour qu'il ne recommence pas de si tôt. Le petit secoua la tête pour dire non. - Bien, voilà qui est rassurant, dit Mary-Ann alors qu'elle se relevait un peu, avant de tourner les yeux vers la jeune femme blonde qui paraissait être la propriétaire du bien volé et qui arrivait vers eux.
Mary-Ann se dirigea vers elle et lui présenta la bourse. - C'est à vous qu'il a pris ça j'imagine ? Il faut l'excuser, il n'est pas bien méchant, juste un peu trop gourmand et jaloux des enfants qui ont plus que lui, dit-elle en le regardant. Elle lui lâcha le bras pour lui ébouriffer gentiment les cheveux, mais à peine l'avait-elle lâché qu'il en profita pour s'enfuir à nouveau.
- Attend !, cria-t-elle. En vain, il bousculait déjà les gens pour se faire un passage, et bientôt, il fut trop loin pour l'entendre.
▲
❝ Invité ❞
Invité
Sujet: Re: Course poursuite impromptue~ Mary-Ann Paton Ven 3 Mai - 19:50
Anne s'était lancée à la poursuite du jeune homme sans grand espoir de réussite. Le petit garçon possédait des jambes jeunes et rapides, tandis que son corps frêle et agile se faufilait aisément à travers la foule compacte du marché. Même si elle était encore dans sa prime jeunesse, elle ne peinait à le rattraper. Oh mais si elle y était parvenue elle ne l'aurait houspillé, loin de là. Elle connaissait à travers ses nombreuses lectures les difficultés que pouvaient rencontrer les enfants de la rue. Elle pouvait comprendre qu'ils en viennent à ce genre d'acte. Toutefois, elle espérait tout de même retrouver son dû. Pas que l'argent lui manquerait grandement après, mais elle ne voulait pas donner à son frère Henry ou encore à sa sœur Catherine une raison de plus de l'accuser de naïveté ou d'inconséquence. Elle ne voulait plus qu'ils la prennent comme une petite fille qui devait sans cesse avoir besoin de protection parce qu'elle ne pouvait s'occuper elle-même d'elle. Elle pouvait très bien s'occuper d'elle toute seule. Malheureusement, si sa famille devait la voir en train de courir après un enfant pour récupérer son bien dérobé, ils douteraient nettement de sa capacité à se prendre en charge.
Anne pensait à toutes ces fois où elle s'était disputée avec Henry car il la trouvait trop naïve, de la manière dont il la traitait comme une petite fille. Cela avait le don de la plonger dans une colère noire. Qui était-il pour juger ? Elle serait peut-être bientôt la nouvelle dame de compagnie d'Elizabeth Tudor. Il lui devrait plus de respect que ça. Puis elle s'était rendue plusieurs fois à Londres et elle n'avait eu à souffrir aucun impair. Du moins, jusqu'à maintenant...
Anne fendait difficilement la foule, s'excusant auprès des personnes qu'elle bousculait sur son passage. Elle allait perdre de vu l'enfant, quand tout à coup, elle avisa une femme attraper le jeune voleur par le bras pour le stopper. Le garçon en fut si surpris, qu'Anne se demanda s'il ne la connaissait pas. Manifestement, il ne s'attendait pas à une telle réaction. La blonde freina sa course, désormais rassurée par la perspective de retrouver son bien. Elle vit sa sauveuse prendre la bourse des mains de l'enfant et se pencher à sa hauteur pour lui glisser quelques paroles qu'Anne ne parvint à saisir à cause de la distance qui les séparaient. Mais ses mots semblaient atteindre le jeune homme secouait docilement la tête, quelque peu apeuré.
Enfin, Anne arriva à leur niveau. La jeune femme s'avança jusqu'à elle et lui restitua l'objet dérobé tout en excusant l'enfant. A ce moment-là, elle lui lâcha le bras et il en profita pour fuir immédiatement malgré les exclamations de la jeune femme brune. La blonde posa sa main sur son bras de manière amicale.
"Ne vous inquiétez pas pour cela. Je ne lui en tiens pas rigueur. Je peux comprendre qu'une bourse remplie est tentante. Je ne suis pas la première et je ne serai pas la dernière."
Anne laissa échapper un petit rire charmant pour achever de convaincre la femme. Maintenant qu'elle se trouvait devant elle, elle pouvait la détailler plus finement et attester de sa grande beauté. Elle dégageait à la fois autorité et chaleur, grâce et volonté.
"Quelle chance que vous vous soyez trouvée sur mon chemin aujourd'hui. Dieu nous offre ses biens-faits tous les jours ! Je ne saurai vous remercier pour ce que vous avez fait pour moi miss."
Puis soudain elle repensa à cet enfant qui avait fui aussi précipitamment. Avait-il eu peur d'être gravement réprimandé ou amener devant les forces de l'ordre ? Sous ce règne tyrannique peut-être n'était-ce pas si étonnant qu'il ait eu une telle réaction. Ce garçon avait dû être effrayé certainement.
"J'espère que vous ne l'avez pas trop houspillé. Ce n'est pas une chose que je cherchais pour ce jeune garçon."
Dernière édition par Anne Stafford le Mer 28 Aoû - 2:00, édité 1 fois
▲
❝ Invité ❞
Invité
Sujet: Re: Course poursuite impromptue~ Mary-Ann Paton Mer 15 Mai - 16:40
Quand la jeune femme que le gamin avait volée fut assez proche, Mary-Ann put remarquer qu'elle était très belle, et encore fort jeune. Aux yeux de la maquerelle, elle ne paraissait pas avoir plus de quinze ans. Son regard était celui de l'innocence, d'une jeune fille qui n'a pas encore beaucoup de vécu, qui ne connait pas les réels problèmes de la vie, d'une jeune fille dont les rêves utopiques n'ont pas encore été brisé. Une fois que Mary-Ann lui eut restitué son bien, lui demandant d'excuser le petit, elle lui répondit gentiment qu'elle ne lui en tenait pas rigueur et qu'elle pouvait comprendre qu'il aie été tenté. Elle semblait être une jeune fille fort aimable, douce et bien-élevée. Mary-Ann lui adressa un sourire en retour, appréciant l'idée qu'elle n'en veuille pas au gamin. Certaines personnes auraient bien pu réagir en l'insultant de tout les noms et sans réfléchir au raison qu'il avait pu le pousser à agir ainsi. Car après tout chacun avait ces problèmes, et une très grande partie du peuple londonien n'était pas assez riche que pour se laisser voler le peu d'argent qu'il gagnait difficilement.
- Quelle chance que vous vous soyez trouvée sur mon chemin aujourd'hui. Dieu nous offre ses biens-faits tous les jours ! Je ne saurai vous remercier pour ce que vous avez fait pour moi miss.
Mary-Ann fut étonnée de l'entendre l'appeler « miss » plutôt que madame. Elle pouvait prendre cela comme un compliment, sans doute. Il est vrai qu'en général les gens lui donnaient moins que son âge. Mais le temps avait malgré tout laissé des traces de son passage, et la propriétaire du RedLantern ne paraissait tout de même pas vingt ans. La jeune fille avait peut-être pris la précaution de l'appeler ainsi au cas où elle n'aurait toujours pas été mariée, ce qui restait néanmoins très rare à l'époque.
- Madame, corrigea-t-elle, avec le sourire, le regard bienveillant. Et je vous en prie, vous n'avez pas à me remercier, je n'ai fait que ce que j'avais à faire. ajouta-t-elle.
- J'espère que vous ne l'avez pas trop houspillé. Ce n'est pas une chose que je cherchais pour ce jeune garçon, lui dit la jeune fille.
Elle devait être quelqu'un d'une grande bonté pour s'inquiéter ainsi du sort d'un jeune garçon qui l'avait volée. Mary-Ann trouvait cela admirable.
- Soyez en rassurée, je ne suis pas de ce genre là, répondit-elle. J'essaie simplement de lui apprendre à gagner de l'argent honorablement, comme tout le monde. Voyez vous, j'ai la chance d'être propriétaire d'un établissement dont les affaires se portent assez bien, il m'arrive donc de lui demander de me rendre l'un ou l'autre service, à sa portée, contre rémunération..., expliqua-t-elle aimablement.
Mary-Ann n'était en vérité aucunement dérangée par le fait que ce jeune garçon qu'elle connaissait bien commette de temps en temps des vols sur l'un ou l'autre passant. Mais s'il le faisait, il fallait qu'il apprenne à le faire discrètement, sans se faire remarquer. Il était tombé aujourd'hui sur quelqu'un de tolérant qui ne lui en aurait pas voulu. Mais ça aurait très bien pu ne pas être le cas. Il aurait pu être intercepté par un homme rancunier et insensible qui lui aurait fait payer le prix de sa faute. Mary-Ann n'en dit rien, car elle savait cacher ce qu'elle pensait. Parfois, le mensonge s'imposait. Quand c'était le cas, elle se soumettait à cet art avec grand talent. Car il fallait bien l'avouer, vu sa position secrète d'informatrice au service de la reine Mary, Mary-Ann avait bien souvent besoin de recourir à ses talents de comédienne. Ne serait que pour flatter les clients importants qui passait le seuil de son établissement. Et de toute évidence, elle jouait bien le jeu. Puisqu'en six ans, jamais personne ne l'avait soupçonné d'être mêlée à quoi que ce soit...
[ Désolé ce n'est pas super , je voulais te répondre avant d'être absente et j'ai essayé de faire au mieux, mais l'inspiration n'était pas avec moi malheureusement ]
▲
❝ Invité ❞
Invité
Sujet: Re: Course poursuite impromptue~ Mary-Ann Paton Dim 19 Mai - 17:57
Le sourire de sa sauveuse acheva de lui faire penser qu'elle était réellement une femme bien. Dans ses rêves, Anne avait toujours imaginé que si une telle situation venait à subvenir comme aujourd'hui, ce serait un charmant jeune homme qui l'aiderait à récupérer son bien. Toutefois, aujourd'hui le Seigneur en avait décidé autrement et c'était une femme qui s'était occupée de lui venir en aide. Mais Anne n'était pas suffisamment ingrate pour en être déçue. Elle était trop heureuse d'avoir récupéré sa bourse pour pouvoir ramener des cadeaux qui feraient le bonheur de ses neveux et nièces, tout en empêchant son frère de l'houspiller pour ne pas avoir fait suffisamment attention. Evidemment, elle se garderait bien de raconter cet épisode à son frère qui ne raterait pas une occasion de lui faire remarquer qu'elle était bien trop immature. Elle ne lui chercherait pas querelle, d'ailleurs, elle détestait s'énerver et elle tentait toujours de s'épargner des emportements.
La femme en face d'elle corrigea Anne qui l'avait appelée "miss". Elle était manifestement une dame mais Anne préférait donner l'impression de complimenter les gens en leur donnant moins que leur âge plutôt que d'être plongée dans l'embarras dans le cas contraire. Toutefois, dans la bouche de la blondinette, ces paroles étaient toujours sans aucune hypocrisie. Elle ne voulait seulement vexer personne pas ses mots. En tout cas était-elle une femme d'honneur car elle était bien la seule qui s'était interposée pour venir en aide à la jeune femme. Beaucoup ne semblaient même pas avoir remarqué la scène tant ils étaient à leur affaire. Puis la femme rassura les inquiétudes d'Anne. Le garçon n'avait pas trop été réprimandé et même, elle affirmait qu'elle l'aidait à gagner de l'argent honnêtement. Cela confirma alors son hypothèse que l'enfant la connaissait. Visiblement, elle offrait des petites missions qu'elle rémunérait.
"C'est une entreprise admirable que vous faîtes là madame. Il est si bon de votre part de lui venir en aide !" s'exclama Anne, admirative.
Cela la confortait dans son idée que tout le monde n'était pas mauvais comme sa famille pouvait parfois le laisser entendre. Tous les gens n'étaient pas à craindre et il ne fallait pas s'en méfier constamment. Et aujourd'hui en était une preuve, malheureusement elle ne pourrait jamais exposer sa théorie au risque de devoir dévoiler un fâcheux événement qui mettait en scène la perte de sa bourse, même si ce fut pour un court instant. La femme lui inspirait une grande sympathie et dès que la jeune fille était en confiance, elle appréciait converser un peu avec les gens.
"En tout cas je suis bien contente d'avoir pu récupérer ma bourse, sinon c'est moi qui aurait été réprimandée et je n'aurai pu faire les présents que je désirais à mes neveux et nièces, fit Anne le sourire aux lèvres avant d'ajouter avec confusion. Oh je suis si mal-polie ! Je ne me suis pas présentée ! Je m'appelle Anne Stafford."
[Mais non, ne t'inquiète pas. C'est parfait ]
Dernière édition par Anne Stafford le Mer 28 Aoû - 2:01, édité 1 fois
La jeune fille sembla être admirative à la réponse de la maquerelle.
- C'est une entreprise admirable que vous faîtes là madame. Il est si bon de votre part de lui venir en aide !, s'exclama-t-elle.
Elle ignorait qu'en vérité, Mary-Ann, qui était une bonne comédienne, n'avait aucun problème à vivre dans un monde où les uns volaient les autres. Elle n'était pas une éprise de justice. Ou plutôt, elle n'avait pas le même sens du mot justice, que ces honorables gens que l'on qualifiait d'épris de justice. Elle avait déjà rencontré des brigands, des voleurs, et même des assassins, plus respectables que certains autres nobles, hypocrites, qui se faisait passer pour des saints, mais qui en vérité, étaient de biens pires salauds que l'on pouvait en trouver parmi le peuple londonien. Et Anne Stafford devait surtout cette intervention charitable au fait que Mary-Ann connaissait le jeune voleur, et que c'était à lui, qu'elle avait essayé de venir en aide, pour son bien, pour qu'il ne commette plus d'erreurs de ce genre à l'avenir.
- Ca me fait plaisir de le faire, répondit Mary-Ann, adressant un léger sourire à la jeune fille. Et cela était vrai. Elle aimait les enfants, et aimait leur venir en aide lorsqu'elle le pouvait. La vie était parfois bien injuste avec certains enfants du peuples londoniens, et Mary-Ann ne passait pas devant un gamin dans le besoin sans ressentir l'envie pressante de faire quelque chose. Elle avait déjà aidé bien des gens à Londres, comme par exemple la jeune Constance Benett recueillie un soir glacial d'hiver, et elle l'avait fait tout naturellement, parce qu'elle le voulait, parce qu'elle était comme ça, parce que c'était dans sa nature.
-En tout cas je suis bien contente d'avoir pu récupérer ma bourse, sinon c'est moi qui aurait été réprimandée et je n'aurai pu faire les présents que je désirais à mes neveux et nièces, répondit la jolie blonde. Oh je suis si mal-polie ! Je ne me suis pas présentée ! Je m'appelle Anne Stafford., ajouta-t-elle.
Mary-Ann ne regrettait pas d'être venue en aide à cette jeune fille, même si ça n'avait pas été son attention première. Elle était très gentille, reconnaissante, aimable et n'était pas le genre de personne qui mérite de se faire voler, selon l'idée qu'elle avait pu se faire d'elle. Elle avait donc bien agit aujourd'hui. Elle avait combiné deux bonnes actions en un seul acte.
- Enchantée !, lui répondit-elle avec le sourire. Mary-Ann Paton, se présenta-t-elle à son tour. Mais vous pouvez simplement m'appeler Mary-Ann, je ne suis pas très à cheval sur les convenances, termina la maquerelle en souriant aimablement à la dénommée Anne Stafford. Il était fort possible que la jeune fille ignore l'identité de Mary-Ann, la réputation qui précédait son nom, ce nom qui rappelait automatiquement le RedLantern, la luxueuse maison de plaisir. Cela ne serait pas trop surprenant. Le RedLantern était célèbre au milieu des hommes, mais il était tout à fait compréhensible qu'une jeune fille ignore tout de l'existence de ce lieu. Mary-Ann n'avait cependant absolument pas honte de son métier et de son établissement, dont elle était au contraire fière, et ne cacherait pas à la jeune fille que c'était d'une maison de plaisir qu'elle était propriétaire, si celle ci lui venait à lui poser la question.
- J'ai eu connaissance d'un Joachim Stafford autrefois, un fils de tailleur. Êtes vous parente avec lui ? Sœur, cousine ou épouse peut-être ?, demanda ensuite Mary-Ann, affichant un sourire aimable. Mary-Ann imaginait mal son interlocutrice être une femme mariée. Elle paraissait trop jeune...Elle-même s'était mariée jeune, c'est vrai, à seize ans, mais elle ne dégageait pas la même aura à cette âge. Sur le visage d'Anne, la maquerelle pouvait sans problème lire l'innocence et la naïveté. La jeune fille, à qui Mary-Ann n'attribuait pas plus de quinze printemps, ressemblait plus à une adolescente qu'à une femme... Soit, elle serait en tout cas étonnée si la jolie blonde lui annonçait le contraire. Quand à la question qu'elle lui avait posée...Elle avait bien connu un dénommé Joachim Stafford autrefois, mais sans être très proche de lui. Si elle avait été posée cette question c'était uniquement histoire de se montrer courtoise et d'entamer une conversation avec cette sympathique Anne Stafford. Elle s'attendait bien à une réponse négative, n'ayant plus entendu parler de Joachim Stafford depuis un moment. Mais au moins, la conversation était lancée.
Qui aurait pu se douter que sous ce visage franc et souriant se cachait une maquerelle aux mœurs peu communes ? Certainement pas Anne. Cette dernière pouvait certes parfois faire preuve d'une grande empathie et sa sensibilité était très prononcée, mais sa naïveté était sans limite. Elle pouvait croire à n'importe quoi et elle abaissait sa garde devant n'importe quel sourire. Toutefois, si aujourd'hui sa nature crédule ne lui avait pas joué de trop vilains tours, l'avenir ne pourrait être aussi clément avec elle. Il y aurait bien un moment où elle payerait de cet esprit candide. Mais pour l'heure, elle n'avait pas beaucoup à craindre de cette dame, et certainement pas d'une femme qui s'était interposée pour lui restituer sa bourse. Anne la jugeait honnête et franche. A ses yeux, elle avait fait une rencontre merveilleuse.
Soudain, Anne se rendit compte qu'elle ne s'était pas présentée. Avec toute cette agitation, elle n'y avait même pas songé. Avec quelques embarras, elle s'empressa de corriger sa faute. Heureusement, la femme ne sembla pas en prendre ombrage. Bien au contraire. Elle se présenta comme étant Mary-Ann Paton et appuya le fait que les convenances ne lui tenaient pas vraiment à cœur. Le petite blonde en fait plutôt soulagée. Elle avait toujours peur de faire un faux pas, et elle s'angoissait déjà de la cour si jamais la reine acceptait qu'Anne devienne la dame de compagnie d'Elizabeth. Au moins, avec Mary-Ann, elle ne craignait pas de dire quelque chose de mal. Ou du moins y avait-il moins de risque. En tout cas, elle pouvait dire qu'elle ne connaissait absolument pas la jeune femme. Ce nom ne lui disait rien mais cela était bien normal. Elle ne pouvait espérer connaître tout Londres, même si elle y vivait depuis un certain temps. La capitale était un monde presque nouveau pour elle, qu'il lui faudrait apprendre à connaître pour en déceler tous les rouages. Il était déjà son lieux de jeu favoris et elle découvrait de nouvelles choses exaltantes tous les jours. Elle ne pouvait contenir son émerveillement face à la beauté de cette ville, le phare de la grande Angleterre.
Mary-Ann interrogea Anne par la suite et s'intrigua de savoir si elle avait un quelqu'un lien de famille avec un dénommé Joachim Stafford. Anne eut beau cherché, elle dut avouer à regret qu'elle ne connaissait personne de ce nom.
"Oh non non, je ne suis pas encore mariée, rit la blonde en passant à cette possibilité, bien qu'elle soit désormais en âge de se marier. Il est vrai que je serai en âge de prendre époux, mais mon père m'a laissé la liberté de choisir l'élu de mon cœur."
La jeune fille accompagna ses paroles d'un grand sourire avant de se reprendre. Elle s'éloignait du sujet une fois de plus. Son frère avait peut-être finalement raison. Elle était bien trop lunatique.
" Je m'excuse, mon babillage ne répond pas vraiment à votre question. Je ne prétends pas connaître toutes les branches de ma famille, mais je crois bien que ce fils de tailleur dont vous me parler n'en fait pas parti. Si cela peut vous éclairer en revanche, ma cousine est la princesse Elizabeth Tudor puisque ma mère était la sœur de feu la reine Anne Tudor."
Et voilà que les dès étaient jetés. Anne ne se doutait pas que de pareilles informations durant les temps qui couraient pourraient être dangereuses. La famille des Tudor n'était certainement pas la plus aimée par la couronne et la petite blonde en faisant partie par sa mère. L'Angleterre d'aujourd'hui était déchirée, en lutte fratricide entre la catholicisme et le protestantisme. Il était parfois bien mal venu de trop parler à des personnes dont on ne connait pas les intentions. Mais Anne était comme une toute petite fille, innocente et naïve qui ne voyait le danger que sous la forme de monstres dans les livres qu'elle lisait.
[Excuses-moi pour mon retard :S ]
Dernière édition par Anne Stafford le Ven 30 Aoû - 15:56, édité 2 fois
Mary-Ann ne fut aucunement étonnée quand Anne lui répondit qu'elle n'était pas encore mariée. C'est le contraire qui en revanche l'aurait surprise. Une jeune fille bien naïve que cette Anne Stafford, sans aucun doute. Elle ajouta que son père lui laissait la liberté de choisir « l'élu de son cœur ». Un acte honorable certes, mais si la jeune fille misait trop d'espoir en son futur époux, si elle espérait rencontrer le prince charmant sur son beau cheval, alors elle serait probablement fort déçue. Mary-Ann n'avait jamais cru en l'homme parfait. Les hommes restaient des hommes. Elle avait aimé son mari, certes. Mais elle ne l'avait pas aimé tout de suite. Elle était devenue sa femme par obligation, et même si elle lui avait reconnu de nombreuses qualités par la suite, il n'était pas l'homme parfait. L'homme parfait n'existait pas. La femme parfaite non plus d'ailleurs.
Autant la naïveté d'Anne n'étonnait pas Mary-Ann, autant ce qu'elle ajouta ensuite la surprit au plus haut point. La cousine d'Elizabeth Tudor, fille d'Anne Boleyn... Et elle ne blaguait pas, elle ne pouvait en douter. Elle était tellement naïve qu'elle lui avait déjà accordé assez de confiance que pour lui annoncer, par les temps qui couraient, qu'elle était parente avec la femme qui incita le roi à rompre avec Rome. Anne Boleyn était protestante, certains soupçonnait Elizabeth de l'être...La jeune Stafford l'était peut-être aussi. Et s'il y avait bien une chose que la Reine détestait, c'était les protestants. La maquerelle en revanche, ne les haïssaient pas. Elle était très catholique, mais estimait que d'un côté, il n'était pas dans son droit de juger la pensées de ces gens. Dieu seul le pouvait. Si il estimait qu'ils méritaient l'enfer alors ils iraient en enfer. Si ils estimaient que leur croyance n'était pas un péché, alors il ne leur en tiendrait pas rigueur. Qu'ils croient ce qu'ils veulent, c'est leurs âmes, pas la sienne. Non, le réel problème avec eux, c'était qu'ils désobéissaient à la reine Mary. Et Mary-Ann servait les intérêts de celle-ci. Elle avait accepté de le faire, elle continuerait de le faire. C'était son boulot. Mary Tudor avait toujours tenu sa promesse depuis six ans, Mary-Ann se devait de lui rendre la pareille. Ce n'était pas son problème si certaines personnes prenaient le risque de demeurer protestants en sachant pertinemment que la reine l'interdisait...Elle ne faisait qu'exécuter le devoir qu'on lui avait confié, rien de plus. Et elle le faisait avec ferveur, car Mary Tudor la payait en conséquence mais aussi, parce qu'elle aimait sa reine, et lui était reconnaissante. Quand à Anne Boleyn, Mary-Ann ne l'avait jamais connue. Du temps où elle était à la cour, c'était Catherine d'Aragon qui était l'épouse du roi, et de la petite princesse Mary qu'elle s'occupait. C'était Catherine d'ailleurs qui lui avait permis de devenir dame de compagnie de la princesse. Catherine lui avait fait confiance, alors que Mary-Ann arrivait à la cour comme un cheveux dans la soupe, et elle était probablement l'une des femmes qu'elle admirait le plus au monde. Anne Boleyn, c'était celle qui lui avait pris sa place, sa rivale, la responsable en grande partie des malheurs de la jeune Mary Tudor et de l'humiliation subie par Catherine. Non, on ne pouvait pas dire que Mary-Ann avait une opinion positive d'Anne Boleyn. Bien sur, la mère n'est pas la fille, ni la cousine, et elle ne l'avait jamais côtoyée en vrai alors elle ne pouvait juger entièrement. Mais son allégeance restait à Mary Tudor et à la défunte Catherine d'Aragon et certainement pas à la dite Boleyn ou à la fille de celle-ci.
Mary-Ann devait être prudente maintenant. Si la jeune fille pouvait lui fournir des informations compromettantes au sujet de la princesse, qui à ce que l'on murmurait était protestante, alors elle pourrait en faire bonne usage et les transmettre à la reine. La confiance de cette jeune fille pouvait donc peut-être lui être des plus utiles. Il était impératif qu'elle la garde avant d'en savoir plus.
- La princesse Elizabeth ? La soeur de la reine, vraiment ?! Et bien, je ne pensais pas me trouver en si noble compagnie ! , répondit elle avec un sourire radieux et parfaitement naturel. Et... vous êtes proche de votre cousine ?
La naturel de Mary-Ann trompait parfaitement l'ampleur de sa curiosité. Tout le monde aurait été curieux en pareille situtaion c'est vrai...Mais Mary-Ann, elle, y voyait aussi les intérêt. Qui pourrait s'en douter ? Certainement pas Anne Stafford...
Anne avait toujours été d’une grande naïveté. Le mal n’avait toujours existé pour elle que dans les livres ou les histoires que les parents racontaient à leurs enfants pour les endormir. Une lutte entre le bien et le mal, mais seulement pour enrichir l’imaginaire des enfants. Jamais elle n’aurait pu penser que la souffrance puisse réellement exister au sein de ce monde. Dans sa petite campagne auprès de son père et de sa mère, le bonheur avait toujours préexisté, surtout en compagnie de sa cousine Elizabeth. Malheureusement, les malheurs n’avaient cessé de se succéder par la suite. Il lui semblait toujours que c’était un mauvais songe, mais la douleur la ramenait durement sur terre et l’empêchait d’apaiser son âme.
Sa cousine avait soudain été contrainte de quitter la demeure des Stafford pour gagner la cour. Elle avait laissé un grand vide derrière elle. Puis sa mère était morte, foudroyée par la maladie alors qu’elle n’avait pas dix ans. Elle n’avait eu le temps de s’en relever que son frère Edward mourrait subitement. Elle se souvenait de la douleur insupportable que ça avait créée dans son âme. Une cicatrice si grande qu’elle n’avait jamais pu se refermer. Toutefois, Anne s’employait depuis des années à la combler avec son imagination et sa rêverie. Elle n’avait d’autre échappatoire à sa douleur qu’en l’oubliant. Elle ne voulait pour rien au monde y repenser et c’était en se plongeant dans ce monde de candeur qu’elle parvenait à l’oublier complètement. Dans sa tête, aucune place à la souffrance, cela faisait bien trop mal. Elle n’aimait pas le mal, elle ne voulait pas souffrir alors elle vivait dans son imaginaire utopique. Tout était transformé à son image pour que l’existence et les gens paraissent plus beaux. Les années avaient passé et belle blonde se retrouvait comme une petite enfant, toute aussi innocente et candide. Elle ne prenait garde de rien. Mais si jusqu’alors cela ne lui avait encore porté préjudice, aujourd’hui, elle risquait de s’exposer à quelque chose de plus grave. Car ce ne serait pas seulement elle qu’elle mettrait en danger, mais aussi sa cousine. Pourtant, elle ne voyait rien de compromettant à être la cousine d’Elizabeth. Son frère Henry l’avait tant écarté de la politique qu’elle n’en connaissait aucun rouage. Elle savait seulement qu’elle devait se montrer vigilante par les temps qui courraient. Toutefois, elle n’avait pas encore appris de qui elle devait se méfier et Mary-Ann ne lui semblait pas une menace. Elle lui avait même accordé sa confiance dès l’instant où elle avait arrêté l’enfant. De toute manière, que pourrait faire cette femme de pareilles informations ? Anne ne pouvait croire qu’elle les utiliserait un jour contre quelqu’un. Mary-Ann éprouva d’ailleurs un vif intérêt lorsqu’elle fit mention de la princesse d’Angleterre. Elle n’y vit qu’une simple curiosité là où elle aurait dû se méfier plus que de mesure.
« Oh je n’ai rien de noble, rit doucement Anne à la remarque de la femme. C’est ma cousine la princesse, non moi. »
Mary-Ann se fit un peu plus insistante mais une fois de plus, Anne n’y vit rien de plus que de l’intérêt.
« Oui ! Nous avons passé une partie de notre enfance ensemble avant qu’elle ne soit rappelé à la cour. Toutefois, nous n’avons jamais cessé de nous écrire. Nous avons enfin eu la chance de nous retrouver il y a peu. Je suis d’ailleurs à Londres dans l’espoir d’être sa dame de compagnie. Elle me l’a expressément demandé dans l’une de ses dernières lettres. »
Anne repensait à ce message qui avait sonné comme un appel de détresse. Elizabeth était si seule à la cour, si loin de tout. Lorsqu’elle l’avait revu au palais, elles avaient eu l’occasion d’en discuter plus amplement et elle se sentait comme un petit oiseau en cage. Elle ne pouvait rien faire et elle était sans cesse effrayée par l’ombre de sa sœur Mary. Depuis, Anne s’était donnée pour mission d’égayer sa vie. Elle rapporterait la lumière dans son existence.
Dernière édition par Anne Stafford le Mer 28 Aoû - 2:03, édité 1 fois
Mary-Ann écouta avec attention la réponse de la douce Anne. Comme elle l'avait espéré, la jeune fille ne se méfia pas de sa curiosité. Elle lui appris que la princesse et elle n'avaient jamais cessé de s'écrire et qu'elle était venue à Londres dans l'espoir de devenir l'une de ses dame de compagnie. Pour avoir elle-même été demoiselle de compagnie d'une princesse, Mary-Ann savait pertinemment ce que cela signifiait. La princesse Mary n'était qu'une enfant quand Mary-Ann avait été sa demoiselle de compagnie, Elizabeth en revanche, était une jeune femme avec, à ce que les rumeurs disaient, une opinion secrètement divergente de celle de sa sœur en matière de religion. Il était fort probable que la princesse Elizabeth se confierait à Anne, sa dame de compagnie mais aussi sa cousine, d'autant plus qu'apparemment, c'était le souhait de la princesse elle-même que d'offrir à Anne cet honneur.
- Oh, j'espère que votre souhait sera exaucé, répondit Mary-Ann, affichant un sourire sincère. Mais... Pardonnez moi si c'est une question stupide mais, si la princesse elle-même vous demande comme dame de compagnie, qu'est ce qui pourrait vous empêcher de l'être ?, demanda-t-elle ensuite, feignant à la perfection de n'en avoir absolument aucune idée.
Cela passerait sans problème, car Mary-Ann était une femme du peuple et une femme du peuple n'était pas sensée connaître quoi que ce soit à la vie de cour ou à la politique. Cependant la maquerelle était née portant le titre de lady, bien qu'elle fut aussi désignée comme enfant bâtarde, et elle avait fréquenté la cour d'Angleterre deux années durant, sous le règne d'Henry VIII et de Catherine d'Aragon. Elle n'était donc pas aussi ignorante en ces matières qu'elle donnait l'impression de l'être. Mary Tudor devait être le seul obstacle à se dresser entre sa sœur Elizabeth et Anne Stafford. Qui d'autre ? Elle était la reine d'Angleterre, leur souveraine à tous. Et elle n'avait pas entière confiance en sa demi-sœur. Mary-Ann le savait car Elizabeth était étroitement surveillée, notamment par des gardes comme Mark Earnshaw, client du RedLantern. Mary-Ann trouvait déjà Anne sympathique au premier abord, bien que naïve, et l'idée de s'en faire une amie ne lui aurait pas paru mauvaise. Mais maintenant qu'elle savait tout cela, devenir l'amie d'Anne relevait davantage de l'ordre de l'intérêt que de la sincérité. La naïveté de la jeune fille serait dans ce sens un atout car avec un peu de chance, elle ne se méfierait en rien du double jeu que Mary-Ann menait. Il fallait donc que celle-ci, avec la patience et le temps, parvienne à gagner son entière confiance et son amitié. Si Mary refusait à Elizabeth la permission de laisser Anne devenir sa dame de compagnie et que la maquerelle parvenait à s'en faire une amie, alors elle n'aurait qu'à écrire à la reine pour lui dire de revenir sur sa décision et là...Ca serait parfait. La récompense qui suivrait serait à la hauteur aussi...
- En tout cas, si vous êtes acceptée à la cour, faites attention...On dit que les jeunes hommes nobles sont douées pour courtiser les jeune filles mais que leur belles paroles se révèlent souvent être de beaux mensonges..., fit ensuite Mary-Ann, pour changer de sujet, afin que cela n'aie rien de suspect. Elle désirait aussi mettre en garde la gentille Anne contre les hommes et leur nature profonde. La jeune fille semblait si naïve, si crédule...Un débutant pourrait facilement la berner. Et elle croyait au grand amour, apparemment. La pauvre, elle serait surement déçue...
Depuis la récente lettre de sa cousine, Anne s’était donnée pour mission de rejoindre la princesse. Elle deviendrait sa dame de compagnie comme elle lui avait demandé et ainsi, elle pourrait égayer l’existence si fade et triste de la jeune femme. Elle ne pouvait la supporter de la voir aussi mélancolique. Et si elle en jugeait à leur dernière conversation, il semblait même qu’Elizabeth courait un grave danger à cause de la haine de Mary Tudor et de la perfidie d’un certain Simon Renard. Sa vie était en jeu et Anne se promettait de tout faire pour la protéger. Elle se donnait l’impression d’être comme dans un roman, le mal et le bien étant toujours en perpétuel opposition. Dans cette situation, Elizabeth représentait le héros de l’histoire qui devait se défendre seule contre des forces maléfiques et Anne se voulait être la fidèle alliée qui combattrait à ses côtés, s’exposant même au danger quoi qu’il en coûte. Malheureusement, ce que la blonde ne savait pas, c’est qu’elle n’avait pas les armes pour un pareil combat, malgré toute la détermination qu’elle détenait. Elle se ferait écraser sans autre forme de procès.
« Je l’espère aussi. Je souhaite rendre le sourire à ma cousine et la servir du mieux que je le pourrai. » sourit la blonde. « Malheureusement, il semble que la reine Mary Tudor soit un obstacle à l’accomplissement de notre vœu à toutes les deux. Elizabeth prétend que sa majesté ne lui fera pas cet honneur. Pourtant je ne comprends pas, je servirai seulement ma cousine. En quoi serait-ce mal ? »
Anne ne comprenait pas en effet pourquoi Elizabeth était sûre d’un tel refus de la part de sa demi-sœur. Elle demandait seulement une nouvelle dame compagnie. Il ne semblait pas que ce soit une décision capitale. Mais la princesse lui avait expliqué que la reine ne voulait pas lui faire plaisir, et certainement pas en ce moment. Toute cette mesquinerie sidérait Anne, d’autant plus que cette haine farouche que lui vouait Mary. Elizabeth était un être si adorable, comment la détester ? Et puis Anne se languissait maintenant de rentrer à la cour. C’était un lieu sur lequel elle avait lu bien des choses et qui nourrissait son imaginaire. Certainement pourrait-elle y trouver l’homme qui ferait battre son cœur. Le doux prince charmant dont elle rêvait depuis son enfance pourrait peut-être se trouver là-bas ? Elle résiderait aussi au palais et s’affranchirait de la tutelle de son frère. Maintenant que son père l’avait abandonnée et qu’il avait fui l’Angleterre avec sa nouvelle famille et tous ses biens, Anne vivait avec Catherine, à devoir vivre au crochet d’Henry et de sa sœur. La cour était donc son moyen d’avoir une sorte de vrai chez-elle. Elle dépendrait ainsi moins du reste de sa famille. Mary-Ann la mit soudain en garde contre la cour et ses dangers. Elle évoqua plus particulièrement de l’imposture des hommes. Anne ne comprit pas immédiatement où elle voulait en venir.
« Que voulez-vous dire ? La cour est-elle si dangereuse ? »
Anne fronça les sourcils, soucieuses. A quoi pouvait-elle bien faire allusion ? Elizabeth ne lui avait pas parlé de ça la fois elles s’étaient vues. La blonde aurait pu s’étonner que cette femme du peuple en sache autant sur la cour, mais cela n’attira aucunement l’attention d’Anne, qui était toute dirigée vers les prochaines paroles de Mary-Ann.
Dernière édition par Anne Stafford le Ven 30 Aoû - 16:04, édité 1 fois
Mary-Ann ne répondit pas à la question d'Anne. Ou du moins, elle n'y répondit que par un léger haussement d'épaules. Si la reine n'était pas disposée à accepter la requête de sa sœur, cela pouvait être tout simplement parce qu'elle n'avait pas envie de lui accorder cette honneur. Certains disaient Elizabeth protestante, et elle était la fille d'Ann Boleyn, celle qui avait remplacé sa mère Catherine d'Aragon au poste de reine et celle à cause de qui Mary avait, dans sa tendre enfance, était relayée au rang de simple bâtarde. Tout cela laissait croire que Mary n'aimait certainement pas beaucoup sa demi-sœur. Soit encore, Mary se méfiait d'Elizabeth et préférait mettre à son service des gens de son choix, des gens en qui elle avait confiance et qu'elle savait catholique. Cette hypothèse était la plus probable selon Mary-Ann. Après tout elle-même, qui était au service de la reine, était une fervente catholique et Mary le savait pour avoir été prier de nombreuses fois en sa compagnie à la chapelle du palais lorsqu'elle était à la cour. Si elle doutait de son catholicisme, la reine ne lui aurait peut-être pas fait cette proposition... Soit encore, on pouvait l'imaginer, elle soupçonnait la douce Anne d'être protestante. Mais même si Anne était protestante, admettons , aux yeux de Mary-Ann elle ne représentait pas grande menace, naïve comme elle était.
Mary-Ann avait très vite développé une grande méfiance à l'égard de la gente masculine. A l'âge de quatorze ans, lorsqu'elle arriva à la cour, alors que la plupart des jeunes filles qui avaient sa chance rêvaient d'y rencontrer l'homme de leurs vies, Mary-Ann se montrait froide et distante avec la plupart d'entre eux. Elle n'avait pas confiance, elle n'arrivait plus à faire confiance. Et puis, à ses yeux, son comportement était plus que justifiable. Les hommes à la cour étaient nombreux à courtiser des jeunes filles juste pour les avoir dans leur lit. Ca, elle en était certaine. C'était ce qui était arrivé à sa détestée mère et il était hors de question qu'elle se montre aussi naïve et tombe si bas. Après deux ans de service auprès de la princesse Mary, Mary-Ann était rentrée chez elle, ou plutôt chez son beau-père et sa mère, à sa plus grande déception car elle détestait ce lieu. Son beau-père avait espéré que quelqu'un à la cour tombe amoureux d'elle et lui demande sa main sans exiger une dot trop importante, mais sa beauté n'avait su faire abstraction de sa grande méfiance envers les hommes. Mariée à Charles Paton, le banquier de son beau-père, elle s'était aussi montrée très méfiante et un peu froide au début de leur mariage. Et puis, ça s'était atténué car elle s'était rendue compte que Charles était quelqu'un de bien. Il n'empêche que la naïveté d'Anne lui semblait une très mauvaise chose si elle désirait se rendre à la cour. Les hommes n'en feraient qu'une bouchée.
- La cour je ne sais pas, répondit Mary-Ann qui n'allait certainement pas dévoiler qu'elle était aussi un jour entrée au service d'une princesse à la cour, les hommes en revanche...Il ne faut pas leur faire confiance, il faut s'en méfier. Les nobles, ils sont simplement plus dangereux parce qu'ils savent mieux parler aux femmes. Et une jeune fille aussi jolie que vous devrait vraiment se méfier d'eux...Ils sont pleins de vices...
La luxure était l'un des vices les plus notables des hommes.La maquerelle en savait quelque chose avec tout les hommes qu'elle voyait passer le seuil de sa maison close. Certains jouaient aux hommes vertueux et fidèles dehors et en vérité, étaient des clients complètement dépendant de sa maison close. Ah, les hommes...Plein de vices, plein de vices...
Dernière édition par Mary-Ann Paton le Lun 19 Aoû - 23:00, édité 1 fois
Anne ne comprenait pas très bien ce qui poussait la reine Mary Tudor à vouloir mettre des bâtons dans les roues d'Elizabeth. Elle pouvait encore concevoir que la reine se méfie en ces temps houleux, même s'il ne faisait pas l'ombre d'un doute pour la blonde que sa cousine était telle l'immaculée conception. Mais là il ne s'agissait que d'une histoire de dame de compagnie. Quelle menace pourrait bien se cacher derrière une simple camarade de jeu ? Car Anne se définirait ainsi lorsqu'elle rentrerait au service de la princesse d'Angleterre. Elle serait là pour la divertir, la servir, ramener le soleil dans sa vie et être une oreille attentive à toutes ses confessions. Elle était déjà la confidente de sa cousine par lettre, mais elle ne pouvait se permettre de tout dire, sécurité obligeait. Mais maintenant qu'Anne venait de poser le pied à Londres, Elizabeth pourrait tout lui dire sans avoir peur d'être entendue. D'ailleurs, à leur première entrevue, la princesse avait laissé filer quelques informations et son cœur s'était un peu plus ouvert à la petite blonde. Ainsi Anne ne comprenait pas en quoi quelques petites paroles confessées à une cousine pouvaient être une menace pour la grande reine d’Angleterre. Tout ce que lui avait raconté Elizabeth ne pourrait lui faire ombrage. C’était donc une précaution que la blonde jugeait inutile. Elle aurait tant aimé pouvoir un jour rencontrer la souveraine pour lui faire preuve de sa bonne foi. Elle voulait lui montrer qu’elle n’était pas animée de mauvaises intentions, mais surtout qu’elle cherchait seulement le bonheur de sa cousine. Après tout, Mary était la demi-sœur d’Elizabeth, elle devait pouvoir comprendre ça. Catherine et Henry n’étaient que les demi-frères et sœurs d’Anne et pourtant, elle les aimait plus que tout au monde. Elle les adorait même si elle pouvait parfois nourrir quelques désaccords avec eux. Mais ils étaient de sa famille et elle les aimait car ils avaient toujours été là pour elle quand le malheur s’était abattu sur leur famille.
Cependant, comme la princesse l’avait souligné lors de leur rencontre, il y avait des jeux de pouvoirs entre les deux bâtardes pour l’accession au trône d’Angleterre. Anne trouvait cela si dommage que des relations familiales soient ainsi entachées par ambition. Et manifestement, la cour était un endroit encore plus dangereux et Mary-Ann semblait en penser tout autant. Et plus précisément, elle parlait des hommes. La jeune femme paraissait encore bien jeune, mais Anne se doutait quand même qu’elle avait vivre de nombreuses expériences qui lui permettaient de tenir de tels propos sur la gente masculine. Elle mettait la blonde en garde contre les hommes et surtout les nobles qui paraissaient être de beaux parleurs. Anne en fut excessivement étonnée. Elle possédait tout de même des amis hommes dans son entourage et ils lui semblaient tous vertueux. Et puis elle avait l’exemple de son frère qui lui apportait une image de fidélité sans borne.
« Du vice ? Sont-ils donc tous ainsi ? » s’enquit Anne, d’une petite voix intimidée. « Pourtant dans mes ouvrages, les hommes ne sont pas peints de cette manière. J’avais dans l’espoir de trouver mon futur époux à la cour. Je vais bientôt être trop vieille. »
Un léger frisson avait parcouru l’échine d’Anne quand Mary-Ann avait évoqué le fait que les hommes ne feraient qu’une bouchée d’elle. Elle n’était pas sûre de bien comprendre où la jeune femme voulait en venir mais elle comprenait que ce jeu était dangereux. Il fallait se méfier des hommes ? Mais pourtant, dans tous les livres qu’elle avait lus ils étaient décrits comme de vaillants héros, des hommes vertueux et pleins de courage. Elle était persuadée que la cour ne pourrait être composée que de princes charmants et de preux chevaliers. C’était ce dont elle rêvait tous les soirs avant de s’endormir. Aurait-elle eu tort de penser une telle chose ?
- Oui, du vice...La luxure, l'argent, le pouvoir...Toute ces choses qui corrompent les hommes. Si ils sont tous comme cela ? Et bien...Je n'ai pas rencontré la totalité des hommes qui habitent cette ville mais...La plupart oui. Certains plus que d'autres, c'est vrai. Je ne lis pas beaucoup, alors je ne sais pas comment on décrit les hommes dans les livres mais... je les connais assez bien dans la réalité...- Un sourire en coin se dessina sur le visage de la maquerelle. « Assez bien » pour ne pas dire « mieux que personne ». Quand on est à la tête du bordel le plus en vogue de toute la ville, les hommes et leurs vices, on connait bien. Mais elle n'en dit rien. Même si elle n'avait aucunement honte de son commerce, elle préférait éviter de dire quoi que ce soit qui pourrait repousser la jeune fille, maintenant qu'elle savait qu'elle pourrait lui être utile. Bien sûr, si elle posait la question, Mary-Ann ne mentirait pas. Mais si elle n'en faisait rien, elle garderait le silence à ce sujet.
Mary-Ann avait une vague idée du genre de livre auxquelles Anne faisait allusion. Quand elle avait appris à lire, avec ses professeurs, c'était au début sur base de livre ridicules contant les exploits d'héros légendaires et décrivant leur fin heureuse avec l'amour de leur vie. Ce genre d'histoire énervait Mary-Ann qui déjà à l'époque, les considéraient comme impossible et stupides. La réalité n'était pas ainsi. La réalité était plus laide que ces histoires pour jeune filles naives. La réalité était difficile. Et ce n'était pas du pessimisme pour la jeune adolescente que de penser ainsi, mais du réalisme pur et simple. Au fil du temps, ces histoires avaient été rangée au placard et Mary-Ann apprenait à lire avec la bible, livre qu'elle trouvait bien plus intéressant, quoi que bien plus difficile. Cela lui donna cependant l'envie de s'appliquer car elle reconnaissait un certain interêt à connaître l'histoire de son Seigneur. La lecture de la bible avait contribuée à faire d'elle une catholique plus fervente car ce livre là ne semblait pas mentir, n'idéalisait rien et restait purement réaliste. A quarante-deux ans, elle n'oubliait toujours pas cette époque difficile, ni la façon avec laquelle, après qu'elle eut tant prié, Dieu lui était venu en aide en emportant dans la mort l'homme à qui elle était promise et qu'elle détestait déjà.
Il était bien possible que la jeune fille rencontre son futur mari à la cour, Mary-Ann ne disait pas le contraire, mais si elle avait un conseil à lui donner, ça serait de se méfier et de ne pas accorder sa confiance trop facilement à la gente masculine. La dernière phrase de la jeune fille étonna la maquerelle. - Trop vieille ? Mais enfin pas du tout ! Quel âge avez vous, seize ans ? C'était l'âge que Mary-Ann lui donnait tout au plus. C'était à cet âge qu'elle s'était mariée avec Charles.
// Désolé c'est court et médiocre U_u Avec mes examens qui approchent, je deviens en panne d'inspi x)
Anne était totalement estomaquée. Mary-Ann était en train de lui dépeindre un portrait des hommes comme des êtres abjects, pleins de vices que ce soit autant sous forme de luxure, que d’argent ou encore de pouvoir. La blonde en frémit presque en entendant la femme parler ainsi. Il ne lui semblait pas que son frère Henry était ainsi pourtant. Lui qui était toujours plein de droiture, à protéger les intérêts de sa sœur et de sa famille, et puis pour avoir de nombreuses fois conversé avec son épouse, elle savait qu’il n’était pas un homme de vice. Certes Mary-Ann ne les jetait pas tous dans le même panier, mais à écouter ses paroles, il semblait que tout Londres était concerné, que ce soit les nobles ou le bas peuple. La jeune fille en était effarée. Elle qui n’avait jamais rêvé que de prince charmant toute sa vie, elle se trouvait bien interloquée. Mais certainement devait-elle faire erreur ou avoir rencontré les mauvaises personnes. Tout le monde n’avait pas forcément la chance de parcourir le dur chemin de la vie, entouré de personnes de mauvaise fréquentation.
Mais même si Anne était étonnée par un pareil discours, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il y avait toujours du bien en quelqu’un, même en celui qui possédait le plus de vice. Elle pensait que chacun possédait une petite flamme dans le cœur qui faisait de lui un être bon. Personne ne pouvait être foncièrement mauvais à ses yeux. Elle ne pouvait croire en un être diabolique. C’était simplement des personnes en détresse à qui il fallait montrer la lumière du jour tandis qu’ils s’étaient enfoncés dans les ténèbres.
Souvent, elle songeait que c’était la solitude et la perte des êtres chers qui pouvait mener une personne à être mauvaise, car au fond elle était blessée. C’était aussi le cas de la jolie petite blonde. Elle était blessée, meurtrie par la mort de sa mère et de son frère, ainsi que par l’abandon de son père, mais au lieu de se laisser happer par les ténèbres comme cela aurait dû se passer, elle avait fini par regagner la lumière grâce à sa sœur Catherine, se lovant dans un cocon bienfaisant et un monde utopique qui dirigeait maintenant sa vie. Et elle était persuadée qu’elle devait faire de même avec les gens qu’elle rencontrait et qui avait besoin d’aide. Il ne fallait pas les laisser seuls car c’était la pire des punitions selon elle. Aussi, elle préférait conserver sa vision idéalisée des hommes, celle qu’elle trouvait dans les pages des livres qu’elle parcourait chaque jour. Des princes charmants sauvant des princesses en détresse, de preux chevaliers qui vouaient leur vie et leur honneur à protéger son prochain. Nulle trace de vices dans la manière de voir ces nobles messieurs. Mais même si elle se faisait une puissante forteresse autour de son pays enchanté, elle abaissait parfois la muraille pour voir le monde extérieur et ce qu’elle voyait ne lui plaisait pas vraiment.
« Vous devez sans nul doute vous méprendre mademoiselle. » sourit Anne, confiante. « Les hommes ne peuvent être tous ainsi. Vous avez certainement dû rencontrer les mauvaises personnes. »
La jeune femme parut réellement étonnée lorsque la jeune fille lui confia qu’elle avait hâte de se marier car elle trouvait qu’elle commençait à être trop vieille. Mary-Ann ne lui accorda d’ailleurs pas plus de seize. Cette estimation surprit Anne en premier lieu, avant qu’elle ne se mette à rire doucement.
« Oh non voyons ! J’ai dix-neuf ans. Ma cousine Elizabeth et moi avons le même âge. »
HRP : Aucun soucis Mary-Ann et sache que si tu as besoin de plus de temps pour rp, tu n'as absolument pas besoin de te presser pour me répondre. Prends ton temps surtout Et bonne chance pour tes concours
Mary-Ann eut un léger rire en entendant la réponse de son interlocutrice et corrigea à nouveau. Si Anne essayait de la complimenter en l'appelant « mademoiselle », et bien...Ce n'était pas très réussi. Mary-Ann paraissait plus jeune que son âge, mais pas au point d'avoir l'air d'une jeune fille non mariée. On voyait bien qu'elle avait passé le cap de la trentaine, tout de même, et à cet âge, ne pas être mariée ou ne pas avoir été marié était plutôt risible, sauf si l'on avait choisi la voie de Dieu.
- Je ne suis pas une demoiselle, je vous l'ai déjà dit, répondit elle, sur un ton aimable car elle n'était nullement vexée. La naïveté de la jeune fille devenait désespérante mais Mary-Ann préféra cacher son ressenti. Cette jeune fille était la cousine de la princesse Elizabeth...Si on lui avait permis de croiser son chemin ce jour là, c'était une chance à saisir. Pas question de la gâcher. La douce Anne restait cependant très têtue. A croire qu'elle avait toujours vécue protégée de tout malheur, dans une bulle faite de rêveries. Des rêveries, ce n'était que cela. Les hommes réels n'étaient en rien les hommes présentés dans les livres. Après tout, qui écrit les livres ? Les hommes. Mary-Ann en riait mentalement. Le commun des hommes ne salit pas son image pour le plaisir, au contraire, il préfère la rehausser...
- Soit, pas tous. Mais beaucoup le sont...- Elle fit une courte pause, observant les passant autour d'elle. Elle réfléchissait à ce qu'elle allait dire. Cette extrême naïveté lui paraissait intolérable et elle ressentait l'étrange envie de prouver par a+b qu'elle savait de quoi elle parlait puisqu'elle tenait une maison close qui voyait passer toute sortes d'hommes, dont de nombreux jeunes nobles aux airs innocents. En temps normal, elle n'aurait même pas réfléchi, elle n'aurait pas pu s'empêcher de le dire. La vraie Mary-Ann était une femme franche et directe, qui méprisait l'hypocrisie. L'autre Mary-Ann était tout simplement tenue par un contrat avec la femme la plus puissante de tout le Royaume. Et comme elle avait en face d'elle une personne dont les actions pourraient intéresser sa bienfaitrice, elle décida de ne rien dire, ou du moins de ne rien dire clairement de crainte de choquer Anne et de la faire fuir. Quoique...Il y avait lieu de se demander si elle savait seulement ce qu'était un bordel... - Croyez moi, j'ai de nombreuses raisons de penser ainsi...- Le ton de sa voix était choisi afin d'attiser un peu la curiosité de la jeune fille afin de lui donner l'envie de la revoir. Oh, bien sûr, si elle ne gardait pas contact de sa propre initiative, Mary-Ann trouverait un moyen ou l'autre, un prétexte ou l'autre pour la revoir et passerait à la vitesse supérieure. Elle paraissait être une jeune fille sensible... A coups de petites confidences, elle saurait probablement sans trop de soucis, s'en faire une amie. - Et à Londres, reprit-elle, on croise souvent les mêmes visages. Parmi les gens que j'ai rencontré, vous risquez fort bien d'en rencontrer certains vous aussi. Et il est absolument sûr que vous rencontrerez dans votre vie, un jour ou l'autre, des hommes mauvais. C'est inévitable, le monde est ainsi fait. C'est pourquoi je vous conseille de rester sur vos gardes...Mais ce n'est qu'un conseil, vous en pensez ce que vous voulez bien sûr..., termina-t-elle en lui adressant un sourire.
Quand Anne lui annonça son âge, Mary-Ann fut pour le moins surprise. Elle ne lui avait pas donné plus de quinze ans, elle en avait en vérité dix neuf...Elle paraissait certes déjà jeune physiquement mais le plus étonnant aux yeux de la maquerelle, c'était qu'elle soit si naïve à son âge. A dix neuf ans, Mary-Ann était mariée et était déjà mère de deux garçons. Alors qu'Anne...Elle paraissait davantage avoir besoin d'une mère que prête à en devenir une. Mary-Ann se demanda d'ailleurs comment il était possible d'être si naïve. Ses parents l'avaient ils élevée coupée du monde ? Si elle avait eu une fille, elle l'aurait mise en garde contre les hommes pour qu'elle ne tombe pas dans le premier piège qu'on lui tendrait. Cela lui paraissait être le devoir d'une mère que de prévenir sa fille de certaines réalités...
- Dix neuf ans ! Oh, je m'excuse je croyais plus jeune...Enfin, à dix neuf ans vous n'êtes pas trop vieille, ne vous inquiétez pas. C'est encore un bon âge pour se marier., assura Mary-Ann, d'une voix rassurante par la confiance qui s'en dégageait. Même si au fond, la maquerelle avait du mal à imaginer un homme qui conviendrait à la blonde rêveuse... Mary-Ann entreprit de poursuivre en parlant d'elle, uniquement dans le but d'avoir l'air sympathique au yeux de la jeune fille et de garder cette image de femme absolument inoffensive. C'était en se confiant, même sur des choses insignifiantes, que l'on gagnait la confiance des autres. - Moi à votre âge, j'étais déjà mariée, c'est vrai. Et j'avais mes deux premiers fils. Je n'ai eu que des garçons...C'est pour vous dire, les hommes, ça me connait !, fit elle, adressant un sourire sincère à Anne.
851
PS : Désolé pour le retard, la Terminale et ses joies x)
Anne rougit lorsque Mary-Ann la reprit une seconde fois en lui indiquant qu’elle n’était pas une demoiselle mais une dame. Il était pourtant évident qu’elle était loin d’être une demoiselle et qu’elle avait dû être mariée depuis bien longtemps, pourtant cette petite tique de langage la tenaillait encore. Elle se serait trouvée bien plus embarrassée s’il s’était agi d’une demoiselle et qu’elle l’avait appelée « madame ». C’était du moins de cette manière qu’elle se consolait de sa maladresse. Et ce fut avec un petit sourire gêné qu’elle dit :
« Veuillez m’excuser. Je suis vraiment incorrigible. »
Heureusement le ton aimable de la femme la mettait en confiante et la confortait dans l’idée qu’elle n’avait pas pris ombrage d’une telle appellation. Elle s’en trouvait soulagée car elle ne voulait porter de tort à personne. Et elle ne voulait surtout pas vexer Mary-Ann qui paraissait être une femme d’honneur. Après tout, elle lui avait permis de regagner son bien. Si elle n’avait pas été là, Anne serait sûrement encore en train de courir après le petit garçon qui lui avait dérobé sa bourse. C’était aussi une femme qui semblait savoir beaucoup de choses et qui tentait d’éclairer la blonde sur la nature profonde des hommes, mais sa foi inébranlable en l’âme humaine l’empêchait de croire totalement les dires de belle Mary-Ann. Certes, elle ne remettait pas en cause ces paroles, cela aurait été fort impoli. Mais elle songeait plutôt qu’elle devait certainement ne pas avoir connu les bons hommes. Elle en connaissait de nombreux dont la vertu n’était pas entachée par une quelconque noirceur d’âme. Elle aimait souvent prendre son frère comme une référence absolue. Pour elle, il était la preuve inconditionnelle que les hommes pouvaient être droits et sans malice. Elle songeait aussi à Thomas Hertford dont l’amitié lui était très précieuse. Elle le voyait comme un être pur et sans défaut, et appréciait grandement sa compagnie. Jamais un seul instant, elle n’aurait pu penser Thomas animé de mauvaises intentions à l’égard de quiconque. Pourtant, Mary-Ann lui assura que même s’ils n’étaient pas tous à mettre dans le même sac, nombreux étaient les hommes dépourvus de tout sens moral et elle avait visiblement de bonnes raisons de le penser. Les sourcils d’Anne se froncèrent. Elle était bien curieuse de savoir ce qui pouvait motiver de telles paroles de la part de cette femme, et elle attendait ardemment la suite de son discours. Qu’allait-elle apprendre ? N’avait-elle eu donc vraiment pas de chance avec la gente masculine ? La dame reprit ensuite la parole après une courte pause qui avait laissé la blonde en haleine. Elle était suspendue à ses lèvres tandis qu’elle lui expliquait qu’elle risquait de rencontrer les mêmes hommes mauvais que Mary-Ann avait pu connaître au cours de son existence. Anne ne put s’empêcher d’être profondément choquée et étonnée. Une telle chose pouvait-elle être possible ? Pourtant, la femme n’avait aucune raison de lui mentir… Et si elle avait vraiment raison. Elle termina son discours sur le ton du conseil avec un sourire.
« Le ciel doit vous envoyer pour me prévenir de tels risques ! » s’exclama soudain Anne, encore sous le coup de la nouvelle. « Je saurai prendre vos conseils en compte et me méfier des hommes. Grâce à vous, je saurai les reconnaître. »
Décidément, elle était bien heureuse de l’avoir rencontrée aujourd’hui. En plus de lui restituer son bien, elle lui permettait d’être en garde contre les hommes. Mais c’était toujours une vision bien naïve qu’elle avait là car il lui serait bien malaisé de différencier les êtres bons, des mauvais car elle ne pouvait songer qu’il en existait sur terre. Une fois de plus, sa naïveté avait pris le pas sur toute vigilance. Lorsqu’Anne donna son âge, elle fut étonnée de voir Mary-Ann aussi surprise et elle ne cacha qu’elle la pensait bien plus jeune. La blonde n’en prit pas ombrage car c’était un phénomène récurrent et cela l’amusait plus qu’autre chose. Elle songeait qu’elle était un peu comme les fées qui peuplaient son imaginaire, intemporelle.
« Vous n’avez pas à vous excuser. » rit Anne. « Vous n’êtes certainement pas la première, ni la dernière. »
La blonde fut contente lorsqu’elle lui assura qu’elle n’était pas trop vieille pour se marier. Mais pourtant, lorsqu’elle songeait à Catherine, cette dernière était déjà mariée à son âge. Et Mary-Ann lui confia qu’il en était de même pour elle et qu’elle était même mère de deux garçons à cet âge. Elle en resta estomaquée.
« Vous aviez déjà deux enfants ! Dieu, mais vous avez dû être mariée si tôt !» s’exclama-t-elle, sincèrement impressionnée. « Vous avez eu de la chance de trouver l’homme de votre cœur aussi jeune ! » s’extasia-t-elle, persuadée qu’il s’agissait d’un mariage d’amour pour que cela se fusse fait si tôt.
PS : Il n'y a absolument aucun soucis !! Et bonne chance pour ta terminale !!
▲
❝ Invité ❞
Invité
Sujet: Re: Course poursuite impromptue~ Mary-Ann Paton Sam 5 Oct - 14:28
L'homme de son cœur...Mary-Ann revit un court instant le visage encore jeune de Charles, à qui elle offrait un regard dénué de toute sympathie en le voyant assis au côté de son détestable beau-père, à lui conseiller l'une ou l'autre stratégie afin qu'il s'enrichisse davantage. Un léger sourire nostalgique lui échappa. Son beau-père avait du raconter bien des histoires...Des histoires qui auraient arrachés des regards émerveillés à des jeunes filles naïves comme Anne...La vérité était tout autre. Ce n'était pas par amour que Mary-Ann avait épousé Charles. Elle n'était pas tombé amoureuse du jeune banquier de son beau-père. Elle ne l'avait vu qu'à quelques reprises mais un mariage avait été convenu. Un mariage gratuit, une bonne affaire. Pas de dot à lui offrir, pas d'argent à débourser. Et pourtant. Elle avait eu de la chance qu'il la choisisse. Beaucoup de chance.
- J'avais seize ans, répondit Mary-Ann, qui ne trouvait pas qu'elle avait été mariée particulièrement tôt. Au départ, si son premier promis n'était pas mort, elle se serait retrouvée l'épouse d'un homme à quatorze ans. C'est plutôt lui qui m'a trouvée, mais je dois reconnaître que j'ai eu de la chance, oui... C'était un homme bien et nous avons vécu de belles choses.
Elle adressa un léger sourire à Anne. La nostalgie s'emparait toujours un peu de sa personne lorsqu'elle venait à parler de Charles. Elle avait volontairement omis d'annoncer à son interlocutrice qu'elle ne l'avait pas épousé par amour car il lui était étrange de penser, aujourd'hui, qu'elle avait pu le détester un jour. Il lui était étrange de se souvenir de leurs débuts difficiles, du dégoût et de la haine qu'elle ressentait à son égard à ce moment là... Cela s'était pourtant bien passé. Mais se rappeler d'avoir détesté une personne que l'on aime et qui n'est plus...Ça pouvait presque vous donner une impression désagréable de culpabilité, comme si on salissait la mémoire de la personne uniquement en se souvenant de certaines choses . De toute évidence, la jeune Anne n'aurait pas compris. Elle était comme une enfant, cette jeune fille.
- Je vous souhaite de rencontrer un homme aussi aimable et attentionné qu'il l'était, ajouta Mary-Ann en toute sincérité. Sa nostalgie soudaine lui avait fait oublié un instant qu'elle se trouvait en face de la cousine de la princesse Elizabeth, une personne qui pourrait lui donner de précieuses informations qu'elle enverrait ensuite à la reine. Anne Stafford, bien que naïve, lui était malgré tout très sympathique et elle souhaitait sincèrement que celle-ci trouve un homme qui lui convienne. Même si, l'image que la jeune fille devait avoir de son futur mari étant sans doute parfaitement utopique, elle doutait qu'un tel homme puisse exister . Selon la maquerelle, Anne pourrait déjà s'estimer heureuse si elle ne tombait pas sur un coureur de jupons comme elle en voyait tant au RedLantern...
Mary-Ann s'arrêta, réalisant qu'elle n'était plus qu'à deux rues du RedLantern. - Ce fut un plaisir de faire votre connaissance, miss Stafford, lui dit elle, mais je dois maintenant vous laisser, mon commerce se doit d'être géré., annonça-t-elle, souriante. J'ignore si il en est de même pour vous, mais j'ai beaucoup apprécier discuter en votre compagnie...Je pense même que nous pourrions apprendre beaucoup de choses l'une de l'autre...Pourrions nous nous revoir une prochaine fois ? , demanda Mary-Ann. Cela me ferait grand plaisir ajouta-t-elle, espérant ainsi obtenir une adresse où trouver Anne et pouvoir remettre cela. Si Anne ne lui en donnait pas, la maquerelle saurait bien entendu se débrouiller. Elle avait bien assez de connaissances à Londres pour cela. Mais pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? L'invitation de Mary-Ann paraissait parfaitement innocente. Elle avait bien dosé ses paroles et les avaient recouvertes de son expression la plus aimable. Nombreux sont les gens qui n'y aurait vu que du feu. Et puis, la jolie blonde ne pourrait refuser. Elle avait une dette envers elle, après tout...
PS : Je me suis permise d'introduire la fin, j'éspère que ça ne te dérange pas ? Si c'est le cas , n'hésite pas à m'envoyer un MP et je modifie
Anne ne put s’empêcher d’avoir une mine surprise lorsque Mary-Ann lui apprit qu’elle avait été mariée à seize ans. Elle trouvait cela si tôt mais après tous, cela faisait partie des mœurs de l’époque et si elle avait dû se marier à cet âge, la blonde s’y serait pliée. Puis quand on a trouvé l’amour, l’âge importe peu songeait la jeune fille. Pour elle, il ne pouvait y avoir de mariage sans amour et quand bien même les unions étaient arrangées, elle ne doutait pas qu’une certaine affection et une tendresse naissait au sein du couple. Comment pourrait-il en être autrement puisque tout était reluisant et pur dans le monde d’Anne ? Et visiblement Mary-Ann semblait avoir été épouse par le choix de sa famille mais elle avoua qu’elle avait eu de la chance car son mari était un homme bon. Cette remarque fit sourire Anne d’une joie tendre et sincère. Pour peu, elle aurait presque trouvé cette histoire magnifique. Un mariage qui finit par une romance… c’était comme dans ses livres ! Elle s’imaginait que la femme devait certainement avoir été courtisée par son époux durant de longs mois jusqu’à ce qu’il parvienne à la convaincre d’être sa femme. Certainement s’y était-il pris avec des poèmes, des ballades, des sérénades au bas du balcon et des présents majestueux. C’était si romantique ! Anne rêvait qu’une pareille chose lui arrive un jour. Elle aussi pourrait très certainement trouver l’amour, et peut-être même plus tôt qu’elle ne le pensait. Elle se plut à lui rendre un sourire chaleureux quand celle-ci se mit elle-même à sourire. La jeune fille ne perçut toutefois pas la nostalgie dans son expression. Après tout, pourquoi aurait-elle songé à un pareil sentiment de la part de Mary-Ann alors que cette dernière venait d’évoquer des moments heureux avec son époux ? C’était donc avec innocence qu’elle pensait qu’elle était heureuse de repenser à son mari et à ses souvenirs avec lui.
« Vous avez dû être si heureuse à ses côtés ! » s’enthousiasma Anne.
Ce fut à ce moment-là que la femme lui souhaita de trouver un époux aussi aimable et gentil que le sien. Et la blonde l’espérait de tout cœur aussi. De toute manière, elle n’avait pas prévu d’être soumise au mariage arrangé. Elle aimait garder les valeurs que ses parents avaient défendues par le passé en s’exilant de la cour pour pouvoir vivre leur histoire d’amour. C’était dans cet idéal qu’elle avait vécu et elle ne se voyait pas déroger à la règle. Néanmoins, s’il était nécessaire que son frère lui choisisse mari, elle serait bien contrainte de s’y plier. Il était son aîné et celui était le détenteur de sa charge depuis que le père d’Anne s’était exilé et avait abandonné sa fille en Angleterre. La remarque de la femme lui fit chaud au cœur.
« J’espère aussi trouver un époux convenable. Et d’ailleurs Lizzi…enfin Elizabeth m’a promis de m’aider à faire mon choix. » lui apprit-elle avec engouement.
Mais bientôt, Mary-Ann les stoppa et lui apprit qu’elle était arrivée proche de son commerce. Il lui fallait rapidement le regagner afin de gérer ses affaires comme elle le soulignait. Elle était manifestement contente d’avoir rencontré Anne et se plaisir était partagé.
« Moi aussi j’ai grandement apprécié notre rencontre et je ne vous serai jamais assez reconnaissante pour ce que vous avez fait pour moi. » sourit-elle.
Elle lui demanda ensuite si elles pourraient se revoir et c’est avec beaucoup d’innocence qu’Anne reçut cette sorte d’invitation future. Ainsi, elle pourrait peut-être se faire une amie de plus. Elle en avait le cœur gonflé de joie. Aussi ce fut avec un grand sourire qu’elle lui répondit.
« Oh bien sûr ! Ce serait avec une joie immense que je vous reverrai madame. J’habite chez ma sœur Catherine Carey et vous serez toujours la bienvenue, surtout après m’avoir secourue. N’hésitez pas à venir nous rendre une visite un jour prochain. » l’invita la jeune fille avant d’ajouter puisque Mary-Ann était sur le départ. « Je vous souhaite une bonne journée madame Paton et j’espère vous revoir très bientôt. » prit-elle congé avec une petite inclination de tête reconnaissante avant de s’éclipser dans les rues de Londres en même temps que la maquerelle regagnait sa maison close.
Fin.
HRP : J'ai clôturé comme il était prévu Si j'ai mal compris tu me le dis et on continue mais il me semblait qu'il fallait que je conclue. Bref J'ai été contente de rp avec toi