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Nous nous situons aux alentours de mai 1558.
Il fait de plus en plus chaud les gens prennent plaisir à sortir dans les jardins.

Si vous souhaitez jouer un étranger, privilégiez les Espagnols et les Ecossais.
N'hésitez pas à regarder les PV et scénarii en priorité.
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MessageSujet: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeLun 22 Juin - 16:31
Thomas Percy


« [The world] kills the very good and the very gentle and the very brave impartially. If you are none of these you can be sure it will kill you too but there will be no special hurry. » Ernest Hemingway.


TON PERSONNAGE
PRÉNOM & NOM ♦ Thomas Percy, deuxième du nom après son père
AGE ♦ Vingt-sept ans.
DATE DE NAISSANCE ♦ En 1528, la date exacte est inconnue.
ORIGINE ♦ Anglais. Les Percy comptent parmi les plus influentes familles du nord de l'Angleterre et ont longtemps été les comtes de Nothumberland.
SITUATION FAMILIALE ♦ Célibataire, aîné de trois frères et trois soeurs. Orphelin de père, sa mère est cependant toujours de ce monde.
MÉTIER ♦ Lord Percy et politicien, il a représenté le Westmorland aux sessions parlementaires de Londres en 1554.
GROUPE ♦ Noblesse Anglaise.
CRÉDITS ♦ Poison Ivy pour l'avatar, Tumblr sinon.

LE JOUEUR
PSEUDO ♦ River Run.
AGE ♦ 19 ans.
OU AS-TU CONNU LE FORUM? ♦ En fouinant ici et là sur le net.
TON AVATAR ♦ Richard III le BG Aneurin Barnard.
VOTRE PERSONNAGE EST-IL HISTORIQUE OU FICTIF? ♦ Historique.



Audience devant la Reine.



QUELLE EST VOTRE RELIGION ET QUE PENSEZ-VOUS DES CHANGEMENTS RELIGIEUX DU PAYS? ♦ Pour moi, la seule religion qui vaille la peine d'être qualifiée ainsi est la religion catholique. Les hasards de ma vie, les volontés parfois contradictoires des Rois m'ont longtemps amené à me prétendre anglican, mais ceci était dans le simple but de sauver ma peau : je suis catholique et je le resterais jusqu'à mon dernier souffle. Le retour de l'Angleterre dans le giron de Sa Sainteté le Pape est la meilleure chose qui pouvait arriver : dorénavant, je n'aurais plus à me cacher. Pendant de trop longues années j'ai tu cette foi au nom de laquelle mon père est mort en martyr, cela n'arrivera plus. Je compte bien être du mouvement qui voit le retour en force du catholicisme anglais : voilà trop longtemps que l'hérésie gangrène notre société, il est temps d'en finir.

QUE PENSEZ-VOUS DE LA REINE D'ANGLETERRE? ♦ Les deux premières années de son règne ont été les plus belles que l'Angleterre ait connu depuis longtemps. Mary Ière m'est alors apparue comme la seule personne capable de restaurer la vraie religion dans notre beau pays. Je suis, et resterais toujours, un loyal sujet de Sa Majesté : enfin je puis servir un souverain en lequel je crois ! Cependant, depuis le rapprochement entre anglais et espagnols, je n'envisage plus ce règne comme tout à fait serein. Certes, cela permet d'asseoir davantage l'importance du catholicisme dans l'île, mais bien que jamais je n'irais critiquer la Reine, cette alliance n'augure rien de bon. Mary Ière, aussi excellente Reine soit-elle - et Dieu sait qu'elle l'est - a commis la à mes yeux une erreur politique de taille. Mais cela ne change rien au soutien que je continuerais toujours de lui apporter.

QUE PENSEZ-VOUS DE LA PRESENCE DES ESPAGNOLS EN ANGLETERRE ET DU MARIAGE DE LA REINE ? ♦ Je crois avoir déjà plus ou moins évoqué la question, j'irais donc ici plus loin : ce mariage est une erreur, cette présence un mauvais présage. Certes, nous avions besoin d'alliés continentaux, perdus depuis que la folie d'Henry VIII et son détestable anglicanisme nous avaient isolés. Mais de mon point de vue d'homme du nord partisan d'une paix avec l'Ecosse limitrophe, cette alliance sera une catastrophe. Déjà Henri II, en France, menace le port de Calais, d'importance majeure pour l'Angleterre. Et l'Ecosse est alliée avec la France, la petite Mary Stuart en lice pour coiffer la couronne d'Angleterre en plus des deux autres... Si un conflit armé doit être délanché, nous dans le nord serons les premiers à en faire les frais. Il va de soi qu'en dépit de tout le respect que j'ai pour Mary Ière d'Angleterre, j'aurais préféré une alliance franco-écossaise. La paix sur l'île aurait été préservée, le catholicisme assuré aussi et à long terme, nous aurions pu nous unir face au géant espagnol.

AGISSEZ-VOUS DANS L'OMBRE POUR VOTRE CAUSE OU VOTRE FOI, SI OUI QUE SERIEZ-VOUS PRÊT A FAIRE ? ♦ Je n'agis pas dans l'ombre : je l'ai assez fait, et je ne compte en aucun cas y retourner. La dissimulation commence sincèrement à m'insupporter, et à présent qu'une souveraine catholique a coiffé la couronne d'Angleterre, je n'ai absolument aucune raison de cacher quoi que ce soit. C'est le plus sincèrement du monde que j'ai prêté allégeance à la Reine Mary, et puisque je sais que nul ne s'en prendra plus aux miens pour des raisons politiques et religieuses, j'estime que les agissements dans l'ombre font désormais parti du passé. Ma cause et ma foi sont celles de la Reine et du catholicisme, nul ne peut me le reprocher ! A présent que je puis enfin vivre dans la lumière, de même que mes frères et mes soeurs, je compte bien y rester.




Dernière édition par Thomas Percy le Sam 5 Sep - 18:48, édité 11 fois
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeLun 22 Juin - 16:31
Chapter I


1537. La nouvelle, l'effroyable nouvelle était tombée sur notre famille tel un couperet au début de l'année précédente. Jamais jusqu'alors je n'avais vu ma mère dans un tel état. Et voilà presque treize mois que nous étions confinés aux stricts murs de Petworth House, par ordre de Sa Majesté le Roi Henry - maudit soit-il ! - sans savoir quand nous aurions le droit de sortir, ne serait-ce que pour arpenter les chemins caillouteux et humides des jardins. Sans même savoir si nous pourrions sortir de nouveau un jour. Douze mois et trois semaines, qui m'avaient semblé être douze ans. Je ne comprenais pas, personne ne comprenait, pas même ma mère. De nous tous, c'était celle qui me faisait le plus de souci : Katherine était trop jeune pour voir ce qui se passait, et se contentait de se plaindre de ne plus voir le soleil ; Henry me soutenait et m'aidait du mieux possible, il n'était mon cadet que de peu et nous ne faisions jamais rien l'un sans l'autre. A nous deux, nous parvenions sans trop de peine à distraire Guiscard et Richard, nos cadets parfois dangereusement turbulents, soutenus en cela par Joan, l'aînée des filles. Mary se chargeait exclusivement de Katherine. Tant bien que mal, et en ma qualité de nouveau chef de famille, j'étais satisfait d'avoir su maintenir un semblant d'ordre dans toute la fratrie. Sauf que cette satisfaction ne pesait rien comparé au reste : mon père, Thomas Percy, mort à Tyburn. Pour avoir suivi le Pèlerinage de Grâce, pour avoir refusé d'abjurer son catholicisme et de se soumettre à un roi rendu fou par sa mégalomanie, ses obsessions et sa quête de pouvoir, il avait eu à subir la pendaison, la noyade et l'écartèlement. Du haut de mes neuf ans, j'ignorais encore ce que signifiaient réellement ces mots, mais je n'avais pas eu beaucoup de mal à comprendre que je ne reverrais plus jamais mon père. Il était parti dans les pires souffrances. Et ma mère... Ma mère ! Je l'avais connue énervée, joyeuse, je l'avais connue sûre d'elle, triste parfois, attentive toujours, aimante, soucieuse, généreuse. Forte, aussi : elle non plus ne s'était pas démontée lorsque le Roi Henry s'était déclaré Chef Suprême de l'Eglise d'Angleterre. Elle avait appuyé mon père dans son souhait de rester catholique, fidèle à Rome et à la vraie religion. Elle n'avait jamais flanché. Sauf un an plus tôt. Et depuis, c'était de pire en pire.

- La pluie s'est arrêtée ! Lançais-je à la cantonade en poussant les portes de son salon. Mon ton joyeux sonnait faux - d'ailleurs, il l'était - mais j'étais résolu à faire comme si de rien n'était, comme si notre confinement n'existait pas et comme si mon père allait entrer dans le manoir d'une minute à l'autre pour nous donner sa bénédiction et nous ramener à York. Cela me paraissait plus facile ainsi. A mes paroles, ma mère et deux de mes trois soeurs redressèrent la tête. La petite Katherine s'était endormie sur un grand fauteuil. Quelle importance, fit ma soeur Mary, puisque l'on ne peut pas sortir ? Je haussais les épaules. Mary avait toujours eu un talent certain pour faire flancher toutes mes bonnes résolutions. J'ai pensé que vous seriez contentes de le savoir.
- Je suis contente,
sourit Joan. Si il pleut trop, les rues seront engorgées de boue et personne ne pourra ramener de viande aux cuisiniers. Il nous faudra encore manger des carpes.

De mes trois soeurs, Joan est incontestablement celle que je préfère. Au moins ne passe-t-elle pas son temps à piétiner mes efforts pour maintenir un semblant de vie normale. Mary fronce le nez, comme à chaque fois qu'elle est contrariée.
- Où sont tes frères ? Ma mère avait une voix rauque, presque éteinte.
- En haut, ils jouent à faire la course les jambes enroulées dans leurs draps.
L'ombre d'un sourire passa sur le beau visage de ma mère : je repris espoir. Avais-je la moindre chance de la voir heureuse à nouveau ? As-tu récité tes prières, ce matin ?
- Bien sûr. Le Pater, et l'Ave. Avec Henry et Richard. Guiscard dormait encore, mais nous l'avons réveillé juste après pour surveiller qu'il les dise aussi. Il ne s'est même pas trompé.
- C'est bien,
murmurait-elle, c'est très bien. Priez, mes enfants, n'oubliez jamais de prier. Le monde en a bien besoin.

L'atmosphère devint lourde à nouveau : je savais, je percevais nettement que ce n'était pas au monde que ma mère pensait, ni à mes frères, ni à aucun de nous sous ce toit, mais à mon père, mort en martyr, gisant Dieu savait où dans une tombe sans nom. Mary haussa les épaules, reprit son ouvrage de broderie. Du bout des doigts, elle essuya une larme qui roulait sur sa joue, sans doute avait-elle espéré être discrète, mais c'était sans compter sur notre mère : tu pleures, ma fille ? Mary leva les yeux, ils étaient rougis. J'aurais pu - j'aurais dû ! - lui en vouloir, moi qui faisait mon possible pour éloigner au maximum le chagrin et la peine qui étreignaient notre maison d'ordinaire si joyeuse, mais je n'y parvenais pas. Je n'y parvins pas non plus lorsqu'elle éclata en sanglots, réveillant la petite Katherine qui se mit aussi à pleurer : Père me manque ! déclara Mary, avant une nouvelle salve de larmes. Ma mère lui prit son ouvrage des mains et le posa à terre avait d'attirer contre son coeur la tête brune de ma petite soeur. De mon côté, je m'occupais de Katherine, qui sanglotait aussi, mais sans doute sans trop savoir pourquoi, du haut de ses trois ans. Je la pris dans mes bras, tentais de la rassurer en lui disant que tout allait bien, qu'elle était en sécurité, que nous étions à l'abri et que bientôt, nous partirions du Sussex pour rejoindre nos terres du Northumberland. C'était à cela que nous avions occupé les jours ayant suivi l'annonce de la mort de mon père : selon le souhait du roi, nous devions quitter Alnwick Castle à la frontière écossaise, ces terres du nord où nous étions chez nous, pour nous rapprocher de Londres et sa cour. Petworth House ne servait d'ordinaire qu'à cela : nous loger lorsque nous nous rapprochions de Londres et sa cour. Jusqu'à présent, jamais ces lieux n'avaient servi de prison. Il faut un début à tout, j'imagine. J'échangeais un regard avec ma mère, et elle me sourit. Un vrai sourire, pas éclatant comme ceux d'autrefois, mais un sourire sincère, à la fois triste et résolu, pas heureux, non, mais j'étais si content de la voir sourire que l'espace d'une seconde, j'en vins à oublier nos malheurs. Jusqu'à leur arrivée.

Ils toquèrent aux portes et lorsque les serviteurs vinrent leur ouvrir, entrèrent comme si ils étaient chez eux. Une servante - je reconnus une des lingères de ma mère - se présenta à nous en se tordant les mains : des hommes du roi. Ma mère se leva, aussi digne et fière que Catherine d'Aragon en personne. Allez chercher mes fils, ordonna-t-elle. Katherine releva la tête, jusque là nichée dans le creux de mon épaule. Qui est là, Maman ? Des gentils ou des méchants ? Je la posais à terre, sentant le regard de Mary fixé sur moi. Quelques mètres nous séparaient, pourtant je percevais ses tremblements comme si j'y étais moi-même sujet. Restez derrière moi, les enfants. Et nous avons descendu en silence les escaliers menant à la grande salle, celle que mon père avait consacré aux banquets et autres festivités chargées de monde. Les hommes du roi, reconnaissables entre mille à leur livrée, y étaient assis, les pieds sur la table : cela me rendit furieux. Pour qui se prenaient-ils ? Où se croyaient-ils ? Diantre, nous étions ici chez nous !... A moins que...

- Bienvenue à Petworth, messieurs, lance ma mère sur un ton qui signifie tout, sauf que ces hommes sont les bienvenus. Vous souhaitiez me voir ?

Tous se lèvent aux premiers mots de ma mère, comme le veut l'usage lorsqu'une bien-née entre dans la pièce. Tous sauf deux d'entre eux, sans doute les capitaines, qui restent à leur place et la dévisagent d'un air goguenard. Pris d'une brusque envie de les étrangler, je baisse les yeux et serre les poings. Leur façon de se comporter est intolérable. Si mon père était là... Mais il n'est plus là. Il ne sera plus là, plus jamais. Et j'ignore quel sentiment est le plus fort : la colère ou le chagrin. Ordres du roi, dit un des capitaines en tendant un papier à ma mère. Celle-ci le dévisage un instant et prend l'objet du bout des doigts, comme s'il s'était agi d'une vieille loque puante. A ce moment-là, mes frères descendent dans un joyeux désordre qui s'arrête d'un coup, lorsqu'ils entrevoient les hommes du souverain. Je me retourne à demi : Henry, mon cadet d'un an, ouvre la marche, ses yeux aussi clairs que les miens sont écarquillés, à mi-chemin entre la peur et la curiosité. Guiscard et Richard trottinent derrière lui, et se hâtent de se réfugier dans les jupes de Joan. Mary ne lâche pas le papier des yeux, Henry se place à ma gauche. Ma main droite tient celle de Katherine. Le silence qui s'installe est figé, troublé seulement par les bruits venant des gestes maternels : sceau de cire brisé, papier déplié. Ses yeux parcourent les lignes qu'à la lumière, je ne peux que distinguer vaguement. Je plisse les yeux dans l'espoir d'identifier une lettre, un mot, mais c'est peine perdue. Ce sont vos enfants ? interroge brusquement un des gardes après plusieurs minutes de silence. Ma mère lève les yeux de son papier, fixe le garde comme si il venait de dire la pire ineptie de sa vie. L'homme rougit, je souris. A votre avis ? lance ma mère d'un ton acide. Mon sourire s'élargit. J'adore ma mère.

En même temps, la question du soldat est on-ne-peut plus stupide : évidemment que nous sommes ses enfants. Je ne vois même pas pourquoi il en doute, qui d'autre pourrions-nous être ? Certes, seuls Guiscard et Mary ont hérité de ses yeux bruns : nous autres, Henry, Richard, Joan, la petite Katherine et moi-même, avons les iris de notre père, bleus comme le ciel pâle et dégagé des petites heures du jour. Mais la masse de cheveux sombres et bouclés nous vient évidemment de notre mère. D'autant que nos vêtements à tous montrent bien que reclus ou non, nous sommes bel et bien les enfants de Lord Thomas Percy et Lady Eleanor Harbottal : où avait-il vu les rejetons de domestiques s'habiller de la sorte ? J'ai un reniflement méprisant. Cet homme est un imbécile. Et l'air atterré de ma mère montre bien qu'elle est du même avis que moi, donc que j'ai raison. Un garde royal, sans doute a-t-il prêté allégeance au Roi Henry, sans doute approuve-t-il les inepties qu'il a proférées à l'encontre de Sa Sainteté le Pape, de la religion catholique, de mon père. Cet homme ne mérite même pas d'être dans la même pièce que nous : ceux qui plient le genou devant des hérétiques sont eux-mêmes des hérétiques. Ils brûleront. Plusieurs minutes durant, je suis tout à ma satisfaction, sans trop me préoccuper des papiers attentivement lus par ma mère. Mon regard va d'un garde à l'autre, et je me dis qu'ils sont tous de fieffés idiots, sans remarquer que ma mère blêmit progressivement. Le silence qui a bien vite repris ses droits, pourtant, aurait dû m'avertir. Même Katherine n'ose rien dire, alors qu'à trois ans, on ne se rend pas réellement compte de ce qui se passe autour de nous. Lorsque ma mère finit par le rompre, je sursaute et sa voix blanche réduit à néant tout mon contentement méprisant de petit aristocrate. Cela ne se peut, dit ma mère, cela ne se peut.
- Mère ?
Le mot est sorti tout seul, d'une voix minuscule, et pourtant il résonne comme si je l'avais hurlé. Ma mère me jette un regard, ses lèvres tremblent et je vois une tempête de panique agiter ses prunelles noisette.
- Cela ne se peut, répète-t-elle, vous n'avez pas le droit...
- Le Roi est Roi,
avance l'un des gardes, il a tous les droits qu'il désire avoir.
- Vous ne pouvez, non, vous ne pouvez pas me retirer tout ceci. Ces châteaux, ces titres et ces terres, tous ces biens sont les miens !
- Ceux de feu votre époux.
- Les miens, donc ! Tout ceci doit revenir à mes enfants ! De quel droit dépossédez-vous mes enfants de ce qui leur revient ? De quel droit retirez-vous à mes enfants leur héritage ? Que vont-ils devenir ?


Là, tout de suite, je crois bien que je ne serais plus jamais heureux. Les pensées se bousculent dans ma tête, je suis trop abasourdi pour réagir, et la voix de ma mère me fige sur place. C'est plus que de la colère, plus que du chagrin, c'est du désespoir. Mary fond en larmes, Richard aussi. Katherine les observe sans comprendre autre chose qu'une affaire terrible est arrivée, et elle finit par pleurer avec eux. Seuls Guiscard, Henry, Joan et moi continuons de nous regarder les uns les autres, notre mère, le papier, les gardes. Je ne suis pas sûr de tout comprendre, encore moins de vouloir comprendre. Mais malgré moi, je comprends.
- Votre mari était un traître, Madame. Un martyr pour certains, mais un traître pour la justice royale, bénie soit-elle. Il est mort en traître, vos enfants sont ceux d'un traître, vous-même êtes la veuve d'un traître.
- MENSONGES !
Je hurle en me précipitant en avant. Joan et Henry me retiennent par les bras.

Le garde me dévisage un long moment.
Je comprends, oui : mon père était un saint personnage, un grand homme qui a eu le courage de cracher à la figure du Roi et des principes honteux qu'il s'efforçait d'inculquer à l'Angleterre, et qui en a payé le prix fort. Ils hurleront 'traître', je répondrais 'martyr'. Et maintenant qu'ils ont noyé dans le feu de leur tyrannie la voix de la véritable justice et de la foi digne d'être qualifiée comme telle, ils veulent tout nous prendre. Tout ce qui nous revient, tous nos biens, tout...
Bientôt, mes frères et soeurs, moi-même, ma malheureuse mère, ne seront rien de plus que des parias sans titre ni fortune. Le garde se détourne : vous avez vu, Madame, les dispositions prises par le Roi concernant vos deux fils aînés ?
Elle ouvre de grands yeux anormalement pâles : Thomas et Henry ? Je ne suis pas allée jusque là... Je crois avoir eu mon compte d'ignominies pour le restant de mes jours. Sa Majesté - elle bute sur le dernier mot - a-t-elle l'intention d'en faire ses pupilles ?
Le garde sourit. Froidement, comme un homme sûr de son pouvoir irait sourire à une enfant capricieuse et un peu simple d'esprit qui s’opposerait vainement à lui. J'aimerais lui cracher à la figure, mais le bras de Joan me ceinture toujours la taille, et m'en empêche. Non, Madame. Vos deux fils aînés seront placés sous la protection de Sir Thomas Tempest, fidèle et loyal sujet de notre bien aimé Roi Henry VIII. Et avant que je n'ai eu le temps de réaliser ce qui venait d'être dit, il se tourne vers ses sous-fifres : saisissez-vous des deux aînés.
D'un bloc, nous reculons tous, tous les sept. Comme un seul homme, Katherine compris. Mary a séché ses pleurs, s'est redressés, tient Henry par la main. Autour de ma taille, Joan resserre sa prise, mais loin d'essayer de me dégager, je la ceinture à mon tour et m'accroche à elle, de toute mes forces. Sans doute vais-je lui faire mal, à force, mais ni elle ni moi ne nous en soucions. Tout ceci n'a duré que moins d'une seconde, en réalité, avant que la voix de ma mère ne s'élève à nouveau. Cette fois-ci, la rage s'est ajoutée au désespoir.

- NE TOUCHEZ PAS A MES FILS !
Et elle se précipite vers nous, se place devant nous.
- Madame Percy...
- Je suis LADY Percy, ordure ! LADY PERCY ! Vous m'entendez ?
- Vous n'êtes plus une Lady depuis ce matin, Madame,
reprends le garde. A présent, veuillez faire preuve de dignité et...
- De dignité ?
S'écrie ma mère. De dignité ? Brûlez en Enfer, vous et votre dignité ! Je me fiche bien d'être digne, vous ne poserez pas la main sur mes garçons ! Sur aucun de mes enfants, d'ailleurs ! RECULEZ !
- Ordre de Roi ne se refuse.

Il a raison, hélas, et ma mère le sait. Je le sais aussi, même si je ne voudrais pas. Ne les laisse pas nous emmener, Maman, gémit Henry.
- Jamais, répond cette dernière.
Les gardes affluent autour de nous comme les mouches autour d'un mot de miel. Iront-ils jusqu'à agresser ma mère, mes soeurs ? Non, cela ne se peut. Non, je ne les laisserais pas faire. Maman, je souffle, je crois que nous n'avons pas le choix. J'entends sa respiration sifflante s'adoucir. Non, nous n'avons pas le choix.
- Thomas, qu'est-ce qui te prends ? Me chuchote Henry, l'air furibond.
- On n'a pas le choix, si on ne vient pas, il vont s'en prendre à Maman et aux filles.
- Ils n'attaqueront pas des dames, Thomas !
- Ils ont bien attaqué Père pour un pèlerinage ! S'en prendre à la veuve et aux enfants d'un soi-disant traître n'est pas un problème pour eux.
- Quand vos rejetons auront fini de comploter dans vos jupes, Madame,
déclare le garde, nous pourrons peut-être trouver un arrangement.
- Quelle sorte d'arrangement ?
- Laissez vos garçons partir, et aucun mal ne vous sera fait, ni à vous, ni à vos filles, ni aux deux autres fils.
- Parce-que c'était prévu ?
S'étrangle ma mère. Il a le même sourire que précédemment, ce sourire détestable qui me donne envie de le gifler.
- Uniquement si vous protestez. Oserez-vous contester un ordre du Roi, Madame ? Désirez-vous suivre feu votre époux dans la tombe ? Qu'adviendra-t-il de vos précieux enfants, nés d'un traître et d'une traîtresse ?
- La ferme !
M'exclamais-je à nouveau, mon père n'était pas un traître, et je vous interdis d'insulter ma mère !
- En voilà un qu'il va nous falloir dresser,
commente le garde alors que ricanent ses camarades.

L'étau protecteur que nous formions se desserre peu à peu. Un des hommes, un jeune, nous pousse en avant, Henry et moi. Joan a un petit cri. Ma mère est entre nous deux, pose chacune de ses deux mains sur une de nos épaules. Ses yeux ne quittent pas le visage du garde, et lorsqu'elle reprends la parole sa voix tranche l'air comme une flèche acérée.
- Si j'apprends que vous avez levé la main sur l'un de mes garçons, vous allez entendre parler de moi même après avoir rendu votre dernier souffle.
- Aucun mal ne leur sera fait,
assure l'homme. Il se tourne vers deux serviteurs qui avaient bien essayé d'intervenir, mais s'étaient retrouvés bloqués par les gardes : rassemblez les affaires de ces deux jeunes hommes, j'enverrais quelqu'un les chercher dans l'après-midi.
- Quand doivent-ils partir ?
- Maintenant.
- NON !
Henry et moi, de concert, nous tournons vers notre mère : pas tout de suite, Maman, pas maintenant ! Pas maintenant !

Elle sourit alors que des larmes silencieuses dégringolent le long de ses joues pâles, et s'accroupit avant de nous ouvrir les bras. Je me dégage de la prise du garde, court vers elle, de même que mon frère : pas maintenant, Maman, pas tout de suite...
- Je ne veux pas non plus, Thomas, mais il le faut. Henry, Thomas, mes fils, mes premiers nés...
Elle nous regarde, et je crois bien que son sourire s'élargit en même temps que redoublent ses larmes. Mes petits chéris, n'oubliez jamais que je vous aime. Soyez forts, soyez courageux, vous pouvez l'être. Soyez les dignes fils de votre père. Restez ensemble, soutenez-vous. Priez, mes enfants, n'oubliez jamais de prier. Et quand vous désespérerez, songez que quelque part dans ce pays, votre mère ne pense qu'à vous, et vous aime plus que tout au monde. Je ne veux pas vous laisser partir, mais je n'ai pas le choix. Vous êtes et serez toujours mes deux garçons chéris, mes bébés. Soyez forts, mes fils.
A nouveau, elle nous serre contre elle. Je ferme les yeux, inspire à fond, comme pour m'imprégner à jamais de son parfum, de cette étreinte, comme si je n'allais plus jamais la revoir. Henry sanglote aussi, mais c'était avec une pointe d'étonnement que je me rends compte que ce n'est pas mon cas. Doucement, je m'éloigne d'elle, alors que mon frère y reste accroché. Elle sourit toujours.

- Il est temps, fait le garde, impatient d'accomplir sa besogne.
Aussitôt, une lourde cape s'abat sur mes épaules. Je reconnais le serviteur de mon père, et je vois que lui aussi peine à retenir ses larmes. Cela me surprend : je ne me souviens pas lui avoir beaucoup parlé, et j'ai l'impression que je vais lui manquer. Lorsque je comprends qu'il va me manquer aussi, j'ai un petit sanglot, étouffé par le bruit du pas des gardes qui séparent ma mère et mon frère. Je cherche nos cadets du regard : toujours serrés les uns contre les autres à la même place, ils sanglotent en silence. Eux aussi vont me manquer. Seule Joan ne pleure pas : elle me regarde, me sourit, me fait un signe de tête presque imperceptible. Comme si elle attendait de moi... Une promesse ? Alors que l'un des gardes m'attrape le bras et qu'un autre agit de même avec Henry, je me tourne une dernière fois vers ma mère : je reviendrais, Maman ! M'écriais-je, je reviendrais et reprendrais tout ce qui est à nous ! Je récupérerais nos biens ! Je vous le jure !
Et alors que les gardes royaux me traînent dehors, vers les chevaux qui doivent nous mener loin des nôtres, je crois voir, l'espace d'un instant, le sourire de Joan s'élargir jusqu'à découvrir ses dents blanches et bien alignées. Un sourire de joie. Puis les portes se referment, comme pour signifier qu'ici prend fin le premier chapitre de mon existence.


Chapter II



1541. La porte se verrouilla avec un déclic. Un tour, puis deux, et après une hésitation, un troisième. Comme si nous avions l'intention de nous enfuir. L'idée était tentante, certes, mais où irions-nous ? Deux gamins de douze et treize ans remontant seuls du Berkshire vers le Northumberland ? Il ne fallait même pas y songer. Au reste, nous serions interceptés avant d'avoir franchi les limites du comté et ramenés aussi sec en ces lieux, avec en prime une punition que je ne voulais même pas envisager. Allongé dans le noir, je me surpris à avoir un rictus amer : les précautions de Tempest nous concernant étaient des plus ridicules.

- J'ai mal aux jambes.
- Je sais, moi aussi. C'est à cause du cheval.
- Diantre, qu'est-ce que j'ai mal !
- Arrête de geindre, Henry, ils vont nous entendre.
- Il n'empêche que j'ai vraiment très mal.
- Henry, ferme-là un peu !
- Mais c'est vrai !
- SILENCE LA DEDANS !


Je soupire. L'indiscrétion de mon frère est parfois - souvent - désespérante. Désolé, souffle-t-il. Mais je n'ai que le temps d'ouvrir la bouche, pas celui de répondre : un nouveau coup, plus violent que le premier, est asséné contre la porte : j'ai dit silence ! Sinon vous aurez affaire à moi !
Diantre, cet homme a des oreilles de chauve-souris ! J'enfouis ma tête dans l'oreiller trop dur. Henry s'agite quelques instants supplémentaires, mais au bout d'un moment, les pas s'éloignent. Ils ne nous laisseront jamais tranquilles ? Je souris avec amertume : pas de quartier pour les fils de traîtres.
- Tu n'as rien dit à Mère, n'est-ce pas ? Pour le fouet, les bâtons... Tu n'as rien dit ?
- Non. Elle aurait paniqué et n'aurais rien pu faire de toute façon. Mieux valait ne rien lui dire.

Un silence. Et puis... : elle me manque. Elle et Guiscard et Richard, et nos soeurs aussi. Ils me manquent, tous.
- Ils me manquent aussi.
- Tu sais quoi ? Je crois que je ne me souviens même plus de leurs visages. Tu crois que c'est possible, de regretter quelqu'un qu'on commence à oublier ?
- Tu le les a pas oubliés, c'est juste que nous ne les avons pas vus depuis très longtemps. Moi non plus, je ne m'en souviens plus vraiment. Katherine a dû beaucoup grandir.


Cinq ans. La dernière de la fratrie Percy avait huit ans, et je me souvenais d'elle comme de la fillette de trois ans que je prenais dans mes bras lorsqu'elle pleurait, qui lovait sa tête dans le creux de mon épaule pour que je la protège. Sans doute m'avait-elle oublié. Sans doute que sans notre mère pour leur rappeler à tous que quelque part dans le sud, leurs deux frères aînés priaient sans relâche pour espérer revoir leurs visages un jour, ils nous auraient oublié. Quoique, pas Joan. Mais les autres... J'eus un soupir résigné. Nous étions passés d'une prison à une autre, de Petworth House à Tempest Manor, sauf qu'au moins dans le Sussex, je savais que ceux qui vivaient sous le même toit que moi ne m'étaient pas hostiles. Ici, c'était le contraire. Sans Henry, je n'aurais personne : Sir Thomas nous considérait comme des renégats, des fils de traître, des parias sans valeur - à grand peine me retenais-je de lui rappeler que les Percy étaient presque une famille royale, dans le nord. Mais depuis le Pèlerinage de Grâce qui avait signé l'arrêt de mort de mon père, nous avions tout perdu. Titres, argent, terres, heureusement notre mère avait malgré tout pu reprendre la gestion de Alnwick Manor, près du mur d'Hadrien, et des quelques terres le ceinturant. C'était peu, comparé à ce que nous avions jadis, mais c'était toujours ça. D'autant que des Percy, ce manoir était tout ce que l'on nous avait laissé : les titres s'étaient envolés, les rentes, les droits, tout. Selon la loi, Eleanor Percy née Harbottal, ma mère, n'occupait ce château que parce-que le bon Roi Henry avait eu la générosité de le lui autoriser. Un seul faux pas, et elle perdait le peu qu'on lui avait laissé.

Au moins, Mère était chez elle, entourée de cinq de ses sept enfants. Nous, nous logions chez l'ennemi, chez un homme qui n'avait pour nous que haine et mépris, qui sans doute s'occupait de nous uniquement dans l'espoir de racheter ses péchés et de prouver au Roi Henry qu'il était un digne sujet. J'ignorais combien le Roi lui versait pour qu'il nous ait à charge, il y avait peu de chances pour qu'il acceptât de nous nourrir et nous loger sans frais. Une jolie somme, sans doute. Peut-être prise sur les revenus de ma mère, ou les pensions que ce même Roi Henry avait jadis versé au seigneur mon père. Lentement, je me roulais sur le côté, étouffant un grognement douloureux. Henry n'était pas le seul à souffrir : les courbatures avaient gagné l'arrière de mes cuisses et me lançaient atrocement. Diable, que j'ai mal ! fis-je entre mes dents. Tu vois, me dit Henry, je ne suis pas le seul.
- Je crois que j'ai perdu dix kilos, ces deux derniers jours, à force de crapahuter dans tout le Berkshire.
- Vivement qu'il se remette à pleuvoir, avec un peu de chance on nous épargnera quelques un des exercices physiques.
- Pour les remplacer par de la théologie ?
Ironisais-je, flamboyant. Je crois que je préfère encore les exercices physiques.
Un fou rire nous saisit tous deux, faisant naître de nouvelles douleurs, au niveau des côtes cette fois. Comme si cela pouvait changer quelque chose, j'y portais les mains. Je suis un bleu géant, ris-je, étouffant un nouveau grognement.
Il était une chose dont nul ne pouvait se plaindre : l'éducation donnée par notre protecteur était digne de notre naissance. Sans doute n'aurait-elle pas été différente si notre père s'en était occupé. Nos journées étaient remplis jusqu'à la panse, il semblait impossible de rajouter une quelconque discipline à celles qui étaient déjà prévues pour nous : logique, grammaire, rhétorique, arithmétique, français, espagnol, latin, grec, littérature, un peu d'italien et d'allemand pour compléter l'affaire. Danse, parfois. Equitation, tous les jours, et plusieurs heures durant. Escrime, stratégie militaire, politique, philosophie. Maniement de toutes les armes possibles et imaginables, même certaines dont je n'aurais soupçonné l'existence. Histoire, géographie. Tir à l'arc, au fusil. Joutes. Droit. Théologie, la pire des disciplines depuis que l'Angleterre avait basculé dans cette hérésie infâme qu'était l'anglicanisme. Nous étions levés aux aurores, couchés bien après le soleil, sur un lit de camp a peine assez juste pour nous deux dressé dans la pièce exiguë qui nous servait de chambre. Et le dimanche, mon jour favori de la semaine, nous partions chasser dès que sonnaient les cloches de fin de messe. Nous avions de la viande à chaque repas, les meilleurs morceaux nous étaient réservés. Une lettre du souverain nous autorisait même à en manger pendant les périodes de carême, à condition qu'elle soit maigre. Je doutais fort que là-haut, dans le Northumberland, pareil traitement soit appliqué à nos frères et soeurs.
Et pourtant, je n'avais qu'une envie : partir. Embarquer Henry, fuir ce manoir et ces gens, fuir très loin et trouver refuge chez ma mère.

- Lord Thomas ! Lord Henry !
Comme d'un seul homme, mon frère et moi nous redressâmes, faisant grincer le sommier aussi tendre d'une roche polie. J'eus une grimace involontaire : voilà que mes bras me faisaient souffrir aussi. Qui est-là ?
Dans la semi-pénombre, je distinguais difficilement les traits de mon frère, mais je voyais bien la lueur jaune et faiblarde - une bougie ? - qui s'agitait derrière l'épais panneau de bois. C'est Odila. Vous êtes enfermés ?
- A triple tour,
soufflais-je.
- Ne bougez pas.
Et ses pas s'éloignèrent furtivement.
- Et où veut-elle que l'on aille ? S'amusa Henry. J'eus un haussement d'épaules, sans répondre. Contre mes côtes, je sentais mon coeur battre un peu plus vite : que la servante se présente à nous en secret et dans la nuit, aussi discrète qu'une souris, ne pouvait signifier qu'une chose. Des nouvelles du Northumberland.

Cinq, dix minutes passent, dans le silence. J'en viens à me demander si je n'ai pas en réalité eu une hallucination auditive, si je n'ai pas rêvé que la jeune femme toque à notre porte au beau milieu de la nuit ; mon désir de retrouver les miens, où à défaut de les revoir, d'avoir de leurs nouvelles serait-il en train de me rendre fou ? Je n'ose interroger Henry. Il garde le silence, lui aussi, comme s'il attendait. Sommes-nous deux à avoir rêvé ? Et puis... Un grattement...
Un déclic, puis deux, puis trois... La porte qui s'ouvre un peu, en couinant...
Et la lumière de la bougie qui répand une flaque jaune foncé autour de la silhouette efflanquée de la servante. Odila !
- Doucement, Lord Henry, Sir Thomas va vous entendre.


Provoquant un grincement détestable et particulièrement bruyant, mon frère s'est extrait des draps d'un coup. Un sceau d'eau glacée ne l'en aurait pas tiré plus vite. Pour ma part, je me contente de m'asseoir en tailleur sur le matelas trop dur, au fond du lit pour me rapprocher d'eux. D'un coup de pied, la servante referme la porte dans un déclic finalement bien discret comparé au boucan provoqué par mon frère. Elle pose sa bougie à terre, et je constate que celle-ci est mourante : Odila a intérêt à faire vite, à moins de vouloir regagner à tâtons son étage : j'ai ceci pour vous, My Lords.
Et elle sort de sous son bras une lettre visiblement bien fournie, car épaisse. A la lumière, je reconnais l'écriture de Joan et un sourire éclaire mon visage. Vous auriez dû la glisser sous la porte, dis-je, si quelqu'un vous prend ici vous aurez des ennuis.
- Ne vous inquiétez pas pour moi, Lord Thomas.
Elle est la seule à nous appeler encore par ces titres : pour le reste de la maison, pour le reste du pays sans doute, nous sommes messieurs Percy. Parfois même juste Thomas et Henry. J'ai également cela, mais je ne pouvais pas le glisser sous la porte.
Elle nous tend un petit coffret : de votre mère, précise-t-elle.
Je me sentis blêmir. Une lettre de Joan... Un coffret de notre mère... Cela ne signifiait-il pas qu'elle était passée de vie à trépas sans que quiconque nous ait prévenus, et que ceci comprenait les objets qu'elle avait voulu nous léguer ? Sans doute mon malaise fut-il perceptible, car la jeune femme qu'était Odila me regarda un petit moment, avant de comprendre, tandis que les yeux d'Henry faisaient le voyage entre mon visage, celui de la servante, le coffre et la lettre. Votre mère va bien, Lord Thomas, je crois même qu'une partie de la lettre est d'elle. Croyez-moi, elle va bien.
- Vous en êtes sûre ?
- Certaine, un de vos serviteurs du Sussex m'a porté tout ceci ce matin, j'ignore comme elle s'y est prise pour vous le faire parvenir depuis le Northumberland, mais il me l'aurait dit si quoi que ce soit lui était arrivé. Votre mère va bien,
répéta-t-elle comme pour nous convaincre.
Ma frayeur se dissipa moins vite qu'elle n'était venue, mais finit par disparaître.
- Vous êtes gentille, Odila, sourit Henry. Dieu vous le rendra.
- Amen,
fut ma seule réponse.
La servante se signa.

Nous formions un trio bien étrange, tous ici. Mon frère et moi en chemise, les muscles rendus douloureux par la quantité d'exercices physiques subis pendant la journée, et face à nous la servante avec son accent du Berkshire, son tablier taché, ses cheveux roux foncé et ses taches de rousseur sur le nez. Elle n'avait rien des beautés aristocratiques que j'avais pu croiser dans mon enfance, ou que je voyais de temps à autre, l'épouse de Sir Tempest, les femmes de leurs invités, ces beautés dont faisait partie ma mère. Je me souvenais encore, malgré tout, de son teint laiteux, de ses pommettes saillantes, de ses boucles sombres, de son calme souvent olympien et de son maintien de souveraine.
Odila n'avait rien de cela. Ses cheveux étaient sans arrêt en bataille, ses joues roses à force de courir d'un point à l'autre de la demeure à longueur de journée, elle avait les mains abîmées et était incapable de rester en place plus d'une minute. Pourtant, lorsqu'elle souriait, donc l'essentiel du temps en fait, je la trouvais jolie. Elle avait un beau sourire, encadré de deux petites fossettes.
Peut-être était-ce parce-que c'était le seul sourire sincère que l'on daignait m'accorder depuis cinq ans.

- Vous voulez manger quelque chose ? Lança la jeune femme, détournant son regard du mien alors que je la fixais.
- Vous n'aurez bientôt plus assez de feu pour rentrer.
Je désignais du menton la bougie qui faiblissait.
- Oh, ne vous en faîtes pas, répliqua-t-elle avec un ton enjoué, je connais les lieux comme ma poche. J'ai grandi ici.
- Alors vous êtes plus chez vous que nous,
murmura Henry.

Des poches de son tablier, elle sortit des gâteaux aux amandes : tenez, c'est pour vous. C'est moi qui les ai faits, j'espère qu'ils seront bons, c'est la première fois que je m'y essaie !
- Délicieux !
S'exclama mon cadet en mordant dans l'un d'eux.
Je me contentais de sourire et de me servir à mon tour, la remerciant du regard.
- Si un jour il vous prend l'envie de descendre en cuisines, n'hésitez pas, vous y serez mieux accueillis que dans la salle à manger.
- Nous pourrions difficilement trouver pire,
déclara Henry, si fort que je dus lui asséner une petite tape sur l'épaule pour qu'il baisse d'un ton.
Ce n'était pas le moment de nous faire attraper.

Et alors que je mâchais lentement mon gâteau, mes yeux ne cessaient d'être attirés par ce coffre clos offert par notre mère. N'y tenant plus, et alors que mon frère et la servante bavardaient en chuchotant, j'attrapais la boite et l'ouvrit.
- Henry, viens voir...
Une Bible, un chapelet et deux dagues. C'était tout... Et cela me semblait immense. C'était à Père, non ? Souffla mon cadet. J'opinais en silence. Odila se signa, comme devant des reliques sacrées.
- Tu n'as qu'à prendre une des dagues, je prendrais l'autre. Mais nous ferions mieux de tout laisser dans le coffret pour l'instant, et de cacher ça... Sous le lit ?
- Ils le verront.
- Dans l'armoire ?

Mes yeux parcouraient l'ensemble de la pièce alors que la lumière faiblissait de minute en minute. Parfois, je parvenais tout juste à distinguer les contours de nos quelques meubles.
- Je peux cacher ça en cuisine, avança la servante. Personne n'ira les chercher là-bas, et personne là-bas ne vous dénoncera. Vous pourrez descendre les voir quand bon vous semblera, et quand vous partirez, je vous les amènerai.
J'opinais. C'était le mieux.
- Pourquoi nous aidez-vous, Odila ?
La question était sortie tout seule. Elle n'avait rien d'un piège, cependant : je ne remettais en aucun cas en doute son aide et son affection. Je voulais simplement savoir pourquoi, alors que les maîtres des lieux se donnaient tant de mal pour nous montrer leur hostilité, la servante nous venait en aide. A nouveau, je la fixais sans ciller. Il me fallait connaître sa réponse.
A la lueur de la bougie, je vis son teint virer à l'écarlate.

- Parce-que votre père était un saint homme, Lord Thomas. Et parce-que vous ne méritez pas ce qui vous est arrivé. D'où les signes de croix.
Je souris. Ils auraient beau nous répéter à l'envi que notre père était un traître et que nous n'étions que des moins que rien par conséquent, il y avait quand même des personnes pour qui Thomas Percy, sixième comte de Northumberland, était un saint homme. De véritables catholiques, sans doute. Peut-être y en avait-il même plus que ce que Tempest voulait bien nous faire croire. Mon père - rares étaient les morts à rester aussi présents dans le quotidien des vivants. Tout avait basculé depuis ce Pèlerinage. Maintenant que j'avais treize ans, je comprenais mieux, à la fois les raisons qui l'avaient poussé à prendre ce risque, mais aussi les peines qu'il avait endurées ensuite. Pour avoir eu le courage de s'opposer à un tyran.
Pendaison. Noyade. Écartèlement. J'avais fini par comprendre ce que cela signifiait, mais je me refusais à imaginer la silhouette tant respectée de mon paternel subir ces infamies. Une seule chose surgissait de ces sombres pensées : la justice divine était implacable et irrémédiable. Qu'Henry VIII profite de sa toute-puissance tant qu'il en avait encore le temps, bientôt le glas sonnerait pour lui, et le Ciel pourrait attendre. Une fois que j'aurais grandi, que je serais devenu un homme comme l'avait été mon père, j'irais réclamer ces biens qui nous revenaient de droit et je veillerais à ce que jamais pareil drame ne se répète. Mon père était mort au nom du catholicisme, je me battrais pour le voir enfin restauré en Angleterre.

Lorsque la servante fut repartie avec le coffre et sa bougie éteinte, nous laissant la lettre que je cachais sous le matelas, l'obscurité et le silence envahirent bientôt la pièce. J'étais presque au portes du sommeil, l'esprit cependant encore troublé par la vision des affaires de mon père, lorsque mon frère rompit ma quiétude. Avoue-le, elle te plaît, la servante !
- Oh, la ferme. Tu ne veux pas me laisser dormir ?
- Tu ne dors pas, puisque tu parles !
- Henry, boucle-là.

Il ricana. Je tâchais de conserver mon sérieux, mais fut vite contaminé : mon frère avait le rire communicatif. Bientôt, nous étions comme deux imbéciles à rire dans le noir. Avant de reprendre notre sérieux : pourquoi Maman nous a fait parvenir ça, tu crois ? La Bible, le chapelet, les dagues... Pourquoi ? J'aurais cru qu'elle aurait tout gardé, en souvenir de notre père.
- Elle a déjà le château et quelques terres
, avançais-je. Tout ça, c'est pour être sûre que nous n'oublions pas.
- Oublier quoi ?

Plus je parlais, et plus j'avais l'impression de comprendre : c'était en fait d'une logique implacable.
- Qui nous sommes, d'où nous venons. Ce qu'il nous faudra faire pour récupérer ce qui nous revient de droit, notre héritage. Et pour que l'on se souvienne des raisons pour lesquelles Père s'est battu, et est mort. Pour que l'on n'oublie pas qui est l'ennemi. Qui sont nos ennemis, plutôt.
- Tu parles du Roi ?
- Le Roi, ses conseillers, les protestants. Sans eux, rien de tout cela ne serait arrivé. Père est mort à cause d'eux, je le vengerais.


C'est sur ces paroles que je sombre d'un coup dans le sommeil.





Dernière édition par Thomas Percy le Ven 26 Juin - 21:22, édité 33 fois
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Thomas ┼ I will take what is mine Empty
MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeLun 22 Juin - 17:21
Chapter III


1549. Je n'avais pas la moindre envie de faire cela. Mais je n'avais guère le choix : pour mener à bien ma promesse, ma mission, pour restaurer enfin les droits de mon nom et de mon sang, pour reprendre ce qui me revenait... Je n'avais pas le choix. A contrecoeur, je m'étais résolu à plier le genou devant Edward VI et le Lord Protecteur Edward Seymour, duc de Somerset. Devant un enfant-roi protestant et son protecteur plus protestant encore, qui détenait véritablement les rênes du pouvoir, puisque ce n'était pas du haut de ses onze ans que le fils d'Henry VIII allait régner sur un royaume. A fortiori le nôtre, qui connaît une période plutôt tendue : l'échec cuisant de l'offensive anglaise contre le royaume d'Ecosse limitrophe, l'exécution de Thomas Seymour, baron de Sudeley, les rumeurs d'insurrection en Cornouailles altéraient la puissance du Lord Protecteur. Déjà, dans l'ombre, les noms de John Dudley, comte de Warwick, d'Henry Grey, marquis de Dorset, commençaient à se faire entendre. Pour beaucoup, les jours du Lord Protecteur à la tête du gouvernement étaient comptés. D'un côté, j'espérais que ce soit vrai - un protestant en moins ne ferait jamais de mal à personne, de l'autre je redoutais justement qu'à sa place soit nommé un autre plus protestant encore. Quand donc ce royaume cesserait-il de s'enfoncer dans l'hérésie ?

L'heure, cependant, n'était pas à ces questions : il me fallait les taire, les enfermer à double tour au plus profond de ma conscience au moins le temps de l'audience. Car si j'espérais convaincre le souverain de me remettre dans mes droits, il fallait bien que je joue au parfait courtisan. Une comédie détestable s'il en était, mais nécessaire. Genou à terre, j'exposais mon cas : fils d'un traître, mais fidèle et loyal sujet de Sa Majesté, élevé dans la maison d'un homme apprécié de feu le Roi Henry. Je ne suis pas mon père, disais-je, même si je sais qu'aucun de mes actes ne pourra racheter sa conduite infamante. J'implore aujourd'hui la clémence et demande très humblement à Sa Majesté le Roi Edward - du Tudor ou du Seymour, j'ignorais à qui je m'adressais en réalité, et je m'en fichais comme d'une guigne - de me restituer mon héritage, afin que je puisse prouver combien mon attachement envers la couronne était profond et loyal. Et ceci pendant une bonne heure.

Une superbe mascarade longuement pensée, où j'avais pesé à l'avance chacun des mots que j'avais employés, où j'avais tout mis en oeuvre pour montrer quel repenti j'étais - ou je prétendais être. A chaque minute, j'avais l'impression de trahir les valeurs de mes parents, mieux, de ne pas me reconnaître. Qu'aurait pensé mon père, s'il me voyait agir ainsi, lui qui avait donné sa vie au nom de sa foi ? Peu de bien, sans doute... Mais je n'étais pas mon père. Je ne pensais pas avoir l'étoffe d'un martyr. J'avais la ferme intention de reprendre son combat pour le catholicisme, mais pas avant d'avoir remporté cette première manche. Les possessions de mon père devaient revenir à leur juste détenteur : moi. Avec les rentes que le Roi devrait à nouveau m'accorder si il me restituait dans mes droits, j'avais déjà prévu de restaurer Alnwick Castle, ainsi que le reste de nos manoir disséminés ici et là sur le territoire - dans le nord, principalement. Je pourrais mettre de côté une dot pour chacune de mes trois soeurs. Avancer les équipements de mes frères, puisque Guiscard et Richard souhaitaient poursuivre une carrière militaire. Des projets, j'en avais une liste longue comme le bras. Restait à obtenir les fonds nécessaires à leur mise en route ; or ces fonds ne pouvaient m'être accordés que d'une personne.
Un gamin blond de onze ans qui me toisait du haut de son trône richement sculpté, sous un dais luxueux, vêtu avec la pompe qui sied aux Rois.
Et son oncle calviniste qui était le véritable Roi.

Finalement, les années passées chez Sir Thomas Tempest avaient eu du bon : j'y avais reçu une excellente éducation, certes, mais j'avais également appris à me taire, à cacher mes pensées, à jouer la comédie et à me présenter sous un jour que le monde extérieur jugeait favorable. En réalité, seuls les membres de ma famille - ma mère, mes frères, mes soeurs - savaient quelle personne était dissimulée derrière le masque. Ils seraient bien les derniers à me trahir. Les autres ne sauraient jamais rien.
J'en viendrais presque à remercier Tempest pour avoir, involontairement sans doute, rajouté cette corde à mon arc.
Ce fut finalement le duc de Somerset qui s'avança pour prendre la parole, une fois mon exposé achevé. Vous avez, je crois, commença-t-il, plusieurs frères et soeurs à charge ?
- En effet, monsieur le duc. Trois frères et trois soeurs.
- Et sont-ils tous aussi repentis que vous l'êtes, Monsieur Percy ?


Dans un même temps, je me retins à la fois de lui répliquer que mon titre exact était Lord Percy - dans le nord, c'était encore ainsi que l'on me nommait - et de lui demander si il escomptait sérieusement que je lui réponde que non, tous n'étaient pas repentis. Absolument, me contentais-je de dire avec assurance. Mensonges, évidemment : pas plus tard que la veille, une énième diatribe de Joan concernant l'expansion dégoûtante de la religion réformée chez les classes bourgeoises avait animé la moitié de l'après-midi. Mais je n'était pas stupide au point d'avouer ce genre de choses devant les maîtres du royaume.
D'autres questions me furent posées, sur le ton de la conversation : la situation du domaine d'Alnwick dont nous avions la charge - mauvaise, faute de revenus, la situation de mes soeurs dont l'aînée, âgée de seize ans, n'était toujours ni mariée ni même fiancée. J'aurais volontiers répliqué qu'elle aurait eu foule de prétendants si nos droits, notre héritage et sa dot nous avaient été laissés, mais une fois de plus je me retins, sans avoir laissé paraître quoi que ce soit.
J'avais parfois l'impression de me changer en statue de pierre.

Finalement, ce fut le petit Roi, cet enfant blond comme les blés qui physiquement tenait davantage de sa douce mère Jane Seymour que de son redoutable père Henry Tudor, se leva de son trône. Sous les épaisses couches de riches vêtements, il semblait sans doute plus petit qu'il ne l'était véritablement. L'assurance de sa voix me surprit, quoique encore une fois, je n'en montrais rien. Le Parlement sera réuni en fin de semaine, disait-il. Votre cas sera discuté à ce moment-là. Nous sommes convaincus, monsieur, de la sincérité de vos paroles, c'est pourquoi nous pouvons affirmer qu'une loi sera prononcée en votre faveur et que vous récupérerez vos droits au sang. Néanmoins - là, je me figeais - et par mesure de sécurité, nous préférons attendre vos preuves avant de vous restituer l'ensemble de votre patrimoine.
Un coup d'oeil échangé avec le Lord Protecteur, un bref signe de tête de celui-ci. La générosité de Sa Majesté est sans égale, fut ma seule réponse.
On me laissa me retirer.
Voilà donc comment allait le sort du monde, songeais-je, et des âmes qui y vivaient : les souverains claquaient des doigts et dirigeaient vos existences comme s'ils en disposaient.
Une autre audience succéda à la mienne, et c'est seul au milieu de couloirs bondés de monde que je fis en sens inverse le chemin sillonné quelques heures plus tôt, méditant les paroles du Roi, songeant à ce qu'elles signifiaient pour ma famille. Seul ?
Oui, jusqu'au moment où, surgis de Dieu savait où, mon frère Henry et ma soeur Joan m'attrapèrent chacun par un bras.
- Alors ? Interrogea immédiatement Joan, qu'a dit le Roi ?
- Il t'a nommé comte de Northumberland ?
- Il nous rend nos titres ? Nos terres ?
- Notre argent ?
- J'aurais une dot ?
- Thomas ?


Je m'arrêtais, soupirais, les regardais l'un puis l'autre. Si vous me laissiez en placer une plutôt que de me harceler de questions, ce serait plus facile pour moi de répondre, répondis-je avec un sourire acide.
Et sans attendre leur réaction, je les entraînais un peu à l'écart, éloignés de la foule bruyante des courtisans qui passaient et repassaient en continu. Je n'avais rien à cacher entre ces murs - ce n'était certainement pas ici que j'irais m'amuser à critiquer la royauté, bien que ce ne soit pas l'envie que manque - mais j'aspirais à plus de calme. Et personne d'autre que nous n'avait à être tenu au courant des affaires qui ne concernaient que notre famille.
- Le Roi fera passer une loi en fin de semaine qui nous rendra nos droits au sang, expliquais-je. C'est une première victoire, mais ce ne sera pas la dernière : il attend que je prouve combien je suis un honnête et respectueux sujet - Joan eut un ricanement sonore, mais qui heureusement passa inaperçu dans le flot de bruits alentour - avant de nous rendre notre rang et nos titres.
- Nous pouvons garder Alnwick Castle ?
Questionna mon frère.
- Il n'en a pas parlé, avouais-je, j'imagine que oui. Le reste devra attendre.
Joan eut un mouvement agacé : attendre ? Nous ne faisons que cela depuis treize ans !
- Et jusqu'à présent, aucun de nous n'en est mort
, souris-je, sauf Père, mais pour des raisons bien différentes.
Nous nous signâmes tous les trois.
- Nous pouvons attendre encore, repris-je.
- Ta patience te tuera, grand frère.
- Ton impatience t'achèvera, petite soeur.
- Nos droits au sang,
fit mon frère d'un ton rêveur, avant de recouvrer son sérieux : est-ce que cela signifie que nos rentes seront de nouveau versées ?
- A priori oui
, répondis-je. Nous pourrons commencer à ré-aménager Alnwick Castle, à mettre de côté pour les filles. Quant à moi, il ne me reste qu'à prouver au Roi Edward combien je lui suis fidèle.
- Si tu te convertis,
lança ma soeur à la cantonade, je te renie.
- Dans ce cas, renie-moi maintenant, je me suis déjà converti. Henry aussi, d'ailleurs. Tu crois vraiment que Tempest nous aurais laissés vivre sous son toit, sinon ?
Elle eut une grimace qui m'arracha un bref rire : argument accepté.

Si quelqu'un devait un jour me demander à quoi ressemblait ma mère à seize ans, je lui aurais présenté Joan. Les quelques fois où je m'étais interrogé sur le genre de jeune femme qu'avait été ma mère avant de se marier, c'était l'image de Joan qui s'était imposée à mon esprit.
A l'exception des yeux, qu'elle avait clairs, comme notre père. Le reste y était : le front haut, la mâchoire bien dessinée, les boucles brunes, le teint clair. Le caractère fort, aussi, le verbe acéré. Joan n'avait aucun sens de la dissimulation, mais un sens de la répartie bien trempé. Elle avait passé ses treize dernières années dans le Northumberland auprès des nôtres, entourée des serviteurs et des métayers qui jadis avaient officié sous les ordres de notre père et qui étaient essentiellement très attachés à ce dernier, encore aujourd'hui. Si bien que nul n'avait mis de frein à cette tendance qu'elle avait de toujours dire à voix haute ce qu'elle pensait tout bas. Même Henry était plus discret - ce qui en soi n'était pas une mince affaire.

- J'imagine que nous ne rentrons à à Alnwick tout de suite, dit Joan alors que nous avions repris notre marche vers les portes de Whitehall.
- Je reste au moins jusqu'à la fin de la semaine, pour cette fameuse loi. Peut-être un peu plus, selon les dispositions, répliquais-je. Tu peux rentrer, si tu le souhaites. Je veillerais à ce que tu fasses le trajet en toute sécurité.
- Oublie, Thomas. Tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça.
- J'écriais à Mère ce soir
, intervint Henry, pour lui annoncer la tournure des événements. Tu penses vraiment que nous avons toutes nos chances ?

A nous voir, mon frère et moi, nous avons l'air de gamins essayant de tirer leur épingle d'un jeu où nous n'avons pas toutes les cartes en main. Par bien des égards, nous étions bien jeunes encore : vingt-et-un ans pour moi, vingt pour mon frère. A peine sortis de l'adolescence.
Sauf que nous n'avions pas eu d'adolescence. Ni vraiment d'enfance, elle avait si courte que parfois, j'y songeais comme on songe à un rêve dont on peine à se souvenir. Notre enfance avait pris fin le jour où notre père était mort de la main des hommes d'Henry VIII.
- Il faut l'espérer, dis-je. Le Roi m'a paru sincère, le Lord Protecteur semblait approuver. S'il nous soutient, ce sera aussi le cas du Roi.
- Edward Seymour n'est plus en odeur de sainteté depuis les affres avec l'Ecosse et l'exécution du baron de Sudeley,
murmura Joan, pensive. Ne comptes pas trop sur lui, ou il nous entraînera dans sa chute.
- Comptes sur moi là-dessus. Nous avons déjà chuté une fois, ce n'est pas pour recommencer.


J'avais fini par comprendre qu'il fallait énormément de patience pour gravir les marches du pouvoir et atteindre les sommets, mais qu'une seule minute suffisait parfois à tout faire s'écrouler. Je ne ferais pas cette erreur, dis-je surtout pour moi-même. A Londres, la pluie avait repris sa chute.

- Quel temps de chien, grogna Henry.
- Il neige, en ce moment, dans le Northumberland, rappela Joan en souriant. Ne te plains pas trop vite.
Mon frère fit une grimace à notre cadette, avant de se tourner vers moi et de m'adresser un sourire joyeux : hé, si nous passions rendre visite à Sir Tempest ? Ne serait-il pas content de nous voir ?

J'éclate de rire si fort que plusieurs passant se retournent.
- Attends la fin de la semaine. Je te promets que dès que nos droits nous aurons été rendus, je serais le premier à aller le narguer.
- Quelle maturité
, commenta Joan.
Mon rire ne fut que plus fort, d'autant qu'Henry y avait rajouté le sien.
Et alors que nous arpentions quelques unes des rues de Londres vers la demeure urbaine d'amis qui avaient accepté de nous héberger, ma soeur se mit brusquement à ricaner toute seule avant de me glisser : au fait, cachottier, quand donc nous présenteras-tu la jolie servante rousse ?
A ma droite, Henry sifflote, faisant mine de ne pas entendre, de ne pas non plus voir le regard noir que je lui expédie.
- Notre cher frère et son légendaire sens de la discrétion ont encore frappés, à ce que je constate.
- J'ai grand hâte de la voir,
commenta ma cadette en ignorant royalement ma remarque, tu la mettras à notre service, n'est ce pas ? Elle pourra devenir ma servante personnelle, si tu le souhaites !
- Ma chère soeur, je crois que je constituerais une dot pour toi en priorité, pour que tu puisses te marier au premier Lord venu qui saura te faire taire.
- Diantre ! Me voilà condamnée à une vie entière de célibat. Je ferais bien de prendre le voile.
- Brillante suggestion. Méfie-toi que je ne te fasse pas enfermer dans une quelconque abbaye pour me débarrasser de toi.

Et ce fut ainsi jusqu'à ce que nous ayons atteint les portes du manoir.

Il allait de soi que je n'avais pas pensé un traître mot de ce que j'avais dit à Joan : cela relevait davantage d'une plaisanterie connue seulement de notre cercle. Si, ou plutôt quand je serais redevenu le plein héritier de mon père, Joan serait à nouveau une Lady. Il était hors de question pour moi d'associer le titre de Lady Percy au premier venu. Quant à cette histoire de voile... Je ne m'opposerais évidemment jamais à la décision d'un membre de la famille d'entrer dans l'Eglise - tant que l'Eglise en question était l'Eglise catholique - mais j'imaginais difficilement ma cadette mener une vie d'adoration et de pénitence. Elle serait capable de mettre le feu au couvent dès son premier accès de colère.
- Tu serais mal vu par le Roi, finit-elle par lâcher avec son sourire ironique, si tu m'enfermais dans une abbaye. N'oublies pas que tu es aussi protestant que tout loyal courtisan, désormais.
- En fait
, répliquais-je pensivement, aucune abbaye ne voudra de toi, il n'y en a presque plus, celles qui restent craignent leur fermeture et leur destruction imminente.
Les portes des lieux où nous logions venaient de se refermer derrière nous. Je vis Joan blêmir légèrement, fixer un instant le bout de ses chaussures. La fermeture des abbayes et des monastères, le recul toujours plus grand du catholicisme en Angleterre étaient certainement le sujet qui ôtait à mes si joyeux cadets toute envie de sourire.

- Le nord tient encore, lâcha Henry. Dieu est grand, je crois que les habitants du Northumberland sont pour l'heure plus attachés à leurs traditions qu'aux desiderata du Roi et de son conseil. La question est : combien de temps encore pourront-ils tenir ? La couronne leur ôte les rentes qu'elle est supposée leur verser, ils ne vivent que de donations.
- Ils doivent tenir au moins jusqu'à ce que je récupère un minimum de pouvoir dans la région
, je répondis en regardant tour à tour mon frère et ma soeur. Ensuite, je pourrais arranger les choses.
- Ou du moins essayer.
- Pas essayer, Joan. Je vais le faire. Ne crois pas que je me démène depuis treize ans dans le but de redevenir un Lord et de tout considérer comme acquis ensuite.


L'audience de ce matin et la loi du Parlement supposée être votée en fin de semaine seraient la première étape d'une longue série, d'un processus longuement mûri depuis ces treize années où notre nom était couché sur la liste des reclus. J'étais patient, je pouvais attendre encore, mais en aucun cas rester inactif. Il était clair pour moi qu'une fois mon héritage restitué, mon père ne serait pas mort en vain.


Chapter IV



1555. Chevaucher vers Alnwick Castle avait été long, mais plaisant. Je n'étais jamais aussi bien que sur ces terres du nord : la cour était divertissante, mais ma vraie place n'y était pas. Elle était ici, dans le Northumberland, sur ces terres jadis foulées par mes ancêtres, dans ce château qui appartenait à ma famille depuis des générations, avec cette architecture romane si représentative des premiers temps de la conquête normande. Le mois de janvier avait sonné ses premières heures, et la nature si verte l'été était à présent rendue immaculée par les couches de neige. Un manteau blanc s'était abattu sur le pays entier, mais il serait plus long à fondre ici que dans le sud. Selon les années, certains arpents de neige demeuraient jusqu'à la fin du mois d'avril.

Enfin, la silhouette de la demeure se dessina à l'horizon, et je talonnais mon cheval pour qu'il accélère la cadence, impatient de rentrer enfin chez moi. Sur le chemin, quelques courageux osant sortir malgré le froid glacial s'inclinaient à mon passage, saluant ainsi leur seigneur.
- Lord Percy, murmurais-je pour moi-même.
Mon titre avait un goût délicieux.

Et alors que je me rapprochais toujours plus du château, je songeais à tout ce qu'il m'avait fallu accomplir pour récupérer ce qui me revenait de droit : restauré dans mes droits au sang par ce fameux acte du Parlement, j'avais été anobli et fait chevalier peu de temps après la chute définitive - l'exécution - du duc de Somerset Edward Seymour. Il m'avait fallu attendre trois années supplémentaires pour qu'enfin, au début du printemps 1552, je récupère les terres de mon défunt père. Mon héritage était presque au complet. Presque, oui : j'étais redevenu un Lord, mais me manquait encore la distinction de comte de Northumberland, que j'espérais bien voir arriver d'ici peu.
Mes séjours à la cour s'étaient faits plus longs, plus fréquents, désormais j'avais un rôle à y jouer. En novembre dernier, la Reine Mary m'avait désigné comme représentant du Westmorland au Parlement de Londres, une distinction que j'avais prise très au sérieux. Mes efforts pour faire enfin pencher la balance en notre faveur commençaient à payer de plus en plus.

Le couronnement de Mary Tudor comme Mary Ière d'Angleterre avait aidé, il fallait bien le reconnaître : ici, dans cette région de la frontière écossaise où la religion catholique était restée fortement implantée, la nouvelle avait été accueillie sous les vivats et avec bien des démonstrations de joie. Nombreux étaient les soldats des environs à avoir d'ailleurs fait partie des troupes qui s'étaient engagées derrière la fille aînée d'Henry VIII lorsque celle-ci avait marché sur Londres, à l'été 1553. Soucieux de préserver cet héritage durement acquis en cas de victoire de ceux qui s'étaient espérés nouveaux maîtres du royaume - Grey et Dudley - je n'avais pris aucun parti au début, mais dès l'instant où il devint clair que Mary était en train de remporter la victoire, je me hâtais de la soutenir. Enfin je pouvais me montrer honnête en m'affirmant loyal sujet de Sa Majesté !
Pour les miens, voir une véritable chrétienne, une catholique, monter sur le trône après tant d'années de protestantisme avait été une délivrance. Nous n'avions plus rien à craindre, nous pourrions désormais exercer notre culte sans redouter d'éventuelles représailles. La mémoire de mon père mort en martyr était honorée, et si ce titre de comte manquait encore à mon héritage, nous étions pleinement revenus en grâce auprès de la couronne. Je souris à cette pensée : les six derniers mois de l'année 1553, tout comme l'année 1554, avaient été fastes pour notre famille. Enfin, nous nous relevions complètement de nos cendres.

J’atteignis finalement les portes d'Alnwick Castle. L'endroit avait été entièrement rénové à mon initiative, et s'il conservait son arcature médiévale, il était pourvu de tout le confort moderne. J'avais personnellement dirigé les travaux, et je n'étais pas peu fier du travail accompli. Les lieux étaient superbes, dignes de la noble et ancienne maison qui les habitait. Je mis pied à terre, confiais mon cheval au palefrenier alors que ceux qui m'entouraient, qui avaient aussi été du voyage, prenaient leurs propres dispositions. J'entrais, me débarrassais de mon manteau et me dirigeais sans plus tarder vers les appartements de ma mère.

Elle était assise dans son bureau, occupée à lire son courrier alors qu'à côté d'elle, Katherine s'essayait au luth et que Mary travaillait à une tapisserie qui l'occupait depuis des mois déjà. Toutes se levèrent à mon entrée, je m'inclinais devant ma mère pour qu'elle pose sa main sur ma tête en signe de bénédiction, avant d'aller embrasser mes soeurs.
- Votre retour me réjouit, cher Thomas, sourit ma mère alors qu'elle s'asseyait et que je m'installais face à elle, pendant que mes soeurs reprenaient leurs places, tâchant de ne pas perdre une miette de notre conversation.
- Il me réjouit tout autant, Mère. L'ambiance de la cour est quelque peu délétère, en ce moment.
Un serviteur nous porta quatre verres et un pichet de vin, avant de s'incliner et de sortir.

- Est-il vrai que la Reine est enceinte ?
- Ça m'a tout l'air d'être vrai, oui. Quoique voilà un bon moment qu'elle ne se montre qu'à de rares reprises.
- La grossesse doit la fatiguer, elle n'est plus de première jeunesse. Prions pour qu'un Prince naisse en bonne santé !

J'eus une petite grimace avant de boire une gorgée de vin. Ma mère, évidemment, ne manqua pas de le remarquer.
- Vous ne prierez pas de bon coeur, n'est-ce pas ?
Je soupirais : je ne le puis. Avec tout mon respect pour le royaume d'Espagne et l'Empereur Charles, cette union est une erreur politique dont nous ne tarderons pas à faire les frais.
- Nous... Juste notre famille, où toute l'Angleterre ?

Encouragée par Joan, Katherine s'intéressait de plus en plus à la politique. Il me faudrait bientôt cesser de la considérer comme une enfant, mais comme une jeune femme de dix-neuf ans déterminée à se faire une place dans le monde.

- Nous en particulier, je le crains. Mais l'Angleterre en pâtira de toute façon. Nous n'avions rien à gagner à nous allier avec l'Espagne.
- Hormis d'asseoir à nouveau, et de manière plus forte, le catholicisme anglais
, me fit remarquer ma mère.
- A ce jeu-là, répliquais-je, nous aurions mieux fait de nous rapprocher de la France. Henri II n'attendait que cela pour menacer ouvertement Calais, notre dernière possession dans son royaume. Et le royaume d'Ecosse est trop lié à la France pour ne pas s'insurger aussi.
- Vous pensez qu'il y aura une guerre ?

Ma mère se signa : Katherine, pitié, ne parlez pas de malheur. Elle se tourna vers moi : est-ce à craindre ?
- Je le crains, oui.
- Ni la France ni l'Ecosse n'auraient quoi que ce soit à gagner en entrant en guerre contre nous !
- L'amitié entre Charles Quint et Henri II n'est pas des plus fusionnelles
, ricanais-je, et la petite Reine d'Ecosse a ses prétentions au trône d'Angleterre.
- Mary Stuart ? N'est-elle pas fiancée au Prince François ?
- Elle l'est. Quand son beau-père aura passé l'arme à gauche, voilà qu'elle ceindra les couronnes de France et d'Ecosse. Pourquoi ne pas rajouter celle d'Angleterre, à y être ?
- Vous semblez estimer cette éventualité comme... Heureuse.
- C'est le cas, Mère. Vu notre position géographie, je préférerais m'épargner un conflit avec les écossais.


Mary a un mouvement de recul : si conflit il y a, ne me dites pas qu'il faudra retourner à Petworth House ! J'abhorre cet endroit !
- Comme nous tous
, fis-je, songeant à ce château où nous avions vécu en reclus pendant une année, avant qu'Henry et moi soyons envoyés chez Tempest. Une époque révolue, à laquelle je ne pouvais cependant pas songer sans avoir la gorge nouée.
- Mais tout ceci reste pure hypothèse, pour l'instant ce ne sont pas ces nouvelles là qui enflamment la cour... Littéralement, ricanais-je.

Ma mère eut un petit sourire : nous sommes au courant, pour les quatre protestants.
- Gardiner a plutôt bien fait son travail : un prêcheur et traducteur londonien
, me remémorais-je, l'ancien évêque de Gloucester et Worcester, un recteur du Suffolk et un prédicateur de... Dieu sait où. Ils seront brûlés au début du mois prochain.
- Dieu est grand
, fit ma mère, et nous nous signâmes de concert.
C'était là une victoire à laquelle aucun catholique digne de ce nom ne pouvait rester insensible.

Dans un tourbillon rose clair, ma soeur Joan fit son entrée dans la pièce sans prendre la peine de frapper : Thomas ! S'exclama-t-elle joyeusement, te voilà enfin !
Et elle m'embrassa sur les deux joues.
A vingt-quatre ans, Joan n'avait rien perdu de l'enfant, puis de l'adolescente qu'elle avait été. Pleine, entière, énergique, mordante, et sans s'être un instant départie de son caractère parfois redoutable. J'appréciais sincèrement Mary et Katherine, je me savais prêt à beaucoup pour assurer leur bonheur, mais Joan était incontestablement celle que je préférais de mes trois soeurs. Sans qu'on l'y invite, elle prit place à table et voyant qu'aucun verre ne lui était réservé, elle s'empara du mien et bu d'un trait la moitié de son contenu, avant que je le lui prenne des mains.

- Déjà que tu es insupportable quand tu es sobre, je refuse de savoir ce que cela donne quand tu es ivre.
Elle me fit une grimace à laquelle je répondis par un large sourire.

- Alors, dit-elle finalement, quelles nouvelles de Londres ?
Je tâchais de lui exposer ce que j'avais énoncé précédemment : les protestants condamnés, la grossesse de la Reine, les risques que représentaient le mariage espagnol. Dès qu'il fut question de l'Ecosse, elle attendit que j'eus fini avant de lâcher : tu as du courrier, au fait, de Lady Livingstone. Il semblerait qu'elle ait eu une petite fille vers décembre.
- Tu lis mon courrier, maintenant ?
- Il était adressé à la famille Percy ! Jusqu'à preuve du contraire, j'en fais partie !


Je levais les yeux au ciel. Dans ces moments-là, je me demandais bien pourquoi j'étais assez fou pour accorder à Joan la place de préférée parmi mes soeurs : elle pouvait vraiment être infernale. A croire que j'appréciais les forts caractères. Mais rassure-toi, reprit-elle avec un sourire qui ne me laissait augurer rien de bon, il n'est pas seulement question d'enfants et d'heureux événements. Elle parle aussi d'une certaine... Lady Anne Somerset ?
Ma mère leva les yeux alors que je ne pus retenir un ricanement.

- La fille du comte de Worcester ?
- L'une d'elles, oui. J'ai eu l'occasion de la croiser, à la cour.
- Pourquoi ne nous as-tu jamais parlé d'elle, si tu la connais ?

Je connaissais trop bien ma soeur pour ne pas voir où elle voulait en venir.
- Oublie immédiatement ce que tu as en tête, elle nous déteste.
- Ah ? Et pourquoi ?
- Heu...
Il me fallut quelques instants pour me souvenir de l'exacte raison de cette haine : ah, oui, une vieille querelle de famille. Elle descend des Neville par sa mère, hors entre Neville et Percy, eh bien... L'amitié n'a pas toujours été au rendez-vous.
- Voire jamais
, commenta Mary, qui s'était remise à sa tapisserie.
Les conflits entre grandes familles du nord faisaient presque partie du paysage de la région, chacun les connaissait sur le bout des doigts, du seigneur au paysan.
- C'est une affaire vieille comme Mathusalem, ça ! S'étonna Joan.
- Je te laisse le privilège de le lui expliquer, moi j'ai renoncé depuis longtemps, ris-je. Quoique, non, tu serais capable de bien t'entendre avec elle.
- Bien m'entendre avec quelqu'un qui ne nous supporte pas ? Tu me prêtes là une tendance au pardon que je n'ai pas, cher frère !
- Vous avez le même sale caractère, toutes les deux. Crois-moi, vous pourriez vous entendre.
- Elle et toi aussi, si j'en crois Lady Livingstone. D'ailleurs
- elle jeta un coup d'oeil à ma mère et profita que l'attention de celle-ci soit accaparée par Katherine pour me glisser : je crois que Mère préférera avoir Lady Somerset comme belle-fille plutôt que ta jolie servante !

Sous la table, le lui expédiais un coup de pied dans le tibia.
- Frapper une dame est des plus incorrects, grogna-t-elle avec une mimique douloureuse.
- Ça t'apprendra, tiens.
- A propos de mariage
, avança ma mère, reprenant le fil de notre conversation, quelqu'un s'est présenté pour tes soeurs ?
- Personne pour l'heure
, souris-je, pourquoi, devrais-je attendre de la visite ?

Mary rougit violemment, avant de marmonner quelque chose dont je ne parviens qu'à discerner un nom : Francis Slingsby.
- Qui est-ce ?
- Un gentleman du Yorkshire
, s'empresse de m'expliquer ma mère, un homme de qualité qui semble beaucoup apprécier votre soeur.
- De quelle religion ?
- Catholique, évidemment
, déclare Mary, je ne suis pas désespérée à ce point.
J'ai un sourire : mieux vaut être sûr, ma chère. Cette perspective vous irait ?

Mary a un sourire timide, opine vivement de la tête : soit, répondis-je, nous organiserons une chasse dès qu'Henry revient de Tynemouth Castle, il sera invité. Je discuterais avec lui.
- Merci, Thomas.
- Tu marierais notre cadette avant moi ?
S'amuse Joan en envoyant un clin d'oeil à Mary.
- Toi, je te l'ai déjà dit, ce sera l'abbaye.
- Tu es lourd, Thomas.
- Tu l'as cherché.

Ma mère lève les yeux au ciel : je comprends, soupire-t-elle, pourquoi vous n'allez presque jamais ensemble à la cour. Dès que vous êtes dans la même pièce, vous êtes absolument insupportables.

Un grand éclat de rire nous parcourut tous les cinq.
Cela ne nous était pas arrivé depuis longtemps. Enfin, j'avais l'impression que les plaies laissées à vif après la mort de mon père et les humiliations infligées à notre famille commençaient à se consolider. L'avenir retrouvait sa lumière, nous n'avions plus à craindre les lendemains, j'étais résolu à croire que le pire était derrière nous. Nous tous avions été plus que patients, et nos efforts avaient fini par être récompensés : Seymour, Dudley et Grey s'étaient succédés, usant et abusant de leur pouvoirs pour convaincre le jeune Edward de destituer ses aînées en nommant sa protestante cousine. Mary Tudor, le peuple anglais et neuf jours avaient eu raison de cette usurpation. Avec le royaume qui avait retrouvé une souveraine digne de ce nom, c'était le futur qui avait retrouvé ses promesses. Nous autres Percy étions à nouveau dans la course, prêts à saisir toutes les chances qui s'offraient à nous. Me manquait encore ce titre de comte pour que la mémoire de mon père soit pleinement restaurée, mais je ne doutais pas de l'avoir un jour. Tels le phénix, notre nom renaissait de ses cendres.

Et j'étais bien déterminé à ne plus jamais le laisser y retourner.




Dernière édition par Thomas Percy le Ven 26 Juin - 21:34, édité 3 fois
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Elizabeth Tudor
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeLun 22 Juin - 17:23
Il vaut mieux oublier Thomas ┼ I will take what is mine 3993195845
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeLun 22 Juin - 17:41
C'est bien ce qui me semblait Thomas ┼ I will take what is mine 3728097385 On a le temps, après tout Thomas ┼ I will take what is mine 3471096266
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeLun 22 Juin - 17:46
Merci bien What a Face on pourra faire soit des lettres soit un rp quand Nenes sera de retour en Angleterre What a Face
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Katherine Grey
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeLun 22 Juin - 18:05
Han merci, c'est trop mignon Thomas ┼ I will take what is mine 1345126580
On fera les groupies alors parce que ce couple est juste Thomas ┼ I will take what is mine 251407505

EDIT : LE DEBUT DE TON HISTOIRE Thomas ┼ I will take what is mine 251407505
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeLun 22 Juin - 19:06
Très chère Agnès, ce sera avec grand plaisir dans un cas comme dans l'autre Thomas ┼ I will take what is mine 1366640713
Anne, groupisons ensemble ! Thomas ┼ I will take what is mine 3471096266 Oui, j'ai passé les dix épisodes de TWQ à baver devant eux deux, ils étaient tellement géniaux Thomas ┼ I will take what is mine 1366640713 Je suis ravie que mon début te plaise, surtout n'hésites pas à me dire si quoi que ce soit dérange Thomas ┼ I will take what is mine 1194427796
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeLun 22 Juin - 19:07
Tu es tellement chou Ththo I love you
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeLun 22 Juin - 19:53
Oooooh merci Thomas ┼ I will take what is mine 3412087572
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeLun 22 Juin - 20:14
THOMAS Thomas ┼ I will take what is mine 507061471 suuuper choiiix Thomas ┼ I will take what is mine 1194427796

biienvenue !! Thomas ┼ I will take what is mine 2751209421
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeLun 22 Juin - 22:28
Bienvenueeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee Thomas ┼ I will take what is mine 2063618935 Thomas ┼ I will take what is mine 3920011823
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeMar 23 Juin - 10:56
Merci beaucoup à vous deux Thomas ┼ I will take what is mine 2063618935
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeMar 23 Juin - 12:53
Bienvenue parmi nous !
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeMar 23 Juin - 13:28
Bienvenue ! (Super choix de personnage, au passage Wink ) Thomas ┼ I will take what is mine 2751209421
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeMar 23 Juin - 14:41
Merci bien Thomas ┼ I will take what is mine 3471096266
Diantre, c'est que vos avatars à tous sont particulièrement beaux Thomas ┼ I will take what is mine 1366640713 Y'avait que des BG au XVIème siècle ou quoi ? Laughing
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeMar 23 Juin - 16:54
Bienvenue Very Happy
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeMar 23 Juin - 19:53
Merci, Grégoire ! Thomas ┼ I will take what is mine 1194427796
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeMer 24 Juin - 11:23
Tout a fait nous sommes tous beau Smile What a Face
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeMer 24 Juin - 12:28
Bienvenue sur TTB, Thomas ! Thomas ┼ I will take what is mine 1345126580

Aneurin quoi ! What a Face
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeMer 24 Juin - 20:04
Bienvenue sur TTB Thomaaas Thomas ┼ I will take what is mine 1345126580
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeMer 24 Juin - 20:07
Merci beaucoup, toutes les trois Thomas ┼ I will take what is mine 303479109
Je suis en admiration devant vos avatars Thomas ┼ I will take what is mine 4205929361
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeJeu 25 Juin - 0:54
Bienvenue Wink
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Lavinia Tyburn
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeJeu 25 Juin - 9:33
Membre du parlement de Westmorland ? Nous allons devoir nous trouver un lien !

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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitimeJeu 25 Juin - 12:50
Merci beaucoup Thomas ┼ I will take what is mine 2195302473
Ce sera avec grand plaisir, Lavinia Thomas ┼ I will take what is mine 1366640713
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MessageSujet: Re: Thomas ┼ I will take what is mine  Thomas ┼ I will take what is mine Icon_minitime
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