Sujet: Vous n'y couperez pas. [PV Annabeth Blackwood] Dim 30 Mar - 21:43
Les nouvelles n'étaient pas très lumineuses au cabinet du barbier : son nouvel apprenti avait des doigts de fée mais un moral de jeune lavandière, et s'il découpait sans peine aucune les jambes de porc et autres, il allait avoir besoin de se ressaisir s'il comptait passer un jour aux patients humains. C'était un bon garçon à sa vieille mère, qui n'avait jamais fait de mal à une mouche et se mettait à trembler comme un plat de porridge à la simple idée d'arracher une dent. Et c'est pourquoi le sieur Balmore était là. Son long habit noir franchit le seuil au bout d'une heure, tandis que de la cheminée s'élevait une odeur nauséabonde ; on faisait disparaître les traces. En quittant la boutique, il retourna l'écriteau qui indiquait sa fermeture momentanée, afin que les clients puissent en reprendre le chemin.
Le bras qu'il avait apporté se trouvait à présent, réduits en petits tronçons, dans le fourneau du barbier. Sa sacoche vide, sangle négligemment passée sur l'épaule, était la seule touche de cuir clair dans son attirail d'apparent puritain. Le croc fin d'un stylet égayait encore un peu l'ensemble d'une touche argentée. Il commençait à faire sombre, et l'objet disparaissait au gré de ses pas sous l'ombre de sa cape. Nul n'aurait pu soupçonner que cet homme discret, au visage fermé et pensif, venait d'assister au simulacre d'une amputation dans les règles de l'art sur le bras tranché par ses soins d'un mort enterré dans son cimetière. Il était un peu préoccupé par le jeune homme, quoique ce dernier se soit finalement ressaisi, et ait pratiqué l'intervention sans coup férir. Il était très pâle, et avait tourné de l’œil sitôt libéré de son exercice. Et Balmore s'inquiétait pour lui-même : il se retenait, habituellement, de s'inquiéter pour des inconnus. Il s'en défendait. Et cela ne lui avait pas mal réussi, jusqu'à présent ; ce n'était pas le moment de faiblir.
Une ombre passa et il se figea subitement. Il connaissait cet homme. Il le croyait mort. Le gaillard à la haute stature faisait partie de ceux qu'il n'aurait sans doute pas osé attaquer de front, mais il l'avait dénoncé aux autorités à plusieurs reprises ; il pensait bien le voir pendu, mais certainement pas en liberté dans Londres. Le maraud, avec ses allures de brave bûcheron et ses manières cavalières de garnement, avait ses côtés attachants lorsqu'il en avait décidé ainsi ; il avait peut-être réussi à se faire innocenter, voire à faire condamner un autre à sa place. Pourtant, Estien Balmore en avait les preuves : c'était un lâche, un profiteur, qui séduisait les jeunes enfants impressionnables et faisait boire les demoiselles sans fortune, et qui les entraînait à l'abri des regards, où les tuait prestement pour revendre leur dépouille. Les vampires des légendes existaient : il en faisait partie.
Estien avait une autre raison de s'alarmer : lorsque le drôle l'avait dépassé dans la foule pressée du soir, il avait perçu une odeur de parfum. Le fauve était en chasse. Sans doute avait-il rendez-vous avec une malheureuse conquête qui finirait très mal la nuit. Sans réfléchir un instant, le croque-mort lui emboîta le pas de sa démarche féline et silencieuse, ombre parmi les ombres, encore incertain de ce qu'il allait voir et, surtout, de ce qu'il allait faire.
Annabeth Blackwood avait été pendant longtemps, ce qu’on pouvait qualifier une créature de la nuit, même si elle tentait de se racheter, aux yeux du monde, sa réputation était ternie à tout jamais, dans les plus célèbres milieux. Parfois, la jeune femme craignait de faire honte à celle qu’elle servait : Héléna Sheridan. Cependant, après, tous ces moments passaient avec elle, elle avait bien vite compris que la comtesse n’était pas à un ou deux scandales près. Créature de la nuit, Annabeth n’avait pas oublié certaines de ses connaissances, des filles qui avaient autant soufferts, qu’elle. Une fois par mois, elle quittait donc son confort et ses obligations, pour aller voir ses anciennes amies et les aider dans leurs quotidiens. Comme elle, ces jeunes femmes étaient sous la coupe de maquerelles ou de maquereaux, qui les empêchaient de retrouver une vie normale. Quand elle le pouvait, Anna prenait de leurs nouvelles et tentaient de leur apporter un peu d’argent. Ce qu’elle voulait, c’était les faire sortir de cette vie maudite et leur donner un nouveau but. Toutes n’auront pas la chance de rencontrer une Héléna Sheridan, mais peut être qu’elles ne parviendront pas retrouver une vie beaucoup plus digne. Annabeth le savait, aujourd’hui, elle avait beaucoup trop abusé de sa sortie, si bien que la nuit venait de tomber. Cependant, elle n’avait pas eu le choix, l’une des filles avaient disparues et la jeune femme avait interrogé la plupart de ses connaissances. Après plusieurs heures infructueuses, elle avait compris que le corps de cette jeune femme serait quelques jours plus tard, retrouvé dans la Tamise. Ainsi, tel était le destin des prostituées, entre des mauvais clients, les maladies, l’espérance de vie était faible.
Le soleil était totalement couché, quand elle quitta le petit appartement de trois de ses connaissances, sans savoir, si elle les reverrait un jour. Annabeth était vêtue d’une simple robe, mais dont le tissu montrait bien dans quel milieu, elle vivait actuellement. Simple, mais attirante. La jeune femme connaissait la nuit et elle savait qu’elle pouvait courir, mille et un dangers. Elle marchait vite dans les rues étroites de Londres, aussi vite, pour rentrer sans attendre dans la demeure de la comtesse de Lancastre. Pourtant, malgré ses précautions et malgré le fait qu’elle marche vite, la jolie courtisane fut bien vite prise en chasse par un homme peu scrupuleux. Quand elle le repéra, il était trop tard, il la suivait et il ne voulait pas la lâcher. Annabeth se mit à courir, dans la foule, tout comme l’homme, qui ne la perdait pas de vu. Courir ne suffisait pas et la jeune femme tenta de chasser l’homme de son sillage en empruntant des rues moins fréquentées. C’était une grave erreur et bientôt le dangereux inconnu l’intercepta. La jeune femme eut beau hurler, comme dans de nombreuses situations, personne ne vient à son secours. Ainsi était la vie à Londres, on préférait sauver sa peau, plutôt que de secourir son prochain. Annabeth avait beau crier à l’aide, cela ne changea rien. La biche venait d’être prise par le chasseur et celui-ci pouvait faire ce qu’il veut de sa victime. L’homme posa ses mains sur son corps, comme bon nombre de personne l’avait fait avant lui. La jeune courtisane tentait de se débattre, elle griffait, frappait, donnait des coups de pied, mais cela ne changea rien, il était trop fort. Simple victime, son sort serait vite oublié de tous et en attendant son heure, Annabeth se disait à elle-même, que le lendemain matin, son corps serait conduit à la morgue, dans la plus grande ignorance de tous. Dans un ultime espoir, elle se mit à crier : « A l’aide ! »
En voyant son adversaire bifurquer brusquement dans une ruelle pour se jeter sur une autre silhouette, Balmore songea qu'il s'était fourvoyé. L'individu ne pouvait être stupide au point d'user d'un si peu discret moyen, alors qu'il lui était si aisé d'attirer une damoiselle consentante dans une cahute ou une chambre close, en lui faisant reluire l'éclat d'une simple pièce. Il devait être en quête d'une véritable connaissance qui lui avait joué un mauvais tour. Une bonne raclée, rien de répréhensible. Estien ne se sentait même pas le besoin de s'en mêler. Un juron gaélique entre les dents, il fit mine de se passionner pour la mendiante folle qui chantonnait sur l'escalier voisin, son panier de chatons sur les genoux. Il jouait avec les petits animaux quand les premiers cris retentirent. Aussitôt, son intérêt se ralluma.
Mais il fallait tenir compte de l'absurdité de la scène : si l'homme avait perdu la raison, il n'en était que plus dangereux. Estien avait déjà tué, à plusieurs reprises, mais il n'était pas un tueur, faible nuance qui avait son prix en un temps où la mort était partout, et l'assassinat presque accidentel, livré au caprice de Dieu. Il avait déjà envisagé cette sinistre et angoissante possibilité : tomber sur l'un de ces profanateurs de tombe en proie à de pervers appétits, ayant déjà usé des corps des filles de joie avant d'en revendre les fragments, et suffisamment infectés par le mal vénérien pour avoir perdu tout sens commun, toute peur et toute vergogne. Un tel individu ne se laisserait pas raisonner; intimider, ou conduire au poste de maréchaussée le plus approchant. C'était un fauve en liberté dans la ville, et si un Ecossais vêtu de noir se plaçait sur sa route, il l'attaquerait comme il venait d'attaquer cette fille à la voix pourtant bien audible : sans se soucier des conséquences. Et la seule solution serait de le tuer. Or, le jeune homme ne voulait pas qu'on l'en sache capable.
Par chance, l'esprit agile et froid du croque-mort envisageait déjà une solution complexe, mais praticable. Il n'était pas bien loin de l'échoppe du barbier, qui venait de se compromettre de belle façon auprès de lui et n'hésiterait sans doute pas à lui rendre un petit service, d'autant que cela pouvait aider son apprenti à gagner confiance en sa maîtrise du corps humain. Quant à ce dernier, il tuerait presque certainement le patient, d'autant qu'Estien ne comptait pas lui laisser un souffle de vie suffisamment fort pour rallumer jamais la braise éteinte. Restait à porter un coup qui sectionne les cordes de la gorge, et l'empêche de parler. Ce que fit l'Ecossais sans une hésitation, traversant les ombres pareil à la foudre pour porter un coup de stylet précis comme le rasoir de son ami le barbier, répandant un flot de sang sur la pauvre jeune fille terrifiée que le malotru clouait au mur entre ses bras. Avec un sang-froid silencieux, il essuya la lame dans le revers de sa cape, la rangea dans son étui, et tendit le bras pour soutenir la femme à présent libre, tandis que l'agresseur roulait au sol dans les spasmes de l'agonie.
"Vous venez d'assister à une agression. Cet homme vous est inconnu ; un autre homme tout aussi inconnu l'a frappé et s'est enfui. Est-ce bien clair ?"
D'une main ferme, il la ramena vers les lumières de la rue, les flambeaux prenaient peu à peu la place des rayons rasants de l'astre et les visages adoptaient les teintes dorées des vieux livres de prière. Cette artificialité presque rassurante transformait du tout au tout l'ambiance sordide de la ruelle qu'ils venaient de quitter. Estien jeta une pièce à la mendiante, qui, pas si folle que ça, la rattrapa au vol, déjà prête à bondir où il l'enverrait : "Laisse ta place à la jeune dame, elle se sent mal. Va chercher le barbier de ma part. Estien Balmore. On va garder tes chats, n'aie crainte."
Annabeth avait vu son heure passer, elle seule, entre les mains d’un horrible prédateur, probablement celui qui tuait de nombreuses prostituées. Fragile, elle ne pouvait rien faire pour s’en sortir, surtout que personne ne semblait vouloir lever le petit doigt pour la sauver. A leurs yeux, elle n’était qu’une catin de plus qui allait mourir. Elle ne serait pas un grand malheur, juste une vermine en moins, qui ne pullulerait plus dans Londres. Le cœur d’Annabeth battait à la chamade, elle ne cessait de regarder le visage hideux de l’homme qui allait la tuer. Cette dernière vision avant la mort était bien horrible. Elle aurait pu espérer mieux, comme disparaître chaudement dans son lit, mais le destin semblait vouloir lui offrir tout autre chose. Mourir ici, face à cet homme, qui allait sûrement la brutaliser pendant un moment, quel triste sort ! Qu’allait penser Héléna de son assassinat ? Son amie de tous les jours allait-elle être peinée ou bien elle passerait à autre chose ? C’étaient ces questions futiles, qui lui traversaient l’esprit en cet instant. Au lieu de penser à son salut, elle pensait à la comtesse de Lancastre. Alors qu’elle n’attendait plus autre chose que la mort. Alors qu’elle était à moitié assommée, meurtrie par l’homme, une ombre furtive passa par là pour la sauver. Annabeth était sous le choc, si bien qu’elle n’avait pas vu la scène, elle se sentit juste soulagée, quand le poids quitta son corps. Plusieurs minutes ou heures semblèrent s’être écoulées avant qu’elle n’ouvre les yeux et quand elle le fit, elle vit un autre homme à ses côtés, en train de la soutenir et son assaillant gémir au sol. Telle une marionnette, elle se laissa entraîner loin de cette ruelle, laissant le corps de l’homme seul. Avec un peu de chance, il était tellement blessé qu’il finirait par mourir. La jeune femme se laissa donc entraînée, fermant les yeux, quand ceux-ci croisèrent la lueur aveuglante des flambeaux. Elle se sentait mal en point, épuisée par cet épisode, qui aurait pu entraîner sa mort. Etait-elle blessée ? Sa tête lui faisait tellement mal, l’homme avait dû la cogner contre le mur plusieurs fois. C’était un miracle qu’elle n’ait pas fait de malaise avant. Maintenant, une question se posait pour elle, qui était donc l’homme qui venait de la sauver. Elle jeta un regard sur lui, il était brun, un peu plus grand qu’elle et affichait un air assurant. D’ailleurs, il devait être quelqu’un d’important, avec sa façon de donner des ordres et d’être écouté. En tout cas, il prenait soin d’elle, ce qui était positif, l’homme ne semblait pas vouloir lui faire du mal. Dans la pénombre, elle voyait mal son visage, elle ne savait même pas si elle le connaissait. Sa tête lui faisait vraiment mal, si bien qu’elle avait beaucoup de mal à se concentrer sur une chose. Elle pensait à la Comtesse qui devait sûrement l’attendre avec inquiétude. Elle pensait à ces filles de rues, qui allaient peut-être recroiser cet homme s’il n’était pas mort. Bientôt, ses forces vinrent à lui manquer et Annabeth se laissa choir, ses maux de tête ne cessaient de la lancer, elle n’arrivait plus à tenir debout.
« Je n’arrive plus à tenir debout, j’ai si mal. » Commença la jeune femme, tout en murmurant quelques mots qui lui paraissaient inaudibles. « Merci, de m’avoir sauvée. » Continua-t-elle, tout en gardant les yeux fermés, à cause de la douleur. Annabeth murmurait presque ses mots, mais elle tenait beaucoup à remercier l’homme pour son geste. Après tout, elle n’était qu’une courtisane, peu de monde se serait mis en danger pour la sauver. Cet homme devait être unique en ce monde et il méritait amplement ses remerciements.
"Asseyez-vous ici," murmura l’Écossais en tentant de maîtriser son accent, souhaitant épargner à la jeune femme d'autres inquiétudes. En ces temps de guerres fratricides, la moindre étrangeté pouvait être le signe d'une hostilité à venir.
Il la guida sur la marche d'escalier où la mendiante avait laissé son panier de chatons ; l'un d'eux, réveillé par ce remue-ménage, couinait avec mauvaise humeur pour être nourri. L'homme s'assura que la jeune victime était installée de manière stable, puis ramassa le petit animal dans le creux de ses mains et le déposa sur ses genoux. Il connaissait la puissance de l'instinct de protection, principalement chez les individus féminins ; un réflexe maternel envers cette petite créature sans défense pouvait aider la jeune fille à retrouver le sourire et à reprendre ses sens. Cependant, Balmore prit place sur la marche supérieure pour examiner le crâne dont elle se plaignait. Écartant doucement les cheveux bruns, il s'assura qu'aucune plaie ouverte ne menaçait la vie de l'inconnue.
"Je ne suis pas exactement médecin... Mais une sorte de médecin. Vous n'avez rien à redouter de moi. Ne trouvez-vous pas ce petit drôle comique, à vouloir se battre avec vos rubans ? On n'en fera pas un moine, c'est certain."
Le chaton, il l'espérait, serait une distraction suffisante pour qu'elle ne défaille pas à nouveau tandis que ses acolytes se précipitaient, et sur son instruction silencieuse, emportaient le corps en faisant mine de lui parler d'un ton enjoué. Le sang avait déjà achevé de quitter sa plaie, car presque aucune trace ne demeura sur le pavé pour signaler leur passage ou leur direction. Estien aurait aimé ressentir quelque chose pour ce défunt ; après tout, il aurait dû avoir un lien avec lui. Il venait de le mettre à mort de sa propre main, comme un goret à l'abattoir certes, mais ce n'était jamais que la troisième personne à laquelle il donnait ce baiser de serpent. Pourtant, lorsqu'il sondait le fond de son âme, il ne rencontrait qu'un grand vide muet et sombre. Il en éprouvait un léger regret diffus, sans trop savoir pourquoi. Il se ressaisit et se souvint de l'essentiel de sa mission de la soirée :
"Allons, demoiselle, pouvez-vous marcher ? Peut-être vous sentirez-vous mieux après avoir bu quelque chose de reconstituant. Puis-je vous conduire quelque part ?"
Il se releva et reprit le chaton pour tendre la main à la jeune brune, afin de l'aider à se remettre sur ses pieds. Il fallait aussi prendre soin de maintenir la cape sur ses épaules, afin que nul ne voie qu'elle était éclaboussée de sang.
S’assoir ? Oui elle se sentirait bien mieux assise, peut-être même que sa tête ne lui ferait plus mal. Cet homme était rassurant, aimable, distingué et en plus il lui avait sauvé la vie, alors que ce n’était pas son devoir. A jamais, elle lui serait reconnaissante pour son assistance, peu de personne l’aurait fait à sa place, ce qui rendait cet homme unique. L’homme la conduisit alors jusqu’à un escalier, Annabeth le suivit machinalement, telle une marionnette, n’ayant pas la force de réfléchir, ni d’agir par elle-même. La femme qui se trouvait là avant été parti, laissant son panier de chatons endormis. La courtisane s’installa sur l’une des marches, heureuse de ne plus avoir à tenir sur ses jambes pour quelques instants. Quelques instants, Annabeth ferma les yeux, elle savourait le silence et le peu de repos qu’elle aurait avant de repartir au manoir londonien de la comtesse de Lancastre. Bien vite, elle fut tirée de sa paix par l’homme, qui lui avoua être une sorte de médecin. La voilà plus rassurée, elle n’aurait pas besoin d’en voir un, une fois rentrée. Il regarda sa plaie, rien ne semblait être inhabituel, tant mieux, elle n’aurait pas de vilaines cicatrices, qui pouvaient du jour au lendemain tuer un homme. Son sauveur lui fit remarquer le chaton qui jouait avec les rubans de sa robe. Elle n’avait même pas sentit l’animal sur elle, tellement elle était absorbée par sa mésaventure. La brune tendit la main pour caresser l’animal, qui avec joie accepta cette intruse pour jouer avec elle. Annabeth posa son regard vers l’homme pour à nouveau le remercier.
« Je ne vous remercierai jamais assez pour votre aide. » Disait-elle à voix basse, avant de lui poser une question. « Pensez-vous que les maux de tête que j’ai sont graves ? »
Le silence s’installa pendant quelques instants, les deux protagonistes étant dans leurs propres pensées. Annabeth de son côté ne cessait de penser à son ravisseur et à la chance qu’elle avait eu de pouvoir s’en être sortie. La vie était étrange, alors qu’elle se voyait déjà morte, cet homme était apparu, venant de nulle part et il l’avait sauvé. Maintenant, elle était sauve, à moins que son sauveur ne soit un terrible criminel, lui aussi assassin de jeunes femmes. Cependant, la bienveillance de l’homme lui faisait penser le contraire, il ne pouvait pas être mauvais. D’ailleurs, il lui demanda si elle pouvait se relever, pour qu’il la raccompagne chez elle. La jeune femme hésita quelques instants, puis, avec l’aide du bras de l’homme elle se mit sur ses deux jambes. Elle avait épuisé, mais pour retrouver la sécurité de son lit et du manoir, elle ferait tous les efforts qu’il faudrait.
« Je peux, je pense. » Murmura-t-elle tout en faisant quelques pas. « Je vis chez la comtesse de Lancastre, elle doit déjà se demander où je me trouve, mon absence va terriblement l’inquiéter et je ne pense pas pouvoir retourner seule jusque-là. » Répondit la jeune femme confuse.
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Sujet: Re: Vous n'y couperez pas. [PV Annabeth Blackwood] Dim 11 Mai - 9:04
Sans être lui-même médecin, Balmore fréquentait la profession ; et par ailleurs, il avait vu suffisamment de corps lui être amenés, avec cette déclaration affligée : on n'avait rien vu venir, le seul symptôme avait été de mystérieux maux de tête. C'était généralement à la suite d'une chute ou d'un coup violent. Cependant, s'il y avait bien une chose dont il ne souhaitait pas s'encombrer pour l'heure, c'était d'une femme hystérique, angoissée pour sa survie. C'était ce qu'il avait cependant fait en venant à son secours, mais à présent, le cynisme habituel avait repris le dessus. Il se contenta donc de la rassurer vaguement d'un petit signe de tête et d'un demi-sourire qui ne l'engageaient à rien. En revanche, lorsqu'elle lui donna un semblant d'adresse, il fronça les sourcils à cette information précieuse. Il connaissait de nom cet hôtel, ce n'était pas si loin.
"Je vous reconduirai donc à cette destination sans plus attendre. Mes amis se chargent de votre agresseur, vous n'aurez plus jamais à vous soucier de lui."
Dans ce domaine, il pouvait se permettre d'être parfaitement catégorique ; il avait toutes les raisons d'estimer à zéro une nouvelle rencontre avec ce manant, ou même avec son visage dans son intégralité. Cette pensée l'emplissait d'une forme de joie sombre. Il y avait quelque chose de plaisant à imaginer ce crâne dépouillé de ses attributs mortels, exposé côte à côte avec ceux des jeunes filles qu'il avait mises à mort dans ce triste objectif. Balmore nota dans un coin de son crâne qu'il irait personnellement s'en assurer, faisant ainsi une rare entorse à sa règle d'absolue discrétion et d'absence d'engagement personnel.
Il attendit encore quelques secondes, pour laisser à la jeune femme le temps de reprendre un souffle paisible, puis la débarrassa de la petite bête qui se montrait décidément bien familière, et la rendit à sa propriétaire légitime, ainsi que son abri sous l'auvent de l'escalier ; soulevant précautionneusement la demoiselle par le bras, il la guida jusqu'au centre de la rue, lieu de sécurité relative, sous l'oeil des passants et de la lune à présent levée haut dans le ciel de Londres.
"Nous y allons. J'ose espérer que cette comtesse prendra garde à l'avenir à ne plus vous exposer à de tels risques. Et surtout, si vous estimez devoir faire une pause, prévenez-moi. Ce serait terriblement romantique, certes, mais je ne me sens guère la force de vous transporter jusque là-bas dans mes bras."
A cette faible lumière, il distinguait désormais plus nettement les traits de cette jeune personne d'apparence vulnérable, bien qu'elle soit toujours soigneusement enveloppée dans sa cape, qui dissimulait le sang maculant ses vêtements. Contrairement à lui, il songea qu'elle aurait été plus plaisante avec un radieux sourire aux lèvres. Elle appartenait au règne de la lumière, il en avait la conviction. Il ne restait plus qu'à l'escorter hors de l'ombre, et à la rendre à son royaume.
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Sujet: Re: Vous n'y couperez pas. [PV Annabeth Blackwood] Dim 18 Mai - 20:09
Quand la biche devient la proie du chasseur.
L’homme ne prenait pas de gants avec elle et il ne semblait pas vouloir le faire. Son ton était brusque, mais honnête, ce qui faisait que la jeune femme ressentait bien plus de sympathie pour lui que pour une personne douce. Beaucoup d’hommes mentaient avec leur voix doucereuse et à force, la courtisane était parvenue à les découvrir. En ce qui concernait celui-ci il avait le courageuse, des brusques ours des cavernes, ce qui pouvait le rendre attachant. La brune ne chercherait pas à aller plus loin, elle ne voulait pas ennuyer son sauveur. Il lui avait sauvé la vie, probablement parce qu’il ne connaissait pas sa réputation, mais il l’avait fait, ce qui n’aurait sûrement pas été le cas de nombreuses personnes vivant à Londres. Annabeth avait peu d’estime pour le commun des mortels, les hommes étaient fourbes et menteurs et surtout, ils n’avaient pas le sens des valeurs, des choses simples de la vie, comme la bonté, la générosité et les sentiments. Tous perfides, tous menteurs, tous violeurs, ainsi tel était l’homme et son ascendant sur la femme. Annabeth indiqua son adresse à l’homme, pour qu’il puisse la ramener, elle aurait pu avoir peur, mais elle avait confiance, après tout, il n’allait pas faire du mal à la comtesse après l’avoir sauvé. D’ailleurs la suite des propos de son sauveur ne l’étonna pas. Certains de ses amis allaient s’occuper de son assaillant. La jeune femme était rassurée de cela, au moins, il ne ferait plus de mal à personne et les filles des rues auraient un bourreau de moins, dont elles devaient se préoccuper. La courtisane saisit alors la perche, pour parler de ses amies disparus, celles que l’on retrouverait mortes dans la Tamise. Battues, Violées, Assassinées, ainsi c’était le sort des catins des rues.
« Certaines jeunes femmes ont disparues dernièrement, est-ce que vos amis pourraient enquêter ? Je sais que je demande beaucoup, mais vous me semblez bon et ces jeunes femmes n’ont personne. » Demandait la jeune femme d’une voix douce, malgré les maux de tête qu’elle ressentait toujours.
Peut-être qu’il accepterait, cela ferait beaucoup de bien à ces jeunes femmes de se sentir plus en sécurité. Bien souvent, si elles se retrouvaient là, ce n’était pas leur faute, c’était un mauvais sort du destin et elles ne méritaient en rien de mourir, assassinées sauvagement dans une ruelle sombre. L’homme l’aida alors à se débarrasser du chaton et le rendit à sa propriétaire, qui se trouvait non loin de là. Il aida ensuite la jolie brune à se redresser, puis après qu’elle eut repris, ses sens, ils purent marcher ensemble, sur les pavés sombres des rues de Londres. A tout jamais, elle serait reconnaissante envers cet homme brusque, mais bon avec son prochain, elle ne savait comment elle pourrait se faire remercier. Cette dette, jamais elle ne pourrait l’oublier. Les passants ne s’attardèrent pas devant ce duo étrange, elle la jeune femme vêtue impeccablement et lui cet homme si sombre. Ils étaient au-delà des préoccupations de la populace. L’homme lui fit alors remarquer, que la comtesse ne devrait plus lui imposer de telles courses nocturnes et abruptement, il lui conseilla de faire des pauses, si elle en ressentait le besoin.
« Cela ira je pense. » Commença la jeune femme, tout en marquant une pause. « Je ne faisais pas une course pour la comtesse, je rendais visite à mes anciennes compagnes de rues, je tentais de les aider, mais je me suis trop attardée, ce qui explique les ennuis que j’ai eu. » Ajoute-t-elle d’une voix timide. Elle avait été sotte de trop tarder, elle le savait mieux que personne que les rues de Londres étaient pleines de bandits, cette erreur, elle ne la commettrait plus jamais.
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Sujet: Re: Vous n'y couperez pas. [PV Annabeth Blackwood] Dim 18 Mai - 22:12
"Mes amis n'enquêtent pas, Dieu les en garde. Ils vont simplement se charger de rendre la dépouille de ce misérable aussi insignifiante que son âme, afin de la disperser au vent. De mon côté... En quelque sorte, on peut considérer que j'enquête, à mes heures perdues et par hasard... J'ai quelque accointance avec ces messieurs de la maréchaussée."
Il tenta misérablement de sourire d'un air radieux, échoua, et reprit la mine sombre qui lui seyait si bien. Son visage était plus fermé que celui de bien des statues. Le hasard, voilà bien son seul lien avec autrui : nulle amitié en vérité, ni nulle accointance, rien de si solide ou si chaleureux. Sa vie était faite de marbre glacé, aussi bien que les traits de son visage. Il n'aimait guère se perdre en ces pensées lunatiques, et concentra le feu ténébreux de ses regard sur la route qui les attendait, sur les vagues silhouettes qui croisaient leur chemin dans la brume montante, et sur les passages qui les rapprocheraient significativement de leur objectif. Un bref instant, la fluette image d'une jeune fille blonde comme les blés, lanterne en main, surgit de l'ombre et passa devant lui, emportée par l'enthousiasme de la jeunesse et la vision d'une connaissance. Il sursauta comme un damné, tous les nerfs du corps tendus comme autant de cordes de violon. Mais l'apparition s'était déjà envolée comme plume au vent pour rejoindre son amie.
"Faisons vite, voulez-vous ? Nous y sommes presque, et il commence à faire froid."
Son cœur resta douloureux quelques instants du choc qu'il avait reçu, et sa stature habituellement droite et rigide en resta légèrement courbée, soudain plus humble et discret qu'il ne l'avait été jusqu'alors. Mais il ne perdit pas pour autant son insistance à mener leur danse incertaine au gré des ruelles, et bientôt ils approchèrent de leur but. Il ne savait pas s'il devait accompagner la jeune fille jusqu'au bout, quelque chose le retenait. L'idée de croiser sa noble protectrice avait quelque chose de profondément intimidant, pour une raison qu'il ne s'avouait pas ; inconsciemment, il projetait sur cette dernière la physionomie de la fille diaphane, semblable à un elfe d'Irlande surgi d'un tertre, qu'ils avaient croisé sur leur route. Il ralentit, retenant le bras de sa compagne :
"Pensez-vous pouvoir traverser la dernière rue seule ? Peut-être devrais-je vous laisser ici. Ce serait plus correct. Je ne voudrais pas être interprété comme une mauvaise fréquentation par cette illustre personne qui, après tout, ne me connaît pas."
En entendant son sauveur parler, Annabeth savait qu’il était sérieux et il n’était pas compliqué pour elle d’imaginer un cadavre d’homme, flottant dans la Tamise, ou un tas de cendre, avec quelques restants d’os. Elle n’avait pas peur des choses macabres, ainsi était la vie. En plus avec sa ténébreuse mère, elle n’avait pas eu le choix, elle avait été contrainte de s’habituer aux malheurs et aux ténèbres. Sa mère lui avait fait vivre un calvaire et toute cette histoire l’avait aidé à devenir plus forte. En plus, sans tout cela, elle n’aurait jamais rencontré la comtesse de Lancastre, celle qui la protégée depuis de nombreux mois. Même si ses relations n’étaient pas des plus belles avec le comte, elle se sentait proche d’Héléna Sheridan qu’elle voyait comme une sœur. L’homme qui la raccompagnait était étrange, très étrange, si bien qu’il était difficile de voir qui il était réellement. Son visage était aussi froid que le marbre et son sérieux, digne de celui d’un roi. Annabeth était curieuse, elle avait bien son nom, Estien Balmore, mais cela ne l’aidait pas à en savoir plus sur lui. La jeune femme l’imaginait bien bandit de grand chemin, qui était seulement de passage à Londres, ou sinon, il pouvait bien être un grand bourgeois, qui passait son temps à arpenter les rues, pour sauver les jeunes femmes en détresse. Non, toutes ces idées étaient aussi farfelues les unes que les autres et tout compte fait, elle préférait que cet homme reste un mystère à ses yeux.
« Vous semblez être une personne importante ici, pourtant, je ne vous ais jamais vu. » Disait-elle, comme une pensée pour elle-même.
Les deux protagonistes pressèrent le pas, pour ne pas se retrouver dans une situation compromettante et à nouveau compliqué. La jeune femme se sentait mieux, même si elle allait avoir besoin d’une bonne nuit et sommeil et de quelques jours de repos, pour se remettre complètement de ses émotions. Qu’allait donc penser la Comtesse en voyant sa légère blessure et son état, elle n’était vraiment pas belle à voir, avec ses cheveux décoiffés et quelques pans de sa robe déchirée. Elle ne s’offusquerait pas de voir Héléna s’énerver, à cause de son imprudence, mais elle connaissait sa maîtresse et elle préférerait prendre soin d’elle, plutôt que de la gronder. Au fil de la nuit, le froid devenait plus mordant, elle n’avait qu’un simple châle, ce qui ne l’aurait pas aidé par temps de grand froid. Heureusement, elle se trouvait non loin du manoir et l’homme veillait à la ramener à bon port. Maintenant, une seule chose l’obsédait, remercier l’homme qui avait tant fait pour elle et surtout qui lui avait sauvé la vie.
« Que puis-je faire pour vous remercier ? Vous m’avez sauvé la vie, vous m’aidez encore maintenant, j’ai donc une dette envers vous. » Demanda Annabeth, soucieuse de bien faire.
Elle ne savait pas si l’homme voudrait qu’elle accomplisse sa dette, après tout, il n’avait pas l’air d’être une personne qui voulait être ennuyé. Il paraissait être une personne solitaire, qui préférait sa tranquillité, plutôt que de se mêler à d’autres choses futiles de la vie. Quelques instants, l’homme perdit sa froideur, était-ce l’apparition de cette jeune femme blonde, qui le perturbait autant ? La jolie courtisane dévisage le visage de l’homme, cherchant à percevoir ses émotions, mais bien vite, il reprit son masque. Ils arrivèrent alors, non loin du manoir, mais à ce moment-là, alors que la demeure était face à eux, l’homme stoppa sa marche, retenant son bras. Par soucis de convenance, il ne voulait pas la raccompagner, jusqu’au pas de la porte. Annabeth était étonnée, peu d’hommes se souciaient de ces détails aujourd’hui.
« Ne vous inquiétez pas pour ma réputation, il y a bien longtemps qu’elle est tachée. Mais si cela vous convient mieux, je peux traverser la rue seule, cela ira. » Souriait la brune, en quête de nouveaux indices, à propos de l’homme étrange qui l’avait sauvé.
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Sujet: Re: Vous n'y couperez pas. [PV Annabeth Blackwood] Mar 27 Mai - 17:24
'Une personne importante ? Balmore se sentait goutte d'encre dans une mer d'huile, rien de plus. Il ne rêvait que d'une chose : s'abîmer dans l'ombre et y disparaître à nouveau. Il ne pouvait suivre la jeune fille dans la lumière où il l'avait restituée. Cependant, la perspective qu'elle soit à nouveau victime d'un malappris de passage alors qu'elle allait atteindre son domicile était trop inquiétante ; il traversa la chaussée à son bras, en faisant signe à une voiture à cheval de s'arrêter sur leur chemin, avant de se détacher d'elle à nouveau, une certaine autorité dans le regard. Il lui semblait bien remarquer une chandelle à la fenêtre de l'étage, et se sentait étrangement mal à l'aise à l'idée d'être remarqué.
"Puisque vous me dites n'avoir pas la réputation la plus immaculée, ceci ne vous effraiera pas : je ne suis qu'un croque-mort comme on en croise dans chaque quartier de cette ville. Le fou qui s'en est pris à vous était un maraud que j'avais déjà surpris à profaner le cimetière où je fais mon office. Sa mort est ma récompense, et vous ne me devez rien, sinon de prendre soin de cette vie que je vous ai offerte."
Il inclina la tête sur le côté pour la dévisager gravement, son regard d'une intense obscurité sondant les tréfonds de cette âme de jouvencelle, en interrogeant les mystères. Il s'efforça de lui sourire, afin qu'elle emporte de cette soirée une impression suffisamment partagée entre agréments et terreurs pour qu'elle ait au moins une chance de dormir d'un sommeil paisible, réparateur. Puis il dressa l'oreille, le regard immédiatement aux aguets : un son venait de retentir, à quelques mètres d'eux.
On s'affairait au loquet de la porte. Peut-être une quelconque domesticité avait-elle été envoyée s'enquérir des raisons de ce retour tardif ; peut-être avait-on consigne de mettre également la main sur le sinistre personnage aperçu dans le sillage de la retardataire. Comme pris en faute, Balmore recula d'un pas, entrouvrant les lèvres pour prendre son souffle comme un animal traqué qui se prépare à reprendre la course. Ce n'était qu'un réflexe ; il ne se serait pas enfui en courant, d'ailleurs on pourrait aisément faire parler la jeune dame et l'inciter à révéler son identité, qui mènerait à son échoppe tout aussi rapidement ; et il n'avait d'ailleurs rien à se reprocher. Mais ce réflexe était ancré dans sa chair.
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Sujet: Re: Vous n'y couperez pas. [PV Annabeth Blackwood] Mar 3 Juin - 10:52
Quand la biche devient la proie du chasseur.
Le monde ne suffisait pas aux meurtriers, ils étaient toujours là, implacables, ils attendaient toujours leurs proies pour porter des coups, quand elles ne s’y attendaient pas. Les corbeaux sur les toits étaient des symboles même de la funeste nuit qui avait failli emporter la belle Annabeth. La belle jeune femme aux boucles brunes en bataille n’était pas au meilleur de sa forme, elle était épuisée par cette aventure, mais heureuse d’avoir fait une nouvelle rencontre, mais aussi d’être en vie. Désormais, elle serait beaucoup plus prudente et ne prendrait plus de tels risques. La vie était trop courte pour qu’elle la gâche avec quelques imprudences. En compagnie de son sauveur Estien Balmore, elle se sentait en sécurité, malgré le regard sombre de l’homme et de la distance qu’il mettait entre lui et elle. D’ailleurs, elle se sentait bien plus en sécurité avec un homme distant, plutôt qu’une personne, bien trop entreprenante. Son passé avec les hommes l’avait à tout jamais marqué et plus jamais, elle ne pourrait leur faire confiance. Mr Balmore était quelqu’un de différent et avec le temps, si elle était amenée à le revoir, elle espérait pouvoir entretenir avec lui une discrète amitié. L’homme décida alors de ne pas la préserver, il lui avoua qu’il était croque mort, un métier bien étrange, selon Annabeth, mais dans n’importe quelle ville, il en fallait un. Puis, il lui parla de l’homme qui avait tenté de la tuer. Ce fou était un profaneur de tombe, une personne qu’il a déjà croisée dans les cimetières. La jeune femme était choquée d’entendre cela et désormais, elle prenait bien conscience qu’elle revenait de loin. Si l’homme ne l’avait pas sauvé, comment aurait-elle terminé ? Elle ne préférait pas imaginer, tout ceci était bien assez horrible comme cela. Pour terminer ses paroles, Estien Balmore déclara, qu’elle n’avait rien à lui donner en retour à part vivre. En entendant cela, la jeune femme ne put s’empêcher de sourire. Ce genre de personne était rare et ce n’était pas Annabeth qui allait regretter que Mr Balmore ne soit pas un profiteur. Beaucoup lui aurait demandé de l’argent, mais lui ne l’avait pas fait.
« Vos paroles auraient pu me choquer, mais ce n’est pas le cas. » Souriait la jeune femme. « Mr Balmore, je vais vous laisser à votre tranquillité et je vous remercie vraiment de m’avoir sauvé la vie. » Continua la jeune femme.
Annabeth n’en ajouta pas plus, elle ne voulait vraiment pas déranger plus l’homme, qui avait déjà tant fait pour elle. Des bruits se faisaient entendre, provenant du manoir, quelqu’un devait venir la chercher, peut-être même qu’on l’avait vu avec cet homme étrange. D’ailleurs, Mr Balmore eut un mouvement de recul, s’éloignant de la lumière, pour se mettre dans l’ombre. La jeune courtisane se tourna vers lui et lui accorda un simple au revoir, agrémentait d’un sourire, puis elle se dépêcha de se rendre au manoir. La comtesse de Lancastre devait l’attendre et Annabeth s’en voulait déjà assez. Quand elle se tourna, elle vit que l’homme était déjà parti.