Soleil, chaleur. Durant plusieurs jours, la région de Londres s'en été passé, laissant à la place la pluie et le ventre s'abattre sur le commun des mortels. Aujourd'hui, tout se déroulait comme si rien ne s'était passé, ou presque. Alors qu'elle se tenait sur sa jument, miss Foster traversait les champs avec des paysages tous plus désolant les uns que les autres. Bon nombre des récoltes des paysans avait été noyées par l'eau, réduisant d'une façon très significative les biens vendables par ces pauvres gens. Avec un peu de chance, les prochaines semaines leur apporteraient du réconfort et rattraperaient peut-être les dégâts provoqués par le mauvais temps. Dans les villages aux alentours, on s'activait afin de récupérer le maximum de choses dans les maisons n'ayant pas été épargnées et on tentait de mettre un peu d'ordre. Ce déluge s'apparentait à une véritable catastrophe. Heureusement, Marianne n'avait pas encore eu à voir de cadavre victime de la montée des eaux, et pour tout vous dire, cette vision ne la réjouirait certainement pas. Elle paraissait peut-être pour une jeune femme forte que rien ne touche vraiment, mise à part la misère humaine, mais voir une personne morte était bien la seule chose qu'elle se refusait de voir. Savoir ne serait-ce que la peine que cela engendrait la déchirerait, car elle se sentirait impuissante face au malheur de ces pauvres gens. Que dire dans de telles circonstances ? C'était tellement délicat. Elle-même, à la mort de sa mère, avait préféré être seule et ne pas montrer ses larmes. Son père avait eu et à toujours besoin d'elle. Ensemble, ils ont réussit à surmonter cette épreuve, mais elle doute pouvoir affronter ça une seconde fois... Qui le pouvait seulement ? Perdre un être qui nous était cher était la pire des choses qui puisse arriver. Mais revenons à nos moutons...
Après cette catastrophe, ayant attrapée froid lors de son escape sur la colline de Landscape, la demoiselle due rester au lit quelques temps, afin de se remettre sur pied, à son grand désarroi. Oui, aussi fou que cela pouvait paraître, elle s'était vue à l'état de zombie en train d'aider les habitants du petit bourg à retrouver un chez-soit convenable, même en étant malade. Mais par des événements exogènes à sa volonté, elle fut contrainte d'abandonner son improbable projet, ce qui bien sûr, ne lui plu d'aucune manière. Maintenant, elle ne pouvait que constater les dégâts et s'arrêtait sur son chemin pour donner quelques vivres ou des pièces aux femmes et enfants qu'elle croisait. C'est tout ce qu'elle pouvait faire pour les aider... Comme quoi l'être humain était bien petit face à l'immensité de la nature et de sa puissance. Et dire que certains se battaient pour être les véritables rois du monde. Hum.. C'en était tellement stupide. Faire cela la ralentissait dans sa route, certes, mais vous savez tout comme moi qu'un minimum de bonne action lui était nécessaire dans une journée de vingt-quatre heures. Ce n'était pas comme une drogue, mais c'était quelque chose qui lui était essentiel. Aider les plus démunie était ce qui la faisait vivre chaque jour, et elle ne pourrait jamais s'en passer, pour sûr.
Aujourd'hui n'était cependant pas un jour ordinaire. Cassant littéralement le code vestimentaire imposé, Marianne avait revêtu une tenue typiquement masculine, comme la majorité du temps lorsqu'elle montait Belle-Dame. Non pas qu'elle souhaitait ressembler à un homme, mais elle se sentait beaucoup plus à l'aise ainsi habillée. Cas rare également, la demoiselle avait apportée son épée, attachée à sa ceinture. Cela faisait trop longtemps qu'elle était restée dans sa chambre, prenant la poussière sans que personne ne la sorte. Et cela faisait également trop longtemps que la bourgeoise ne s'était pas entraîné dans la forêt, non loin du manoir, là où elle se retrouvait étant gamine en compagnie de son cousin Jacob. L'endroit était calme et très peu fréquenté, parfait pour jouer de sa lame sans que personne ne la dérange et vienne rajouter quelques rumeurs à la longue liste qui existait déjà.
Elle arrêta Belle-Dame près d'un arbre et mit pied à terre, prête pour se défouler un peu suite aux derniers événements, quand elle entendit un craquement de branche. Immédiatement, elle sortie l'épée de son fourreau et la brandit.
-Qui va-là ?