C’était l’un de ces matins où le soleil se montrait fièrement dans un ciel bleu dégagé de tout nuage et que ses rayons semblaient même réchauffer le cœur des gens. Bess s’était réveillée avant le lever du soleil puisque son dernier client avait payé pour passer la nuit avec elle. Souhaitant sortir de la maison close avant que la ville s’éveille pour ne pas être aperçu, la jeune prostituée devait donc le réveiller très tôt. C’était l’un de ces hommes vieux qui s’endorment aussitôt qu’ils se retrouvaient en position horizontale, mais qui payaient une nuit pour faire croire aux autres hommes qu’ils étaient encore vigoureux. L’homme n’avait adressé aucun mot à la jeune femme, qui était habitué à cela, et avait fait ce pour qu’il avait payé avant de dormir bruyamment. Bess en avait profité pour faire sa toilette et était revenu s’étendre auprès de l’homme qu’avec espoir de dormir rapidement et de rêver. La jeune prostituée tapota l’épaule de l’homme pour le réveiller. Ce dernier grogne et ouvrit l’œil. Il dévisagea la jeune femme un instant avant de se lever brusquement. Il regarda autour de lui pour voir si le soleil était levé et se leva, s’habilla et sorti de la chambre tel un courant d’air. Bess se leva à son tour et tira les rideaux. Les premières lueurs du jour se montraient. La jeune femme entreprit de faire sa toilette matinale et de se choisir l’une de ses belles robes. L’un des aspects positifs de vendre de l’amour aux hommes étaient la possibilité de s’acheter de belles tenues, de beaux accessoires et de ne jamais avoir faim. Bess devait aller en ville ce matin, et comme chaque fois où elle sortait seule, elle s’habillait et se coiffait comme une dame. Souvent, les gens la prenaient pour une fille de marchand et cela lui faisait le plus grand des plaisirs. Pas qu’elle ne choisissait pas ses tenues avec goût lorsqu’elle sortait avec les filles et sa maquerelle, mais les gens savaient ce qu’elle faisait de ses nuits en présence de Mary-Ann. Bess affectionnait sa maquerelle comme une maman, mais elle n’acceptait pas ce qu’elle était et se détestait pour être obligé, chaque soir, de se vendre. La robe dont elle se vêtit était grise satinée et lui avait couté presque toutes ses économies. La jeune femme brossa ses cheveux et détacha quelques fleurs du bouquet qui se trouvait près de la fenêtre afin de se les glisser dans sa chevelure. Le résultat lui donnait des airs de poupée et Bess fut satisfaire de son allure. Elle finit en pinça ses joues et ses lèvres afin de leur donner un peu de rougeur. Le soleil était maintenant haut dans le ciel, et la jeune femme était de bonne humeur. Elle sortit de sa chambre et se rendit à la cuisine où se trouvaient les autres filles. Après avoir reçu des compliments, la jeune prostituée vérifia le contenu de sa bourse et sortie de la maison close RedLantern.

Quelques mois plus tôt, l’un des fidèles clients de la petite Bess lui avait offert un flacon de parfum. Le parfum étant un luxe très dispendieux, la jeune femme avait posée quelques gouttes de parfums sur sa nuque, derrière ses oreilles et entre ses seins chaque fois où elle avait un client à satisfaire afin de ne pas épuiser le flacon trop rapidement. C’était avec tristesse qu’elle s’était aperçut que le flacon était vide la veille. La jeune femme avait donc prit toutes ses économies et avaient décidé d’aller s’acheter du parfum. Bess marchait fièrement dans les rues de Londres pour se rendre vers le secteur des commerces. L’air devenait de moins en moins nauséabond à mesure où la jeune femme s’approchait de la parfumerie. Une fois arrivé à la hauteur de la parfumerie, Bess vit de belles femmes, visiblement nobles, faire leur entrée dans la boutique. Bien que la jeune femme soit plus élégante que la majorité des femmes du peuple dont la condition était moins misérables que la sienne, Bess senti que, malgré cette belle robe, sa condition de prostitué devait être très apparente. La jeune prostituée était nerveuse à l’idée d’entrer dans la parfumerie. Avait-elle, non seulement, le droit de visiter un tel endroit et de fréquenter de véritables dames? Que se passerait-il si le flacon de parfum qu’elle désirait était hors de son budget? La chasserait-on de la parfumerie comme la vulgaire prostituée qu’elle était où pourrait-elle sortir sans histoire? La jeune femme hésitait à entrer dans la parfumerie, tout près de la porte. La porte s’ouvrit et une grande dame sortie de la parfumerie accompagné de son riche époux. Elle semblait satisfaite de son achat et tous deux portèrent leur regard sur la petite Bess. Cette dernière leur sourit, croyant à un sourire en retour, mais tous deux poursuivirent leur chemin sans plus la regarder. La jeune femme leva les yeux vers le ciel bleu et souris, c’était une belle journée pour être heureuse.