Chez Rosemary Blackwood, à Londres.
Décembre 1554.

Il y avait quelques mois, Annabeth Blackwood se découvrait une nouvelle famille, une jeune sœur, qui était partie à sa recherche en découvrant son existence. Une sœur qui portait le même nom qu’elle : Blackwood. Elle avait de charmants cheveux bruns, comme elle, des yeux sombres, comme elle. L’évidence lui avait sauté aux yeux, même si elle n’avait osé le croire, elle avait bien une sœur. Les mensonges de sa mère, la perfide Rose venait de refaire surface et la belle courtisane venait de se prendre en plein visage l’ampleur des secrets. Toute sa vie avait été construite sur un mensonge, entre une mère absente, qui était revenue pour l’exploiter et un père qui selon toute vraisemblance ne connaissait pas son existence. Il manquait des morceaux du puzzle, certaines choses ne collaient pas et il y avait qu’une personne qui pourrait aider Annabeth à découvrir la vérité sur sa vie, c’était Rose, qui se trouvait toujours en prison et qu’elle ne voulait plus jamais voir, pour ne pas retomber entre ses griffes. Petit à petit, sa vie de dame de parage, qu’elle s’était construite, commençait à s’effondrer, Annabeth voyait qu’elle avait perdu sa vie, qu’elle ne pouvait rien contrôler, tant que toute la vérité ne serait pas mise au goût du jour. Si Rose n’avait pas menti, elle aurait pu vivre dans une belle maison, en compagnie de cette sœur qu’elle avait aimée, elle aurait peut-être pu se marier, avec une famille et être heureuse. Qu’avait-elle aujourd’hui ? Ni famille, ni amour propre, elle était perdue, et devait s’incliner face à un monde qu’elle n’aimait pas. Annabeth n’était pas de la noblesse, même si le nom qu’elle portait était de ce rang, elle ne voulait pas de tout cela. Le seul bonheur qu’elle avait connu, c’était dans une simple ferme, où régnait l’amour, le partage, la générosité. Dans un petit village où tous les enfants se connaissaient. Elle aurait pu y être heureuse, si une fois de plus Rose n’avait pas tout gâché. Trois vies, elle aurait pu avoir trois destins, si seulement sa mère n’était pas intervenue et menti à tout le monde pour servir ses propres intérêts.

C’était avec une boule au ventre, qu’Annabeth Blackwood quitta en cette fin de matinée, l’hôtel particulier de la comtesse de Lancastre, pour se rendre chez sa sœur, qui l’avait convié à un déjeuner, pour lui faire rencontrer l’un de ses cousins, un certain Damian Blackwood. Un cousin, encore de la famille, qu’elle ne connaissait, en raison des secrets que la génération précédente avait gardés. D’après ce qu’elle avait compris, sa sœur venait à peine de connaître ce cousin, qui avait beaucoup voyagé à l’étranger. La courtisane avait beaucoup de mal à comprendre tout cela est les morceaux ne cessaient de se mélanger, ne s’emboitant jamais. Au fur et à mesure des découvertes, elle avait le sentiment que la famille Blackwood était un joyeux micmac incompréhensible, où les secrets étaient toujours présents. Ce n’était pas les valeurs de la jeune femme, elle qui pendant quatorze années avaient vécu dans une famille unie, qui ne jurait que par l’amour. Elle ne comprenait pas pourquoi cette famille, qu’elle se découvrait était si désunie. Etait-ce ainsi dans toutes les familles de noble ? Elle le voyait chez la comtesse, que le mari n’hésitait pas à tromper, mais aussi dont la sœur avait épousé son fiancé. Tout cela n’était pas ses valeurs et plus elle découvrait le milieu de la noblesse, plus elle avait envie de le fuir. Annabeth ne serait sûrement jamais une Blackwood et cela ne la dérangeait pas, si elle pouvait rester en contact avec sa sœur et vivre en marge de tout cela, elle s’en contenterait. Elle n’était pas Rose, elle n’avait pas besoin d’argent pour être heureuse.

Après une vingtaine de minute de marche, elle se trouva sous le porche d’une maison à l’apparence modeste, mais qui selon Annabeth devait être bien luxueuse à l’intérieur. L’ainée des Blackwood savait que sa jeune sœur ne vivait pas modestement et elle avait envie de découvrir dans quel milieu Rosemary pouvait bien vivre. La brune sortie une main, bien emmitouflé dans sa cape en fourrure et frappa à la porte. Le froid était mordant et pour faire le chemin, elle avait tenu à bien se couvrir. Attraper la mort pouvait arriver si rapidement en cette saison. Un valet l’accueillit et la fit entrer dans un immense hall, où l’on trouvait un grand escalier. Tout ici transpirait un luxe qui était bien supérieur à celui de la comtesse de Lancastre. Le valet annonça à un autre, son nom, qui grimpa les marches pour aller prévenir sa maîtresse de la présence de sa sœur. Elle attendit en silence, sous le regard scrutateur du valet, qui lui avait pris sa cape. Chaque tableau, chaque lustre était en or fin, finement ciselé. La jeune femme avait du mal à croire que sa sœur avait pu s’offrir une telle demeure, surtout que sur l’un des tableaux, elle put lire sur un petit écriteau d’or « George Hertford ». Qui était donc cet homme ? Annabeth n’eut pas le temps de demander quoique ce soit, que sa sœur descendait les marches, un grand sourire aux lèvres.

Chez Rosemary Blackwood, à Londres.
Décembre 1554.

Rosemary avait une charmante demeure, très luxueuse, elle devait sûrement être heureuse dans un te lieu. Qui ne le serait pas ? Annabeth n’avait jamais vu un tel lieu de toute sa vie, même chez la comtesse de Lancastre, qui a ses yeux, vivait déjà dans un grand luxe. Quand elle voyait le cadre dans lequel sa sœur vivait, elle ne se sentait pas à sa place, ni à l’aise, puisqu’une telle fortune, si elle le voulait, elle pouvait en bénéficier. Elle était anxieuse, puisqu’aujourd’hui, en plus de découvrir le quotidien de sa sœur, elle s’était laissé convaincre de rencontre l’un de leur cousin richissime et de la noblesse. Son monde était chamboulé et Annabeth se demandait bien comment tout cela allait finir pour elle. Découvrir ses vraies origines ne lui posait problème, mais elle était inquiète pour son avenir, elle était heureuse, bien plus que par le passé et désormais de nouveaux problèmes, de nouveaux questionnement remontaient à la surface. Elle craignait que tout cela ne fasse revenir sa mère, qui à n’importe quel moment pouvait sortir de prison. Rose Blackwood était intelligente, elle saurait comment faire, elle y arriverait et si elle découvrait que sa première fille vivait en compagnie d’une comtesse, que la seconde avait une telle demeure et qu’en plus, il y avait un riche cousin derrière tout ça, elle se jetterait sur la poule aux œufs d’or. Annabeth se doutait bien que ce fameux cousin ne devait pas connaître la vérité sur Rose Blackwood, comment pouvait-on avouer tout cela, alors que le fond de cette histoire était aussi sordide ? Alors que le cousin arrivait lui aussi, Annabeth n’eut pas le temps de le regarder, que Rosemary descendait les marches de sa demeure et l’accueillit, avec sa joie naturelle. Anna lui accorda un charmant sourire, heureuse de revoir sa sœur, malgré son anxiété, elle la prit dans ses bras quelques instants. Depuis leur première rencontre, elle avait appris à connaître sa jeune sœur et même si elle ne savait pas encore comment bien se comporter avec elle, avoir une sœur lui plaisait beaucoup.

« Merci. » Disait-elle en regardant sa sœur et elle se tourna vers Damian que Rosemary venait de lui présenter. « Je suis enchantée de vous connaître Damian et même si je ne connais pas le domaine Blackwood, je suis heureuse que grâce à vous il puisse rester dans la famille. » Ainsi Rose n’aura pas tout pris à cette famille, à laquelle, elle avait fait connaître les pires maux. Elle souriait un peu gauchement et s’inclina devant ce cousin de façon très timide. Annabeth avait le sentiment d’être l’intruse, celle qui ne connaissait pas l’étiquette et encore moins les bonnes manières des nobles. Ce cousin allait sûrement la trouver très stupide et indigne de porter le nom Blackwood.
En excellente hôtesse, Rosemary invita ses convives à rejoindre la salle à manger, Annabeth suivit la direction qu’elle avait indiqué et entra la première dans une très belle pièce, aussi luxueuse que le hall. Sans faire attention à autre chose, elle admira le plafond richement ouvragé et décoré de quelques peintures, qui étaient tout bonnement magnifique à regarder. Elle rougit, se trouvant impolie de regarder ainsi les choses et s’installa là où Rosemary lui indiqua sa place.
« Tu vis dans une très belle demeure Rosemary. » Souriait la jeune femme, tout en levant à nouveau les yeux vers les peintures. « Vous résidez à Londres Damian ? » Demanda timidement Annabeth pour débuter la conversation avec cet homme, qui était maintenant son cousin. Pour la première fois, la jeune femme se permit de le détailler. Il était brun, comme le reste de la famille Blackwood, d’une carrure assez imposante et surtout, elle avait le sentiment de se sentir comme une souris face à lui, en raison de son charisme. L’homme Blackwood avait de la prestance, ce qui n’était certainement pas le cas de l’ancienne courtisane.