Quand l'Angleterre s'embrase

Et tout alla très vite. Les hurlements, la fumée nauséabonde. Elena était figée sur place. Elle se concentrait pour ne pas défaillir. Elle n'en avait pas le droit. Elle devait rester même si elle était parfaitement contre tout ceci. Elle devait rester parce que telle était sa place. Mary le saurait si elle s'en allait maintenant ou si elle finissait par se pâmer. Et puis les Espagnols n'étaient pas connus pour aimer ce genre de spectacles ? Gomez l'avait plus ou moins sous entendu. Ces nordiques seraient bien trop contents de trouver quelques choses à redire. Non elle ne leur donnerait pas se plaisir. Yeux fermés elle ne vit pas le geste de Gomez. Elle sentit simplement sa main sur son épaule. Un geste d'amitié et d'aide et la jeune femme lui en était reconnaissante. Il lui affirma que bientôt il ne souffrirait plus. Quelques minutes hein, quelques minutes suffisaient donc pour réduire à néant une vie qui ne demandait qu'à être tranquille. Quel gâchis, il y avait déjà tant de façon de mourir sans que l'homme ne s'en mêle. « Merci de votre soutien »souffla-t-elle entre ses dents.

Finalement, les cris cessèrent enfin comme une délivrance. Mais celle de qui, de cet homme qui n'était plus que cendres, ou celle de ces autres protestants qui tapis dans la foule devaient faire semblant pour ne pas subir le même le sort. « Oh Marie, mère chérie, combien de temps tiendront-ils ainsi le mascarade ? Combien de temps supporteront-ils encore ces crimes ? Qu'allons-nous devenir ? » autant de questions silencieuses qu'Elena se posait en levant enfin les yeux. Rougis par des larmes qui ne s'étaient pas écoulées, elle regarda tout autour d'elle. La masse des curieux se dissipait peu à peu. Bientôt la place de Londres serait à nouveau calme, elle reprendrait sa vie, comme tout le monde ici.

Elena leva un court instant les yeux vers le ciel et pria pour l'âme de l'homme. Puis elle reporta son attention sur le Comte espagnol. Elle le gratifia d'un sourire pour le remercier de son soutien. Elle se serait presque permise de déposer un baiser sur l'une de ses joues si ils n'étaient pas en pleins milieu de la place de Londres. C'était un lieu bien trop public, et ce geste aurait pu être mal pris, mal interprété par les autres en particulier par le Matthew Stuart. Tien d'ailleurs où était-il ? Elle l'avait perdu de vue un court instant dans la foule et ne le retrouvait plus. Elena soupira une fois. Elle fit quelque pas et finit par adresser la parole à son compatriote.

« Je ne me permettrai pas de vous flatter mon cher. C'est une simple constatation. Quant aux restes faîtes en sortes que je ne me sois pas trompée. Qu'en pensez-vous ? »

Elle fit un petit clin d’œil discret et poursuivit.

« Vous me direz tout cela la prochaine fois que nous nous verrons. Je ne vais pas m'attarder plus longtemps ici. Adios ! »

« Señor ! »ajouta-t-elle en s'inclinant dans une petite révérence. Puis Elena d'Altafuente, héritière du duché de Malaga laissa le Comte espagnol et reprit la direction du château et de ses murs protecteurs.