Sujet: Mary & Frances ♣ La liberté commence où l'ignorance finit Jeu 31 Mar - 13:48
Mary de LaCroix & Frances Radclyffe
“Que ton coeur, crois-moi, ne se fasse pas tel chagrin. Nul mortel ne saurait me jeter en pâture à Hadès avant l'heure fixée. Je te le dis, il n'est pas d'homme, lâche ou brave, qui échappe à son destin, du jour qu'il est né.” Homère.
S
ir Thomas n'avait accueilli l'annonce de mon petit périple qu'avec un haussement de sourcils dédaigneux, auquel j'avais répondu par un large sourire très légèrement provocateur. Cela dit, il ne prit même pas la peine de tenter de me résonner comme il le disait si bien - sans doute savait-il déjà que c'était perdu d'avance. Lorsqu'il eut accepté, pas contraint et forcé mais presque, de me voir réquisitionner calèche et hommes de main, je me hâtais de tourner les talons et de m'enfuir, peu désireuse de rester trop longtemps dans la même pièce que lui. Le soleil pointait tout juste à l'horizon, inutile de démarrer la journée sur une de nos énièmes disputes. Au reste, il aurait tout le temps de pester après moi à la Cour - ou moi après lui. Un jour, lorsque je n'aurais plus que ça à faire, je m'amuserais à dresser les comptes de qui faisait le plus de reproches à l'autre. Mais ce serait évidemment lorsque mon frère sera monté si haut qu'il n'aura plus besoin de mon aide, lorsque mes neveux et nièces seront d'excellentes personnes bien éduquées, lorsque les protestants auront le droit d'exercer librement leur culte, lorsque toutes les jeunes filles du pays, riches ou pauvres, sauront au moins lire et écrire, lorsque... Décidément, la liste était bien trop longue. "Madame," interpella une voix féminine, "vos affaires sont prêtes, tout le monde en bas est sur le départ. Nous n'attendons plus que vous !" La toute jeune fille, vive brunette au sourire d'ange, semblait particulièrement excitée. "- Eh bien puisqu'il en est ainsi, nous allons partir." Rapidement, je jetais sur mes épaules l'épaisse cape de fourrure sombre qu'elle me tendait. Au dessus de nos têtes, j'entendais les pas furieux de mon mari qui arpentait son cabinet comme un lion en cage, et souris de plus belle. C'était nettement plus amusant de lui demander l'autorisation de quitter la demeure familiale presque au moment du départ. Dehors, la neige avait tapissé tout le Sussex de blanc et de givre. Un léger soupir s'échappa de mes lèvres lorsque l'un des gardes m'aida à grimper dans le carrosse, bientôt suivie de ma dame de compagnie. Savoir que je ne reverrais pas ces paysages avant plusieurs mois me réjouissait plus qu'autre chose : à la Cour, au moins, je serais dans mon élément. J'avais appris à faire mien ce milieu où des vipères détestables côtoyaient des gens formidables en un étrange ballet de réparties acérées et de sourires factices. Et puis au moins, j'aurais mon cercle d'amis pour m'éloigner de Radclyffe. Mais avant cela, j'avais une mission à accomplir : une famille du Sussex, honorable mais sans le sou, avait été sensible à mes discours et revendications concernant l'éducation des jeunes filles. Nanti d'une unique enfant de onze ans, le couple s'était résolu à envoyer la demoiselle dans une école spécialement destinée aux jeunes filles de semblable condition que je ne cessais de promouvoir. C'est ainsi qu'au lieu de prendre directement la route de Londres, mon cortège s'engagerait en premier dans les campagnes du Sussex pour chercher ladite enfant, puis prendrait la direction de la Cross School dans le Suffolk. Ma propre demoiselle de compagnie, la terriblement souriante et non moins adorable Bessie, était fraîchement sortie de cette fameuse école dirigée par Mary de LaCroix, demi-soeur du Roi de France. Et si le Royaume d'Henri II n'avait pas exactement le vent en poupe en ce moment du fait de l'alliance anglo-espagnole, rien ne m'empêchait de m'impliquer dans le très honorable projet de Lady Mary - n'avais-je pas écrit un pamphlet concernant l'effrayante absence d'éducation chez la population féminine de notre pays ?
L
a jeune Miss Higgins, car tel était le nom de la future pensionnaire, semblait être un curieux mélange d'appréhension et d'excitation. Les adieux faits, après moult promesses et assurances de ma part concernant la bonne tenue de la Cross School, promesses et assurances que j'avais déjà faites un certain nombre de fois, mais que bien des parents me faisaient répéter sur le départ - le sentiment filial était décidément quelque chose que je pouvais parfois peiner à comprendre, n'ayant pas d'enfants moi-même - nous finîmes par nous remettre en route, pour le Suffolk cette fois. Distraitement, je laissais Bessie rassurer Miss Higgins quant à l'école où elle serait bientôt, et laissais mon esprit divaguer ici et là en regardant sans vraiment le voir les étendues blanchies par la neige de janvier. Mon esprit se dirigeait souvent vers Londres et la Cour : quand donc reverrais-je mon frère et mon neveu ? Immanquablement, je retrouverais ma soeur aussi, qui ne serait qu'à peine moins prompte à me faire des reproches que mon cher mari. Je soupirais - au moins verrais-je mes neveux avec elle. Et les enfants de mon autre soeur, Lucy. Presque instinctivement, je posais une main légère sur mon ventre désespérément plat. A quoi bon être une tante accomplie si je ne pouvais même pas être mère ?
F
inalement, le domaine de White Swan apparut et nous entrâmes dans la vaste cour. La duchesse de Lyon avait dû anticiper notre arrivée car l'on guida mon équipage jusqu'à l'entrée même de la Cross School. Distraite de mes pensées pas forcément positive, j'entrepris de descendre puis d'aider Miss Higgins à en faire de même, alors que Bessie complétait le groupe. Un sourire rassurant pour la fillette qui regardait avec de grands yeux ébahis les bâtisses autour d'elle, et bientôt un autre vers la maîtresse des lieux à qui notre arrivée venait sans doute d'être annoncée et qui s'avançait vers nous. "Lady Mary !" souris-je de plus belle, "quel plaisir de vous revoir ! Comment allez-vous, malgré ce froid ? Comme promis..." Je me tournais à demi, fit signe aux deux jeunes filles de s'approcher, "voici la nouvelle pensionnaire, Miss Higgins. Et assurément, vous n'aurez pas oublié Bessie !" Laquelle Bessie, aux joues rosies par la fraîcheur des températures, affichait son inénarrable sourire en montrant à la future pensionnaire diverses curiosités du jardin recouvert de neige.
♕ Métier : Duchesse de Lyon, Baronne de Bridgestone-Prescott et fondatrice-directrice/gérante de la Cross School, pensionnat pour jeunes filles défavorisées ♕ Age : 27 ans ♕ Religion : catholique tolérante. La religion n'est pas ce qu'il y a de plus important. ♕ L'avatar a été fait par : avatar:proserpina/ Signature:FRIMELDA./ Bannière: Mari-Jane ♕ Mon nombre de messages est : 812 ♕ Mon nombre de Livres Sterling : 44 ♕ Je suis arrivé(e) sur TGA le : 12/03/2013 ♕ Mon pseudo web est : ReineSoleil, Naomi, Lucrezia ♕ Mes autres visages : la nourrice - gouvernante des Cavendish //en pause//
Sujet: Re: Mary & Frances ♣ La liberté commence où l'ignorance finit Jeu 31 Mar - 16:18
La liberté commence où l'ignorance finit
❝ L'éducation est l'arme la plus puissante qu'on puisse utiliser pour changer le monde. ❞
Un mois plus tôt
Mary sourit en lisant le contenu de la missive qu'elle venait de recevoir. Il s'agissait d'un mot venant d'un de ses principaux soutiens: Lady Frances Radclyffe. La jeune femme, comme elle, soutenait corps et âmes l'éducation des femmes et elle s'était très vite révélée une alliée de choix après qu'elles se soient liées d'amitié. Frances parcourait les campagnes anglaises à la recherche de jeunes filles, de tout horizons, désireuses de s'instruire mais que dont leur statut financier ou familiaux ne leur permettait pas. Frances avait aussi accueillie quelques unes des filles chez elle après leur formation. Actuellement, il n'y avait qu'une ancienne de Cross School aux services de Lady Radclyffe. Mary avait appris que les autres avaient trouvé des époux et s'étaient retirées de la vie active pour mener une tranquille vie de famille. La duchesse de Lyon était ravie de voir son oeuvre prendre de l'ampleur. Mais elle n'y serait jamais arrivée si elle n'avait pas rencontré quelqu'un d'aussi dévouée que Frances.
Actuellement, c'est la nouvelle d'apprendre qu'une famille de fermiers sans le sou, les Higgins, avait accepté la proposition de Lady Radclyffe d'envoyer leur unique fille à la Cross School où elle aurait droit à une bonne éducation. Aussitôt après reçu la lettre, Mary lui fit part de sa joie d'accueillir une nouvelle élève pour grossir les rangs du pensionnat et qu'elle ferait le nécessaire pour que tout soit près pour l'arrivée de la jeune fille.
Présent
C'est ainsi que, pendant un mois, tout avait été préparé. Les filles avaient été prévenues qu'une nouvelle camarade les rejoindrait. Les réactions furent variées mais positives pour la plupart, au grand plaisir de Mary! Car il arrivait que l'école se trouve plusieurs mois sans nouvelles pensionnaires et que l'arrivée de nouvelles crée certaines tensions car celles déjà intégrées s'étaient habituées à n'être que entre elles. Mais, en général, les nouvelles s'intégraient bien et aucunes ne lui avaient demandé de rentrer chez elle parce qu'elles ne se plaisaient pas. Mary en soupira de soulagement. Un lit avait été préparé dans une chambre qui en comptait trois. Cela signifiait que la nouvelle allait dormir avec deux de ses camarades. Mary préférait mettre les nouvelles dans des chambres avec peu de pupilles pour les mettre à l'aise car, en règle général, quand elles étaient chez elles, elles avaient droit à une chambre pour elles seules. Mais, vu le manque de chambres, c'était un peu compliqué de faire ça et Mary n'avait d'autres choix que de faire un système de colocations. Mais comme les filles se plaisaient bien dans des chambres à plusieurs - elle en avait même surprises en train de faire des batailles d'oreillers - cela ne posait pas problèmes longtemps. Bien que Mary pensait faire agrandir cette annexe ayant servi de maison d'amis dans une autre vie. Après tout, ce bâtiment ne servait pas à instruire des personnes à la base.
Mary terminait de lire le rapport de cette semaine écrit par les professeurs quand on vint la prévenir que Lady Radclyffe venait de passer les grilles de White Swan. Ayant déjà pour ordre d'emmener le carrosse de Frances jusqu'à l'entrée de Cross School, Mary termina de lire avant de, entendant les clapotis de sabots, se leva et alla au devant de son invitée et de la nouvelle pensionnaire.
Mary sorti de l'école et vit trois jeunes filles sortir du carrosse des Radclyffe. Frances, bien entendu, une jeune fille - vêtue simplement- qu'elle ne connaissait pas mais supposa être miss Higgins et Bess, une ancienne pensionnaire ayant rejoint le service de Frances Radclyffe il y a cinq mois. Mary sourit en voyant l'air guilleret sur le visage encore enfantin de la jeune fille. Elle semblait être bien tombée quand la Comtesse de Sussex l'avait engagée!
"Lady Mary ! quel plaisir de vous revoir ! Comment allez-vous, malgré ce froid ? Comme promis...voici la nouvelle pensionnaire, Miss Higgins. Et assurément, vous n'aurez pas oublié Bessie !"
Madame la Comtesse! Je suis ravie de vous revoir malgré ce temps peu clément sourit Mary. Elle s'approcha du trio et observa de la tête au pied la jeune Miss Higgins. De naissance paysanne à n'en pas douté! Mais qu'importe: elle avait fait le serment d'aider toutes les jeunes femmes qui en demandaient et elle n'oubliait pas d'où elle venait! Enchantée de te rencontrer. Je sais: c'est un peu impressionnant au début mais tu verras: tu t'y habitueras vite. Dit-elle en passant sa main dans la chevelure de la jeune fille qui sourit, un peu rassurée. Puis elle se redressa: Bessie! dit-elle en ouvrant les bras. Oubliant toutes bienséances et bonnes manières, la jeune domestique des Radclyffe se jeta dans ses bras, sous les rires de Mary. Et bien, et bien: ravie de voir que ces cinq mois passés au côté de la Comtesse t'aient été bénéfique ma chère Bessie!
Le froid la prenant à la gorge, elle se retint d'éternuer en mettant sa main devant son nez et sa bouche. Bon, ne restons pas là mes chères! Nous allons attraper la mort et je ne veux pas que miss Higgins tombe malade aussitôt arrivée! Elle prit une pause avant de dire, joueuse: Je n'ai guère envie d'expliquer comment leur fille est tombée malade au couple Higgins!
Le groupe entra dans le hall d'entrée chauffé de l'école. Mary se sépara de sa cape de laine avant de faire un signe aux serviteurs pour qu'on débarrasse ses invitées de leur couche de trop car elles allaient rapidement avoir trop chaud. Mary leur fit un signe pour qu'elles se dirigent vers son bureau. Elles croisèrent quelques pensionnaires habillées de leurs uniformes et chargées de livres qui les saluèrent. Le regard intéressé des étudiantes à la nouvelle n'échappa pas à Mary qui leur conseilla plutôt d'aller à la bibliothèque plutôt que de regarder la nouvelle comme un animal de foire. Celles-ci s'empourprèrent et, d'une révérence, s'excusèrent et détalèrent. Mary eu un sourire rassurant à la jeune fille qui n'avait pas franchement appréciée qu'on la regarde comme ça: ne t'inquiète pas. Ce n'est pas contre toi: l'arrivée de nouvelles est toujours un petit événement. Les filles sortent rarement d'ici sauf quand j'en sélectionne pour m'accompagner à la Cour ou à une fête. L'information fit sourire la petite qui fut rassurée et emballée d'apprendre que, après quelques mois, elle pourra fréquenter les grands de ce monde. Déjà qu'avoir fait la connaissance la Comtesse de Sussex et de la Duchesse de Lyon l'avait emballée!
Le trio entra dans le bureau et prit place autour du meuble. Excusez moi du désordre mais je lisais les rapports de cette semaine. Certains professeurs font des pavés pour ne pas dire grand chose! Sourit elle mi figue, mi raisin. Elle était ravie que les instructeurs prennent à cœur leur mission mais ce n'est pas la peine de faire autant de lignes pour ne dire qu'une chose!Soit! soupira t'elle, emballée d'entrer dans le vif du sujet: Rappelle moi ton nom je te prie? Elle sourit en entendant le nom: Jane? C'est très joli! Bien Jane, je ne doute pas que Lady Frances aie bien tout expliquer à tes parents et à toi mais je vais te refaire un petit résumé. Mary expliqua, sous l'oeil et l'oreille attentives de Jane, les rouages de l'académie et les différents points du règlement: pas de relations secrètes avec les hommes même si la Duchesse n'avait rien contre le fait qu'elle trouve l'amour ici et, surtout, le secret sur les origines: tu as vu que les filles avaient un uniforme, n'est ce pas? Ici on tait ses origines. Tes camarades viennent d'univers variés. Il y a des nobles, des bourgeoises et, comme toi, du peuple. Pour éviter les discriminations, un uniforme a été créé et les filles taisent leurs origines. Vous allez vivre ensemble: raisons de plus pour que vous vous entendiez bien! D'accord?
Mary sourit en voyant que le message était bien passé et se tourna vers Lady Radclyffe: Frances! Avez-vous le contrat signé par les parents? Elle prit le papier: parfait! Excuse-moi Jane mais, n'ayant pas eu tes mensurations, ton uniforme attendra un peu le temps que notre professeur de couture, Joane Barrow, vienne prendre tes mesures!
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Sujet: Re: Mary & Frances ♣ La liberté commence où l'ignorance finit Dim 10 Avr - 15:03
Mary & Frances
“Que ton coeur, crois-moi, ne se fasse pas tel chagrin. Nul mortel ne saurait me jeter en pâture à Hadès avant l'heure fixée. Je te le dis, il n'est pas d'homme, lâche ou brave, qui échappe à son destin, du jour qu'il est né.” Homère.
E
nfant, j'avais eu la chance inouïe de recevoir la meilleure éducation que l'on puisse imaginer. Quatre filles, un fils unique, mes parents auraient pu se concentrer sur la carrière d'Henry et nous laisser, mes soeurs et moi, aussi ignorantes que l'avait été Jane Seymour, la troisième femme d'Henry VIII - en y songeant, je trouvais incroyable qu'une femme qui savait à peine lire et écrire son prénom ait pu devenir Reine d'Angleterre : c'était là une bien piètre image de la royauté ! Ma famille considérait comme essentiel que mes soeurs et moi-mêmes soyons des demoiselles lettrées et cultivées, et pas seulement pour être bien vu parmi les grands de la Cour. Me revenaient souvent en tête les paroles que j'avais un jour entendues de la bouche de mon père : le savoir est le fondement même du pouvoir. Sir William ignorait que ces mots n'étaient pas tombées dans l'oreille d'une sourde. Je les avait médités, longtemps. Je les comprenais, à présent. Ce n'est que par le savoir, par l'éducation, que l'on ouvre son esprit et que l'on voit le champ des possibles. Nul ignorant n'est jamais devenu puissant. Voilà peut-être pourquoi tant d'hommes étaient rétifs à l'idée que les femmes soient éduquées à leur semblance : craindraient-ils qu'en les rendant savantes, elles n'en deviennent de potentielles concurrentes ?
P
arfois, lors de mes rares moments de rêverie, je songeais à un futur où les femmes exerceraient des fonctions semblables aux hommes : une femme avocate, une femme médecin, une femme philosophe, et ainsi de suite. Le hasard des arbres généalogiques poussait parfois les femmes à devenir des reines - nous en avions la preuve avec Mary Ière - mais le temps viendrait peut-être, un jour, d'ici des siècles, où une femme pourrait par la force seule de son travail acharné embrasser sa propre carrière et façonner un destin qui lui convenait à elle. Sans rendre de comptes à qui que ce soit. Dans ces moments de rêverie-là, je me surprenais à sourire : si quelqu'un avait le don de lire dans les pensées, il s'étoufferait aussi sec. Plût à Dieu de ne jamais donner semblable talent à mon mari ! Quoique, cela me débarrasserait de lui plus vite... Mais je chassais Sir Thomas de mes pensées : je le reverrais bien assez tôt, pourquoi songer à lui alors que j'étais libre de sa présence pour les quelques prochains jours ? Emmitouflée dans ma cape de fourrure, je laissais mes prunelles errer distraitement sur les ravissants contours des bâtiments de la Cross School. Mary de LaCroix, gérante de l'école, avait fait preuve de beaucoup de goût en installant son établissement dans ces lieux si paisibles. La jeune Jane Higgins semblait toujours angoissée, mais je voyais à son visage que l'endroit lui plaisait. Elle serait heureuse, ici - qui savait quel destin attendait les jeunes pensionnaires ? Bessie, ma camériste, en avait fait partie - aujourd'hui elle était à mon service. Il n'était pas exclu qu'un brillant parti se présente à elle, un jour : Katherine Howard avait coiffé la couronne alors qu'elle sortait d'un établissement semblable à celui-ci. Son destin n'avait guère été brillant, mais son ascension, si. Comme je m'en doutais, Mary de LaCroix accueillit ses protégées - l'ancienne et la nouvelle - avec bonne humeur. Bessie semblait enchantée de la revoir et cette proximité rassura un peu plus la jeune Jane. "Bessie est une perle," m'amusais-je, "je vous félicite tous les jours de ce qu'est devenue cette demoiselle," achevais-je avec un clin d'oeil pour la jeune fille que décidément, j'appréciais de mieux en mieux. Quant à miss Higgins, elle roula des yeux affolés au simple mot de maladie - impressionnant comme les gens de la campagne pouvaient se montrer si vite épouvantés ! J'eus un petit rire : "personne ne tombera jamais malade entre ces murs, miss Higgins, et sûrement pas vous ! Les filles du Sussex sont tout de même plus solides." Elle sourit un peu et suivit Mary. Bessie et moi, entourées d'une ribambelle de pensionnaires en uniforme, fermèrent la marche.
U
ne fois assises dans le bureau de Lady Mary, je laissais la duchesse de Lyon faire à la jeune fille les explications nécessaires et lorgnais avec curiosité sur les rapports des professeurs - certains en effet ne semblaient guère avares de leurs mots ! "J'ai le contrat en effet," dis-je à Mary en sortant ledit papier de la poche de mon manteau. Puis je me tournais vers miss Jane : "si tu veux écrire à tes parents, commence par demander à une des filles plus âgées d'écrire pour toi, sous ta dictée, mais tu apprendras vite. D'ici quelques mois, tu pourras signer toi-même tes propres lettres, tu verras !" La fillette gagnait apparemment en assurance - elle serait bien, ici, et je m'en réjouissais. En tant que bienfaitrice de la Cross School, j'estimais de mon devoir d'y placer autant de pensionnaires possibles. Je finis par reporter mon attention sur Mary : "ses parents sont relativement inquiets, mais je crois qu'ils seront bientôt satisfaits de la demoiselle qu'elle deviendra. Sa mère m'a assuré qu'enfant, elle était déjà très sage, je ne crois pas qu'elle vous pose de problèmes." Elle avait à peu-près le même âge que ma nièce, Elizabeth, la fille de Lucy. Cette pensée avait un je-ne-sais-quoi de douloureux : pourquoi fallait-il que Lucy ait des enfants, et point moi ? "L'école semble acquérir un peu plus de notoriété, non ? Avez-vous reçu beaucoup de demandes ? J'ai mis mes deux soeurs et ma belle-soeur au courant de votre institution, elles m'ont assuré que de leur côté également, elles chercheraient de potentielles pensionnaires. Mais je crains qu'elles aient moins de temps que moi à y consacrer !" Lucy en était à sa neuvième grossesse, Anne avait mis au monde son second fils l'année précédente, quelques mois avant la naissance du petit Philip Sidney, l'héritier de la famille. Autour de moi les bébés pleuvaient comme des tuiles un soir l'orage - moi seule semblait définitivement stérile. Je haussais les épaules, chassant ces pensées : "rassurez-moi," dis-je en constatant que miss Higgins, en grande conversation avec Bessie, ne nous prêtait qu'une très relative attention, "vous n'avez pas été inquiétée du fait de la situation pour le moins... Tendue, entre le royaume de France et celui d'Angleterre ? Les espagnols ont le vent en poupe" - j'étais bien placée pour le savoir - "et sont prêts à n'importe quoi pour abattre ce qu'ils estiment être une contrariété à leur propre expansion." Nul doutait qu'un établissement tenu par la demi-soeur du Roi de France ne tarderait pas à faire froncer les sourcils de Philippe de Habsbourg et ses acolytes.
♕ Métier : Duchesse de Lyon, Baronne de Bridgestone-Prescott et fondatrice-directrice/gérante de la Cross School, pensionnat pour jeunes filles défavorisées ♕ Age : 27 ans ♕ Religion : catholique tolérante. La religion n'est pas ce qu'il y a de plus important. ♕ L'avatar a été fait par : avatar:proserpina/ Signature:FRIMELDA./ Bannière: Mari-Jane ♕ Mon nombre de messages est : 812 ♕ Mon nombre de Livres Sterling : 44 ♕ Je suis arrivé(e) sur TGA le : 12/03/2013 ♕ Mon pseudo web est : ReineSoleil, Naomi, Lucrezia ♕ Mes autres visages : la nourrice - gouvernante des Cavendish //en pause//
Sujet: Re: Mary & Frances ♣ La liberté commence où l'ignorance finit Ven 22 Avr - 17:11
La liberté commence où l'ignorance finit
❝ L'éducation est l'arme la plus puissante qu'on puisse utiliser pour changer le monde. ❞
La première fois qu'elle avait rencontré Bessie... Mary s'en rappelait très bien. C'était dans les débuts de l'école. Avant d'être chargée de travail, elle avait pris l'habitude d'aller, elle-même, à la rencontre des familles ne sachant que faire de leurs progénitures féminines analphabètes et sans éducation. Bess était l'une d'entre elles. Elle était fille de fermiers habitant dans le Suffolk. Un petit village non loin d'ici...Elle faisait donc partie des premières pensionnaires et une des plus grandes réussites de la Duchesse. La preuve que sortir "diplômée" de cette école offrait un destin sur et pas un avenir incertain. Elle avait rencontré la camériste de Frances Radcyffle dans la grange familiale. Cette dernière ressemblait à une bête sauvage et pas à la jeune Lady qu'elle est aujourd'hui. Bess avait plus de noblesse dans sa façon d'être et dans son éducation que n'importe quelles autres jeunes femmes nées dans ce milieu restreint qu'était la noblesse.
Bess était une fille apeurée, aveuglée par son ignorance et vivant dans un petit monde dont elle était devenue la souveraine. Une triste Reine. Elle s'était créé un univers pour se protéger d'une réalité. Mary lui avait tendu la main à coup de paroles rassurantes et motivantes...Elle ne l'avait pas forcé à intégrer la Cross School...Pourtant, Bess lui avait pris la main. Elle avait accepté l'aide d'une parfaite étrangère qu'elle considérait comme cette mère partie trop vite. Son père lui avait tenu rigueur de cette perte et élevait sa fille en esclavage à partir du moment où Bess avait été capable de comprendre les ordres qu'on lui donnait et prévoyait de l'offrir comme épouse au "premier abruti venu". Elle était couverte de croûtes et de boues ainsi que de plaies mal cicatrisées. Mary avait prévu de l'intégrer quand elle en avait entendu parlé. C'était des gardes de chez elle qui avait arrêté son père alors qu'il la brutalisait pour une raison stupide dont Mary ne se souvenait quasiment plus. Une histoire de seau rempli de lait fraîchement trait renversé...Ou quelque chose dans le même genre. Mary était donc arrivée, pressée, au village et on lui avait dit que la blessée s'était retranchée, effrayée par la foule, dans la grange. Mary, ignorant les recommandations de ses hommes, était entrée et avait grimpé l'échelle pour arriver là où on rangeait le foin. Elle était resté la cinq heures avant de sortir en portant la jeune fille dans ses bras. Une de ses plus belles victoires mais la meilleure, la concernant, allait suivre ! Bess était si fragile, si maigre et si influençable que Mary avait préféré l'élever à l'écart avant de la présenter à ses camarades d'étude. C'est donc une demoiselle, encore illettrée mais mieux dans sa peau, qui avait fait son entrée dans le pensionnat. Puis elle avait appris à lire, à écrire, que l'éducation pouvait être une arme pour avoir ce qu'on voulait. Puis, lors d'une de ses portes ouvertes, Bess avait rencontré Lady Radclyffe où cette dernière, ravie par l'éducation et la serviabilité de la jeune fille, avait fait une demande pour que l'ancienne fermière entre à son service.
"Bessie est une perle, je vous félicite tous les jours de ce qu'est devenue cette demoiselle" Mary sourit au compliment de sa mécène. Elle dit, en passant sa main dans la chevelure rousse de la jeune fille en la regardant d'un air bienveillant: Je n'ai rien fait de particulier. Je lui ai tendu la main et elle l'a acceptée!
Mary tiqua en voyant Miss Higgins tressaillir en entendant le mot "maladie". Elle avait oublié que les paysans vivaient dans la crainte d'avoir de graves problèmes de santé. Frances se chargea de la rassurer: "personne ne tombera jamais malade entre ces murs, miss Higgins, et sûrement pas vous ! Les filles du Sussex sont tout de même plus solides." Un médecin vient ici une fois par mois pour des visites médicales pour s'assurer que tout va bien! Rajouta Mary. Comme les filles vivaient dans une communauté relativement close, Mary prenait très au sérieux la santé de ses pensionnaires. Si une attrapait une maladie pouvant s'avérer contagieuse...Cela serait la fin de l'école. Et pas une glorieuse fin! Mary vivait dans la hantise que ses filles attrapent Dieu seul sait quoi et qu'elles y perdent la vie. Elle ne s'en remettrait jamais.
Le trio entra dans l'enceinte de l'école, quittant le froid, pour aller dans le bureau. Sur le chemin, elles croisèrent un cortège de pensionnaires qu'elles saluèrent. Une fois installées dans le bureau, le vrai travail pouvait commencer. Mary demanda à avoir le contrat que Frances lui passa. Elle regarda rapidement. Tout était en ordre. "si tu veux écrire à tes parents, commence par demander à une des filles plus âgées d'écrire pour toi, sous ta dictée, mais tu apprendras vite. D'ici quelques mois, tu pourras signer toi-même tes propres lettres, tu verras !" Mary était flattée de l'image que sa sponsor avait de son école. Elle n'avait pas pu imaginé meilleure collaboratrice que Frances! Non seulement celle-ci l'aidait dans son oeuvre mais, en plus, elle ne le faisait pas pour être bien vue par la société, comme certaines dont Mary acceptait les dons uniquement parce que les filles avaient besoin de nouveaux matériels! Frances le faisait parce qu'elle considérait que c'était un droit pour les femmes d'avoir une bonne éducation. Bon, l'éducation offert ici était minime mais c'était suffisant pour que les filles sachent, au moins, lire, écrire, calculer et tenir une maison! Tout en se mettant au courant des nouvelles politiques et des dernières modes! Justement, j'ai convoqué une jeune pensionnaire qui sera ta tutrice le temps que tu te fasses à ton nouvel environnement. Tu verras, tu l'apprécieras! Sourit-elle. N'ayant pas toujours le loisir de s'occuper elle-même des nouvelles recrues, Mary avait mis au point un système de "tutorat" dans lequel les plus anciennes servaient de "grande sœur" aux nouvelles pensionnaires. Cela permettait à Mary d'alléger son travail et aux nouvelles de s’intégrer plus facilement puisqu'elles se sentaient protégées. N'hésites pas à lui demander quelque chose! Elle se tourna vers Frances: A mon avis, mon choix devrait vous plaire!
"ses parents sont relativement inquiets, mais je crois qu'ils seront bientôt satisfaits de la demoiselle qu'elle deviendra. Sa mère m'a assuré qu'enfant, elle était déjà très sage, je ne crois pas qu'elle vous pose de problèmes." Mais je n'en doutes pas! s'exclama la jeune Duchesse. Après tout, elle avait déjà eu de vraies sauvageonnes qu'elle avait été obligé d'isoler quelques jours avant de se permettre de les laisser se fondre dans la masse. Et Jane semblait être une vraie perle!
Elle regardait Frances, celle-ci semblait perdue dans ses pensées. Mary s'apprêtait à se quérir de son état quand celle-ci lui demanda: "L'école semble acquérir un peu plus de notoriété, non ? Avez-vous reçu beaucoup de demandes ? J'ai mis mes deux sœurs et ma belle-soeur au courant de votre institution, elles m'ont assuré que de leur côté également, elles chercheraient de potentielles pensionnaires. Mais je crains qu'elles aient moins de temps que moi à y consacrer !" Mary répondit: je vais bientôt m'apprêter à demander des travaux d'agrandissements. Les filles sont de plus en plus nombreuses et sont un peu trop les unes sur les autres mais je tiens à respecter leur intimité! J'ai réussi à avoir assez d'argents pour que les travaux commencent dès que j'en donnerais l'ordre, les filles n'auront pas besoin d'aller dans le château principal, cette fois-ci! Je vais demander un autre bâtiment qui communiquera avec celui-ci! Je vous montrerais les plans, très chère.
Une ombre planait encore sur le visage de son invitée: : "rassurez-moi"Oui? Dites-moi "vous n'avez pas été inquiétée du fait de la situation pour le moins... Tendue, entre le royaume de France et celui d'Angleterre ? Les espagnols ont le vent en poupet sont prêts à n'importe quoi pour abattre ce qu'ils estiment être une contrariété à leur propre expansion." Une ombre passait dans les yeux de Mary. Au même moment, quelqu'un frappa à la porte. Mary sursauta légèrement avant de sourire à ses invitées pour les rassurer: ça doit être la demoiselle dont je vous ai parlé mes chères! se tourna vers la porte: Entrez! Votre Grâce! Mesdames! Une jeune femme aux longs cheveux noirs poussa la porte. Vous m'avez fait demandée? Elle détonait par rapport aux autres pensionnaires puisqu'elle avait une robe jaune et son maintien montrait qu'elle avait eu une bonne éducation avant d'être ici. Pourtant Mary venait de sous-entendre que la tutrice de Jane Higgins serait une pensionnaire. La duchesse se levait: Je vous présente Madeline Eastwood, elle est arrivée ici en 1553 pour rassurer ses invitées sur le nombres de mois que Madeline a passé ici, Mary dit: elle est, également, ma dame de compagnie. Elle revient de la maison principale, c'est pour cela qu'elle n'a pas l'uniforme C'était le seul moyen pour permettre à Madeline de rester ici. Si, officiellement, la jeune femme s'appelait Madeline Eastwood; son vrai nom était Seraphina Schönstein, héritière allemande en fuite. Elle fuyait son cousin qui avait tenté de la tuer. Il n'était donc pas avisé de laisser la jeune femme sans protection et c'était pour cette raison que Seraphina vivait sous cette identité en tant que pensionnaire de la Cross School même si son éducation n'était plus à faire.
Les femmes discutèrent jusqu'à que Mary se tourne ver Bess et Jane en disant: Maintenant que les présentations sont faites, Bess que dirais-tu de faire un tour du propriétaire avec Jane pour lui montrer le pensionnat et ses alentours? Bess accepta directement tandis que Mary se dirigea vers l'espace "chambre" de son bureau pour sortir une cape de fourrures de derrière le rideau qu'elle mit autour des épaules de sa nouvelles protégée.
Mary attendit que les deux jeunes filles claquent la porte avant de se tourner vers Frances en se mettant à côtés de Madeline: Je recommence les présentations. dit-elle, en français, avant de poursuivre, toujours dans sa langue maternelle : Frances, je vous présente Seraphina Schönstein, la tutrice de Jane Higgins et mon héritière. Ce n'était pas par hasard qu'elle parlait dans sa langue maternelle. Elle voulait éviter qu'une oreille indiscrète les entende.
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Sujet: Re: Mary & Frances ♣ La liberté commence où l'ignorance finit Ven 20 Mai - 19:49
Mary & Frances
“Que ton coeur, crois-moi, ne se fasse pas tel chagrin. Nul mortel ne saurait me jeter en pâture à Hadès avant l'heure fixée. Je te le dis, il n'est pas d'homme, lâche ou brave, qui échappe à son destin, du jour qu'il est né.” Homère.
J'
'eus un large sourire en louant les mérites de la jeune Bessie, sourire qui s'élargit davantage à la réponse de Mary : "dans ce cas," m'amusais-je, "je me dois de vous féliciter toutes deux : vous pour lui avoir tendu la main, et elle pour l'avoir acceptée !" Ma camériste sautillait presque de joie, saluait de la main les camarades qu'elle connaissait au moins de vue, et souriant aux autres, à toutes les autres, avec l'air ravi de ceux qui retrouvent un endroit où ils avaient été bien. "Je sais qu'elle n'a pas eu une enfance facile," fis-je à l'intention de la duchesse française, "mais elle est si joyeuse de nature, si avenante, que parfois j'en viens à oublier d'où elle vient. Vous l'avez tirée des ténèbres et elle vous en sera éternellement reconnaissante. Saviez-vous qu'en entrant à mon service, elle craignait que je la renvoie chez son père ? Diantre, c'est bien la dernière chose que j'irais faire : elle ne quittera mon service que le jour où un bon parti se présentera à elle, point avant." Et Mary me connaissait bien assez maintenant pour savoir que je veillerais de très près à ce que l'homme qui irait courtiser ma protégée soit digne d'elle et de nos attentes à toutes deux.
Q
uand nous fûmes toutes réunies dans le bureau de Lady Mary, j'écoutais la jeune duchesse exposer à miss Higgins - à présent remise de ses frayeurs quant à la maladie et rassurée à l'idée de voir un médecin sous peu - les conditions de vie de la Cross School. Et j'opinais, presque inconsciemment : l'idée de montrer cette école n'était certes pas de moi, mais lorsque j'en avais eu vent, je m'étais aussitôt penchée sur la question. Les lignes de ce pamphlet que j'avais rédigé, sagement scellé dans un des tiroirs de mon propre bureau, rejaillissaient devant mes yeux comme l'eau d'un torrent : mon époux refusait de me voir montrer ma propre institution ? Grand bien lui fasse, j'irais appuyer celle de Lady Mary, qui avait la chance de n'être point encore nantie d'un mari pour lui dire que dire ou que faire. Quoique, nul ne pouvait m'accuser de suivre à la lettre les directives de Sir Thomas. Après tout, il existait toujours une parade, un moyen de contour, et la Cross School en était le meilleur exemple. Thomas ne pourrait jamais me reprocher de faire acte de charité, et quant aux dépenses... Le mettre devant le fait accompli était parfois la meilleure option. J'étais passée maître dans l'art de demander l'aval de mon époux a posteriori. Et nous n'étions point parents - sans doute ne le serions-nous jamais : l'argent que nous ne dépenserions pas pour notre progéniture pouvait bien aller ailleurs. Sentant mes mains se crisper sur mon ventre comme par elles-mêmes, je préférais me concentrer sur la conversation en cours : le sujet de la maternité était décidément trop douloureux. Ainsi, la Cross School prenait du galon. "c'est là une excellente nouvelle, ma chère," m'exclamais-je lorsque Mary me fit part des avancées de l'école et des travaux qu'elle pensait ordonner sous peu. "Les agrandissements sont toujours un léger désagrément, mais c'est pour la meilleure des causes. Je suis ravie que l'école gagne en réputation, soyez assurée que cela m'encourage à persister ! L'une des dames d'atour de ma soeur Lucy se mariera au printemps, je lui dirais de venir recruter sa remplaçante ici, si vous êtes d'accord. Oh, et mes nièces auront bientôt besoin de caméristes, Mabel fait ses premiers pas à la Cour et... Mais je m'égare, je crois. Naturellement, si vous avez besoin d'une quelconque allonge financière, écrivez moi sans hésiter." Je marquais une pause alors que mon sourire se teintait d'ironie : "je préfère voir ma dot passer dans les travaux de la Cross School que dans les maîtresses de mon mari, soyez-en certaine !"
J
e n'eus point de réponse quant à mon interrogation concernant les espagnols : un regard légèrement plus sombre, et une damoiselle toqua à la porte, joliment vêtue de jaune doré. "Mademoiselle," saluais-je en m'étonnant : à n'en point douter, cette jeune femme était de haute naissance, voire de naissance aristocratique. Et ses consonnes un poil appuyées me faisaient douter de son origine. Pas une anglaise, sans doute. Intriguée, j'eus un froncement de sourcils inquisiteur. Lady Mary n'a-t-elle pas dit voilà moins de cinq minutes que la tutrice de Jane Higgins serait une pensionnaire ? Je ne pus qu'approuver intérieurement lorsque la duchesse de Lyon invita Bessie à faire visiter les lieux à Miss Higgins, et le sourire que j'adressais à cette dernière fut hélas un peu distant. Je n'avais, en réalité, qu'une hâte : que Mary m'explique ce qu'il y avait là-dessous. Cette affaire d'apparence anodine fleurait le mystère, et la jeune femme aux cheveux sombres plus encore. Si Mary lui faisait confiance, je devais en faire autant... Mais il y avait là quelque chose de terriblement intriguant, que Mary confirma presque en parlant soudainement français. Parlant moi-même couramment la langue, je n'eus aucun mal à comprendre, à répondre... Et à m'étonner plus encore. "Frau Schönstein, un plaisir. Es tut mir leid, meine Deutsch ist nicht sehr gut." Souris-je en m'inclinant légèrement à nouveau. Certes, j'avais grandi dans un milieu plus porté vers la France ou l'Espagne, de par les voyages de mon père. Mais fut un temps, j'avais reçu des leçons d'allemand et d'italien. Or, pour s'appeler Schönstein, la charmante Seraphina - ou Madeline - ne pouvait qu'être d'origine germanique. "Je flaire quelque mystère là-dessous, mesdames," poursuivis-je toujours en français. "Mais je suis enchantée de faire connaissance de votre relève, Mary. Allons, puis-je être indiscrète et savoir ce qu'il retourne de cette affaire ?"
♕ Métier : Duchesse de Lyon, Baronne de Bridgestone-Prescott et fondatrice-directrice/gérante de la Cross School, pensionnat pour jeunes filles défavorisées ♕ Age : 27 ans ♕ Religion : catholique tolérante. La religion n'est pas ce qu'il y a de plus important. ♕ L'avatar a été fait par : avatar:proserpina/ Signature:FRIMELDA./ Bannière: Mari-Jane ♕ Mon nombre de messages est : 812 ♕ Mon nombre de Livres Sterling : 44 ♕ Je suis arrivé(e) sur TGA le : 12/03/2013 ♕ Mon pseudo web est : ReineSoleil, Naomi, Lucrezia ♕ Mes autres visages : la nourrice - gouvernante des Cavendish //en pause//
Sujet: Re: Mary & Frances ♣ La liberté commence où l'ignorance finit Dim 29 Mai - 19:07
La liberté commence où l'ignorance finit
❝ L'éducation est l'arme la plus puissante qu'on puisse utiliser pour changer le monde. ❞
"dans ce cas, je me dois de vous féliciter toutes deux : vous pour lui avoir tendu la main, et elle pour l'avoir acceptée !" Mary remercia Frances en regardant, du coin de l'oeil, Bessie qui saluait ses anciennes camarades en sautillant de joie. Les pensionnaires lui rendaient son salut vivement. Pour les filles de l'école, Bessie était le symbole de l'espoir. La preuve vivante que les méthodes d'éducation de la Duchesse de Lyon, de son institution, étaient bien un salut d'avenir. Qu'elles finiraient autrement qu'en pauvresse. Mary redirigea son attention vers Frances quand celle-ci poursuivit: "Je sais qu'elle n'a pas eu une enfance facile, mais elle est si joyeuse de nature, si avenante, que parfois j'en viens à oublier d'où elle vient. Vous l'avez tirée des ténèbres et elle vous en sera éternellement reconnaissante. Saviez-vous qu'en entrant à mon service, elle craignait que je la renvoie chez son père ? Diantre, c'est bien la dernière chose que j'irais faire : elle ne quittera mon service que le jour où un bon parti se présentera à elle, point avant."
Vraiment? s'exclama t'elle. Bessie avait eu peur de retourner dans la ferme de son père? Elle soupira d'énervement, ce... Elle n'avait même pas les mots pour qualifier cet être abominable ayant fait subir toutes les souillures possibles et inimaginables à sa propre fille. On ne guérit jamais vraiment de ce genre de blessures! Quand elle est arrivée, je vous l'ai déjà dit: elle logeait dans le château principal dans les appartements à côté des miens. Je ne compte même plus les fois où elle m'a réveillée en sursaut en faisant paniquer les servantes! Elle soupira: Une fois, elle s'était enfuie et on l'a retrouvée dans les écuries. Mary posa une main sur son coeur. Mais quelle peur ce jour-là! Mary s'était imaginée Bessie courant comme une furie dans les plaines du Suffolk! Tachant d'échapper à ses démons. Bien sur, quand Frances l'avait désignée comme camériste, Mary avait - avec l'accord de la principale interessée - parlé des peurs de cette derniere. Frances avait été adorable en confirmant toujours la vouloir à son service et soulager les traumatismes de la petite. Comme chez son père...Je l'avais trouvée dans la grange. Je crois que les chevaux ont toujours eu un effet...Relaxant chez elle. Elle soupira: Mais ne parlons plus de ça. Moins ce sujet reviendra sur le tapis, plus vite Bessie pourra s'en affranchir. Elle ne pourra jamais l'oublier mais...Au moins, elle ne fera plus de cauchemars... Je sais que vous vous y connaissez en matière d'hommes. Plus que moi, ça c'est évident! Alors je compte sur vous pour lui trouver un bon parti...Et si j'apprends que son mari lui a fait quelque chose de...Fâcheux, comptez sur moi pour le lui faire regretter. Bessie est une de mes premières filles, je l'aime autant que si je l'avais faite.... Et vous savez ce qu'on dit sur les mères... Dit-elle avec un petit sourire. Dès qu'il toquera chez vous, je veux son portrait et toutes informations possibles sur lui! Vu vos contacts à la Cour, je sais que vous vous en sortirez Après un sourire entendu, la Duchesse guida ses invitées jusqu'à son bureau pour régler les derniers préparatifs. La seule chose qui manquait était un uniforme! Chose qui sera vite réglée une fois que Joane aura pris les mensurations de Jane Higgins.
Elles parlèrent, ensuite, de la notoriété et des travaux d'agrandissement de la Cross School. "c'est là une excellente nouvelle, ma chère," Les agrandissements sont toujours un léger désagrément, mais c'est pour la meilleure des causes. Je suis ravie que l'école gagne en réputation, soyez assurée que cela m'encourage à persister ! L'une des dames d'atour de ma soeur Lucy se mariera au printemps, je lui dirais de venir recruter sa remplaçante ici, si vous êtes d'accord. Oh, et mes nièces auront bientôt besoin de caméristes, Mabel fait ses premiers pas à la Cour et... Mais je m'égare, je crois. Naturellement, si vous avez besoin d'une quelconque allonge financière, écrivez moi sans hésiter.je préfère voir ma dot passer dans les travaux de la Cross School que dans les maîtresses de mon mari, soyez-en certaine !" Mary retint un rire. Navrée! Et sans vouloir faire ma mauvaise langue, il y a des jours où je suis contente de ne pas être mariée! Je préfère être considérée comme une vieille fille que de voir des femmes sorties de Dieu-sait-où franchir une porte que, selon les serments de mariage, je suis la seule sensée franchir! Surtout si c'est pour voir l'argent conjugal passé dans ce genre de frivolité! Elle se permettait ce genre de remarques avec Frances. Elle savait très bien que ce n'était pas l'amour qui unissait Frances et Thomas Radclyffe. Entre ces deux-là, c'était une indifférence totale mélangée à de la haine. Si il s'était avérée que Frances souffrait du manque d'attention de son époux, elle n'aurait jamais dit ça. J'accepte votre proposition avec plaisir! Sourit-elle Et bien sur, si votre sœur et vos nièces ont besoin de domestiques c'est avec plaisir! D'ailleurs, quelques filles ont bientôt fini leur éducation et vont pouvoir, comme Eden, venir avec moi à la Cour pour un test! C'était une sorte "d'examen final". Si les bientôt "diplômées" sans sortaient sans trop d'accrocs dans cet univers impitoyable qu'était la cour, elles s'en sortiraient à merveille dehors!
Bientôt le sujet qui fâche fut abordé. La gagnée en puissance des espagnols - grâce à la reine - sur le sol anglais. Heureusement, timing parfait!, Madeline entra dans le bureau en les saluant. Mary fit les présentations avant de demander à Bessie d'emmener Jane, en rajoutant qu'elle aurait le temps de faire connaissance avec sa tutrice plus tard, faire le tour du propriétaire. Du coin de l’œil, elle avait bien vu que Frances avait flairé "l'anguille sous roche". Une fois les deux filles sorties, la Duchesse française refit les présentations dans sa langue natale. Elle sourit en voyant que Frances avait bien compris que Seraphina était germanique. "Frau Schönstein, un plaisir. Es tut mir leid, meine Deutsch ist nicht sehr gut." Mary sourit en disant; toujours en français : Seraphina parle parfaitement français. Vous avez du le comprendre: elle n'est pas une pensionnaire comme les autres. Et pas uniquement parce qu'elle est ma dame de compagnie
"Je flaire quelque mystère là-dessous, mesdames,mais je suis enchantée de faire connaissance de votre relève, Mary. Allons, puis-je être indiscrète et savoir ce qu'il retourne de cette affaire ?" Seraphina et Mary se jetèrent un regard entendu. Je m'attendais à ce que vous deviniez qu'il y avait quelque chose dans cette affaire. Vous êtes une femme intelligente. Et je suis ravie que vous me posiez la question... ça me prouve que vous voulez être un peu plus impliquée là-dedans Les trois femmes continuaient à parler en français. Et si on prenait place sur nos sièges?
Une fois installée, Mary poursuivit: je n'ai pas menti sur deux points. Seraphina est bien arrivée en 1553 et elle est bien la tutrice de la petite Jane...D'ailleurs, Seraphina, comment as-tu trouvée ta protégée? Dit-elle en se tournant vers la demoiselle toute dorée vêtue. Celle-ci, dans un français parfait, répondu: C'est un plaisir de m'occuper de Jane! Je sens qu'elle a un bon potentiel, Princesse! Mary sourit et redirigea son attention vers le sujet principal. Autant commencer par le début. Vous avez entendu parlé de ce drame en Allemagne? Un couple sauvagement assassiné par poison et leur fille unique, leur héritière qui plus est, disparue! Ce...Drame a conduit à nommer leur plus proche parent, Hans Käsner, unique héritier! Du coin de l'oeil, elle vit les lueurs de la haine prendre place dans les prunelles de Seraphina. Après ce rappel de cette tâche dans le passé de l'empire germanique, parce que les Schönstein étaient des membres prometteurs de l'empire, Mary fit un petit geste vers Seraphina à l'attention de Frances. Elle vit très bien que celle-ci avait compris. J'ai réagi comme vous en la rencontrant si ça peut vous rassurer! Je vous le confirme: Seraphina est l'héritière germanique disparue! Et elle n'a pas été enlevé comme ce Käsner a dit en jouant au cousin éploré! C'est elle qui a fuit. Cet homme a tué les parents de ma protégée et elle a du s'enfuir. C'est la Duchesse de Devonshire qui me l'a amenée! Sentant l'énervement de Seraphina, elle lui prit la main ce qui calma cette dernière très vite. Elle a changé d'identité en intégrant l'école. Inutile de dire que personne n'est au courant. Sauf moi, l'épouse Cavendish...Et vous! Forcément! Inutile de vous dire pourquoi et que cette histoire doit restée sous silence!
Mary se leva pour aller servir trois verres d'alcool. Elle en donna à Frances à et à Seraphina avant d'avaler le sien. Comme vous l'avez bien si bien dit. Les espagnols me font de l'ombre, mon institution ne leur plait guère! Et nul doute que si une guerre éclate, on me renverra chez mon frère avant que je n'aie le temps de pleinement me défendre! C'est pour ça que Seraphina est l'héritière de mon institution dit elle. Inutile de dire que la conversation se poursuivait en français. Seraphina a déjà eu une éducation parfaite. Et pour devenir dirigeante! Régenter cette école, en mon absence, sera un jeu d'enfant pour elle! Surtout qu'elle m'y aide déjà... Pour moi, c'est l'héritière idéale. Elle s'arrêta pour boire un peu: Voilà ce que je veux vous demander. Si je ne suis plus là pour veiller sur l'école et sur mon héritière, je veux que vous vous en chargiez! Vous connaissez les valeurs de l'école et vous les défendez corps et âme! Je sais que vous êtes la personne idéale pour ça.
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Sujet: Re: Mary & Frances ♣ La liberté commence où l'ignorance finit
Mary & Frances ♣ La liberté commence où l'ignorance finit