Les vrais amis ne sont jamais loin, peut-être dans la distance, mais pas dans le coeur

Ma chère Agnès,

Qu'elle fut ma joie en découvrant votre missive dans ma liste de courriers. Ce fut la votre que j'ouvrais en premier; la lisant avec frénésie.
Ne vous en faite pas, je ne vous tiens pas rigueur. Vous êtes une épouse et une mère de famille après tout. Je garde un souvenir agréable de votre époux et de votre fils, je vous souhaite tout le bonheur du monde avec eux et votre fille nouvelle-née. Vous l'avez mérité.

Je n'oublierais jamais la façon dont vous m'avez prise sous votre aile alors que je n'étais qu'une servante parmi tant d'autres. Vous êtes la première à m'avoir accordée la chance d'avoir accès à une éducation et c'est grâce à vous que j'ai eu l'amour de la musique.

Je suis heureuse d'apprendre la naissance de votre fille. Pour ma part, je serais bientôt marraine. La couturière et professeur de cet art de mon école est actuellement enceinte. Elle m'a fait l'honneur de me demander d'être la marraine de son enfant. J'espère que Jane aura une vie heureuse. La fille d'une femme aussi fabuleuse et généreuse que vous le mérite.

Pour votre offre, je l'accepte volontiers. Mon école a encore des lacunes et je veux absolument que "mes filles" apprennent tout ce qu'il faut savoir sur notre monde avant de les lâcher. Certaines sont déjà impatientes de faire leur début dans la société mais vous conviendrez que je ne peux pas laisser des jeunes femmes ignorantes dans la nature. Je ne veux pas qu'elles souffrent.

Je n'ai pas de nouvelles de France. Le Roi n'a guère le temps d'envoyer une lettre à sa sœur expatriée. Mais je vous contacterais aux moindres nouvelles. Qu'est ce que j'aimerais pouvoir, de nouveau, fouler le sol des campagnes françaises...

Je dois, à présent, vous dire au revoir et j'attends de vos nouvelles avec impatience.

Les vrais amis ne sont jamais loin, peut-être dans la distance, mais pas dans le coeur

Ma chère Agnès,

Je continue, en effet, à jouer un peu de musique et j'ai le plaisir de vous dire que j'ai fait des progrès considérables en violon et en clavecin. J'essaie toujours de trouver un moment pour m'adonner à mes exercices car je ne connais aucuns autres moyens d'évasions aussi efficaces que celui ci. Je m'adonne aussi un peu à l'écriture... J'aimerais écrire un ouvrage racontant l'histoire des filles de Cross School, tout ce qu'elles ont enduré avant de finir dans le pensionnat et la "bataille" qu'elles ont du entreprendre pour revenir au monde.

Je ne vous en veux pas. Après tout, vous avez votre vie en Ecosse. L'Ecosse... J'avoue avoir une envie folle de venir découvrir votre pays. On m'a déjà conté que les campagnes écossaises étaient époustouflantes de beauté.

J'accepte avec joie l'aide de vos amis. Je met, attachées à cette lettre, des invitations pour venir me rejoindre en Angleterre au sein de White Swan. Veuillez m'excuser mais je tiens à ce que la sécurité de mon domaine soit optimale. Après tout, l'école de ces jeunes filles sont au sein de mon domaine...Je ne me pardonnerais jamais si quoique ce soit devait leur arriver parce que j'ai eu la main légère sur la sécurité.

La petite Eden va bien. Elle s'est remise de l'abandon de sa famille et a trouvé une vraie place. Je tache de l'emmener, avec Madeline, à presque chacun de mes déplacements histoire qu'elle et sa compagne ne restes pas enfermées dans le domaine.

Que voulez vous? Pour tout vous dire, je finis même par me demander si il me considère vraiment comme sa sœur. M'a t'il rendu mes titres et mes droits par affection ou pour se donner bonne conscience? Je dois vous avouer que je ne sais plus trop où j'en suis. J'ai retrouvé Priam, oui. Nous nous sommes recroisés au port de Londres où je venais déposer des fleurs pour ma très chère mère.
J'ai honte de l'avouer mais nous nous n'étions plus vu depuis si longtemps que j'avais fini par l'oublier. Nous étions pourtant promis l'un à l'autre, étant enfants... Je crois que je ne me pardonnerais jamais entièrement cet oubli. Je sais que nous n'étions que des enfants quand on nous a séparé mais...Est ce que vous auriez oublié quelqu'un que vous avez réellement aimé même si la vie vous a séparé?

Je ne connais pas, personnellement, de Thomas Percy mais si il s'agit de votre ami, je suppose qu'il doit être quelqu'un d'admirable.

Merci pour votre cadeau. J'ai demandé à Madeline de me la chanter pendant que je lisais votre missive. C'était absolument magnifique...

J'attends de vos nouvelles.

Les vrais amis ne sont jamais loin, peut-être dans la distance, mais pas dans le coeur

Ma bonne amie,

Excusez moi du retard de la missive mais j'ai du faire suivre le courrier pour être sûre qu'il atterrisse entre vos mains.

Une fête sous le signe d'Euterpe me plairait beaucoup. Cela fait si longtemps que je ne vous ai point entendue jouer que je me ferais un plaisir de vous rejoindre. Pour mon livre, je compte bien sur le publier sous mon vrai nom "Mary LaCroix". Pourquoi utiliserais je un nom d'emprunt? Je n'ai rien à cacher et tant pis si certaines personnes pensent que les arts ne sont pas des activités professionnelles faites pour les femmes!

La journée porte ouverte aura lieu en mai 1555, en espérant vous y voir.

A vrai dire, de ce que j'ai compris, ma mère m'a mise au monde quand elle était toujours la favorite de mon père. J'ai vécu cinq ans comme membre de la famille royale avant qu'une autre amante de mon père conspire pour bannir ma mère de la Cour. J'ai donc quitté la Cour avec ma mère, Eleonore, quand celle-ci fut disgraciée sans pouvoir s'innocenter. Ce fut pendant mes cinq premières années de vie que j'ai rencontré Priam et que je lui ai été promise. Ma mère m'ayant emmenée, en secret, loin de la Cour techniquement je suis encore la promise de Priam. Mais ni moi, ni lui ne semblent être sûrs de le vouloir surtout que personne ne nous a clairement dit si oui ou non nous étions encore fiancés. Tout ce que je sais c'est que je suis à la fois troublée et heureuse de me souvenir de mon enfance avec lui et des chansons que nous fredonnez les nourrices.

Pour ce qui est de la CrossSchool, je ne prends pas que des orphelines. Beaucoup d'entre elles ont encore, au moins, un de leurs parents. C'est juste que soit leurs parents ne peuvent plus subvenir à leurs besoins et leur offrir une bonne éducation ou qu'ils n'ont pas trouvé de bon parti pour leurs filles faute de dot. Dans ces cas là, c'est cruel mais on peut dire qu'ils s'en débarrassent de la manière "la plus humaine" qu'il soit. Mais, en général, elles finissent par bien le vivre car je fais en sorte que les origines soient tues. Aucunes d'entre elles ne savent d'où viennent leurs camarades et l'uniforme que je leur fais porter accentue ce fait. J'en veux un peu à leurs parents de s'en débarrasser de la sorte comme si elles n'étaient que du bétail mais je préfère les savoir ici, avec moi et en sécurité, que de les laisser finir à la rue avec le risque de se faire agresser et de faire un métier déshonorant pour survivre.

Et ne soyez pas désolée. Vos questions ne me gênent nullement. Je les comprends. Vous m'avez quitté en femme à tout faire et vous me retrouvez en Duchesse...Je comprends que cela vous aie décontenancé.

Pour ce qui est de votre ami, Thomas Percy, si il le souhaite et si vous pouvez vous y rendre; n'hésitez pas à l'emmener avec vous lors de mes portes ouvertes. Je trouverais bien le temps de lui parler.