La vie est un cadeau
Un cri retenti dans la maison familiale suivie des pleure d'un bébé. Le maître des lieux monta rapidement les escaliers pour rejoindre sa femme, dans la chambre parentale. Elle tenait dans ses bras un petit être qui venait tout juste de naître, un sourire lumineux sur son visage.
- “J'ai quelqu'un à vous présentez mon cher époux, voici Adélaïde Douglas votre première enfant.”
Je suis née sereinement et sans acte brutal, ma mère avait mis un point d'honneur à ce que tout se passe le plus calmement possible pour moi. Elle avait déjà des idées bien précises à cette époque et la plupart de ses gens l'écoutaient avec attention. Les premiers jours de vie pour un nourrisson sont décisifs et par chance la vie avait décidé de m'épargner.
Mon enfance a été heureuse et sereine, j'ai pu apprendre les valeurs du clan Campbell d'Agryll, les différentes façons d'écrire et de lire, les façons de vivre noblement. Mais, j'ai aussi pu faire mes propres expériences, je passais beaucoup de temps avec un petit garçon écuyer. Ensemble, on faisait les quatre cents coups et on aimait faire tourner en bourrique les cuisinières. C'était très amusant sauf quand mon père et le sien nous tomber dessus. En général, on finissait puni pendant plusieurs heures. Tourné face au mur, j'avais le temps de repenser à mes actes et à mes agissements, mais, en général, je ne regrettais jamais ce qu'on avait fait.
L'adolescence a été moins facile pour moi, les femmes commencent à être en âge de se marier et d'enfanter lorsque les menstruations arrivent. Pour ma part, j'ai perdu du sang très tôt, ce qui faisait de moi une candidate au mariage très convoité. Je ne voulais certainement pas me marier avec un époux dont je n'aurais éprouvé aucun sentiment ou qu'ils seraient arrivés bien plus tard. Du coup, il arrivait souvent qu'un jeune homme d'un autre clan arrive chez nous pour me faire son long et ennuyeux discours. Mes parents, ne voyaient pas d'un bon œil que je sois si peu réceptive aux courtoisies des hommes.
À l'âge de mes vingt ans, ma vie prit un nouveau tournant. C'était en hiver 1551, le froid, s'était abattu sur l'Ecosse comme tous les ans, et plusieurs événements avaient eu lien pendant l'année comme le traité de paix Anglais qui nous avait soulagé mais également la tentative d'empoisonnement sur Marie Stuart qui avait fait naître l'incompréhension. En ce jour d'hiver, mon père était parti à la chasse et lors d'une cavalcade avec son ami, il a fait une chute de sa monture. Rien de bien grave, du moins c'est ce qu'on pensait. Il était rentré tremper jusqu'au os et nous avons beaucoup rit avec ma mère. Seulement, très vite, il a commencé à avoir de terribles quintes de toux. Plus le temps passé et plus son état empiré, les mixtures à base de plante ne faisaient aucun effet et l'angoisse commencée à se faire sentir dans la maison. Ce fut au tour de ma mère de tomber malade, j'avais interdiction de pénétrer dans leur chambre pour prendre soin d'eux.
À noël 1551, je n'avais même pas pu dire au revoir à mes parents. Ils avaient encore tellement de choses à voir et à faire et maintenant à l'âge de vingt ans, je me retrouvais la seule régente de la maison. J'avais fini par m'enfermer dans mon malheur, si bien que je ne sortais plus de la bâtisse et ne voulais voir personne. Pendant, une année, les gens du clan essayaient de me sortir et de me faire penser à autre chose, mais, personne n'avais réussi.
Alors que j'étais assise au pied de l'ancien lit de mes parents, éclairé simplement par une bougie. Une phrase résonna dans mon esprit et mon cœur, une phrase que mon père avait l'habitude de me répéter lorsque j'étais enfant. “Sois aussi forte que la roche et aussi sauvage que la mer.” Ces mots, me firent l'effet d'un bon coup de pied et c'est alors que je me ressaisis. Je me levais brutalement du lit et je pris la direction du lourd tissu que j'avais installé devant la fenêtre. Je le tirais violemment et laissais entrer la lumière dans cette pièce qui ne l'avait pas vu depuis bien trop longtemps.
J'étais enfin sortie de ma torpeur et j'avais fini par retrouver mon rang et ma place dans le clan. J'avais tout de même pris le temps de me renseigner sur les événements dont je n'avais pas eu connaissance. Après quoi, je pris une place bien plus importante dans le clan Campbell, car, j'avais pris la lourde décision de devenir une enseignante pour les enfants du clan. En 1553, tout prit un tournant étrange pour l'Angleterre. D'abord Edouard VI décida d'exclure Mary et Elizabeth de sa succession. Bien entendu, tout ceci ne nous concernait pas spécialement, mais, on pouvait sentir une certaine tension de la part de Marie de Guise. Puis Edouard VI trouva la mort à peine quelque mois après l'exclusion de Mary et d'Elizabeth. L'ambiance de cette année, était très étrange, car en seulement quelque jour Mary prit une place des plus importante et tous les regards étaient tournés vers elle.
C'est alors en octobre 1553 que Mary Tudor fut couronné et que l'Angleterre succomba alors dans une instabilité permanente. Dés qu'elle s'était affichée avec certaines personnes de son cortège, la raillerie des protestants monta. Marie de Guise s'était alors rendu à ce spectacle, accompagné par d'autre personne de la cour. Je n'avais pas eu envie d'assisté à ce désolant spectacle, j'avais déjà l'impression que des évènements peu conformes allaient arriver. D'abord, le retour du catholicisme et les nombreux meurtres des protestants.
En 1554, la reine d'Angleterre épousa Philippe de Hasbourg dans le but d'engendrer une alliance et d'ainsi pouvoir élever le rang des Espagnols. Suite à cette arrivée, la reine d'Angleterre prit un nouveau nom auprès des personnes qui ne voulait pas la voir sur le trône. Mary la sanglante, j'avais entendu pour la première fois ce nouveau nom de la bouche d'un de mes élèves. Son père avait pour habitude de l'appeler ainsi et j'avais rapidement compris pourquoi.
En février 1555 des nouvelles de l'Angleterre arrivèrent dans le clan. Pour pouvoir asseoir son autorité, elle avait fait brûler des hommes de l'église. Ce fut alors à mon sens la plus grosse bêtise qu'elle pouvait faire. Les gens, sans trop d'influence de sa part, devaient bien se rendre compte de qui elle était réellement. Du moins, je l'espérais sincèrement. Heureusement pour nous Marie de Guise n'agissait pas pareil, mais, elle assistait tout de même à ces événements en allant directement là-bas.
Après plusieurs fausses-couches, Mary Tudor commença à s'isoler, une chance pour les protestants, car, Elizabeth reprenait sa place à la cour. J'espérais que c'était une bonne nouvelle et qu'ainsi, l'Angleterre allait reprendre un nouveau tournant et que la condition des Écossais n'allait pas changer.
En ce début 1556, il semblerait que Mary Tudor est envie de redorer sa réputation, après avoir brûlé et “purifier” l'Angleterre, elle lâcha un peu prise et offrit une magnifique fête de nouvel an. De mon côté, je fête le nouvel an avec la cour d'Écosse entouré des différentes familles importante du pays. Espérant ainsi que cette année 1556 sera plus douce que les autres, l'avantage, c'est que j'ai beaucoup de choses à raconter à mes petits élèves.