Eloïse Christensen

"Être enfant de roi, ce n’est pas être béni. On hérite la royauté d’un autre être humain. Être béni vient de Dieu." TON PERSONNAGE PRÉNOM & NOM ♦ Eloïse Woodville, née Christensen ou Vasa. AGE  ♦ 30 ans. DATE DE NAISSANCE ♦ 25 décembre 1523. ORIGINE ♦ Suédoise. SITUATION FAMILIALE ♦ Enfant bâtarde, aujourd'hui mariée et mère. MÉTIER ♦ Princesse bâtarde de Suède, duchesse de Rydboholm et comtesse consort de Worcester. GROUPE ♦ Étrangers. CRÉDITS ♦ Alrika & Tumblr. LE JOUEUR PSEUDO ♦  Aodrenn. AGE ♦  17 ans. OU AS-TU CONNU LE FORUM? ♦  En cherchant des infos sur la redoutable Bloody Mary XP . TON AVATAR ♦  Liv Tyler, la magnifique *.*. VOTRE PERSONNAGE EST-IL HISTORIQUE OU FICTIF? ♦  Fictif. VOULEZ-VOUS ÊTRE PARRAINÉ? ♦  C'est mon premier fo' RPG, alors... Oui, je veux bien !

▬ QUELLE EST VOTRE RELIGION ET QUE PENSEZ-VOUS DES CHANGEMENTS RELIGIEUX DU PAYS? ♦
Ce sont les sévères enseignements de Martin Luther qui ont bercé mon enfance, et plus largement, toute ma vie. Bâtarde ou non, je reste la fille de Gustav Eriksson Vasa, dit Gustave 1er, Roi de Suède et réformé radical. C'est selon les principes protestants que j'ai été élevée, or nier ma religion serait nier mes origines, ce qui est tout sauf ce que je veux. Mon époux James, protestant aussi, hésite à se convertir, mais moi, je resterais protestante, et mes enfants seront protestants. Mais les changements m'inquiètent. Dieu merci, James n'était pas impliqué dans les récents complots, ce qui fait que pour le moment, les Woodville ne sont pas inquiétés. Pour combien de temps ? Quoi qu'il arrive, ceci dit, à la moindre occasion, je rentre en Suède avec mes fils et ma fille. James choisira ce qu'il veut, après tout il est assez grand pour décider de son sort, mais moi, je protègerais mes enfants, quitte à les élever loin de leur terre natale.

▬ QUE PENSEZ-VOUS DE LA NOUVELLE REINE D'ANGLETERRE? ♦
Elle me déplait fortement. Oh, c'est une femme admirable et pleine de courage, reprendre ainsi le trône par la force, toutes les femmes n'en seraient sans doute pas capables. Le problème, c'est qu'elle est à moitié espagnole, qu'elle est papiste, or je suis suédoise et protestante. Autrement dit, nous ne sommes pas faîtes pour nous entendre, Mary 1ère et moi. Pour l'instant, elle ne peut rien nous reprocher publiquement, mais je ne doute pas qu'elle attende la première occasion pour nous détruire. Si elle a des doutes quant à la religion de James, elle ne peut en avoir quant à la mienne ! Elle sait aussi que je suis fille de Roi et que j'ai une porte de sortie pour lui échapper au moindre débordement. Je me méfie de la Reine comme elle se méfie sans doute de moi, c'est certain. En revanche, si il y a une Tudor que je préfèrerais voir sur le trône, c'est sa jeune soeur... Mais ça, je crois qu'il vaut mieux le passer sous silence.

▬ QUE PENSEZ-VOUS DE JANE GREY? ♦
Une gamine, peut-être trop faible pour tenir les rênes du Royaume, mais de sang royal, elle avait sa légitimité, elle aussi. Je plains cette enfant, et sa mère : je suis mère moi-même, et jamais je ne voudrais que ma fille connaisse un tel sort. Sans doute Henry Grey et Frances Brandon ont été trop ambitieux, mais la jeune Jane n'est en rien responsable. Ceci dit, je doute que la Tudor soit sensible à cet argument. J'ai appris il y a peu la libération d'Henry, peut-être celle de sa fille suivra bientôt ? Je l'espère, pour elle et pour les siens. Et je remercie Dieu d'avoir empêché que James rentre dans cette histoire, lui qui était si tenté. Je préfère ne pas savoir à quoi nous avons échappé.

▬ AGISSEZ-VOUS DANS L'OMBRE POUR VOTRE CAUSE OU VOTRE FOI, SI OUI QUE SERIEZ-VOUS PRÊT A FAIRE ? ♦
J'ignore si je serais douée pour agir dans l'ombre, cela n'entre aucunement dans mes habitudes. J'aurais trop peur, non pour ma vie, mais pour celle de mes enfants. James Jr, Hermia, Thomas et Hadrien n'ont en aucun cas à payer le prix de potentiels complots, l'affaire Jane Grey en est une preuve absolue. Déjà que nous sommes en mauvaise posture,autant ne pas en rajouter ! Néanmoins, je refuse de nier ma foi et mes convictions. Tant que nous serons en Angleterre, j'aiderais au mieux la communauté protestante car tel est mon devoir et ma volonté de chrétienne. Peut-être qu'une fois en Suède, je serais plus en sécurité pour le faire ? Au moins, je n'aurais plus à craindre pour la sécurité des miens ! Reste à convaincre James...

Öde Beslutar

Mes premières années furent heureuses. Je les passais dans le nord, l'extrême nord, même, du Royaume de Suède, en compagnie de ma mère, Ilse Christensen, comtesse de Kiruna. Elle était orpheline déjà bien avant ma naissance et ses frères étaient morts encore avant ses parents, ce qui avait fait d'elle, leur fille aînée, leur héritière, grâce au soutien d'un couple de plus nobles encore qu'elle : Erik Johansson Vasa et son épouse, Cecilia Månsdotter, dont elle avait été dame de compagnie. Ils lui ont offert soutien et protection et elle n'a guère eu de mal à obtenir les pleins droits sur ses terres natales. Les miennes aussi. La vie aurait dû être simple, pour moi. Douce et sans trace de problèmes. Mais qui dit que les grands de ce monde sont exempts de problèmes ? C'est cette pensée qui m'a frappée lorsque, pour la première fois de ma vie, je sentis des larmes s'écraser sur mon cou. Des larmes froides et désespérées, les larmes d'une mère à qui on prenait son enfant : ma mère.

"Sois bien sage, ma petite chérie, surtout. Ne fais pas de caprices, lave toi chaque matin, apprends bien tes leçons et ne t'essuie pas les doigts sur ta robe en sortant de table. D'accord, mitt hjärta ? Et sois gentille avec tes serviteurs. Tu me le promets, mitt hjärta ?"

Elle n'attendait même pas de réponse, tout ce qu'elle voulait, c'était que dure ce moment, ces derniers instants que nous devions passer ensemble. Je la revois encore, ma mère, belle comme le jour avec ses grands yeux sombres et ses cheveux noirs, cheveux dont j'avais hérité. Vêtue richement de velours sapin, couverte par un manteau d'hermine, sa brillante chevelure prise dans un chignon dissimulé sous une capuche à large bord, elle souriait à travers ses larmes, mais son sourire tremblait. Et moi, petite fille de neuf ans, je ne comprenais que trop bien ce qui était en train de se passer, que trop bien que l'on m'arrachait à ma mère. Je ne pleurais pas, mais j'avais le coeur en lambeaux. Sans doute le sentait-elle.

"Je serais sage, mamma, je vous le promets."

A peine eus-je le temps de prononcer ces quelques paroles qu'un serviteur s'avança : "Dame Ilse ? Il est temps."

Elle sécha ses larmes et dégagea ses bras pour mieux me soulever de terre. Je passais mes bras autour de son cou et y lovait mon visage, ainsi que j'avais l'habitude de le faire.

"Jag älskar dig, ma fille. Jag älskar dig."

Quelque part, le hurlement d'un loup se fit entendre, glacial et pénétrant. Je frissonnais.
Où allais-je ? Chez mon père. Mon petit frère, Erik, venait de naître, et à sa demande, contre l'avis de ma belle-mère Catherine, j'allais les rejoindre à Stockholm. Nous étions en 1533. Qui était mon père ? Le Roi, Gustave 1er, dont j'étais la fille, bâtarde certes, mais première née. Lorsque j'avais été conçue, il n'était point encore marié, sans doute étais-ce pourquoi en dépit de mon statut de bâtarde, j'échappais aux réflexions peu avantageuses. Mes parents ce sont connus jeunes, mon père n'étant autre que le fils aîné des fameux protecteurs de ma mère, les Vasa-Månsdotter. Ils ne s'étaient guère revus depuis ma naissance, ceci dit, ma mère ayant fort à faire avec l'administration de ses terres. Elles allaient me manquer, ces terres, justement : je les connaissais bien ainsi que leurs habitants. Je les aimais, tous. Mais j'étais fille de Roi, et mon destin évoluerait en conséquence.

Une chose est certaine ; elle l'était déjà à mes neuf ans : j'aimais mon pays. Je crois que seule une enfant de Roi pouvait aimer sa terre natale comme j'aimais ma Suède. Une fois la douleur de la séparation passée, je m'oubliais dans la contemplation du paysage. Une semaine et demi fut nécessaire pour que je traverse le territoire, du nord le plus profond vers le sud le plus bas, alors du pays, j'en ai vu. Et j'ai aimé en voir. A chaque halte, j'écrivais à ma mère, lui offrant un tableau détaillé de mes pérégrinations. Nous étions fin avril, et à mesure que le sud approchait, l'épaisse couche de neige diminuait pour laisser place aux prairies, aux lacs, aux villes, de plus en plus nombreuses, de plus en plus grandes, rien à voir avec Kiruna et ses villages, ses deux mois de nuit continuelle en hiver et ses deux mois de perpétuel jour en été. Approcher de Stockholm, c'était approcher du reste de l'Europe, épicentre du globe.

"Votre Majesté ? La duchesse de Rydboholm", annonça le héraut.

Obéissant sans doute à un ordre que je n'entendais pas, il s'effaça pour me céder le passage.

J'étais enfin arrivée à destination, pas plus tôt que le matin même. Long repos, repas copieux et préparatifs avaient été les maîtres mots de ma première journée à la Cour du Roi. Je ne l'avais pas vu, pas plus que la Cour en elle-même. Seuls les quelques serviteurs déjà à mon service à Kiruna et ceux que mon père avaient désignés m'entourèrent. Parmi eux, il y avait une jeune fille d'environ vingt ans, qui d'emblée me plût, avec ses cheveux blonds et son sourire d'ange. Hermia était son prénom, m'apprit-elle. Elle m'apprit également que le mien signifiait "agilité au combat", chose qui m'amusa fortement. Mais vint la soirée, et la redoutable présentation : mon père et ma belle mère, que je ne connaissais presque que par lettres, et mon frère, nouveau né. Je fus coiffée, habillée comme jamais je ne l'avais été, et Hermia m'escorta jusqu'à la grande porte de la salle du banquet. J'avais beau essayer de faire bonne mesure, j'étais loin d'en mener large.

"Vous serez parfaite, Princesse", m'encouragea ma suivante. "Perfekt !"

Un minimum rassurée, je passais les portes et entrai dans la pièce.

Je me suis vite accoutumée à la vie de Cour.  J'ai immédiatement apprécié mon petit frère nouveau né et quand, pour la première fois, mon père m'a prise sur ses genoux, m'a observée et m'a déclaré que nous avions les mêmes yeux, je me suis sentie plus fière que jamais. Alors oui, malgré la distance qui me séparait de ma génitrice, j'ai fait mon trou à Stockholm. Dans le nord, loin de moi, ma mère s'est mariée, a eu d'autres enfants. Prise par nos quotidiens respectifs, nous ne nous sommes jamais revues, mais correspondions via de longues lettres. Et j'avais Hermia, mon amie la plus chère, car l'agréable impression qu'elle m'avait laissée ne fit qu'amplifier à mesure que passait le temps. La jeune blonde était une aide, une confidente, un soutien de tous les instants. Elle était une présence rassurante à mes côtés, toujours à mes côtés. Car oui, sans elle, je me serais difficilement faite à cette solitude pesante qui régnait à la Cour : moi qui n'avait connu que Kiruna, ma mère et nos domestiques (peu nombreux car Ilse n'aimait guère avoir trop de monde à son service), je tombai de très haut en arrivant à Stockholm. Ici, la foule ne désemplissait pas, les conversations allaient bon train à toute heure et comme souvent dans ses cas-là, on ne se préoccupait guère de ceux qui restaient seuls, timides et incertains. Moi, par exemple.

Mais l'être humain est fait pour s'adapter à son environnement, et c'est ce que je fis. Et bientôt, Stockholm, la Cour, tout cela n'eut plus de secrets pour moi. Il y avait quand même une ombre à ce tableau idyllique : ma belle-mère. Catherine de Saxe-Lauenbourg. Avec l'aide d'Hermia, je faisais de mon mieux pour l'éviter, mais hélas ce n'était pas toujours suffisant, et parfois la confrontation était obligatoire. Dans ses moments là, je regrettais Kiruna et ma mère. Ma belle mère se montrait sèche, cassante, méchante même. Bien que je fus une bâtarde, elle me voyait comme une menace et ne se gênait pas pour le faire savoir. Dans ses yeux clairs, je ne voyais que froid, mépris et méchanceté à mon égard. Elle me terrorisait. Mais j'avais du soutien, et non des moindres : mon père, déjà, qui souvent se plaignait de cette épouse qu'il n'aimait pas, de ce mariage politique qui avait certes permis un rapprochement entre Suède et Danemark, mais qui l'avait contraint à rester lié à une personne qu'il tolérait de moins en moins. Le peuple, ensuite, qui n'aimait guère cette souveraine qui refusait d'apprendre le suédois, considérée comme une femme capricieuse, mélancolique et, pire que tout, conspiratrice. Restera toujours gravé dans ma mémoire le jour où, lors d'une visite du Roi Christian de Danemark, son beau-frère, elle accusa ouvertement le Roi mon père de planifier l'assassinat du souverain danois. Sa fureur de mon père fut telle que le petit Erik se mit à pleurer, et qu'il me fallut de longues minutes et toute la patience du monde pour le calmer.

Ais-je été triste lorsqu'elle mourut des suites d'une chute lors d'une danse, deux ans après mon arrivée à la Cour ? Les larmes d'Erik me peinaient, certes, mais je ne pouvais pleurer cette femme qui m'avait toujours rejetée. Et bien qu'il ne m'en ai rien dit, je soupçonnais mon père de ne pas être mécontent non plus.

"Levez les bras, Princess... Voilà, comme ça... Redressez le menton... Superbe !"

Ébahie, j'observais mon reflet dans la glace. Hermia, tout sourire, se tenait à mes côtés, et arrangea quelques plis malvenus de ma jupe.

" - C'est moi, là ?
- Un peu que c'est vous ! Et vous êtes resplendissante, une vraie beauté ! En riktig skönhet !
- Mon Dieu, je croyais... Enfin..."

Hermia rit et moi aussi, quoique mon rire fut teinté d'incrédulité. Je ne me reconnaissais pas dans l'image que me renvoyait le miroir. Oh, certes, ces cheveux noirs étaient les miens, je distinguais sans peine les traits fins de mon visage, et ces deux prunelles bleues qui brillaient étrangement étaient les miennes également, mais le reste... J'avais été habituée aux beaux atours, en trois ans de vie de Cour, mais pas à des atours comme ceux-ci. J'étais en rouge et doré, les couleurs des Rois. La robe à décolleté carré était entièrement de velours et de soie, d'une similaire teinte lie-de-vin, et entièrement rebrodée d'or, dont les fils formaient d'étranges motifs fleuris. J'en suivais le tracé du bout des doigts, prenant garde à ne pas déranger ma parure et ma coiffure. Et quelle coiffure ! Hermia s'était rompue à la tâche pendant des heures pour parvenir à cet impressionnant échafaudage, ce chignon tressé dans lequel étaient pris des fils d'or et des perles. A la lumière du petit matin, mes bijoux étincelaient comme autant d'étoiles. La cause de ces préparatifs impressionnants ? Un mariage, celui de mon père et de Marguerite Lejonhufvud, une belle femme à l'air aimable dont j'avais fait la connaissance quelques semaines plus tôt. Elle me plaisait infiniment plus que ma précédente belle-mère, et se montrait gentille envers Erik et moi-même. Hermia m'avait appris qu'elle était fiancée à un autre, mais avait rompu le contrat pour épouser mon père. Ordre de Roi ne se refuse...

Ainsi que je l'écrivis à ma mère, toujours soucieuse de mes nouvelles, j'eus beaucoup d'estime pour ma seconde belle-mère, me fiant au jugement de mon père qui semblait fort épris. Je la trouvais belle, blonde au teint clair et aux yeux bleus. Elle fut un ange de gentillesse pour mon frère et moi, et se comporta en mère. Alors que la mienne était à l'autre bout du pays, il n'était pas désagréable qu'une âme généreuse aime à se montrer douce et compréhensive. Contrairement à la précédente Reine, elle était appréciée et respectée dans tout le pays, se consacrant à ses enfants, ses devoirs domestiques. Quant à son ancien fiancé, il épousa sa soeur Martha. Un an après l'heureux jour de noces naquit un petit Jean, deux ans plus tard, Catherine et l'année suivante, Cécilia.