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Nous nous situons aux alentours de mai 1558.
Il fait de plus en plus chaud les gens prennent plaisir à sortir dans les jardins.

Si vous souhaitez jouer un étranger, privilégiez les Espagnols et les Ecossais.
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MessageSujet: « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary  « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary Icon_minitimeMar 1 Oct - 17:11
« Méfiez-vous des demi-vérité, vous avez peut être mis la main sur la mauvaise moitié »
Elizabeth Clinton & Mary Grey

Mary Grey se réveilla en sursaut.

Tout son corps tremblait, elle était trempée, ses cheveux collaient contre son front et sa nuque et son coeur battait à une vitesse folle. Elle respirait à grand peine. L'enfant avait fait un cauchemar, mais à l'instant ou elle s'était réveillée, il lui était impossible de s'en souvenir. Tant mieux : elle n'avait aucune envie de s'en souvenir. La fillette s'était tellement agitée qu'il lui fallut plusieurs minutes pour s'extirper de ses draps humides de sueur avant d'enfin pouvoir poser ses pieds nus contre le sol. Dans la chambre, il régnait une chaleur étouffante. A tâtons, elle s'aida de ses doigts pour trouver la porte et la poussa avec toute la vivacité dont elle était capable après une nuit de sommeil guère reposante.

La fraîcheur du salon lui fit le plus grand bien, et elle s'y assit un instant, à même le sol, pour reprendre ses esprits. Où était-elle ? Pas dans le Suffolk, déjà. Whitehall ? Oui, elle était bien à Whitehall, elle s'en rendait compte à présent que ses yeux s'habituaient à la semi-obscurité. Ce décor était celui des appartements qu'elle partageait avec sa soeur, sans pour autant qu'elle s'y sente chez elle. D'ailleurs, elle n'était pas chez elle. Le plus lentement possible, la jeune demoiselle inspira puis expira. Petit à petit, le flou se dissipait, les battements de son coeur s’apaisaient, ses sens étaient en état de fonctionner. Se levant à nouveau, elle se dirigea vers la chambre de sa soeur Katherine, demeurée entr'ouverte. Elle y jeta un oeil et s’aperçut que la jeune fille y dormait paisiblement. Bizarre. D'habitude, Mary était toujours la dernière à se lever. Pourquoi Ginger n'était-elle pas encore venue les chercher ? Cela ne lui ressemblait pas, elle qui était toujours si consciencieuse lorsqu'il s'agissait des horaires !

La raison de ces étrangetés, Mary la comprit en ouvrant la porte de leurs appartements pour voir ce qui se passait dans le couloir. Vide. Pas un chat à l'horizon. Brusquement, l'enfant comprit que son cauchemar l'avait réveillée bien tôt. Sans doute Ginger n'était-elle pas encore levée. Mais la fillette, bien réveillée à présent, n'avait strictement aucune envie de retourner se coucher en attendant l'arrivée de sa servante. Elle referma la porte d'accès, traversa à nouveau leur salon et regagna sa chambre, dont elle tira les rideaux pour laisser entrer la lumière, et ouvrit la fenêtre pour aérer quelque peu l'espace. Le froid mordant de ce début du mois de décembre envahit la pièce en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Trouvant sans peine la bassine remplie d'eau fraîche que Ginger utilisait chaque matin, Mary fit sa toilette, sommairement mais suffisamment, avant d'enfiler  dessous, pantalon, bottes de chasse fourrées et blouse épaisse. Elle démêla grossièrement ses cheveux avec ses doigts et, avant de quitter définitivement les lieux, attrapa une cape doublée de fourrure et une paire de gants. Ainsi parée, elle referma la porte derrière elle et détala comme un lapin dans le couloir.

Mary savait pertinemment où elle voulait aller : primo, le plus loin possible du palais, secundo, dans un endroit calme, tertio, dans un endroit où personne ne pourrait la gronder si on l'y trouvait. Donc, exclu la ville de Londres : elle ne devait pas quitter l'enceinte de Whitehall, pas à une heure aussi matinale : le peu de serviteurs éveillés ne manqueraient pas de la repérer. Auparavant, lorsqu'elle faisait un cauchemar, c'était toujours vers son père qu'elle se dirigeait. Il la prenait dans ses bras, elle lui parlait, il l'écoutait et la rassurait, puis ils priaient ensemble, comme de fervents protestants comme eux le faisaient : loin de la pompe du catholicisme et plus proches de la sobriété, donc de Dieu. Conclusion, un seul endroit s'imposa aux pensées de la fillette : la chapelle. A défaut de pouvoir retrouver son père, elle irait prier. Sans trop de difficultés, Mary traversa couloirs après couloirs jusqu'à atteindre son but. Elle en poussa les portes et s'introduit dans la maison de Dieu en se signant, puis se dirigea droit vers l'autel et s'agenouilla au premier rang tout en se débarrassant de sa cape. A présent que son cauchemar était loin d'elle, elle pouvait aisément s'en remettre au Seigneur.

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MessageSujet: Re: « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary  « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary Icon_minitimeLun 21 Oct - 14:19
Un homme se penche sur une jeune femme endormie. Il lui caresse le visage d’un geste amoureux, tendre. Il la regarde et murmure le prénom de la demoiselle. Celui-ci est Elizabeth. Elle se réveille, elle le regarde. Elle n’a jamais vu cet homme. Qui est-il ? Elle ne sait pas. Elle entend des hurlements, des bruits de pleurs d’enfants. Elle regarde dans tout les sens et elle ne voit personne. Son cœur bat à tout rompre. Elle a peur, tellement peur. Puis, elle ne sait pas pourquoi, elle remarque que quelque chose n’est pas normal. Elle voit des feuilles mortes alors qu’elle sait qu’il neige. Elle rêve, n’est-ce pas ? Il est possible que ce soit le cas, comme ça ne peut pas l’être. Elle marche, elle voit des tombes. Des tombes de ces deux fils. Deux enfants qu’elle ne verra pas grandir, deux enfants qu’elle ne verra plus. Des larmes coulent le long de ces joues. Puis, elle se sent aspirée dans un autre monde, un autre endroit. Un endroit ou elle a froid. Elle a la chair de poule. Et, rien.
Tout ceci n’est qu’un rêve que j’ai fait. Un rêve qui me fait penser à mes enfants, pauvres enfants que je ne verrais plus. J’aurai tant aimé qu’ils vivent, encore un peu. J’aurais préféré mourir plutôt qu’eux. Mais le Seigneur a décidé autrement. Je regarde la chambre, je ne suis pas dans ma demeure habituelle. Je suis logée à Whitehall, plus précisément à Londres. Je souris. Je marche dans ma chambre, et je réfléchis à ce que je peux faire. Je pourrais aller à la chapelle pour prier, surtout que ça sera bientôt l’heure d’assister à la messe. Enfin, dans quelques heures mais je préfère être dans les premières. Il faut que je me confesse également. De quoi ? De ce que je fais. Mais, à qui ? Je ne sais pas. Je ne sais même pas à qui. Tant des gens peuvent donner des informations. Tout le monde serait-il des traites ? Peut-être. Mais, nous ne sommes pas à l’abri, et ceci est sûr. Tout cela à cause de cette reine, cette Mary Tudor. Elle tuera les personnes qui sont contre elle, comme son père l’a fait autrefois. Ils sont des meurtriers, des bourreaux. Nous sommes que des victimes, des sujets. Notre vie est destinée à servir le roi ou la reine de notre pays. Mais, parfois, ceci est difficile. Oh que faire ? Dois-je resté silencieuse devant tout ce que je vois ? J’ai déjà tourné ma veste une fois, je pourrais le faire. Mais, à quel prix ? Je ne veux pas avoir la tête tranchée. Non, je dois rester prudente et sauvegarder ma petite misérable vie. Je m’habille, une robe simple. Je quitte mes appartements sans rien dire, sans parler. Je marche dans les corridors du palais pour me rendre à ce lieu de prière et de calme. J’arrive enfin là-bas. J’ouvre les portes, je me signe et je marche jusqu’à l’autel. Doucement, avec plein de pensées dans ma tête. Je marche, puis, j’aperçois une tête qui m’est connue. Une petite fille. Je m’approche d’elle, doucement. Je pose ma main sur son épaule et je la regarde. Elle ressemble tant à Jane. Qui ça ? Jane Grey, celle qui devait monter sur le trône d’Angleterre et que son règne a duré que neuf jours. Jane est maintenant en prison, ceux qui l’ont aidé ne sont plus de ce monde, sauf mon époux et moi-même. Ce qui nous différencie des autres, c’est que nous avons trahis Jane. Oh que doit-elle penser de nous maintenant ? Elle doit me haïr, comme sa famille. Je regarde Mary. Je déclare enfin après quelques minutes qui semblent une éternité.

Elizabeth ▬ Bonjour Mary, comment allez-vous ?

Je me tais soudainement. Et, je me traite d’idiote. Comment pouvait-elle aller bien dans des conditions horribles ? Les membres de sa famille sont dispersés … Elle n’a presque plus personne. Mais, je me promets que si elle n’a plus personne, je veillerais sur elle. Or, si elle le veut. Ce qui se comprendrait qu’elle ne veuille pas de moi. Après tout, j’ai trahi sa sœur.

Elizabeth ▬ Je m’excuse Mary et j’en suis sûre que tout ira mieux, bientôt. Ne vous en faites pas et si … Vous avez besoin d’aide, dire-le-moi. Lui dis-je en murmurant doucement pour qu’elle soit la seule qui entend ces paroles.


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MessageSujet: Re: « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary  « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary Icon_minitimeMer 30 Oct - 11:48
« Méfiez-vous des demi-vérité, vous avez peut être mis la main sur la mauvaise moitié »
Elizabeth Clinton & Mary Grey

Bon, et bien la solitude, ce ne serait pas pour aujourd'hui, comprit la jeune Lady en entendant les portes de la chapelle s'ouvrir alors qu'elle était plongée dans ses prières. Elle ne bougea pas, mais sursauta lorsque, quelques minutes plus tard, la personne prit la parole.

"Bonjour Mary, comment allez-vous ?"


L'intéressée se retourna brusquement. Non qu'elle ait eu peur de la personne, elle savait que quelqu'un était entré. Mais la personne, elle la connaissait : Lady Elizabeth Clinton. Alliée, avec son mari, aux Grey, jusqu'à la chute de Jane. Les Clinton étaient de ceux qui avaient retourné leur veste lorsque le vent avait tourné. Lorsque son père Henry aurait eu besoin de leur soutien, ils avaient détourné les yeux. Ils avaient trahi leur parole, et par la faute de gens comme eux, Jane et Henry étaient à la Tour, une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. La jeune Lady se raidit.

"Je vais bien, Lady Clinton, merci", dit l'enfant d'un ton glacial qui dément totalement ses mots. Avant d'ajouter : "vous êtes bien matinale, my lady. C'est bien la première fois que je vous vois de si bonne heure à la chapelle".

Bon, elle-même n'avait pas l'habitude de fréquenter la chapelle si tôt dans la matinée. Ni même de fréquenter la chapelle tout court, à moins d'y être forcée par sa mère ou par la Reine. Voire les deux. Souvent, en fait, par les deux. Elizabeth devait trouver étrange de voir la jeune Grey ici, dans cet antre typiquement catholique, pour la fillette qui avait été si protestante. Mais si elle, Mary, était dans la position ou elle était, c'était entre autres de la faute de personnes comme Lord et Lady Clinton.

Elizabeth ne fut en aucun cas dupée par les paroles de la jeune demoiselle : leur tonalité ne laissait aucun doute sur la réalité de sa situation.

"Je m’excuse Mary et je suis sûre que tout ira mieux, bientôt. Ne vous en faites pas et si … Vous avez besoin d’aide, dites-le-moi."

Mary eut un hoquet : si elle avait besoin d'aide, Elizabeth serait bien la dernière personne qu'elle irait voir ! Ou était-elle lorsque Henry et Jane Grey avaient eu besoin d'aide ? Au banc des traîtres ! Aller la voir ? Pour qu'elle la trahisse, comme elle avait trahi Jane ? Hors de question ! Mary ne devait pas flancher, il lui restait une soeur sur laquelle elle devait veiller comme le chevalier qu'elle serait bientôt. Faire confiance à Elizabeth Clinton serait bien l'erreur à ne surtout pas faire. La femme s'adressa à elle en murmurant, c'est en parlant haut et fort que l'enfant lui répondit.

"Merci, my lady. Mais je n'ai pas besoin de votre aide. Quant à l'amélioration des choses" la fillette se redressa avec un léger sourire, consciente qu'en cet instant, elle ressemblait davantage à sa mère Frances qu'à son père Henry : "je ne vois pas ce qu'il y a a améliorer. Notre bien-aimée souveraine à repris le trône qui lui revenait de droit, les traîtres sont à leur place et bientôt, la vraie foi vaincra. N'est ce pas magnifique ?"

Les paroles les plus fausses qu'elle eut jamais prononcées, si fausses qu'à mesure qu'elles passaient le seuil de ses lèvres, le masque jovial laissa place à une grimace pleine d'amertume.

"Mais je suis curieuse, Lady Elizabeth. Auriez-vous une raison de penser que je suis pas heureuse ici ?"

Les chiens ne font pas des chats, quoique Mère en dise, songea la fillette. Bon sang ne saurait mentir : en digne fille de sa mère, Mary se tint droite comme un i et planta ses prunelles claires dans celles de son interlocutrice.

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MessageSujet: Re: « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary  « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary Icon_minitimeSam 9 Nov - 15:46
Je suis dans un lieu de culte, un lieu de prière et de silence. Pour qui je peux prier ?  Jane Grey sans doute, ma pauvre amie que j’ai délaissée pour me sauver. Est-ce égoïste ? Il est possible que oui, je suis un monstre. Je préfère ma vie à celui de mon amie, que ferait-elle ? Elle aurait préféré sauver les âmes qu’elle aime que plutôt sa vie. Elle doit me haïr comme sa famille, mais que faire ? Je ne peux pas aider les personnes qui sont proches de Jane sous peine de me voir en prison. C’est un cruel dilemme, la vie est difficile. Même pour les nobles … Je pose mon regard sur celui d’une enfant, Mary, sœur cadette de ma chère Jane. Par la suite, je déclare quelques mots, que va-t-elle dire ? Je ne sais pas. Je ne lis pas dans les runes ni autres instruments de voyance et puis cela n’est pas permis dans notre sainte religion de connaître son avenir. Personne ne peut connaitre sa destinée, nous sommes obligés de vivre notre vie.  L’enfant se tourne vers moi, je la regarde. Je l’observe, elle ressemble tant à sa grand sœur, il est cruel de voir des gens qu’on apprécie dans le regard des gens qui nous haïssent.  L’enfant me hait-elle ? Il est bien probable qu’elle ne m’aime pas surtout après ce que j’ai fait à Jane. Oh si seulement, cela n’avait jamais eu lieu, si seulement … Rien ne s’était passé ainsi. Or, le destin a décidé autrement, Jane est en prison. Mary Tudor gouverne et d’autres personnes gravitent autour du pouvoir royal de la Reine. Laquelle est la mieux ? Jane ou Mary ? C’est si difficile, je ne peux le dire ici. J’attends toujours que l’enfant me répond.  Je ne la quitte pas des yeux.

Mary ▬  Je vais bien, Lady Clinton, merci dit la jeune fille d’un ton froid.  Vous êtes bien matinale, my lady. C'est bien la première fois que je vous vois de si bonne heure à la chapelle.
Elizabeth ▬ Je ne suis pas sûre que vous allez bien, mon enfant mais puisque que vous le dites, je ne rajouterais pas plus sur votre santé. Dis-je en la regardant et en souriant. Elle soupire. Et rajoute d’une voix douce. En effet, il m’arrive de prier dans la chapelle de mon domaine mais en ce moment, j’ai besoin d’aller à Londres. Je ne sais pas pourquoi, j’ai besoin d’y aller. Peut-être devrais-je demander à mon époux de résider continuellement à Londres, enfin bref. Je me tais un moment et je lui souris. Et, vous, chère amie, pourquoi êtes-vous ici si tôt ?


Je soupire. Puis, je lui demande par la suite, de m’excuser mais également si elle a besoin de moi, je pourrais l’aider. Or, cela devra être discret. Je ne pourrais pas l’aider en plein jour. Non, ça devra rester entre nous, mais, il faudrait que la jeune fille puisse accepter et cela n’est pas sûre du tout … J’aimerais tant changer ce que j’ai fait mais je ne peux rien. Je dois cesser de me torturer l’esprit avec tout cela, mais, c’est bien impossible, j’en ai bien peur. J’attends sa réponse, je respire doucement. Et, je continue de la regarder.

Mary   ▬  Merci, my lady. Mais je n'ai pas besoin de votre aide. Quant à l'amélioration des choses  rajoute-t-elle quelques minutes ou secondes plus tard. Je ne vois pas ce qu'il y a a améliorer. Notre bien-aimée souveraine à repris le trône qui lui revenait de droit, les traîtres sont à leur place et bientôt, la vraie foi vaincra. N'est ce pas magnifique ?
Elizabeth ▬ Soit, quand vous aurez  besoin de mon aide, faites moi le savoir, mais, nous devrons tous aider nos prochains comme le veut notre Religion. N’est-ce pas mo enfant ? Il est de mon devoir de vous aider, alors dites moi si je dois faire quelque chose pour vous ? Enfin, si vous voulez bien de ma modeste aide bien entendue. Lui dis-je en posant ma main sur son épaule, je le regarde avec un sourire. En effet, ma chère enfant. Sachez que notre vie peut changer, à tout moment. Peut-être qu’un jour, vous serez heureuse et joyeuse. Mais, cessons de parler de cela. Lui dis-je avec un sourire.  
Mary ▬  Mais je suis curieuse, Lady Elizabeth. Auriez-vous une raison de penser que je suis pas heureuse ici ?
Elizabeth ▬ Je pense que ceci se voit sur votre visage et dans vos paroles. Pour vous protégez, vous devez mentir et jouer une comédie. Vous devez cesser d’être une enfant enfin c’est que j’ai entendu pour m’aider à me reconstruire lors de la mort de mes enfants et de mon époux. Je soupire et je regarde le ciel. Et, je rajoute d’une voix nostalgique.  Nous devrons être heureux pour les gens qu’on aime, surtout ceux qui sont partis

Je baisse mon regard. Je ne dis plus rien. Avais-je trop parlé ? Il est possible. Je ne sais pas ce que cet enfant va comprendre de mes paroles mais je lui ai parlé avec un double, si elle doit rester en vie, elle doit  changer.  Mais, j’ignore ce qu’elle a compris. Peut-être n’a t -elle rien compris ? Je reste la tête inclinée sans rajouter quelque chose. Je ne sais plus quoi faire ni quoi rajouter.  Puis, des bruits se font entendre. Je sursaute.  Je suis prise de panique. Je la regarde. Et si des gens rentrent dans la chapelle et ils me voient avec Mary ? Je ne sais pas quoi faire. Mais nul ne rentre.

Elizabeth ▬ La messe va bientôt commencer et je pense qu’il faut prier pour les personnes qu’on aime, n’est-ce pas ?


Je ne dis plus rien, encore une fois. De quoi puis-je parler avec une enfant comme cette douce Mary ? Je ne sais pas, peut-être dois-je l’aider à oublier ce qu’elle est en train de vivre ? C’est possible.

Elizabeth  ▬ Vous avez vu cette neige ? C’est magnifique, je me rappelle quand j’étais enfant, je m’amusais avec celle-ci et vous Mary, que faites-vous en cette période hivernal ? Les bougeons, les belles senteurs vont bientôt arriver … Et, une nouvelle année s’annoncera !
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MessageSujet: Re: « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary  « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary Icon_minitimeSam 16 Nov - 21:28
« Méfiez-vous des demi-vérité, vous avez peut être mis la main sur la mauvaise moitié »
Elizabeth Clinton & Mary Grey

" - Je ne suis pas sûre que vous allez bien, mon enfant mais puisque que vous le dites, je ne rajouterais pas plus sur votre santé.
- Merci, my lady. Parce-que je n'irais pas plus loin. Vous êtes bien matinale, my lady. C'est bien la première fois que je vous vois de si bonne heure à la chapelle.
- En effet, il m’arrive de prier dans la chapelle de mon domaine mais en ce moment, j’ai besoin d’aller à Londres. Je ne sais pas pourquoi, j’ai besoin d’y aller. Peut-être devrais-je demander à mon époux de résider continuellement à Londres, enfin bref... Et, vous, chère amie, pourquoi êtes-vous ici si tôt ?"


Son cauchemar lui revint en mémoire, et Mary retint - de justesse - un frisson.

"L'envie de prier. Malheureusement, mon domaine est trop loin pour que je puisse m'y rendre, et son accès m'est légèrement... Interdit."

A qui la faute ? Songea Mary avec amertume, une amertume qu'elle tentait, sans succès, de masquer.

Face à elle, Elizabeth Clinton respirait doucement, avec pacifisme. Elle semblait tranquille et douce, la même image sous laquelle Mary l'avait toujours connue, avec ses longs cheveux blonds, ses traits bien dessinés et son maintien droit et paisible. La fillette aurait donné beaucoup pour qu'entre elles se noue une amitié comme celle qui avait uni Lady Clinton et sa soeur Jane ; mais la première avait trahi la seconde, et cela, Mary n'était pas prête à lui pardonner. C'était par la faute de ce genre de personnes que le Grey avaient tout perdu.

" - Quand vous aurez besoin de mon aide, faites moi le savoir, mais, nous devrons tous aider nos prochains comme le veut notre Religion. N’est-ce pas mon enfant ? Il est de mon devoir de vous aider, alors dites moi si je dois faire quelque chose pour vous ? Enfin, si vous voulez bien de ma modeste aide bien entendue.
- Trop aimable, my lady. Je n'hésiterais pas une seule seconde à vous prévenir lorsque j'aurais besoin de votre aide, même si c'est naturellement vers ma mère, ma soeur et notre bien aimée souveraine que je me tournerais en premier. Mais je n'oublie absolument pas votre généreuse proposition."


Mary sursauta lorsque Elizabeth posa sa main sur son épaule, mais ne se dégagea pas pour autant. Pendant un instant, elle observa cette main, avant de reporter son regard vers le visage de la Lady. Que voulait-elle, exactement ? La trahir ? Essayer de couler définitivement les Grey ? Ou, au contraire, l'aider ? Comment savoir si elle était sincère ? Elle avait trahi Jane, donc elle l'avait trahie aussi. Quand on blessait la famille de Mary, c'était Mary elle-même que l'on blessait. Lorsque lady Clinton dit : "cessons de parler de cela", la fillette hocha la tête en silence. Passer à autre chose était le mieux.

" - Je suis curieuse, Lady Elizabeth. Auriez-vous une raison de penser que je suis pas heureuse ici ?
- Je pense que ceci se voit sur votre visage et dans vos paroles. Pour vous protégez, vous devez mentir et jouer une comédie. Vous devez cesser d’être une enfant, enfin c’est que j’ai entendu pour m’aider à me reconstruire lors de la mort de mes enfants et de mon époux."


Mary planta ses canines dans sa langue. Décidément, jamais elle ne saurait mentir. Comment faisait sa mère, elle qui mentait si bien ? Pourquoi n'était-elle pas comme elle ? Était-ce la faute à son enfance, passée loin de la Cour ?

"Nous devrons être heureux pour les gens qu’on aime, surtout ceux qui sont partis."

Mary se dégagea brusquement de la prise de Elizabeth Clinton. Ceux qui étaient partis ? Ni Henry ni Jane n'étaient partis, que sous-entendait-elle par là ? En bonne protestante, la fillette déclara, fidèle à la doctrine réformée dans laquelle son père l'avait élevée.

" - Prier pour nos morts n'est guère utile, my lady, les morts sont entre les mains de Dieu. C'est pour les vivants qu'il faut prier, madame. Pour les opprimés... Et ceux qui le seront, tôt ou tard.
- La messe va bientôt commencer et je pense qu’il faut prier pour les personnes qu’on aime, n’est-ce pas ?
- Peut-être, oui."


Mais ni l'une ni l'autre ne bougeait. Mary respirait profondément, à distance respectable, à présent, de son interlocutrice. Mystérieuse, étrange interlocutrice, comment savoir quelles étaient ses intentions ?

Mais si Mary ignorait les réels desseins de la personne face à elle, elle connaissait les siens : dans l'immédiat, tout faire pour que Jane et leur père soient libérés, ensuite, veiller à ce que tous rentrent sains et saufs dans le Suffolk, ensuite, venger leurs torts. Tous leurs torts. Les affronts à l'honneur ne se réparent point, écrirait un dramaturge français des décennies plus tard. Face à des traîtres comme les Clinton, la fillette ne devait pas perdre contenance.

Mais étaient-ils vraiment des traîtres ?

"Vous avez vu cette neige ? C’est magnifique, je me rappelle quand j’étais enfant, je m’amusais avec celle-ci et vous Mary, que faites-vous en cette période hivernal ?"

Mary eut un sourire typiquement enfantin. Elle adorait la neige.

" - Oui, c'est beau, n'est ce pas ? Katty et moi avons fait un bonhomme de neige, hier après-midi. Et un château, aussi.
- Les bougeons, les belles senteurs vont bientôt arriver … Et, une nouvelle année s’annoncera !
- Une nouvelle année, et son lot de surprises sans doute, Lady Clinton. Un beau lot de surprises."


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MessageSujet: Re: « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary  « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary Icon_minitimeLun 25 Nov - 20:43
La religion est importe dans la vie d’un homme, tout citoyen doit croire en quelque chose et surtout en dieu, sinon, il sera un paria, un damné. De même, les êtres qui n’ont pas les mêmes cultes que nous, ils sont des hérétiques. Suis-je hérétique ? Sans doute, mon âme est damné, je ne suis pas si vertueuse que ça, enfin, je ne dis pas que j’ai commis de pêché de chair … Mais, j’ai trahi une amie, et ceci me pourrit mon âme. C’est comme la moisissure d’une pomme … Celle-ci sera jetable bien après. Ou irais-je ? Enfer ou Paradis ? Nul ne le sait. Seul, Dieu choisira ma demeure éternelle. Telles sont mes pensées pendant mon échange avec la douce Mary Grey, sœur de Jane. L’enfant me répond à ma question, je la regarde. Elle voulait prier. Coïncidence ? Sans doute pas. Parlait-elle en message codé ? Je le pense. Elle devait parler de ma chère Jane. Mais, comment lui faire avouer ? Non, je ne rien faire, je risque de lui porter préjudice. Elle doit surmonter beaucoup d’épreuve et en lui forçant à dire quelque chose, cela lui pourra être fatal et je m’y oppose ! Non, je ne dois pas embêter cette jeune fillette. Je dois la laisser tranquille. Je ne lui réponds pas, je souris et je respire calmement. Je lui propose mon aide, mais cette chère tête blonde va-t-elle l’accepter après le mal que je lui ai causé ? Il me semble que non. Je n’aurais jamais du faire cela, or, je tenais à ma tête. Je n’aurais jamais pensé que Mary Tudor puisse enfermer quelqu’un dans une Tour. J’étais bien innocente … Aussi blanche que l’hiver mais je suis tacheté de sang. Ce dernier sera celui des personnes qui vont mourir par ma faute … Comme Jane. Si seulement, on avait fuit … Rien ne serait-il arrivé. Ou pas. Ce qui est fait ne peut se défaire et ceci est bien dommage. J’attends sa réponse, un peu apeuré avec celle-ci. Elle répond, je l’écoute, sans rien dire pour le moment. Je comprends sa réaction, je suis une vilaine personne qui a conduit sa famille dans l’enfer. Il aurait été étonnant qu’elle accepte directement et que je sois la première personne qui puisse l’aider. Que lui répondre ? Je ne sais pas. Vaut-il mieux se taire que parler ? Il est préférable, je le conçois. Je risquerais d’enfoncer la plaie ou je ne sais quoi. Je lui souris, un seul sourire. Je lui pause ma main sur son épaule, un geste tendre amical mais risqué ? Sans doute. Oh je suis si perdue. Ensuite, je lui déclare que nous devons cesser parler de ceci. Je la regarde incliner sa tête, elle est du même avis que moi. Elle me demande pourquoi je pensais qu’elle n’était pas heureuse, je lui réponds que ceci se voyait à son visage. Je la regarde, un instant. Elle est le portrait de sa sœur. Une jeune fille adorable et douce … Cette dernière mourra sans doute bientôt. Oh … Mon dieu. Je suis idiote. Si seulement … Non, je ne peux rien ne contre le destin. Pauvre Jane. Que doit-elle faire de ces journées dans cette tour froide ? Une reine a été déjà là-bas. Qui donc ? Anne Boleyn, reine tristement célèbre et mère de la petite Elizabeth. Celle-ci sera destinée à devenir Reine ? Si Mary n’a pas d’enfants, oui ou qu’elle meurt jeune. Or, nous verrons bien. Pour le moment, elle semble être en bonne santé. L’enfant se dérobe de mon étreinte, ceci me permit de sortir de mes pensées.

Mary - Prier pour nos morts n'est guère utile, my lady, les morts sont entre les mains de Dieu. C'est pour les vivants qu'il faut prier, madame. Pour les opprimés... Et ceux qui le seront, tôt ou tard.
Elizabeth - La messe va bientôt commencer et je pense qu’il faut prier pour les personnes qu’on aime, n’est-ce pas ?
Mary - Peut-être, oui

Nous restons ainsi sans parler. Sans dire quoique ce soit. Que dire de toute façon ? Parlez du temps, sans doute …
Elizabeth - "Vous avez vu cette neige ? C’est magnifique, je me rappelle quand j’étais enfant, je m’amusais avec celle-ci et vous Mary, que faites-vous en cette période hivernal ?"
Mary - Oui, c'est beau, n'est ce pas ? Katty et moi avons fait un bonhomme de neige, hier après-midi. Et un château, aussi.
Je la regarde avec un sourire. Ainsi, elle faisait des bonhommes de neige. Je la regarde comme une mère regarderait son enfant, avec fierté. Ou … Je ne sais pas. Je lui souris.
Elizabeth- Les bougeons, les belles senteurs vont bientôt arriver … Et, une nouvelle année s’annoncera !
Mary- Une nouvelle année, et son lot de surprises sans doute, Lady Clinton. Un beau lot de surprises.
Elizabeth – Ne jamais perdre espoir mon enfant.

Je la regarde. Que va-t-il se passer ? Quand les personnes vont venir perturber notre conversation ? Je ne sais pas …
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MessageSujet: Re: « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary  « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary Icon_minitimeDim 8 Déc - 17:21
« Méfiez-vous des demi-vérité, vous avez peut être mis la main sur la mauvaise moitié »
Elizabeth Clinton & Mary Grey

L'espace d'un instant, Mary se demanda si son interlocutrice ne serait pas mise en porte à faux suite à cet échange. Si un quelconque partisan de l'usurpatrice Mary venait à passer et les voyait, seules dans cette chapelle, il ne manquerait pas d'imaginer un quelconque complot ou acte de traîtrise envers la nouvelle souveraine : les Clinton avaient certes retourné leur veste, mais fut un temps ou ils étaient amis des Grey, ou faisaient semblant de l'être. Et Mary Tudor, avec tous ses défauts, n'avaient certainement pas celui de la naïveté. Voir lady Elizabeth Clinton converser ainsi, à l'abri des regards, avec Mary Grey, la fille du traître, ne manquerait pas de lui mettre la puce à l'oreille.

Alors à quoi jouait Elizabeth ? Mary l'avait entendue dénigrer Jane, l'avait vue prêter allégeance à la Tudor sans sourciller. La fillette avait directement assisté à cet acte de trahison qui faisait naître une flamme rageuse dans son coeur d'enfant encore trop endolori par les événements. Savait-elle seulement ce qui l'attendait si on les trouvait ici ? Elizabeth prenait un gros risque en lui parlant ainsi, seule à seule. Mary n'avait pas assez de ses dix doigts pour compter tous ceux qui s'étaient alliés à Henry Grey et John Dudley pour finalement ne pas lever le petit doigts lorsqu'ils avaient eu besoin d'aide, et qui à présent agissaient comme si ils ne la connaissaient pas. Hors Lady Clinton n'agissait aucunement ainsi, et c'était précisément ce qui perturbait tant la petite demoiselle. Comment savoir dans quel camp elle était ?

Des bruits venaient de l'extérieur, mais pour le moment, nul visage n'apparaissait dans l’entrebâillement de la porte. Face à Lady Clinton, Mary continuait sa conversation, si tant est que l'on puisse bien appeler cela conversation tant l'enfant était rongée par la colère, l'incertitude, le doute, la peur. Autant d'émotions qu'elle n'avait jamais ressenties vraiment jusqu'à ce funeste mois de juillet dernier. Le pire été de toute sa vie... Et Dieu seul savait si l'hiver n'allait pas être pire. Au vu des échanges entre les deux bien-nées, il n'était cependant pas possible d'accuser quiconque de complot ou de trahison pour la nouvelle reine ; car même si les propos échangés pouvaient rester dans le flou pour quelqu'un qui ne tendait pas l'oreille, tout observateur n'aurait pu que remarquer le mouvement de recul brusque de la jeune Grey. Restait à espérer que personne n'ait ouï ses propos sur les prières aux défunts. Parler comme elle venait de le faire risquait de la cataloguer aux rangs des protestants, chose que son coeur approuvait avec pertes et fracas, mais qui dans l'immédiat, ne lui causerait que du tort. Elizabeth Clinton, en face, ne releva pas, dirigeant la conversation sur la messe.

Pas un pli n'avait bougé sur son visage. Mary en avait-elle trop dit ? Allait-elle répéter ses propos à la reine dès qu'elle en aurait l'occasion ? Venait-elle de fournir aux Clinton l'arme qui allait annihiler ce qui restait de la noble et très ancienne famille des Grey ?

"Vous avez vu cette neige ? C’est magnifique, je me rappelle quand j’étais enfant, je m’amusais avec celle-ci et vous Mary, que faites-vous en cette période hivernal ?
- Oui, c'est beau, n'est ce pas ? Katty et moi avons fait un bonhomme de neige, hier après-midi. Et un château, aussi.
- Les bougeons, les belles senteurs vont bientôt arriver … Et, une nouvelle année s’annoncera !
- Une nouvelle année, et son lot de surprises sans doute, Lady Clinton. Un beau lot de surprises."


Oui, parler du temps était peut-être le mieux. Que disait l'adage, déjà ? "C'est l'angoisse du temps qui passe qui nous fait parler du temps qu'il fait." Enfin, mieux valait parler de cela que de messes ou de religion, sans quoi Mary risquait à nouveau de se trahir. Un jour, parviendrait-elle enfin à maîtriser les ficelles de la Cour d'Angleterre, ou était-elle condamnée à être un cas désespéré ? Un an plus tôt, elle s'en fichait complètement, mais à présent, elle en comprenait l'importance. L'enjeu n'était autre que la survie de sa famille. Un enjeu de taille, pour une fillette de huit ans qui avait connu un meilleur train de vie que les propres filles du roi.

"- Ne jamais perdre espoir mon enfant.
- Père dit que l'espoir fait vivre, et Père ne ment jamais."


Et voilà, c'était reparti. Le teint de Mary devint écarlate, et ses yeux se dirigèrent d'instinct vers la porte demeurée close, pour voir si quelqu'un était entré, et pour échapper au regard d'Elizabeth. Encore une fois, elle avait parlé sans réfléchir. En fin de compte, Frances Brandon avait raison : sa fille était bel et bien un cas désespéré. Mais bien vite, la gêne disparut, et le naturel de Mary reprit le dessus : celui de la fillette attachée à son père, à sa soeur, de l'enfant contrainte de devenir adulte, jetée dans cette fosse aux serpents qu'était la Cour sans savoir à quelle sauce elle allait être mangée.

Son naturel de fille d'Henry Grey, courageuse peut-être, mais surtout d'une fierté que rien, personne, ni la reine Tudor ni quiconque, ne pouvait ébranler.

"Mais vous, Lady Elizabeth, qu'avait vous à espérer de plus ? Vous avez tout ce que l'on puisse décemment souhaiter, à présent ! Titres, terres, un époux, une position, et la confiance de notre bien-aimée souveraine. Que vouloir de plus ?"

Le tout déclaré avec un sourire provocant et un regard similaire. Exit, la petite fille. Dans les yeux clairs que son père lui avait légués s'était à nouveau allumée la flamme amère du regard de l'adulte.

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MessageSujet: Re: « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary  « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary Icon_minitimeDim 12 Jan - 11:24
Mary Grey, jeune et douce enfant innocente plongée dans un monde remplis de vipères et de faux amis. Pauvre enfant … Je la regarde avec un sourire. Ai-je commis un impaire en lui parlant ? Aurais-je du me détourner d’elle ? Ce n’est qu’une enfant …. Mais sois disant sœur et fille d’un traitre. Les enfants sont-ils coupables de ce que font les adultes ? Sont-ils que des pantins face à la manipulation et l’avarice des adultes ? Mary est innocente. Sa sœur l’est également. Des bruits se rapprochent mais nul ne vient nous voir ni nous déranger. Je devrais arrêter de lui parler. Je reste calme sans rien dire d’autre. Je lui fais un sourire. Allais-je trahir de nouveau Jane ? Une fois cela a suffit. Je ne recommencerais pas d’autres mais je sais que je dois faire attention à mes paroles. Je dois éviter de mourir d’une triste façon, comme mes anciens membres de ma famille. D’une certaine façon, je reste une blanche colombe tachetée de rouge. En effet, des membres de ma famille ont été des traitres. Avec la petite Mary, nous parlons de la neige qui recouvre des parcelles de terrain ou sur d’autres lieux. Cette neige est froide. La petite évoque ces moments d’enfance avec sa sœur ainée, je ne connaissais pas la seconde fille des Grey. Enfin, je ne l’avais jamais abordé. Je lui souris. Je lui déclare de ne jamais perdre espoir, en effet, elle doit garder espoir même si ce qu’elle vit n’est que cendre et poussière. Pauvre enfant, pauvre petite. Elle parle de son père, je lui souris. Je dépose ma main sur son épaule et je la regarde avec un sourire. Je ne rajoute rien, je n’ai pas de mots à lui dire à ce stade. Je mordille mes lèvres puis j’enlève ma main et je détourne mon regard d’elle. Je plonge dans mes pensées le plus secrètes, les plus désirées. Je glisse ma main sur mon ventre sans vie, pourrais- je enfanter de nouveau et donner vie ? Je ne sais pas … Je crois que je suis maudite. En trahissant Jane, je n’ai pas eu d’autres enfants depuis mon précédant mariage. Si seulement, il avait une solution miracle, quelque chose pour redevenir mère. Je ne sais quoi faire, que faire réellement quand on ne peut plus enfanter ? Je l’ignore. Dois-je finir ma vie sans enfant à aimer ? Sans voir mes fils devenir des hommes influents et que mes filles deviennent des ladies. Oh que faire … Je fais un sourire léger. Je plonge mon regard vers la petite Grey.

Mary - Mais vous, Lady Elizabeth, qu'avait vous à espérer de plus ? Vous avez tout ce que l'on puisse décemment souhaiter, à présent ! Titres, terres, un époux, une position, et la confiance de notre bien-aimée souveraine. Que vouloir de plus ?
Elizabeth – En ayant tout cela, je suis en manque de quelque chose. Etre mère. Je désire que ceci, être mère de nouveau, avoir un enfant. Mais, j’ignore si Dieu pourra me redonner cette chance. Je ne sais quoi faire, je suis perdue. Je …

Des bruits se rapprochent, je me décale de Mary, je lui souris et je vais me ranger dans un autre endroit. La messe doit commencer d’ici quelques minutes. Des personnes arrivent, elles prennent places et nous allons bientôt prier. Prier pour plusieurs choses, nos familles, nos proches … Pour la Reine aussi. Je reste pensive. Que faire maintenant ? Je ne sais pas. La messe commence. Que va-t-il se passer encore ? Je ne sais pas également, je ne suis pas un oracle mais un simple grain de poussière ...
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MessageSujet: Re: « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary  « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary Icon_minitimeVen 21 Mar - 22:56
« Méfiez-vous des demi-vérité, vous avez peut être mis la main sur la mauvaise moitié »
Elizabeth Clinton & Mary Grey

Mary ne savait que penser. Le fait est qu'elle était complètement déconcertée : à quoi donc jouait Elizabeth Clinton ? Lorsque la blonde posa la main sur son épaule et lui sourit, les yeux de l'enfant allèrent plusieurs fois de cette main à ce sourire. Elle ne se dégagea pas comme elle l'avait fait plus tôt, pour la simple et bonne raison qu'elle ne savait pas quoi faire. Les personnes de la Cour en qui elle pouvait faire confiance, elle les connaissait : Katherine, Henry et Charles Stuart, Catherine Willoughby, Thomas Hertford, Anne Stafford, Elizabeth Tudor, Anya et William Cavendish, Mary Sidney. Ceux en qui elle ne pouvait pas, elle les repérait, soit par des murmures, soit par les regards noirs ou moqueurs, soit par des propos.

Avec Elizabeth Clinton, elle était perdue. Elle avait trahi Jane sous ses yeux. Elle avait retourné sa veste devant elle. Et elle, Mary, s'était jurée de ne plus jamais lui faire confiance, la cataloguant par là parmi les personnes qui avaient trahi sa famille, sa soeur, leur camp. Sauf qu'à présent, Elizabeth lui parlait comme on parle à quelqu'un que l'on juge digne de confiance, sinon pourquoi lui parlerait-elle de son désir de maternité ? Elizabeth lui faisait confiance, semblait-il, mais pourquoi ? Avait-elle un dessein derrière la tête ? Où souhaitait-elle en venir, au juste ? Mary ne savait pas, et Mary était perdue.

Et, plus encore, elle était compatissante.

La femme face à elle lui semblait tellement sincère, tellement triste aussi, à l'idée de ne pas avoir d'enfants. Contrairement à ses soeurs au même âge, Mary ne désirait en aucun cas être mère. Elle était un chevalier, comme son père ! Elle était faite pour se battre, pas pour avoir des enfants ! Mais c'était plus fort qu'elle, elle n'aimait pas voir les gens en souffrance. Même lorsqu'il s'agissait d'une traîtresse comme Elizabeth Clinton. Mais était-elle vraiment cela ? Longtemps, Mary l'avait pensé dur comme fer. Aujourd'hui, ses certitudes flanchaient.

Les fidèles commencèrent à entrer dans l'Eglise pour assister à la messe, catholique bien sûr. A l'instar d'Elizabeth, Mary se décala pour laisser passer l'afflux de personnes, et se faufila entre deux rangs de chaises. N'écoutant que son petit coeur impulsif, elle franchit l'espace qui la séparait de sa précédente interlocutrice, qui s'était installée un peu plus loin, et s'assit juste à côté d'elle. Mary Grey et Elizabeth Clinton, prêtes à assister à la cérémonie côte à côte.

La fillette se signa, se tourna à demi et chuchota, alors que le prêtre entamait son discours.

"Je vais prier pour Jane, vous savez, pour qu'elle puisse sortir de la Tour, parce-que je veux qu'elle sorte de la Tour et qu'elle reste avec moi. Mais je vais aussi prier pour vous, Lady Elizabeth, pour que vous puissiez avoir des enfants, et que si vous avez une fille, elle soit aussi belle, aussi douce, aussi douée que l'est Jane."

Sur ce, Mary se tut, et reporta son attention sur la cérémonie qui se déroulait sous ses yeux.

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MessageSujet: Re: « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary  « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary Icon_minitimeDim 30 Mar - 11:43
Les enfants sont l’incarnation de l’innocence, de la douceur et de la nativité. Mary fait partie de ces enfants là, ils sont jeunes pour comprendre les machinations de la cour ou pour pouvoir y survive. Je regarde la sœur de Jane, je lui avoue mon désir d’avoir un enfant, oui, des enfants qui pourront réchauffer mon âme douloureuse. Des enfants qui pourront me rendre heureuse, des enfants pour qui je me battrais jusqu’à ma mort. Un enfant pour qui je donnerais mon amour, mon lait et ma vie. Oh Dieu écoutez mes prières, soyez bon, je vous en conjure. Mais notre Seigneur pourra-t-il m’écouter moi qui aie trahi ma meilleure amie ? Pourra-t-il m’accorder ce présent ? J’accepterais milles souffrances pour avoir un enfant, un seul. Je dois y croire que Dieu va réaliser mes vœux. Un miracle peut arriver, n’est-ce pas ? C’est quand on est dans la tourmente, dans un gouffre qu’il arrive qu’une lueur d’espoir et celle-ci nous permet de vivre. Ces sages paroles venaient de mon père, cet homme qui a été exécuté par un souverain anglais. J’ai du sang de traitre dans mes veines et pourtant, je ne veux pas l’être. C’est malgré moi que je suis devenue ainsi, c’est malgré moi que j’ai trahi ma meilleure amie. Oh Jane, pardonnez-moi. Pardonnez-moi mon crime. En pensant à mon feu père, mon cœur se serra. Je n’ai pas vraiment connu mon père ni mes autres proches car à sept ans, j’ai quitté l’Irlande pour l’Angleterre. L’enfance est une époque bénie des cieux.

L es fidèles arrivent, je me déplace de quelques rangs mais pas si loin de cette enfant, douce enfant … Que Dieu te protège Mary, qu’il soit clément sur ton enfance. Oh Dieu, épargnez cette enfant du chagrin qui peut l’accabler. Soyez miséricordieux avec elle. Elle est qu’une enfant … L’enfant se rapproche à côté de moi, je lui accorde un sourire. Les vipères verront-elles que l’enfant est prés de moi ? Moi qui aie trahie sa sœur. Oh faites que ces vipères ne voient rien. Faites-le. Je me signe et je vois l’enfant se retourner vers moi.

Mary - Je vais prier pour Jane, vous savez, pour qu'elle puisse sortir de la Tour, parce-que je veux qu'elle sorte de la Tour et qu'elle reste avec moi. Mais je vais aussi prier pour vous, Lady Elizabeth, pour que vous puissiez avoir des enfants, et que si vous avez une fille, elle soit aussi belle, aussi douce, aussi douée que l'est Jane

Elizabeth – Vous êtes généreuses Mary, je vous remercie (Lui dis-je en chuchotant) et qu’elle soit aussi généreuse que vous Mary. (Lui-je d’une voix douce mais en murmurant)

La messe commence, un silence mortuaire résonne dans la salle. Or, des voix se font entendre. Deux personnes discutent derrière Mary et moi. Je regarde Mary discrètement et je rapporte mon attention sur le prête qui officiait la messe.

Voix 1 – Lady Joanna, est-ce bien cette Lady Clinton et la fille du traitre qui sont ensembles ? Il n’est pas bon pour Lady Clinton de la voir avec une enfant comme les Grey. Pensez-vous qu’elles conspirent contre notre Reine ?
Voix 2 – Il me semble. Cette femme a quelque chose à se pardonner. Je me demande si elle n’est toujours pas dans le clan des Grey. Après tout, parler à un enfant d’un traitre n’est pas significatif de sa trahison ? Et oui, je pense qu’elles conspirent contre notre reine.

Je les écoute sans rien dire. Je reste de marbre, gardant mon masque froideur. Il est inutile de leur parler bien qu’elles m’attaquent. Elles se taisent. Je jette un regard vers Mary. La messe est presque fini, les fidèles s’avancent pour prendre l’hostie. Puis, c’est au tour de Mary et moi de le prendre et enfin la messe prend et La salle se vide. Nous restons seules avec Mary mais il reste toujours le prête. Je regarde l’enfant avec un sourire. Je commence à partir, je ne voulais pas que ce prête écoute nos paroles et qu’ils le rapportent bien que les prêtes ne doivent pas être des personnes qui s’occupent des affaires comme celle-ci.

Elizabeth – Qu’allez-vous faire maintenant Mary ?
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MessageSujet: Re: « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary  « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary Icon_minitimeSam 19 Avr - 20:51

"Et qu'elle soit aussi généreuse que vous, Mary."

Un murmure, un simple murmure, qui suffit à couper le souffle de la fillette quelques secondes. Elle, généreuse... Ce n'était pas l'adjectif qu'elle avait l'habitude d'entendre à propos de sa petite personne. Non que quiconque la dise méchante ; mais effrontée, rebelle, virulente, ça, elle savait qu'elle l'était. Généreuse, nul ne lui avait jamais dit, sauf peut-être Katherine, et sa vieille gouvernante irlandaise. C'était Jane, la généreuse. Jane, la douce. La belle, la tendre, l'aimable Jane. La scintillante étoile. Tellement scintillante que son aura éclipsait inlassablement ses deux cadettes.

Mary rougit de ses pensées : elle jalousait sa soeur, alors que celle-ci était à l'heure actuelle cloîtrée dans une cellule sordide de la Tour, maudissant tantôt son beau père, tantôt son époux, tantôt son père même, qui savait. Cernée par les murs de pierre humide, vêtue de haillons, mangeant ce que l'on voulait bien lui laisser, avec pour seule vue la pelouse de ces lieux maudits où tant d'autres avant avaient perdu la tête. Des noms qui devaient sans cesse revenir à ses pensées comme ils revenaient à celles de Mary. Thomas More, Anne Boleyn, Thomas Cromwell, Margaret Pole, Katherine Howard, Jane Boleyn... Le nom de Jane Grey s'inscrirait-il à leur suite sanglante ?

Alors que la cérémonie commençait, Mary baissa les yeux et se mit en position de prière. Elle priait pour Elizabeth Clinton, pour qu'elle puisse mettre au monde cet enfant qu'elle semblait tant espérer, elle priait pour le salut des siens, pour que Mary Tudor fasse preuve de cette miséricorde tant prônée par la Bible, et elle priait pour elle-même, pour que le Seigneur gomme la jalousie qui la tiraillait encore chaque fois que le radieux visage de Jane se dessinait dans ses pensées.

Pensées qui furent bien vite accaparées, non par la messe, ni par la prière, mais par deux Ladies installées juste derrière Mary et Elizabeth, et dont les voix portaient sans mal aux oreilles de l'enfant, qui serra les poings, toute colère revenue. La fille du traître... Elle se retourna d'un coup.

"Dites donc, ça vous dérangerait de faire preuve de discrétion ? Nous sommes dans une chapelle, que Diable ! Allez répandre votre venin plus loin, voulez-vous ?"

A nouveau, Mary pivota pour se mettre face à la scène qui se déroulait sous ses yeux, tournant le dos aux Ladies. D'autres l'avaient-ils entendue ? Elle ne savait pas, et à vrai dire, elle s'en fichait bien. N'avait-elle pas raison ? La messe était un moment de paix, c'était communément admis des protestants et des catholiques. On n'allait pas la blâmer pour avoir voulu prier au calme, si ? Elle jeta un discret coup d'oeil à Elizabeth. Son visage était sans expression, ses traits aussi froids que le marbre. Elle ne disait rien, ne bougeait pas. Mary connaissait cette expression : sa mère avait la même. Les paroles venimeuses des deux de derrière l'avaient-elles blessées ?

Brusquement, la fillette fut prise d'un accès de compassion pour sa vis-à-vis, et elle eut une envie folle de se blottir contre elle, de lui dire de ne pas écouter et de ne pas s'en préoccuper, de lui dire que tout allait bien se passer. Comme elle le faisait avec Katherine. Comme son père le faisait quand elle revenait d'une escapade en campagne, le visage tuméfié et les genoux écorchés. Comme Jane le lui avait fait chaque fois que Frances Brandon s'était montrée injustement froide, sévère, punitive envers sa dernière fille.

Comme si, quelque part, Elizabeth Clinton faisait partie de sa famille.

Mais au dernier moment, elle se retint, quand les mots des Ladies affluèrent à sa mémoire. Il n’est pas bon pour Lady Clinton de la voir avec une enfant comme les Grey... Cette femme a quelque chose à se pardonner... Je me demande si elle n’est toujours pas dans le clan des Grey. Après tout, parler à un enfant d’un traitre n’est pas significatif de sa trahison ?... Je pense qu’elles conspirent contre notre reine. Mary se ravisa. Ses yeux clairs rivés sur le sol, elle se leva machinalement et s'avança pour prendre l'hostie, avant de s'en retourner à sa place et de regarder sans les voir les fidèles s'en aller.

"Qu’allez-vous faire maintenant Mary ?"

Les prunelles de Mary allèrent du visage bienveillant de Lady Clinton à celui, plus lointain, du prêtre. Elle se demanda lequel des deux était le plus apte à la trahir, avant de répondre avec un haussement d'épaules.

"Je ne sais pas. Je vais rejoindre Katty, sans doute, et puis on ira se promener avec les chiens. Et vous, Lady Elizabeth, qu'allez vous faire, maintenant ?"

Demander une audience avec Mary Tudor et tout lui raconter ?
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MessageSujet: Re: « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary  « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary Icon_minitimeLun 21 Avr - 18:03
Les fidèles sont dans ce lieu saint et sacré. Je reste aux côtés de la petite Mary, sœur de Jane Grey. Je murmure à cette petite fille que j’aimerais que mon enfant soit aussi généreux qu’elle. Oui, ma fille sera comme Mary Grey si Dieu m’accorde ce souhait de porter un enfant dans mes entrailles. Or, ce n’est pas encore le cas. La messe commence dans le calme, or, des vipères parlent derrières nos dos. Comment osent-t-elles semer la discorde ? Ce sont des idiotes. L’enfant leur parle et je prie pour que ces viles vipères se taisent et nous laisse écouter la messe en paix. Je regarde Mary d’un regard calme. Je prends mon masque de froideur pour me protéger contre ces attaques. La messe prit fin après que nous avions pris l’hostie. La salle se vide, il ne reste plus que Mary, le prête et moi. Je regarde la jeune enfant et je lui demande ce qu’elle va faire.

Mary - Je ne sais pas. Je vais rejoindre Katty, sans doute, et puis on ira se promener avec les chiens. Et vous, Lady Elizabeth, qu'allez vous faire, maintenant ?"
Elizabeth – Je ne sais pas encore, je pensais aller au cimetière voir les tombes de mes enfants mais je n’ai pas le courage d’y aller. (Je regarde la pièce, elle est vide, je me demande où est le curé. Je reporte mon attention sur la petite) Je suis désolée des propos que vous avez entendue Mary. Je n’ai jamais voulu ce qui s’est passé pour ... elle ( Je l’observe, je suis consciente qu’on pouvait nous écouter et rapporter ma confidence à Mary). Faites attention à vous Mary. Je ne sais pas quand nous pourrions nous voir ou nous parler. Mais sachez que si je me montre froide ou que je fais semblant de vous éviter, ce n’est pas contre vous Mary. Nous devons essayer que cette Reine ne nous détruise encore plus. Nous devrons être prudentes. Mais sachez que je ne porte pas cette femme dans mon cœur. Votre sœur mérite mieux, elle ne doit pas à avoir subir ça. Mary, promettez moi d’être prudente ? ( Je met à son hauteur et je lui caresse la joue maternellement) Je n’aimerais pas que la sœur bien-aimée de ma meilleure soit en danger à cause de moi. Maintenant, faisons-nous comme si je n’avais pas évoqué ceci. Mais je vais essayer de vous aider Mary, je ne sais pas si je pourrais libérer Jane, ça serait trop dangereux mais je pourrais vous aider, vous, Mary. En étant votre amie secrète, si vous le voulez. Ne croyez pas que j’irais demander une audience à cette Reine que je méprise. Je suis de votre côté Mary.

Je la regarde. Je me relève. Qu’allons-nous faire ? Je porte ma main sur mon cœur, ce dernier bat si vite. Je respire doucement et tente de me calmer. Je serre mes points doucement et je ferme les yeux. J’ai si peur. Si mon époux sait cet échange, il risque de se mettre en colère et de m’en vouloir. Il voulait sans doute sauver nos têtes pour avoir fait ce qu’il a fait. Mais, est-ce plus ? Le pouvoir. Je repose mon attention sur Mary. Que va-t-elle dire ou faire ? Je ne sais pas encore.

Elizabeth – Allez rejoindre votre sœur Mary, ne vous inquiétez pas. L’espoir fait vivre ! Quant à moi, je vais essayer de penser à autre chose … A bientôt ma chère amie … Prenez soin de vous (lui dis-je en commençant à marcher vers l’entrée. )

Est-ce finit maintenant notre entrevue ? Que va-t-il se passer d’autre ? Je ne sais pas. Nous verrons avec Mary. Pour l’instant, c’est délicat.
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MessageSujet: Re: « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary  « On ne se méfie jamais assez des mots » Elizabeth & Mary Icon_minitimeJeu 15 Mai - 16:29

La méfiance de Mary, qui s'était réanimée à l'idée qu'Elizabeth Clinton puisse demander audience à Mary Tudor et tout lui raconter, s'émoussa aussi brusquement qu'elle était née lorsque la jeune femme parla des tombes de ses enfants. Oui... Cela lui revenait, à présent, Jane en avait déjà parlé. Elizabeth Clinton avait perdu ses fils, tout comme Frances Brandon avait perdu les siens dès la naissance, voire avant. C'était la gouvernante d'Irlande qui le lui avait dit, Frances elle-même n'en parlait jamais. Jane n'était alors pas encore née.

Mary ignorait tout de la maternité. Tout ce qu'elle savait, c'était que contrairement à ses soeurs au même âge, elle ne voulait pas d'enfants, comme si déjà, elle sentait qu'elle n'avait aucun instinct maternel. En cela, elle était plus proche de sa cousine Elizabeth que de sa soeur Katherine... Bien qu'elle savait que si Katherine mettait un jour des enfants au monde, elle les chérirait aussi, puisqu'ils seraient nés de sa soeur. Mais ce sentiment étrange qui unissait une mère à son enfant, elle ne ressentait aucune envie de le connaître. Peut-être parce-que sa mère à elle ne l'avait pas, ou ne semblait pas l'avoir. A moins que...

Frances Brandon se rendait-elle aussi sur les tombes de ses fils mort-nés, comme le faisait Lady Clinton ?

Voilà une chose que Mary avait du mal à concevoir. Mais brusquement, la fillette cesse de penser à ces histoires de maternité. Les paroles d'Elizabeth emplissent l'air, et elle les écoute avec une attention ni feinte, ni dissimulée. 'Elle', c'est Jane : cette certitude fait bondir le coeur de Mary. Et Lady Clinton n'a jamais voulu que tout cela lui arrive ? Pourquoi l'avoir trahie, alors ? La question brûle les lèvres de l'enfant, qui se retient de la poser juste parce-que son interlocutrice continue de lui parler, et qu'elle ne veut en aucun cas perdre une miette de ses paroles.

"Mary, promettez moi d’être prudente ?"

Alors là, c'est le sommet de l'inattendu. Tout trouvait sens : la froideur, l’évitement. Elizabeth n'aime pas la Reine. A nouveau, alors que la rancoeur de la fillette à l'égard de la blonde Elizabeth achève de se tasser, nait la question fatidique : pourquoi avoir trahi Jane ? Si elle ne porte vraiment pas la Reine dans son coeur, comme elle le dit si bien, pourquoi l'avoir aidée à asseoir son pouvoir ? Pourquoi ne pas avoir plutôt aidé la seule vraie Reine d'Angleterre, au lieu de lui tourner le dos lorsqu'elle en avait le plus besoin ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Mais ces questions ne connaîtront pas de réponse maintenant. Peut-être même n'en connaîtront-elles jamais. Lorsque les yeux clairs de Mary interceptent ceux, non moins clairs, d'Elizabeth, ce n'est ni froideur ni haine qu'elle lit, mais un réel souci. Lui reviennent alors à l'esprit les tombes de ses enfants.

Au fond, elle ne devait pas être plus âgée qu'eux à leur mort. Mary baisse les yeux, les relève.

"Je vous le promet," et elle croit alors dur comme fer aux paroles qu'elle prononce. Même si cette promesse risque de s'envoler dès que la prochaine occasion de fuguer se présentera, pour l'heure l'esprit de Mary n'est pas à ça. Lorsque Lady Clinton se baisse et lui caresse la joue, Mary se laisse faire sans peine. De la colère qu'elle ressentait au début de cette entrevue, il ne reste plus rien. A la place, c'est la compassion, presque l'affection, qui naissent.

"- Je n’aimerais pas que la sœur bien-aimée de ma meilleure soit en danger à cause de moi. Maintenant, faisons-nous comme si je n’avais pas évoqué ceci. Mais je vais essayer de vous aider Mary, je ne sais pas si je pourrais libérer Jane, ça serait trop dangereux mais je pourrais vous aider, vous, Mary. En étant votre amie secrète, si vous le voulez. Ne croyez pas que j’irais demander une audience à cette Reine que je méprise. Je suis de votre côté Mary.
- Et moi du vôtre, My Lady, si vous êtes du côté de Jane, alors vous êtes du mien. Nous sommes dans le même camp, comme une armée de chevaliers face à une autre, pas vrai ? Je ne parlerais à personne de ce que nous avons dit aujourd'hui, pas même à Katty. Car c'est cela, non, être des amies secrètes ? Être amies, mais ne le dire à personne ?"


Mary trouvait l'idée bien étrange, mais après tout, pourquoi pas ? Elizabeth n'avait peut-être pas envie que toute la Cour sache qu'elle était amie avec la fille du traître. Et puis, cette histoire de secret l'excitait un peu : les secrets, c'était une affaire de grandes personnes, or elle aspirait par dessus tout à cesser enfin d'être une petite fille et à enfin, devenir une grande personne. Laisser éclater le chevalier qui sommeillait en elle, et ne plus jamais voir quiconque des siens mis à mal. Venger leur honneur.

"Vous aussi, prenez soin de vous, Lady Clinton," sourit Mary en prenant le chemin de la sortie. "Père dit qu'on trouve de la lumière même lorsqu'il fait tout noir, à condition de bien chercher. Moi, c'est ce que je fais quand il fait noir dans ma chambre, et que j'ai peur. Je n'ai toujours pas trouvé la lumière, même si j'ai cherché jusque sous mon lit, mais je sais qu'elle est là. L'espoir, c'est un peu une lumière, non ? Si on cherche bien, on devrait trouver. Et ne vous inquiétez pas pour les deux imbéciles de tout à l'heure."

Le sourire de Mary s'élargit.

"Bientôt, je leur ferais ravaler leurs crocs, vous allez voir."


Sur ce, elle esquissa une courbette pour saluer Elizabeth Clinton de la façon la plus polie qu'elle le pouvait, et une fois hors de la Chapelle, elle détalla à fond de train vers ses appartements. Elle comptait bien tenir sa promesse de ne raconter cette entrevue à personne, mais à l'heure qu'il était, Katherine devait s'être réveillée, et peut-être s'inquiétait-elle de ne pas la voir arriver. Avait-elle prévenu leur mère ? Pitié, non ! A cette pensée, les jambes de la fillette redoublèrent de vélocité, et elle courut à fond de train pour rejoindre sa grande soeur.
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