Owen Faulkner

"À mon signal, déchaine les enfers." TON PERSONNAGE PRÉNOM & NOM Owen Faulkner. AGE 28 ans. DATE DE NAISSANCE 13 juillet 1525. ORIGINE Galloise. SITUATION FAMILIALE Célibataire. MÉTIER Lance-caporal of Horse (vice-caporal de cavalerie). GROUPE La Garde Royale. CRÉDITS Tumblr et MJ. LE JOUEUR PSEUDO Kaya/Moondance. AGE 18 ans. OU AS-TU CONNU LE FORUM? J'étais Aliénor Fitzwalter, mais si on remonte encore, sur GOTA ^^. TON AVATAR Richard Madden *.* VOTRE PERSONNAGE EST-IL HISTORIQUE OU FICTIF? Fictif. VOULEZ-VOUS ÊTRE PARRAINÉ? Non merci, je connais un peu la maison

▬ QUELLE EST VOTRE RELIGION ET QUE PENSEZ-VOUS DES CHANGEMENTS RELIGIEUX DU PAYS? Je suis catholique, comme la Reine Mary et son nouveau gouvernement, parce-que en les temps qui courent, c'est préférable. En réalité, j'avoue avoir ma notion propre de la religion et des courants religieux. Catholicisme, protestantisme, autant de guerres pour rien, de sang versé pour, finalement, peu de choses. Une lutte de pouvoir, voilà tout. Moi, je crois en la vie, peu importe si il y a ou non un Dieu derrière tout ça, ce qui compte n'est pas la vie après la mort, mais de vivre avant d'être mort. Je plie le genou devant le pouvoir en place, même si intérieurement, je me fiche bien de la fidélité au Pape, à l'Espagne, à toutes ces entités que rejette vertement le protestantisme. Ces bouleversements qui traversent l'Angleterre ne me mettent aucunement en porte-à-faux, même si ils ne sont pas pour me rassurer : trop de sang a déjà coulé, combien de victimes faudra-t-il pour qu'enfin, la tolérance soit acceptée ?

▬ QUE PENSEZ-VOUS DE LA NOUVELLE REINE D'ANGLETERRE? Elle a été Princesse de Galles, et en tant que Gallois, je ne puis que la respecter. Qu'elle soit maintenant la Reine d'Angleterre ajoute au respect que j'ai pour elle. A l'admiration, aussi ? Sans doute, oui. Je ne connais pas beaucoup de femmes qui auraient les épaules assez larges pour supporter ce qu'elle a supporter, pour se battre comme elle s'est battue. Mary Tudor mérite, à mes yeux, sa couronne. Elle a la tête assez froide et assez forte pour la soutenir. Cependant je crains sa politique religieuse, pas pour moi-même, mais pour le peuple d'Angleterre. Je suis un chevalier, je me dois de protéger ma Reine et son peuple... Mais si la Reine à laquelle j'ai prêté serment m'ordonne de persécuter, d'interroger, de m'en prendre à ces innocents que je dois aussi protéger, comment dois-je réagir ?

▬ QUE PENSEZ-VOUS DE JANE GREY? Le martyr protestant par excellence, et à mon sens une demoiselle bien jeune pour avoir mérité un tel sort. Je ne la connaissais pas, pas plus que Mary, je l'avais entrevue lors de son triste couronnement, mais le châtiment qu'elle a écopé était disproportionné : quelle fut sa faute, à cette frêle jeune fille de seize ans, sinon d'avoir, comme elle l'a si bien dit, remis sa confiance entre de mauvaises mains ? Northumberland, son beau-père, ou le duc de Suffolk, son père, étaient bien plus coupables qu'elle. La Reine Mary espérait sans doute tuer dans l'oeuf toute éventuelle révolte protestante, elle n'a fait que leur donner une cause supplémentaire pour laquelle se battre. Jane Grey sera aux protestants d'Angleterre ce que Lucrèce était aux opposants des Tarquins. Le sang n'a pas fini de battre le pavé de Londres...

▬ AGISSEZ-VOUS DANS L'OMBRE POUR VOTRE CAUSE OU VOTRE FOI, SI OUI QUE SERIEZ-VOUS PRÊT A FAIRE ? Agir dans l'ombre ? Pourquoi, pour prendre le risque de perdre la tête ? Non, merci, elle n'est peut-être pas au goût de tout le monde, mais je tiens à la garder sur mes deux épaules ! Ma foi est-elle suffisamment forte pour que je me batte, et meure ? Non, certes pas. Comme je l'ai énoncé précédemment, ma religion est celle de la vie. Tant que je me lève le matin, que mon coeur bat et que mon sang coule dans mes veines, tant que je peux encore rompre le fer avec mes camarades, déambuler de tavernes en tavernes dans Londres, et rire un bon coup, je n'ai pas de quoi me plaindre. Il est hors de question que je risque tout, depuis la position que j'occupe au sein de la Garde jusqu'à ma vie même, pour une histoire de religion, de cause, ou de quoi que ce soit.

Nowhere man

"Hééé, Papa, Papa, raconte moi encore l'histoire, tu sais, quand tu m'as trouvé !
- Je te l'ai déjà racontée cent fois, Owen.
- Mais raconte encore !
- Inutile. Et si tu me la racontais, toi ? Tu l'as tellement entendue que tu dois la connaître par coeur, maintenant."

Le garçonnet eut un sourire en coin. Ses yeux clairs pétillaient de malice et lorsqu'il s'adossa à sa chaise pour regarder le visage à la fois blasé et amusé de son père adoptif, il eut un rire. Avec fracas, il lâcha sa cuillère dans son assiette de soupe et éclaboussa ainsi la table, arrachant un soupir à l'homme face à lui. Sourire penaud qui devint vite sourire tout court, Owen se racla la gorge et commença son récit.

"C'était devant l'Eglise, celle qu'il y a la bas", du pouce, il désigna la direction, "et c'était tôt le matin, et il faisait froid même si c'était l'été, parce-qu'il avait plu la veille, et qu'il fait pas souvent chaud ici. Et tu as entendu crier, parce-que... Parce-que... Parce-que quoi, déjà ?
- A ton avis ? Parce-que tu hurlais à en réveiller toute la ville ! Quoique la ville, elle était déjà réveillée...
- Ah, ben voila. Donc je criais très fort mais les gens autour parlaient très fort parce-que c'était le marché, et tu m'as trouvé sur le parvis, et je criais toujours parce-que j'avais faim parce-que j'avais pas mangé depuis longtemps, et tu m'as pris dans tes bras et donc j'ai arrêté de pleurer parce-que...
- Dis donc, jamais tu n'arrêtes de répéter des "parce-que" ?
- Ben faut bien que j'explique ! Sinon tu vas pas comprendre !
- Comment veux-tu que je ne comprennes pas une histoire que je t'ai raconté et que j'ai vécu ?
- Mais c'est toi qui dit qu'il faut bien expliquer ce qu'on veut dire !
- Owen, finis ta soupe.
- J'aime pas le chou.
- M'en fiche, il n'y a que ça. Alors mange, sinon tu auras faim toute la soirée."

Le jeune garçon ronchonna quelques secondes, puis se décida a reprendre sa cuillère et à finir cette satanée soupe en silence : chaque fois qu'il levait la tête et ouvrait la bouche pour parler, son père lui faisait signe de se taire et de continuer à manger. Une bouchée, puis deux. Il détestait la soupe au chou, mais le pécule familial ne permettait pas encore d'aller plus loin. Un jour, peut-être ? Owen savait que pour ça, il avait encore beaucoup à apprendre de son père, même si déjà, il se montrait doué : en ce jour, il avait réussi a chaparder une tourte chaude juste avant le repas de midi, quelques pommes et un saucisson. "C'est un bon début", avait approuvé son père, alors que le coeur du petit se gonflait de fierté.

La cuillère retomba avec fracas dans l'assiette.

"J'ai fini !
- Bon, et bien maintenant, tu peux parler autant que tu veux !"

Les mots à ne jamais dire à un enfant aussi bavard que l'était Owen. Un quart de seconde plus tard, il s'était lancé dans une description détaillée à l'extrême des échoppes sur la place du marché, des commerçants venus des quatre coins du pays, de la boulangère qui lui donnait toujours des restes de pain quand il lui souriait gentiment, de la médaille autour de son cou, dernier vestige de sa mère qu'il n'avait jamais connu, en somme de tout ce qui faisait son univers. Et son père adoptif, affichant un sourire entre amusement et agacement, tentait tant bien que mal de faire abstraction du bavardage incessant du petit. Alastair Faulkner était un homme rude, mais non dénué de compassion ou d'empathie : c'est tout naturellement qu'il avait recueilli Owen lorsque, six ans plus tôt, il l'avait trouvé tout bébé, abandonné sur les marches de pierre de l'église de Bangor, en plein jour de marché. L'enfant avait été pour lui, qui n'en avait point, la plus grande source de joie qui lui fut donné de connaître, et pas un instant il n'avait regretté son acte.

Et pourtant, que pouvait-il donner à cet enfant ? C'était la question qui lui taraudait l'esprit assez fréquemment. Qu'avait-il à offrir à un garçon plein de fougue et de vivacité comme l'était Owen ? Alastair était issu d'une famille pauvre, miséreuse même. De toute sa vie, il n'avait pu compter sur personne d'autre que sur lui-même, et il avait fini par devenir le pur produit de son monde : un mendiant, un voleur. Son fils et lui vivotaient à présent dans cette vieille mansarde abandonnée, à demi en ruine, dérobant ce qui se trouvait à leur portée pour s'assurer une quelconque subsistance. Owen était encore trop jeune pour le comprendre, lui qui voyait son avenir auréolé d'étoiles comme tous les enfants, mais père et fils étaient dans la survie la plus totale. Pour Alastair, l'avenir se limitait au lendemain. "A chaque jour suffit sa peine", dit le proverbe, Faulkner père l'appliquait à la lettre, et en allant se coucher le soir, il n'était jamais certain de pouvoir subvenir à ses besoins et ceux de son fils le lendemain. Etait-ce vraiment l'avenir qu'il souhaitait pour Owen ? Non, évidemment, aucun père ne souhaite que son fils vive dans la misère et la survie constante. Pourtant, que pouvait-il lui transmettre d'autre que ce qu'il connaissait, à savoir le vol, et cette misère, cette survie qui scandait leurs vies ?

"Papa, tu ne m'écoutes plus, ce n'est pas gentil, ça !
- Pardon, p'tite tête. Tu ne crois pas que c'est l'heure d'aller te coucher ?
- Pas sommeil," grogna Owen en baillant à s'en décrocher la mâchoire.
"Mais bien sûr, et moi je vais hériter du trône d'Angleterre. Au lit, boule de nerfs !
- Je veux pas aller dormiiiiiiiiiiiiir !
- Tu y iras quand même. Retire tes bottes avant de tout salir. Et plus vite que ça !"

Bon gré mal gré, sans se départir d'une moue boudeuse, le garçonnet obéit à son père, retira une a une ses couches de vêtements - récupérés ici et là - jusqu'à se retrouver en pantalon et blouse sale, avant d'aller s'enrouler dans les épaisses couvertures de laine chargées sur l'unique lit de la pièce, qu'ils partageaient. Alastair les remonta sous le menton d'Owen avant de l'embrasser sur le front. Déjà, ses yeux se fermaient.

"Demain, je te montrerais comment voler des mouchoirs de soie aux bourgeoises du coin. Tu verras, quand on a le coup de main, c'est facile. Dors, maintenant."

Les deux derniers mots étaient inutiles : Owen s'était déjà endormi. Alastair eut un rire, avant de grommeler : "eh bien, pour quelqu'un qui ne voulait pas aller dormir..."


A suivre...