Jane Dormer

" Je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier ou alors je refuse ! Je veux être sûre de tout aujourd'hui, et que tout soit aussi beau que quand j'étais petite, ou mourir... " TON PERSONNAGE PRÉNOM & NOM ♦ Jane Dormer AGE ♦ Seize ans DATE DE NAISSANCE ♦ Le six janvier mille cinq cent trente huit ORIGINE ♦ Britannique SITUATION FAMILIALE ♦ Orpheline de mère depuis ses quatre ans, elle vit en compagnie de sa grand-mère, de son père, de sa belle-mère et de ses nombreux frères et soeurs ; elle n'est pas mariée MÉTIER ♦ Dame d'honneur de Sa Majesté la Reine Mary GROUPE ♦ La noblesse d'Angleterre CRÉDITS ♦ Tumblr (header) et Lady Nadira (avatar) LE JOUEUR PSEUDO ♦ Ethelred AGE ♦ Dix-huit ans OU AS-TU CONNU LE FORUM? ♦ En fouinant sur Google ^^ TON AVATAR ♦ Caitlin Stacey VOTRE PERSONNAGE EST-IL HISTORIQUE OU FICTIF? ♦ Historique VOULEZ-VOUS ÊTRE PARRAINÉ? ♦ J'ai tellement retourné le forum et les annexes que je devrais m'en sortir !

▬ QUELLE EST VOTRE RELIGION ET QUE PENSEZ-VOUS DES CHANGEMENTS RELIGIEUX DU PAYS? ♦ Je suis catholique, comme notre bonne Reine Mary Ière. Je crois en Dieu, en les Sept Sacrements, en la représentation de Dieu sur la sainte personne du Pape, en l'Eglise Romaine, et pour ce, voir le catholicisme revenir en Angleterre me satisfait énormément. Je me réjouis de voir mon pays retourner dans le giron de Sa Sainteté, et ainsi voir son nom à nouveau couché auprès de ceux des Royaumes fidèles à la seule vraie religion, catholique et apostolique.

▬ QUE PENSEZ-VOUS DE LA NOUVELLE REINE D'ANGLETERRE? ♦ La Reine Mary est une femme d'exception, que je suis honorée ainsi qu'enchantée de servir comme je le fais. J'ai beaucoup d'admiration pour cette femme forte, et je suis heureuse de la voir assise sur ce trône qui est le sien, coiffée de la couronne de St Edward. La Reine est à mes yeux davantage qu'une souveraine, elle est une guide et une protectrice, qui n'est pas sans me rappeler, parfois, ma mère, retournée depuis longtemps auprès de Dieu.

▬ QUE PENSEZ-VOUS DE JANE GREY? ♦ Une jeune fille de mon âge, bien triste histoire que celle de Jane Grey. Son sort m'a affectée, je l'avoue, moi qui ai tant envie de voir ce que l'avenir me réserve, voir une demoiselle de seize ans se faire trancher la tête m'a profondément perturbée, toute protestante qu'elle ait été. Je ne puis m'empêcher de songer que j'aurais pu, dans d'autres circonstances, connaître un tel sort : feu ma mère était, elle aussi, adepte de la religion réformée. Je me reconnais, quelque part, en Jane Grey, mais pour le bien de l'Angleterre et du catholicisme, il fallait qu'elle meure.

▬ AGISSEZ-VOUS DANS L'OMBRE POUR VOTRE CAUSE OU VOTRE FOI, SI OUI QUE SERIEZ-VOUS PRÊT A FAIRE ? ♦ Agir dans l'ombre ? Je n'en ai pas la moindre intention ! Je ne suis même pas certaine de ce que cette expression signifie exactement... Je veux être un modèle de piété et de vertu, je m'efforce d'être douce et honnête, avec moi-même comme avec les autres. Je n'y arrive pas toujours, mais qu'importe : en aucun cas je ne veux être de ces comploteurs, de ces vipères qui affluent à la Cour. Mes intentions sont pures et claires, et je n'en démordrai pas.

Love should be enough

Ton histoire commence par un matin de janvier, froid, venteux et lumineux.

Tu vis pour la première fois la lumière du jour en ce six janvier de l'an de grâce quinze-cent trente huit, dans la ville d'Eythrope, au creux du Buckinghamshire. Tu ne te souviens plus des sentiments qui affluèrent alors qu'enfin, après neuf mois d'attente, tes yeux s'ouvraient sur le monde. Mais ceux qui étaient alors autour de toi s'en souviennent, eux qui n'avaient d'yeux que pour toi.

Tu étais lovée dans les bras de ta mère, Mary Sidney, fille de Sir William Sidney. Elle te berçait tendrement en chantant à voix basse, de son timbre clair et doux, non dénué de lassitude cependant, suite aux heures de travail dues à ta naissance. Avec elle se tenait un homme qui, le bras passé autour des épaules de ta mère, te regardait, toi, petite Jane. Cet homme-là, sombre et taciturne, mais capable d'amour profond, c'était ton père, Sir William Dormer. Et autour de votre trio, trois visages revenaient sans cesse devant tes yeux. Tes frères, Thomas et Robert, ta soeur Anne. A l'autre bout de la pièce, droite comme un i, un léger sourire étirant les commissures de ses lèvres, se tenait ta grand-mère, Jane Newdigate, sans doute attendrie par le spectacle qui se jouait sous ses yeux.

Et voilà comment tu vins au monde, Jane. Maintenant, il te restait encore à grandir. Car si naître est une bataille, vivre est une guerre, tu sais.

Tu étais une enfant vive et curieuse, et dans tes prunelles dorées scintillaient la malice, la bonté, l'espièglerie. Pour autant, tu étais une demoiselle fort sage, en comparaison avec cette soeur aînée, Anne, avec qui tu ne t'entendais pas vraiment. Tu préférais la compagnie de tes frères, eux étaient moins futiles et plus promts à répondre à tes questions. Car des questions, tu en avais par poignées. Tu voulais tout comprendre, tout connaître, tu ne supportais pas de ne pas savoir. Mais tu savais te montrer patiente, calme, et lorsqu'on te donnait une explication, tu écoutais jusqu'au bout, et tu t'efforçais de comprendre, même si cela n'arrivait pas toujours. Tu étais une enfant pleine d'amour aussi : pour tes parents et ta grand-mère, pour tes frères, même pour ta soeur, pour tous les animaux du jardin, pour le monde. Et pour Dieu aussi. Surtout pour Dieu. Oui, tu étais pieuse, petite Jane, depuis toujours, plus que ne l'étaient tous tes frères et soeurs réunis.

Dieu et la religion n'étaient alors pas que des questions qui secouaient ton esprit, mais des questions qui secouaient le pays. Toi, tu ne comprenais pas, même si tu le voulais ardamment. Tu savais qu'il se passait quelque chose, mais quoi ? Tu entendais tes parents se disputer, parler de catholicisme, de protestantisme, tu ne savais pas ce que ces mots voulaient dire, mais tu n'osais pas poser la question à ton père ou ta mère. Tu préférais la poser à tes frères, eux ne risquaient pas de se disputer. C'est ainsi que tu compris que ton père était catholique, et ta mère protestante. Qu'est-ce que cela signifiait ? Tes frères eux-mêmes n'étaient pas en mesure de répondre. Quant à ta soeur, il ne fallait même pas y penser. Alors tu restais là, à entendre tes parents se disputer, les questions te brûlant les lèvres.

Des questions auxquelles tu n'eus pas de réponse. Des disputes qui ne cessèrent qu'en 1542, avec la mort de ta mère. Tu avais quatre ans, et longtemps, très longtemps, tu la pleuras, parce-qu'elle était ta mère, et que tu l'aimais profondément. Aujourd'hui, tu ne te souviens même plus de son visage.

C'est ainsi que le problème de la religion disparut de ta famille : en même temps que ta mère disparut de ce monde. Dorénavant, tu serais comme ton père et ta grand-mère : catholique. Soit : eux disaient que tu devais en être fière, et toi, tant que tu pouvais prier de tout ton soûl, tu étais satisfaite. Ton père était très occupé dans ses affaires, lui qui tenait tant à faire prospérer votre famille, aussi préféra-t-il t'envoyer loin d'Eythrope et du Buckinghamshire, loin de tes frères aussi, ce qui brisa ton coeur d'enfant : à Londres, chez ta grand-mère Jane.

C'est donc ainsi que tu grandis : loin des tiens, mais proche de ta chère grand-mère, qui devint vite un modèle pour toi et qui t'enseigna tout ce qu'une Lady devait impérativement savoir. Et lorsque tu n'étais pas avec elle, tu était au sein de la maisonnée du Prince Edward, le fils de Sa Majesté Henry VIII. Le Prince ! Son simple souvenir aujourd'hui fait encore naître des étoiles dans tes yeux. Tu adorais ce petit garçon, et il te le rendait au centuple ; et les heures passées en sa compagnie étaient des moments que tu chérissais plus que tout. Encore maintenant, lorsque les doigts effleurent un jeu de cartes, tu as l'impression d'entendre sa petite voix, lorsque vous y jouiez tous les deux et qu'il remportait la victoire : now your King is gone, Jane, I shall be good enough for you. Ces mots tendres réchauffaient ton âme comme jamais des mots ne l'avaient fait.

Parfois, dans tes rêves de petite fille, tu pensais que peut-être, le Prince t'épouserais, ferait de toi sa Reine. Comme tu aimais ce rêve ! Être la Reine d'une si belle personne que l'était Edward, que pouvais-tu demander de plus ? Oui, tu étais romantique, tu croyais au Prince Charmant des contes, aux belles histoires d'Amour éternel qui faisaient rêver la moitié des fillettes de ton âge. Ces rêves, tu les racontas un jour à ta grand-mère, le coeur débordant d'étoiles. Elle les balaya d'un revers de la main : jamais tu ne pourrais épouser le Prince. Tu étais une Lady et lui, l'héritier du trône d'Angleterre, mais surtout, tu étais catholique et lui protestant. Encore ces mots, toujours ces satanés mots. Comprendrais-tu jamais ce qu'ils signifiaient ?

La mort d'Henry VIII en 1547 mit fin à cette seconde partie de ta vie, celle où tu partageais ton existence avec le Prince. Edward s'en alla vers Londres, vers Whitehall Palace et vers sa Cour, Edward s'en alla vers son trône, et tu retournas chez ta grand-mère. Tu ne le savais pas encore, mais tu t'en doutais : jamais tu ne reverrais Edward. Jamais tu ne serais sa Reine. Le remariage de ton père en 1550, et les naissances qui suivirent, te permirent de sortir de ta déception. Tu quittas alors ta grand-mère pour retrouver le Buckinghamshire, et seconder ta belle-mère. Pour autant, tu n'en oubliais pas ton éducation : ta soeur Anne enchaînait les folies, tu préférais apprendre à devenir une honnête dame, une parfaite future Lady. Ainsi, tu continuas de grandir.

Et tes rêves grandirent avec toi.

On disait de toi que tu étais de plus en plus jolie, et tu acceptais ses compliments avec une modestie non feinte. Ta taille s'amincissait, tes formes se développaient, tes longs cheveux bruns devenaient plus longs et plus épais. Tu devenais une femme, et lorsque tu eus tes premières saignées à treize ans, la peur que tu ressentis au début s'effaça vite après que ta belle-mère t'eut expliqué ce qui se passait. Maintenant, tu n'étais plus une enfant, tu n'étais plus la petite Jane. Tu étais Lady Jane, la demoiselle de qualité. Ce jour fut-il pour toi un élément déclencheur ? Certainement, oui, car il te permit de réaliser qu'à présent, c'était à toi de prendre ta vie en main, puisque tu étais une femme.

Un bout de femme de treize ans. Tu avais fini par comprendre ces mots mystérieux, catholiques, protestants. Tu savais à présent ce qu'ils désignaient, et tu savais que ton devoir de chrétienne était d'être catholique et fière de l'être. Tu te reconnaissais dans la religion de ton père comme ta mère, jadis, s'était reconnue dans les dogmes prônés par la Réforme de Luther. Loin de la Cour et d'Edward, demeuré cher à ton coeur malgré la distance, tu travaillais à devenir cette femme que tu rêvais d'être, une femme dont ton père, ta belle-mère et ta grand-mère pourraient être fiers. Tu serais une Dormer à la hauteur de ton nom, une Anglaise véritable, une catholique digne de sa foi. Et pour y parvenir, tu travaillais sans relâche, tu lisais, écrivais, tu jouais de la musique, tu dansais, chantais, brodais, tu apprenais les langues étrangères et la gérance d'une maison. Tu attendais ton heure.

Et ton heure vint lorsque, en 1553, ton cher Edward, Sa Majesté le Roi, s'éteignit à Londres, bien loin de toi. Cette nouvelle te peina profondément, toi qui demeurait si attachée au jeune homme ; et à cette peine s'ajouta celle de voir sa soeur Mary, légitime héritière du trône et fille catholique d'Henry VIII, spoliée de cette place qui était la sienne. Au profit d'une jeune fille qui te ressemblait, en un sens : même âge, même prénom, de confession protestante comme ta mère l'avait été, jadis. Jane Grey.

Nul en ta maisonnée n'approuva son règne qui, heureusement pour vous tous, ne dura que neuf jours. Moins d'un mois. Tu avais assez de connaissances en histoire pour savoir que depuis la naissance du Très-Haut Jésus Christ, nul n'avait régné aussi peu de temps. Le trône, ce fut Mary Tudor qui le reprit. Princesse, bâtarde, Reine, la fille de Catherine d'Aragon reprenait avec force le pouvoir qui lui avait été enlevé. Son accession au pouvoir marqua la remontée en grâce de ta famille : lorsque la couronne ceignait le front de Jane Grey, ton père avait craint une disgrâce, une accusation de trahison. Pour autant, il ne renonça pas une seconde à soutenir la souveraine légitime, tant financièrement que militairement. Lorsque celle-ci eut repris ce qui lui revenait de droit, elle n'oublia pas ceux qui l'avaient soutenue.

C'est ainsi que quelques jours après l'entrée officielle de Mary Ière dans Londres, tu quittas à nouveau le Buckinghamshire pour la capitale, pour être officiellement présentée à la Cour. Tu avais quinze ans, et tu vivais là, enfin, le moment tant attendu. La vie t'ouvrait ses portes, et avec elle, c'était ton avenir que tu entrevoyais.

A présent, lorsque tu te tiens près de la fenêtre de tes appartements à Whitehall, tu peux voir le ruban d'argent de la Tamise serpenter au creux de la ville. Ce paysage est familier pour toi. Les lieux sont familiers pour toi. Ils sont comme les souvenirs que tu en avais conservés : intacts. Les murs de pierres, l'imposante architecture, les mille fenêtres, les plafonds en ogive sont toujours là. Les froufrous des robes de soies, les voix de la Reine, de Lady Susan Clarencieux ont remplacé celle, plus fluette, d'Edward. Tu t'es faite à la vie de Cour, pas de la même façon que ta soeur, elle qui collectionne les amants lorsque tu prends soin de conserver ta vertu et ta dignité. Mais parfois, lorsque la nostalgie t'envahit, tu laisses tes yeux suivre le cours sinueux de la Tamise, jusqu'à ce que le fleuve disparaisse de ta vue, et tu te souviens que là-bas, au loin, se dresse la ville d'Eythrope, ceinturée par le comté du Buckinghamshire.

Tu sais que ta vie ne se résumera jamais à la Cour et à Londres. Depuis que tu y es, c'est même une certitude. Vivre dans la capitale t'a donné le goût de l'inconnu, a éveillé cette curiosité qui te poussait, étant enfant, à poser toujours mille et une questions. Le monde s'est ouvert à toi, et tu ne comptes pas laisser passer ta chance de t'y faire une place. La délégation espagnole est arrivée sous peu, peut-être rencontreras-tu là l'homme qui t'es destiné ? L'âme soeur évoquée par tous les romans de chevalerie serait-elle ici, dissimulée sous les armures de fer, sous les vêtements luxueux ?

Toi, la petite Jane du Buckinghamshire, la très catholique Lady Jane Dormer, toi qui es parvenue à devenir Dame d'Honneur de ta bien-aimée souveraine avant tes vingt ans, toi qui as la tête pétrie de rêves et d'ambitions, tu n'attends maintenant plus qu'une chose : un avenir, mais pas n'importe lequel. Ton avenir.