Sujet: Isabelle d'Isembourg, journal d'une duchesse allemande Sam 2 Aoû - 10:47
Vingt-quatrième jour du mois de janvier de l'an de Grâce 1551.
Cher journal,
Voilà bien longtemps que je n'ai pas rédigé quelques lignes ici. Je ne devais guère surement ressentir le besoin de m'y confesser. Néanmoins, ce jour est un jour où mon destin a basculé. Il y a en effet quelques heures, mon père, le duc de Trèves, m'a annoncé mes fiançailles avec un cadet de l'électeur de Brandebourg. Cependant, je dois reconnaître que je ne suis guère surprise par une telle annonce. Ce n'était pas un secret que mon père le duc était en recherche d'un parti pour moi depuis l'échec du projet d'alliance avec l'électeur de Saxe. De plus, étant la seule fille survivante de ma fratrie, il était plus que désavantageux pour mon oncle et mon père que je prenne le voile. Toutefois, bien que j'ai affiché un sourire de façade à la débauche de félicitations reçue, je ne peux m'empêcher de me morfondre. Est-ce que mon futur époux sera-t-il attentionné à mon égard ? Respectera-t-il notre serment de fidélité devant Dieu et n'aura pas l'outrecuidance de visiter une autre couche que la mienne ? Serais-je une bonne mère si notre Seigneur ne me rappelle pas à lui trop tôt ? Pour l'heure, c'est toutefois mon futur époux qui est l'objet de toutes mes interrogations. A quoi ressemble-t-il ? Préfère-t-il danser ou préfère-t-il se promener en conversant dans les galeries ? Ces questions ne cessent d'envahir mon esprit et ne cesseront guère de me tarauder pour un long moment. En effet, suite à une indiscrétion de ma mère, j'ai eu connaissance que mon mariage n'aurait point lieu avant celui de mon frère. J'ai en effet tout lieu de m'inquiéter : les négociations sont au point mort entre la famille de sa future promise et la notre. Si la situation persiste, je crains fort de ne pouvoir me marier que dans de nombreuses années. Bien que je comprenne l'utilité du report de mon mariage, je ne peux m'empêcher de me sentir encore plus angoissée. C'est comme si cette échéance ressemblait à un mirage lointain qu'on ne peut toucher. Néanmoins, ma mère, pour tromper cette angoisse, m'a conseillé d'écrire à mon fiancé en argumentant que même si nous serons surement pas follement épris l'un de l'autre, il serait des plus appréciables pour nous si nous entendions mutuellement, ne serait-ce que pour le bien de nos futurs enfants. L'idée me paraît bonne. Seulement, que lui écrire ? Je pense qu'il sera guère intéressé par des problèmes vestimentaires comme peut l'être ma mère. Me concernant, je ne me vois guère parler de théologie dans ma première lettre. C'est un sujet des plus sensibles et je ne veux guère me disputer avec lui avant même que nos vœux soient prononcés. Diantre ! Je ne pensais pas que cela pouvait être aussi difficile d'écrire la première lettre à celui qui va partager votre existence jusqu'à sa fin ! Peut-être devrais-je lui décrire le bel archevêché de mon oncle et lui demander de me décrire la marche de son père ? Je n'ai toutefois guère le temps d'y réfléchir plus : une servante m'appelle afin de me rappeler que mon oncle m'attend. Je dois m'en aller, cher journal. Je puis néanmoins t'assurer que tu seras surement le confident de mes pensées durant ses années qui s'annoncent.
Dernière édition par Isabelle d'Isembourg le Sam 29 Nov - 12:54, édité 1 fois
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Sujet: Re: Isabelle d'Isembourg, journal d'une duchesse allemande Sam 29 Nov - 12:51
Quinzième jour du mois de septembre de l’an de Grâce 1551.
Cher journal,
Tant de jours ont passé depuis que Père et Mère m’ont annoncé mes fiançailles avec le cadet de la famille de l’électeur du Brandebourg. L’agitation au sein de la maison n’a jamais cessé de croître tandis que Père et oncle Jean tentait de conclure une alliance des plus avantageuses pour Ferdinand. Nombreuses ont été les prières et les messes dites par mon oncle pour la fortune de notre famille mais aujourd’hui, Dieu a accepté de répondre à la requête de mon bien-aimé oncle. Demain, mon frère Ferdinand va savoir qu’il épouse la fille des Leyen. Naturellement, je ne devrais pas être au courant de ce fait avant le principal intéressé. Toutefois, les cancans des demoiselles de compagnies de Mère ont eu tôt fait de répandre la nouvelle au sein du palais de l’archevêché que possèdent mon oncle. Néanmoins, mon frère ne semble pas avoir remarqué qu’il est au centre de tous les ragots… A moins qu’il ne veuille volontairement pas le voir ? Je ne le saurais le dire avec exactitude. Mais ce ne sont guère les fiançailles prochaines de mon frère qui me préoccupent. Non pas que j’y accorde pas d’importances, seulement, elles ont le pouvoir de rendre de plus en plus concret mon mariage. Cela me terrifie, je le reconnais ! Auparavant, mes fiançailles me paraissent faire partie d’un lointain futur. A partir de demain, ce mariage va devenir encore davantage concret à mes yeux. Non pas qu’il ne soit pas concret avec la correspondance que j’échange avec mon futur époux. Seulement, à mes yeux, tout va basculer demain car mon oncle va surement annoncer une date pour la célébration de mon mariage. Et avec ce dernier, c’est tout ma vie qui va basculer, quand bien même ai-je pris des dispositions pour que cette transition soit la plus douce possible…
Dernière édition par Isabelle d'Isembourg le Sam 29 Nov - 12:53, édité 1 fois
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Sujet: Re: Isabelle d'Isembourg, journal d'une duchesse allemande Sam 29 Nov - 12:53
Premier jour du mois de décembre de l’an de Grâce 1551.
Cher journal,
Oh Dieu ! Que mon cœur est troublé ! Je suis si bouleversée que je peine à tenir ma plume sans trembler. Je ne devrais guère être contrôlée par la passion mais il m’est impossible de contenir les élans de mon cœur. Après tant d’attente et de lettres échangées, mon promis et moi-même nous sommes enfin rencontrés. Même si je suis consciente que mon futur époux devait souffrir de la fatigue du voyage et de la séparation avec les siens, je n’ai pu m’empêcher de me sentir troublée face à lui au point de manquer de peu ma révérence suite aux présentations faites par mon oncle Jean. Je ne peux qu’espérer que mon trouble n’aient pas été perçu. Nous nous sommes revus plus tard au cours d’un banquet donné par mon oncle. Je suis restée subjuguée devant la beauté de mon fiancé, Albert. Ce dernier était fort bien modeste dans ces lettres quand il se décrivait ! Je savais qu’il avait à peu près mon âge, chose qui nous a tous les deux profondément rassurés puisque nous désirions guère passé notre vie avec quelqu’un bien plus âgé ou bien plus vieux que nous. Quoiqu’il en soit, Albert est remarquablement bien fait pour son âge et je le trouve chaque seconde davantage plus ressemblant avec un ange. Je ne peux qu’être soulagée d’avoir mis la robe qui me met le plus en valeur lors de ce festin en priant pour que je sois au goût d’Albert tout comme il est pour le mien. Néanmoins, je pense que nul n’aurait imaginé que je demande en plein festin, peu avant le discours de mon oncle le report de quelques jours notre mariage. Habilement, j’ai réussi à empêcher les protestations outragées en justifiant qu’outre que j’avais ouïe dire que les préparatifs n’étaient pas totalement achevés, Albert serait surement ravi de se reposer quelques jours de son long voyage en visitant un peu les splendeurs de l’archevêché avec sa future épouse s’il le souhaite. Mon cœur a alors loupé un battement lorsque mon fiancé a exprimé son accord à sa proposition. Je reconnais que je n’aurais jamais imaginé qu’il serait d’accord mais cette attention me touche beaucoup, je l’admets ! Néanmoins, l’inquiétude me ronge : comment dois-je me vêtir ? La robe que j’ai prévue pour notre cérémonie de mariage lui plaira-t-il ? Préfère-t-il visiter d’abord la campagne ou le palais de mon oncle ? Oh Seigneur, je vous en prie ! Conseillez-moi sur la manière d’agir qui est la plus appropriée en cette heure !
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Sujet: Re: Isabelle d'Isembourg, journal d'une duchesse allemande Sam 7 Mar - 22:19
Douzième jour du mois de décembre de l’an de Grâce 1551.
Cher journal,
J'ai l'impression que ces derniers jours ne sont que le rêve d'un rêve tant la félicité dans laquelle je vis est inouïe. Les quelques jours de répit que nous avons connu, Albert et moi, avant de rentrer dans le faste déployé par mon oncle pour ma noce ont été des plus enchanteurs pour moi. Ceux-ci m'ont permis de découvrir une foule de chose concernant mon désormais époux. Je ne dirais pas que je serais capable maintenant de le connaître par coeur, mais, je pense qu'il a été positivement enchanté de pouvoir découvrir Trèves à mes côtés, même si nous avons dû connaître la compagnie de chaperons. Même si je sais que c'est la norme, il n'y a rien de plus agaçant je trouve à ce qu'on vous croit capable d'actes si dégradant ! Néanmoins, je pense que mon oncle a tout de même été heureux que je prenne la décision de retarder de quelques jours la cérémonie, quand bien même il ne le dira jamais. En prétextant un retard dans les préparatifs, je n'avais pas mieux trouver comme excuse pour satisfaire son sens consciencieux et méticuleux de la perfection. Même si je ne suis pas l'héritière de mon père, il était tout à fait inconcevable pour lui que le faste ne soit pas à la hauteur de la réputation de notre famille. Aussi, alors que mon père le duc me conduisait à l'autel pour que je rejoigne Albert, je ne peux m'empêcher de penser que je devais être aussi belle que notre feu impératrice Isabelle de Portugal le jour de sa propre noce. C'est orgueilleux, je l'admets mais ne dit-on pas que toutes les femmes sont les plus belles du monde le jour de leur noce ? Quoiqu'il en soit, les invités du mariage, plusieurs jours après ce 5 décembre 1551, disent encore aujourd'hui que les repas suivant la noce ont été des plus fastueux et que, de mémoire, rien n'a égalé celui-ci. Cela fait l'orgueil de mon oncle, lui qui a temps prié pour que je fasse un brillant mariage ! Pour ma part, je n'ai connu que trop peu de mariage et je serais bien incapable de comparer mon mariage avec celui d'un autre. Une fois les jours de noces finis, je reconnais avoir été embarrassée au possible de vivre aux côtés d'Albert. C'est un si grand changement que de vivre avec un époux après n'avoir connu que sa chambre d'enfant ! Ma gêne a désormais disparu même si quelques évènements cocasses peuvent encore subvenir. Fort heureusement, ceux-ci ne cessent de s'espacer et nous prenons plus que rapidement nos marques dans cette nouvelle vie commune que j'espère le plus longue possible, Albert étant si plaisant à côtoyer au quotidien ! De plus, à son insistance, nous ne cessons de nous promener à cheval dans les alentours de Trèves afin de satisfaire sa curiosité concernant sa nouvelle habitation et cela m'enchante énormément de redécouvrir ma ville en sa compagnie.
Vingt-septième jour du mois de mars de l’an de Grâce 1552.
Cher journal,
Voilà désormais plusieurs mois qu'Albert et moi avons uni nos destins devant Dieu. Pourtant, je ne peux m'empêcher de penser que cela fait plus longtemps, tant le temps semble ralentir en sa présence et je ne cesse de m'interroger de comment ai-je pu vivre sans la présence d'un homme si attentionné. Notre Sauveur a bien été généreux à mon égard en m'offrant un mari aimant et fidèle, ce que je n'avais jamais osé imaginé. Après tout, dans les mariages de raison, il est bien rare d'arriver à un amour entre les conjoints, aussi, pour ne guère trop souffrir, on m'avait habitué à mon plus jeune âge à ne pas pouvoir connaître une telle possibilité. Mais pouvoir constater que mon époux ressent également à mon égard de puissants sentiments me rend toute chose. Albert ne saura jamais que je l'ai vu, caché derrière une colonne, refusé les avances d'une dame à la beauté sulfureuse que son amour pour moi ne lui permettrait jamais de me tromper avec une autre dame, aussi belle et riche soit-elle, et qu'elle devait cesser ses agissements. Même si c'est sans doute irrationnel et que le temps peut finir par effacer nos sentiments mutuels, je me plais à imaginer que toute notre vie commune sera sous le signe de cet amour mutuel si fort. Il est vrai néanmoins que je me tarde à accueillir des enfants au sein de notre couple pour qu'on puisse fonder notre famille rapidement. Cela dit, je ne suis pas inquiète quand mon absence de maternité pour le moment. Je suis jeune et nous sommes mariés depuis peu, Dieu nous fera le cadeau d'être parent surement rapidement. Depuis la dernière fois que j'ai écrit ici, beaucoup de choses ont changé. Grâce à l'intervention de mon oncle, Albert et moi-même avons été titré duc et duchesse de Sarre. Si nous sommes désormais plus titré que mon frère qui doit attendre la mort de Père pour être duc de Trèves, ce titre nous permet désormais de nous garantir un train de vie digne de notre rang dans le château que nous avons acquis et emménagé il y a peu. Albert est très occupé à parcourir le domaine afin de faciliter la vie de nos administrés en prétextant que si leur condition de vie est bonne, nous gagnerons davantage de revenu. Je reconnais peiner à le croire et à suivre son raisonnement mais je le soutiens du mieux que je peux puisque c'est mon devoir en tant qu'épouse de le faire, même si ce n'est guère une obligation à mes yeux.
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Sujet: Re: Isabelle d'Isembourg, journal d'une duchesse allemande
Isabelle d'Isembourg, journal d'une duchesse allemande