Elizabeth Tudor était de retour à la cour, mais pour peu de temps. Début juillet, elle avait été cordialement invitée par la reine sa sœur et son futur époux à assister aux noces royales, pour enterrer définitivement la hache de guerre. Elle avait assisté au mariage, dans la plus grande des discrétions et logeait, au palais de Whitehall, avec le reste de la cour. En août, elle retournerait au palais de Woodstock, où elle se trouvait en résidence surveillée. Ce statut lui était déplaisant, puisqu’elle savait, malgré l’attitude apaisante de la reine et de son mari, qu’elle était toujours considérée comme une criminelle, une instigatrice de complot. On ne lui faisait pas confiance et Elizabeth devait donc s’accommoder de cette situation. Elle voyait les regards qu’on lui lançait, elle pouvait les lire, elle pouvait voir que la plupart des personnes, dans l’entourage de la reine, la voyait, comme une traîtresse. Mais ce n’était pas important, ici à la cour, on ne pouvait pas l’accuser de comploter et au moins, elle était libre, loin de la Tour de tous ses cauchemars.
En ce jour, Elizabeth se promenait dans la roseraie, dans l’entourage de la reine, qui était au-devant, avec ses dames d’honneur. La rousse pouvait le voir que sa sœur était heureuse, elle ne cessait de clamer son bonheur et de dire à quel point Philippe était l’époux et le roi parfait. D’ailleurs, la jeune femme se demandait bien où il pouvait se trouver, sûrement dans son bureau, en train de recevoir les émissaires de son père. Les Espagnols étaient partout à la cour et peu à peu, ils s’infiltraient dans l’entourage de la reine, ce qui faisait de plus en plus peur à la princesse. Le soleil brillait sur les jardins, rendant l’été agréable, mais aussi très chaud. Elizabeth portait une jolie robe de couleur vert eau et un collier de perle, ses cheveux au vent rendaient son allure simple, qui contrastait avec le reste de ces dames. Elle restait un peu en arrière, en compagnie de ses deux dames de compagnie, Alice et Caroline, profitant de la sérénité d’être libre.
Alors que toutes ces dames se promenaient, la reine stoppa et demanda son chien, que personne ne semblait avoir revu depuis un moment. Etait-il même venu avec eux ? Certaines disaient que oui, d’autres, qu’il se trouvait toujours dans les appartements de la souveraine. Mary demanda alors après sa sœur et Katherine Lennox sa pupille et leurs demanda de retrouver son petit animal. Cette demande étonna beaucoup Elizabeth qui voyait cela comme un défi. La rousse n’avait pas le droit de refuser, elle s’inclina alors, dans une charmante révérence.

« Nous vous le rapporterons votre majesté. » Elle lui accorda un charmant sourire et tourna les talons, avec lady Lennox, pour retourner vers le palais. Elles marchèrent en silence, se détestant toutes les deux. Elizabeth avait une opinion très négative envers la jeune femme qu’elle voyait comme une poupée sans cervelle.
Alors que les deux jeunes femmes allaient rejoindre les appartements de la reine, au détour d’un couloir, elles entendirent une conversation, où deux hommes parlaient d’Anne Boleyn la mère d’Elizabeth. Ils disaient qu’elle n’avait été qu’une usurpatrice et qu’elle-même n’était qu’une bâtarde, puisque l’ancienne reine avait couché dans tous les lits de la cour. La princesse hésita, elle se tourna vers Katherine et lui demanda :
« Restez-là, j’en ai que pour quelques minutes. » Son ton était froid, puis la jeune femme se dirigea vers les deux hommes, elle n’avait pas peur de les affronter, après tout, elle était la fille de son père, elle était une femme forte.
« Messieurs, je vois que le sujet de votre conversation est fort intéressant, mais laissez-moi vous rappeler, que comme sa majesté la reine, notre père nous a tous les deux déclaré illégitimes, pour nous redonner plus tard nos droits de successions. Voilà bien la preuve, qu’il savait que j’étais sa fille et non une bâtarde. » Disait-elle sur un ton froid et plein d’assurance. « Avez-vous quelque chose à ajouter sur ce sujet où dois-je avertir sa majesté, que vous colportez la haine dans son palais ? »