L'après-midi était bien engagée, aucuns nuages ne semblaient vouloir gâcher cette radieuse journée d'été. Tout du moins, pas pour l'instant et j'espérais fortement que cela reste ainsi. Je ne sais pas ce qui m'avait pris, pourquoi mes pas m'avaient porté vers les appartements du palais de Whitehall et pourquoi j'avais toqué à la porte de l'appartement de la pupille de la Reine, Katherine Lennox. Il faut avouer que depuis que je l'avais aidé lors de l'entrée de Mary Tudor, elle accaparait mes pensées. Pourquoi ? Là encore, aucun réponses et ce n'était pas fautes pour moi d'avoir essayé d'en trouver, ne serait-ce qu'une seule. Il faut croire que le sort n'avait pas voulut que j'en comprenne la cause et qu'il me fallait la chercher par mes propres moyens. La porte des appartements de la jeune protégée de la Reine s'ouvrit alors sur l'une de ses dames de compagnie. J'avais horreur de ces dames qui jouaient le rôle de chaperon et qui pouvait entendre toutes les conversations. Voilà sans doute pourquoi, aujourd'hui, j'allais tous faire pour ne pas les avoir sur le dos, pour n'être qu'avec Katherine et non toute sa suite. La dame de compagnie qui avait ouvert la porte m'annonça alors à la jeune femme. « Il s'agit de Thomas Hertford, duc du Hertfordshire. » Elle me laissa alors entrer, me permettant ainsi de découvrir Katherine au centre de la pièce, debout et resplendissante de beauté. Avec galanterie je m'inclinais devant elle en déposant délicatement un baiser sur le dos de sa main puis me redressas, tous sourire. « Milady, je suis ravie de vous voir aussi radieuse. Il faut dire qu'après le regrettable événement dans les rues de Londres, j'ai craint que vous ne recouvriez pas de suite la santé et la bonne humeur, mais désormais, m'en voilà rassurée. » Ce que je disais, été l'une des rares fois où j'étais sincère depuis le décès de mon frère. Il faut avouer que devoir porter un tel masque était pesant, me forçant de mentir presque constamment. Mais là, là je ne mentais pas et cela m'ôter un poids considérable de mes épaules qui avaient commencé à se faire douloureuse à force de porter autant. « Je me demandais, Milady, accepteriez-vous de faire une balade à cheval en ma compagnie ? A cette époque de l'année, c'est une pure merveille que de se promener dans les champs et les forêts. » Je sentis alors un mouvement de désapprobateur dans le rang des dames de compagnie, je me tournais alors vers ces dernières. « Voyons mesdames, intérieurement vous savez que cela lui fera le plus grand bien ce qui n'est guère le cas avec le fait de rester enfermer entre quatre murs à parler des derniers potins de la cour. Et puis, ne vous en faites pas, je pourrais parfaitement jouer le rôle de chaperon, il ne lui arrivera aucun mal. De plus, vous savez tout comme moi que la Reine ne vous tiendra pas rigueur de cela. » Mon attention se reporta alors sur Katherine, et je lui adressais un charmant sourire. Je voulais ardemment qu'elle accepte, que je me retrouve ainsi seul avec elle pour pouvoir décortiquer mieux mes émotions à son égard, car il me faut avouer qu'elles me perturbaient grandement.

Face à une Katherine aussi éblouissante que le soleil et aussi délicate que la lune je me tenais. Les battements de mon coeur, étrangement avaient accéléré, comme si de ma poitrine, ce dernier voulait s'en échapper. Je ne comprenais vraiment pas les sentiments qui pour elles s'étaient animés et pourtant, présent ils étaient. Je n'avais avant de la rencontrer jamais eut au fond de moi, une telle chose qui tentait de se montrer au grand jour. En effet, je n'avais jamais su jusqu'alors ce que c'était véritablement d'aimer. Peut être ai-je dit un jour aimer, mais j'étais ignorant de ce que c'était vraiment, j'étais totalement aveugle. Aujourd'hui mes yeux étaient enfin ouverts, ce qui était des plus plaisants, même si en raison de ma situation quelque peu délicate, je ne voulais pas trop m'attacher. Un délicat sourire trônait sur son visage, signe que ma visite ne lui était en rien déplaisant, ce qui, je dois l'avouer me soulageait énormément. Elle s'inclina alors, puis m'annonça qu'elle me devait la vie, chose que jusqu'à présent je n'avais pas pensée, imaginée. Je m'étais dit que si je ne l'avais pas aidé, une autre personne l'aurait fait, mais elle avait sans doute raison, peut-être y serait-elle passé. En tout cas, elle était là, bien vivante devant moi et plus resplendissante que jamais. En tout cas, elle était là, bien vivante devant moi et plus resplendissante que jamais. Je lui adressais un sourire modeste, car bien que je lui avais sauvé la vie, je ne désirais pas qu’elle se sente redevable de quoi que ce soit à mon égard. « Me voilà des plus rassurés quant à votre état de santé. Et sachez que c’est un honneur pour moi que de voir que je suis quelque peu à l’origine de tant d’éclats et de vie. » Là encore, j’étais parfaitement sincère, à croire que cela devenait désormais une habitude chez moi.

Après lui avoir proposé de se joindre à moi pour aller se balader à cheval en dehors de la ville, des murmures désapprobateurs de ses dames de compagnie s'élevèrent, ce qui était chose quelque peu normal. Après tout, elle était une femme et moi un homme, alors être ensemble sans chaperon était une chose pour elles des plus inhabituels, mais il fallait bien qu'elles s'y fassent, car je n'appréciais guère les avoir derrière moi, capable d'entendre chacun de mes dires. Paroles qui seraient alors simplement pour les oreilles de Katherine et non de toutes autres dames que sa majesté avait choisies pour veiller sur elle, voir même pour la surveiller. Avec une remarque quelque peu cinglante, je leur ferma le clapé. Certes, c'était là une chose de loin pas sympathique, car elles faisaient seulement leur travail, mais je me devais de le faire. Elles cessèrent soudainement de désapprouver notre comportement où du moins elles ne le montraient plus, car elle savait que j'avais un rang haut placé, plus haut qu'elles et qu'il m'était donc quelque peu facile de parler avec la Reine. Même si je dois avouer ne pas trop apprécier de le faire. Katherine accepta ma proposition, ce qui, me comblait de joie, puis elle me demanda où est-ce que je comptais l'emmener. « A dire vrai, je n'ai pas encore une idée bien précise, mais je me disais que galoper près des champs serait une chose des plus agréables et ce, surtout sous le soleil d'été. » Un délicat sourire étira mes traits. Lorsqu'elle eut enfilé sa cape je lui proposa mon bras pour que nous nous rendions aux écuries.

Sa frêle main posée sur mon bras, je me mis alors à avancer vers la porte, qu'un serviteur ouvrit. J'entendis un mouvement parmi les dames de compagnie, comme si quelques-unes cherchaient à nous suivre, je tournais alors mon visage vers elle et leur lança. « Bonne journée mesdames. » Sur nous la porte se referma et je ne pu que ressentir un élan de satisfaction quand au fait que d'elles, nous étions débarrassés.