J'arrive dans la chapelle du palais, je fais un signe de croix, j'avance et je vais me chercher une place. William n'est pas présent avec moi car il est préoccupé par d'autres affaires. Je me demande lesquelles d'ailleurs ! Quant à ma sœur … Margaret dort toujours. Je ne souhaite pas la réveiller de peur qu'elle soit grincheuse ! Je m'assois à côté des gens, je les salue timidement. J'attends le début de la cérémonie. Je crois voir de loin une figure qui m'est familière, Duncan mais également l'affreux époux de ma cousine Jane. Je dois voir des fantômes. La messe commence, je l'écoute pensivement. Je prie pour ma famille, pour mes enfants, pour l'Angleterre, pour l'Écosse. Je prie pour ces pauvres protestants … Mais également à ces catholiques. Pauvre de nous, Seigneur aie pitié de nous. Pourquoi le berger n'est plus là pour guider son Peuple ? Pourquoi le laisse-t-il à l'abandon ? Les loups se rapprochent du troupeau et ils mangent les brebis égarées. Misère … Si seulement Dieu nous aidait face à cette déchéance, cette colère et ce conflit. Or, il nous a oublié … Perdu …

Après que la messe soit terminée, je sors dans les jardins, je marche dans ce dernier en respirant l'air frais et délicieux des senteurs qui s'échappent des fleurs. Je m'approche d'un rosier, je hume les odeurs. Je caresse du bout des doigts une pétale de fleur, je suis dans mes pensées. Lesquelles ? Mon époux est absent, il a changé. De plus, je ne sais toujours pas pourquoi il est parti longtemps sans me donner des nouvelles alors que j'étais enceinte de Jane et surtout c'est à cette période où il y a eu la terrible attaque du Samain ! Je ne lui pardonnerais jamais, pas plus que celle où il a confié notre fils à cette Lady Stanhope. Je soupire. De plus, je pense à ma cousine Jane, est-ce qu'elle m'en veut encore ? Il faut dire qu'elle a toutes les raisons pour me détester, me haïr … Elle a perdu un enfant. J'ai donné la vie. Je soupire doucement. Je ne remarque pas que je saigne du doigt. Quelle idiote que je suis ! Je cherche dans une des poches de ma robe un mouchoir pour arrêter le saignement. Je met mon mouchoir sur ma blessure. Je le laisse appuyé sur ma blessure et je respire calmement.


Je me tourne et je crois voir Duncan. Est-ce vraiment lui ou un fantôme ? Il est vrai que nous sommes rencontrés tantôt lors du banquet mais je ne pensais pas qu'il restera encore sur ces terres hostiles ... J'avale ma salive, dois-je m'approcher de lui ? Pourquoi ai-je peur que ce ne soit pas lui ? Je respire doucement mais j'entends un grand bruit …

Je me fais piquer par une maudite rose, mon sang coule mais je parviens à panser la blessure. Je vois Duncan. Il s'approche de moi, je l'observe. Un sourire s'illumine sur mon visage. Il présente ces hommages puis il me complimente. Je rougis. Pourquoi devait-il me complimenter ? Je reste muette face à ceci. Je ne savais pas quoi répondre, que dois-je lui dire ? Qu'une beauté se fane … Il est vrai que la beauté des plantes n'est pas éternelle et que tôt ou tard, elles finissent par perdre leur éclat.
Puis, l'écossais se rapproche plus de moi, je ne bouge pas d'un poil. Je regarde avec une attention particulière. Il prends mon poignet, je déglutit. Il desserre mes doigts de mon tissu puis il regarde la blessure.

Duncan - Avez-vous rendu jalouse cette rose pour qu’elle vous agresse ainsi ?

Agnès – Je n'ai rien fait … J'étais perdue dans mes pensées. Dis-je d'une toute petite voix.

Mon sang continue de se répandre, il tâche le doigt de Duncan. Je me mordille les lèvres, gênée. Il me touche mes mains, des frissons parcours mon corps. Je baisse mon regard, je ne voulais pas croiser le sien. Je ne voulais pas le voir. Il s'excuse par la suite, je relève ma tête et je croise son regard. J'ancre le mien dans le sien, je n'arrive pas à lui parler. Pourquoi ? Je ne sais pas.

Duncan -  Ne laissons pas répandre plus de sang précieux. Nous assistons à un printemps fort sanglant, Lady Agnès, et pourtant les roses n’ont jamais été plus élégantes cette année.

Agnès – En effet, je le crains. Mais … Je connais un seul lieu qui pourra nous protéger de tout ceci. Dis-je avec malice. Je lui souris puis je m'écarte de lui. Ce lieu est dans les Highlands …. Rajoute-je avec un regard doux. Et puis, on est bien chez nous, n'est-ce pas Duncan ?

Un sourire s'étire sur mes lèvres, je souris et je vois des passants. Si seulement, on pouvait être seuls. J'avais besoin de partir, de rentrer chez moi. De plus, je ne voulais pas laisser ma fille seule pendant longtemps.

Agnès – Duncan, est-ce que c'est toujours possible pour que ma famille et moi-même, nous allons chez vous ? Si cela ne vous convient pas, nous pourrons annuler… Je le dévisage. Avais-je réellement envie de retourner en Écosse dans mes terres ? Non, je voulais aller sur les terres de Duncan. Cela me ferait du bien . Mais, je ne voulais pas lui dire …

J’aperçois plus loin Archibald. Je le déteste Comment pourrais-je lui pardonner d'avoir détruit le bonheur de Jane ? Cela est impossible. Je mordille mes lèvres et je repense au banquet qui avait eu lieu tantôt. Je ferme les yeux et je me demande si je devais demander à Duncan s'il courtisait ma chère et adorable sœur. Mais, je me retient … Ce n'était pas le lieu ni le moment de le faire ici, surtout avec les oreilles de ces passants et avec mon adorable cousin. Je reste distante avec Duncan, en attendant ce qui peut se passer … Après tout, qu'est-ce qui peut arriver de pire ? Hormis ma blessure au doigt ? Rien.